Petite mise au point sur les « GAFA | « Calipia : le blog
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Assises sur des montagnes de cash « les GAFA » sont désormais en position de force, ils rachètent des sociétés à tour de bras et empêchent l’arrivée de nouveaux entrants, parfois en copiant purement et simplement leurs produits.
A tel point, que l’âge d’or des start-ups pourraient bien toucher à sa fin d’autant que la nouvelle vague technologique qui émerge (intelligence artificielle, voitures autonomes, réalités altérées, crypto-monnaies virtuelles, …) favorise les grosses firmes qui possèdent déjà les données et la puissance informatique.
Car en plus de racheter de nombreuses sociétés les GAFAM investissent massivement dans les infrastructures Cloud dites hyperscale qui sont et seront nécessaires à la mise en œuvre des nouveaux services à venir pour les entreprises et utilisateurs.
Ces dépenses d’investissement (Capex) en infrastructure des opérateurs cloud à très grande échelle ont atteint 75 milliards de dollars en 2017, dont 22 au quatrième trimestre, soit une croissance de 19 % par rapport à 2016.
Amazon, Apple, Facebook, Google et Microsoft ont représenté plus de 70 % des investissements à très grande échelle du quatrième trimestre, ce qui fait d’eux les cinq premiers investisseurs, selon les données collectées par Synergy Research Group[3]. En fait, le cabinet d’études souligne que les GAFAM ont dépensé plus de 13 milliards de dollars par trimestre en 2017 sur ce simple secteur.
Une solide culture d’évasion fiscale
Les outils traditionnels de régulation (taxes, anti-trust, …) semblent bien inadaptés pour maîtriser cette nouvelle puissance concentrée entre les mains de quelques-uns. Semblant intouchables, ils utilisent leur fortune à renforcer leur influence. Pas facile d’aller ennuyer ceux qui jonglent avec nos informations les plus secrètes, qui sont en passe de maîtriser les outils de l’intelligence artificielle (avec les changements sociétaux y afférant), qui bouleversent radicalement le marché de l’emploi, et qui sont sollicités par les états lorsque leurs budgets ne permettent plus de financer leurs ambitions d’investissement.
Champions de l’optimisation et des paradis fiscaux, ces géants, pourtant si riches et si rentables, sont aussi accusés de ne pas prendre part au bien commun des sociétés par l’impôt et de ne pas savoir faire face à leurs nouvelles responsabilités sociales.
Pas facile non plus d’appliquer des lois anti-trust quand les prix de leurs services restent bas ou gratuits, et de plus en plus addictifs puisque les GAFA restent immensément populaires en simplifiant la vie du consommateur qui continue d’utiliser massivement leurs services et appareils.
Google et Facebook ont désormais une influence sur plus de 70% du trafic Internet et la majorité du trafic des sites d’infos dépend de ces deux plateformes (recherche et trafic social). Des tests effectués récemment dans six pays par Facebook ont montré comment une modification de son algorithme pouvait priver des sites d’informations des trois quarts de leur trafic. Et cette expérience est vécue quotidiennement par les organes de presse ayant des articles référencés sur Apple News (selon des critères pour le moins opaques) accessibles aux utilisateurs d’iPhone. Un déréférencement pouvant faire chuter le nombre de lecteur de 35 %[4].
Donc Facebook, meilleur moteur de ciblage, et Google, meilleur moteur de recherche, ont pris le contrôle de la distribution des créateurs et des médias d’information.
Mais sans les responsabilités qui sont généralement associées, car Google, Facebook, Apple, Twitter ou LinkedIn se présentent comme des plateformes technologiques neutres, des hébergeurs, qui ne prennent pas de décisions éditoriales, ne produisent pas de contenus elles-mêmes, et n’emploient pas de journalistes.
Elles estiment donc, contre toute évidence, ne pouvoir être donc assimilées à des médias, refusant d’en assumer les devoirs. Or non seulement, elles diffusent les contenus, qui informent bien ou mal les citoyens, mais elles vivent (plutôt bien) de la pub qui y est associée.
Sur cet aspect de l’utilisation des technologies de Machine Learning dans les algorithmes définissant les contenus et les publicités proposés aux utilisateurs de moteurs de recherches ou de réseaux sociaux, je vous recommande la lecture d’un article[5] de François Chollet (chercheur en Intelligence Artificielle chez Google, spécialiste de « l’apprentissage profond »), dans lequel il distingue quatre techniques d’optimisation sociale actuellement utilisées :
Le renforcement social négatif : si vous publiez un post qui exprime un point de vue que l’algorithme de contrôle ne veut pas que vous teniez, il peut choisir de ne le montrer qu’à des personnes ayant un point de vue opposé au vôtre et qui auront une critique sévère afin de vous isoler.
Le renforcement social positif : si vous faites un post qui exprime un point de vue que l’algorithme de contrôle veut propager, il peut choisir de montrer votre post à des gens (ou des robots) qui vont l’aimer afin de renforcer votre ego.
Le biais d’échantillonnage : l’algorithme favorise parmi les publications de vos amis celles qui défendent l’opinion qu’il veut que vous ayez.
La personnalisation des arguments : l’algorithmes peut observer que l’exposition de personnes dont le profil psychologique est proche du vôtre à certains contenus provoque souvent un changement de point de vue. A terme, l’algorithme peut générer ce genre de contenu spécialement pour vous convaincre.