The AfD has stunned Germany – but this was no surprise victory | Hanno Hauenstein | The Guardian
▻https://www.theguardian.com/commentisfree/article/2024/sep/02/afd-thuringia-saxony-germany-migration
The AfD has stunned Germany – but this was no surprise victory | Hanno Hauenstein | The Guardian
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... non plus les prognoses pour les élections régionales du 22 septembre dans le #Brandebourg
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à propos du #populisme à la #BSW :
(Alliance/Bündnis Sahra #Wagenknecht)
Thomas Fazi
▻https://unherd.com/2024/08/whos-afraid-of-sahra-wagenknecht
La #démographie, prochain #défi global à haut risque
Les dernières #projections des Nations unies promettent un #recul de la population mondiale à la fin du siècle, pour la première fois depuis sept cents ans. Un défi pour les sociétés et les économies contemporaines avec des risques politiques majeurs.
« Le« Le plus grand défi auquel notre monde fait face. » Comme souvent, l’éditorialiste du Financial Times Martin Wolf résume parfaitement, dans un texte du 28 mai dernier, le sentiment qui domine les salles de marché, les bureaux des grandes organisations internationales et les rédactions des journaux économiques. Depuis quelques mois, la crainte d’un « hiver démographique » généralisé, autrement d’un affaiblissement plus rapide que prévu de la population mondiale, agite politiques, économistes et observateurs.
Ce sont les dernières tendances statistiques publiées qui ont alimenté cette angoisse. Le 10 juillet dernier, les « Perspectives de la population mondiale » pour 2024 des Nations unies ont fait l’effet d’un choc. Alors que le précédent rapport d’il y a deux ans prévoyait un « plateau » de la population mondiale à partir de 2080 aux alentours de 10,4 milliards d’individus, celui-ci prévoit désormais un déclin à partir de cette date.
Une nouvelle ère démographique ?
Selon ces dernières perspectives, la population mondiale progresserait de 8,2 milliards d’individus aujourd’hui à 10,3 milliards en 2084 avant de se réduire de 100 millions de personnes en 2100. La nuance peut paraître mince et ne modifie pas le tableau d’une croissance de près de 25 % de la population mondiale d’ici la fin du siècle.
Mais l’annonce a fait l’effet d’une bombe car, à l’horizon de la fin de ce siècle, la croissance démographique aura entièrement disparu de la surface du globe. Et cela, ce n’est pas un fait mineur. Ce serait la première fois depuis la grande peste du XIVe siècle que la population mondiale se réduit.
Ce qui participe aussi de cette ambiance, c’est que, comme le décrit au Financial Times, le sous-secrétaire général de l’organisation pour les affaires sociales et économiques, Li Junhua : « Le paysage démographique a beaucoup évolué. » Voici quelques années, nul n’aurait parié sur cette baisse de la population mondiale. La question de la surpopulation était plutôt sur toutes les lèvres. On assiste indubitablement à un vrai changement de régime et nul ne sait si cette tendance baissière peut encore s’accélérer.
C’est pourquoi tout le monde a l’œil sur les « indices de fécondité », c’est-à-dire le nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer. Celui-ci recule partout, y compris dans des régions jusqu’ici caractérisées par une forte fécondité et cela avec une grande rapidité. Or ce chiffre est l’indicateur avancé de l’évolution de la population. Plus il est faible, moins les naissances sont nombreuses et moins le « potentiel » de croissance démographique est important.
Or une étude publiée dans la revue médicale The Lancet en mai dernier dressait là aussi un tableau préoccupant de la situation. L’article estime, à partir de données multiples, incluant notamment des données médicales liées aux maladies, que « le nombre annuel global de naissance a atteint son pic en 2016 à 142 millions pour tomber en 2021 à 129 millions ». Et le taux de fécondité, lui, va basculer au niveau mondial sous la barre des 2,1 enfants par femme, c’est-à-dire sous le seuil dit de « renouvellement des générations » qui permet, théoriquement, de stabiliser la population.
Ce chiffre était de 4,84 enfants par femme en 1950, il n’est plus que de 2,3 enfants par femme en 2021. En 2050, il ne serait plus que de 1,81 enfant par femme et en 2100 de 1,59… En conséquence, le nombre de naissances annuelles passera à 112 millions en 2050 et 72,3 millions en 2100. À partir de 2064, il pourrait y avoir plus de décès au niveau mondial que de naissances.
Évidemment, ces projections de trente à soixante-quinze ans à l’avance sont toujours sujettes à caution, mais elles décrivent une tendance de fond. Une tendance à laquelle les zones de fertilité encore solides que sont l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud n’échapperont pas. Selon les projections publiées dans The Lancet, en 2100, seuls six pays auront encore un indice de fécondité supérieur à 2,1 : la Somalie, les Samoa, le Tchad, le Niger et le Tadjikistan. Et aucun ne dépassera le niveau de 2,5, la Somalie affichant alors un taux record de 2,45.
Une « bonne nouvelle » ?
Une telle situation est-elle si dramatique pour que chacun s’en émeuve ainsi ? La fin de la croissance effrénée de la population mondiale qui aura donc été multipliée par 6,4 en deux siècles, entre 1900 et 2100, pourrait finalement ne pas être une si mauvaise nouvelle.
Chacun le sait, une population en forte croissance exige toujours davantage de la planète. Bien sûr, on peut, comme par le passé, espérer améliorer la productivité agricole. Mais outre que cette dernière a des limites intrinsèques, l’agro-industrie épuise les sols, ravage la biodiversité et accélère la crise écologique.
Bien sûr, la démographie n’est pas le seul critère de la crise écologique. On y reviendra : tout dépend des modes de vie. Mais il faut bien reconnaître, sans cynisme, qu’une vie humaine a un « coût » écologique qu’il faut aujourd’hui prendre en compte. Une stabilisation de la population de la planète, par ailleurs à un niveau élevé, est donc plutôt bienvenue.
Elle l’est, ici, d’autant plus que ces projections s’appuient sur des évolutions « naturelles » et non, comme au XIVe siècle, sur les effets d’une pandémie dévastatrice ou, dans certains moments de l’histoire, de guerres ou de massacres de grande ampleur.
Après ce que certains démographes ont appelé la « transition démographique » – c’est-à-dire un taux de mortalité puis un taux de natalité faibles –, on trouverait un nouvel équilibre « humaniste » sans recourir à l’augmentation de la mortalité. Cette vision peut apparaître comme « néo-malthusienne », mais elle est plus humaniste que celle du vieil économiste anglais. Et surtout, pour être tenable, elle suppose de remettre en cause ce que ce dernier cherchait à sauvegarder, l’organisation sociale existante.
Une population mondiale plus stable serait en effet une chance pour organiser la répartition des ressources mondiales dans le contexte de crise écologique majeure. L’idée serait alors de tenter de satisfaire les besoins de ces dix milliards d’êtres sans mettre en danger leur capacité à habiter la planète. Et pour cela, il faudrait évidemment changer entièrement de conception desdits besoins, autrement dit changer d’organisation sociale. Finalement, tout cela serait logique : la croissance démographique a été le fruit du capitalisme dominant, la stabilisation démographique appellerait un autre mode de production.
Mais si l’on cherche à faire entrer cette nouvelle situation démographique dans un système économique fondé sur la croissance de la population, alors on va indéniablement au-devant de fortes turbulences. Et comme la plupart de nos observateurs réfléchissent à système social stable, il est logique qu’ils soient parcourus par un frisson d’angoisse.
Un poids au pied de la croissance
Dans les manuels d’économie, la première équation de base de la croissance économique est celle-ci : l’addition de la croissance démographique et des gains de productivité. C’est dire si le capitalisme a été, c’est le cas de le dire, « biberonné » à la hausse de la population. Car si l’expansion économique a permis la « transition démographique », l’inverse est tout aussi vrai.
Pour créer toujours plus de valeur, il faut inévitablement des bras pour produire et des consommateurs pour acheter. Et si l’on veut toujours plus produire et acheter, il faut bien avoir toujours plus de producteurs et de consommateurs.
En réalité, même les gains de productivité ne permettent pas de se passer de la croissance de la population, ils réduisent simplement cette dépendance. Car c’est ce que nous apprend l’histoire économique : si l’on peut produire avec moins de bras, il faudra, à terme, plus de bras pour produire toujours davantage.
Mais il y a davantage. Le système productif est aussi sensible aux classes d’âge. Le choc démographique qui s’est engagé est aussi un choc de vieillissement de la population. Les naissances reculent, les décès sont plus tardifs. La part de la population âgée augmente donc mécaniquement. Cela signifie qu’une part « productive » de plus en plus restreinte de la population doit satisfaire les besoins d’une population « non productive » de plus en plus importante. Selon l’ONU en 2079, il y aura dans le monde plus de personnes âgées de plus de 65 ans que de jeunes de moins de 18 ans.
Il faut le reconnaître : le capitalisme tel qu’on le connaît aujourd’hui n’est pas prêt à faire face à un tel choc. La croissance, déjà en net ralentissement depuis un demi-siècle, ne pourrait encore que ralentir. D’autant que, autres éléments de la croissance économique, les gains de productivité sont de plus en plus réduits. Et que la doxa de la science économique affirme que les travailleurs plus âgés tendent à devenir moins productifs…
Moins de producteurs, moins de productivité… On comprend donc la panique générale. Les systèmes d’État-providence, et particulièrement d’assurance-vieillesse, conçus autour de l’idée d’une croissance continue du PIB et de la population, vont subir la nouvelle évolution de plein fouet.
Bien sûr, comme dans le cas de la crise écologique, certains secteurs se réjouissent et annoncent que le vieillissement de la population ouvre de « nouvelles perspectives ». Certains appellent cela la « silver economy » (l’économie « argentée ») : les personnes âgées ont des besoins spécifiques et des entreprises y voient déjà des opportunités de profits.
Mais c’est là très largement une illusion. Ces « besoins » sont en effet largement des besoins de services à la personne. Or, les services de ce type sont très largement incompatibles avec la production capitaliste et, encore plus, dans un environnement de démographie faible. Ces activités sont en effet intenses en travail, un travail qui sera de plus en plus rare, et peu propices aux gains de productivité qui, souvent sont contraires à la satisfaction du client.
L’exigence de profit vient alors percuter les besoins réels, laissant peu d’options : soit une dégradation dangereuse du service, comme les récents scandales dans les Ehpad l’ont montré ; soit des subventions publiques massives, alors même que les coûts liés au vieillissement vont exploser et qu’un service public est alors souvent plus efficace. Bref, les coûts de « l’hiver démographique » risquent d’être plus élevés que les bénéfices en termes de PIB et de finances publiques.
Au niveau global, le ralentissement de la croissance du fait de la démographie sera sans doute plus marqué dans les pays avancés et dans certains pays asiatiques comme la Chine. Mais avec moins de croissance mondiale, les pays les plus pauvres risquent de rester piégés dans une forme de sous-développement, alors que, comme le remarquent les auteurs de l’étude du Lancet, « ces pays porteront une part de plus en plus croissante des naissances à venir » et que les modèles actuels de développement sont déjà en crise. Le monde sera donc plus instable et plus inégalitaire.
La peur de « l’effacement »
En avril dernier, le gouvernement sud-coréen a engagé une étude pour tester dans l’opinion la généralisation et l’étatisation d’une mesure déjà pratiquée par certaines entreprises : accorder une prime de 100 millions de wons, soit environ 67 300 euros, par enfant nouveau-né. En Corée du Sud, où un ministère des naissances a été installé en juillet dernier, la question démographique est, désormais, une priorité nationale.
La fécondité y est la plus basse au monde et elle chute rapidement. Le seuil de renouvellement des générations a été enfoncé dans les années 1980, mais depuis vingt ans, le pays affiche la fécondité la plus basse du monde. En 2023, l’indice de fécondité était de 0,72 et il est attendu à 0,68 en 2024. C’est le seul pays du monde où les femmes en âge de procréer ont moins d’un enfant en moyenne.
La situation est désormais préoccupante. Dans une tribune parue en décembre 2023 dans le New York Times, un éditorialiste, Ross Douthat, se demandait même si la « Corée du Sud n’était pas en train de disparaître ». En tout cas, les projections prévoient que la population sud-coréenne passerait de 52 millions d’habitants en un an à 38 millions en 2070, soit autant qu’en 1980.
De ce point de vue, la Corée ne serait, comme le dit Ross Douthat, « qu’un aperçu de ce qui est possible pour nous », entendez en Occident. Aux problèmes économiques vient alors s’ajouter un enjeu « existentiel » qui, inévitablement a des conséquences politiques. La crise démographique ne peut se comprendre au seul niveau mondial, ses rythmes régionaux et nationaux en sont des aspects cruciaux. Pour certains pays, la population progressera plus lentement, pour d’autres, elle reculera franchement.
La Corée du Sud n’est donc que la pointe avancée d’un iceberg de régions où la population est menacée de déclin : Chine, Japon et Europe. Car sur le Vieux Continent, la vague est déjà arrivée. Selon Eurostat, le pic de population de l’Union européenne devrait être atteint en 2026 à 453 millions d’habitants.
À partir de ce moment, la population des Vingt-Sept devrait reculer pour atteindre 419 millions de personnes en 2100. Une baisse de 8 % qui prend néanmoins en compte un solde migratoire positif. Le solde naturel, lui, c’est-à-dire la différence entre les naissances et les décès, est déjà négatif. Entre 2022 et 2099, il y aura dans l’UE 125 millions de décès de plus que de naissances.
Les pays les plus avancés dans ce déclin sont l’Espagne (avec un indice de fécondité de 1,13), l’Italie (1,24) et plusieurs pays d’Europe centrale. Mais la vague emporte tout le monde. Proche du seuil de renouvellement des générations dans les années 2005-2015, l’indicateur de fécondité français a chuté ces dernières années pour atteindre 1,68 en 2023, selon l’Insee.
Face à cette situation, deux solutions se présentent. La première est celle de l’immigration en provenance de pays à la démographie encore solide qui permet de réduire l’impact économique en fournissant aux pays des travailleurs et des consommateurs. C’est une réponse qui peut être efficace sur le plan économique. Une étude de la Fed de Dallas a montré en avril 2024 que l’immigration avait joué un rôle central dans la bonne performance de la croissance en 2022 et 2023 aux États-Unis. Une situation que l’on pourrait plaquer sur l’Espagne en Europe.
Certes, ce n’est pas une solution miracle, comme le montre le cas allemand où le solde migratoire positif n’a pas sauvé la croissance. Cette option pose, par ailleurs, la question de l’égalité économique entre travailleurs arrivants et travailleurs « natifs ». C’est, de toute façon, une solution temporaire compte tenu du déclin global à venir des populations. Mais elle permet de tenir la tête hors de l’eau en cas de faibles naissances.
Mais le choix de compenser les pertes de population par l’immigration est considéré par beaucoup comme une autre forme de « danger existentiel », culturel cette fois. Le déclin démographique devient un symptôme d’un déclin civilisationnel plus large. Ce réflexe nationaliste enclenche alors une autre solution fondée sur la priorisation des politiques natalistes pour les populations « natives » au détriment d’une politique d’immigration.
Ce combat est mené par l’extrême droite, bien sûr, à commencer par les gouvernements hongrois ou italiens, mais pas seulement. En Corée et au Japon, les gouvernements « libéraux » se refusent à ouvrir les frontières. Et le président français Emmanuel Macron n’a pas hésité à faire du « réarmement démographique » une de ses priorités alors même qu’il durcissait les lois sur l’immigration. Comme dans d’autres domaines, la pression culturelle de l’extrême droite fait son œuvre.
La réaction comme réponse
La référence en termes de politique nataliste, c’est bien évidemment la Hongrie de Viktor Orbán. Ce dernier a mis en place des politiques de soutien à la natalité qui s’élèvent à pas moins de 5 % du PIB. Par comparaison, la France dépense 2,1 % de son PIB en politique familiale. Dans un premier temps, l’indice de fécondité hongrois s’est redressé, passant de 1,23 enfant par femme en âge de procréer en 2011 à 1,59 en 2020. Mais depuis, cet indice a stagné avant de retomber à 1,36 au premier semestre 2024.
En Italie, où Giorgia Meloni a fait de la natalité une de ses priorités, un milliard d’euros a été mis sur la table pour soutenir les « mères italiennes » en plus des primes mises en place en 2021 par le précédent gouvernement de Mario Draghi. Mais, pour l’instant, cela ne fonctionne pas. En 2023, le pays a connu son plus faible nombre de naissance depuis sa création en 1861, soit 393 000.
Cela confirme les affirmations des auteurs de l’article du Lancet : « l’indice de fécondité va continuer à décliner au niveau mondial et restera faible même avec la mise en place de politiques natalistes à succès ». Le mouvement est donc plus profond que ce que les politiques croient et ne se réglera pas à coups de subventions massives des naissances.
Mais cette résistance même vient alimenter le discours de l’extrême droite. Car si la faible fécondité résiste à l’attrait de l’argent, ce serait en raison de la corruption des valeurs traditionnelles qui détournent les femmes de leur « naturelle » fonction génitrice. Tout cela est en conformité avec le discours d’un déclin démographique à enjeu civilisationnel. Le discours nataliste s’accompagne alors d’une rhétorique anti-wokiste qui peut aller très loin.
Les responsables de la menace d’effacement démographique deviennent donc, pour l’extrême droite, les féministes et les « lobbies LGBT », mais, aussi, plus globalement tous les droits acquis par les femmes, y compris le droit à l’avortement. Les politiques natalistes sont donc aussi des politiques idéologiques. En Hongrie, les femmes se plaignent d’une « objectivation » de leur corps, considéré comme une « machine à bébés ». En d’autres termes : l’urgence démographique mène à une volonté de domination de la « production d’êtres humains » qui est la première pierre à un projet totalitaire et réactionnaire.
Pourquoi la crise ?
Et comme on l’a dit, les « libéraux » ne sont pas loin derrière… Et pour cause, l’analyse des causes de la situation démographique provenant de ces milieux est souvent assez bas de plafond, pas très éloignée d’une discussion de café du commerce. En tout cas, faute de pouvoir aller plus loin, on se contente souvent d’une explication « morale ».
Dans le Financial Times, le responsable d’un centre viennois spécialisé avance ainsi ce type d’analyse : « Il est probable que la situation démographique ait à voir avec un changement de valeur dans la nouvelle génération pour qui avoir des enfants est moins important comme élément clé d’une vie réussie que pour les générations précédentes. »
Autrement dit : la baisse des naissances serait le produit d’un choix souverain de l’individu fondé sur des critères hédonistes. Tout cela ressemble furieusement à une analyse sectorielle lambda. Mais on ne saura pas ce qui peut expliquer ces comportements. In fine, cette vision rejoint celle de l’extrême droite sur les effets délétères du « libéralisme sociétal » sur les naissances. Il s’ensuit que, là aussi, au nom de la rationalité économique, on s’efforcera de prendre le contrôle de la reproduction humaine.
Dans toute cette affaire, on évite soigneusement de réfléchir aux conditions matérielles concrètes de la production d’êtres humains. Comme le rappelle l’essayiste états-unien Jason Smith dans un remarquable texte paru en juillet dans la revue new-yorkaise The Brooklyn Rail, « il n’y a pas d’indice “naturel” de fécondité ». La reproduction humaine est toujours étroitement liée aux conditions de reproduction sociale et aux besoins sociaux.
Avant le capitalisme, les sociétés rurales « régulaient strictement les naissances » rappelle Jason Smith. Dès lors, les « transitions démographiques » ne sont pas étrangères au besoin massif de main-d’œuvre du capitalisme naissant et à l’apport du travail des enfants à la sauvegarde des ménages. Progressivement, le capitalisme a mué avec l’augmentation rapide de la productivité et a permis progressivement, et non sans mal, une libération du choix des femmes en matière de reproduction.
Mais cette libération s’est faite au moment où le capitalisme occidental, avec la crise des années 1970, est entré en mutation. L’épuisement des gains de productivité a pesé sur les salaires réels et a conduit au développement du travail féminin, souvent cantonné à des salaires plus faibles. Alors les inégalités se creusaient, la progression sociale devenait de plus en plus difficile. Enfin, en accélérant son développement pour tenter de sauvegarder la croissance, les conditions écologiques n’ont cessé de se dégrader.
Tous ces éléments peuvent être corrigés, mais pas réparés durablement par les politiques natalistes. On ne fait pas un enfant, même pour 100 millions de wons, lorsque l’on est incertain de son avenir personnel et de notre avenir collectif. Lorsque la pression sur le statut social, la santé ou le logement ne cesse d’augmenter, la difficulté à élever des enfants, mais aussi à projeter pour eux un avenir meilleur se dégrade. Or voici des certitudes que le capitalisme contemporain ne saurait donner.
Ce qui est ici essentiel, c’est de bien percevoir que les données de la « production d’êtres humains » sont non seulement complexes, mais relatives à la situation dans laquelle on se situe. Les besoins et les exigences ne sont pas les mêmes dans les différentes sociétés. Comme le note Jason Smith, dans certains pays émergents, comme le Nigeria, le travail des enfants reste essentiel à la survie des ménages, mais, progressivement, le succès du développement capitaliste atteint ses propres limites, ce que même les Nations unies doivent reconnaître. Et de ce fait, il devient incapable de satisfaire les besoins qu’il crée pour son propre intérêt.
L’avenir du capitalisme face à la crise démographique
À quoi peut ressembler une économie en crise démographique ? On a vu que la pression du vieillissement d’une population en déclin sera sévère et en partie insoluble. Mais il n’y a pas de situation désespérée pour le capitalisme. Comme le rappelle Jason Smith, un des apports de Marx a été de précisément montrer la capacité du capital à produire de la valeur quelle que soit l’évolution de la population.
Le capitalisme contemporain va donc s’efforcer de contourner l’obstacle pour continuer à produire de la valeur et, au moins, gagner du temps. Les tentatives de reprise en main sociale de la reproduction par une attaque directe sur les droits des femmes représentent la réponse de long terme possible, celle censée permettre de faire repartir la fécondité. C’est aussi pour cette raison qu’extrême droite et néolibéraux se retrouvent sur ce point. Mais il y a aura aussi des réponses plus directes.
Le problème central de la nouvelle donne démographique pour le capitalisme est double : c’est, d’une part, une pénurie de travail qui le renchérirait et, d’autre part, un coût croissant des dépenses sociales. Pour continuer à produire de la valeur, il existe des réponses à ces deux défis. Le premier est évidemment d’automatiser le plus d’activités possible. L’intelligence artificielle (IA) ouvre là une possibilité permettant de relancer la productivité et maintenir un « surplus de population ». Mais son développement suppose des politiques classiques de soutien à « l’innovation » : financiarisation, baisses d’impôts sur le capital et subventions au secteur privé. Mais nul ne sait si ce développement est possible, que ce soit en termes techniques ou en termes de soutenabilité économique.
Pour les emplois non automatisables, de nouvelles dérégulations du marché du travail permettant plus de précarité et offrant moins de droits permettront de contenir, malgré la pression, les salaires vers le bas. C’est d’ailleurs ce que l’on constate déjà dans plusieurs pays avancés comme les États-Unis où la croissance des salaires réels reste faible, malgré le plein-emploi.
Enfin, il faudra achever d’en finir avec l’État social pour éviter que les dépenses publiques n’explosent et ne pèsent sur les profits. The Economist profitait en mai de la publication de l’étude du Lancet pour proposer ses solutions incontournables et notamment le report de l’âge de la retraite de plus de cinq ans « même si l’espérance de vie recule » et, bien évidemment, la privatisation le plus possible des pensions.
Globalement, le monde que promet la crise démographique est un monde d’intensification des politiques actuelles. Une intensification qui finira immanquablement par aggraver la crise démographique. C’est bien pour cela que cette crise est aussi une opportunité pour construire une autre organisation sociale fondée sur la solidarité internationale, sur le respect des choix individuels et sur une logique de sortie de l’obsession de croissance.
▻https://www.mediapart.fr/journal/international/010924/la-demographie-prochain-defi-global-haut-risque
#diminution #monde #scénario #chiffres #statistiques
#fécondité #hiver_démographique #population_mondiale #vieillissement #vieillissement_de_la_population #capitalisme #croissance #productivité #croissance_économique #silver_economy #Corée_du_Sud #immigration #natalité #déclin_démographique #extrême_droite #crise_démographique
Des fachos pas si fâchés : regarder en face les électeurs RN, La Suite dans les idées
▻https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-suite-dans-les-idees/des-fachos-pas-si-faches-regarder-en-face-les-electeurs-rn-2803588
On aurait tort de ne pas prendre au sérieux les raisons des électeurs RN. Et pour cela c’est leur imaginaire qu’il convient de mettre à jour, ce à quoi s’emploient le philosophe Michel Feher, comme le graphiste Alexandre Dimos et la photographe Stéphanie Lacombe.
