• « Le #classement_de_Shanghaï n’est pas fait pour mesurer la qualité des universités françaises »

    Pour le chercheur #Hugo_Harari-Kermadec, ce classement a surtout poussé la #France à faire des choix qui vont à l’encontre de « l’esprit de #service_public ».

    Le classement de Shanghaï des universités, dont la dernière édition est rendue publique jeudi 15 août, et les #politiques_d’excellence qui soutiennent cette #compétition entre établissements ont accentué la #polarisation de l’#enseignement_supérieur français, c’est-à-dire la logique de #distinction de quelques établissements au détriment des autres.

    Ces « champions » sont aussi ceux qui accueillent la population étudiante la plus favorisée socialement. C’est ce qu’explique Hugo Harari-Kermadec, maître de conférences en économie à l’Ecole normale supérieure (ENS) Paris-Saclay et spécialiste de l’enseignement supérieur. Il est l’auteur du livre Ce que Shanghaï a fait à l’université française, qui paraîtra en octobre aux éditions Le Bord de l’eau.

    Dans toutes les éditions du classement de Shanghaï, les établissements français sont plutôt mal classés. Est-ce le symptôme d’une mauvaise santé chronique des universités françaises ?

    C’est surtout le signe que ce classement n’est pas fait pour mesurer la qualité des universités françaises. Il a une importance considérable dans le débat public français, alors que ce n’est pas le cas aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, où les établissements universitaires sont pourtant très bien classés. Ni en Allemagne, où ils sont mal placés, pour des raisons similaires à la France. Des présidents de facultés allemandes refusent même de transmettre leurs informations au cabinet de conseil qui établit le classement.

    En France, le classement de Shanghaï a entraîné des #choix_politiques, comme des #regroupements_universitaires, parfois artificiels, mais pourtant sans grands effets sur la place des établissements dans ce palmarès.

    Les faibles #performances des facultés françaises dans le classement de Shanghaï ne sont pas, en soi, un signe de mauvaise santé. Ce qui ne veut pas dire qu’elles aillent bien. Elles manquent très sérieusement de moyens, surtout pour l’enseignement. Elles doivent en permanence s’adapter à un contexte réglementaire bouleversé depuis vingt ans, à une mise en concurrence pour obtenir des financements – pour la rénovation des campus ou pour les projets de recherche.
    L’excellence de la #recherche compte énormément dans ce classement. Comment peut-elle s’articuler, dans un contexte budgétaire contraint, avec la nécessité d’accueillir en licence un nombre croissant d’étudiants ?

    La politique du gouvernement est, sans l’assumer, de créer d’un côté des « #universités-licence » sans réelle recherche, et de l’autre, quelques très grandes universités de recherche, fusionnées avec des grandes écoles.

    Cette logique est manifeste au travers des projets #IDEX (#initiative_d’excellence), ces programmes de financement de pôles universitaires qui revendiquent une excellence visible depuis Shanghaï. Mettre en avant le classement de Shanghaï dans la communication gouvernementale permet de justifier les importants #financements attribués à certains établissements – près de 1 milliard d’euros pour l’université Paris-Saclay. En outre, cette politique dite d’excellence a relégué au second plan l’accueil des nouveaux étudiants nés avec le boom démographique du début des années 2000.

    Faire de la recherche et former le plus grand nombre, est-ce contradictoire ?

    Dans la mise en œuvre des politiques publiques « d’excellence » à laquelle nous assistons, oui. Cela ne devrait pas l’être, puisque le lien entre #enseignement et recherche est la caractéristique du système universitaire.

    Le #projet_Saclay a ainsi changé un nombre incalculable de fois pour arriver à un ensemble qui pourrait être classé par Shanghaï ; c’est-à-dire ressembler institutionnellement à une université anglo-saxonne. La nouvelle #université_Paris-Saclay, qui naîtra au 1er janvier 2020, sera un établissement avec des étudiants presque tous sélectionnés, focalisé sur le niveau master et le doctorat, et avec beaucoup plus de recherche et beaucoup moins d’enseignement que dans une université française traditionnelle.

