• La rapidité de l’#effondrement des populations d’#insectes confirmée par une expérience de science participative
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/04/30/la-rapidite-de-l-effondrement-des-populations-d-insectes-confirmee-par-une-e

    L’effondrement des arthropodes se poursuit, sans inversion de la tendance. Rendus publics mercredi 30 avril, les derniers résultats de l’étude participative « #Bugs_Matter » indiquent que la population d’insectes volants au Royaume-Uni aurait chuté de 63 % entre 2021 et 2024. Au total, les données accumulées suggèrent un effondrement de plus de 80 % en deux décennies sur le territoire britannique – des chiffres comparables à ceux produits par d’autres travaux conduits ailleurs en Europe.

    L’étude britannique est toutefois unique par son ampleur et par sa capacité à relever, année après année, l’évolution des populations d’insectes à l’échelle d’un pays, grâce au même protocole expérimental. La destruction des habitats, le réchauffement mais surtout la présence généralisée de pesticides dans tous les milieux sont en cause, selon les chercheurs interrogés par Le Monde.

    L’étude « Bugs Matter » a été conçue et mise en place par deux organisations de conservation de la nature, Buglife et Kent Wildlife Trust, grâce à l’enrôlement de milliers d’automobilistes. Ceux-ci utilisent une application et y téléchargent les photos de leur plaque d’immatriculation, avant et après avoir effectué un trajet routier, dénombrant le nombre d’impacts d’insectes. Une grande diversité d’autres données est collectée : le type de véhicule et son aérodynamisme, sa vitesse de déplacement, l’état de la météo, les zones et paysages traversés, la date et la durée du voyage, etc. Un déclin de 63 % mesuré en seulement trois années est jugé « stupéfiant » par l’écologue Vincent Bretagnolle, chercheur (CNRS) sur la Zone Atelier Plaine et Val-de-Sèvres et spécialiste des interactions entre agriculture et biodiversité.

    « Ce #déclin énorme du nombre d’impacts d’insectes sur une si brève durée est vraiment alarmant, déclare Lawrence Ball (Kent Wildlife Trust), principal auteur de ces travaux. Il est plus que probable que vous voyions les effets combinés d’une tendance de fond au déclin et d’un cycle de plus court terme, peut-être lié aux événements climatiques extrêmes de ces dernières années au Royaume-Uni. » Entre 2023 et 2024, le nombre d’impacts a globalement chuté de 8 %, à la suite de déclins plus marqués les deux années précédentes, respectivement de 44 % et 28 %. La baisse moins marquée entre les deux dernières années laisse espérer un aplatissement de la tendance, ajoute en substance M. Ball.

    « Conséquences potentiellement catastrophiques »
    De son côté, le biologiste Dave Goulson (université du Sussex), auteur de nombreux travaux sur le déclin des pollinisateurs, appelle à être « prudent » dans l’interprétation d’une série de données de seulement quatre ans. Mais il ajoute que ce fort déclin est cohérent avec les résultats d’autres études. « Le pire scénario, que nous devrions envisager très sérieusement, est que le déclin des insectes s’accélère sous l’effet combiné du dérèglement climatique, de la perte d’habitat et de l’utilisation de plus de trois millions de tonnes de pesticides [au niveau mondial] chaque année », dit-il. Un scénario aux « conséquences potentiellement catastrophiques », prévient le chercheur britannique.

    Nul rebond jusqu’à présent : d’une année à l’autre, toujours moins de bestioles percutent les calandres des automobiles. Un phénomène remarqué de longue date par les usagers de la route les plus âgés. « Il y a un ressenti populaire selon lequel il y a de moins en moins d’insectes sur les pare-brise, dit le biologiste de la conservation Vincent Devictor, chercheur (CNRS) à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier, qui n’a pas participé à ces travaux. Je trouve crucial d’avoir quantifié rigoureusement un phénomène que l’on ne peut plus balayer comme relevant d’une intuition ou d’une impression personnelle. Le protocole est standardisé, répliqué et représentatif : ce sont les trois impératifs pour conclure de manière solide. »

    « Les résultats de cette étude de science participative sont inquiétants, et reposent sur une méthodologie soigneuse », estime Marion Desquilbet, chercheuse (Inrae) à la Toulouse School of Economics, coautrice de travaux de référence sur les mesures de déclin de l’entomofaune. De même, Vincent Bretagnolle relève qu’un tel protocole, simple et validé, est « idéal » pour relever le défi du recensement de ces organismes très divers et difficiles à dénombrer dans l’environnement.

    Les impacts dénombrés sur les plaques d’immatriculation ne permettent pas de préciser les espèces qui disparaissent le plus vite, mais la méthodologie de l’étude permet de couvrir beaucoup de taxons, explique M. Devictor : « Les heures de la journée et les habitats échantillonnés sont très variables. Il ne s’agit donc pas de la fluctuation d’une ou deux espèces isolées : on parle bien d’une baisse des insectes volants qui participent à des interactions écologiques multiples. »

    Le poids de molécules #pesticides
    Les données collectées intègrent plus de 8 800 trajets effectués, totalisant plus de 380 000 kilomètres parcourus à travers toutes les régions du Royaume-Uni. Les différences d’un pays à l’autre sont relativement faibles : entre 2021 et 2024, le déclin observé est de 62 % en Angleterre, 64,2 % au Pays de Galles, ou encore 55,4 % en Irlande du Nord.

    Pour Vincent Devictor, cette homogénéité du déclin indique que le protocole capture bien le caractère systémique du phénomène. « La destruction d’habitats n’est pas en mesure d’expliquer seule ce qu’on observe sur une période de seulement quatre ans, dit le chercheur. Le changement climatique peut avoir un rôle, mais celui-ci devrait aussi conduire à favoriser certaines espèces qui tirent profit de la hausse des températures. L’ampleur du déclin fait plutôt penser à une surmortalité directe d’espèces multiples, compatible avec ce que l’on attend d’une réponse aux insecticides. »

    Dave Goulson relève que « l’année 2024 a été la pire année jamais observée au #Royaume-Uni, à la fois pour les bourdons et les papillons, avec des données qui remontent respectivement à seize ans et quarante-huit ans ».

    Constat semblable dans l’ouest de la France. « Les années 2022, 2023 et 2024 ont présenté des météos printanières tout à fait catastrophiques, avec de la sécheresse, un excédent de chaleur et de pluviométrie qui ont impacté les insectes, explique M. Bretagnolle. Les populations d’abeilles sauvages par exemple ont été très faibles en 2024 sur notre site. Il est donc très probable que le déclin mesuré en Angleterre soit identique en France, mais au contraire des Britanniques, nous n’avons pas de données nationales. »

    Indépendamment de la météo, les études conduites au Danemark, en Allemagne, au Royaume-Uni montrent toutes des baisses d’abondance d’insectes comparables sur le long terme, « souvent supérieures à 50 % par décennie quel que soit le contexte », rappelle M. Devictor. Une convergence évocatrice des effets chroniques de l’imprégnation des milieux, à bas bruit, par un grand nombre de molécules pesticides.

    Or, comme le dit Mme Desquilbet, « on sait que les procédures d’autorisation de mise sur le marché des pesticides, qui examinent leur impact sur l’être humain et l’environnement avant autorisation, ne sont pas protectrices pour les insectes ». En effet, précise-t-elle, ces procédures « n’évaluent pas les #effets_chroniques des pesticides, mais seulement leurs effets aigus, et seulement sur quelques espèces qui ne sont pas nécessairement les plus affectées, comme l’#abeille_domestique plutôt que les #pollinisateurs_sauvages ».