Avec
#Michel_Feher Philosophe, co-fondateur de la maison d’édition new-yorkaise "Zone Books".
Alexandre Dimos Designer graphique et éditeur
Stéphanie Lacombe Photographe
Bastien Gallet
La colère. Voilà la raison souvent, si ce n’est toujours, mise en avant, à droite comme à gauche, pour expliquer, si ce n’est justifier, le vote en faveur du Rassemblement National. Et si c’était un peu court, comme raison, et un peu faux aussi, ainsi que le documentent les quelques enquêtes approfondies de sciences sociales sur le sujet ? Et si, plutôt que d’être des « fâchés pas fachos » pour reprendre l’expression de Jean-Luc Mélenchon, il s’agissait plutôt de « fachos pas si fâchés » ? C’est la thèse du philosophe Michel Feher dans « Producteurs et parasites », un essai important sur « l’imaginaire si désirable des électeurs #RN ». Il est cette semaine l’invité de La Suite dans les Idées
Producteurs et parasites
L’imaginaire si désirable du Rassemblement national
Michel Feher
▻https://www.editionsladecouverte.fr/producteurs_et_parasites-9782348084881
Le RN est rarement crédité d’un vote d’adhésion. Jugeant l’hypothèse trop décourageante, ses détracteurs préfèrent évoquer le désaveu qui frappe ses rivaux, la toxicité de l’espace médiatique ou le délitement des solidarités ouvrières. Producteurs et parasites entreprend au contraire d’examiner la popularité de l’extrême droite à la lumière des satisfactions que sa vision du monde procure à ses électeurs.
Le parti lepéniste divise la société française en deux classes moralement antinomiques : les producteurs qui n’aspirent qu’à vivre du produit de leurs efforts et les parasites réfractaires à la « valeur travail » mais rompus à l’accaparement des richesses créées par autrui. Les premiers contribuent à la prospérité nationale par leur labeur, leurs investissements et leurs impôts, tandis que les seconds sont tantôt des spéculateurs impliqués dans la circulation transnationale du capital, financier ou culturel, et tantôt des bénéficiaires illégitimes de la redistribution des revenus.
Ancrée dans la critique des privilèges et des rentes, l’assimilation de la question sociale à un antagonisme entre producteurs et parasites n’a pas toujours été la chasse gardée de l’extrême droite. Sa longue histoire révèle toutefois que le désir d’épuration auquel elle donne naissance passe toujours par une racialisation des catégories réputées parasitaires. Pour résister au RN, il est donc aussi nécessaire de dénoncer son imaginaire que de reconnaître l’attrait qu’il exerce.
Une vingtaine de pages et la table
▻https://www.calameo.com/read/000215022ceb0d2dbdb6a
l’enquête philosophique de Feher parait compléter utilement les investigations sociologiques de Faury et Coquard
Feher causera jeudi 2 septembre à 19h au café librairie Michèle Firk à Montreuil. Pour qui serait dans le coin, c’est un type plutôt fin dont le travail vaut d’être connu (il est par ailleurs en tournée de présentation de son livre, voir le site de son éditeur).
Fondée sur la « valeur travail » - lointain rejeton de la théorie classique qui fait du travail le fondement de la valeur - la division de la société en contributeurs méritants et en prédateurs oisifs s’accompagne d’un imaginaire où le progrès social prend la forme de l’épuration.
[...] la révolution nationale qu’une formation telle que le RN appelle de ses voeux vise (...) à restaurer une communauté saine et productive grâce à l’expulsion des éléments parasitaires infiltrés en son sein.
[...] Les électeurs lepénistes, relatent les chercheurs qui prennent le temps de les écouter, rapportent volontiers leur choix à la défense d’un droit à disposer des fruits de son travail ; doit auquel les Français seraient majoritairement attachés mais dont les agissements de certaines minorités entraveraient l’exercice. (...)
Sans doute les personnes interrogés reconnaissent-elles que la superpositions des souches et du mérite n’est pas parfaite - notamment parce que des « Gaulois » se retrouvent aussi bien parmi les assistés qui vivent aux frais de la collectivité que chez les nantis qui « se gavent » aux dépends des autres contribuables. Reste que selon elles, ces exceptions ne sont la que pour confirmer la règle ou, mieux encore, pour attester dune contamination de masse.
#travail #valeur_travail #parasites #assistés #cassos #division #imaginaire #épuration #producerism #populisme_de_droite
des "fachos pas trop fâchés", c’est un lapsus de Mélenchon à la télévision au lendemain des élections législatives de juin 2012.
Merci pour le lien.
J’ai écouté il y a quelques jours. Je retrouve bien ce discours chez les « fachos pas si fâchés » de par chez moi. J’habite en centre-ville d’un bled de 2500 habitants à la louche en PACA, et quand tu fais le marché, immanquablement tu tombes sur ce discours, ou plutôt, il y a quelque chose sur lequel je n’arrivais pas à mettre le doigt et qui s’éclaire ici : la f*cking « valeur travail » (travail étant compris dans un sens assez étroit d’ailleurs : le travail intellectuel ah ça non, vade retro !).
Par ailleurs l’aspect historique développé dans l’émission est aussi édifiant, et là encore met le doigt sur quelques impensés quand à l’utilisation de boucs émissaires dans des champs politiques où on ne les attendait pas mais où on sentait vaguement qu’il y avait quelques trucs qui grattent aux entournures mais sans vraiment creuser (l’exemple de Proudhon se pose là, je ne veux pas dire par là que je suis surpris, juste qu’un cadre sacrément éclairant est posé).
Bref, depuis vendredi dernier où j’ai écouté l’émission je passe mon temps à envoyer le lien à droite à gauche en mode « mangez-en, c’est bon ! ».
How fascism begins
An acquaintance, whose name is unimportant for this story, once talked about this board game. He is a German who works for an Israeli company, and his colleagues invited him one day to a game evening. They game they proposed was "Secret Hitler,” the point of which is to identify Adolf Hitler and kill him before he can become chancellor of Germany. It is, the colleagues assured him, much funnier than it sounds. But the acquaintance declined. He, as a German, playing "Secret Hitler”? It seemed like a bad idea.
Hardly anyone in Germany knows of the game "Secret Hitler,” which shouldn’t come as a surprise. It sounds rather toxic, bad karma. In fact, though, it is a rather interesting game about how mistrust develops. A game that focuses on the art of lying – about the naivete of good and the cunning of evil. About how the world can plunge into chaos. And about how ultimately, the course of history is largely decided by chance.
The game is set in 1932, in the Berlin Reichstag. The players are divided into two groups: fascists against democrats, with the democrats in the majority, which might sound familiar. But the fascists have a decisive advantage: They know who the other fascists are, which is also reflective of historical reality. The democrats, though, are not privy to such knowledge – any of the other players could be a friend or an enemy. The fascists win the game if they are able to pass six laws in the Reichstag or if Hitler is elected as chancellor. For the democrats to win, they have to pass five laws or expose and kill Hitler.
The game starts with everyone acting as though they are democrats. To win, all the democrats have to do is trust each other, but it’s not quite that easy, since the democrats sometimes have to vote for a fascist law for lack of a better alternative, and they thus begin looking like fascists themselves. Which is exactly what the fascists want.
One insight from the game is that there is no strategy for guaranteeing a democratic victory and a fascist defeat. One wrong decision, that might feel right in the moment, can lead to Hitler becoming chancellor. It’s all by chance, just as there was no inevitability about how things turned out in 1933. Another insight: Being a fascist can be fun.
"Secret Hitler” hit the market in 2016, shortly before Donald Trump was elected president in the United States. The game’s authors, a couple of guys from the progressive camp, collected $1.5 million from the crowdfunding platform Kickstarter for the project. Their goal was to introduce a bit of skepticism about the political process, apparently channeling the zeitgeist of the time: Euro crisis, Russia’s annexation of the Crimea, Brexit, the refugee crisis. The public debate at the time focused on the crisis of democracy, the threat from the right and authoritarian tendencies. But fascism? Adolf Hitler?
Accusations of fascism have been part of the extreme-left arsenal since World War II. The West German, far-left terror group known as the Baader-Meinhof Gang justified its "armed struggle” by arguing that the postwar German republic was little more than a fascist police state. Accusing someone of being a Nazi was both an insult and a way of demonizing one’s political opponent – a slightly paranoid barb that trivialized German history. Isn’t fascism defined by Germany’s slaughter of 6 million Jews? Who, aside from a handful of nutcases, could seriously be a fascist?
The reversion to fascism is a deep-seated fear of modern democratic societies. Yet while it long seemed rather unlikely and unimaginable, it has now begun to look like a serious threat. Vladimir Putin’s imperial ambitions in Russia. Narendra Modi’s Hindu nationalism in India. The election victory of Giorgia Meloni in Italy. Marine Le Pen’s strategy of normalizing right-wing extremism in France. Javier Milei’s victory in Argentina. Viktor Orbán’s autocratic domination of Hungary. The comebacks of the far-right FPÖ party in Austria and of Geert Wilders in the Netherlands. Germany’s AfD. Nayib Bukele’s autocratic regime in El Salvador, which is largely under the radar despite being astoundingly single-minded, even using the threat of armed violence to push laws through parliament. Then there is the possibility of a second Trump administration, with fears that he could go even farther in a second term than he did during his first. And the attacks on migrant hostels in Britain. The neo-Nazi demonstration in Bautzen. The pandemic. The war in Ukraine. The inflation.
The post-Cold War certainty that democracy is the only viable form of government and would cement its supremacy on the global political stage has begun to crumble – this feeling that the world is on the right track and that the almost 80 years of postwar peace in Western Europe has become the norm.
Now, though, questions about fascism’s possible return have become a serious topic of debate – in the halls of political power, in the media, in the population, at universities, at think tanks and among political scientists and philosophers. Will history repeat itself? Are historical analogies helpful? What went wrong? And might it be that democracy itself helped create a monster of which it is deathly afraid?
IS TRUMP A FASCIST?
In May 2016, Donald Trump emerged as the last Republican standing following the primaries, and the world was still a bit perplexed and rather concerned when the historian Robert Kagan published an article in the Washington Post under the headline "This is how fascism comes to America.”
The piece was one of the first in the U.S. to articulate concerns that Trump is a fascist. It received significant attention around the world and DER SPIEGEL published the article as well. It was an attention-grabbing moment: What if Kagan is right? Indeed, it isn’t inaccurate to say that Kagan reignited the fascism debate with his essay. Interestingly, it was the same Robert Kagan who had spent years as an influential member of the Republican Party and was seen as one of the thought leaders for the neocons during the administration of George W. Bush.
The article has aged well. Its characterization of Trump as a "strongman.” It’s description of his deft use of fear, hatred and anger. "This is how fascism comes to America, not with jackboots and salutes,” Kagan wrote, "but with a television huckster, a phony billionaire, a textbook egomaniac ’tapping into’ popular resentments and insecurities, and with an entire national political party – out of ambition or blind party loyalty, or simply out of fear – falling into line behind him.”
It is an early summer’s day in Chevy Chase, a residential suburb of Washington, D.C. Kagan, whose Jewish ancestors are from Lithuania, was born in Athens in 1958. He is an expert on foreign policy. Kagan supported George W. Bush’s wars in Iraq and Afghanistan and, even if the reasons for going to war in Iraq were ultimately revealed to have been fabricated and both conflicts ended with undignified withdrawals, he continues to defend the idea of American interventionism and the country’s global leadership role.
These days, Kagan works for The Brookings Institution, the liberal think tank. In our era, he says, it has been possible to believe that liberal democracy and its dedication to human rights were unavoidable, almost inevitable. But, he continues, that’s not necessarily true. The rise of liberal democracy was the result of historical events like the Great Depression. And of World War II, which was, Kagan says, fought in the name of freedom and created a completely new, better world.
What Kagan means is that because liberal democracy was never inevitable, it must constantly be defended. It cannot relax, it can never rest on its laurels out of a conviction that the end of history has been reached. There is no natural law that defends democracy from someone like Trump, or from fascism, or from the Christian nationalists who believe in Trump.
Freedom is difficult. It gives people space, but it also leaves them largely to their own devices. It doesn’t offer security and fails to provide many things that people need. It atomizes societies, destroys hierarchies and disempowers established institutions such as religion. Freedom has many enemies.
Kagan’s ninth book has just hit the shelves in the U.S. It is called "Rebellion: How Antiliberalism Is Tearing America Apart Again” and describes Christian, white nationalism in America as a challenge to liberal democracy. Its goal: a country rooted in Christianity in which the Bible is more important than the principles expressed in the Declaration of Independence and the Constitution. For Christian nationalists, Trump is an instrument, the perfect leader for this revolution precisely because he cares little for the values of liberalism and the Constitution. When he told a late July gathering of Evangelical Christians in Florida that if they voted for him, "you won’t have to vote anymore,” it was precisely the kind of thing Kagan warns against.
And it could be even worse this time around. If Trump wins the election, Kagan believes, the old system will be destroyed. It will be, the historian believes, an unimaginable political disruption, as though everything would collapse on the first day. Kagan believes he will use the Department of Justice to take revenge on his enemies and militarize migration policy to round up hundreds of thousands of illegal immigrants. The system of checks and balances would gradually be eroded. First, the immigrants would lose their rights, followed by opposition activists, who would be arrested and prosecuted.” For me, that’s enough,” says Kagan. "Even if the system looks the same.”
We always thought there was no going back to the dark times, says Kagan. “I don’t think history moves in a direction. It just walks around. The Greeks had a cyclical view of history, not one of progress. The Chinese have a view that nothing changes. The Chinese historically don’t believe in progress. They believe in a single world system.”
His opponents view Kagan as one of those neocons who now want to become part of the anti-fascist coalition to turn attention away from their own role in paving the way for Trumpism. They refer to him as "the most dangerous intellectual in America.” Kagan is rather fond of the label.
WHAT IS FASCISM?
If Robert Kagan is a conservative, then Jason Stanley, a professor of philosophy at Yale University, is on the exact opposite end of the spectrum. He is a liberal leftist, and yet his views are similar to Kagan’s. Or are they similar for precisely that reason?
Stanley’s son has his Bar Mitzva on the weekend, the Jewish ritual celebrating a boy’s 13th birthday and his entry into adulthood. Stanley pulls out a box full of diaries written by his grandmother Ilse in 1930s Berlin. Her elegantly sweeping handwriting exudes conscientiousness. Stanley also shows a ticket from August 1939 for the America Line from Hamburg to Southampton in New York. It feels odd to flip through her diaries.
Jason Stanley’s biography and the story of his family closely tracks 20th century history. It is an exuberant narrative that allows but a single conclusion: fervent anti-fascism.
Ilse Stanley is the central character in this narrative. Born in the Schlesian town of Gleiwitz in 1906, her father was an opera singer and later the senior cantor at the synagogue on Fasanenstrasse in Berlin. She became an actress, trained by Max Reinhardt at Berlin’s Deutsches Theater, and secured a minor role in Fritz Lang’s famous film "Metropolis.” She was an elegant Berlin woman who led a double life. She felt thoroughly German and used falsified papers to free more than 400 Jewish and political prisoners from the Sachsenhausen concentration camp just north of Berlin.
Her son, Jason Stanley’s father, was born in 1932 and, as a small boy, he would watch Hitler Youth marches from this grandparent’s balcony overlooking Kurfürstendamm. He was amazed by the torches, flags and uniforms, and asked if he could join them. He saw the synagogue on Fasanenstrasse burning during the Night of Broken Glass, seeking safety in the car of Gustav Gründgens, an acquaintance of his mother’s. He was beat so badly by the Nazis that he suffered from epileptic seizures for the rest of his life. In 1938, Ilse’s husband, a concert violinist, received a visa for Britain and left his wife and son behind in Berlin. The boy was seven when he and his mother had to go into hiding as they waited for their visa to travel to the U.S. After the war, he became a professor of sociology and spent the rest of his life studying how societies can descend into evil. Jason Stanley’s resemblance to his father is astounding.
Six years ago, Stanley published a book in the U.S. called "How Fascism Works: The Politics of Us and Them.” The German translation only appeared two months ago, a source of annoyance for Stanley. He also has German citizenship and says that he loves the country despite everything.
So how does fascism work? Modern-day fascism, Stanley writes, is a cult of the leader in which that leader promises rebirth to a disgraced country. Disgraced because immigrants, leftists, liberals, minorities, homosexuals and women have taken over the media, the schools and cultural institutions. Fascist regimes, Stanley argues, begin as social and political movements and parties – and they tend to be elected rather than overthrowing existing governments.
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Stanley describes 10 characteristics of fascism.
First: Every country has its myths, its own narrative of a glorious past. The fascist version of a national myth, however, requires greatness and military power.
Second: Fascist propaganda portrays political opponents as a threat to the country’s existence and traditions. "Them” against "us.” If "they” come into power, it translates to the end of the country.
Third: The leader determines what is true and what is false. Science and reality are seen as challenges to the leader’s authority, and nuanced views are viewed as a threat.
Fourth: Fascism lies. Truth is the heart of democracy and lies are the enemy of freedom. Those who are lied to are unable to vote freely and fairly. Those wanting to tear the heart out of democracy must accustom the people to lies.
Fifth: Fascism is dependent on hierarchies, which inform its greatest lie. Racism, for example, is a lie. No group of people is better than any other – no religion, no ethnicity and no gender.
Sixth: Those who believe in hierarchies and in their own superiority can easily grow nervous and fearful of losing their position in that hierarchy. Fascism declares its followers to be victims of equality. German Christians are victims of the Jews. White Americans are victims of equal rights for Black Americans. Men are victims of feminism.
Seventh: Fascism ensures law and order. The leader determines what law and order means. And he also determines who violates law and order, who has rights and from whom rights can be withdrawn.
Eighth: Fascism is afraid of gender diversity. Fascism feeds fears of trans-people and homosexuals – who aren’t simply leading their own lives, but are seeking to destroy the lives of the "normal people” and coming after their children.
Ninth: Fascism tends to hate the cities, seeing them as places of decadence and home to the elite, immigrants and criminality.
Tenth: Fascism believes that work will make you free. The idea behind it is that minorities and leftists are inherently lazy.
If all 10 points apply, says Stanley, then the situation is rather dicey. Fascism tells people that they are facing and existential fight: Your family is in danger. Your culture. Your traditions. And fascists promise to save them.
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Fascism in the U.S., Stanley says, has a long tradition stretching back deep into the last century. The Ku Klux Klan, he says, was the first fascist movement in history. "It would be misguided to assume that this fascist tradition simply vanished.”
That tradition can still be seen today, says Stanley, in the fact that a democratic culture could never fully develop in the American South. That has now resulted in election officials being appointed in Georgia that aren’t likely to stand up to repeated election manipulation attempts by Trump followers. "Trump,” says Stanley, "won’t just spend another four years in the White House and then disappear again. These are not normal elections. They could be the last.”
Some of Stanley’s friends believe he is overreacting. For antagonistic Republicans, he is likely the amalgamation of all their nightmares – one of those leftist, East Coast professors who holds seminars on critical race theory and lectures as a guest professor in Kyiv about colonialism and racism. At 15, he spent a year as an exchange student in Dortmund and had "Bader Meinhof” (with the missing second "a” in Baader) needlepointed onto his jacket. He went on to marry a Black cardiologist who was half Kenyan and half American. His children, who are nine and 13 years of age, are Black American Jews with German, Polish and African roots.
He says that he reads Plato with them – the same Plato who says that democracy is impossible and ends in tyranny – because he wants them to understand how difficult democracy is, but also how strong. Stanley carries so many identities around with him that the result is a rather unique citizen of the world who is well-versed in numerous perspectives and in the world’s dark sides. Which hasn’t been enough to protect him from an ugly divorce. He is a philosopher who seeks to find order in the world’s chaos while finding support from the pillars of his identity.
In her diaries, Ilse Stanley doesn’t write about the dark politics in the dark prewar years, instead looking at her own dark life. She writes about her husband who no longer speaks with her, treats her with disdain and cheats on her. She writes about her depression, her loneliness and her affairs. Ilse Stanley was divorced three years after World War II finally came to an end. She began a new life.
IS PUTIN A FASCIST?
Timothy Snyder speaks thoughtfully and quietly, but with plenty of confidence. Putin is a fascist. Trump is a fascist. The difference: One holds power. The other does not. Not yet.
"The problem with fascism,” Snyder says, "is that it’s not a presence in the way we want it to be. We want political doctrines to have clear definitions. We don’t want them to be paradoxical or dialectical.” Still, he says, fascism is an important category when it comes to understanding both history and the present, because it makes differences visible.
Lunchtime at the Union League Café in the heart of New Haven. The campus of Yale University begins on the other side of the street. Snyder, professor of Eastern European history, is one of the most important intellectuals in the U.S. He is an author, having written books like "Bloodlands: Europe Between Hitler and Stalin,” which examines the political violence in Ukraine, Belarus, Poland and the Baltics which killed 14 million people – at the hands of both Nazis and Communists. He is an activist, whose pamphlet "On Tyranny: Twenty Lessons from the Twentieth Century” became a global bestseller. And he is a self-professed Cassandra, having foreseen a Russian military intervention just weeks before the country’s annexation of the Crimea, in addition to predicting, in 2017, a Trump putsch attempt. When he met Volodymyr Zelenskyy in Kyiv in 2022, the first thing the Ukrainian president told him was that both he and his wife had read "On Tyranny.”
Putin, says Snyder, has been quoting fascist thinkers like Ivan Ilyin for 15 years. The Russian president, he continues, is waging a war that is clearly motivated by fascist motives. It targets a country whose population Putin considers to be inferior and a state that he believes has no right to exist. And he has the support of an almost completely mobilized society. There is, Snyder writes, a cult surrounding the leader, a cult surrounding those who have fallen in past battles and a myth of a golden empire that must be reestablished through the cleansing violence of war.
A time traveler from the 1930s, Snyder wrote in a May 2022 article for the New York Times, would immediately recognize Putin’s regime as fascist. The Z symbol, the rallies, the propaganda, the mass graves. Putin attacked Ukraine just as Hitler attacked the Soviet Union, Snyder wrote – as an imperial power.
But Putin’s version of fascism, the historian argues, also has post-modern characteristics. Post-modernism assumes that there is no such thing as truth, and if there is no truth, then anything can be labeled as truth. Such as the "fact” that the Ukrainians are Nazis in addition to being Jewish and gay. The decision as to what truth is and who defines it is made on the battlefield.
The paradox of Putin’s fascism – Snyder refers to it as "schizo-fascism” – is that he claims to be acting in the name of anti-fascism. The Soviet Union under Stalin, he says, never formed a clear position on fascism, and even allied itself with Nazi Germany in the form of the Hitler-Stalin pact, thus fueling World War II. After the war, though, the Soviet Union didn’t just declare Nazi Germany fascist, but also all those by which the leadership felt threatened or those it didn’t particularly like. "Fascist” became just another word for enemy. Putin’s regime feeds off that Soviet past: Russia’s enemies are all declared fascists. And it is precisely in Putin’s supposed anti-fascism, argues Snyder, that his fascism can be seen. Those who label their enemies "fascists” and “Nazis,” provide a justification for war and for crimes against humanity.”’Nazi’ just means ’subhuman enemy’ – someone Russians can kill,” he wrote.
A Putin victory would be more than just the end of democratic Ukraine. "Had Ukraine not resisted, this would have been a dark spring for democrats around the world,” Snyder concluded. "If Ukraine does not win, we can expect decades of darkness.”
Snyder is from Dayton, Ohio, located right in the middle of the "flyover zone.” His parents are Quakers, former members of the Peace Corps with a weakness for Latin American revolutionaries. Ivory tower colleagues like Samuel Moyn of Yale Law School believe that Snyder suffers from "tyrannophobia.” Others think he is paranoid. Snyder says that hardly anyone at the time predicted World War I or the Holocaust. Things are possible, he argues, that cannot be seen in the present.
If Trump win the election, he believes, organized resistance will be the result. Would Trump then send in the FBI or even the military to quell such unrest? What might happen to state institutions? Snyder believes the economy would collapse and institutions like the FBI and the military could be torn apart by conflicts. A few weeks ago, Snyder wrote on the newsletter platform Substack: "Old-guy dictatorship involves funeral planning.” Trump, Snyder argues, is afraid of dying in prison or being killed by his opponents. Autocracies are not forever, and the defeat of autocrats is closely linked to their end.
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How, though, was the rise of Trump made possible in the first place? How can it be that a democracy plunges so deeply into irrationality?
First, says Snyder, Trump’s career is based on a bluff. He was never a successful businessman, Snyder argues, and he only found success as an entertainer, as a television personality. He knows what you have to do to reach people, which, Snyder says, is an important prerequisite for a developing charismatic leader. It is precisely this talent that makes him so successful on social media platforms, where emotions are all that matter – the feeling of "them or us.”
