• 30 millions de litres d’eau pour 3 forages fracturation hydraulique, Canada, Anticosti 4 juillet 2016 |Alexandre Shields Le Devoir
    L’eau sera extraite de rivières abritant des saumons en voie de disparition avant d’être rejetée dans le golfe

    Québec a autorisé le prélèvement de plus de 30 millions de litres d’eau dans des rivières d’Anticosti afin de réaliser les trois premiers forages avec fracturation sur l’île, a appris Le Devoir. La majorité de cette eau sera puisée dans des cours d’eau abritant une population de saumon en voie de disparition. Quant aux eaux usées, elles seront traitées sur place selon une méthode encore inconnue, puis rejetées directement dans le golfe du Saint-Laurent.


    Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) a accepté de préciser, à la suite d’une demande officielle, « les quantités maximales » d’eau pouvant être utilisées pour chacun des trois forages du programme de recherche de pétrole et de gaz de schiste. Ces travaux financés majoritairement par l’État québécois doivent débuter cet été, pour être achevés en 2017.

    Un premier forage, nommé « Canard », pourra être réalisé avec 10,57 millions de litres d’eau. Un deuxième, désigné comme le forage « La Loutre », pourrait pomper jusqu’à 11,15 millions de litres d’eau dans une des rivières désignées par le MDDELCC. Enfin, le forage « Jupiter », situé près de la rivière à saumon du même nom, aura droit à un maximum de 9 millions de litres.

    Au total, le gouvernement du Québec a donc autorisé le prélèvement de 30 720 000 litres d’eau dans des rivières réputées pour la qualité de leurs eaux. À titre de comparaison, un tel volume équivaut à la quantité nécessaire pour remplir pas moins de 10 piscines olympiques, ou alors un total de 1000 camions-citernes.
    Les 30 millions de litres d’eau prévus pour réaliser ces forages ne représentent toutefois qu’une infime partie de l’eau qui serait nécessaire en cas d’exploitation d’énergies fossiles sur Anticosti. Selon les résultats de l’évaluation environnementale stratégique (EES) menée par le gouvernement, « un total d’environ 4155 puits » pourraient être nécessaires pour cette phase, qui durerait plus de 50 ans. Pour chacun, la quantité d’eau nécessaire pourrait atteindre 16 millions de litres, toujours selon les conclusions de l’EES.
     
    Or, les rivières de l’île ne suffiraient absolument pas pour répondre à une telle demande, qui dépasserait les 45 milliards de litres, ou 15 000 piscines olympiques. Le rapport de l’EES publié à la fin du mois de mai suggérait donc « d’envisager l’utilisation de l’eau du golfe du Saint-Laurent », ou encore de recourir au gaz propane.

    Rivières à saumon
    Au moment d’autoriser les trois forages exploratoires prévus dans le contrat signé par le gouvernement du Québec, le MDDELCC a d’ailleurs indiqué le nom des quatre rivières qui pourront être utilisées pour y pomper de l’eau. Deux d’entre elles, la Jupiter et la Sainte-Marie, abritent des populations de saumon de l’Atlantique. La population de saumons de l’île est considérée comme en voie de disparition par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.
     
    Le gouvernement Couillard a tout de même autorisé le prélèvement d’eau dans la plus importante rivière de l’île, la rivière Jupiter, qui abrite près de 30 % de tous les saumons d’Anticosti. Cette rivière est très réputée pour la pêche. La Société des établissements de plein air du Québec, qui vante la « limpidité sans égale » de ses eaux, vend d’ailleurs des forfaits de pêche à 6000 $.
     
    Les importantes quantités d’eaux usées des forages seront par la suite traitées directement sur l’île d’Anticosti. L’« autorisation » accordée le 15 juin dernier au nom du ministre de l’Environnement, David Heurtel, précise cependant très peu de choses au sujet du processus de traitement.
     
    Le document indique simplement qu’un « fournisseur » non identifié pour le moment devra exploiter « un système de traitement » pour décontaminer les eaux, qui peuvent contenir plusieurs produits toxiques. Ce système devra notamment pouvoir traiter des eaux usées « chargées en solide » jusqu’à une certaine concentration, qui n’est pas précisée.
     
    Les rejets devront respecter les normes inscrites dans les règles « provisoires » fixées par Québec pour l’exploitation de pétrole et de gaz. Le document ne fait pas mention des dispositions du projet de loi sur les hydrocarbures, qui n’a pas encore été adopté.
     
    Eaux dans le golfe
    Si plusieurs éléments concernant le traitement des eaux usées restent à préciser, on sait d’ores et déjà que ces millions de litres se retrouveront ensuite dans le Saint-Laurent. « Les eaux seront rejetées dans le golfe après traitement », a indiqué le MDDELCC, dans une réponse transmise deux semaines après la demande du Devoir.
     
