• (20+) Traci Lords en mode mineure. - Libération
    https://www.liberation.fr/ecrans/2006/05/20/traci-lords-en-mode-mineure_39724

    Les années 80 étant devenues la dernière frontière romantique en date (oui, romantique) des cinéphiles, on peut se réjouir de trouver enfin deux DVD compilant chaque fois trois films de la plus belle poitrine en poire de l’histoire de l’humanité. Un travail d’édition à cent lieux de la mécanique industrielle habituelle : Alpha France a ressorti des copies léchées, disponibles autant en version française qu’en version originale (primordial pour qui goûte les hennissements de Miss Lords), alors que l’on pensait que toute cette matière première avait disparu dans la bérézina collective.

    #Traci_lords #une_autre_époque #2006 #oubli #droit_à_l'oubli #porc #vomi #Philippe_Azoury qui se réjouit là de la réédition des films porno de Traci Lords.

  • Selon Serge Lemoine (conseiller chez Artcurial et ancien directeur du musée d’Orsay), ce n’est pas Balthus qui est pédophile et lui un connard de première, mais nous qui serions des crétins bornés et minoritaires.

    Peut-on encore aimer Balthus ? - Le Point
    https://www.lepoint.fr/culture/peut-on-encore-aimer-balthus-08-12-2020-2404755_3.php

    Serge Lemoine : On parle ici d’art, de peinture et non de la vie quotidienne aujourd’hui : la première question à se poser est la suivante : s’agit-il de création artistique et Balthus est-il un grand peintre ? Je réponds oui. Sa vision artistique, son inspiration, sa manière de composer, ses œuvres qui ont marqué son époque ne laissent aucun doute : Balthus occupe une place majeure dans l’histoire de l’art. Picasso lui-même avait un tableau de Balthus… Balthus crée dans un cadre artistique parfaitement classique, c’est un peintre figuratif, qui travaille d’après le modèle dans son atelier, qui prépare chaque détail, ses compositions sont mises au point, calculées. Si certaines scènes sont choquantes pour certains, c’est délibéré ! Chez lui, tout est réfléchi, y compris la provocation. Mais les minorités agissantes qui font pression, au nom de leur conception de la morale , sur les institutions muséales notamment, n’ont aucune culture historique ou artistique, aucune des références qui permettent d’éviter les contresens…

  • Une enquête pour traite des êtres humains expose les pratiques de l’industrie du porno - Page 2 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/231120/une-enquete-pour-traite-des-etres-humains-expose-les-pratiques-de-l-indust

    Il s’est choisi un pseudonyme féminin passe-partout. Sa photo de profil est tout aussi sobre. Une jeune femme brune aux traits fins et légèrement maquillée, vêtue d’un manteau noir, dans l’habitacle d’une voiture. Le cliché est sans artifices, presque intime. En réalité, ce compte Facebook est utilisé par J. D., 39 ans, marié et père de deux enfants

    #paywall hélas.

    #porcs.

  • Les oubliés de la mine de Porco
    https://stories.publiceye.ch/glencorebolivie

    #Accidents mortels, #travail_des_enfants, #environnement ravagé : dans la #mine de #Porco, exploitée par #Glencore sur les hauts plateaux boliviens, des coopératives extraient du #zinc, du #plomb et de l’#argent dans des conditions inhumaines. La #multinationale détourne le regard mais rachète une grande partie de ces #minerais.
    Histoire d’une irresponsabilité organisée qui montre l’importance d’accepter l’initiative pour des multinationales responsables.

    #Bolivie #extraction #exploitation #accidents_du_travail

  • Je suis prof. Seize brèves réflexions contre la terreur et l’obscurantisme, en #hommage à #Samuel_Paty

    Les lignes qui suivent ont été inspirées par la nouvelle atroce de la mise à mort de mon collègue, Samuel Paty, et par la difficile semaine qui s’en est suivie. En hommage à un #enseignant qui croyait en l’#éducation, en la #raison_humaine et en la #liberté_d’expression, elles proposent une quinzaine de réflexions appelant, malgré l’émotion, à penser le présent, et en débattre, avec raison. Ces réflexions ne prétendent évidemment pas incarner la pensée de Samuel Paty, mais elles sont écrites pour lui, au sens où l’effort de pensée, de discernement, de nuances, de raison, a été fait en pensant à lui, et pour lui rendre hommage. Continuer de penser librement, d’exprimer, d’échanger les arguments, me parait le meilleur des hommages.

    1. Il y a d’abord eu, en apprenant la nouvelle, l’#horreur, la #tristesse, la #peur, devant le #crime commis, et des pensées pour les proches de Samuel Paty, ses collègues, ses élèves, toutes les communautés scolaires de France et, au-delà, toute la communauté des humains bouleversés par ce crime. Puis s’y est mêlée une #rage causée par tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, et avant même d’en savoir plus sur les tenants et aboutissants qui avaient mené au pire, se sont empressés de dégainer des kits théoriques tendant à minimiser l’#atrocité du crime ou à dissoudre toute la #responsabilité de l’assassin (ou possiblement des assassins) dans des entités excessivement extensibles (que ce soit « l’#islamisation » ou « l’#islamophobie ») – sans compter ceux qui instrumentalisent l’horreur pour des agendas qu’on connait trop bien : rétablissement de la peine de mort, chasse aux immigré.e.s, chasse aux musulman.e.s.

    2. Il y a ensuite eu une peur, ou des peurs, en voyant repartir tellement vite, et à la puissance dix, une forme de réaction gouvernementale qui a de longue date fait les preuves de son #inefficacité (contre la #violence_terroriste) et de sa #nocivité (pour l’état du vivre-ensemble et des droits humains) : au lieu d’augmenter comme il faut les moyens policiers pour enquêter plus et mieux qu’on ne le fait déjà, pour surveiller, remonter des filières bien ciblées et les démanteler, mais aussi assurer en temps réel la protection des personnes qui la demandent, au moment où elles la demandent, on fait du spectacle avec des boucs émissaires.

    Une sourde appréhension s’est donc mêlée à la peine, face au déferlement d’injures, de menaces et d’attaques islamophobes, anti-immigrés et anti-tchétchènes qui a tout de suite commencé, mais aussi face à l’éventualité d’autres attentats qui pourraient advenir dans le futur, sur la prévention desquels, c’est le moins que je puisse dire, toutes les énergies gouvernementales ne me semblent pas concentrées.

    3. Puis, au fil des lectures, une #gêne s’est installée, concernant ce que, sur les #réseaux_sociaux, je pouvais lire, « dans mon camp » cette fois-ci – c’est-à-dire principalement chez des gens dont je partage plus ou moins une certaine conception du combat antiraciste. Ce qui tout d’abord m’a gêné fut le fait d’énoncer tout de suite des analyses explicatives alors qu’au fond on ne savait à peu près rien sur le détail des faits : quel comportement avait eu précisément Samuel Paty, en montrant quels dessins, quelles interactions avaient eu lieu après-coup avec les élèves, avec les parents, qui avait protesté et en quels termes, sous quelles forme, qui avait envenimé le contentieux et comment s’était produit l’embrasement des réseaux sociaux, et enfin quel était le profil de l’assassin, quel était son vécu russe, tchétchène, français – son vécu dans toutes ses dimensions (familiale, socio-économique, scolaire, médicale), sa sociabilité et ses accointances (ou absences d’accointances) religieuses, politiques, délinquantes, terroristes ?

    J’étais gêné par exemple par le fait que soit souvent validée a priori, dès les premières heures qui suivirent le crime, l’hypothèse que Samuel Paty avait « déconné », alors qu’on n’était même pas certain par exemple que c’était le dessin dégoutant du prophète cul nu (j’y reviendrai) qui avait été montré en classe (puisqu’on lisait aussi que le professeur avait déposé plainte « pour diffamation » suite aux accusations proférées contre lui), et qu’on ne savait rien des conditions et de la manière dont il avait agencé son cours.