Second: Social media influence our perceptive abilities, Snyder says. Indeed, the academic argues, they themselves have something fascist about them, because they take away our ability to exchange arguments in a meaningful way. They make us more impatient and everything becomes black or white. They confirm that we are right, even if our positions are objectively false. They produce a cycle of anger. Anger confirms anger. And anger produces anger.
Third: The Marxists of the 1920s and ’30s, Snyder says, believed that fascism was merely a variant of capitalism – that the oligarchs, as we would call them today, made Hitler’s rise possible in the first place. But that’s not true, Snyder argues. Big Business, of course, supported Hitler’s grab for power because they hoped he would liberate them from the labor unions. But most of the oligarchs didn’t support his ideas. "So there is a funny way in which the Marxist diagnosis, I think, is now true in a way that it wasn’t a hundred years ago,” says Snyder, “but there aren’t many proper Marxists left to make this argument.”
One of these new oligarchs, Snyder points out, is Elon Musk. Nobody, he says, has done more than him in the last year and a half to advance fascism. He unleashed Twitter, or X, and the platform has become even more emotional, says Snyder, more open to all kinds of filth, Russian propaganda in particular. Musk, Snyder says, uses the platform to spread even the most disgusting conspiracy theories.
Like Robert Kagan, Snyder also believes that democracies have underestimated the danger posed by fascism because they believed for too long that there is no alternative to democracy. "Gerhard Schröder tells us Putin is a convinced Democrat, right? It’s an obvious lie, but you can believe it only if you believe there is no alternative to democracy.” The result, he says, is that "Germany has been supporting this fascist for a long time while being concerned about Ukrainian fascism.”
IS FASCISM A PROCESS?
Paul Mason lives in one of those central London neighborhoods that was repeatedly struck by German rockets during World War II. Which is why there are entire blocks of new buildings from the 1950s and ’60s among the old rowhouses. In Europe, fascism and its consequences are never far away.
Mason is a figure that used to be more common: an intellectual in a center-left party. He is from the working class and was the first in his family to attend university. He has made films for the BBC and worked for Channel 4, he wrote a column for the Guardian and works on Labour Party campaigns.
His books are characterized by big ideas and the broad horizons they open up. "How to Stop Fascism: History, Ideology, Resistance” is his best-known work – dark, alarmist and combative. But in contrast to Kagan, Snyder and Stanley, he was a real Antifa activist who took to the streets in the 1970s and ’80s against the skinheads.
Fascism, according to the core of Mason’s argument, is the "fear of freedom triggered by a glimpse of freedom.” Just as the fascist movement of the 20th century was a reaction to the labor movement, he writes, neo-liberalism has today, on the one hand, dissolved postwar societies, destroyed the power of the labor unions and annulled the privileges of the primarily white and male working class. On the other hand, women have acquired more influence and Western societies have become more pluralistic. The consequence: the collapse of common sense.
Mason is interested in something he calls, citing the historian Robert Paxton, the "fascist process.” Fascism, he says, is not static. Rather, it is a type of "political behavior” that feeds off its own dynamism and is not reliant on complicated ideologies. Fascism, it would seem, can be rather difficult to grasp. Just like Stanley, Mason uses a checklist. Somehow, the chaos of fascism must be forced into order.
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Here is Mason’s 10-point "fascist process”: A deep crisis starts things off – such as the loss of World War I for the Germans early last century or, today, the cluster of recent crises including the financial crisis, migration, COVID and climate change. Such crises produce, second, a deep feeling of threat and the loss of sovereignty. Then, third, come suppressed groups that begin to rise up: women, climate activists, Black Lives Matter activists. People trying to find a path to the future through the crisis.
That triggers, fourth, a culture war. Fifth, a fascist party appears. Sixth, panic develops among members of the middle class, who don’t know whether to succumb to their fears of losing prosperity or to their fears of the radical right. Seventh, the rule of law is weakened in the hope that it might pacify the developing conflicts. Eighth, a weakened left begins arguing about with whom to form alliances in an effort to stand up to the radical right wing. Similar to, ninth, the conservative wing’s handwringing about the degree to which the right wing must be accommodated in order to contain them. And once all those steps have taken place, the hour of fascism has struck. Point 10, the end of democracy. The fascists make up the societal elite.
All of that seems rather schematic, which is how it is intended. But aren’t all Western societies familiar with the steps Mason has sketched out? Hasn’t the feeling that the government can no longer control the borders advanced deep into the center of society? The fear of vaccination mandates? The fear of shifting gender identities, the favorite target of the right wing, along with animosity toward the German draft law intended to make it easier for trans-people to change their genders? The fear of a shift toward the radical climate activists and toward people who fight against racism? The culture war is real – it is already underway. We are right in the middle of Mason’s "fascist process.”
The foundation of the fascist process can today be found online and the networks that have developed there. That is where the fantasies are developed that fuel the process. End-of-the-world delusions. The dream of restoring a national greatness that never actually existed. The idea that our world is heading for an unavoidable ethnic war. And that it is necessary to get ready for the coming battle.
AND THE CONSERVATIVES?
Thomas Biebricher, a professor for political theory and the history of ideas in Frankfurt, has an unusual job: He is one of the few political scientists in Germany who focuses on conservatism.
Germany’s Christian Democratic Union (CDU) is one of the most successful conservative parties in Europe. It is a party born during the postwar period and rooted in the realization that fascism was made possible in part due to the lack of a commitment to democracy.
The CDU, Biebricher argues in his large study called "Mitte/Rechts” (Center/Right), which appeared last year, has become the exception in Europe. Everywhere else, including in Italy, France and the United Kingdom, the conservative camp has almost completely disintegrated, with center-right parties having lost the ability to integrate the right-wing fringe. Italy was first, when Silvio Berlusconi took over the right with his Forza Italia party – and today, the post-fascists under Prime Minister Giorgia Meloni are in power. In France, Gaullism, which held sway in the country for decades, has become little more than a fringe phenomenon while Marine Le Pen has become President Emmanuel Macron’s primary challenger. And in Britain, the Tories lost votes to the right-wing populists behind Nigel Farage in the last election.
The term "fascism” only seldom appears in "Mitte/Rechts.” Why? "Because it doesn’t add anything analytically or politically, it immediately sparks the final level of escalation,” he says. Biebricher teaches in Frankfurt, but lives in the Berlin neighborhood of Prenzlauer Berg. He shares an office with the organizers of a literary office.
Conservatism, Biebricher says, is one of the three large political currents of the modern era, along with socialism and liberalism. Born out of the aristocratic and clerical resistance to the French Revolution, it has, the professor argues, diminished over the years to a simple desire to put the brakes on progress. While socialism and liberalism strive toward the future, conservatism is eager to preserve as much of the present as possible. Even if that present is the future that it was recently fighting against.
But ever since the Eastern Bloc collapsed and the speed of technological and societal change has increased, says Biebricher, the principle of pragmatic deceleration is no longer working. Some conservatives see the world passing them by and have given up. Others have begun to fantasize about a past that may never have existed but which seems worthy of defending – "Make America Great Again,” "Make Thuringia Great Again.” Conservatism, he argues, has fragmented into a number of different streams: pessimists, pragmatists and the radicals, who aren’t actually conservative anymore because they have abandoned the traditional conservative value of moderation.
"Those who are eager to brand the radicals as fascists,” says Biebricher, "should go ahead and do so. The term primarily targets the past and doesn’t reflect what is genuinely new. It primarily serves to create distance.”
The authoritarian conservatives, says Biebricher, have dispensed with all of the historical trappings of fascism, instead attempting to rebuild liberal democracy to their liking. "But I would use the term when it comes to Trump and his MAGA movement – because the storm of the Capitol was actually an attempt to violently overthrow the system.”
But this kind of violence can be seen everywhere, says the Austrian political scientist Natascha Strobl. It merely manifests itself differently than it did in the 1920s, when, early on in the fascist movement in northern Italy, gangs of thugs were going from village to village attacking farmer organizations and the offices of the socialist party, killing people and burning homes to the ground. Today, says Strobl, violence is primarily limited to the internet. "And it is,” says Strobl, "just as real. The people who perpetrate it believe they are involved in a global culture war, a struggle that knows no boundaries. An ideological civil war against all kinds of chimeras, such as ’cultural Marxism’ or the ’Great Replacement.’”
Strobl writes against the background of Austria’s recent past, which saw the party spectrum change in the 1990s in a manner similar to Italy’s, with the Freedom Party of Austria (FPÖ) growing in strength, a party that didn’t just exude characteristics of right-wing populism, but also maintained ties to the radical right, such as the right-wing extremist Identitarian Movement. And despite all of the scandals that have rocked the party, it is again leading in the polls. Parliamentary elections are set for late September, and an FPÖ chancellor is far from unrealistic. Strobl herself has been the target of threats for many years, even finding a bullet hole in her kitchen window on one occasion.
POPULISTS OR FASCISTS?
The accusation of fascism is the most potent weapon in the arsenal of democratic discourse. It is, says political scientist Jan-Werner Müller, the last card that one can play to wake people up and warn them of the gathering storm. But, he argues, it is not particularly useful as a category for describing the political developments of the present. That which reminds some people of fascism, he says, is actually right-wing extremist populism. And the "F-word” isn’t adequate for describing the phenomenon. Indeed, he says, it is so inadequate that it may even serve to reduce the urgency because the comparison with the 1930s seems so implausible and alarmist.
Müller has been teaching at Princeton University in New Jersey since 2005. He has produced one of the most influential theories on populism, and he is the only German author in the widely discussed anthology "Did It Happen Here? Perspectives on Fascism and America,” which was published in the U.S. in March.
Historical fascism, says Müller, is rooted in the massive violence of World War I. Its initial promise was the creation of a new human being in a nation of ethnic peers. It celebrated violence as a source of meaning, and death on the battlefield as not only necessary, but as a fulfillment of humanity. It was, argues Müller, a blueprint for anti-modernity, a thoroughly mobilized and militarized society with a cult of masculinity. An ideology which assigned women one single role, that of child-bearer. It was a movement that presented itself as a revolution – one that promised not only national rebirth but also a completely different future.
Müller sees little of that in today’s right-wing political movements. What he does see, he says, is a right-wing extremist populism that reduces all political issues to questions of belonging and portrays opponents as a threat, or even as enemies. It is a movement that wants to turn back the clock, a movement without a utopia.
The fascism debate has become stuck in the question of "Weimar” or "democracy”? But, he says, it is possible to imagine a different path. You have to think in your own era, says Müller. Which does not mean that there are no dark clouds on the horizon. Populism can also destroy democracy, as it has in Hungary, and it has the potential to trigger racist radicalization.
But how should democracies deal with the populist threat? "There are two extremes,” says Müller, "and both are wrong.” The first extreme is complete exclusion. "Don’t talk to them.” That strategy only serves to confirm the narratives of such parties, which claim that they are the only one’s speaking the truth. "Look at how the elite are treating us. They are ignoring us!”
But the other extreme is just as misguided. Believing that populists are telling the truth about our society and handing them a monopoly over our "concerns and needs.” That, says Müller, only leads to a legitimatization of their positions – to trying to keep up and joining them in unconditional coalitions. Müller refers to this path as the "mainstreaming of right-wing extremism – a development that can be seen virtually everywhere in Europe.”
What is the correct path? "To talk with them, but to avoid talking like them.” It is possible to discuss immigration, he says, without talking about vast conspiracy theories like the Great Replacement,” which holds that former German Chancellor Angela Merkel intended to replace the German people with the Syrians. It is important, he says, to set aside the moral cudgel and make clear: "We are prepared to treat you as a legitimate part of the political landscape if you change your behavior.” Müller says even that is a slightly paternalistic, didactic approach, but that’s not forbidden in a democracy. Particularly given that there is plenty of debate about where, exactly, the red lines run that may actually strengthen democracy.
There is one thing, though, he argues, that makes the situation more complicated. Democracies and their leaders long thought that they had a systematic advantage. That democracy is the only political system that can learn and correct its own mistakes. Today, when authoritarian systems emerge, he says, we tend to underestimate them. When Viktor Orbán appeared and turned Budapest, as Müller describes it, into a kind of Disneyland for the new right, many thought for far too long that things would take care of themselves as they always had. "As an ardent fan of FC Cologne, I know from experience that things don’t always go well.”
But right-wing populist politicians are also capable of learning: They shun images that remind people of the 20th century, says Müller. They avoid large-scale repressions. They limit press freedoms but maintain a couple of alibi newspapers. They rule such that they can always say: "We are democrats. Come to Budapest. Is this what fascism looks like?”
Orbán refers to his government as an "illiberal democracy.” Hungary continues to hold elections, but media pluralism is a thing of the past as are fundamental democratic rights such as freedom of opinion and assembly. Müller says that Orbán’s Hungary should not be seen as a "democracy” just because he is still popular among many Hungarians. Doing so would mean that his critics could only argue in the name of liberalism. And that is exactly what illiberals want, says Müller. But if he is shown to be a kleptocrat and an autocrat, that is when things could grow uncomfortable for Orbán.
And what about Germany, a country Müller sees as the motherland of robust democracy? Are the country’s defenses not failing in the face of the AfD?
"In Germany,” he says, "a more nuanced toolkit is available.” You can ban state party chapters or individual organizations, and you can also strip politicians of certain rights, says Müller. You don’t have to immediately ban an entire party. "You can demonstrate to those elements of the party that haven’t become completely radicalized: ’People, we are showing you where the limits of democracy lie.’ And maybe that can trigger a moderation.” That, too, is a didactic approach, but democracy is ultimately allowed to declare its principles and defend them. "If the party pursues the Höcke path, then it may ultimately have to be banned,” says Müller, referring to Björn Höcke, the ultra-radical head of the AfD state chapter in Thuringia.
But hasn’t the party grown too large for that? "Not necessarily. It would, to be sure, produce political martyrs. But right-wing populists pose as victims anyway.”
AND THE DEMOCRATS?
Sometimes, the debate about the threats facing democracy can give the impression that evil spirits have suddenly been let loose on the world. An attack of the lunatics, a storm of irrationality, an impending relapse into barbarianism. An onslaught that must be fended off with united forces using the biggest guns available. All of that is a reasonable conclusion and it sounds both logical and correct, but might it be that democracies and democrats have also had a role to play in the rise of their enemies?
Philip Manow, born in 1963, is a political science professor at the University of Siegen. His most recent book, which was published by Suhrkamp in May, takes a closer look at the future of liberal democracy. Manow is a provocateur, and he quotes Paul Valéry, the philosopher, who wrote: “That which has always been accepted by everyone, everywhere, is almost certain to be false.” Manow says: The problem isn’t populism, it is liberal democracy itself.
We met for lunch in late-July at the restaurant inside Cologne’s Museum Ludwig – an encounter that turned into a two-and-a-half-hour deconstruction of the political discourse.
A liberal democracy, as Jan-Werner Müller also says, consists of more than just free elections with ballots cast in secret. It is shaped by the idea of human dignity and other universalist ideas. It is rooted in the separation of powers, freedom of opinion, press freedoms, the protection of minorities, the independence of its institutions and the rule of law. It must be robust, which is why, Manow says, democracies are equipped with a high court and domestic intelligence agencies designed to protect the constitution – along with the possibility, though the hurdles are high, of banning political parties. There is also, he says, a kind of political dictum that democracies and its parties erect a kind of firewall against the enemies of democracy.
Liberal democracy, says Manow, sees itself as the product of lessons learned in the first half of the 20th century. On the one hand, the tyrants must be prevented from securing parliamentary power. The events of 1933 Germany must not be repeated. On the other hand, the abyss of the Holocaust, the political scientist continues, led to the establishment of a catalog of human rights by the newly established United Nations as a path to a better world. But the human rights discourse only experienced a breakthrough starting in the 1970s, when communism was definitively discredited by the publication of Alexandr Solzhenitsyn’s anti-Stalin tract "The Gulag Archipelago” and when the West lost its shine in the wake of the Vietnam War, Watergate and the Civil Rights Movement.
The resulting vacuum of ideals was, says Manow, filled with the idea of human rights universalism as the final utopia – one that didn’t just become a reference point for dissidents in the Eastern Bloc but also came to shape the debate in Western democracies. The institutional manifestation of this debate following the collapse of communism, says Manow, was ultimately decisive. The nations of Eastern Europe took their cue from the liberal-democratic model of Western countries, particularly the German version with its strong constitutional defenses. At the same time, European integration progressed in the 1990s, with borders opening up and a joint currency being introduced. The EU increasingly defined itself as a community of shared values, led primarily by the rule of law and the court system.
Populism, says Manow, should primarily be seen as a counterreaction – as an illiberal democratic response to an increasingly undemocratic liberalism. The political-economic upheavals, whether it was the Euro crisis in 2010 or the migration crisis starting in 2015, put wind in the sails of the populist parties, says Manow, because there was no meaningful opposition within the established parties to policies declared by Merkel (and elsewhere) as being without alternative. Indeed, Merkel herself, he says, became just as inevitable as her policies. When elections were held, the primary question on the ballot was what party would become her junior coalition partner. "That paved the way for the AfD.”
Liberal democracy, says Manow, responded robustly with an arsenal of morally charged values. The populist problem was to be resolved through the judiciary, a strategy adopted without considering the possibility that using law as a replacement for politics was perhaps part of the problem.
But that is a dangerous development in Manow’s view because the political battlefield was brought into the courtroom. The judiciary itself becomes politicized. Ultimately, the high court morphs into just another party-political body, says Manow, like the Supreme Court in the U.S., where in many instances, justices vote along the lines of the party that nominated them. Those who stand for positions that find no place in the institutions, however, develop a kind of fundamental opposition: "The system is ailing and broken and the whole thing must go.”
Instead of legal system, the focus should be returned to electoral principles, says Manow. A body politic includes people with a variety of opinions, convictions and values. There is, unfortunately, no better way, he says, than allowing the people to decide on controversial issues following a public debate. Competition among political parties, elections and public discourse, Manow says, make up the fundamental mechanism of stability in democracies. Liberal democracy, the political scientist argues, produces its crises, while electoral democracy processes those crises.
And what if the populists win the elections? Wait it out, says Manow. Those who believe that voters are fundamentally complicit in their own disempowerment should stay away from democracy, he says. Poland showed that it is possible to vote populists out of power. Orbán suffered significant losses in the European elections. And up until a month ago, it looked like Trump would be the next president of the U.S. Nothing is as certain as it seems. Trump, not Biden, is now the one who looks like a doddering old man – weird, in fact. Kamala Harris’ strategy: a rejection of gloom and hate. An approach of uniting rather than dividing, with a happily relaxed tone, positivity and an undertone of gentle derision. Looking forward rather than backward.
THE VERTIGO MOMENT
The Bulgarian political scientist and adviser Ivan Krastev spends his summer vacations on the Black Sea. In the evenings, his son and his son’s friends play games, and last year their game of choice was "Secret Hitler.” It is certainly possible that Krastev gave them the game to see what would happen. It was his son who said that it was more fun to be a fascist in the game. Why? Because the fascists play as a team, and because the democrats are their own worst enemies, paralyzed by distrust and mutual suspicions. The game, says Krastev, clearly shows why the populists win. Not because they are so strong, but because the democrats are so confused. They want the right thing, but they frequently make the wrong decisions.
Berlin, the Grand Hyatt Hotel on Potsdamer Platz. Krastev, born in 1965 and a fellow at the Institute for Human Sciences in Vienna, is on his way to Poland via the German capital. He is someone political leaders call when things are complicated. German Chancellor Olaf Scholz and Economy Minister Robert Habeck have both met with him in the past and he is in demand in other capitals as well as one of the continent’s most interesting thinkers, an analyst who pulls the world apart for them before then reassembling it. For his part, he sees himself more as the kind of uncle that exists in every Bulgarian village, the guy who others find both funny and clever. A person who others come to when they need advice, almost like going to the psychiatrist. Listen, Krastev says in his rapid, Bulgarian-accented English, what he is going to say may be rather interesting, but it might not actually be true.
“Listen, he says, I think we are dealing with something that I would call the other ’Extinction Rebellion.’” The "Great Replacement” right wing, he believes, cannot be understood without looking at demographic developments and especially the fears they trigger. That, for years, has been Krastev’s greatest focus. People cross borders, some on their way in, others on their way out. European societies are aging. And birthrates are falling, without, Krastev says, anyone offering a plausible explanation as to why.
“It’s the fear of disappearing,” he says. The fear of “one’s own language and culture vanishing.” The fear that migrants could change political realities by voting for those who were allowed to come into the country. That the many new people will change life and change the cities – and that those who have long been here will be stuck, because the newcomers can simply leave if they don’t like it anymore, while they are damned to stay. Everything shifts, says Krastev, the relationships of people to each other and to their own country. The racist fantasies that result, Krastev believe, can certainly be interpreted as a new form of fascism, as the fascism of the 21st century.
What now unites society, from the left to the right, he says, is their feeling of impending doom. Which is challenging for democracy. If fascism is knocking on the door, Krastev says, then urgent action is necessary, but democracy depends on compromise, which takes time. While democracy may not really have clear ideas for the future, he says, it definitely wants to prevent the past from becoming that future.
Krastev says that he searched long and hard for a metaphor for our times before finally finding it in Milan Kundera’s "The Unbearable Lightness of Being,” an Eastern European author, of course. Europe, says the Bulgarian, is experiencing a vertigo moment. Vertigo essentially means fear of heights, dizziness on the precipice, the fear of plunging into the depths. But Kundera has a different definition of vertigo: As the emptiness beneath us that lures and seduces us. We want to fall, yet desperately fight against it. There is, says Krastev, this right-wing desire to finally put an end to everything, to Europe; a feeling that everything must fundamentally change. A century ago, fascism had an agenda and a promise: Mussolini propagated an imperial Italian future while Hitler promised to expunge all that was foreign. The new parties, though, says Krastev, don’t have such a vision. They only have suicidal fantasies.
Never mind the fact that most populists, Krastev believes, don’t even believe that they will ever hold power. They often win by chance. Brexit? Bad luck. Trump? Also. "It’s as if the right wing just date their fears the whole time, and one day, they’re married to them.” The paradox, Krastev believes, is that fascists suspect that the other side might actually be right. Which is their greatest fear.
Fascism in the 20th century was rooted in dread of the evil other – the communists, the Jews, the enemies. Fascism in the 21st century is rooted in fear. What is the difference between dread and fear? During the pandemic, people dreaded the virus, a deadly attacker. There was an enemy that could be identified. But fear is less specific. There is no clear attacker, it is inside oneself, and in a certain sense, says Krastev, it is the fear of oneself.
Krastev says that he has developed patience with politicians. The world is changing quickly; things happen, and politicians must respond with decisions. But that doesn’t mean that their decisions will solve the problems. Politics, Krastev believes, is learning to live with the problems, and politics knows no clear victories. Politics is the management of panic. A battle against vertigo, the endless emptiness beneath us.
So if this fear within is the precondition for modern-day fascism, could any one of us become a fascist? It is, says Krastev, interesting to watch what happens when people play "Secret Hitler.”
Captain Höcke
Greiz, a town deep in Germany’s east, south of Gera and west of Zwickau, calls itself the "Pearl of Vogtland,” as the region is called. It is a beautiful town with a castle on the rocks above and another down below on the banks of the river. The Thuringian chapter of the AfD is holding its summer festival here, with blue balloons and a bouncy castle. It is in the heart of Björn Höcke’s electoral district.
The posters for the event include a photo of Höcke where he looks a little bit like Tom Cruise in "Top Gun.” He is wearing mirrored sunglasses, a bit like aviator sunglasses. And if you look closely, you can see a passenger plane reflected in the lenses. It takes a bit for the penny to drop. The plane is supposed to be a deportation flight of the kind Höcke is constantly talking about, a flight taking illegal immigrants back where they came from once the AfD secures power. As if Captain Höcke were flying the plane himself. Did AfD finally discover irony? Or is it just weird?
Greiz looks like many other towns in eastern Germany. Nice looking and clean, but seemingly devoid of people. Almost 40,000 people lived here in 1970, but now the population is just over 20,000. There isn’t much life on the streets of the old town, almost as though the townsfolk still believe they are living in a dictatorship and have elected to remain in the safety of their own homes. It isn’t difficult to imagine a resident of a western German city quickly growing lonely here and perhaps even entertaining radical thoughts. On the other hand: Wouldn’t a Greiz native also feel rather lost in Hamburg?
Around 500 people have gathered in the castle gardens on the shores of the river. There are a few hooligans, some Identitarians with their severely parted hair and polo shirts, rockers with Trump T-shirts, militia types and vaccine truthers who look like aging hippies. Beyond that, the crowd includes people from the working class and middle-class laborers. The police presence is not overwhelming.
The sun is shining, some are sipping beer – real Thuringians. The mood is neither hostile nor inflamed. Perhaps that has something to do with the fact that the Antifa has only been allowed to hold their counter-protest across the river. In other cities, as colleagues have said, things can get wild.