    Cette négligence réglementaire est dénoncée de longue date par les organisations non gouvernementales. « Notre organisation a mis en évidence que les protocoles d’évaluation de la #toxicité des pesticides sur les insectes avaient été coécrits par des employés de l’industrie des pesticides dans les années 2000, dit Martin Dermine, chargé de mission à Pesticide Action Network Europe. Ce scandale réglementaire se perpétue, car la Commission européenne est actuellement en train de revoir ces protocoles, en incluant à nouveau des scientifiques liés à l’agrochimie. »

    #Stéphane_Foucart

    • Effondrement des populations d’insectes : « Il est complètement fou qu’on n’en parle pas plus »
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/04/30/effondrement-des-populations-d-insectes-il-est-completement-fou-qu-on-n-en-p

      Ecologue et systématicien, spécialiste de la biologie évolutive des insectes, Philippe Grandcolas est directeur adjoint scientifique de l’institut CNRS écologie et environnement. Il est aussi l’auteur d’ouvrages grand public, en particulier de La Puissance de la biodiversité (CNRS Editions, 2023).

      Plusieurs études suggèrent des réductions de populations d’insectes en Europe de l’ordre de 80 % au cours des deux décennies écoulées. Les dernières données britanniques indiquent une chute de 63 % entre 2021 et 2024. Est-ce inquiétant ?
      Oui, de mon point de vue, ces chiffres sont terrifiants. On assiste à un effondrement silencieux de mieux en mieux documenté par les scientifiques. Je dis silencieux à dessein, car il est complètement fou que l’on n’en parle pas plus, ou alors sur le mode : « Ah oui, les insectes, pas tous sympas quand même ! » Si la végétation mourait sur pied partout, on serait catastrophés ! Mais il est vrai que l’effondrement du nombre d’oiseaux – pourtant plus populaires que les insectes –, bien avéré en Europe, n’est pas non plus une information qui fait bouger les foules.

      Quelles sont les fonctions écosystémiques des insectes ? Quelles sont et seront les conséquences de leur raréfaction ?

      Avec 40 000 espèces en France métropolitaine et des dizaines de kilos à l’hectare, les insectes sont partout. Ils pollinisent les trois quarts des plantes à fleurs, et il y a actuellement en France de 5 % à 80 % de perte de productivité faute de pollinisateurs, selon les cultures. Ils dégradent la matière organique dans les sols forestiers ou autres (fèces, humus, bois), et limitent les populations d’autres insectes. Et enfin, ils servent de nourriture à de nombreux vertébrés (oiseaux, poissons…) dont on a également besoin.

      Les prairies d’Australie ont, par exemple, été ensevelies sous les bouses de vaches importées par les colons européens, faute d’espèces locales adéquates de bousiers pour recycler cette matière organique. Ces insectes ont été introduits à coups de millions de dollars et après plusieurs années d’efforts. Sans insectes, les écosystèmes – y compris « productifs » – déclinent avec des conséquences en cascade ! On a ainsi montré récemment qu’une plante (Viola arvensis) devient davantage capable de s’autoféconder et produit moins de nectar faute de pollinisateurs… ce qui la rend potentiellement victime de « consanguinité », réduit sa diversité génétique et la rend donc plus vulnérable aux autres pressions. Même un champ de colza conventionnel perd 30 % de productivité faute de pollinisation.

      Le constat d’un effondrement des populations d’insectes n’est-il pas contradictoire avec la difficulté à contrôler les ravageurs des cultures ?

      On crée des agrosystèmes vides de vie, de l’hydroponie [culture de végétaux sur des substrats inertes] en plein champ en quelque sorte, en privilégiant des cultures non pollinisées par les insectes et polluées : céréales pour l’export ou la nourriture animale, betteraves pour les agrocarburants, voire les noisettes pour des pâtes à tartiner mauvaises pour la santé des enfants. Et cela aux dépens des autres cultures vivrières, des milieux naturels et des populations riveraines.

      Les grandes parcelles d’une même culture, avec un haut niveau de standardisation et sans diversité dans le paysage, attirent toujours en masse les mêmes insectes agresseurs. C’est une loi quasi physique de l’écologie, totalement ignorée des agriculteurs industriels. Un peu comme si l’on mettait tous les malades fragiles et diversement contagieux ensemble dans un même hall d’hôpital… Il y a urgence à changer de modèle agricole ou d’aménagement du territoire, mais en aidant vraiment les agriculteurs, ce qui n’est pas fait actuellement. Les propositions de lois en la matière vont à l’inverse de ce qui est nécessaire.

      La situation est-elle réversible ? Comment et à quelle échéance ?

      Elle est en partie réversible, si l’on cesse les pressions (pertes d’habitats, pesticides, etc.), mais à échéance de quelques décennies. Il y a deux grands écueils : les pesticides ne disparaissent pas spontanément, leurs molécules peuvent demeurer longtemps dans les milieux, même sous forme de produits dégradés, et auront donc une action dans la durée avec des effets chroniques dus aux cocktails de molécules, à leur accumulation, leur transport, etc. Second écueil : le climat n’est pas près de revenir à son état normal et il nuit fortement à de nombreux insectes.

      #Stéphane_Foucart

  • « A la différence du réchauffement, la crise de la biodiversité n’est pas comprise comme un risque par les classes dirigeantes »

    Un exemple récent, abordé voilà deux semaines dans ces mêmes colonnes, est offert par Annie Genevard, la ministre de l’agriculture, à propos de cerises. Qu’il y ait moins de cerises sur les étals, que leur prix soit prohibitif, que le temps des cerises semble désormais révolu, chacun l’a remarqué. L’explication ? « On a interdit en France de traiter les cerisiers, a déclaré Mme Genevard sur la chaîne CNews à la mi-octobre. On a interdit, on s’est fait plaisir. Maintenant, on ne mange quasiment plus de cerises françaises. »

    [...]

    Parfois, c’est la nature qui est abîmée, mais nous avons toutes les peines du monde à le percevoir. L’histoire brièvement rapportée par ma collègue Perrine Mouterde, à l’ouverture de la COP16, en donne un exemple saisissant. En 2017, des producteurs de cassis noir de la région de Dijon rencontrent de grandes difficultés, leurs rendements ne cessent de chuter. Ils contactent des chercheurs avec l’espoir que ceux-ci les aident à mieux lutter contre la cochenille, l’un des ravageurs de cette culture.

    L’écologue Marie-Charlotte Anstett, chercheuse au laboratoire Biogéosciences (université Bourgogne-Franche-Comté, CNRS), commence par compter le nombre de #pollinisateurs sur les buissons. Elle en trouve très peu, un toutes les trois minutes, et consulte les archives de l’Institut national de recherche pour l’#agriculture, l’#alimentation et l’#environnement pour avoir un élément de comparaison.

    La chercheuse dit avoir eu du mal à se figurer et à verbaliser sa découverte tant elle était ahurissante. Par rapport à des comptages effectués in situ en 1981, l’ écroulement des pollinisateurs du cassis était de l’ordre de 99 % en l’espace de trente-sept ans. Pendant tout ce temps, l’application forcenée de #pesticides pour contrôler les ravageurs a fait quasiment disparaître de ces paysages les abeilles solitaires et les bourdons, sans même être parvenue à éradiquer la cochenille, ses prédateurs ayant été, eux aussi, exterminés.