    4. Par ailleurs, dans l’hypothèse (qui a fini par se confirmer) que c’était bien ce dessin, effectivement problématique (j’y reviendrai), qui avait servi de déclencheur ou de prétexte pour la campagne contre Samuel Paty, autre chose me gênait. D’abord cet oubli : montrer un #dessin, aussi problématique soit-il, obscène, grossier, de mauvais goût, ou même raciste, peut très bien s’intégrer dans une #démarche_pédagogique, particulièrement en cours d’histoire – après tout, nous montrons bien des #caricatures anti-juives ignobles quand nous étudions la montée de l’antisémitisme, me confiait un collègue historien, et cela ne constitue évidemment pas en soi une pure et simple perpétuation de l’#offense_raciste. Les deux cas sont différents par bien des aspects, mais dans tous les cas tout se joue dans la manière dont les documents sont présentés et ensuite collectivement commentés, analysés, critiqués. Or, sur ladite manière, en l’occurrence, nous sommes restés longtemps sans savoir ce qui exactement s’était passé, et ce que nous avons fini par appendre est que Samuel Paty n’avait pas eu d’intention maligne : il s’agissait vraiment de discuter de la liberté d’expression, autour d’un cas particulièrement litigieux.

    5. En outre, s’il s’est avéré ensuite, dans les récits qui ont pu être reconstitués (notamment dans Libération), que Samuel Paty n’avait fait aucun usage malveillant de ces caricatures, et que les parents d’élèves qui s’étaient au départ inquiétés l’avaient assez rapidement et facilement compris après discussion, s’il s’est avéré aussi qu’au-delà de cet épisode particulier, Samuel Paty était un professeur très impliqué et apprécié, chaleureux, blagueur, il est dommageable que d’emblée, il n’ait pas été martelé ceci, aussi bien par les inconditionnels de l’ « esprit Charlie » que par les personnes légitimement choquées par certaines des caricatures : que même dans le cas contraire, même si le professeur avait « déconné », que ce soit un peu ou beaucoup, que même s’il avait manqué de précautions pédagogiques, que même s’il avait intentionnellement cherché à blesser, bref : que même s’il avait été un « mauvais prof », hautain, fumiste, ou même raciste, rien, absolument rien ne justifiait ce qui a été commis.

    Je me doute bien que, dans la plupart des réactions à chaud, cela allait sans dire, mais je pense que, dans le monde où l’on vit, et où se passent ces horreurs, tout désormais en la matière (je veux dire : en matière de mise à distance de l’hyper-violence) doit être dit, partout, même ce qui va sans dire.

    En d’autres termes, même si l’on juge nécessaire de rappeler, à l’occasion de ce crime et des discussions qu’il relance, qu’il est bon que tout ne soit pas permis en matière de liberté d’expression, cela n’est selon moi tenable que si l’on y adjoint un autre rappel : qu’il est bon aussi que tout ne soit pas permis dans la manière de limiter la liberté d’expression, dans la manière de réagir aux discours offensants, et plus précisément que doit être absolument proscrit le recours à la #violence_physique, a fortiori au #meurtre. Nous sommes malheureusement en un temps, je le répète, où cela ne va plus sans dire.

    6. La remarque qui précède est, me semble-t-il, le grand non-dit qui manque le plus dans tout le débat public tel qu’il se polarise depuis des années entre les « Charlie », inconditionnels de « la liberté d’expression », et les « pas Charlie », soucieux de poser des « #limites » à la « #liberté_d’offenser » : ni la liberté d’expression ni sa nécessaire #limitation ne doivent en fait être posées comme l’impératif catégorique et fondamental. Les deux sont plaidables, mais dans un #espace_de_parole soumis à une autre loi fondamentale, sur laquelle tout le monde pourrait et devrait se mettre d’accord au préalable, et qui est le refus absolu de la violence physique.

    Moyennant quoi, dès lors que cette loi fondamentale est respectée, et expressément rappelée, la liberté d’expression, à laquelle Samuel Paty était si attaché, peut et doit impliquer aussi le droit de dire qu’on juge certaines caricatures de Charlie Hebdo odieuses :

    – celles par exemple qui amalgament le prophète des musulmans (et donc – par une inévitable association d’idées – l’ensemble des fidèles qui le vénèrent) à un terroriste, en le figurant par exemple surarmé, le nez crochu, le regard exorbité, la mine patibulaire, ou coiffé d’un turban en forme de bombe ;

    – celle également qui blesse gratuitement les croyants (et les croyants lambda, tolérants, non-violents, tout autant voire davantage que des « djihadistes » avides de prétextes à faire couler le sang), en représentant leur prophète cul nul, testicules à l’air, une étoile musulmane à la place de l’anus ;

    – celle qui animalise une syndicaliste musulmane voilée en l’affublant d’un faciès de singe ;

    – celle qui annonce « une roumaine » (la joueuse Simona Halep), gagnante de Roland-Garros, et la représente en rom au physique disgracieux, brandissant la coupe et criant « ferraille ! ferraille ! » ;

    – celle qui nous demande d’imaginer « le petit Aylan », enfant de migrants kurdes retrouvé mort en méditerranée, « s’il avait survécu », et nous le montre devenu « tripoteur de fesses en Allemagne » (suite à une série de viols commis à Francfort) ;

    – celle qui représente les esclaves sexuelles de Boko Haram, voilées et enceintes, en train de gueuler après leurs « allocs » ;

    – celle qui fantasme une invasion ou une « islamisation » en forme de « grand remplacement », par exemple en nous montrant un musulman barbu dont la barbe démesurée envahit toute la page de Une, malgré un minuscule Macron luttant « contre le séparatisme », armé de ciseaux, mais ne parvenant qu’à en couper que quelques poils ;

    – celle qui alimente le même fantasme d’invasion en figurant un Macron, déclarant que le port du foulard par des femmes musulmanes « ne le regarde pas » en tant que président, tandis que le reste de la page n’est occupé que par des femmes voilées, avec une légende digne d’un tract d’extrême droite : « La République islamique en marche ».

    Sur chacun de ces dessins, publiés en Une pour la plupart, je pourrais argumenter en détail, pour expliquer en quoi je les juge odieux, et souvent racistes. Bien d’autres exemples pourraient d’ailleurs être évoqués, comme une couverture publiée à l’occasion d’un attentat meurtrier commis à Bruxelles en mars 2016 et revendiqué par Daesh (ayant entraîné la mort de 32 personnes et fait 340 blessés), et figurant de manière pour le moins choquante le chanteur Stromae, orphelin du génocide rwandais, en train de chanter « Papaoutai » tandis que voltigent autour de lui des morceaux de jambes et de bras déchiquetés ou d’oeil exorbité. La liste n’est pas exhaustive, d’autres unes pourraient être évoquées – celles notamment qui nous invitent à rigoler (on est tenté de dire ricaner) sur le sort des femmes violées, des enfants abusés, ou des peuples qui meurent de faim.

    On a le droit de détester cet #humour, on a le droit de considérer que certaines de ces caricatures incitent au #mépris ou à la #haine_raciste ou sexiste, entre autres griefs possibles, et on a le droit de le dire. On a le droit de l’écrire, on a le droit d’aller le dire en justice, et même en manifestation. Mais – cela allait sans dire, l’attentat de janvier 2015 oblige désormais à l’énoncer expressément – quel que soit tout le mal qu’on peut penser de ces dessins, de leur #brutalité, de leur #indélicatesse, de leur méchanceté gratuite envers des gens souvent démunis, de leur #racisme parfois, la #violence_symbolique qu’il exercent est sans commune mesure avec la violence physique extrême que constitue l’#homicide, et elle ne saurait donc lui apporter le moindre commencement de #justification.