Höcke’s appearances in the media are often tense, his eyes flickering with panic and disgust. Here in his electoral district, though, he exudes control. He is, it must be granted, a good speaker and holds forth without notes. He seems to feel right at home on stage. He is wearing jeans and a white shirt, and he begins his speech by talking about the Olympic Games that just got started two days ago. His focus is the scene during the opening ceremony in which drag queens and trans-people, as Höcke describes them, portray da Vinci’s "Last Supper.” It is, the AfD politician insists, an expression of "what is going fundamentally wrong not just in this country, but in all of Europe and the West.” He speaks about the self-hatred of Germans and Europeans and of wanting to overcome European culture and identity. "There is no self-hatred with the AfD. Period. Those who feel a sense of self-hatred should go to a therapist.”
The German manner in which he says terms like "drag queens” and "trans-gender models” clearly expresses his disgust. He speaks of the widespread decadence in the West and of the urge "to shred our gender identity.” In his speech, he is constantly sending people into therapy. And to those who have their doubts about there only being two biological genders, he says: "My recommendation is that you just open your pants and see what it looks like down there.” Applause.
Much of his speech focuses on the destruction of "European culture,” the destruction of what is "normal.” He talks about the schools and the childcare centers, about the new draft law in Germany that will make it easier for people to change their genders, about public broadcasters, about freedom of opinion and about the German government’s coronavirus policies, which he portrays as a state crime. And he focuses on migration as the mother of all crises, one which, he says, has transformed Germany into the world’s welfare office. For airplanes full of migrants, he says, only permission to take off will be granted in the future, not to land.
Höcke’s speech flirts with what allegedly cannot be said and can only be hinted at. As though there was a secret and dangerous truth. "You know what I’m talking about,” he says. Or: "I want to express myself diplomatically.” Or: "You’re not allowed to say that.” Or: "I don’t have to expound on that.” Dark powers are out and about that are targeting him and targeting Germany, that is his message. In conclusion, he warns his listeners in Greiz to avoid voting by mail. He tells them to only go to their polling station late in the day and to remain there as the votes are counted – and to report any irregularities to the AfD. He also tells them to make sure that the care-worker in the retirement home doesn’t fill out grandma’s ballot. You know what I’m talking about.
It is all rather perplexing. Back in Berlin, Ivan Krastev makes one of his Krastevian jokes. An American judge, he relates, once said that he may not be able to define pornography, "but I know it when I see it.” The reverse is true with fascism, says Krastev: It is simple to define, but difficult to recognize when you see it.
The "F-word.” F as in fascism or F as in "Fuck you.” It is permissible, as a court in Meiningen ruled, to refer to Höcke as a fascist. The question remains, though, what doing so actually achieves.
▻https://www.spiegel.de/international/zeitgeist/finding-the-secret-hitler-how-fascism-begins-a-32c1f376-0086-45b3-bab9-35734
#fascisme #populisme #Putin #Trump #Hitler #Orban #Orbán #Secret_Hitler #Jason_Stanley #mythe #passé_glorieux #mythe_national #pouvoir_militaire #propagande #vérité #science #menace #mensonge #hiérarchie #racisme #supériorité #droits #loi #ordre #genre #LGBT #homophobie #villes #urbanophobie #urbaphobie #travail #charactéristiques #it_has_begun
t’as pas tagué #Robert_Kagan !?
long et dense, j’ai pas tout lu, mais mérite d’y revenir
Traduction automatisée en français de l’article du Spiegel :
▻https://justpaste.it/g45h0
On joue à ça à la prochaine rencontre Seenthis ? :p
▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Secret_Hitler
Is fascism making a comeback? Or has it already returned in the form of Trump, Orbán and Putin? It isn’t always easy to identify evil in real time. But it is worth a try.
Le fascisme c’est les autres.
#Pop!_OS 24.04 Alpha with COSMIC Desktop is Available to Download
▻https://www.omgubuntu.co.uk/2024/08/you-can-now-download-pop_os-24-04-alpha-with-cosmic-desktop
You’ve heard about System76’s new COSMIC desktop environment, you’ve seen screenshots and and video clips of it, but now it’s time for you to go hands on, and take it for a test flight. Yes, the first alpha COMSIC desktop environment is out, as the Pop!_OS 24.04 alpha available to download — which naturally is preloaded with the #Cosmic_DE and a cabal of brand new core apps. Pop!_OS 24.04 sits atop the same technical underpinnings as Ubuntu 24.04, but the similarities end there. System76 apply a considered set of modifications and adaptations of its own, opt newer Linux kernel […] You’re reading Pop!_OS 24.04 Alpha with COSMIC Desktop is Available to Download, a blog post from OMG! Ubuntu. Do not reproduce elsewhere without (...)
Charli XCX, Drag Race et cocotier : comment Kamala Harris est devenue une star d’Internet | Les Inrocks
▻https://www.lesinrocks.com/societe/charli-xcx-drag-race-et-cocotier-comment-kamala-harris-est-devenue-une-s
Aujourd’hui, la politique se pratique différemment et Kamala Harris, ex-bras droit de Joe Biden et nouvelle candidate du Parti démocrate, l’a bien compris.
Il n’a pas fallu attendre longtemps entre l’annonce de renoncement de Joe Biden et le début tonitruant de la campagne de Kamala Harris, sa vice-présidence. Pas de temps à perdre pour les démocrates qui souhaitent conserver leur siège présidentiel. Entre les meetings, débats télévisés et poignées de main, la candidate démocrate a su prendre le contrôle d’un autre outil nettement plus puissant : Internet.
En devenant un véritable meme d’abord, un peu involontairement, grâce à une vidéo vieille d’un an qui a ressurgi sur les réseaux sociaux. Alors bras droit de Joe Biden, Harris y raconte une anecdote sur sa mère : “Ma mère nous faisait parfois la vie dure et nous disait : ‘Je ne sais pas ce qui ne va pas chez vous, les jeunes. Vous pensez que vous êtes tombés d’un cocotier ?’” (à comprendre “êtes-vous idiots ?”), s’esclaffe-t-elle.
On this day one year ago, Vice President Kamala Harris said, “you think you just fell out of a coconut tree ?” pic.twitter.com/Vh5OTv3XlF
— Know Your Meme (@knowyourmeme) May 10, 2024
Son amusement non dissimulé, l’absurdité de cette question une fois sortie de son contexte et de la phrase qui la talonne (“Vous existez dans le contexte de tout ce qui vous entoure et de ce qui vous a précédé”) ont suffi à la toile pour faire de cette trouvaille un moment viral et dérivé à foison. En un rien de temps, elle est devenue le nouveau phénomène des internautes, la candidate du cocotier, et les montages et fancams d’elle pullulent sur TikTok et X (ex-Twitter).
Coconut tree summer pic.twitter.com/6w1wLpkbNX
— Chi Ossé (@OsseChi) July 3, 2024
Quand Charli XCX s’en mêle
Mais l’escalade ne s’arrête pas là, et une invitée inattendue a rejoint la fête : Charli XCX. Idole de la génération Z et icône de l’hyperpop, l’artiste de 31 ans a joué un rôle important dans cette popularité grandissante. Il faut dire que son nouvel album, brat, a lancé une trend Internet incontournable. Selon la chanteuse, Brat signifie “cette fille qui est un peu désordonnée et qui aime faire la fête et qui dit peut-être des bêtises parfois, mais qui a aussi peut-être une dépression, mais qui fait la fête en quelque sorte.” L’expression de nouveau popularisée, tout le monde veut “être brat” et veut avoir un “brat summer”.
La trend “Brat” aurait pu s’arrêter là, mais le 22 juillet dernier, soit un jour après l’annonce de Joe Biden, Charli XCX poste sur X “kamala IS brat”. Il n’en faut pas plus pour que les réseaux s’enflamment, 300 000 personnes likent le tweet, des montages de Kamala Harris sur 365, Von Dutch et autres musiques de l’album fleurissent partout sur Internet… À tel point que le 24 juillet NBC News décide de partager un graphique censé répondre à la question qui brûle les lèvres : à quel point Kamala Harris est-elle brat ? Pour s’emparer du phénomène, le compte X de la campagne de Harris a adopté le visuel de l’album pour en faire sa bannière : les mots “kamala hq” apparaissent en noir sur un fond vert citron. En un rien de temps, Kamala Harris est devenue un mème.
NBC News shares graphic measuring how ‘Brat’ Kamala Harris is. pic.twitter.com/VthIOld0Y4
— Pop Crave (@PopCrave) July 24, 2024
La pop culture en soutien
Et alors que la variante française est frileuse à l’idée d’incorporer des prises de position politiques claires, Ru Paul’s Drag Race n’a, quant à elle, pas hésité longtemps : le dernier épisode de la neuvième saison de Ru Paul’s Drag Race All Stars commence par un enregistrement de la candidate démocrate adressé aux fans de l’émission. “Chaque jour, nous voyons nos droits et libertés attaqués, y compris le droit de chacun d’être qui il est, d’aimer qui il aime, ouvertement et avec fierté. Nous sommes tous dans le même bateau, et votre vote est votre pouvoir”, lance-t-elle entourée des figures habituelles du show comme Michelle Visage.
Alors que de nombreux artistes refusent que leurs chansons soient “utilisées” par Trump, Kamala, quant à elle, multiplie les soutiens du monde de la culture. Beyoncé a donné son accord à la femme politique pour utiliser Freedom comme chanson pour son premier clip de campagne. Katy Perry a posté un montage sur X avec des images de Kamala Harris. Quant à Cardi B, elle a également exprimé son soutien à la candidate dans une vidéo sur Instagram.
Dernièrement, c’est la rappeuse Megan Thee Stallion qui a été annoncée comme invitée spéciale d’un meeting de Kamala Harris ce 30 juillet à Atlanta.
Megan Thee Stallion will appear at Kamala Harris’ rally in Atlanta on July 30th for a special performance, Billboard reports. pic.twitter.com/k18zf6CWb9
— Pop Base (@PopBase) July 30, 2024
Kamala Harris
#Cocotier #Kamala_Harris #Brat #Pop_culture #Internet #Vert_citron
Benoît Coquard : “la gauche doit aller dans les petites villes”
▻https://www.frustrationmagazine.fr/entretien-benoit-coquard
Dans son livre Ceux qui restent, paru en 2019, le sociologue Benoît Coquard sort des discours convenus sur la France “des territoires” (comme disent les politiques), “périphérique” (comme disent les éditocrates) ou “moche” (comme dit Télérama). Sans doute parce que c’est un milieu qu’il connaît et dont il vient, il ne tombe dans aucun des […]
(...) il faut à mon sens comprendre le #vote en lien avec la manière dont les gens se construisent dans les rapports sociaux. Quand t’es en milieu #populaire tu es marqué par le contrôle social : le fait d’être bien vu, d’avoir bonne réputation. Que ça soit dans un quartier populaire d’une petite ville ou dans un village, le contrôle social est permanent. Par conséquent tu sais l’importance, pour être “bien vu”, d’être conforme, d’être dans le moule. Non seulement autour de toi ça fait longtemps que ça parle #RN, mais en plus à l’échelon national ça vote massivement RN. Ça devient un peu le vote du bon sens et cela lui laisse encore une marge de progression chez les indécis entourés de gens qui font la promo du RN.
(...) j’observe cette dynamique de se sentir encouragé par son environnement social, y compris les gens qui vous dominent socialement (localement ça va être un petit patron par exemple) et maintenant, à la #télévision, des gens en cravate qui expliquent que le RN c’est très bien… Alors il y a un ralliement à l’opinion #majoritaire, ou plutôt, l’opinion dominante.
(...) ça peut être perturbant pour des surdiplômés, sur « conscientisés » notamment à gauche… mais il y a vraiment un effet de suivi qui prend racine dans des choses bien plus concrètes que l’opinion politique. Ce sont des choses que j’ai vu sur le temps long, dans le mode de vie en général : cette volonté de conformisme dans tous les aspects de ton quotidien, sur laquelle vient se greffer la #politisation.
[...]
Dans un très bon livre d’enquête, Simples militants, Raphaël Challier, montre comment certaines personnes qui touchent le RSA et qui sont stigmatisées comme des « cassos », sur-affirment leur vote pour le RN pour retourner le stigmate. Ce qu’il montre c’est que l’affirmation du vote RN permet de dire « on est du côté des gens biens », à côté de ceux qui sont contre l’assistanat, ceux qui veulent travailler…
>> les gens qui amenaient les idées de gauche ne sont plus au contact de toute une partie de la population…
Ou pire : ils exacerbent leurs différences, parfois malgré eux et en essayant de lutter contre ce phénomène là. Je prends l’exemple des tiers lieu en milieu rural : de nos jours, la petite bourgeoisie culturelle de gauche s’expose dans des tiers lieux. Occuper une ancienne usine pour en faire des ateliers d’artistes par exemple. C’est se démarquer symboliquement. Je pense aux néo-ruraux : il y a des campagnes de néo-ruraux qui sont gentrifiées depuis longtemps avec des niveaux de revenus comparables aux grandes villes (la Drôme, l’Ardèche etc.) mais aussi des endroits avec des néo-ruraux pionniers qui sont des galériens. Ils ont peu d’argent, sont en location, vivent en colocation etc. Mais par contre, Ils occupent l’espace public tout en ayant un style de vie qui est non conforme. Ce n’est pas un problème sur le principe : c’est bien que tout le monde ne soit pas pareil, c’est bien d’assumer ce qu’on est, etc. Mais qu’est-ce que cela produit ?
Ça produit le sentiment que tu ne ressembles pas du tout aux gens qui incarnent la pensée de gauche. Je n’ai pas envie de m’étendre là dessus car je trouve ça désespérant… sur la façon dont la petite bourgeoisie culturelle, ou parfois même le pôle culturel précaire, parfois même plus précaire que les classes populaires installées, peut être perçue comme des extra-terrestres parfois. Je pense par exemple à une exposition organisée dans un village par des artistes, d’animaux empaillés, mais des animaux tués par des voitures puis empaillés… ça semblait délirant auprès des habitants. Et quand on commence à dire que pour organiser ça il y a eu de l’argent public, bon… Et puis ça crée des questions “qu’est-ce qu’ils font comme travail ces gens-là ?”.
C’est du vécu, mais ça oublie un peu la cause première. “Désormais, la polarisation est beaucoup plus forte.” Pourquoi ? Ce n’est pas la faute aux cultureux et précaires qui viennent ouvrir un tiers-lieu : c’est la dévalorisation des instits, des postiers, etc., qui fait qu’il n’y a plus autant de profils de gauche "qui ressemblent" à la population dont on parle ici. Ceux qui restent ne sont plus perçus comme des modèles mais plutôt comme des losers (mal payés, déconsidérés, vilipendés depuis des décennies comme étant des flemmards). Et donc, plus le programme néolibéral avance, moins les propositions de gauche sont audibles. Les expos d’animaux empaillés ne sont qu’un prétexte pour focaliser la détestation.
Il y a clairement une (sale) petite musique qui se joue depuis quelques semaines avec ce discours des Ruffinistes (mais pas que) qui en gros en vient à reprocher aux gens de gauche des villes d’être responsables de la montée du RN. La seule « gauche » responsable de tout cela c’est celle de Hollande (dans laquelle il y avait Valls et Macron, excusez du peu).
C’est vraiment dégueulasse d’aller montrer du doigt des marginaux, en fait c’est exactement ce que font les fachos.
Benoît Coquard : dans les milieux où on vote RN, « la gauche est invisible »
▻https://basta.media/Benoit-Coquard-dans-les-milieux-vote-RN-la-gauche-est-invisible
« Le scénario qui se dessine pour l’Europe est celui d’un cercle vicieux où immigration, extrême droite et déclin économique se renforcent mutuellement »
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/06/21/le-scenario-qui-se-dessine-pour-l-europe-est-celui-d-un-cercle-vicieux-ou-im
« Le scénario qui se dessine pour l’Europe est celui d’un cercle vicieux où immigration, extrême droite et déclin économique se renforcent mutuellement »
Hillel Rapoport Economiste
Les élections européennes du 9 juin montrent une forte progression d’ensemble du vote pour les partis populistes de droite. L’immigration a tenu une place centrale lors de la campagne, et plus particulièrement dans les pays (France, Pays-Bas, Autriche et Italie) où l’extrême droite est sortie renforcée. Cette corrélation traduit la capacité de l’extrême droite à capitaliser sur les craintes, exprimées par de nombreux électeurs, de déclassement économique et de dépossession culturelle face aux chocs de la mondialisation – immigration, concurrence commerciale, robotisation.
Comment envisager l’avenir de l’Union européenne (UE) en matière d’immigration dans un contexte de montée des populismes et de décrochage économique ? Le scénario qui se dessine pour l’UE est celui d’un cercle vicieux où immigration, vote pour l’extrême droite et déclin économique se renforcent mutuellement. Pour comprendre le fonctionnement de ce cercle vicieux, il faut d’abord en analyser les composantes : le lien entre immigration et vote populiste, entre populisme et performance économique et, enfin, entre extrême droite et structure par qualifications de l’immigration.
C’est faire preuve d’aveuglement que de ne pas voir que, de façon dominante, plus d’immigration, notamment non qualifiée, s’est traduit en Europe au cours des deux dernières décennies par plus de votes en faveur de l’extrême droite. Ceci n’exclut pas la possibilité de dynamiques locales positives, dites « de contact », mais celles-ci sont l’exception plutôt que la règle. Dans un article récent sur le lien entre vote populiste et mondialisation, nous montrions que l’immigration peu qualifiée, tout comme les importations de biens à fort contenu en main-d’œuvre peu qualifiée, se traduisent par une poussée du vote en faveur des partis populistes de droite et par un progrès des idées populistes telles que reflétées dans les professions de foi des partis traditionnels.
Cependant, notre étude montre également que la « mondialisation qualifiée », qu’il s’agisse de l’immigration ou des importations de biens à fort contenu en main-d’œuvre qualifiée, se traduit, au contraire, par une baisse significative du vote en faveur de l’extrême droite. La leçon fondamentale à retenir de cette étude est donc qu’il n’y a pas de fatalité dans la relation entre ouverture à la mondialisation et montée des extrêmes et que le contenu en qualifications de la mondialisation, qu’il s’agisse d’immigration ou de commerce, conditionne largement l’effet de celle-ci sur les votes.
La conclusion qui s’impose en matière de politique d’immigration est qu’on peut augmenter l’immigration sans que cela entraîne un accroissement du vote à l’extrême droite à condition d’avoir des politiques d’immigration plus sélectives, qui favorisent l’immigration qualifiée, comme le font la plupart des pays anglo-saxons. Comme l’immigration qualifiée est, par ailleurs, porteuse de bénéfices économiques très importants pour les pays d’accueil, le fait qu’elle réduise le vote populiste peut être vu comme un effet secondaire bienvenu.
Il est possible de chiffrer la performance économique des gouvernements populistes grâce à l’analyse de données historiques. Un article publié en 2023 dans l’American Economic Review chiffre ainsi le coût de l’élection d’un leader populiste à 10 % du PIB perdus en quinze ans. Le bilan économique des gouvernements populistes est donc globalement mauvais, voire très mauvais. Cela tient peut-être à l’inexpérience ou à l’incompétence, mais plus sûrement aux biais idéologiques qui poussent à promouvoir des politiques économiques inefficaces. C’est très clair dans le domaine de l’économie internationale, où l’adoption de politiques protectionnistes et de freinage de l’immigration indiscriminées a contribué historiquement aux mauvaises performances. C’est également clair en matière de gouvernance dégradée.
C’est sans doute la composante la plus insidieuse de notre cercle vicieux. Elle tient au fait que l’extrême droite, en pensée (dans les opinions exprimées) comme en action (au pouvoir), ne réduit l’immigration que très partiellement, et de façon non uniforme : elle a un effet négatif modéré sur l’immigration peu qualifiée et un effet répulsif très fort sur l’immigration qualifiée. Cela a été constaté à de nombreuses reprises. Au niveau local, en Suisse, en Allemagne ou en Italie, où les votations antiminarets, les manifestations du mouvement Pegida ou les élections de maires issus de la Ligue ont toutes eu pour effet pour les villes concernées de détourner les flux entrants et de provoquer les flux sortants des résidents les plus qualifiés, immigrés comme nationaux ! Et, au niveau international, on a pu constater que plus la population d’un pays exprime des sentiments hostiles à l’immigration, plus le niveau d’éducation moyen des immigrés à destination de ce pays diminue.
Deux scénarios sont donc envisageables pour l’UE de l’après-9 juin. Le premier est celui d’un cercle vicieux de la xénophobie tel qu’esquissé ci-dessus, où la montée des populismes se poursuit, le niveau d’éducation et de qualification des immigrés se dégrade et le décrochage économique s’accélère. Le second est celui d’un sursaut à la polonaise, d’un cercle vertueux où l’ancrage démocratique, libéral et social-démocrate prévaut, et où la poursuite de la prospérité passe aussi, qu’on le veuille ou non, par l’immigration.
Hillel Rapoport est professeur à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, titulaire de la chaire Economie des migrations internationales à PSE-Ecole d’économie de Paris.
#Covid-19#migrant#migration#UE#france#immigration#politiquemigratoire#economie#xenophobie#populisme#extremedroite#sante
Réponse collective à une infamie : Sur l’accusation d’antisémitisme portée contre la France insoumise | Au Poste média libre & indépendant
▻https://www.auposte.fr/reponse-collective-a-une-infamie-sur-laccusation-dantisemitisme-portee-contr
Nous savons bien pourquoi cette offensive déchaînée est menée : la possibilité d’une arrivée de la gauche au pouvoir terrifie les représentants d’un ordre social, économique et idéologique. Il leur faut absolument briser l’alliance de gauche, disqualifier par une sorte de mise à mort politique l’une de ses forces les plus importantes et les plus combatives. Le Nouveau Front populaire engendre une profonde panique chez les tenants de l’ordre tel qu’il est. L’abject atteint donc des sommets.
Emmanuel Macron, dans une fuite en avant face à l’incendie politique qu’il a allumé en pompier pyromane, y est allé de son couplet inacceptable sur l’association entre LFI et l’antisémitisme. Meyer Habib de son côté parle de la France insoumise comme du « parti le plus antisémite, pro-terroriste et pro-islamiste ». Comme Emmanuel Macron lui-même, qui rabaisse ici considérablement la fonction politique qu’il occupe, il ose brandir le nom de Léon Blum qui d’après lui se retournerait dans sa tombe. « Non, ce n’est pas le Front Populaire, c’est le Front Antisémite », déclare Habib. On a rarement vu un tel degré de calomnie. Et de retournement historique infâme : un mensonge et un abus éhonté de la référence au Front populaire de la part d’une droite et d’une extrême-droite violentes que les femmes et les hommes du Front populaire version 1936 auraient à n’en pas douter combattues de toute leur âme.
L’accusation d’antisémitisme portée contre LFI est un outrage. Pour ce parti en général, et pour celles et ceux, juives, juifs, qui en sont membres, ou simplement soutiennent ses positions, votent pour cette organisation. C’est le cas de plusieurs parmi nous, qui n’en peuvent plus de se voir associés-es à cette injure infâme et d’être traîné-es dans la boue. Jean-Luc Mélenchon, qui subit au quotidien cette disqualification à nos yeux injuste et écœurante, a eu ces mots lors d’un meeting du 23 mai dernier : « le cœur saigne en pensant à ceux de nos compatriotes juifs qui sont de notre avis et qui subissent tous les outrages, jusque dans leur propre famille. Notre pensée se tourne vers eux, en solidarité humaine, totale, complète ».
Je pense qu’on n’est pas loin de perdre notre temps à « répondre » à l’accusation d’antisémitisme agitée frénétiquement et sans plus aucune retenue par la Macronie.
Parce que ces réponses accréditent l’idée, grosso modo, que ces accusations seraient à vocation électorale, qu’il s’agirait réellement pour la Macronie de « piquer » des voix à la gauche.
Sauf que je ne vois pas trop comment ces outrances seraient réellement performatives. Comment elles pourraient réellement avoir un impact sur le vote autrement que de manière très marginale (les neuneus qui se croyaient de gauche tout en trouvant que la gauche est extrémiste, ça fait belle lurette qu’ils votent LaRem.)
Je pense que fondamentalement, le but de la manœuvre n’est pas immédiatement électoral. Le but est principalement de préparer le ralliement avec RN après l’élection, voire au second tour. Parce que l’hypothèse la plus crédible, c’est qu’on reconduise une Assemblée sans majorité absolue (juste un RN très fort, et une Macronie affaiblie). Ou bien un RN avec une majorité absolue (j’en doute). Ou bien, soyons fous, une gauche qui arrive en tête, mais sans majorité absolue (donc la situation 1 : trois blocs et pas de majorité absolue).