    Quels sont les effets de cette course à l’excellence, et de cette compétition entre universités françaises ?

    Au sein du collectif de recherche Acides, avec Romain Avouac, nous avons montré que les universités françaises sont très polarisées suivant l’origine sociale des étudiants.

    A #Paris-Dauphine, on ne trouve pratiquement pas d’enfants des classes populaires. A l’inverse, certaines universités d’outre-mer ou des Hauts-de-France ont très peu d’enfants de cadres, alors qu’ils constituent 40 % de la population étudiante à l’université. Et, surprise, les universités à la population étudiante la plus aisée sont celles qui sont les mieux classées par Shanghaï, et qui reçoivent les financements IDEX.

    Les #financements des politiques publiques de « l’excellence » renforcent donc indirectement la #polarisation_sociale du #système_universitaire, en donnant plus de moyens pour l’éducation des étudiants favorisés. Finalement, adapter le système universitaire français au classement de Shanghaï, c’est lui faire adopter une logique de concurrence et de #rationalisation_économique, au détriment de l’esprit de service public et des missions académiques.

    Ces classements sont-ils regardés par les étudiants ?

    La sociologue Leïla Frouillou a montré en 2017 que les classements d’universités sont en réalité peu suivis par les étudiants. Même ceux de Dauphine, pourtant bien classée par Shanghaï, n’ont pas suivi le palmarès pour choisir leur établissement, comme l’ont montré dans leurs travaux les chercheurs Séverine Chauvel et Pierre Clément.

    Il en va autrement pour les étudiants en mobilité internationale, en particulier en provenance d’Asie. D’une part parce qu’ils ne connaissent pas les universités françaises, contrairement aux étudiants français qui suivent les conseils de leurs enseignants et de leurs parents, amis, familles. D’autre part, choisir une université bien classée est un argument de poids lorsqu’il s’agit d’obtenir un prêt étudiant pour financer le voyage, le coût de la vie et les frais d’inscription.

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/08/15/le-classement-de-shanghai-n-est-pas-fait-pour-mesurer-la-qualite-des-univers
    #université #qualité #science #ranking #excellence #classes_sociales

    • Tiens tiens... comme par hasard, l’#université_grenoble_alpes s’apprête à une nouvelle fusion (que nos dirigeants n’appellent pas fusion, mais quelque chose comme rapprochement, mais tant est...).

      Après avoir fusionné les 3 universités de Grenoble en 2016 :

      Fusion des trois universités grenobloises : Université Joseph Fourier (Grenoble 1), Université Pierre-Mendès-France (Grenoble 2), Université Stendhal (Grenoble 3). La nouvelle université se dénomme désormais Université Grenoble Alpes. Elle a pour ambition d’être encore plus visible à l’international et ainsi d’attirer les meilleurs étudiants, enseignants et enseignants-chercheurs.

      https://www.univ-grenoble-alpes.fr/l-universite/decouvrir-l-uga/decouvrir-l-universite-grenoble-alpes-367937.kjspl-histoire-de-l-uga/l-histoire-de-l-uga-1105.kjsp

      ... l’Université Grenoble Alpes s’apprête à créer en janvier 2020 une nouvelle entité : l’#Université_intégrée :

      Vers une université intégrée

      Initiée en 2013 avec la mise en place d’une signature unique pour les publications scientifique, renforcée en 2014 par la mise en oeuvre des pôles de recherche puis en 2016 par la création de l’Université Grenoble Alpes et l’obtention de l’IDEX, la dynamique « Univ. Grenoble Alpes » vise à créer un grand site universitaire de rang mondial. A l’horizon 2020, un nouvel établissement rassemblant l’Université Grenoble Alpes, la Communauté Université Grenoble Alpes, Grenoble INP, Sciences Po Grenoble et l’École Nationale supérieure d’architecture de Grenoble devrait ainsi voir le jour.