    On a en somme le droit de dénoncer avec la plus grande vigueur la violence symbolique des caricatures quand on la juge illégitime et nocive, car elle peut l’être, à condition toutefois de dire désormais ce qui, je le répète, aurait dû continuer d’aller sans dire mais va beaucoup mieux, désormais, en le disant : qu’aucune violence symbolique ne justifie l’hyper-violence physique. Cela vaut pour les pires dessins de Charlie comme pour les pires répliques d’un Zemmour ou d’un Dieudonné, comme pour tout ce qui nous offense – du plutôt #douteux au parfaitement #abject.

    Que reste-t-il en effet de la liberté d’expression si l’on défend le #droit_à_la_caricature mais pas le droit à la #critique des caricatures ? Que devient le #débat_démocratique si toute critique radicale de #Charlie aujourd’hui, et qui sait de de Zemmour demain, de Macron après-demain, est d’office assimilée à une #incitation_à_la_violence, donc à de la complicité de terrorisme, donc proscrite ?

    Mais inversement, que devient cet espace démocratique si la dénonciation de l’intolérable et l’appel à le faire cesser ne sont pas précédés et tempérés par le rappel clair et explicite de l’interdit fondamental du meurtre ?

    7. Autre chose m’a gêné dans certaines analyses : l’interrogation sur les « #vrais_responsables », formulation qui laisse entendre que « derrière » un responsable « apparent » (l’assassin) il y aurait « les vrais responsables », qui seraient d’autres que lui. Or s’il me parait bien sûr nécessaire d’envisager dans toute sa force et toute sa complexité l’impact des #déterminismes_sociaux, il est problématique de dissoudre dans ces déterminismes toute la #responsabilité_individuelle de ce jeune de 18 ans – ce que la sociologie ne fait pas, contrairement à ce que prétendent certains polémistes, mais que certains discours peuvent parfois faire.

    Que chacun s’interroge toujours sur sa possible responsabilité est plutôt une bonne chose à mes yeux, si toutefois on ne pousse pas le zèle jusqu’à un « on est tous coupables » qui dissout toute #culpabilité réelle et arrange les affaires des principaux coupables. Ce qui m’a gêné est l’enchaînement de questions qui, en réponse à la question « qui a tué ? », met comme en concurrence, à égalité, d’une part celui qui a effectivement commis le crime, et d’autre part d’autres personnes ou groupes sociaux (la direction de l’école, la police, le père d’élève ayant lancé la campagne publique contre Samuel Paty sur Youtube, sa fille qui semble l’avoir induit en erreur sur le déroulement de ses cours) qui, quel que soit leur niveau de responsabilité, n’ont en aucun cas « tué » – la distinction peut paraitre simple, voire simpliste, mais me parait, pour ma part, cruciale à maintenir.

    8. Ce qui m’a gêné, aussi, et même écoeuré lorsque l’oubli était assumé, et que « le système » néolibéral et islamophobe devenait « le principal responsable », voire « l’ennemi qu’il nous faut combattre », au singulier, ce fut une absence, dans la liste des personnes ou des groupes sociaux pouvant, au-delà de l’individu #Abdoullakh_Abouyezidovitch, se partager une part de responsabilité. Ce qui me gêna fut l’oubli ou la minoration du rôle de l’entourage plus ou moins immédiat du tueur – qu’il s’agisse d’un groupe terroriste organisé ou d’un groupe plus informel de proches ou de moins proches (via les réseaux sociaux), sans oublier, bien entendu, l’acolyte de l’irresponsable « père en colère » : un certain #Abdelhakim_Sefrioui, entrepreneur de haine pourtant bien connu, démasqué et ostracisé de longue date dans les milieux militants, à commencer par les milieux pro-palestiniens et la militance anti-islamophobie.

    Je connais les travaux sociologiques qui critiquent à juste titre l’approche mainstream, focalisée exclusivement les techniques de propagande des organisations terroristes, et qui déplacent la focale sur l’étude des conditions sociales rendant audible et « efficace » lesdites techniques de #propagande. Mais justement, on ne peut prendre en compte ces conditions sociales sans observer aussi comment elles pèsent d’une façon singulière sur les individus, dont la responsabilité n’est pas évacuée. Et l’on ne peut pas écarter, notamment, la responsabilité des individus ou des groupes d’ « engraineurs », surtout si l’on pose la question en ces termes : « qui a tué ? ».

    9. Le temps du #choc, du #deuil et de l’#amertume « contre mon propre camp » fut cela dit parasité assez vite par un vacarme médiatique assourdissant, charriant son lot d’#infamie dans des proportions autrement plus terrifiantes. #Samuel_Gontier, fidèle « au poste », en a donné un aperçu glaçant :

    – des panels politiques dans lesquels « l’équilibre » invoqué par le présentateur (Pascal Praud) consiste en un trio droite, droite extrême et extrême droite (LREM, Les Républicains, Rassemblement national), et où les différentes familles de la gauche (Verts, PS, PCF, France insoumise, sans même parler de l’extrême gauche) sont tout simplement exclues ;

    – des « débats » où sont mis sérieusement à l’agenda l’interdiction du #voile dans tout l’espace public, l’expulsion de toutes les femmes portant le #foulard, la #déchéance_de_nationalité pour celles qui seraient françaises, la réouverture des « #bagnes » « dans îles Kerguelen », le rétablissement de la #peine_de_mort, et enfin la « #criminalisation » de toutes les idéologies musulmanes conservatrices, « pas seulement le #djihadisme mais aussi l’#islamisme » (un peu comme si, à la suite des attentats des Brigades Rouges, de la Fraction Armée Rouge ou d’Action Directe, on avait voulu criminaliser, donc interdire et dissoudre toute la gauche socialiste, communiste, écologiste ou radicale, sous prétexte qu’elle partageait avec les groupes terroristes « l’opposition au capitalisme ») ;

    – des « plateaux » sur lesquels un #Manuel_Valls peut appeler en toute conscience et en toute tranquillité, sans causer de scandale, à piétiner la Convention Européenne des Droits Humains : « S’il nous faut, dans un moment exceptionnel, s’éloigner du #droit_européen, faire évoluer notre #Constitution, il faut le faire. », « Je l’ai dit en 2015, nous sommes en #guerre. Si nous sommes en guerre, donc il faut agir, frapper. ».

    10. Puis, très vite, il y a eu cette offensive du ministre de l’Intérieur #Gérald_Darmanin contre le #CCIF (#Collectif_Contre_l’Islamophobie_en_France), dénuée de tout fondement du point de vue de la #lutte_anti-terroriste – puisque l’association n’a évidemment pris aucune part dans le crime du 17 octobre 2020, ni même dans la campagne publique (sur Youtube et Twitter) qui y a conduit.

    Cette dénonciation – proprement calomnieuse, donc – s’est autorisée en fait d’une montée en généralité, en abstraction et même en « nébulosité », et d’un grossier sophisme : le meurtre de Samuel Paty est une atteinte aux « #valeurs » et aux « institutions » de « la #République », que justement le CCIF « combat » aussi – moyennant quoi le CCIF a « quelque chose à voir » avec ce crime et il doit donc être dissous, CQFD. L’accusation n’en demeure pas moins fantaisiste autant qu’infamante, puisque le « combat » de l’association, loin de viser les principes et les institutions républicaines en tant que telles, vise tout au contraire leur manque d’effectivité : toute l’activité du CCIF (c’est vérifiable, sur le site de l’association aussi bien que dans les rapports des journalistes, au fil de l’actualité, depuis des années) consiste à combattre la #discrimination en raison de l’appartenance ou de la pratique réelle ou supposée d’une religion, donc à faire appliquer une loi de la république. Le CCIF réalise ce travail par les moyens les plus républicains qui soient, en rappelant l’état du Droit, en proposant des médiations ou en portant devant la #Justice, institution républicaine s’il en est, des cas d’atteinte au principe d’#égalité, principe républicain s’il en est.