De fait, la Macronie devra forcément s’allier à quelqu’un pour trouver des majorités de vote. Et je pense que ces accusations hystériques d’antisémitisme, uniquement adressées à la gauche, c’est dans le but de préparer le ralliement à l’extrême-droite, et interdire toute possibilité d’un accord avec la gauche.
Sinon, si la Macronie arrive à pas trop mal s’en tirer, une coalition avec les socialistes de droite, et là encore l’accusation d’antisémitisme sert à justifier les futures trahisons. Mais là encore, ça n’a pas pour but de convaincre les électeurs au moment de glisser le bulletin dans l’urne : c’est une préparation de l’« après ».
Bref ne pas trop perdre de temps avec une argumentation sur le fait que c’est un argument « faux ». Le but, comme dans toutes les inversions de valeurs et de langage que nous sert la Macronie depuis 7 ans, c’est le ralliement du bloc bourgeois à l’extrême-droite identitaire. Comme dans tout ce qu’ils font : la destruction du langage comme alibi. Discuter du fond est une perte de temps.
Je pense au contraire que c’est fondamental : cette accusation est de nature à faire reculer les électeurs républicains pas de gauche… et on va vachement avoir besoin d’eux.
Tu sous-estimes gravement sa place comme argument ni-ni.
Et comme méthode préfasciste de criminalisation des idées de gauche.
Mon père et ses potes de droite historique ont décidé de faire barrage, parce que pour eux, le fascisme, c’est un concept qui leur parle encore, c’est une réalité qu’ils ont vécu. C’est pour cela qu’on ne peut pas réellement leur faire avaler que Bardella, il est mignon, il est gentil.
Mais si on leur fait avaler qu’on est des antisémites, on les perd.
Sinon, double effet Kisscool : on ne parle plus de Gaza que de manière secondaire, et systématiquement sous le prise de l’imputation (avérée ou qu’on réfute) de l’antisémitisme de gauche.
LFI avait réussi à mettre Gaza dans la campagne, désormais c’est plié on ne parle plus que d’antisémitisme. (Vu une interview d’Alain Gresh sur Regards à propos de la Palestine, l’interviouweur avait absolument tenu à terminer la discussion en balançant que la gauche était « à poil sur la question de l’antisémitisme » – alors que le sujet de l’invitation était le bouquin d’Alain sur la Palestine et le massacre à Gaza). L’ami Davduf multiplie les « débats » entre Simon Assoun et Arié Alimi, apparemment on est censés se passionner pour les discussions entre Tsedek et Golem (je dis pas que c’est pas intéressant, mais il y a un génocide en ce moment, et on ne parle plus que de savoir si LFI sont antisémites).
@monolecte Ce sur quoi on est d’accord en revanche, c’est que le but est bien de préparer (dès maintenant) le futur ralliement officiel de la Macronie au RN.
Par contre je comprends ton père et ses potes, mais je pense qu’on est déjà malheureusement dans l’anecdotique. Les gens de droite (et notamment les gens de droite du sud), ils sont déjà prêts à voter RN au second tour, et en tout cas à s’abstenir. Les électeurs de droite prêts à voter à gauche pour « faire barrage », hum…
(Je t’avoue que je vais même pas te faire de la sociologie des familles, parce que je préfère rigoureusement éviter le sujet avec ma propre famille…)
D’accord avec Arno. La droite est dans le classique « plutôt Hitler que Blum ». L’antisémitisme est superflu pour l’élection, c’est à la rigueur la cerise sur le gâteau, mais rien de plus.
D’ailleurs, j’ai appris en famille que LFI est l’équivalent fonctionnel du NKVD. Un tel niveau de stupidité implique un vote RN au second tour, l’abstention au mieux.
On a beaucoup glosé sur la stupidité de la macronie, mais leur électorat est à leur image (plutôt l’inverse en fait), incapable de réfléchir 5 minutes et dénué de tout sens moral. Ce sont les mêmes passions tristes et sales de la bourgeoisie de 1936.
Etre juif et de gauche dans la France qui implose. Second débat.
Simon Assoun, porte-parole du collectif juif décolonial Tsedek, et Arié Alimi, auteur de Juif, français, de gauche… dans le désordre (La Découverte) ont tenu parole. Après un premier débat Au Poste, le 6 mai dernier, qui a vu se confronter leurs points de vue, les voilà de retour — comme promis. Et cette fois, en public.
par David Dufresne et Euryale
17 juin 2024
▻https://www.auposte.fr/etre-juif-et-de-gauche-dans-la-france-qui-implose-second-debat
Rosenstraße
►https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Rosenstra%C3%9Fe
... puis « le peuple allemand s’est opposé contre l’assassinat des juifs dans la Rosenstraße mais n’a rien pu faire contre les méchants Gestapos », et « là il va falloir rendre sa dignité aux peuples europeens (sauf aux Russes incultes) et se libérer des muselmans trop envahissants ... ».
Vive l’Europe, quel bel avenir sous le régime des von der Leyen !
Au fond on aime bien le crypto-fascisme, c’est tellement comfortable. Il permet de se réclamer de tout ce qui est bon et valeureux y compris le militantisme philosemite sans limites ni compromis.
Ces intellos et médiatiques de gauche ont vachement gambergé - ça aide parait-il à éviter de tenir compte des propos plus ou moins répétés de tel ou tel - et conclu : il n’y a d’antisémitisme qu’à droite.
#LFI #gauche #systémiquetamère #antisémitisme #propagande #propagande_électorale
Tribunes et contre-tribunes.
Arié Alimi et Vincent Lemire : « L’antisémitisme de gauche connaît une résurgence incontestable, mais il est instrumentalisé pour décrédibiliser le Nouveau Front populaire »
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/06/20/arie-alimi-et-vincent-lemire-l-antisemitisme-de-gauche-connait-une-resurgenc
Il n’y a pas d’équivalence entre l’antisémitisme contextuel, populiste et électoraliste, utilisé par certains membres de La France insoumise, et l’antisémitisme fondateur, historique et ontologique du Rassemblement national, affirment l’avocat et l’historien, dans une tribune au « Monde ».
« Une partie de la gauche radicale a disséminé un antisémitisme virulent et subverti les valeurs qu’elle prétend défendre »
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/06/21/une-partie-de-la-gauche-radicale-a-dissemine-un-antisemitisme-virulent-et-su
Une cinquantaine d’intellectuels et universitaires, parmi lesquels Michelle Perrot, Pascal Ory, Judith Lyon-Caen ou Christophe Prochasson, s’inquiètent de la montée de l’antisémitisme depuis le 7 octobre et de sa diffusion dans les universités.
Le Monde dans ses œuvres : deux tribunes qui font mine de s’opposer, mais partent toutes deux du principe que la gauche politique diffuse volontairement l’antisémitisme. La première dénonce l’antisémitisme sans donner d’exemples de ce dont elle parle (elle se contente de reprendre un chiffrage du CRIF), et la seconde donne une liste basée sur la confusion entre israéliens et juifs (ce qu’elle prétend dénoncer en début de paragraphe). Et cela en pleine tourmente après le viol d’une gamine que la doxa médiatique a décidé d’instrumentaliser contre la gauche.
La tribune Alimi/Lemire se conclut par « une inspiration » : un bel exemple de vivre-ensemble israélien pour contrer l’extrême-droite en 2021 (on ne va pas dire que c’est un échec, on va dire que ça n’a pas marché). Alors défendre la gauche en disant qu’elle fait de l’antisémitisme pour plaire aux électeurs arabes, pour finalement inviter à s’inspirer d’Israël, je ne sais pas où on va.
Le Monde n’irait pas demander son avis à Simon Assoun.
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Chez Libé, pas plus original, on va aussi chercher Golem pour lier « la gauche » au viol d’une gamine : Rassemblement contre l’antisémitisme : à Paris, des manifestants juifs déçus par la gauche
▻https://www.liberation.fr/societe/rassemblement-contre-lantisemitisme-a-paris-des-manifestants-juifs-decus-
Libé n’irait pas demander son avis à Tsedek. La seule mention récente de Tsedek dans Libé, c’est un coup de pelle en passant du très « diplomate » Haïm Korsia :
▻https://www.liberation.fr/portraits/haim-korsia-a-la-vie-20240611_WHPFIDXYCRBZ7F4SMX667PS4EI
De Tsedek ! collectif juif décolonial favorable à « une Palestine libre de la mer au Jourdain », il dit que « si la Torah nous enseigne de ne pas faire “des clans et des clans”, force est de constater que chacun a ses idiots utiles ». Le rabbin est un diplomate.
Face aux accusations d’antisémitisme : une réponse collective
▻https://www.humanite.fr/en-debat/antisemitisme/face-aux-accusations-dantisemitisme-une-reponse-collective
Il répand tout d’abord des contre-vérités qui ont été largement démontrées comme telles, par exemple sur cette « étudiante juive empêchée d’entrer dans un amphithéâtre ». Et pourtant, cet aspect n’est pas même le plus grave dans ce texte. L’axe de son argumentaire est qu’il n’y aurait pas de génocide à Gaza et qu’en nommant ainsi l’abominable qui s’y produit, la « gauche radicale » alimenterait l’antisémitisme. Il y a tant de lourdes erreurs mais aussi de fautes morales dans cette accusation. Est évoqué « l’amalgame entre les juifs et Israël ou entre les Israéliens » ; en réalité c’est bien cette tribune qui fait cet amalgame et le nourrit : la gauche ici condamnée n’a jamais fait cela. Les signataires reprennent purement et simplement l’accusation d’antisémitisme adressée au moins depuis les années 1960 à toute critique de la politique coloniale israélienne. Les juives et juifs ne sont en rien assimilables à Israël ; partout dans le monde ont lieu des manifestations pour exprimer avec force « Pas en notre nom ! » En Israël même, des rassemblements et marches considérables demandent l’arrêt des massacres.
Ludivine Bantigny indique le le Monde n’a pas daigné publier cette tribune :
▻https://x.com/LBantigny/status/1806218354719400047
Plus de 80 chercheuses et chercheurs, juristes, artistes, écrivain-es (dont une prix Nobel de littérature) répondant de manière précise et documentée. Et nous recevons du Monde une réponse-type sur un manque de place. Ça serait comique si la situation n’était pas tragique.
Un thread de Poupée de chiffon à propos de la tribune d’Alimi et Lemire :
▻https://x.com/DanielB43940761/status/1805865828279034216
Bon, j’ai enfin lu cette tribune problématique, une tentative pour accorder la théorie du nouvel antisémitisme (la gauche et le soutien à la Palestine comme carburants de l’antisémitisme) avec le refus de sa conséquence, à savoir la banalisation de l’extrême droite. Thread
Quand on fait comme si ça n’existait pas, la réalité finit par vous péter à la figure :
*Tweets antisémites : La France insoumise retire l’investiture à Reda Belkadi dans la circonscription de Blois*
▻https://www.lanouvellerepublique.fr/blois/tweets-antisemites-la-france-insoumise-retire-l-investiture-a-r
La France insoumise s’en explique dans un communiqué de presse : « Le comité électoral de La France insoumise a été informé ce jour de tweets à caractère antisémite publiés il y a six ans par un candidat investi aux élections législatives. Après vérification, il constate que ce candidat a en effet violé la charte d’engagement signée par l’ensemble des candidats investis par La France insoumise (...)
(vous pourrez aussi lire dans cet article les “excuses” du gars si ça vous dit… c’est la faute à la jeunesse déboussolée)
Moi je suis dans la 3eme circo, pas dans la première, donc j’ai encore un candidat, mais bon… tu sens l’organisation qui est vraiment au top.
@arno : bah non. J’crois pas ...
▻https://threadreaderapp.com/thread/1805865828279034216.html
Merci @sombre ; threadreaders a des règles aléatoires, parfois ça marche, parfois pas.
Rien de spécialement « débridé », au contraire de la « haine antijuive ». Aucune mention de l’islamophobie non plus, qui est pourtant au moins aussi débridée, et beaucoup plus invisibilisée, y compris à gauche dans la liste Glucksmann qui a eu les suffrages des auteurs .
Ah. Ce serait donc du campiste. Arié Alimi ne s’exprimerait que par campisme primaire. Dans un moment aussi important, à la façon du premier Ruffin venu, il se permettrait de faire du campisme ? Même Jadot semble avoir compris l’importance du moment. Mais là, désormais, ça touche les alliés supposément les plus raisonnables. Comme sur Mastodon, où tu as des crétins qui ne se rendent pas compte qu’ils agissent comme des forceurs particulièrement obtus, quand dans un fil, ils persévèrent à dire « mais pourquoi mélanchon y se met pas en retrait, et pourquoi y faudrait pas le dire, et pourquoi vouzêtes pas d’accord avec moi, et cépapareil, lui on peut lui taper dessus, cépagrave, yfaupafaire de compromis avec lui ».
N’empêche que je note que les expressions d’antisémitisme crasse, quand elles existent, sont condamnées, à gauche. Comme d’ailleurs le fait de battre sa femme. On peut toujours faire la fine bouche, et dire que ça n’a pas été assez rapide, qu’on n’y a pas passé assez de temps, revenir 100 fois dessus en disant que ces condamnations sont hypocrites. Le fait est qu’une sorte de cordon sanitaire existe. Et comme le dit Michel Dreyfus, l’antisémitisme, le racisme ou la culture du viol, c’est sans doute présent, évidemment, hélas, mais ça ne constitue pas le socle idéologique du progressisme et des mouvements qui lui sont liés, et ce socle est plutôt officiellement en lutte contre ces différents fléaux.
Donc les faux alliés, il faut les tolérer, mais ils sont lourds, et parfois, on se demande s’ils ont un tant soit peu de sens du moment.
Pourquoi les Mayas sacrifiaient-ils les jumeaux ? Une récente étude propose une nouvelle hypothèse
▻https://www.science-et-vie.com/science-et-culture/archeologie/pourquoi-les-mayas-sacrifiaient-ils-les-jumeaux-une-recente-etude-pr
En 500 ans les Mayas auraient sacrifié pas moins de 64 enfants à l’occasion de cérémonies. Mais alors, pour quelle raison cette ancienne civilisation tuait-elle des garçons et surtout des jumeaux ?
EN BREF
Une étude publiée sur Nature révèle que les Mayas pratiquaient le sacrifice d’enfants, principalement des garçons, pour les offrir aux dieux durant l’Antiquité.
Les corps, découverts à Chichén Itzá en 1967, montrent des liens de parenté et un régime alimentaire commun, suggérant une sélection locale des victimes.
L’étude souligne une possible vénération des jumeaux chez les Mayas, inspirée du Popol Vuh, remettant en question le choix des victimes de sacrifices.
Une nouvelle étude publiée sur le site Nature met en évidence le fait que les Mayas tuaient des enfants et plus particulièrement des garçons afin de les offrir aux dieux durant l’Antiquité.
Comprendre une période ancienne
Les corps étudiés ont été retrouvés à Chichén Itzá en 1967, dans un chultún, un réservoir souterrain dans lequel se trouvait une citerne d’eau menant au royaume des dieux. Ils appartiendraient à des garçons âgés de 3 à 6 ans et un grand nombre d’entre eux présenterait des similitudes sur le plan biologique. Les enfants auraient été sacrifiés deux par deux, ces paires étant parfois constituées de membres de la même famille.
Pour étudier au mieux ce que les os pouvaient leur apprendre, les chercheurs de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive ont réalisé une analyse génétique à l’aide d’une datation carbone. Celle-ci a permis d’apprendre que les ossements avaient été enterrés entre le VIIe et le XIIe siècle.
Une obsession pour les jumeaux ?
Parmi ceux-ci il y avait des personnes ayant un lien de parenté et même plusieurs jumeaux.
« Comme de tels jumeaux n’apparaissent spontanément que chez 0,4 % de la population générale, la présence de deux paires de vrais jumeaux dans le chultún est beaucoup plus élevée que ce que l’on pourrait attendre du hasard », soulignent les auteurs de l’étude.
Ce qui a permis de lier les corps entre eux et de découvrir leur lien de parenté est le fait que les garçons ayant fait l’objet d’un sacrifice semblaient suivre le même régime alimentaire. Les chercheurs ont réussi à l’identifier en réalisant une analyse des rapports isotopiques. Cette dernière a également permis de comprendre que les enfants provenaient tous de communautés locales.
Chichén Itzá, un lieu de coutumes
En plus d’être une grande ville influente, Chichén Itzá, ce site archéologique situé dans la péninsule du Yucatán au Mexique, est également réputé pour être un lieu dans lequel de nombreux meurtres ont eu lieu. En effet, la mort était le sacrifice ultime pour les Mayas.
« Le but initial des chultuns était de stocker de l’eau douce. Celui-ci avait été transformé en une chambre funéraire adjacente à une petite grotte naturelle. Le chultun et la grotte étaient tous deux remplis de restes humains », a déclaré l’archéogénéticien Rodrigo Barquera .
Les chercheurs ont émis une hypothèse concernant l’importance des jumeaux pour les Mayas : inspirée du livre Popol Vuh, considéré comme une Bible durant l’Antiquité. Celui-ci raconte l’histoire des « jumeaux héros » Hunahpu et Xbalanque qui auraient combattu les dieux à de multiples reprises.
Popol Vuh - Aguirre
▻https://www.youtube.com/watch?v=4DdVTwPt794
▻https://de.m.wikipedia.org/wiki/Popol_Vuh_(Band)
Die Band wurde zunächst von Liberty Records unter Vertrag genommen, wo man sich in Gesellschaft von Amon Düül und Can befand, und wo noch im Gründungsjahr 1970 die von Gerhard Augustin produzierte Debüt-LP Affenstunde vorgelegt wurde. Die ersten beiden Alben von Popol Vuh sind geprägt durch den Klang von Perkussion und des legendären Moog III-Synthesizers, der später an Klaus Schulze abgetreten wurde. Das zweite Album In den Gärten Pharaohs erschien 1971 auf Rolf-Ulrich Kaisers Pilz-Label und ist zur Hälfte live in einer Kirche eingespielt. Beim dritten Album Hosianna Mantra (1972) stießen Conny Veit und die koreanische Sängerin Djong Yun zur Stammbesetzung. Yun war auch auf dem übernächsten Album Einsjäger & Siebenjäger von 1975 zu hören, das auf Rolf-Ulrich Kaisers neuem Plattenlabel Kosmische Musik erschienen ist.
Die 1970er Jahre gelten als produktivste Phase von Popol Vuh. Neben Studioalben und seltenen Live-Auftritten wurde die Band durch ihre Zusammenarbeit mit dem Regisseur Werner Herzog bekannt, für dessen Filme wie Aguirre, der Zorn Gottes, Nosferatu – Phantom der Nacht, Herz aus Glas oder Fitzcarraldo sie die Soundtracks schuf. Kennzeichnend für Aufnahmen aus dieser Zeit ist die Verwendung der Choir Organ, einer Einzelanfertigung. Dieses Mellotron-ähnliche Vorläuferinstrument späterer Sampler ermöglichte es, durch Tapetechnik Chorstimmen oder Orchesterklänge in den Klang der Band zu integrieren.
Über die Herkunft und den Verbleib des Instruments gibt es seit den 1980er-Jahren keine gesicherten Erkenntnisse und auch keine fotografischen Dokumente mehr. Es wurde in den 1970ern von mehreren Personen der Münchner Musikszene verwendet und ist z. B. auf Alben von Amon Düül II (Wolf City oder Tanz der Lemminge) und Klaus Doldinger zu hören.
#mayas #musique_psychédélique #Krautrock #Werner_Herzog #popol_vuh
Trouvé sur ▻https://mythologica.fr/maya/hunhun.htm
Les fils de Hun Hunahpu, les jumeaux et Hun Batz et Hun Chouen appréciaient le jeu de dés, mais encore plus le jeu de balle. Cependant, le bruit qu’ils faisaient en jouant contre le mur de pierre de l’aire de jeu exaspérait les seigneurs de Xibalba. Ils attirèrent donc Hun Hunahpu et Vucub Hunahpu à Xibalba chez eux, où ils les défièrent au jeu de balle.
Piégés, les jumeaux perdirent la partie et furent sacrifiés.
Les seigneurs du monde souterrain enterrèrent leurs corps décapités sous le terrain de jeu de balle
Xquic devant l’arbre à calebassesLa tête de Hun Hunahpu tranchée fut suspendue en trophée parmi les fruits d’un arbre à calebasses qui ressemblent à des têtes humaines.
Xquic, la fille d’un des seigneurs du Monde souterrain, se laissa un jour tenter par les fruits de l’arbre interdit. Alors qu’elle se demandait à haute voix si elle allait ou non cueillir des fruits, la tête l’entendit et cracha dans la main de la jeune fille.
Elle en tomba enceinte et donna naissance aux héros jumeaux Hunahpu et Xbalanque, qui plus tard reviendront à Xibalba pour venger la mort de leur père et de leur oncle.
Merci @klaus. Il y a longtemps (fin des 70’s) j’avais vu ce film de Werner Herzog. Le personnage incarné par Klaus Kinsky m’avait tout à la fois fasciné et effrayé.
Quant à Popol Vuh (nom tiré d’un livre sacré chez les Mayas), j’avais découvert ce groupe au cours d’un séjour en Allemagne en 1974. Planant. A l’époque, on était un petit groupe à s’halluciner la tête avec le « rock allemand » : Amon Düül, Tangerine Dream, Klaus Schulze, Neu, Faust, Ash Râ Tempel, etc.
J’ai numérisé tout ça et mis en archive à bonne température. Ça m’arrive encore de déguster tous ces vieux trucs comme des vins rares.
Après le désastre du 9 juin, face au défi - AOC media
▻https://aoc.media/opinion/2024/06/12/apres-le-desastre-du-9-juin-face-au-defi
D’abord s’unifier. Dès le mardi 11 au matin, Raphaël Gluksmann refusait l’alliance avec LFI, et son entourage Place Publique accusait sa négociatrice d’avoir « dilapidé en quelques heures tout l’acquis de la campagne Glucksmann », aveu implicite du caractère fragile (parce qu’artificiel) du succès de la liste PS/PP. Bon. On comprend l’amertume de Raphaël Glucksmann qui devait se réveiller chaque matin dans l’angoisse de découvrir dans la presse le tombereau d’insultes quotidiennes que La France Insoumise avait déversé contre lui, comme elle l’avait fait cinq ans plus tôt contre Yannick Jadot. Comme disait le très intelligent Président Giscard d’Estaing, « En matière de haine, il n’y a que la dernière couche qui compte », mais la difficulté est ici que la campagne européenne est précisément la dernière couche. Et la répugnance de Glucksmann entre en résonnance, à l’autre extrémité de son électorat, avec le rejet par la moitié des cadres socialistes de la NUPES de 2022. Heureusement, les militants et sympathisants de gauche ou écologistes hurlent comme en 1934 « Unité ! Unité ! » et sauront bien imposer un Front Populaire à leurs dirigeants.
Ce qui nous conduit à la seconde difficulté : en 1936 le Front Populaire était effectivement populaire. En 2024, les électeurs populaires sont déjà RN. Le seul vivier, ce sont les abstentionnistes, un peu moins de la moitié de l’électorat. Soit on pense que ceux qui ne votent pas auraient voté comme les votants, et alors c’est perdu. Soit on pense que ce sont des électeurs « déçus des politiciens de droite comme de gauche », et alors leur tendance spontanée est de sortir de leur grève démocratique en votant RN. Ils et elles ne peuvent être mobilisés vers la gauche que par un programme suffisamment radical pour leur faire regagner ce qu’ils ont perdu depuis 30 ans. D’où la judicieuse proposition de Glucksmann : présenter Laurent Berger comme candidat Premier ministre. Il est incontestablement l’incarnation du dernier mouvement social, la lutte contre la réforme macroniste des retraites, et dans le même ordre d’idée les Verts pourraient mettre en avant Priscilla Ludowski, visage pacifique des Gilets Jaunes…
Troisième problème : face à l’Arc NaCA, un front populaire ne suffit pas (encore une fois : 32 % face à 38%), il faut un front républicain, il faut gagner les centristes au second tour. Un front républicain ne se négocie pas, il se décrète unilatéralement, par éthique et sens politique, en espérant que le concurrent centriste sera mis au défi d’en faire autant. Mais les candidats LFI, par exemple, seront-ils capables de proclamer « Si je suis 3e et le macroniste second au premier tour, j’appellerai à voter pour lui au second tour, et j’invite mon concurrent à prendre la même engagement » ? Hum… Et de plus, ce souci du second tour ne doit pas conduire à édulcorer le programme du premier tour, ce qui empêcherait de mobiliser les abstentionnistes de gauche.
La gauche avait eu un problème similaire en 1981. Il fallut toute l’habileté de François Mitterrand pour se présenter, au premier tour, en signataire du Programme commun largement inspiré par le Parti communiste (nationalisation de toutes les banques et des grandes entreprises, ce que même LFI n’a jamais osé proposer) ; et au second tour comme « la Force tranquille ».