    Selon les coordonnées géographiques inscrites dans l’autorisation accordée au nom du ministre Heurtel, trois points de rejets sont prévus. Tous sont situés sur la rive sud de l’île, reconnue pour la richesse de sa biodiversité marine. Tout indique qu’un point de rejet sera même situé directement dans l’embouchure de la rivière Jupiter. On retrouve à cet endroit une grande concentration d’oiseaux marins, mais aussi de mammifères marins.
     
    Pour le biologiste Sylvain Archambault, de la Société pour la nature et les parcs, la décision gouvernement d’autoriser le prélèvement de 30 millions de litres est une grave erreur.
     
    « Il est inconcevable qu’on permette des prélèvements d’une telle ampleur dans l’habitat du saumon, une espèce menacée de disparition sur Anticosti, et de surcroît dans des rivières au débit déjà très faible, a-t-il fait valoir, à la lumière des informations obtenues par Le Devoir. Qu’en est-il de la responsabilité du Québec face aux espèces menacées de disparition ? »
     
    La rivière Jupiter a été ciblée depuis longtemps « comme territoire d’intérêt pour une aire protégée », a-t-il également rappelé. « Alors qu’Anticosti ne compte que 7,7 % d’aires protégées, bien en deçà de l’objectif de 17 % pour 2020 auquel le Québec a adhéré, le ministère donne clairement préséance à l’industrie pétrolière. »
     
    C’est l’opérateur des travaux sur le terrain, l’entreprise Pétrolia, qui dirigera les opérations au nom de la Société en commandite Hydrocarbures Anticosti. L’État québécois est le principal bailleur de fonds de ce projet d’exploration, avec un investissement minimal de 57,7 millions.
    Source : http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/474713/anticosti-30-millions-de-litres-d-eau-pour-3-forages

    Remarque  : Selon un scénario « optimisé » de développement commercial, l’exploitation sur l’île pourrait durer 75 ans. Au cours de cette période, qui doit en théorie mener à une élimination mondiale du recours aux énergies fossiles, l’industrie pourrait forer pas moins de 4155 puits répartis sur 445 plateformes.
    http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/474831/anticosti-un-contrat-malheureux-mais-qui-doit-etre-respecte-dit-couillard

    #politique_du_désastre #extractivisme #foutage_de_gueule #Anticosti #pétrole #canada #gaz_propane #Saumon

  • Au Canada, François Hollande foule aux pieds le travail du GIEC
    Par Maxime Combes
    http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-combes/031114/au-canada-francois-hollande-foule-aux-pieds-le-travail-du-giec

    En visite au #Canada, François Hollande a déclaré ce dimanche que la France et le Canada étaient « déterminés à agir ensemble en matière de climat ». Tout just après avoir indiqué qu’il souhaitait que les entreprises françaises, qu’il juge « bien placées » à l’instar de Total, « continuent à mettre en valeur les immenses richesses du Nord-Ouest canadien, que ce soit dans les techniques d’exploitation, de transformation, d’acheminement des hydrocarbures ou que ce soit dans la construction d’infrastructures ». François Hollande propose donc d’agir pour le climat en exploitant toujours plus de #pétrole.

    A tout juste un an de la conférence de l’ONU sur le changement climatique que la France va accueillir sur l’aéroport du Bourget, François Hollande aurait pourtant pu utiliser son déplacement au Canada de façon plus cohérente avec ses prétentions en la matière. A l’instar de Nicolas Hulot, envoyé spécial du Président de la République pour la préservation de la planète, qui, quelques semaines plus tôt, a déclaré que « les énergies fossiles, conventionnelles ou non conventionnelles, sont les ennemies du climat ; elles ne font pas partie de la solution mais du problème ».

    #politique_du_désastre

  • #Désobéissance_civile contre Center Parcs à Roybon, où la destruction de la #forêt se prépare - Reporterre
    http://www.reporterre.net/spip.php?article6515

    Ce mercredi 29 octobre 2014, nous sommes allé-e-s dans la forêt des Avenières pour marquer notre détermination à défendre cette forêt menacée par le projet de Center Parcs (92 hectares défrichés et 31 hectares imperméabilisés).

    Projet destructeur et mensonger

    Entre autres arguments, ce projet met en danger une zone humide protégée cruciale pour l’hydrologie de la région. Il détruit des habitats à haute valeur écologique pour au moins dix-sept espèces protégées en danger. Deux corridors biologiques de cervidés et de sangliers seront supprimés par une clôture de deux mètres de haut.

    Il se réalise grâce à des subventions publiques (à hauteur d’au moins trente millions d’euros).

    #projet_inutile #destruction #politique_du_désastre #tourisme