    Ce travail fait donc du CCIF une institution précieuse (en tout cas dans une république démocratique) qu’on appelle un « #contre-pouvoir » : en d’autres termes, un ennemi de l’arbitraire d’État et non de la « République ». Son travail d’#alerte contribue même à sauver ladite République, d’elle-même pourrait-on dire, ou plutôt de ses serviteurs défaillants et de ses démons que sont le racisme et la discrimination.

    Il s’est rapidement avéré, du coup, que cette offensive sans rapport réel avec la lutte anti-terroriste s’inscrivait en fait dans un tout autre agenda, dont on avait connu les prémisses dès le début de mandat d’Emmanuel Macron, dans les injures violentes et les tentatives d’interdiction de Jean-Michel #Blanquer contre le syndicat #Sud_éducation_93, ou plus récemment dans l’acharnement haineux du député #Robin_Réda, censé diriger une audition parlementaire antiraciste, contre les associations de soutien aux immigrés, et notamment le #GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Immigrés). Cet agenda est ni plus ni moins que la mise hors-jeu des « corps intermédiaires » de la société civile, et en premier lieu des #contre-pouvoirs que sont les associations antiracistes et de défense des droits humains, ainsi que les #syndicats, en attendant le tour des partis politiques – confère, déjà, la brutalisation du débat politique, et notamment les attaques tout à fait inouïes, contraires pour le coup à la tradition républicaine, de #Gérald_Darmanin contre les écologistes (#Julien_Bayou, #Sandra_Regol et #Esther_Benbassa) puis contre la #France_insoumise et son supposé « #islamo-gauchisme qui a détruit la république », ces dernières semaines, avant donc le meurtre de Samuel Paty.

    Un agenda dans lequel figure aussi, on vient de l’apprendre, un combat judiciaire contre le site d’information #Mediapart.

    11. Il y a eu ensuite l’annonce de ces « actions coup de poing » contre des associations et des lieux de culte musulmans, dont le ministre de l’Intérieur lui-même a admis qu’elles n’avaient aucun lien avec l’enquête sur le meurtre de Samuel Paty, mais qu’elles servaient avant tout à « #adresser_un_message », afin que « la #sidération change de camp ». L’aveu est terrible : l’heure n’est pas à la défense d’un modèle (démocratique, libéral, fondé sur l’État de Droit et ouvert à la pluralité des opinions) contre un autre (obscurantiste, fascisant, fondé sur la terreur), mais à une #rivalité_mimétique. À la #terreur on répond par la terreur, sans même prétendre, comme le fit naguère un Charles Pasqua, qu’on va « terroriser les terroristes » : ceux que l’on va terroriser ne sont pas les terroristes, on le sait, on le dit, on s’en contrefout et on répond au meurtre par la #bêtise et la #brutalité, à l’#obscurantisme « religieux » par l’obscurantisme « civil », au #chaos de l’#hyper-violence par le chaos de l’#arbitraire d’État.

    12. On cible donc des #mosquées alors même qu’on apprend (notamment dans la remarquable enquête de Jean-Baptiste Naudet, dans L’Obs) que le tueur ne fréquentait aucune mosquée – ce qui était le cas, déjà, de bien d’autres tueurs lors des précédents attentats.

    On s’attaque au « #séparatisme » et au « #repli_communautaire » alors même qu’on apprend (dans la même enquête) que le tueur n’avait aucune attache ou sociabilité dans sa communauté – ce qui là encore a souvent été le cas dans le passé.

    On préconise des cours intensifs de #catéchisme_laïque dans les #écoles, des formations intensives sur la liberté d’expression, avec distribution de « caricatures » dans tous les lycées, alors que le tueur était déscolarisé depuis un moment et n’avait commencé à se « radicaliser » qu’en dehors de l’#école (et là encore se rejoue un schéma déjà connu : il se trouve qu’un des tueurs du Bataclan fut élève dans l’établissement où j’exerce, un élève dont tous les professeurs se souviennent comme d’un élève sans histoires, et dont la famille n’a pu observer des manifestations de « #radicalisation » qu’après son bac et son passage à l’université, une fois qu’il était entré dans la vie professionnelle).

    Et enfin, ultime protection : Gérald Darmanin songe à réorganiser les rayons des #supermarchés ! Il y aurait matière à rire s’il n’y avait pas péril en la demeure. On pourrait s’amuser d’une telle #absurdité, d’une telle incompétence, d’une telle disjonction entre la fin et les moyens, si l’enjeu n’était pas si grave. On pourrait sourire devant les gesticulations martiales d’un ministre qui avoue lui-même tirer « à côté » des véritables coupables et complices, lorsque par exemple il ordonne des opérations contre des #institutions_musulmanes « sans lien avec l’enquête ». On pourrait sourire s’il ne venait pas de se produire une attaque meurtrière atroce, qui advient après plusieurs autres, et s’il n’y avait pas lieu d’être sérieux, raisonnable, concentré sur quelques objectifs bien définis : mieux surveiller, repérer, voir venir, mieux prévenir, mieux intervenir dans l’urgence, mieux protéger. On pourrait se payer le luxe de se disperser et de discuter des #tenues_vestimentaires ou des #rayons_de_supermarché s’il n’y avait pas des vies humaines en jeu – certes pas la vie de nos dirigeants, surprotégés par une garde rapprochée, mais celles, notamment, des professeurs et des élèves.

    13. Cette #futilité, cette #frivolité, cette bêtise serait moins coupable s’il n’y avait pas aussi un gros soubassement de #violence_islamophobe. Cette bêtise serait innocente, elle ne porterait pas à conséquence si les mises en débat du #vêtement ou de l’#alimentation des diverses « communautés religieuses » n’étaient pas surdéterminées, depuis de longues années, par de très lourds et violents #stéréotypes racistes. On pourrait causer lingerie et régime alimentaire si les us et coutumes religieux n’étaient pas des #stigmates sur-exploités par les racistes de tout poil, si le refus du #porc ou de l’#alcool par exemple, ou bien le port d’un foulard, n’étaient pas depuis des années des motifs récurrents d’#injure, d’#agression, de discrimination dans les études ou dans l’emploi.

    Il y a donc une bêtise insondable dans cette mise en cause absolument hors-sujet des commerces ou des rayons d’ « #alimentation_communautaire » qui, dixit Darmanin, « flatteraient » les « plus bas instincts », alors que (confère toujours l’excellente enquête de Jean-Baptiste Naudet dans L’Obs) l’homme qui a tué Samuel Paty (comme l’ensemble des précédents auteurs d’attentats meurtriers) n’avait précisément pas d’ancrage dans une « communauté » – ni dans l’immigration tchétchène, ni dans une communauté religieuse localisée, puisqu’il ne fréquentait aucune mosquée.

    Et il y a dans cette bêtise une #méchanceté tout aussi insondable : un racisme sordide, à l’encontre des #musulmans bien sûr, mais pas seulement. Il y a aussi un mépris, une injure, un piétinement de la mémoire des morts #juifs – puisque parmi les victimes récentes des tueries terroristes, il y a précisément des clients d’un commerce communautaire, l’#Hyper_Cacher, choisis pour cible et tués précisément en tant que tels.

    Telle est la vérité, cruelle, qui vient d’emblée s’opposer aux élucubrations de Gérald Darmanin : en incriminant les modes de vie « communautaires », et plus précisément la fréquentation de lieux de culte ou de commerces « communautaires », le ministre stigmatise non pas les coupables de la violence terroriste (qui se caractérisent au contraire par la #solitude, l’#isolement, le surf sur #internet, l’absence d’#attaches_communautaires et de pratique religieuse assidue, l’absence en tout cas de fréquentation de #lieux_de_cultes) mais bien certaines de ses victimes (des fidèles attaqués sur leur lieu de culte, ou de courses).