Y a-t-il aujourd’hui un leader qui en soit capable ? Il faut l’espérer. Sinon, l’avenir est extrêmement sombre.
et cette saillie contre Macron
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#gauche #abstention #populaire
edit comme c’est sous paywall je ne peux pas voir à quel point Lipietez est à la masse, mais Berger, représentant du refus de la réforme des retraites, j’ai cru à une blague et puis non.
Lipietz a bien souvent effectivement été bien à la masse. Un de ceux qui masquent leurs renoncements en accusant les autres d’être méchants et bien moins intelligents que lui.
(Ça vient de tomber du camion)
« L’abstention ne constitue plus un obstacle à la victoire électorale du Rassemblement national »
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/06/12/l-abstention-ne-constitue-plus-un-obstacle-a-la-victoire-electorale-du-rasse
À peine plus d’un inscrit sur deux s’est déplacé le 9 juin pour prendre part à l’élection des députés français au Parlement européen (51,4 %). Si la participation a gagné un point et demi par rapport à 2019, ce qui frappe reste la stabilité de l’#abstention à un niveau très élevé dans ce scrutin traditionnellement peu mobilisateur. Il en résulte qu’aucune liste n’a massivement séduit les citoyens : la liste gouvernementale conduite par Valérie Hayer n’a rassemblé que 7,3 % des inscrits, la liste Parti socialiste-Place publique de Raphaël Glucksmann 6,9 %, et même celle du Rassemblement national (#RN), grand vainqueur du scrutin, ne représente que 15,7 % des inscrits.
Dans un contexte où la France qui vote est minoritaire, les facteurs sociodémographiques de la participation ont joué à plein. Le 9 juin, les catégories âgées, les catégories les plus diplômées et les plus aisées ont davantage voté que les plus jeunes, les plus fragiles et les moins diplômées. Comme le montrent les sondages, le différentiel de participation a été d’environ 30 points entre la tranche d’âge la moins votante, les 18-34 ans, et la plus votante, les 60-75 ans. Les enquêtes confirment également la mobilisation plus massive des cadres, par comparaison avec celle des ouvriers et des employés.
Le revenu est également hautement prédictif de la participation au vote de dimanche : là aussi, l’écart entre les plus bas revenus – inférieur ou égal à 1 000 euros – et les plus hauts revenus – plus de 5 000 euros – est d’environ 30 points de participation. D’un scrutin à l’autre, les logiques sociales de l’abstention sont d’une régularité impressionnante, et, dans cette perspective, rien n’est plus facilement prévisible que la sociologie de l’abstention et, par conséquent, puisqu’elle est en quelque sorte son image inversée, de la participation.
Le 9 juin à 20 heures, comme lors de chaque scrutin, c’est dans les périphéries jeunes et populaires des grandes agglomérations métropolitaines que l’on a le moins voté : 10 points de moins qu’en moyenne nationale à Roubaix (Nord) ou Vaulx-en-Velin (Grand Lyon). A l’intérieur de ces territoires, les bureaux de vote des quartiers de grands ensembles ont enregistré une abstention encore plus élevée : un quart de votants seulement dans le bureau de la cité des Cosmonautes [à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis], que nous étudions depuis 2002.
Forte abstention structurelle
Symétriquement, les bureaux de vote des centres-villes ou des périphéries bourgeoises, à la fois plus âgés et plus aisés, ont enregistré un taux de participation de 10 points supérieurs à la moyenne, comme à Versailles, Arcachon [Gironde] ou Paris centre. Les mondes ruraux plus âgés et mieux inscrits sur les listes électorales, parce que plus stables géographiquement, ont également confirmé leur plus forte disposition à voter.
Dans ce contexte marqué par une forte abstention structurelle, le score impressionnant du RN est d’autant plus remarquable. Pendant longtemps, les scrutins de second ordre ont été défavorables au Front national devenu Rassemblement national. Jean-Marie Le Pen faisait ses meilleurs scores à la présidentielle et sous-performait lors d’un scrutin tel que les européennes. La sociologie de l’électorat frontiste expliquait une bonne part du phénomène : plus populaire, plus ouvrier, moins diplômé, plus urbain aussi, cet électorat était plus difficile à mobiliser lors d’élections de faible intensité, a fortiori pour un parti sans grande implantation locale.
La perspective d’une alternance à venir a consolidé son socle électoral. En atteste le très bon report des voix obtenues par le RN en 2022 au profit de la liste conduite par Jordan Bardella, de l’ordre de 85 %. En attestent également la certitude de choix et la détermination à se rendre aux urnes de cet électorat, plus élevée que la moyenne. Le RN a, de toute évidence, été porté par une dynamique politique. Mais, dans le contexte abstentionniste de dimanche, ce score historique s’explique surtout par les mutations sociologiques de son électorat. On peut même considérer que ce score constitue, par lui-même, la preuve empirique de cette grande transformation.
Séquence électorale inédite
Ces dernières années, l’expansion électorale du RN s’est réalisée en grande partie sur les segments de l’ancien électorat de la droite. En schématisant, le RN « normalisé » de Marine Le Pen a très largement prospéré au sein de la coalition électorale qui avait porté Nicolas Sarkozy au pouvoir, dans les classes moyennes, chez les retraités, dans les mondes ruraux. Parmi les électeurs qui avaient soutenu Nicolas Sarkozy en 2007 et ont voté le 9 juin, quatre sur dix l’ont ainsi fait en faveur de la liste conduite par Jordan Bardella.
Cette évolution se vérifie dans toutes les enquêtes. Ce ne sont plus seulement les artisans, les commerçants, les ouvriers les moins qualifiés et les employées sans diplôme qui placent le RN en première position quand ils votent. Ce sont également les classes moyennes propriétaires de leur résidence principale en périphérie urbaine, les agriculteurs, les entrepreneurs et les retraités résidant dans les villes moyennes et à la campagne.
Tout cela entraîne des conséquences sur le profil sociologique des électeurs : dimanche, le RN a obtenu plus de 30 % des voix parmi les 65-74 ans et 24 % des voix parmi les individus dont les revenus sont supérieurs à 3 000 euros mensuels. A la manière de ce qu’on observe aux Etats-Unis au sein de l’électorat républicain ou en Italie au sein de l’électorat de Giorgia Meloni, le RN est devenu, de fait, un parti interclassiste et intergénérationnel, surreprésenté, et ce n’est pas un détail en matière de participation, dans les mondes ruraux. Compte tenu de cette profonde transformation, l’abstention alimentée par les facteurs sociodémographiques ne constitue plus un obstacle à la victoire électorale du RN.
La séquence électorale inédite des 30 juin et 7 juillet s’annonce donc particulièrement risquée pour la majorité présidentielle qui a, en quelques années, perdu sur ce plan une bonne part de l’avantage concurrentiel dont elle disposait face au RN. Le résultat de ces législatives 2024 pourrait donc se jouer sur des facteurs beaucoup plus strictement politiques qu’à l’accoutumée et donner paradoxalement à la campagne improvisée qui se prépare une importance primordiale.
Céline Braconnier est professeure des universités en science politique, directrice de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, chercheuse au Cesdip-CY Université.
Jean-Yves Dormagen est professeur de science politique à l’université de Montpellier, président de Cluster 17.
#sociologie électorale
Oups, mon collègue est devenu RN… ou la « ciottisation » de la vie professionnelle, Nicolas Santolaria
▻https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2024/06/20/oups-mon-collegue-est-devenu-rn-ou-la-ciottisation-de-la-vie-professionnelle
« Work in progress ». Hier encore, ils sifflotaient « Le Chant des partisans » à la cantine. Aujourd’hui, les mêmes n’hésitent plus à clamer « Vivement Bardella ! ». La submersion idéologique touche désormais tous les milieux.
Nous vivons un moment troublant de « ciottisation » de nos vies professionnelles. Président des Républicains – ayant proposé une alliance au Rassemblement national pour les élections législatives anticipées rejetée par les autres responsables du parti –, Eric Ciotti est emblématique de ces collègues que vous pensiez il y a peu encore indéfectiblement allergiques à l’extrême droite, et qui s’affichent désormais tout feu, tout flamme, pour le RN.
Bien entendu, chacun est libre de ses opinions mais, dans les faits, beaucoup d’entreprises ou d’institutions fonctionnaient jusqu’alors comme des cocons idéologiques, représentant des communautés de valeurs plus ou moins implicites. Cet entre-soi – questionnable, bien entendu – opérait également à une échelle catégorielle plus large : la sociologie du vote d’extrême droite, traditionnellement ancrée chez les employés et les ouvriers, a longtemps pu laisser penser aux membres de groupes sociaux plus favorisés que le RN, c’était ailleurs, que le RN, c’étaient les autres.
Depuis les résultats des élections européennes, le 9 juin, où la liste emmenée par Jordan Bardella a recueilli 31,6 % des suffrages, ce sentiment rassurant s’est dissipé : d’après une enquête Ipsos réalisée les 6 et 7 juin 2024, le RN a progressé, entre 2019 et aujourd’hui, de 13 % à 20 % chez les cadres, tout en renforçant son socle traditionnel. Le RN est ainsi devenu le premier parti des salariés (36 % des voix), dans le public (34 %) comme dans le privé (37 %). Croiser à la cafèt un type qui porte un tee-shirt « Jordan je t’aime » sous sa chemise n’est donc plus une hypothèse farfelue, et la suspicion est désormais de mise. « Là, j’ai la haine. Je me rappelle de mon collègue, ce fumier qui tenait des propos tendancieux, je suis sûr à 99 % qu’il a voté RN », s’énervait un utilisateur de X au lendemain des européennes.
Mue traumatisante
Cette mue traumatisante du collègue lambda en électeur d’extrême droite constitue la scène inaugurale de l’enquête prophétique Les Grands-Remplacés (Arkhê, 2020), de Paul Conge. Le journaliste y évoque notamment Joël, informaticien toulousain un peu gris, fils de socialistes, qui finit par se persuader que son monde est gangrené par l’immigration et le renoncement. Il se met alors à la muscu : « Happé progressivement par la propagande radicale de la “dissidence” sur Internet, il déroule désormais son “prêt-à-penser” sur ses collègues, ces “bobos” aux “corps de lâches”. »
Le plus déstabilisant en la matière est la progression de cet agglomérat d’idées rances dans des univers qui y étaient jusqu’alors totalement étanches. Dispensant des formations dans les univers professionnels pour dénoncer l’« imposture sociale » du Rassemblement national, l’association intersyndicale Visa (pour Vigilance et Initiatives syndicales antifascistes) tente d’enrayer la séduction que ce parti opère, depuis son ravalement de façade, sur des publics historiquement ancrés à gauche. Car, manifestement, les « cordons », les « barrières », les « barrages » et autres vocables incantatoires d’endiguement ne suffisent plus à empêcher la submersion idéologique du « populisme Ultrabrite ». Y compris dans l’esprit de ceux qui, l’an dernier encore à la cantine, sifflotaient Le Chant des partisans.
Nicolas Santolaria
« La question décisive est de savoir dans quelle proportion l’électorat de gauche se mobilisera »
►https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/06/21/legislatives-la-question-decisive-est-de-savoir-dans-quelle-proportion-l-ele
Les commentateurs ont dit et répété que la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), forgée dans l’urgence afin d’éviter la débâcle aux législatives de 2022, avait été définitivement enterrée durant la campagne des européennes. Le 9 juin au soir, la #gauche paraissait à ce point divisée que le président fit – selon toute vraisemblance – le calcul qu’elle ne s’en relèverait pas, offrant à Renaissance un boulevard pour un troisième duel (après 2017 et 2022) avec le Rassemblement national.
Une semaine plus tard, ce scénario semble pourtant pouvoir être déjoué. Sous la menace de l’#extrême_droite et grâce à la pression de la société civile, mais aussi des organisations de jeunesse des partis politiques, les dirigeants de ces derniers sont parvenus à trouver un accord. La donne s’en trouve bouleversée : au second tour, le Rassemblement national (#RN) pourrait devoir ferrailler avec le Nouveau Front populaire (#NFP), et non avec la majorité présidentielle. Le NFP sera-t-il en mesure de transformer l’essai ?
Si l’on projette le résultat des élections européennes du 9 juin sur les législatives du 30 juin, c’est-à-dire si les résultats du 30 juin étaient strictement équivalents à ceux du 9 juin, on obtient le résultat suivant : au second tour, 461 des 577 circonscriptions donneront lieu à un duel Rassemblement national-Nouveau Front populaire.
L’unité paye
Si la gauche était restée divisée, le scénario aurait été radicalement différent : il y aurait seulement 236 duels entre le RN et une force de gauche au second tour, et 275 duels RN-Renaissance au second tour. Autrement dit : l’unité paye, elle permet à la gauche d’être deux fois mieux représentée au second tour et de disputer la victoire finale à l’extrême droite.
Bien sûr, cet exercice de politique-fiction doit être manié avec précaution : les enjeux du 30 juin ne sont pas les mêmes que ceux du 9 juin, les règles de scrutin diffèrent et la temporalité de la campagne législative n’a rien à voir avec celle des européennes. Par ailleurs, nous sommes dans une situation électorale inédite : pour la première fois depuis la réforme du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral (en l’an 2000), les #législatives ne seront pas une ratification du résultat de la présidentielle, une simple formalité pour l’exécutif.
Malgré ces inconnues, il faut affronter la question : l’électorat de gauche suivra-t-il les partis dans leur aspiration à l’unité ? L’accord par le haut entre appareils politiques se prolongera-t-il par un plébiscite par le bas de la part des citoyens et citoyennes ? Il convient ici de rappeler trois faits.
Premièrement, au cours des deux dernières décennies, les électeurs de gauche se sont montrés plus unitaires que les candidats et les partis pour lesquels ils votaient. La Nupes en 2022, le Nouveau Front populaire, aujourd’hui, sont d’abord des réponses à des demandes, formulées depuis longtemps, par le peuple de gauche, et renouvelées dès le 9 juin au soir à travers une série de rassemblements spontanés.
La lutte contre le terrorisme
Une deuxième donnée à avoir en tête est qu’il existe désormais, au sein de l’électorat de gauche, une importante volatilité. D’un scrutin à l’autre, des fractions significatives du peuple de gauche changent de bulletin. La logique du _vote utile s’est généralisée.
Pour donner quelques exemples de cette fluidité : 35 % des électeurs de Mélenchon au premier tour de 2022 qui sont allés voter le 9 juin 2024 ont glissé un bulletin Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ou PS-Place publique. Réciproquement, 31 % de ceux qui avaient voté pour François Hollande en 2012 ont choisi Mélenchon en 2022. Cette porosité électorale, qui concerne ici le couple PS-LFI, est encore plus prononcée entre LFI et le PC, et entre EELV et le PS.
Une troisième et dernière donnée importante est que, selon de nombreuses enquêtes d’opinion (Baromètre de la confiance politique, European Value Survey), les différents électorats de gauche partagent un large socle de valeurs. Ce qui les rassemble (la lutte contre les inégalités, les droits des minorités, l’attachement à la démocratie, les services publics) est plus fort que ce qui les divise (l’Europe, la laïcité, le nucléaire), même si des nuances existent.
Selon l’enquête effectuée par l’IFOP le soir du 9 juin, la lutte contre le terrorisme préoccupe autant les électeurs de Manon Aubry (43 %) que ceux de Raphaël Glucksmann (46 %) et de Marie Toussaint (42 %) [respectivement LFI, Place publique et EELV].
En revanche, concernant la lutte contre le #racisme et les discriminations, il s’agit d’un enjeu jugé déterminant par 69 % des électeurs « insoumis », contre 49 % des électeurs socialistes et 41 % des écologistes.
Vieillissement et embourgeoisement
La vraie question n’est donc pas de savoir si les électeurs de gauche plébisciteront dans les urnes, le 30 juin, les candidats de l’unité. On peut annoncer sans risque que ceux qui iront voter le feront en faveur de ce Nouveau Front populaire. Il y aura certainement des candidatures dissidentes, comme l’ont déjà laissé entendre d’anciens ministres socialistes, des dirigeants de Place publique et des déçus ou exclus de LFI et des Verts, mais les sondages indiquent que ces échappées solitaires semblent vouées à l’échec.
La question décisive est de savoir dans quelle proportion l’électorat de gauche se mobilisera. L’électorat de gauche (toutes tendances confondues) est globalement plus jeune et plus populaire que celui de Renaissance et du Rassemblement national – le 9 juin 2024, la vraie nouveauté de l’électorat lepéniste est son vieillissement et son embourgeoisement.
Les jeunes votent majoritairement pour la gauche, mais ils votent moins que leurs aînés. Par ailleurs, en 2017 comme en 2022 et en 2024, on constate que la gauche (à nouveau toutes tendances confondues) a son centre de gravité électoral plus proche des #classes_populaires que Renaissance et le RN. Or les jeunes et les classes populaires sont les catégories de la population les plus enclines à s’abstenir.
Les candidats du NFP parviendront-ils à contrer cette #abstention différentielle, à remobiliser leur base en moins de trois semaines ? Cela à la veille des vacances d’été ? Alors que l’extrême droite est galvanisée par son résultat des élections européennes et la promesse d’une arrivée à Matignon, que ses adversaires oscillent entre la stupeur et la sidération ? Et que le dimanche 30 juin pourrait correspondre avec le huitième de finale de l’équipe de France de football ?
Manuel Cervera-Marzal est enseignant-chercheur en science politique à l’université de Liège/Fonds de la recherche scientifique (FNRS), auteur des « Nouveaux Désobéissants : citoyens ou hors-la-loi ? » (Le Bord de l’eau, 2016).
Global Health NOW: ‘World’s Largest Humanitarian Crisis’ Looms in Sudan; Dispelling Dementia Myths in Nigeria; and Latin America’s Abortion Backlash
▻https://mailchi.mp/13f465debe79/global-health-now-worlds-largest-humanitarian-crisis-looms-in-sudan-dispelli
‘World’s Largest Humanitarian Crisis’ Looms in Sudan
Fighting in Sudan has reached a “critical tipping point” as battles for control of North Darfur escalate—and as famine and genocide loom, reports Vox.
From the ground: The paramilitary group Rapid Support Forces has launched a series of assaults to gain control of Al-Fasher—the capital of North Darfur and a last “safe haven” for 2 million civilians.
Attacks on medical facilities: Yesterday, the RSF attacked South Hospital in Al-Fasher, per the AP—opening fire on medical staff and patients.
The Médecins Sans Frontières-supported hospital has endured repeated attacks since May, reports Sudan Tribune.
Ethnic cleansing and violence: If Al-Fasher falls, analysts warn that genocide could threaten millions, according to DW.
A gun and artillery assault by RSF on a village in Sudan’s main farming region killed ~104 people, reports The New York Times (gift link)— including ~35 children.
Sexual violence has been widespread, with girls and women sold at slave markets in RSF-controlled territories, per the U.N.
Famine looms: As aid falters, “time is running out” for millions of Sudanese people facing famine, the U.N. has warned.
Sudan may soon become the “world’s largest humanitarian crisis,” World Food Programme executive director Cindy McCain warned yesterday, per Politico.
Des universités françaises au bord de l’#asphyxie : « Ça craque de partout »
Locaux vétustes, #sous-financement structurel, #pénurie d’enseignants, inégalités sociales et scolaires… Les universités de Créteil, Villetaneuse ou encore Montpellier-III cumulent les difficultés. Le fossé se creuse encore entre les établissements prestigieux et les autres.
A l’#université_Sorbonne-Paris_Nord, sur le campus de Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis, la visite guidée se transforme immanquablement en un passage en revue du #délabrement. Tel couloir ou telle salle, inondés à chaque forte pluie, cumulent vétusté et moisissures sur les murs. Des amphithéâtres aux sièges cassés, des prises abîmées depuis des années, et des vidéoprojecteurs qui, régulièrement, ne fonctionnent pas. Les filets de fortune qui retiennent des bouts de plafond qui s’écroulent au-dessus d’une passerelle reliant plusieurs bâtiments. Cet ascenseur, également, en panne depuis la rentrée, rendant le deuxième étage du département des lettres inaccessible aux étudiants à mobilité réduite.
De façon moins visible, une grande partie des bâtiments contient encore de l’#amiante, plus ou moins bien protégée. « Là ou encore là, le sol est abîmé, montre Stéphane Chameron, maître de conférences en éthologie, membre du comité social d’administration, encarté SUD-Education, en désignant des dalles usées dans des couloirs ou des escaliers. Donc il peut arriver que de la poussière amiantée soit en suspension dans l’air. C’est une #mise_en_danger. »
Selon la Cour des comptes, 80 % du bâti de l’université Sorbonne-Paris Nord est aujourd’hui vétuste. Mais le constat national n’est guère réjouissant non plus, avec un tiers du #patrimoine_universitaire jugé dans un état peu ou pas satisfaisant. « Honnêtement, on a honte de faire travailler les étudiants dans ces conditions » , souligne une des enseignantes de l’établissement qui, comme beaucoup, a demandé à rester anonyme.
En matière d’#encadrement aussi, « la situation est critique », alerte Marc Champesme, chargé du département d’informatique de Paris Nord, membre du syndicat Snesup-FSU. Dans sa composante, le nombre d’étudiants en première année a été multiplié par plus de trois entre 2010 et 2022, et par deux sur les trois années de licence. Dans le même temps, le nombre d’enseignants titulaires n’a pas bougé. « On est maintenant contraints de faire des travaux dirigés en amphi avec soixante étudiants parce qu’on manque de professeurs , réprouve-t-il. Alors même que les pouvoirs publics ne cessent de dire qu’il faut former plus d’informaticiens et de spécialistes de l’IA [intelligence artificielle] , que c’est l’avenir. »
« Sans l’État, ce ne sera pas possible »
Ici, comme dans d’autres facultés, les personnels ont été désespérés par le signal envoyé, en février, avec l’annonce de coupes budgétaires de près de 1 milliard d’euros dans l’enseignement supérieur – en contradiction avec la volonté affichée, fin 2023 par Emmanuel Macron, de « donner plus de moyens » pour la recherche. « On nous disait que l’université serait une priorité, mais cela a vite été oublié. C’est un #délaissement total. Et les premiers à trinquer, ce sont nous, universités de banlieue populaire ou de petites villes déjà en mauvaise forme » , s’exaspère un autre enseignant-chercheur de Sorbonne-Paris Nord.
Cette réalité s’impose comme le signe d’une université française en crise, qui maintient sa mission de service public en poussant les murs, colmatant les brèches et serrant les dents. La conséquence de décennies pendant lesquelles les établissements ont absorbé une augmentation significative de la #population_étudiante, sans que les moyens aient suivi. Entre 2008 et 2021, le nombre d’étudiants a augmenté de 25 %, quand le #budget de l’enseignement supérieur a progressé de moins de 10 %. Quant aux fonds versés par l’Etat liés spécifiquement au #bâti, ils stagnent depuis plus de dix ans.
Désormais, « ça craque de partout » , résume un enseignant dans un Baromètre des personnels réalisé en 2023 par la Conférence des praticiens de l’enseignement supérieur et de la recherche. A Villetaneuse, « on essaie de mettre les bouchées doubles depuis trois ans pour les travaux urgents. On a investi 6 millions d’euros sur fonds propres. Mais on ne dispose pas de ressources infinies. Sans l’Etat, ce ne sera pas possible » , souligne son président, Christophe Fouqueré. Sur tout le territoire, la pression budgétaire contraint les établissements à se contenter de rafistoler un bâti vieillissant plutôt que d’entamer des travaux de #rénovation nécessaires, ou encore à geler les embauches de #titulaires et à avoir recours à des #vacataires précaires – à présent majoritaires au sein des personnels enseignants dans les universités.
Mais, à l’image de Sorbonne-Paris Nord, certaines se trouvent plus en difficulté que d’autres en matière de conditions d’études. « La question du bâti et de son délabrement éclaire en fait toutes les #inégalités entre élèves, et entre établissements du supérieur : d’abord entre universités et grandes écoles type Sciences Po, mieux loties, et désormais entre universités elles-mêmes, analyse la sociologue Annabelle Allouch, qui mène un projet de recherche sur le #bâti_universitaire. Mais elle renforce aussi ces inégalités, en encourageant des étudiants à adopter des stratégies d’évitement de certains campus. »
De fait, des #écarts se sont creusés. Si certains campus ont bénéficié de belles rénovations, comme de moyens plus conséquents pour l’enseignement, d’autres universités, moins subventionnées, décrochent. « On a été oubliés du #plan_Campus de 2008, qui a permis à d’autres universités, y compris voisines, de se remettre à niveau » , regrette le président de Sorbonne-Paris Nord. « L’Etat avait fait le choix de porter les efforts sur 21 sites seulement. Cela a créé un premier différentiel, qui n’a cessé de s’accentuer puisque ces universités lauréates ont été, par la suite, mieux placées, aussi, pour répondre à des appels à projet sur le patrimoine » , explique Dean Lewis, vice-président de France Universités.