    L’installation de ruches à bourdons sous filet, sur certains plants, a permis d’estimer l’impact de cet effondrement de la pollinisation. Avec le retour des pollinisateurs, le rendement pourrait passer de 3,2 tonnes à l’hectare à 11,3 tonnes à l’hectare. Soit, au cours actuel du cassis noir de Bourgogne, quelque 15 000 euros à l’hectare. La limitation du recours à la chimie, l’installation de nids d’abeilles solitaires dans les plantations et le maintien de fleurs sauvages autour des parcelles ont d’ores et déjà permis de faire remonter les rendements de manière substantielle.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/03/a-la-difference-du-rechauffement-la-crise-de-la-biodiversite-n-est-pas-compr

    https://justpaste.it/1z617

    #écologie #biodiversité

  • Une vraie #souveraineté_alimentaire pour la #France

    Le mercredi 6 décembre 2023, la FNSEA sortait du bureau d’Elisabeth Borne en déclarant fièrement que l’État abandonnait son projet de taxer l’usage des pesticides et des retenues d’eau. Cela vient conclure une séquence historique. Le 16 novembre déjà, l’Europe reconduisait l’autorisation du glyphosate pour 10 ans. Et, six jours plus tard, abandonnait aussi l’objectif de réduction de 50 % de l’usage des pesticides à l’horizon 2030.

    Comment en est-on arrivé là ? La question a été récemment posée dans un rapport de l’Assemblée nationale. En plus du #lobbying habituel de la #FNSEA et de l’état de crise permanent dans laquelle vivent les agriculteurs et qui rend toute #réforme explosive, la question de la souveraineté alimentaire – qui correspond au droit d’un pays à développer ses capacités productives pour assurer la sécurité alimentaire des populations – a joué un rôle clé dans cette dynamique.

    La souveraineté alimentaire est ainsi devenue, depuis la crise du Covid et la guerre en Ukraine, l’argument d’autorité permettant de poursuivre des pratiques qui génèrent des catastrophes écologiques et humaines majeures. Il existe pourtant d’autres voies.

    Le mythe de la dépendance aux #importations

    De quelle souveraineté alimentaire parle-t-on ? Les derniers chiffres de FranceAgrimer montrent que notre « #dépendance aux importations » – comme aiment à le répéter les défenseurs d’un modèle intensif – est de 75 % pour le blé dur, 26 % pour les pommes de terre, 37 % pour les fruits tempérés ou 26 % pour les porcs.

    Mais ce que l’on passe sous silence, c’est que le taux d’#autoapprovisionnement – soit le rapport entre la production et la consommation françaises – est de 148 % pour le blé dur, 113 % pour les pommes de terre, 82 % pour les fruits tempérés et 103 % pour le porc. Le problème de souveraineté alimentaire n’en est pas un. Le vrai problème, c’est qu’on exporte ce que l’on produit, y compris ce dont on a besoin. Cherchez l’erreur.

    D’autres arguments viennent encore se greffer à celui de la souveraineté, dans un monde d’#interdépendances : la #France serait le « grenier à blé de l’Europe », il faudrait « nourrir les pays du Sud », la France serait « une puissance exportatrice », etc.

    Au-delà de l’hypocrisie de certaines de ces affirmations – en effet, les #exportations des surplus européens subventionnés ont détruit tout un tissu productif, en Afrique de l’Ouest notamment – il ne s’agit pas là d’enjeux liés à la souveraineté alimentaire, mais d’enjeux stratégiques et politiques liés à la #compétitivité de certains produits agricoles français sur les marchés internationaux.

    Comprendre : la France est la 6e puissance exportatrice de #produits_agricoles et agroalimentaires au monde et elle entend bien le rester.

    Voir la #productivité de façon multifonctionnelle

    S’il ne faut évidemment pas renoncer aux objectifs de #productivité_alimentaire nationaux, ces derniers gagneraient à être redéfinis. Car comment évoquer la souveraineté alimentaire sans parler des besoins en #eau pour produire les aliments, de la dépendance aux #énergies_fossiles générée par les #intrants de synthèse, de l’épuisement de la #fertilité des #sols lié à la #monoculture_intensive ou encore des effets du #réchauffement_climatique ?

    Comment évoquer la souveraineté alimentaire sans parler des enjeux fonciers, de l’évolution du #travail_agricole (25 % des #agriculteurs sont en passe de partir à la retraite), du #gaspillage_alimentaire – qui avoisine les 30 % tout de même – des #besoins_nutritionnels et des #habitudes_alimentaires de la population ?

    La #productivité_alimentaire doit dorénavant se conjuguer avec d’autres formes de productivité tout aussi essentielles à notre pays :

    – la capacité de #rétention_d’eau dans les sols,

    – le renouvellement des #pollinisateurs,

    – le maintien des capacités épuratoires des milieux pour conserver une #eau_potable,

    – le renouvellement de la #fertilité_des_sols,

    – la régulation des espèces nuisibles aux cultures,

    – ou encore la séquestration du carbone dans les sols.

    Or, il est scientifiquement reconnu que les indicateurs de productivité relatifs à ces services baissent depuis plusieurs décennies. Pourtant, ce sont bien ces services qui permettront de garantir une véritable souveraineté alimentaire future.

    La #diversification pour maintenir des rendements élevés

    Une revue de littérature scientifique parue en 2020, compilant plus de 5000 études menées partout dans le monde, montrait que seules des stratégies de diversification des #pratiques_agricoles permettent de répondre à ces objectifs de #performance_plurielle pour l’agriculture, tout en maintenant des #rendements élevés.

    Les ingrédients de cette diversification sont connus :

    – augmentation de la #rotation_des_cultures et des #amendements_organiques,

    – renoncement aux #pesticides_de_synthèse et promotion de l’#agriculture_biologique à grande échelle,

    - réduction du #labour,

    - diversification des #semences et recours aux #variétés_rustiques,

    - ou encore restauration des #haies et des #talus pour limiter le ruissellement de l’#eau_de_pluie.

    Dans 63 % des cas étudiés par ces chercheurs, ces stratégies de diversification ont permis non seulement d’augmenter les #services_écosystémiques qui garantissent la souveraineté alimentaire à long terme, mais aussi les #rendements_agricoles qui permettent de garantir la souveraineté alimentaire à court terme.

    Les sérieux atouts de l’agriculture biologique

    Parmi les pratiques de diversification qui ont fait leurs preuves à grande échelle en France, on retrouve l’agriculture biologique. Se convertir au bio, ce n’est pas simplement abandonner les intrants de synthèse.

    C’est aussi recourir à des rotations de cultures impliquant des #légumineuses fixatrices d’azote dans le sol, utiliser des semences rustiques plus résilientes face aux #parasites, des amendements organiques qui nécessitent des couplages culture-élevage, et enfin parier sur la restauration d’un #paysage qui devient un allié dans la lutte contre les #aléas_naturels. La diversification fait ainsi partie de l’ADN des agriculteurs #bio.

    C’est une question de #réalisme_économique. Les exploitations bio consomment en France deux fois moins de #fertilisant et de #carburant par hectare que les exploitants conventionnels, ce qui les rend moins vulnérables à l’évolution du #prix du #pétrole. En clair, l’agriculture biologique pourrait être la garante de la future souveraineté alimentaire française, alors qu’elle est justement souvent présentée comme une menace pour cette dernière du fait de rendements plus faibles à court terme.