    14. Puis, quelques jours à peine après l’effroyable attentat, sans aucune concertation sur le terrain, auprès de la profession concernée, est tombée par voie de presse (comme d’habitude) une stupéfiante nouvelle : l’ensemble des Conseils régionaux de France a décidé de faire distribuer un « #recueil_de_caricatures » (on ne sait pas lesquelles) dans tous les lycées. S’il faut donner son sang, allez donner le vôtre, disait la chanson. Qu’ils aillent donc, ces élus, distribuer eux-mêmes leurs petites bibles républicaines, sur les marchés. Mais non : c’est notre sang à nous, petits profs de merde, méprisés, sous-payés, insultés depuis des années, qui doit couler, a-t-il été décidé en haut lieu. Et possiblement aussi celui de nos élèves.

    Car il faut se rendre à l’évidence : si cette information est confirmée, et si nous acceptons ce rôle de héros et martyrs d’un pouvoir qui joue aux petits soldats de plomb avec des profs et des élèves de chair et d’os, nous devenons officiellement la cible privilégiée des groupes terroristes. À un ennemi qui ne fonctionne, dans ses choix de cibles et dans sa communication politique, qu’au défi, au symbole et à l’invocation de l’honneur du Prophète, nos dirigeants répondent en toute #irresponsabilité par le #défi, le #symbole, et la remise en jeu de l’image du Prophète. À quoi doit-on s’attendre ? Y sommes-nous prêts ? Moi non.

    15. Comme si tout cela ne suffisait pas, voici enfin que le leader de l’opposition de gauche, celui dont on pouvait espérer, au vu de ses engagements récents, quelques mises en garde élémentaires mais salutaires contre les #amalgames et la #stigmatisation haineuse des musulmans, n’en finit pas de nous surprendre ou plutôt de nous consterner, de nous horrifier, puisqu’il s’oppose effectivement à la chasse aux musulmans, mais pour nous inviter aussitôt à une autre chasse : la #chasse_aux_Tchétchènes :

    « Moi, je pense qu’il y a un problème avec la #communauté_tchétchène en France ».

    Il suffit donc de deux crimes, commis tous les deux par une personne d’origine tchétchène, ces dernières années (l’attentat de l’Opéra en 2018, et celui de Conflans en 2020), plus une méga-rixe à Dijon cet été impliquant quelques dizaines de #Tchétchènes, pour que notre homme de gauche infère tranquillement un « #problème_tchétchène », impliquant toute une « communauté » de plusieurs dizaines de milliers de personnes vivant en France.

    « Ils sont arrivés en France car le gouvernement français, qui était très hostile à Vladimir Poutine, les accueillait à bras ouverts », nous explique Jean-Luc #Mélenchon. « À bras ouverts », donc, comme dans un discours de Le Pen – le père ou la fille. Et l’on a bien entendu : le motif de l’#asile est une inexplicable « hostilité » de la France contre le pauvre Poutine – et certainement pas une persécution sanglante commise par ledit Poutine, se déclarant prêt à aller « buter » lesdits Tchétchènes « jusque dans les chiottes ».

    « Il y a sans doute de très bonnes personnes dans cette communauté » finit-il par concéder à son intervieweur interloqué. On a bien lu, là encore : « sans doute ». Ce n’est donc même pas sûr. Et « de très bonnes personnes », ce qui veut dire en bon français : quelques-unes, pas des masses.

    « Mais c’est notre #devoir_national de s’en assurer », s’empresse-t-il d’ajouter – donc même le « sans doute » n’aura pas fait long feu. Et pour finir en apothéose :

    « Il faut reprendre un par un tous les dossiers des Tchétchènes présents en France et tous ceux qui ont une activité sur les réseaux sociaux, comme c’était le cas de l’assassin ou d’autres qui ont des activités dans l’#islamisme_politique (...), doivent être capturés et expulsés ».

    Là encore, on a bien lu : « tous les dossiers des Tchétchènes présents en France », « un par un » ! Quant aux suspects, ils ne seront pas « interpellés », ni « arrêtés », mais « capturés » : le vocabulaire est celui de la #chasse, du #safari. Voici donc où nous emmène le chef du principal parti d’opposition de gauche.

    16. Enfin, quand on écrira l’histoire de ces temps obscurs, il faudra aussi raconter cela : comment, à l’heure où la nation était invitée à s’unir dans le deuil, dans la défense d’un modèle démocratique, dans le refus de la violence, une violente campagne de presse et de tweet fut menée pour que soient purement et simplement virés et remplacés les responsables de l’#Observatoire_de_la_laïcité, #Nicolas_Cadène et #Jean-Louis_Bianco, pourtant restés toujours fidèles à l’esprit et à la lettre des lois laïques, et que les deux hommes furent à cette fin accusés d’avoir « désarmé » la République et de s’être « mis au service » des « ennemis » de ladite #laïcité et de ladite république – en somme d’être les complices d’un tueur de prof, puisque c’est de cet ennemi-là qu’il était question.

    Il faudra raconter que des universitaires absolument irréprochables sur ces questions, comme #Mame_Fatou_Niang et #Éric_Fassin, furent mis en cause violemment par des tweeters, l’une en recevant d’abjectes vidéos de décapitation, l’autre en recevant des #menaces de subir la même chose, avec dans les deux cas l’accusation d’être responsables de la mort de Samuel Paty.

    Il faudra se souvenir qu’un intellectuel renommé, invité sur tous les plateaux, proféra tranquillement, là encore sans être recadré par les animateurs, le même type d’accusations à l’encontre de la journaliste et chroniqueuse #Rokhaya_Diallo : en critiquant #Charlie_Hebdo, elle aurait « poussé à armer les bras des tueurs », et « entrainé » la mort des douze de Charlie hebdo.

    Il faudra se souvenir qu’au sommet de l’État, enfin, en ces temps de deuil, de concorde nationale et de combat contre l’obscurantisme, le ministre de l’Éducation nationale lui-même attisa ce genre de mauvaise querelle et de #mauvais_procès – c’est un euphémisme – en déclarant notamment ceci :

    « Ce qu’on appelle l’#islamo-gauchisme fait des ravages, il fait des ravages à l’#université. Il fait des ravages quand l’#UNEF cède à ce type de chose, il fait des ravages quand dans les rangs de la France Insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire. »

    Il faudra raconter ce que ces sophismes et ces purs et simples mensonges ont construit ou tenté de construire : un « #consensus_national » fondé sur une rage aveugle plutôt que sur un deuil partagé et un « plus jamais ça » sincère et réfléchi. Un « consensus » singulièrement diviseur en vérité, excluant de manière radicale et brutale tous les contre-pouvoirs humanistes et progressistes qui pourraient tempérer la violence de l’arbitraire d’État, et apporter leur contribution à l’élaboration d’une riposte anti-terroriste pertinente et efficace : le mouvement antiraciste, l’opposition de gauche, la #sociologie_critique... Et incluant en revanche, sans le moindre état d’âme, une droite républicaine radicalisée comme jamais, ainsi que l’#extrême_droite lepéniste.

    Je ne sais comment conclure, sinon en redisant mon accablement, ma tristesse, mon désarroi, ma peur – pourquoi le cacher ? – et mon sentiment d’#impuissance face à une #brutalisation en marche. La brutalisation de la #vie_politique s’était certes enclenchée bien avant ce crime atroce – l’évolution du #maintien_de l’ordre pendant tous les derniers mouvements sociaux en témoigne, et les noms de Lallement et de Benalla en sont deux bons emblèmes. Mais cet attentat, comme les précédents, nous fait évidemment franchir un cap dans l’#horreur. Quant à la réponse à cette horreur, elle s’annonce désastreuse et, loin d’opposer efficacement la force à la force (ce qui peut se faire mais suppose le discernement), elle rajoute de la violence aveugle à de la violence aveugle – tout en nous exposant et en nous fragilisant comme jamais. Naïvement, avec sans doute un peu de cet idéalisme qui animait Samuel Paty, j’en appelle au #sursaut_collectif, et à la #raison.