Se sont ajoutées les diverses politiques d’ « #excellence », mises en œuvre durant la dernière décennie, et notamment les labels #Initiative_d’excellence, décernés à certains établissements prestigieux, avec des moyens supplémentaires correspondants. « On a été face à des politiques qui ont décidé de concentrer les moyens sur un petit nombre d’établissements plutôt que de les distribuer à tout le monde » , résume la sociologue Christine Musselin.
Une situation qui laisse de plus en plus apparaître une université à plusieurs vitesses. « Quand je passe de mon bureau de recherche de l’ENS [Ecole normale supérieure] aux locaux où j’enseigne, la différence me frappe à chaque fois », témoigne Vérène Chevalier, enseignante en sociologie à l’#université_Paris_Est-Créteil (#UPEC), qui subit aussi, avec ses élèves, un environnement dégradé. Dans certains bâtiments de cette université, comme celui de la Pyramide, les cours ont dû être passés en distanciel, cet hiver comme le précédent, en raison d’une défaillance de #chauffage, la #température ne dépassant pas les 14 0C. En avril, le toit d’un amphi, heureusement vide, s’est effondré sur un site de Fontainebleau (Seine-et-Marne) – en raison d’une « malfaçon », explique la présidence.
Plongée dans une #crise_financière, avec un #déficit abyssal, l’UPEC est dans la tourmente. Et la présidence actuelle, critiquée en interne pour sa mauvaise gestion des finances. « Mais lorsqu’on voit arriver 10 000 étudiants en cinq ans, on se prend de toute façon les pieds dans le tapis : cela veut dire des heures complémentaires à payer, des locations ou l’installation de préfabriqués très coûteuses » , défend le président, Jean-Luc Dubois-Randé.
Au sein d’un même établissement, des fossés peuvent se former entre campus et entre disciplines. « Quand mes étudiants vont suivre un cours ou deux dans le bâtiment plus neuf et entretenu de l’IAE [institut d’administration des entreprises] , dont les jeunes recrutés sont aussi souvent plus favorisés socialement, ils reviennent dans leur amphi délabré en disant : “En fait, ça veut dire que, nous, on est les pauvres ?” » , raconte Vérène Chevalier, qui y voit une forme de violence symbolique.
Ce sont des étudiants « qu’on ne voit pourtant pas se plaindre », constate l’enseignant Stéphane Chameron. « Pour beaucoup issus de classes moyennes et populaires, ils sont souvent déjà reconnaissants d’arriver à la fac et prennent sur eux » , a-t-il observé, comme d’autres collègues.
Dans le bâtiment Pyramide, à Créteil, une dizaine d’étudiants en ergothérapie préparent leurs oraux collectifs de fin d’année, assis au sol dans le hall, faute de salles disponibles. « Les conditions, cela nous paraît normal au quotidien. C’est quand on met tout bout à bout qu’on se rend compte que cela fait beaucoup » , lâche Charlotte (qui a souhaité rester anonyme, comme tous les étudiants cités par leur prénom), après avoir égrené les #dysfonctionnements : les cours en doudoune cet hiver, l’impossibilité d’aérer les salles, l’eau jaunâtre des robinets ou l’absence de savon dans les toilettes… « Ça va » , répondent de leur côté Amina et Joséphine, en licence d’éco-gestion à Villetaneuse, citant la bibliothèque récemment rénovée, les espaces verts et l’ « ambiance conviviale », malgré « les poubelles qu’il faut mettre dans les amphis pour récupérer l’eau qui tombe du plafond quand il pleut » .
Dans l’enseignement supérieur, les dynamiques récentes ont renforcé un phénomène de #polarisation_sociale, et les étudiants les plus favorisés se retrouvent aussi souvent à étudier dans les établissements les mieux dotés. La sociologue Leïla Frouillou y a documenté l’accélération d’une #ségrégation_scolaire – qui se recoupe en partie avec la #classe_sociale. Favorisées par #Parcoursup, les universités « parisiennes » aspirent les bacheliers avec mention très bien des autres académies. « Se pose la question du maintien de la #mixité dans nos universités » , souligne-t-elle.
En l’occurrence, un campus en partie rénové ne protège pas nécessairement ni d’une situation financière délétère, ni de difficultés sociales plus importantes que la moyenne du territoire. L’un des lauréats du plan Campus de 2008, l’#université_Montpellier-III, présente en majesté l’#Atrium. Une bibliothèque universitaire (BU) tout de verre vêtue, un bijou architectural de 15 000 m2 financé par l’Etat, la région et la métropole, et livré en avril à la porte de l’établissement. L’ouvrage masque un campus quinquagénaire arboré et aussi quelques classes en préfabriqué posées provisoirement à proximité du parking… il y a vingt et un ans. Montpellier-III reste l’une des universités les moins bien dotées de France.
Un peu plus loin, derrière le bâtiment S, Jade attend patiemment son tour. En première année de licence de cinéma et boursière, comme 48 % des étudiants de son université (quand la moyenne nationale est de 36 %), elle s’apprête à remplir un panier de vivres à l’#épicerie_solidaire de l’établissement. Une routine hebdomadaire pour cette étudiante qui a fait un saut dans la #précarité en rejoignant l’université.
« Nous avons des étudiants qui ne mangent pas à leur #faim » , regrette Anne Fraïsse, présidente de l’université. Ils sont, par ailleurs, ceux qui auraient le plus besoin d’encadrement. Quand, en 2022, l’#université_Gustave-Eiffel, implantée dans différentes régions, reçoit une subvention pour charge de service public de 13 195 euros par étudiant, Montpellier-III en reçoit 3 812. Les universités de lettres, de droit et de sciences humaines et sociales sont traditionnellement moins bien dotées que les universités scientifiques, dont les outils pédagogiques sont plus onéreux.
Mais dans les établissements d’une même spécialité, les écarts sont considérables. Nanterre, la Sorbonne-Nouvelle, à Paris, Bordeaux-Montaigne ou Toulouse-Jean-Jaurès : toutes ces universités de #sciences_humaines ont une dotation supérieure de plus de 30 % à celle de Montpellier-III. « Si nous étions financés à la hauteur de ce que reçoit Toulouse-II, c’est 30 millions de budget annuel supplémentaire que l’on recevrait, calcule Florian Pascual, élu CGT au conseil scientifique de l’université Montpellier-III. Nous pourrions cesser de gérer la pénurie, embaucher des enseignants. »
« Un poids pédagogique »
En février, le conseil d’administration de l’université a voté un budget affichant un déficit prévisionnel de 5 millions d’euros. Alors que l’établissement a augmenté ses effectifs étudiants (+ 7 % sur la période 2018-2021) pour répondre au #boom_démographique, la #dotation de l’Etat par étudiant a, pour sa part, dégringolé de 18,6 % entre 2016 et 2022. Un rapport rendu en juin 2023 par l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, reconnaît « une situation de #sous-financement_chronique et un état de #sous-encadrement_structurel » . L’université doit néanmoins répondre à l’injonction du gouvernement de se serrer la ceinture. « C’est ne pas tenir compte des grandes inégalités entre établissements » , répond Anne Fraïsse.
« Ce que nous répète l’Etat, c’est de fermer des postes, en réduisant l’administration et en remplaçant des professeurs par des contractuels ou des enseignants du secondaire. Pourtant, dans treize départements, la moitié des cours ne sont plus assurés par des professeurs titulaires, rappelle la présidente de l’université . Cela a un poids pédagogique pour les étudiants. Pour augmenter les taux de réussite, il faut créer des heures d’enseignement et mettre des professeurs devant les étudiants. »
La pression démographique absorbée par ces universités amène avec elle une autre difficulté insoupçonnée. « Chez nous, le taux d’utilisation des amphis est de 99 %, on n’a quasiment plus le temps de les nettoyer. Alors si on devait faire des chantiers, on n’aurait tout simplement plus d’endroit pour faire cours, et c’est le cas partout » , soulève Julien Gossa, enseignant à l’université de Strasbourg. « Mais plus on attend, plus ça se dégrade et plus ce sera cher à rénover » , souligne Dean Lewis, de France Universités.
Or, dans certaines facultés, comme en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, la démographie étudiante ne devrait pas ralentir. « Nous ne sommes pas sur un reflux démographique comme d’autres, en raison d’un phénomène d’installation des classes moyennes en grande couronne. On envisage une trajectoire d’augmentation de deux mille étudiants par an durant encore un moment. Il va falloir trouver une façon de les accueillir dignement » , souligne Jean-Luc Dubois-Randé, de l’UPEC. D’autant que, malgré les difficultés matérielles, « les profs sont passionnés et les cours très bons », assure une étudiante, en licence de psychologie à Villetaneuse.
Conscients de cette valeur des cours dispensés et des diplômes délivrés, les enseignants contactés marchent sur des œufs. En mettant en lumière les points de craquage de l’université, ils craignent d’accélérer la fuite vers l’#enseignement_privé, qui capitalise sur l’image dégradée du public. Pourtant, « former la jeunesse est une mission de l’Etat, baisser les dépenses en direction de l’enseignement, au profit du privé, c’est compromettre notre avenir » , rappelle Anne Fraïsse.
Le nombre de #formations_privées présentes sur Parcoursup a doublé depuis 2020, et elles captent plus d’un quart des étudiants. « Mais même si elles peuvent se payer des encarts pub dans le métro avec des locaux flambant neufs, elles sont loin d’avoir toutes la qualité d’enseignement trouvée à l’université, qui subsiste malgré un mépris des pouvoirs publics » , souligne l’enseignant Stéphane Chameron.
La fatigue se fait néanmoins sentir parmi les troupes, essorées. « Comme à l’hôpital, on a des professionnels attachés à une idée du #service_public, gratuit, accessible à tous et adossé à une recherche de haute volée , observe le président de l’UPEC, ancien cadre hospitalier. Mais le sentiment d’absence de #reconnaissance pèse, et on observe de plus en plus de #burn-out. » De la même manière que, dans les couloirs des urgences hospitalières, les équipes enseignantes interrogent : souhaite-t-on laisser mourir le service public ?
▻https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/05/11/des-universites-francaises-au-bord-de-l-asphyxie-ca-craque-de-partout_623255
#ESR #France #université #facs #enseignement_supérieur #recherche
Pop!_OS Users Can Now Update to Linux Kernel 6.8
▻https://www.omgubuntu.co.uk/2024/03/pop_os-linux-kernel-6-8-update
Pop!_OS user? You can now upgrade to Linux kernel 6.8 which has begun rolling out as a regular package update. Although the latest version of Pop!_OS is based on Ubuntu 22.04 LTS which currently tops out at Linux 6.5 back ported as a HWE from Ubuntu 23.10, the distros maker, #system76, like to bring newer versions of the Linux kernel to its users, more often than Ubuntu does. The ability to get upgrade to new Linux kernel releases within a month or two of their release is a key point of difference to Ubuntu and ensures those using Pop!_OS are […] You’re reading Pop!_OS Users Can Now Update to Linux Kernel 6.8, a blog post from OMG! Ubuntu. Do not reproduce elsewhere without (...)
Au #Cameroun, la #chasse aux #trophées heurte les droits des « premiers gardiens de la #forêt » | Mediapart
▻https://www.mediapart.fr/journal/international/280224/au-cameroun-la-chasse-aux-trophees-heurte-les-droits-des-premiers-gardiens
Peu de retombées économiques, des problèmes sociaux : le Cameroun n’est pas une exception. D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (#UICN), ce type de chasse en #Afrique ne permet de financer qu’une petite partie des montants nécessaires à la #conservation et ses retombées socioéconomiques sont faibles.
Comment s’en étonner ? « Les zones de chasse ont été d’abord créées pour la récréation des utilisateurs », rappelle Samuel Nguiffo, secrétaire général du Centre pour l’#environnement et le #développement (CED), une ONG basée à Yaoundé. Elles font partie « d’un type de gestion extractive, d’un schéma très ancien, qui n’a pas été construit à l’origine pour défendre les intérêts des #populations, mais qu’on essaie désormais d’accommoder à la sauce “développement durable” et “changement climatique” ».
Pour améliorer la situation, les safaris doivent obliger leurs employés à respecter les droits des #Baka, insiste Honoré Ndjinawé. Il faut revoir l’ensemble du système, juge de son côté l’acteur de la conservation cité plus haut : « On devrait pouvoir s’appuyer davantage sur la population locale pour sauvegarder les forêts et la faune qu’elle connaît mieux que quiconque et a toujours su protéger. »
C’est aussi ce que pense Pepito Meka Makaena, qui ne veut plus de #chasse_sportive dans sa zone : « La forêt doit rester libre d’accès. On peut organiser la #lutte_antibraconnage et imaginer un autre type de protection qui ne met pas la population en difficulté. »
Immigration : « Les partis de gouvernement s’alignent sur le cadre idéologique de l’extrême droite »
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/17/immigration-les-partis-de-gouvernement-s-alignent-sur-le-cadre-ideologique-d
Immigration : « Les partis de gouvernement s’alignent sur le cadre idéologique de l’extrême droite »
Tribune : Jean-Claude Barbier
L’irrationalité économique des politiques migratoires est prouvée et n’est pas propre à la France. C’est ce que montre très bien The Economist dans son édition du 23 décembre 2023, en demandant une « détoxification » de ces politiques. Qu’il s’agisse des bateaux sur la Manche ou de l’immigration en général, les hommes et femmes politiques du Vieux Continent pratiquent la surenchère, estime l’hebdomadaire économique britannique.
L’économiste El Mouhoub Mouhoud démontre de son côté que le « régime d’immigration » hérité du colonialisme en France est peu compétitif internationalement. Une étude du Center for Global Development, parue en 2021, indiquait que le déficit de main-d’œuvre se situerait à environ 44 millions d’actifs en Europe, dont 3,6 millions au Royaume-Uni, 3,9 millions en France et 7 millions en Allemagne. On ne peut que constater les ravages croissants du populisme et la progression des idées d’extrême droite, mais aussi la confusion entretenue entre demande d’asile et autres formes de migration. La Commission européenne, chargée d’organiser la solidarité, montre son impuissance depuis 2015.
Après la victoire de Geert Wilders aux élections législatives néerlandaises, les observations du politiste Cas Mudde confirment une situation inquiétante en Europe. L’élection a été orchestrée par les partis en lice en termes « racialisés » et le niveau de vie et le problème du logement sont présentés aux électeurs en matière d’immigration. Ce sont les partis de gouvernement qui sont à l’origine d’un alignement sur le cadre idéologique de l’extrême droite.
Le parallèle ici est frappant avec ce qui se passe en France, où les partis, et non les sondages, imposent leurs thèmes. A cet égard, la recherche illustre le caractère fragile des études concernant les opinions relatives à l’immigration et le danger puissant de leur possible manipulation : la simple mention répétée des faits d’immigration modifie les opinions.En ce qui concerne le Danemark et la Norvège, l’idée de réserver aux nationaux les bienfaits de la protection sociale généreuse est apparue il y a trente ans chez les partis d’extrême droite. Ces partis ont ainsi inventé le « chauvinisme du welfare [Etat-providence] ». Au Danemark, des politiques ouvertement anti-immigrés ont émergé en 2002 avec le centre droit, puis se sont poursuivies avec l’arrivée au pouvoir du parti social-démocrate de Mette Frederiksen, en 2019.
Le gouvernement danois a été jusqu’à reprendre le programme de l’extrême droite, avec comme but une politique de « zéro réfugié » et a lancé l’idée d’expatrier les candidats à l’asile au Rwanda. Au cas par cas, le Danemark négocie toutefois des exceptions pour ses difficultés de recrutement. Le point-clé danois reste la cohésion culturelle du pays.
Au Royaume-Uni, le gouvernement de Rishi Sunak travaille sur le transfert des demandeurs d’asile au Rwanda, mais les conservateurs au pouvoir sont très divisés sur le texte et le Parti travailliste y est opposé. Le Labour a cependant révisé sa politique d’immigration, y compris avec des mesures strictes, notamment contre les passeurs. Il n’a surtout pas l’intention d’ouvrir les frontières. L’obtention d’un visa dans le pays est d’ailleurs conditionnée à un salaire plancher, ce qui correspond à une immigration « choisie ».
Si la « solution » préconisée par M. Sunak n’a aucune chance d’advenir en France, du fait de la Convention européenne des droits de l’homme, le plus grand contraste règne en Europe, particulièrement entre la France et l’Allemagne. Le nombre d’immigrés ukrainiens dépasse le million en Allemagne alors qu’il n’est que de 60 000 en France. La législation allemande permet aux demandeurs d’asile de travailler et une procédure dite « de tolérance » protège certains travailleurs qui n’ont pas le statut de réfugié. Par rapport à celles de la France, les performances d’apprentissage de la langue allemande, malgré ses difficultés, sont sans comparaison !
En Allemagne, l’immigration et l’asile se situent, proportionnellement à la population, à des niveaux beaucoup plus élevés qu’en France. Certes l’Allemagne a des besoins de recrutement supérieurs à ceux de l’Hexagone, mais le patronat français, comme le fait remarquer El Mouhoub Mouhoud, préfère s’arranger avec l’immigration irrégulière. Il se contente d’agir en cachette, alors que les pénuries de main-d’œuvre sont criantes, notamment s’agissant des chaudronniers dans le secteur du nucléaire.
Le patronat allemand appuie publiquement, et de façon responsable, les projets du gouvernement relatifs à l’immigration qui promeuvent l’immigration de travailleurs extra-européens. Mieux encore, les hauts responsables du patronat allemand combattent les idées du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD).Certes, la menace pèse lourd sur la coalition du Parti social-démocrate (SPD), des Verts et du Parti libéral-démocrate (FDP) d’une part, et sur l’Union chrétienne-démocrate (CDU) d’autre part, face à la montée en puissance de l’AfD. Pour autant, aussi bien le patronat allemand que les partis de gouvernement ont une position explicite contre l’extrême droite alors qu’en France la « normalisation » du Rassemblement national, elle, s’accélère.
Une certaine démocratie sociale fonctionne encore en Allemagne face à la menace de la partie de l’extrême droite contaminée par le nazisme. On pourrait s’inspirer de cet exemple plutôt que de s’enfoncer dans un pacte toxique qui enferme le macronisme dans l’ombre du Rassemblement national.
Jean-Claude Barbier est sociologue auprès du Centre national de recherche scientifique du Centre d’économie de la Sorbonne.
#Covid-19#migration#migrant#france#immigration#populisme#extremedroite#politiquemigratoire#democratie
[Historias Minimas] Queen and Paul McCartney & Wings 1973
▻https://www.radiopanik.org/emissions/historias-minimas/queen-and-paul-mccartney-wings-1973
keep yourself alive; doing all right; my fairy king; liar; modern times #rock ’n roll; jesus; seven seas of rhye; nand on the run; jet; mrs. vandebilt; let me roll it; no words; picasso’s last word (drink to me); nineteen hundred and eighty-five; live and let die
#heavymetal #pop,rock,heavymetal
▻https://www.radiopanik.org/media/sounds/historias-minimas/queen-and-paul-mccartney-wings-1973_17119__1.mp3
"Le #populisme sordide de #Macron
Pour justifier sa loi immigration, le #président de la #République en appelle soudainement aux sondages et aux « Français ». Piétinant des valeurs fondamentales, il surfe sur un invariant humain : la #peur de l’autre qui, dans sa version ultime, s’appelle le #racisme. (...)"
▻https://www.politis.fr/articles/2023/12/le-populisme-sordide-de-macron
[Historias Minimas] Eurythmics
▻https://www.radiopanik.org/emissions/historias-minimas/eurythmics
never gonna cry again; the walk; this city never sleeps; love is a stranger; I love you like a ball and chain; I need a man; you have placed a chill in my heart; it’s alright (baby’s coming back); I saved the world today; who’s that girl?; there must be an angel (playing with my heart); the miracle of love; thorn in my side; when tomorrow comes; here comes the rain again; when the day goes down; missionary man; would I lie to you?; sisters are doin’ it for themselves; sweet dreams (are made of this); sexcrime (1984).
#pop ; #pop,rock ;
▻https://www.radiopanik.org/media/sounds/historias-minimas/eurythmics_17031__1.mp3
Oh, mon dieu, un volcan !
#médias #démagogie #peur #débilité #foire_info #actus #débile #populaire #communication #propagande #vangauguin #politique #société #tartufferie
L’inquiétante étrangeté du président Milei
▻https://laviedesidees.fr/L-inquietante-etrangete-du-president-Milei
Étrange et inquiétant, le nouveau président argentin l’est à coup sûr, par les extravagances de son spiritualisme et de son #libertarianisme. Mais tout cela n’est pas si nouveau.
#International #populisme #Argentine
▻https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20231212_milei.docx
▻https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20231212_milei.pdf
« La victoire dans la bataille ne dépend pas du nombre de soldats, mais des forces qui viennent du Ciel » : cette phrase répétée à maintes reprises pendant la campagne du candidat Milei, reprise par ses militants et dans son merchandising, renvoie certes au Livre biblique des Maccabées, dont elle est extraite, mais elle fait aussi écho, plus largement, à l’intrigante histoire argentine des rapports politiques à l’au-delà.
#ésotérisme ,mais pas que ...
le destin de Borgia illustre pour Machiavel le sic transit d’une diarée : la leçon ? tant qu’on a la santé ! Les Malouines seront elles pour Milei un obstacle ou un marche pied ( ou pourquoi pas un trait d’union) !
@nestor les Malouines c’est surtout un bon moyen de désigner un ennemi extérieur. Toujours ce même vieux truc de politicien véreux.
« En sociologie, la prise en compte du ressenti peut aider à identifier les inégalités les plus critiques », Nicolas Duvoux
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/20/en-sociologie-la-prise-en-compte-du-ressenti-peut-aider-a-identifier-les-ine
La sociologie ne peut prétendre à la neutralité, puisqu’elle est une science étudiant la société au sein de laquelle elle émerge. Elle est prise dans les divisions et conflits sociaux, elle met au jour des formes de contrainte et de domination auxquelles elle ne peut rester indifférente. De quel côté penchons-nous ?, demandait à ses pairs le sociologue américain Howard Becker, dans un texte majeur (« Whose Side Are We on ? », Social Problems, 1967). Cependant, cette discipline n’a pas vocation à se substituer à la politique et aux choix collectifs qui relèvent du débat public. La contribution qu’elle peut apporter est de formuler un diagnostic aussi précis que possible sur les dynamiques sociales et la différenciation de leurs effets selon les groupes sociaux.
L’inflation et la hausse des prix alimentaires très forte depuis l’année 2022 affectent beaucoup plus durement les ménages modestes. Ceux-ci consacrent en effet une part plus importante de leurs revenus à ce poste de consommation. Le relever revient à formuler un constat objectif. De même, la hausse des taux d’intérêt immobiliers exclut davantage de l’accès à la propriété les ménages sans apport (plutôt jeunes et de milieux populaires) que les autres. Il y va ainsi des évolutions de courte durée, mais aussi de celles de longue durée : le chômage touche plus fortement les moins qualifiés, les ouvriers et employés, même s’il n’épargne pas les cadres, notamment vieillissants ; la pauvreté touche davantage les jeunes, même si elle n’épargne pas les retraités.
Formuler un diagnostic suppose d’éviter deux écueils qui se répondent et saturent un débat public fait d’oppositions, voire de polarisation, au détriment d’une compréhension de l’état de la société. La littérature du XIXe siècle – comme les sciences sociales avec lesquelles elle a alors partie liée – a souvent oscillé entre d’un côté une représentation misérabiliste du peuple, en soulignant la proximité des classes laborieuses et des classes dangereuses, et de l’autre une vision populiste qui exalte les vertus des classes populaires. Claude Grignon et Jean-Claude Passeron l’ont montré dans un livre qui a fait date (Le Savant et le Populaire, Gallimard, 1989). De la même manière, le débat public semble aujourd’hui osciller entre un optimisme propre aux populations favorisées économiquement et un catastrophisme des élites culturelles.
Cruel paradoxe
Pouvoir envisager l’avenir de manière conquérante vous place du côté des classes aisées ou en ascension. Cette thèse a un enjeu politique évident : le rapport subjectif à l’avenir nous informe sur la position sociale occupée par un individu et non sur sa représentation de la société. Pour ne prendre qu’un exemple, sur la fracture entre les groupes d’âge, on n’est guère surpris qu’en pleine période inflationniste le regain de confiance en son avenir individuel soit le privilège quasi exclusif [d’un %] des seniors. Il faut être déjà âgé pour penser que l’on a un avenir, cruel paradoxe d’une société qui fait porter à sa jeunesse le poids de la pauvreté et de la précarité de l’emploi, au risque de susciter une révolte de masse.