    Au regard des éléments mentionnés plus haut, il s’agit évidemment d’un #faux_procès. Nous sommes autosuffisants et nous avons les réserves foncières qui permettraient de déployer le bio à grande échelle en France, puisque nous sommes passé de 72 % du territoire dédié aux activités agricoles en 1950 à 50 % en 2020. Une petite partie de ces surfaces a été artificialisée tandis que la majorité a tout simplement évolué en friche, à hauteur de 1000 km2 par an en moyenne.

    Par ailleurs, le différentiel de rendement entre le bio et le #conventionnel se réduit après quelques années seulement : de 25 % en moyenne (toutes cultures confondues) au moment de la conversion, il descend à 15 % ensuite. La raison en est l’apprentissage et l’innovation dont font preuve ces agriculteurs qui doivent en permanence s’adapter aux variabilités naturelles. Et des progrès sont encore à attendre, si l’on songe que l’agriculture bio n’a pas bénéficié des 50 dernières années de recherche en #agronomie dédiées aux pratiques conventionnelles.

    Relever le niveau de vie des agriculteurs sans éroder le #pouvoir_d’achat des consommateurs

    Mais a-t-on les moyens d’opérer une telle transition sans réduire le pouvoir d’achat des Français ? Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord évoquer le #revenu des #agriculteurs. Il est notoirement faible. Les agriculteurs travaillent beaucoup et vivent mal de leur métier.

    Or, on oublie souvent de le mentionner, mais le surcoût des produits bio est aussi lié au fait que les consommateurs souhaitent mieux rémunérer les agriculteurs : hors subventions, les revenus des agriculteurs bio sont entre 22 % et 35 % plus élevés que pour les agriculteurs conventionnels.

    Ainsi, le consommateur bio consent à payer plus parce que le bio est meilleur pour l’environnement dans son ensemble (eau, air, sol, biodiversité), mais aussi pour que les paysans puissent mieux vivre de leur métier en France sans mettre en danger leur santé.

    Par ailleurs, si le consommateur paie plus cher les produits bio c’est aussi parce qu’il valorise le #travail_agricole en France. Ainsi la production d’aliments bio nécessite plus de #main-d’oeuvre (16 % du total du travail agricole pour 10 % des surfaces) et est très majoritairement localisée en France (71 % de ce qui est consommé en bio est produit en France).

    Cette question du #travail est centrale. Moins de chimie, c’est plus de travail des communautés humaines, animales et végétales. C’est aussi plus d’incertitudes, ce qui n’est évidemment pas simple à appréhender pour un exploitant.

    Mais il faut rappeler que le discours sur le pouvoir d’achat des français, soi-disant garanti par le modèle hyper-productiviste de l’agriculture française, vise surtout à conforter les rentes de situations des acteurs dominants du secteur agricole. Car les coûts sanitaires et environnementaux de ce modèle sont payés par le contribuable.

    Rien que le #traitement_de_l’eau, lié aux pollutions agricoles, pour la rendre potable, coûte entre 500 millions d’euros et 1 milliard d’euros par an à l’État. Or, ce que le consommateur ne paie pas au supermarché, le citoyen le paie avec ses #impôts. Le rapport parlementaire évoqué plus haut ne dit pas autre chose : la socialisation des coûts et la privatisation des bénéfices liés aux #pesticides ne sont plus tolérables.

    Le bio, impensé de la politique agricole française

    Une évidence s’impose alors : il semblerait logique que l’État appuie massivement cette filière en vue de réduire les coûts pour les exploitants bio et ainsi le prix pour les consommateurs de produits bio. En effet, cette filière offre des garanties en matière de souveraineté alimentaire à court et long terme, permet de protéger l’eau et la #santé des Français, est créatrice d’emplois en France. Il n’en est pourtant rien, bien au contraire.

    L’État a promu le label #Haute_valeur_environnementale (#HVE), dont l’intérêt est très limité, comme révélé par l’Office français de la biodiversité (OFB). L’enjeu semble surtout être de permettre aux agriculteurs conventionnels de toucher les aides associés au plan de relance et à la nouvelle #PAC, au risque de créer une #concurrence_déloyale vis-à-vis des agriculteurs bio, d’autant plus que les #aides_publiques au maintien de l’agriculture biologique ont été supprimées en 2023.

    La décision récente de l’État de retirer son projet de #taxe sur l’usage des pesticides créé aussi, de facto, un avantage comparatif pour le conventionnel vis-à-vis du bio. Enfin, rappelons que la Commission européenne a pointé à plusieurs reprises que la France était le seul pays européen à donner moins de subventions par unité de travail agricole aux céréaliers bio qu’aux conventionnels.

    Ainsi, un céréalier bio français reçoit un tiers de subventions en moins par unité de travail agricole qu’un céréalier conventionnel, alors qu’en Allemagne ou en Autriche, il recevrait 50 % de #subventions supplémentaires. En France, l’État renonce aux taxes sur les pesticides tout en maintenant des #charges_sociales élevées sur le travail agricole, alors que c’est évidemment l’inverse dont aurait besoin la #transition_agroécologique.

    Que peuvent faire les citoyens au regard de ce constat déprimant ? Consommer des produits bio malgré tout, et trouver des moyens de les payer moins cher, grâce par exemple à la #vente_directe et à des dispositifs tels que les #AMAP qui permettent de réduire le coût du transport, de la transformation et de la distribution tout autant que le gâchis alimentaire, les variabilités de la production étant amorties par la variabilité du contenu du panier.

    Les agriculteurs engagés pour la #transition_écologique, de leur côté, peuvent réduire les risques associés aux variabilités naturelles et économiques en créant de nouvelles formes d’exploitations coopératives combinant plusieurs activités complémentaires : élevage, culture, transformation, conditionnement et distribution peuvent être organisés collectivement pour mutualiser les coûts et les bénéfices, mais aussi se réapproprier une part significative de la #chaîne_de_valeur laissée aujourd’hui au monde de l’agro-industrie et de la grande distribution.

    Il ne s’agit pas d’une #utopie. De nombreux acteurs essaient de faire émerger, malgré les résistances institutionnelles, ces nouvelles pratiques permettant de garantir la souveraineté alimentaire de la France à long terme.

    https://theconversation.com/une-vraie-souverainete-alimentaire-pour-la-france-220560
    #foncier #industrie_agro-alimentaire #alimentation #collectivisation
    #à_lire #ressources_pédagogiques

  • Des ruches en ville, une fausse bonne idée pour la biodiversité ? Francesca Argiroffo/vajo - RTS

    Depuis quelques années, les ruches essaiment sur les toits des immeubles en ville. Hôtels, entreprises, administrations, universités et particuliers : tout le monde veut ses abeilles, et a le sentiment de faire un geste pour la planète, tout en produisant son miel. Dans de nombreux pays, où on a encouragé ces installations, on revient un peu en arrière.

    Au départ, l’idée semblait séduisante et utile, car la population des abeilles, ainsi que celle des pollinisateurs en général, décline dans les campagnes en raison de l’utilisation massive de pesticides, de désherbants, de parasites tels que le varroa ou le frelon asiatique, et du dérèglement climatique.

    En vingt ans, le taux de mortalité annuel de l’abeille domestique ou mellifère est passé de 10% à 30%. Pour la préserver, les villes ont donc encouragé l’installation de ruches en ville, où l’on trouve moins de pesticides et souvent une bonne diversité de fleurs. Ces initiatives ont suscité un énorme engouement.