    Pour reprendre un mot d’ordre apparu suite à ce crime atroce, #je_suis_prof. Je suis prof au sens où je me sens solidaire de Samuel Paty, où sa mort me bouleverse et me terrifie, mais je suis prof aussi parce que c’est tout simplement le métier que j’exerce. Je suis prof et je crois donc en la raison, en l’#éducation, en la #discussion. Depuis vingt-cinq ans, j’enseigne avec passion la philosophie et je m’efforce de transmettre le goût de la pensée, de la liberté de penser, de l’échange d’arguments, du débat contradictoire. Je suis prof et je m’efforce de transmettre ces belles valeurs complémentaires que sont la #tolérance, la #capacité_d’indignation face à l’intolérable, et la #non-violence dans l’#indignation et le combat pour ses idées.

    Je suis prof et depuis vingt-cinq ans je m’efforce de promouvoir le #respect et l’#égalité_de_traitement, contre tous les racismes, tous les sexismes, toutes les homophobies, tous les systèmes inégalitaires. Et je refuse d’aller mourir au front pour une croisade faussement « républicaine », menée par un ministre de l’Intérieur qui a commencé sa carrière politique, entre 2004 et 2008, dans le girons de l’extrême droite monarchiste (auprès de #Christian_Vanneste et de #Politique_magazine, l’organe de l’#Action_française). Je suis prof et je refuse de sacrifier tout ce en quoi je crois pour la carrière d’un ministre qui en 2012, encore, militait avec acharnement, aux côtés de « La manif pour tous », pour que les homosexuels n’aient pas les mêmes droits que les autres – sans parler de son rapport aux femmes, pour le moins problématique, et de ce que notre grand républicain appelle, en un délicat euphémisme, sa « vie de jeune homme ».

    Je suis prof et j’enseigne la laïcité, la vraie, celle qui s’est incarnée dans de belles lois en 1881, 1882, 1886 et 1905, et qui n’est rien d’autre qu’une machine à produire plus de #liberté, d’#égalité et de #fraternité. Mais ce n’est pas cette laïcité, loin s’en faut, qui se donne à voir ces jours-ci, moins que jamais, quand bien même le mot est répété à l’infini. C’est au contraire une politique liberticide, discriminatoire donc inégalitaire, suspicieuse ou haineuse plutôt que fraternelle, que je vois se mettre en place, sans même l’excuse de l’efficacité face au terrorisme.

    Je suis prof, et cette #vraie_laïcité, ce goût de la pensée et de la #parole_libre, je souhaite continuer de les promouvoir. Et je souhaite pour cela rester en vie. Et je souhaite pour cela rester libre, maître de mes #choix_pédagogiques, dans des conditions matérielles qui permettent de travailler. Et je refuse donc de devenir l’otage d’un costume de héros ou de martyr taillé pour moi par des aventuriers sans jugeote, sans cœur et sans principes – ces faux amis qui ne savent qu’encenser des profs morts et mépriser les profs vivants.

    https://lmsi.net/Je-suis-prof

    #Pierre_Tevanian

    –—

    –-> déjà signalé sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/882390
    https://seenthis.net/messages/882583
    ... mais je voulais mettre le texte complet.

    • Thread sur twitter :
      https://twitter.com/Disclose_ngo/status/1279049745659559938

      Une enquête de @TBIJ, avec @Disclose_ngo et le @guardian révèle que 2,3 milliards d’euros ont été versés à l’industrie de la viande et du lait par la #BERD et #IFC, deux des principales banques d’aide au développement de @Banquemondiale.

      Principal bénéficiaire des financements de l’IFC et de la BERD : la filière laitière, avec plus de 890 millions d’euros investis en 10 ans. Les filières de la #volaille et du #porc ont obtenu 445 millions d’euros chacune.

      et ses partenaires ont découvert que ces #fonds_publics ont été largement mis au service de l’expansion de #multinationales. Des géants de l’#agrobusiness qui les ont utilisés pour construire des #abattoirs et des « #méga-fermes » industrielles à travers le monde.

      Parmi les bénéficiaires se trouve des poids lourds de l’agroalimentaire français. En 2010, la BERD a pris une participation dans les filiales d’Europe de l’Est et d’Asie centrale du groupe @DanoneFR – 25,3 milliards d’euros de CA en 2019.
      En 2016, c’est le @groupe_lactalis, n°1 mondial du lait, qui obtient un prêt de 15 millions d’euros de la part de la BERD. Les fonds ont bénéficié à #Foodmaster, la filiale de Lactalis au Kazakhstan.

      A l’époque, la #BERD annonce que « ce programme permettra à #Foodmaster d’augmenter la production et la qualité des produits laitiers » locaux. Ces dernières années, #Lactalis a été impliqué dans plusieurs scandales, dont la contamination de lait infantile à la salmonelle en 2017.
      Récemment, l’IFC a validé un prêt de 48M d’euros à la société indienne Suguna, le plus gros fournisseur de volaille du pays et l’un des dix plus gros producteurs mondiaux. En 2016, une ferme de Suguna a été accusée d’utiliser un antibiotique pointé du doigt par l’OMS.

      Autant d’investissements en contradiction avec les engagements de la BERD et de l’IFC en faveur de la lutte contre le changement climatique. Incohérence d’autant plus criante que l’élevage industriel est responsable de près de 15% des émissions de gaz à effets de serre.

      #Danone #France #Lactalis #Kazakhstan #produits_laitiers #lait_infantile #Suguna #antibiotiques

    • Le groupe #Carrefour complice de la #déforestation de l’#Amazonie

      Au #Brésil, les supermarchés Carrefour se fournissent en viande de #bœuf auprès d’un géant de l’agroalimentaire baptisé #Minerva. Une multinationale accusée de participer à la déforestation de l’Amazonie, et qui bénéficie du financement de la Banque mondiale.

      Chaque année, le Brésil exporte près de deux millions de tonnes de viande de boeuf. Pour assurer un tel niveau de production, l’élevage intensif est devenu la norme : partout à travers le pays, des méga-fermes dévorent la forêt amazonienne pour étendre les zones de pâturages.

      L’organisation internationale Trase, spécialisée dans l’analyse des liens entre les chaînes d’approvisionnement et la déforestation, a publié en 2019 une étude indiquant que l’industrie de la viande bovine au Brésil est responsable du massacre de 5 800 km2 de terres chaque année. Cette déforestation massive met en danger la faune et la flore, accélère les dérèglements climatiques et favorise les incendies, souvent localisés dans les zones d’élevage.

      Parmi les géants du bœuf brésilien qui sont aujourd’hui dans le viseur de plusieurs ONG : Minerva. Cette société inconnue en France est l’un des leaders de l’exportation de viande transformée, réfrigérée et congelée vers les marchés du Moyen-Orient, d’Asie ou d’Europe. Selon nos informations, l’un de ses principaux clients n’est autre que le groupe français Carrefour, qui a fait du Brésil son deuxième marché après la France.

      Fin 2019, après les incendies qui ont dévasté l’Amazonie, Noël Prioux, le directeur général de Carrefour au Brésil, s’est fendu d’une lettre à ses fournisseurs brésiliens, dont Minerva. Il souhaitait s’assurer que la viande de bœuf fournie par Minerva, mais aussi JBS et Marfrig, ne provenait pas d’élevages installés dans des zones déboisées. Quelques mois plus tôt, en juin, Carrefour s’était engagé à ce que « 100% de sa viande fraîche brésilienne » soit issue d’élevages non liés à la déforestation.