Peut-être est-ce un signe de l’intensité des tensions sociales, nombre d’essais soulignent le décalage entre la réalité d’une société où les inégalités sont relativement contenues et le pessimisme de la population. Les dépenses de protection sociale sont parmi les plus élevées du monde, sinon les plus élevées. En conséquence de ces dépenses, les Français jouissent d’un niveau d’éducation, d’égalité et d’une sécurité sociale presque sans équivalent. Ces faits sont avérés.
Mais le diagnostic ne se borne pas à ce rappel : les données objectives qui dressent le portrait d’une France en « paradis » sont, dans un second temps, confrontées à l’enfer du « ressenti », du mal-être, du pessimisme radical exprimé par les Français, souvent dans des sondages. Ainsi, dans « L’état de la France vu par les Français 2023 » de l’institut Ipsos, il apparaît que « 70 % des Français se déclarent pessimistes quant à l’avenir de la France ». Les tenants de la vision « optimiste », qui se fondent sur une critique du ressenti, tendent à disqualifier les revendications de redistribution et d’égalité.
Or l’écart entre le « ressenti » et la réalité objective des inégalités peut être interprété de manière moins triviale et surtout moins conservatrice. Cet écart peut être travaillé et mis au service d’un diagnostic affiné de la situation sociale, un diagnostic qui conserve l’objectivité de la mesure tout en se rapprochant du ressenti.
Une autre mesure de la pauvreté
La notion de « dépenses contraintes » en porte la marque : ce sont les dépenses préengagées, qui plombent les capacités d’arbitrage des ménages, notamment populaires, du fait de la charge du logement. Entre 2001 et 2017, ces dépenses préengagées occupent une part croissante du budget, passant de 27 % à 32 %, selon France Stratégie. « Le poids des dépenses préengagées dans la dépense totale dépend d’abord du niveau de vie. Il est plus lourd dans la dépense totale des ménages pauvres que dans celle des ménages aisés, et l’écart a beaucoup augmenté entre 2001 (6 points d’écart) et 2017 (13 points d’écart). »
Cette évolution et le renforcement des écarts placent de nombreux ménages – même s’ils ne sont pas statistiquement pauvres – en difficulté. La volonté de rapprocher « mesure objective » et « ressenti » permet de prendre une tout autre mesure de la pauvreté, qui double si l’on prend en compte le niveau de vie « arbitrable » , soit le revenu disponible après prise en compte des dépenses préengagées.
De ce point de vue, l’équivalent du taux de pauvreté, c’est-à-dire la part des personnes dont le revenu arbitrable par unité de consommation est inférieur à 60 % du niveau de vie arbitrable médian, s’établissait à 23 % en 2011, selon des travaux réalisés par Michèle Lelièvre et Nathan Rémila pour la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques. Ce chiffre atteint même 27 % si l’on prend en compte les dépenses peu compressibles, comme l’alimentation. Comparativement, le taux de pauvreté tel qu’on le définit traditionnellement se fixait en 2011 à 14,3 %. L’augmentation de la fréquentation des structures d’aide alimentaire témoigne des difficultés croissantes d’une part conséquente de la population.
Le parti du catastrophisme
L’optimisme empêche de penser les réalités dans toute leur violence et d’identifier les remèdes qui conviennent le mieux à ces maux. Le catastrophisme doit également être évité. Il a tendance à accuser exclusivement les super-riches dans la genèse des maux sociaux, en mettant en avant une explosion des inégalités démentie par les faits, si l’on exclut le patrimoine et la forte augmentation de la pauvreté dans la période post-Covid-19. En prenant le parti du catastrophisme, la sociologie, et avec elle la société, s’exonérerait d’un travail de fond.
Un certain nombre de points soulignés par ceux qui critiquent le pessimisme restent vrais. La société française a connu une relative mais réelle démocratisation de l’accès à des positions privilégiées. Les postes d’encadrement n’ont cessé d’augmenter en proportion de la structure des emplois, une partie non négligeable de la population – y compris au sein des catégories populaires – a pu avoir accès à la propriété de sa résidence principale, a pu bénéficier ou anticipe une augmentation de son patrimoine. Les discours sur la précarisation ou l’appauvrissement généralisés masquent la pénalité spécifique subie par les groupes (jeunes, non ou peu qualifiés, membres des minorités discriminées, femmes soumises à des temps partiels subis, familles monoparentales) qui sont les plus affectés et qui servent, de fait, de variable d’ajustement au monde économique. Le catastrophisme ignore ou feint d’ignorer les ressources que les classes moyennes tirent du système éducatif public par exemple.
Le catastrophisme nourrit, comme l’optimisme, une vision du monde social homogène, inapte à saisir les inégalités les plus critiques et les points de tension les plus saillants, ceux-là mêmes sur lesquels il faudrait, en priorité, porter l’action. La prise en compte du ressenti peut aider à les identifier et à guider le débat et les décideurs publics, à condition de ne pas entretenir de confusion sur le statut des informations produites, qui ne se substituent pas aux mesures objectives, mais peuvent aider à les rapprocher du sens vécu par les populations et ainsi à faire de la science un instrument de l’action.
Nicolas Duvoux est professeur de sociologie à l’université Paris-VIII, auteur de L’Avenir confisqué. Inégalités de temps vécu, classes sociales et patrimoine (PUF, 272 pages, 23 euros).
voir cette lecture des ressorts du vote populaire RN depuis les années 2000
►https://seenthis.net/messages/1027569
#sociologie #inflation #alimentation #aide_alimentaire #dépenses_contraintes #revenu_arbitrable #revenu #pauvreté #chômage #jeunesse #femmes #mères_isolées #précarité #taux_de_pauvreté #patrimoine #inégalités #riches #classes_populaires
« Les inégalités sont perçues comme une agression, une forme de mépris », François Dubet - Propos recueillis par Gérard Courtois, publié le 12 mars 2019
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/12/francois-dubet-les-inegalites-sont-percues-comme-une-agression-une-forme-de-
Entretien. Le sociologue François Dubet, professeur émérite à l’université Bordeaux-II et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), vient de publier Le Temps des passions tristes. Inégalités et populisme (Seuil, 112 p., 11,80 €).
Reprenant l’expression de Spinoza, vous estimez que la société est dominée par les « passions tristes ». Quelles sont-elles et comment se sont-elles imposées ?
Comme beaucoup, je suis sensible à un air du temps porté sur la dénonciation, la haine, le #ressentiment, le sentiment d’être méprisé et la capacité de mépriser à son tour. Ce ne sont pas là seulement des #émotions personnelles : il s’agit aussi d’un #style_politique qui semble se répandre un peu partout. On peut sans doute expliquer ce climat dangereux de plusieurs manières, mais il me semble que la question des #inégalités y joue un rôle essentiel.
Voulez-vous parler du creusement des inégalités ?
Bien sûr. On observe une croissance des inégalités sociales, notamment une envolée des hyper riches qui pose des problèmes de maîtrise économique et fiscale essentiels. Mais je ne pense pas que l’ampleur des inégalités explique tout : je fais plutôt l’hypothèse que l’expérience des inégalités a profondément changé de nature. Pour le dire vite, tant que nous vivions dans une société industrielle relativement intégrée, les inégalités semblaient structurées par les #classes sociales : celles-ci offraient une représentation stable des inégalités, elles forgeaient des identités collectives et elles aspiraient à une réduction des écarts entre les classes [et, gare à la revanche ! à leur suppression]– c’est ce qu’on appelait le progrès social. Ce système organisait aussi les mouvements sociaux et plus encore la vie politique : la #gauche et la #droite représentaient grossièrement les classes sociales.
Aujourd’hui, avec les mutations du capitalisme, les inégalités se transforment et se multiplient : chacun de nous est traversé par plusieurs inégalités qui ne se recouvrent pas forcément. Nous sommes inégaux « en tant que » – salariés ou précaires, diplômés ou non diplômés, femmes ou hommes, vivant en ville ou ailleurs, seul ou en famille, en fonction de nos origines… Alors que les plus riches et les plus pauvres concentrent et agrègent toutes les inégalités, la plupart des individus articulent des inégalités plus ou moins cohérentes et convergentes. Le thème de l’#exploitation de classe cède d’ailleurs progressivement le pas devant celui des #discriminations, qui ciblent des inégalités spécifiques.
Pourquoi les inégalités multiples et individualisées sont-elles vécues plus difficilement que les inégalités de classes ?
Dans les inégalités de classes, l’appartenance collective protégeait les individus d’un sentiment de mépris et leur donnait même une forme de fierté. Mais, surtout, ces inégalités étaient politiquement représentées autour d’un conflit social et de multiples organisations et mouvements sociaux. Dans une certaine mesure, aussi injustes soient-elles, ces inégalités ne menaçaient pas la dignité des individus. Mais quand les inégalités se multiplient et s’individualisent, quand elles cessent d’être politiquement interprétées et représentées, elles mettent en cause les individus eux-mêmes : ils se sentent abandonnés et méprisés de mille manières – par le prince, bien sûr, par les médias, évidemment, mais aussi par le regard des autres.
Ce n’est donc pas simplement l’ampleur des inégalités sociales qui aurait changé, mais leur nature et leur perception ?
Les inégalités multiples et individualisées deviennent une expérience intime qui est souvent vécue comme une remise en cause de soi, de sa valeur et de son identité : elles sont perçues comme une agression, une forme de #mépris. Dans une société qui fait de l’#égalité_des_chances et de l’#autonomie_individuelles ses valeurs cardinales, elles peuvent être vécues comme des échecs scolaires, professionnels, familiaux, dont on peut se sentir plus ou moins responsable.
Dans ce régime des inégalités multiples, nous sommes conduits à nous comparer au plus près de nous, dans la consommation, le système scolaire, l’accès aux services… Ces jeux de comparaison invitent alors à accuser les plus riches, bien sûr, mais aussi les plus pauvres ou les étrangers qui « abuseraient » des aides sociales et ne « mériteraient » pas l’égalité. L’électorat de Donald Trump et de quelques autres ne pense pas autre chose.
Internet favorise, dites-vous, ces passions tristes. De quelle manière ?
Parce qu’Internet élargit l’accès à la parole publique, il constitue un progrès démocratique. Mais Internet transforme chacun d’entre nous en un mouvement social, qui est capable de témoigner pour lui-même de ses souffrances et de ses colères. Alors que les syndicats et les mouvements sociaux « refroidissaient » les colères pour les transformer en actions collectives organisées, #Internet abolit ces médiations. Les émotions et les opinions deviennent directement publiques : les colères, les solidarités, les haines et les paranoïas se déploient de la même manière. Les #indignations peuvent donc rester des indignations et ne jamais se transformer en revendications et en programmes politiques.
La démultiplication des inégalités devrait renforcer les partis favorables à l’égalité sociale, qui sont historiquement les partis de gauche. Or, en France comme ailleurs, ce sont les populismes qui ont le vent en poupe. Comment expliquez-vous ce « transfert » ?
La force de ce qu’on appelle les populismes consiste à construire des « banques de colères », agrégeant des problèmes et des expériences multiples derrière un appel nostalgique au #peuple unique, aux travailleurs, à la nation et à la souveraineté démocratique. Chacun peut y retrouver ses indignations. Mais il y a loin de cette capacité symbolique à une offre politique, car, une fois débarrassé de « l’oligarchie », le peuple n’est ni composé d’égaux ni dénué de conflits. D’ailleurs, aujourd’hui, les politiques populistes se déploient sur tout l’éventail des politiques économiques.
Vous avez terminé « Le Temps des passions tristes » au moment où émergeait le mouvement des « gilets jaunes ». En quoi confirme-t-il ou modifie-t-il votre analyse ?
Si j’ai anticipé la tonalité de ce mouvement, je n’en avais prévu ni la forme ni la durée. Il montre, pour l’essentiel, que les inégalités multiples engendrent une somme de colères individuelles et de sentiments de mépris qui ne trouvent pas d’expression #politique homogène, en dépit de beaucoup de démagogie. Dire que les « gilets jaunes » sont une nouvelle classe sociale ou qu’ils sont le peuple à eux tout seuls ne nous aide guère. Il faudra du temps, en France et ailleurs, pour qu’une offre idéologique et politique réponde à ces demandes de justice dispersées. Il faudra aussi beaucoup de courage et de constance pour comprendre les passions tristes sans se laisser envahir par elles.
Jacques Toubon, ancien Défenseur des droits : « A un référendum sur l’immigration, la réponse ne peut être que populiste »
▻https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/11/17/jacques-toubon-a-un-referendum-sur-l-immigration-la-reponse-ne-peut-etre-que
acques Toubon, ancien Défenseur des droits : « A un référendum sur l’immigration, la réponse ne peut être que populiste »
Dans un entretien au « Monde », l’ancien ministre de la justice de Jacques Chirac et ex-Défenseur des droits s’élève contre l’idée d’étendre le champ du référendum aux questions de société, proposée par la droite et reprise par Emmanuel Macron.
Propos recueillis par Nathalie Segaunes
A la veille d’une nouvelle rencontre d’Emmanuel Macron à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) avec des chefs de parti, la première ministre et les présidents des deux assemblées, lors de laquelle doit être discuté « l’élargissement du champ du référendum afin de permettre à nos concitoyens de se prononcer sur les grandes questions », selon l’Elysée, l’ancien ministre de la justice de Jacques Chirac et ancien Défenseur des droits Jacques Toubon appelle le pouvoir exécutif « à ne pas déraper » en « ouvrant les vannes ».
Emmanuel Macron réunit à nouveau, vendredi 17 novembre, à Saint-Denis, plusieurs chefs des partis politiques représentés au Parlement. Que vous inspirent ces rencontres de Saint-Denis ?
Elles ont un caractère ambigu : elles ont à la fois un caractère privé, fermé, qui normalement permet de tout dire, et un caractère public, puisqu’elles ont lieu pour pouvoir ensuite en parler. Le véritable problème qui est posé, c’est de réunir les représentants des partis politiques. Qui y a-t-il encore aujourd’hui dans les partis ? On voit bien, sur l’ensemble de l’échiquier, qu’ils sont réduits à leur plus simple expression. Les structures politiques sont faibles et les personnes qui parlent au nom de ces structures ne sont pas éminentes. Je crois que la difficulté dans la vie politique française, c’est cette sorte d’évanescence institutionnelle.
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Si les « représentants » ne représentent plus, n’est-il pas logique de recourir au référendum sur les questions de société, comme le propose le président de la République ?
Non, car ce serait le dérapage incontrôlé. A l’heure actuelle, la Constitution permet de recourir au référendum dans des conditions strictes, bien encadrées par les articles 11 et 89, mais qui ne peuvent pas porter sur les questions de société. Faute d’avoir des gens capables d’exprimer ce que les Français veulent, on propose de leur demander : « Est-ce que vous préférez les tomates rouges ou les tomates vertes ? » Mais si on ouvre aux questions de société, on change de régime politique. On voit bien que le pouvoir du Parlement, et de manière générale des corps intermédiaires, y compris des élus locaux, va être annihilé par ces capacités qu’il y aura de recourir au référendum sur tous les sujets.
La deuxième conséquence, c’est que sur ce type de question, la réponse ne peut être que populiste. Elle va être constituée par un mouvement d’opinion, qui va se traduire par un vote majoritaire à l’occasion du référendum. C’est une position « oui ou non », « Est-ce que vous êtes pour ou contre ? ». Ce que réclame Eric Ciotti [président du parti Les Républicains] aujourd’hui, ce n’est pas un référendum demandant : « Approuvez-vous le projet de loi sur l’immigration ? », mais un référendum demandant : « Est-ce que vous êtes pour ou contre l’entrée des étrangers en France ? » Mais quand on ouvre le référendum dans ces conditions, que se passe-t-il après, si les Français répondent « contre » ?
Supposons que demain, on ait un référendum dont la question serait : « Faut-il supprimer le droit d’asile ? » Si la réponse est oui, que fait-on, on sort de toutes les conventions internationales, de tous les échanges ? On ne tient pas compte des prescriptions de la convention de Genève, de Strasbourg, de Luxembourg, et on fait la France forteresse, comme certains veulent faire l’Europe forteresse ? Et imaginons qu’on ne passe pas aux actes ensuite : on va créer encore plus de défiance, de la frustration, et la frustration est un puissant moteur de révolte.
Le chef de l’Etat juge nécessaire de redonner la parole aux Français entre deux élections présidentielles…
On va avoir une opinion qui se sera exprimée, le peuple considérera « j’ai dit ce que j’avais à dire », mais les institutions ne pourront rien faire. Et si une majorité de Français est favorable à ce qu’on revienne sur l’autorisation de l’interruption volontaire de grossesse, que fait le président de la République ? Que font les institutions ? Que font les médecins ? Idem avec l’aide médicale d’Etat [AME]. Imaginons que les Français disent, par référendum, qu’il faut la supprimer. Moi, docteur Durand, je vais continuer à pratiquer l’AME. Que va-t-il m’arriver ? Je vais passer devant le conseil de l’ordre ? Devant le tribunal administratif ? On voit bien qu’il y a là l’organisation d’une sorte de chaos, ou pour le moins d’une incertitude institutionnelle, qui n’est pas possible. Il faut maintenir les dispositions actuelles sur le référendum.
Vous êtes donc contre l’élargissement du champ du référendum aux questions de société ?
Bien sûr. Si on lâche, quelqu’un proposera un jour qu’on puisse faire des référendums sur la politique étrangère. Et on aura demain une question comme « Etes-vous pour Gaza ? » ou « Etes-vous pour Israël ? » A partir du moment où on ouvre les vannes, on peut faire un référendum sur la force de frappe : « Faut-il supprimer l’arme nucléaire ? » Les questions climatiques, écologiques, peuvent également être envisagées avec les conséquences les plus extravagantes. Il ne faut pas déraper.
Oui, et je pense que mon ancienne famille politique se trompe. Aujourd’hui, sur l’immigration, il faut mettre en place, par les débats parlementaires entre les deux Chambres, une loi qui soit conforme à nos principes. Je pense d’ailleurs qu’il y a un certain nombre de dispositions, ajoutées dans le projet de loi sur l’immigration, qui ne passeront pas au Conseil constitutionnel. La suppression de l’AME, par exemple : il y a un droit fondamental à la santé dans notre pays. On dit que l’AME attire les gens dans notre pays et coûte la peau du dos. Les deux points sont faux. Mais sur ces bases-là, hardi petit ! on propose de la supprimer ! C’est le type même de l’irresponsabilité. Ou bien on laisse le populisme triompher dans notre pays ou bien on s’en tient à ce que la Constitution prévoit en matière de référendum.
Si Macron dit vendredi « nous ouvrons le référendum aux questions de société », la question sera encore débattue dans trois ans, au moment de l’élection présidentielle. On ne sera pas passé aux actes. Et si on fait l’élection présidentielle là-dessus, il est clair qu’on donne une prime massive aux populistes.
On reproche à Emmanuel Macron de tout décider seul depuis 2017. Le référendum n’est-il pas une réponse à la concentration du pouvoir ?
Non, faisons plutôt fonctionner le Parlement. Si l’institution parlementaire fonctionne, les partis politiques reprendront du poil de la bête, parce que c’est leur boulot : ils désignent des candidats pour avoir des élus. Soyons lucides, réfléchissons : quelles sont les conséquences de ces positions, très séduisantes, que prendra peut-être le président ? Etre populaire, au détriment des institutions, au détriment de la représentation politique, est-ce que c’est bien ? Est-ce que ce n’est pas une popularité qui risque de se retourner contre l’intérêt général ? Quand on aboutit, par le biais du référendum, à une réponse qui est complètement contraire à l’intérêt général, au bon sens, on ne passe jamais à l’acte. On l’a vu en 2005 avec le traité européen. Le référendum peut être utilisé comme l’outil de l’irresponsabilité politique. Or, ce dont on a besoin aujourd’hui, c’est de davantage de responsabilité et de sagesse. J’espère que vendredi, le président de la République remettra l’église au milieu du village et la mairie au cœur de la ville.
#Covid-19#migrant#migration#france#immigration#politiquemigratoire#referendum#populisme
A l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII, les dioxines ne sont pas contrôlées « 24 h sur 24 et 365 jours par an »
▻https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/11/13/a-l-incinerateur-d-ivry-paris-xiii-les-dioxines-ne-sont-pas-controlees-24-h-
les émissions de ces polluants très toxiques n’auraient pas été mesurées pendant près de sept mille heures entre 2020 et 2021.
Par Stéphane Mandard
Lorsqu’une étude avait révélé en février 2022 des niveaux élevés de dioxines autour de l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII, le gestionnaire de l’installation, l’agence métropolitaine des déchets ménagers (#Syctom) avait écarté toute responsabilité, expliquant que les niveaux mesurés dans les deux cheminées du plus grand #incinérateur d’Europe étaient « systématiquement inférieurs et très inférieurs » aux normes et faisaient l’objet de « contrôles en continu 24 h sur 24 et 365 jours par an », selon les mots de son directeur général, Denis Penouel, sur BFM-TV. La question reste pourtant posée : l’appareil de mesure des dioxines n’aurait pas fonctionné pendant près de sept mille heures sur la période 2020-2021, selon un nouveau rapport auquel Le Monde a eu accès.
A l’instar de celle de février, l’étude a été réalisée par la fondation ToxicoWatch, une ONG néerlandaise constituée de chercheurs, qui fait référence dans l’analyse toxicologique des polluants émis par les incinérateurs et en particulier des dioxines. Aussi toxiques que persistantes dans l’environnement, les dioxines figurent sur la liste noire des composés chimiques les plus préoccupants de l’Organisation mondiale de la santé. Elles sont classées cancérogènes pour l’homme par le Centre international de recherche sur le #cancer. Dangereuses même à des doses infimes, elles s’accumulent dans la chaîne alimentaire.
L’étude de biosurveillance de février 2022 avait mis en évidence des teneurs importantes de #dioxines dans des œufs de poules élevés en plein air autour de l’incinérateur, sur les communes d’Ivry-Seine, d’Alfortville (Val-de-Marne) et de #Paris. Depuis, l’agence régionale de santé (ARS) a réalisé ses propres prélèvements et recommande de ne plus consommer d’œufs issus de poulaillers domestiques à l’échelle de toute l’Ile-de-France. Plusieurs fois annoncé, un rapport de l’#ARS censé éclairer les sources de pollution est toujours en attente de publication.
La contamination des œufs révèle la pollution généralisée de la région parisienne aux dioxines et aux « polluants éternels »
▻https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/11/20/la-contamination-des-ufs-revele-la-pollution-generalisee-de-la-region-parisi
L’agence régionale de santé d’Ile-de-France maintient sa recommandation de ne pas consommer d’œufs de poulaillers domestiques après la confirmation de niveaux élevés de contamination.
[...]
Des prélèvements ont été effectués dans 25 poulaillers répartis dans Paris et sa petite couronne. Tous sont contaminés. Pour les œufs, 23 des 25 échantillons, soit plus de 90 %, mettent en évidence des dépassements des valeurs réglementaires applicables pour leur commercialisation. L’ARS a tenté d’identifier les sources potentielles d’émissions à l’origine de cette pollution diffuse. Pour les dioxines et les furanes, le rapport évoque des sources fixes telles que les incinérateurs d’ordures ménagères (rejets anciens et/ou actuels), ponctuelles (brûlage de déchets à l’air libre) et diffuses (la circulation routière). Pour les PCB, les sources suggérées sont plus diverses et incluent des résidus de déchets industriels présents dans les remblais ou « dans les revêtements toujours en place qui se désagrègent avec le temps et que l’on peut retrouver dans les #sols superficiels après ruissellement ».
Niveaux de contamination préoccupants
Pour tous les polluants recherchés, le lien est généralement fort entre la contamination locale des sols et celle des œufs produits sur les différents sites. Mais d’autres facteurs sont également soulignés par l’étude : les conditions d’élevage des volailles, leur accès à l’extérieur, leur alimentation, etc.
La nouveauté de l’étude commanditée par l’ARS est la recherche des fameux PFAS. Dans près de la moitié des cas, le seuil réglementaire européen (1,7 microgramme par kilogramme, µg/kg) pour la somme des quatre principaux PFAS (PFOS, PFOA, PFNA, PFHxS) est dépassé. Et parfois très largement. Les concentrations s’échelonnent de 0,22 µg/kg à 9,7 µg/kg et sont jusqu’à sept à dix fois supérieures à la limite réglementaire pour le seul PFOS. Sur la base de cette étude, l’ARS n’est pas en mesure d’identifier une « source dominante dans l’espace urbain » parisien pour expliquer ces niveaux de concentration. L’agence évoque une « multitude de sources liées à nos modes de vie » : « Les PFAS se retrouvent dans les matériaux et les produits de consommation de tous les jours, conduisant à une contamination diffuse de l’environnement. »
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