    A Paris, par exemple, il y a plus de 2000 ruches urbaines. En Suisse, leur nombre a doublé en quelques années, surtout dans les villes alémaniques. Pourtant, depuis quelques années, cela pose certains problèmes. « Les ressources, les fleurs, ne sont pas infinies », rappelle Audric de Campeau, apiculteur et fondateur de CitizenBees, jeudi dans l’émission de la RTS Tout un monde.

    Concurrence entre les ruches
    S’il y a trop de ruches dans un même secteur, les abeilles produiront moins de miel et seront plus stressées pour trouver des ressources mellifères. « Il va y avoir de la bagarre. Ce n’est pas parce que les ruches sont voisines qu’elles sont copines », indique Audric de Campeau.

    Mais les abeilles à miel ne sont pas les seules à devoir survivre. Les abeilles sauvages - il y en a plus de 500 espèces en Suisse - les papillons de nuit ou encore les bourdons jouent un rôle crucial dans la biodiversité. Ces milliers d’autres insectes pollinisateurs doivent aussi trouver des fleurs à butiner, mais ils suscitent évidemment beaucoup moins d’intérêt.

    Les abeilles sauvages, qui vont chercher leur nourriture moins loin que les abeilles domestiques, ont tendance à disparaître plus vite. Sans compter que l’apiculture est une activité agricole essentielle. Les ruches, les essaims d’abeilles à miel, peuvent être reconstitués d’année en année, ce qui n’est pas le cas des espèces sauvages.

    Pas un geste pour la biodiversité
    Les ruches citadines ne favorisent donc pas la biodiversité. « Il est similaire de parler du déclin des abeilles sauvages, des papillons, des oiseaux, des plantes sauvages... Le déclin du nombre de colonies d’abeilles mellifères, maintenues par les apiculteurs, est finalement un problème qui concerne l’apiculture. Ce n’est donc pas directement lié à l’érosion de la biodiversité », explique Christophe Praz, spécialiste des abeilles sauvages et collaborateur scientifique à l’Université de Neuchâtel.

    Henry Clément, secrétaire général de l’Union nationale de l’apiculture française, estime que le problème n’est pas là. Le problème, ce sont les pesticides et la disparition de certaines variétés de fleurs. Les efforts publics ou privés, en ville comme à la campagne, doivent se concentrer sur ce domaine.

    En tout cas, les villes de Metz et de Besançon ont décidé de freiner l’installation de ruches sur les bâtiments publics. En Suisse, certaines villes, dont Lausanne, envisagent également cette mesure, et les installateurs de ruches urbaines qui ont proliféré ces dernières années mettent aujourd’hui davantage l’accent sur les hôtels à insectes et la revégétalisation que sur les ruches urbaines.

    #mode #apiculture #ruches #abeilles #ville #concurrence #insectes #pollinisateurs #biodiversité #pesticides

    Source : https://www.rts.ch/info/sciences-tech/environnement/14329046-des-ruches-en-ville-une-fausse-bonne-idee-pour-la-biodiversite.html

  • Putting beehives in cities is “very dangerous” to other pollinators says bee expert Paula Carnell
    https://www.dezeen.com/2022/02/08/beehives-cities-dangerous-paula-carnell

    Honeybee specialist Paula Carnell told Dezeen that efforts to put beehives in cities actually harmed native pollinators such as solitary bees and bumblebees.

    “The biggest risk to bees is actually beekeepers,” she said. “Honeybees are being bred for the benefit of humans for honey production. There are a lot of aspects of beekeeping that are not sustainable and not natural.”

    Sur l’architecture végétalisée:

    Covering buildings with plants in pots, beds or green walls is a big trend in architecture, but environmentalists have started to question their contributions to biodiversity.

    Designer Thomas Heatherwick came under fire last month for his 1,000 Trees project in Shanghai, which features hundreds of individual trees in elevated planters.

    Writing in Dezeen, sustainable architecture expert Philip Oldfield described the project as “elitist eco-bling”.

    #abeille #pollinisateurs #urbanisme #architecture #greenwashing

  • The world’s most unwanted plants help trees make more fruit
    https://phys.org/news/2022-02-world-unwanted-trees-fruit.html

    Under the guidance of FIU professors Suzanne Koptur and Krishnaswamy Jayachandran, Kleiman compared mango trees at a local farm in Homestead, Florida. One plot of trees had weeds growing around them. The other plot was maintained and weed-free.

    The pollinators preferred the trees with the weeds. In turn, the trees benefitted and produced more mangos. In fact, there were between 100 to 236 mangos on the trees with weeds, compared to between 38 to 48 on the trees without weeds.

    Kleiman points out findings apply to mango trees, but also to all of the roughly 80 percent of flowering plants of Earth, including fruit trees and all flowering vegetable plants like tomatoes, beans, eggplants and squash. She also hopes this information can help farmers save time and money, as well as reduce the use of chemical pesticides.

    #agriculture #mauvaises_herbes #permaculture #fruitiers #pollinisateurs

  • Les #pesticides « tueurs d’#abeilles » ont de la relève | ICI Radio-Canada.ca
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1316826/chlorantraniliprole-pesticides-tueurs-dabeilles

    Un nouvel #insecticide remplace maintenant les controversés #néonicotinoïdes, ceux-là mêmes qu’on a appelés « pesticides tueurs d’abeilles ». Mais a-t-on seulement déplacé le problème vers d’autres #insectes ?

    [...]

    Mais s’agit-il d’une véritable avancée pour les insectes #pollinisateurs ?

    Les études indépendantes sur le #chlorantraniliprole restent rares mais, selon la base de données SAgE pesticides, la référence en la matière au Québec, il est vrai que le chlorantraniliprole est moins toxique pour les abeilles que les néonicotinoïdes.

    En revanche, le produit devient un #poison une fois dans l’#eau. Selon SAgE pesticides, le chlorantraniliprole est qualifié d’extrêmement #toxique pour les invertébrés d’eau douce.

    C’est un paralysant musculaire pour une vaste gamme d’insectes aquatiques, fait remarquer Geneviève Labrie, entomologiste et chercheuse au Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel. Elle vient de démarrer une série d’études sur le chlorantraniliprole et le #maïs.

    Là où le bât blesse, c’est que le chlorantraniliprole n’a pas tendance à rester dans le sol. Il se dissout facilement dans l’eau. C’est un produit qui est plus soluble que les néonicotinoïdes, fait remarquer la chercheuse.

  • Disparition des abeilles : comment l’Europe a renoncé à enrayer leur déclin
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/08/27/disparition-des-abeilles-la-derobade-de-l-europe_5503163_1650684.html

    Le texte en question – une mise à jour des principes d’évaluation des effets des #pesticides sur les #abeilles – fait l’impasse sur l’essentiel des recommandations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (#EFSA), l’agence d’expertise officielle de l’Union. L’écrasante majorité des mesures proposées par l’agence sont renvoyées à un examen ultérieur, au mieux, après l’été 2021. Et ce, alors que l’EFSA fait savoir depuis le printemps 2012 que les tests réglementaires actuels ne protègent pas les abeilles et les #pollinisateurs sauvages (bourdons, abeilles solitaires, papillons, etc.). Interdits depuis fin 2018 en Europe, les trois principaux #insecticides #néonicotinoïdes (#imidaclopride, #clothianidine et #thiaméthoxame) pourraient ainsi être remplacés par des produits aussi problématiques.