      Contacté par Disclose, Carrefour qualifie Minerva de fournisseur « occasionnel » au Brésil. Selon un responsable de la communication du groupe, Carrefour Brasil » a demandé à l’ensemble de ses fournisseurs de la filière bœuf un plan d’action pour répondre à l’engagement de lutte contre la déforestation. Dès que le groupe a connaissance de preuves de pratiques de déforestation, il cesse immédiatement d’acheter les produits dudit fournisseur. »

      https://www.youtube.com/watch?v=6ACsayFkw_Y&feature=emb_logo

      Le groupe continue pourtant à se fournir en viande bovine auprès de Minerva, mis en cause dans un rapport de Greenpeace Brésil au début du mois de juin. Selon l’ONG, l’entreprise aurait acheté des milliers de bovins à une exploitation appelée « Barra Mansa ». Laquelle est soupçonnée de se fournir auprès d’éleveurs accusés de déforestation. À l’image de la ferme de Paredão, installée dans le Parc national Serra Ricardo, dont la moitié des 4000 hectares de terrain auraient été déboisés illégalement. Barra Mansa, située à quelques kilomètres à peine, y a acheté 2 000 bovins, qui ont été achetés à leur tour par Minerva, le fournisseur de Carrefour au Brésil. Les analyses de données effectuées par Trase indiquent, elles aussi, qu’il existerait un lien direct entre les chaînes d’approvisionnement de Minerva et la déforestation de plus de 100 km2 de terres chaque année ; Minerva conteste ces conclusions.

      Minerva bénéficie du soutien de la Banque mondiale

      En décembre 2019, notre partenaire, The Bureau of Investigative Journalism (TBIJ), et le quotidien britannique The Guardian ont révélé que la Banque mondiale et son bras financier, la Société internationale financière (IFC), soutiennent directement l’activité de Minerva. Une participation financière initiée en 2013, date de la signature d’un prêt de 85 millions de dollars entre Minerva et l’IFC. Objectif affiché à l’époque : « Soutenir [le] développement [de Minerva] au Brésil, au Paraguay, en Uruguay et probablement en Colombie ». En clair, une institution d’aide au développement finance un géant mondial du bœuf soupçonné de participer à la déforestation de l’Amazonie. Le tout, avec de l’argent public.

      Selon des experts de l’ONU interrogés par le BIJ, la Banque mondiale doit absolument reconsidérer ses investissements au sein de Minerva. « Compte tenu de la crise climatique mondiale, la Banque mondiale devrait veiller à ce que tous ses investissements soient respectueux du climat et des droits de l’Homme et doit se retirer des industries qui ne respectent pas ces critères », a déclaré David Boyd, le rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme et l’environnement. Une position également défendue par son prédécesseur, le professeur de droit international John Knox : « Le financement international de projets contribuant à la déforestation et la détérioration du climat est totalement inexcusable ».

      Contactée, l’IFC explique avoir « investi dans Minerva afin de promouvoir une croissance pérenne (…) dans le but de créer une industrie bovine plus durable ». L’organisation assure que sa participation dans l’entreprise a permis à Minerva de prendre « des mesures pour améliorer la traçabilité de son approvisionnement auprès de ses fournisseurs directs », précisant qu’aujourd’hui « 100 % de ses achats directs proviennent de zones qui n’ont pas été déforestées. » Quid, dès lors, des fournisseurs indirects ? Ceux qui font naître et élèvent les bovins, avant qu’ils n’arrivent aux ranchs qui les enverront à l’abattoir ? Ils constituent de fait le premier maillon de la chaîne d’approvisionnement.

      Taciano Custódio, responsable du développement durable de Minerva, reconnaît lui-même qu’ « à ce jour, aucun des acteurs de l’industrie n’est en mesure de localiser les fournisseurs indirects ». Il en rejette la faute sur l’administration brésilienne et l’absence de réglementation en la matière, tout en justifiant la déforestation : « Les pays d’Amérique du Sud possèdent encore un grand pourcentage de forêts et de terres non défrichées qui peuvent être exploitées légalement et de manière durable. Certains pays invoquent notamment la nécessité d’agrandir leur territoire de production afin de pouvoir développer la santé et l’éducation publiques et investir dans des infrastructures. ».

      Depuis le début de l’année 2020, plus de 12 000km2 de forêt ont disparu. Soit une augmentation de 55% par rapport à l’année dernière sur la même période.

      https://disclose.ngo/fr/news/au-bresil-le-groupe-carrefour-lie-a-la-deforestation-de-lamazonie

  • Dimanche 21 juin à 20h - JET FM

    http://jetfm.fr/site/Dimanche-21-juin-a-20h.html

    Un an après...

    http://jetfm.fr/streaming/get.php?f=http%3A%2F%2Fjetfm.fr%2Fsite%2Fstockage%2Femissions%2520programmatio

    A l’invitation du collectif citoyen nantais #Justice_Pour_Steve, nous modifions la programmation habituelle de ce dimanche soir.

    "Nous vous invitons à diffuser la chanson « #Porcherie » des Bérus ce dimanche 21 juin 2020 à 20h précises. Afin de synchroniser l’action pour un meilleur rendu, nous pensons que les radio nantaises pourraient programmer le morceau à 20h00.
    Ce morceau est celui qui a été diffusé avant la charge policière à l’origine de la mort de #Steve_Maia_Caniço, le 21 juin 2019.
    De plus, la proposition dystopique de la ville de #Nantes à fêter la #fête_de_la_musique à une heure imposée avec une playlist imposée, ainsi que la débauche de forces de l’ordre de la préfecture sur le quai Wilson, lieu hommage à Steve, nous paraissent indécentes".

    Le collectif citoyen nantais Justice Pour Steve

    Voici donc une playlist non imposée :

    Bérurier Noir / Porcherie
    Sexy Sushi / La Bombe (C’est toujours ça de pris)
    KRS One / The Sound Of Da Police
    Nas / Cops Shot The Kid
    The Clash / Police On My Back
    Streets / Police Control
    Red Noise / Petit Précis D’Instruction Civique - Sarcelles c’est l’avenir
    Long Fin Killie / Cop
    Nino Ferrer / Métronomie - Les Enfants de la Patrie - Métronomie II
    Lila Zarqa / Qui A Tué Steve ?

    #Musique_et_politique #Musique #ACAB #Violence_policière #Violences_policières #brutalité_policière #Assassinats_policiers #racisme #racisme_systémique #police

    #fêtedelamusique #JusticePourSteve #SteveMaiaCaniço

    • Je retrouve plus cette image mais je vous la décris. Une vieille dame avec la peau du vente un peu flasque, photographiée comme ces messieurs, explique pourquoi elle va voir des prostitués et cite leurs bonnes raisons (pas envie de dépenser 100 euros pour une soirée romantique et risquer de pas niquer, les mecs parlent trop, ils sont compliqués, etc.). Une parodie assez drôle. Vraiment, quand on fait le truc symétrique, ça marche à tout les coups en devant ridicule et incompréhensible.
      #prostitution #porcs

    • floraisons | Freier
      https://floraisons.blog/freier

      Freier [clients] est un reportage et une série de portraits de clients de la prostitution, réalisé par Bettina Flitner dans le bordel Paradise à Stuttgart en Allemagne. Le reportage de Bettina Flitner a été publié dans le magazine Stern en 2013. Nous publions ici quelques-unes des photographies et des extraits de témoignages. Vous pouvez retrouver l’intégralité sur le site de l’artiste.

    • @supergeante Les portraits, surtout sans chaussettes, ne racontent rien. C’est du vide.
      "D’une certaine façon c’est le pouvoir. On possède la femme. On peut faire ce qu’on veut avec elle. »"
      Voire l’affirmation pour le viol, en définitive on ne parle pas de sexe.
      "Penser et vivre comme des porcs".

    • Quand Floraisons a posté ça sur Twitter, ce témoignage de la crasse de ces mecs-là, tout de suite, « il/iel » poste : « Je croyais que vous étiez féministes, je vois que vous êtes abolos. »
      Réponse d’une féministe : « Il y a une différence entre soutenir les travailleuses du sexe et critiquer la prostitution et ces clients. »
      Il/iel : « Ah mais j’ai pas dit que je soutenais ces clients. » C’est que des mecs blancs cis hétéros d’ailleurs. « De là à dire que la prostitution est un problème. »

      Voilà où on en est en ce moment dans le milieu féministe. Toute parole un peu radicale est suspectée d’être ostracisée comme venant du camp du mal (féminisme abolitionniste, transexclusif) et le débat fonctionne sur ce manichéisme sans intégrer la matière qui est pourtant étalée au grand jour, l’exploitation des femmes par les hommes sur tous les registres possibles. Ça me gonfle.