      L’organisation et la gouvernance de cette université au statut juridique particulier font actuellement l’objet d’une concertation. Les groupes de concertation sont constitués de représentants des élus dans les conseils et de représentants des établissements.

      https://www.univ-grenoble-alpes.fr/l-universite/notre-strategie-politique-et-nos-grands-projets/vers-une-universite-integree/vers-une-universite-integree-369926.kjsp

      Une nouvelle structure qu’en réalité personne ne veut (la fusion de 2016 a déjà coûté beaucoup d’énergie à tout le monde, et surtout au personnel technique et administratif), mais que le président de l’UGA mène au galop... l’enjeu ? Evidemment, pouvoir accéder aux financements IDEX...

  • Les classes moyennes dans les couronnes périurbaines : l’exemple de l’ouest de la région parisienne

    Dans une région parisienne où la #polarisation_sociale est très forte, les couronnes périurbaines sont aujourd’hui, à l’ouest de l’Île-de-France, les seules zones de l’espace métropolitain où les professions intermédiaires constituent le groupe socioprofessionnel le plus nombreux parmi les ménages, même si leur part tend à se réduire devant la forte croissance et la diffusion des cadres. Mais la distribution spatiale peu contrastée de ces couches moyennes cache une grande diversité de positions sociales, de statuts, de stratégies résidentielles au sein de la catégorie. Du point de vue de l’environnement social et des proximités résidentielles mais aussi des stratégies de mobilité résidentielle et quotidienne, une césure se dessine entre une fraction de classes moyennes associées aux cadres au sein d’une « high middle class », et les « petites classes moyennes », composées plus souvent de contremaîtres et d’agents de maîtrise, plus proches des employés et des ouvriers, plus contraintes à l’éloignement si elles souhaitent accéder à la propriété.
    Des analyses statistiques à partir des fichiers-détail des recensements de population et des enquêtes auprès des ménages réalisées dans le grand ouest parisien (grande couronne francilienne et départements bordiers) mettent en évidence l’ancrage des couches moyennes dans l’espace périurbain, qui fonctionne comme un espace de ressources, de proximités familiales, d’ascension sociale et de sécurisation par l’accession à la propriété. Mais aussi la fragilisation d’une partie de ces couches moyennes face à la forte valorisation immobilière dans les couronnes les plus proches, et à l’explosion des coûts des mobilités. Alors que les stratégies d’adaptation des ménages privilégient plus souvent les proximités, les collectivités territoriales sont à la recherche de formes nouvelles de développement #périurbain.


    https://cybergeo.revues.org/27532
    #Paris #urban_matter

  • Paris : « Un grand nombre d’habitants ne profitent pas des services publics offert s » - 20minutes.fr
    http://www.20minutes.fr/paris/1522811-20150121-paris-grand-nombre-habitants-profitent-services-publics-o

    Il n’y a pas que sur le budget participatif que l’avis des #Parisiens est sollicité ces jours-ci. La ville lance aussi une grande consultation pour moderniser les services publics. A compter de ce jeudi et jusqu’au 23 février, les Parisiens pourront donner leurs idées pour facilité l’accès au service de la ville, les démarches en mairie mais aussi pour rendre plus accessible l’offre culturelle ou la pratique sportive.

    « Diversifier l’offre et lutter contre le #non-recours »

    L’enquête se fait en ligne, sur le site Avis.paris.fr.
    http://www.paris.fr/politiques/participer/avis-paris-fr/p10631
    « Elle est réalisable en cinq minutes et les participants répondent aux thématiques qu’ils veulent », précise Emmanuel Grégoire, adjoint d’#Anne_Hidalgo en charge des services publics et de la modernisation de l’administration.
    « Cette consultation était annoncée depuis plusieurs mois », rappelle Emmanuel Grégoire. Elle part d’un double constat. « Le premier, c’est la nécessité de diversifier l’offre de services publics, poursuit l’élu. La deuxième, c’est la problématique du non-recours. Nous constatons qu’un grand nombre d’habitants ne profitent pas des services publics offerts. Cela concerne tout particulièrement les #populations les plus fragiles. »