    Après paywall #it_has_begun

  • « En finir avec l’#hypocrisie sur la question des #pesticides »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/02/05/en-finir-avec-l-hypocrisie-sur-la-question-des-pesticides_5419246_3232.html

    Au bout du compte, les protocoles d’évaluation des pesticides vis-à-vis des pollinisateurs en #Europe continuent de se référer à un texte de 2002, un copié-collé de l’#industrie, prétendument « actualisé » en 2010. Selon les spécialistes du sujet, ces protocoles sont aujourd’hui totalement obsolètes et se révèlent incapables de mesurer la dangerosité pour les abeilles des produits phytosanitaires mis sur le marché. Cerise sur le gâteau, les dernières propositions de la Commission européenne prennent uniquement en compte les tests sur la #toxicité aiguë, mais ignorent ceux sur la toxicité chronique, pourtant reconnue comme étant une des causes importantes de la mortalité des #pollinisateurs et pour l’étude de laquelle existent des tests homologués par l’#OCDE.

  • Situation des forêts du monde 2016 | FAO | Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
    http://www.fao.org/publications/sofo/2016/fr

    Stabilisateurs des #sols et du #climat, régulateurs des cours d’#eau, dispensateurs d’ombrage et d’abris ainsi que d’un habitat pour les #pollinisateurs et les ennemis naturels des ravageurs d’importance agricole, les #forêts et les #arbres sous-tendent la durabilité de l’agriculture. Source appréciable de nourriture, d’énergie et de revenu, ils contribuent également à la sécurité alimentaire de centaines de millions de personnes. L’#agriculture demeure cependant le principal moteur de la #déforestation dans le monde, et les politiques agricoles, forestières et foncières sont souvent en conflit les unes avec les autres.

    La Situation des forêts du monde 2016 montre, exemples à l’appui (Costa Rica, Chili, Gambie, Géorgie, Ghana, Tunisie et Viet Nam), qu’il est possible tout à la fois d’accroître la productivité agricole, de renforcer la #sécurité_alimentaire et d’arrêter – voire de faire reculer – la déforestation. L’équilibre à trouver entre les utilisations des #terres passe par une planification intégrée, s’appuyant sur des outils d’intervention appropriés de nature à favoriser la durabilité des forêts comme celle de l’agriculture.

  • Situation des Forêts du monde 2016
    http://www.fao.org/documents/card/en/c/b7632255-54bb-478c-bd2c-7a70129565de

    Stabilisateurs des #sols et du #climat, régulateurs des cours d’#eau, dispensateurs d’ombrage et d’abris ainsi que d’un habitat pour les #pollinisateurs et les ennemis naturels des ravageurs d’importance agricole, les #forêts et les #arbres sous-tendent la #durabilité de l’#agriculture. Source appréciable de #nourriture, d’#énergie et de revenu, ils contribuent également à la #sécurité_alimentaire de centaines de millions de personnes. L’#agriculture demeure cependant le principal moteur de la #déforestation dans le monde, et les politiques agricoles, forestières et foncières sont souvent en conflit les unes avec les autres. La Situation des forêts du monde 2016 montre, exemples à l’appui (Costa Rica, Chili, Gambie, Géorgie, Ghana, Tunisie et Viet Nam), qu’il est possible tout à la fois d’accroître la productivité agricole, de renforcer la sécurité alimentaire et d’arrêter – voire de faire reculer – la déforestation. L’équilibre à trouver entre les utilisations des terres passe par une planification intégrée, s’appuyant sur des outils d’intervention appropriés de nature à favoriser la durabilité des forêts comme celle de l’agriculture.

  • Agriculture : et si on produisait plus avec moins de pesticides et d’engrais
    http://www.lemonde.fr/biologie/article/2016/06/27/l-agronomie-grandeur-nature_4959034_1650740.html

    Ils étaient près de quatre-vingts à avoir fait le déplacement. Quatre-vingts agriculteurs – céréaliers, éleveurs, apiculteurs – rassemblés, samedi 18 juin, au Centre d’études ­biologiques de Chizé (CEBC, CNRS-université de La Rochelle), dans les Deux-Sèvres, venus assister à la restitution annuelle des résultats du laboratoire. Silence attentif dans la salle de conférences de l’unité de recherche, installée au cœur de la forêt de Chizé. Ecoute attentive mais aussi étonnée, car Vincent Bretagnolle (CNRS) présente cette année un résultat stupéfiant. Le rendement économique des céréaliers peut être substantiellement augmenté – jusqu’à 200 euros par hectare de blé ! – en divisant par deux la quantité d’herbicides et d’engrais azotés épandus. La première question qui vient à l’esprit est : en les remplaçant par quoi ? « En les remplaçant par rien du tout », ­répond le chercheur.

    #paywall #agriculture

    • Ils étaient près de quatre-vingts à avoir fait le déplacement. Quatre-vingts agriculteurs – céréaliers, éleveurs, apiculteurs – rassemblés, samedi 18 juin, au Centre d’études ­biologiques de Chizé (CEBC, CNRS-université de La Rochelle), dans les Deux-Sèvres, venus assister à la restitution annuelle des résultats du laboratoire. Silence attentif dans la salle de conférences de l’unité de recherche, installée au cœur de la forêt de Chizé. Ecoute attentive mais aussi étonnée, car Vincent Bretagnolle (CNRS) présente cette année un résultat stupéfiant. Le rendement économique des céréaliers peut être substantiellement augmenté – jusqu’à 200 euros par hectare de blé ! – en divisant par deux la quantité d’herbicides et d’engrais azotés épandus. La première question qui vient à l’esprit est : en les remplaçant par quoi ? « En les remplaçant par rien du tout », ­répond le chercheur.

      Si les agriculteurs se déplacent chaque année aussi nombreux pour assister à la grand-messe du Centre d’études biologiques de Chizé, c’est aussi qu’ils sont, en quelque sorte, coauteurs des résultats présentés. Sans eux, rien ou presque ne serait possible. « La zone atelier Plaine et Val de Sèvre sur laquelle nous travaillons fait 450 kilomètres carrés, et recouvre plus de 400 exploitations agricoles, plus de 15 000 parcelles, explique Vincent Bretagnolle, le directeur de la zone atelier. Nous pouvons ainsi faire de l’expérimentation à l’échelle d’un territoire, “manipuler” les paysages pour explorer les relations entre la biodiversité et les activités agricoles, mais nous ne pouvons le faire qu’avec le concours des agriculteurs. »

      Les mauvaises herbes aussi aiment l’azote

      Cette participation à la recherche est enthousiaste et désintéressée. A chaque fois que les exploitants sont sollicités et qu’un surcroît de travail leur est demandé pour apporter leur concours à une ­expérience, un dédommagement financier leur est proposé. Mais dans l’écrasante majorité des cas, ils le déclinent.
      La zone atelier est un vaste damier sur lequel les chercheurs déplacent ainsi des pions : installer une prairie ici, retarder la fauche de la luzerne là, épandre plus d’azote ici et moins d’herbicides ailleurs… Et voir comment environnement et production agricole coréagissent.

      Le bric-à-brac du laboratoire, ce sont des sachets de thé enterrés, puis déterrés et pesés pour mesurer la capacité des sols à dégrader la matière organique, des bocaux d’échantillons de retour du terrain, des pièges à insectes bricolés à partir de fond de bouteilles plastiques.
      L’expérience phare présentée cette année, testant l’efficacité des herbicides et engrais azotés, est partie d’une idée simple. « Dans un champ de blé, l’agriculteur a deux outils de pilotage principaux : les herbicides et l’azote. Il met de l’azote pour avoir plus de blé et des herbicides pour avoir moins d’adventices [mauvaises herbes], raconte le chercheur. Mais lorsqu’il met de l’azote, les adventices l’utilisent aussi. Notre idée a donc été de chercher à étudier la compétition qu’il pouvait y avoir entre le blé et les adventices. » Dans une première étude menée en 2007, 150 parcelles de 30 exploitations de la zone atelier ont été enrôlées. L’échantillon balaie tout le spectre des pratiques, depuis les plus gros utilisateurs d’herbicides et d’azote jusqu’à des agriculteurs bio n’utilisant ni l’un ni l’autre. Une première analyse corrélative, à paraître dans une revue internationale, suggère qu’une réduction des herbicides ne semble pas avoir d’impact important sur les rendements.

      Pour achever la démonstration, les chercheurs sont allés plus loin : ils ont demandé aux agriculteurs de diviser leurs parcelles en huit sous-parcelles et de faire varier les paramètres : présence ou absence de culture, quantités variables d’azote et d’herbicides utilisés, etc. Les résultats de ces travaux, en cours de finalisation, suggèrent qu’une réduction couplée d’azote et d’herbicides ne conduit à aucune baisse de rendement. Et l’intégration de ces données dans des modèles économiques montre des gains économiques importants. « Ce que l’on montre, grosso modo, c’est que les herbicides font baisser la diversité d’adventices en détruisant bien plus les espèces rares que les espèces les plus communes qui portent, elles, préjudice aux cultures », explique Vincent Bretagnolle.

      Pour la première fois en plein champ

      Piege de type Barber, enterré dans le sol, il recueille les insectes rampants. Centre d’études Biologique de Chizé (CEBC).

      Reste une question : pourquoi, si ces résultats sont valides, les agriculteurs persistent-ils à utiliser autant d’intrants ? « En station, dans des conditions ultracontrôlées, les instituts techniques trouvent des résultats à l’opposé, constate en effet le chercheur. Mais ces conditions ne sont jamais remplies en plein champ, en conditions réelles. C’est tout l’intérêt de travailler comme nous le faisons, à l’échelle du paysage, en tenant compte de toutes les diversités de comportements des agriculteurs, des différents environnements, etc. » Aussi incroyable que cela paraisse, de tels essais, grandeur nature, « n’avaient au­paravant jamais été menés en plein champ », précise Vincent Bretagnolle.

      En milieu contrôlé, les problèmes sont considérés et traités un par un, indépendamment les uns des autres. « Or les systèmes écologiques sont des systèmes complexes. Si on prend l’exemple très simple d’une proie et de son prédateur étudiés en système clos, le résultat de toute expérience ou de toute modélisation est très simple : l’un puis l’autre disparaissent, illustre le chercheur. Mais dès lors que ce système confiné est connecté à un autre système, la proie et le prédateur persistent. Et plus on connecte les milieux, plus l’espace est continu, plus les résultats divergent de ce que l’on trouve dans un environnement clos et simplifié à l’excès. » Dans la vie réelle, la complexité de l’écosystème s’impose.

      Plus de pollinisateurs, plus d’oléagineux

      La destruction – pour une grande part inutile – des adventices a-t-elle un effet direct sur d’autres compartiments de l’écosystème ? A l’évidence. « Entre la floraison du colza et celle du tournesol, les abeilles et les pollinisateurs en général sont confrontés à une forme de disette, explique Clovis Toullet, chercheur associé au dispositif Ecobee, mis en place par l’INRA et hébergé par la zone atelier. Au cours de cette période, ce sont précisément les adventices qui permettent de nourrir les abeilles. » Les cinquante ruches du dispositif sont placées aléatoirement dans la zone atelier et servent d’observatoire de la qualité de l’environnement : les principaux paramètres de chaque colonie sont régulièrement mesurés – mortalité et démographie, taille du couvain, production de miel, présence de pathogènes ­naturels, type de pollen rapporté. Ainsi, il a été possible de montrer que c’est une adventice (par ailleurs élégante), le coquelicot, qui fournit à ­certaines périodes de l’année jusqu’à 60 % de leur pitance aux ruches.

      Bocaux d’échantillons revenant du terrain. Centre d’études biologique de Chizé (CEBC).

      Eradiquer trop d’adventices, c’est donc affaiblir les colonies d’abeilles et les pollinisateurs sauvages. C’est, en conséquence, prendre le risque de faire chuter les rendements des cultures de tournesol et de colza avoisinantes. C’est un des autres grands résultats obtenus à Chizé. Mais l’expérimentation est délicate : il est impossible de manipuler finement la quantité d’abeilles ou de pollinisateurs – on en dénombre près de 250 espèces sur la zone atelier – qui fréquentent un champ d’oléagineux. Les chercheurs ont donc procédé autrement. Sans se laisser intimider par l’ampleur de ce travail de fourmi, ils ont arpenté des champs de colza et de tournesol, et ont « ensaché », à la main, les fleurs de certaines parcelles avec des tulles aux mailles de tailles diverses. Certaines laissent passer les plus petits pollinisateurs, mais arrêtent les plus gros comme les abeilles ou les bourdons. D’autres interdisent l’accès des fleurs à tous les insectes, ne laissant que le vent faire le travail de pollinisation.

      Piège à pollinisateurs, remplis d’eau salée et de savon, et fixés dans une parcelle, ils attirent entre autre les abeilles qui restent piégées. Centre d’études biologique de Chizé (CEBC).
      Résultat : confirmant des travaux précédents, publiés par d’autres équipes, les chercheurs du CEBC montrent que l’augmentation de l’abondance de pollinisateurs peut augmenter les rendements du tournesol de 20 % environ. « Sur le colza, ajoute M. Bretagnolle, augmenter d’un facteur dix l’abondance de pollinisateurs peut faire grimper le rendement de 34 %, ce qui est consi­dérable. » Réputés se contenter du vent pour leur pollinisation, les oléagineux bénéficient donc grandement des services rendus par les abeilles, bourdons et autres papillons. Contrairement à une idée très ancrée, maraîchage et arboriculture ne sont pas les seuls à tirer parti de la pollinisation : certaines grandes cultures lui sont redevables également.

      Le bio bénéficie-t-il au conventionnel ?

      D’où les bénéfices rendus par les zones ou les systèmes agricoles qui permettent aux pollinisateurs de s’alimenter et de survivre. Et en particulier les prairies où la diversité florale est importante, ou encore les parcelles conduites en agriculture biologique. Mais là encore, la recherche à l’échelle du paysage complique tout. Les travaux menés sur la zone atelier ont ainsi montré que la diversité florale d’une parcelle dépend autant du mode d’agriculture pratiqué dans la parcelle elle-même que des modes d’agriculture adjacents. « Typiquement, on trouve en moyenne une di­versité d’espèces florales deux fois supérieure sur les parcelles conduites en agriculture biologique, par rapport à ce que l’on trouve dans celles ­conduites en conventionnel, dit ainsi Sabrina Gaba, chercheuse au Laboratoire agroécologie de l’INRA, à Dijon, et qui travaille sur la zone atelier. Mais nous avons montré que les effets du paysage comptent énormément : la diversité est ­augmentée dans les paysages riches en parcelles bio et cette plus grande richesse est essentiellement le fait de la présence d’espèces rares, donc sans impact attendu sur la production agricole. »

      Feuille de graines, placée dans une parcelle et relevée quelques jours après, le delta des graines manquante permet d’évaluer la présence de prédateurs. Centre d’études biologique de Chizé (CEBC).