    50% des Parisiens titulaires potentiels du RSA ne le réclament pas

    Une étude du #centre_d’action_sociale_de_la_ville_de_Paris s’était penchée sur la question en 2011. Le découragement devant la complexité des démarches, la méconnaissance des dispositifs, la crainte d’une #stigmatisation, la préférence d’autres modes de #solidarités ou même le manque d’intérêt pour l’offre étaient alors avancés comme possibles raisons pour expliquer ce non-recours. « A Paris, cela concerne par exemple le #RSA (Revenu de solidarité active), observe Emmanuel Grégoire. Le taux de non-recours avoisine les 50%. »
    Un problème qui n’est pas que parisien. En 2012, plus du tiers des titulaires potentiels du RSA en France, soit 1,7 million de personnes, n’y avait pas recours, selon une étude de la Caisse nationale d’allocations familiales. (#CNAF)
    Ce non-recours transparaît aussi dans la fréquentation des structures de la ville. « Nous avons fait le constat dans les conservatoires, observe Emmanuel Grégoire. Nous avons le sentiment qu’ils ne touchent pas tous les publics possibles, notamment les milieux les plus défavorisés. »

    Restitution des idées cet été

    Cette grande consultation visera donc à comprendre ce non-recours et trouver des axes d’amélioration.

    C’est pour l’essentiel du #publireportage socialaud.

    Je ne suis pas intervenu sur les cartes de répartition des revenus qui, je crois, excluaient Paris (et dont je retrouve pas l’url..). Dans cette ville "de riches" il y a 80 000 #RSAstes, 145 000 bénéficieras de la #CMU-C
    voir "Poursuite de la hausse du nombre
    de bénéficiaires du RSA et de la CMU-C en Ile-de-France", Insee
    http://www.insee.fr/fr/regions/idf/default.asp?page=themes/bilaneco/bilan2013/bilan%20social.htm

    Bien sûr ces indicateurs ne donnent qu’une mesure partielle du phénomène dont une bonne part reste invisible.

    Bien que l’éviction des pauvres ait débuté dès les années 50, Paris est marquée par une très forte #polarisation_sociale, avec un très grand nombre de pauvres.

    Quoi que dise la Ville, la #méconnaissance en matière de droits est organisée, c’est aussi une production institutionnelle. Ainsi, la Ville, comme toute les municipalités, a accès à la "liste des demandeurs d’emploi", mais jamais il n’a été question d’informer ces derniers de leurs droits, en particulier lorsqu’ils sont pas indemnisés par #Pôle_emploi (allocation logement, ASS, RSA, CMU, fonds de solidarité énergie, logement, transports, piscines, et certains musées gratuits).

    C’est bien plutôt la dissuasion qui est mise en pratique par la Ville (protéger les caisses, économiser, délégitimer les #demandeurs_de_revenu. Ainsi, depuis quelques années, les centres d’action sociale d’arrondissement s’évertuent à empêcher les RSAstes de jouir du droit commun en matière de #prestations_facultative. La Ville prétend imposer aux RSAstes d’avoir à passer par un travailleur social là où le citoyen "ordinaire" n’a pas à se soumettre à une telle procédure, qui allonge les délais, multiplie les interlocuteurs, transforme un rdv "administratif" en moment d’un "#suivi_social" intrusif et contraignant. Dans l’arbitraire le plus complet.

    Bref il y aurait beaucoup à dire sur la philanthropie de nos oligarques (cf. la millionnaire #Marisol_Touraine), la bureaucratie sociale (#opacité_défensive).

    Faute d’en prendre le temps ici, une recette utilisable par tout Parisien (et parfois ça marche mieux pour des "insérés" à revenu menacés d’appauvrissement que pour des "pauvres"...), à faire connaître autour de vous, il existe des #aides_financières dites "exceptionnelles" accessibles dont la Ville n’informe pas les ayant droit potentiels, un mode d’emploi :

    À Paris comme ailleurs, arr€t€z vos salad€s, balanc€z l’os€ill€ !
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=3250

    Sinon, si vous connaissez des soucis de cet ordre ou vous posez des questions sur ces aspects de la "vie parisienne", il existe une permanence #précarité de la coordination des intermittents et précaires : permanenceprecarite [at] cip-idf.org.