      Forts de ce constat, les chercheurs vont tester une hypothèse : l’existence d’externalités positives de l’agriculture biologique – c’est-à-dire de bénéfices collatéraux dont profiteraient les parcelles conventionnelles adjacentes. L’hypothèse est plutôt à contre-courant des idées dominantes, qui considèrent que les champs bio, moins traités, sont des réservoirs à ravageurs et à pathogènes et qu’ils portent plutôt préjudice à leur entourage. « Nous allons tester cela sur la zone atelier, en cherchant à savoir si l’agriculture biologique a, au contraire, un effet bénéfique sur les autres parcelles en servant de refuge à des pollinisateurs ou à des organismes auxiliaires, par exemple susceptibles de faire du biocontrôle [c’est-à-dire de la prédation des ravageurs] », ­explique Sabrina Gaba. Soixante carrés de 1 kilomètre de côté ont été sélectionnés dans la zone atelier. Dans chaque carré, une proportion variable de surfaces conduites en agriculture biologique, de 0 % à 80 %, et trois parcelles-cibles à étudier : l’une en blé bio, une autre en blé conventionnel et une dernière en colza ou tournesol conventionnel.

      Les résultats escomptés permettront de déterminer si l’agriculture bio a un effet bénéfique sur les parcelles adjacentes et, peut-être, d’estimer le bénéfice économique qu’en ont tiré – sans le ­savoir – les agriculteurs conventionnels.
      Rémanence de certains pesticides

      Pour cela, il faut aussi écarter tous les facteurs possibles de confusion. Et connaître finement toutes les pratiques des agriculteurs de la zone. Etre capable de savoir quels types d’intrants ont été utilisés, quand et en quelles quantités. C’est un gigantesque travail de porte-à-porte et d’indexation. Tout l’historique des 15 000 parcelles de la zone atelier est dûment enregistré depuis la création de la zone atelier, voilà vingt-deux ans. L’effort pourrait sembler disproportionné en regard du bénéfice scientifique attendu : à quoi bon savoir ce qui s’est passé quelques années plus tôt sur une parcelle ?

      Tubes de rangement d’insectes (Centre d’études biologique de Chizé (CEBC).

      L’information ne permet pas seulement de suivre sur le long terme l’impact environ­nemental ou agronomique de la rotation des cultures. Il devient utile pour évaluer la rémanence de certains pesticides. En 2013 et 2014, les chercheurs du CEBC ont mené une expérimentation sur du colza traité au thiaméthoxame (un néonicotinoïde). L’un des préalables à l’étude était de contrôler les quantités de substances retrouvées dans le pollen et le nectar des plantes traitées. « Or nous avons eu la surprise de dé­couvrir également de l’imidaclopride, un autre néonicotinoïde auparavant utilisé sur le blé, dit Fabrice Allier, ingénieur à l’Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation et associé au centre de Chizé. Parfois, on voit que du blé Gaucho [nom commercial du blé dont les semences ont été enrobées d’imidaclopride] a été planté il y a plusieurs années, mais que des résidus d’imidaclopride persistent dans le nectar et le pollen du colza planté aujourd’hui sur les mêmes parcelles. »

      Effondrement massif des insectes

      La découverte, publiée à l’automne 2015 dans la revue Proceedings of the Royal Society B, est d’autant plus surprenante que les taux d’imidaclopride retrouvés dans ces plantes mellifères, très attractives pour les abeilles, excèdent parfois les taux de thiaméthoxame détectés – molécule avec laquelle elles ont pourtant été traitées ! Les mécanismes de rémanence, de remobilisation et de transport de ces substances dans l’environnement sont encore peu connus. Un manque de connaissance fort dommageable, les néonicotinoïdes étant suspectés de produire des effets délétères de grande ampleur sur ­l’ensemble de la biodiversité – le cas de l’abeille ­domestique étant le plus médiatisé.

      Sachets de thé ayant passé entre un et deux mois à 7 cm sous le sol afin de mesurer la capacité du sol à dégrader la matière organique, ils sont pesés avant et après l’expérience. Centre d’études biologique de Chizé (CEBC).

      Malgré la forte implantation d’agriculteurs bio – près du double du niveau national – et malgré les dispositifs de maintien de la biodiversité rendus possibles par son classement Natura 2000, d’importants dégâts se font sentir dans la zone atelier. Ils sont en accélération, et Vincent Bretagnolle suspecte l’impact des « néonics ». « Les derniers chiffres qui ont été publiés et qui montrent une augmentation récente de leur utilisation d’environ 30 % correspondent bien à ce que l’on voit dans la zone atelier, s’alarme le chercheur. Depuis 2012-2013, on assiste à un effondrement massif des insectes. Les populations de carabes, un petit scarabée qui est ici l’espèce la plus commune et qui remplit d’importantes fonctions écosystémiques, ont chuté de 90 % en vingt ans. Cette tendance, on peut l’observer sur un grand nombre de taxons [catégories d’êtres vivants] : pour l’alouette des champs, pour le campagnol, on est sur un rythme comparable d’effondrement. C’est très inquiétant. »

      Le plus déprimant, pour les chercheurs, n’est pourtant peut-être pas tant de documenter le désastre que de produire des connaissances dont les décideurs semblent n’avoir que faire…

  • Rising CO2 is reducing nutritional value of food, impacting ecosystems
    https://news.mongabay.com/2016/06/rising-co2-is-reducing-nutritional-value-of-food-impacting-ecosystems/?n3wsletter

    As CO2 levels rise, so do carbohydrates in plants, increasing food’s sugar content. While carbon-enriched plants grow bigger, scientists are finding that they contain proportionately less protein and nutrients such as zinc, magnesium and calcium.
    A meta-analysis of 7,761 observations of 130 plant species found that overall mineral concentrations in plants declined by about 8 percent in response to elevated CO2 levels — 25 minerals decreased, including iron, zinc, potassium and magnesium.
    New research found that as atmospheric CO2 rose from preindustrial to near current levels, the protein content in goldenrod pollen fell by 30 percent. Bees and other pollinators rely heavily on goldenrod as protein-rich food for overwintering. The loss of pollinators could devastate many of the world’s food crops.
    Research into the correlation between CO2 concentrations and the nutrient content of food is in its early stages. More study is urgently needed to determine how crops and ecosystems will be altered as fossil fuels are burned, plus mitigation strategies.

    #climat #nutriment #plante #alimentation #pollinisateurs #agro-industrie

    • Un tiers de l’alimentation mondiale dépend de la faune pollinisatrice. Cette donnée est souvent rappelée pour déplorer la disparition des abeilles. Mais sait-on ce que celle-ci coûte à l’agriculture ? Une vaste étude publiée dans la revue Science le 22 janvier, permet de s’en faire une idée. Elle révèle que les variations de rendement des récoltes tiennent pour l’essentiel à une équation à trois variables : la densité des insectes pollinisateurs présents, la diversité de leurs populations et la taille des parcelles cultivées.