  • « Les temps ont changé, il est devenu indéfendable » : dans un contexte post-#metoo, le malaise Gabriel Matzneff
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/12/23/les-temps-ont-change-il-est-devenu-indefendable-dans-un-contexte-post-metoo-


    Gabriel Matzneff en 2006. À droite, l’éditrice Vanessa Spingora. En haut, Bernard Pivot (en 1978), qui a reçu l’écrivain à six reprises dans son émission « Apostrophes ».
    Collage d’après les photos de Jean-Philippe Baltel/Sipa, Rue des Archives/Agip Jean-Francois Paga/Opale via Leemage. Collage de Jean-Baptiste Talbourdet Napoleone pour M Le magazine du Monde

    La parution du livre « Le Consentement » crée une secousse dans le monde littéraire. L’auteure Vanessa Springora y raconte sa relation traumatisante, à 14 ans, avec cet homme de trente-six ans son aîné, écrivain aux pratiques pédophiles assumées.

    le #paywall ne me permet pas de voir si Le Monde rappelle que Gabriel Matzneff a longtemps tenu une chronique hebdomadaire (dans mon souvenir, entièrement centrée sur sa personne) dans Le Monde des Livres.

    (et, je voudrais pas dire, mais à l’époque c’était déjà beaucoup plus que du malaise que m’inspirait ce bonhomme et ses œuvres…)

    • Puisque nous n’avons pas l’article en entier à cause du #paywall, on peut quand même bruler chaque lettre du titre.

      Comme si les crimes pouvaient s’absoudre dans le temps, que les faits n’existaient pas et n’avaient pas à voir avec un viol mais simplement à la définition morale d’une époque. Comme si il n’y avait pas eu de victimes avant et des prédateurs sexuels, toujours, pour profiter de leur position dominante sur des enfants et les violer en toute impunité.
      A cette époque certains se targuaient de leurs libertés basées sur la soumission sexuelles des autres, le monde de la politique et de la littérature, les #grands_hommes se congratulait et montrait comment détruire des personnes par le sexe pour maintenir leur position dominante.

      Oserait-on titrer la même chose avec Hitler ?

      « Les temps ont changé, il est devenu indéfendable »

    • L’article de Lacroix relate la courageuse intervention de #Denise_Bombardier chez #Pivot et comment elle fut agressée et ostracisée

      https://www.la-croix.com/Culture/Lecrivain-Gabriel-Matzneff-rattrape-passe-2019-12-25-1201068455

      Vanessa Springora rappelle, témoignage accablant sur les doctes errements des intellectuels, ce que fut aussi le « consentement » général. Tribune libre en 1977 à la une du Monde ; pétition signée par Sartre, Simone de Beauvoir, Michel Foucault, André Glucksmann, Jack Lang, Bernard Kouchner… Sans l’ombre depuis, chez les vivants, de l’expression d’un remords à l’égard des « victimes » de ce gourou de la pulsion pédophile, très en cour, défendu, au nom du style, par François Mitterrand.

      #livres
      Le Consentement, de Vanessa Springora. Grasset, 218 p., 18 €.

      Une vie sans peur et sans regret. Mémoires, de Denise Bombardier. Plon, 464 p., 21,90 €.

      A part ceux qui sont morts, tous les crevards de pédophiles cités plus haut se portent plutôt bien, la presse française leur déroule le tapis et ils ont toujours pignon sur rue.

    • La prestation de Matzneff et de Pivot dans la vidéo d’Apostrophes est insoutenable. Denise Bombardier très émue et très digne face à un porc…

      Denise Bombardier, dans Une vie sans peur et sans regret, Mémoires : […] Puis-je avouer que cette intervention fut l’une des rares où, dans ma vie, j’ai fait œuvre utile ? »

    • Ami de Matzneff, Philippe Sollers la qualifie publiquement de « mal baisée ». Dans Le Monde, Josyane Savigneau pourfend sa « sottise » et défend avec ardeur « l’homme qui aime l’amour ». Sur Twitter, ces jours-ci, elle le glorifie encore.

      Dans VSD, Jacques Lanzmann s’étonne que Matzneff n’ait pas « aligné la Bombardier d’une grande baffe en pleine figure ». À son retour au Québec, elle reçoit des lettres anonymes, des appels menaçants, sa maison est taguée, ses vitres cassées, ainsi qu’elle le raconte dans son autobiographie parue en février dernier. « Rétrospectivement, écrit Vanessa Springora, je m’aperçois du courage qu’il a fallu à cette auteure canadienne pour s’insurger, seule, contre la complaisance de toute une époque. »

      ici l’extrait de l’émission Denis Bombardier interviens à 1:43 mins
      https://www.dailymotion.com/video/x3ykex7

    • Même rhétorique, chez ce gros connard d’ardisson, il y a une quinzaine d’année.

      Interview biographie de Gabriel Matzneff - Archive INA - YouTube
      (je vous épargne le lien, c’est au début)

      Ardisson :

      mais vous ne croyez pas que la condamnation de la société envers vous est irrévocable ?

      matzneff (rigolard) :

      Mais non voyons, absolument pas, ça c’était au vingtième siècle, maintenant c’est le vingtième et unième siècle - c’était les années 90 où je me faisait insulter (...)

      et ensuite, de lui servir la soupe pendant un quart d’heure.

    • Mais il ne faudrait pas croire que c’est là le seul contexte où les médias préfèrent des formules qui ne contiennent pas « le mot en V » ; le même évitement peut être observé dans presque tous les contextes. Jane Gilmore, la féministe australienne à l’origine du projet ‘Fixed It’ [“rectification”], qui souligne en rouge les titres sexistes des journaux et publie une capture d’écran de sa version rectifiée avec la bulle « Allez-y » (nom de l’organe de presse), « je vous l’ai rectifié », est particulièrement au fait de l’utilisation médiatique permanente du mot « sexe » au lieu de « viol » dans les comptes-rendus d’affaires de viol, alors même que les médias pourraient tout à fait remplir leurs obligations légales de ne pas biaiser les procédures criminelles en procédant à une simple modification, en ajoutant « présumé » au mot « viol ». Comme le dit Gilmore, ce n’est pas ainsi qu’ils rendent compte d’autres crimes à propos desquels personne n’a encore été condamné. Si quelqu’un est accusé de voler une voiture, les médias ne se sentent pas obligés de le décrire comme étant simplement en train de « conduire une voiture », tant qu’un jury ne l’a pas condamné pour vol. Même si sa défense consiste à dire, « je conduisais avec la permission du propriétaire », des mots comme « voler » ou « dérober » ne seront pas complètement rejetés. Pour « violer », toutefois, les choses sont différentes.

      J’en suis venue à des conclusions semblables lors de ma recherche pour un article du TES [le Supplément Education du Times] sur le langage utilisé pour qualifier des agressions sexuelles commises à l’endroit d’enfants. Les articles que j’ai lus, surtout dans les cas concernant des adolescentes, faisaient preuve d’une résistance marquée envers l’utilisation du mot « viol » ou d’autres mots impliquant des sanctions pénales, comme « agression » ou « abus ».

      Par exemple, les enseignants qui avaient abusé de leur position d’autorité ont été très souvent considérés « comme ayant eu des relations sexuelles » avec les élèves adolescentes qu’ils avaient sollicitées ; parfois on disait qu’ils avaient eu « une liaison » ou « une aventure ». Le langage, en d’autres termes, était issu du registre généralement utilisé pour parler de sexe ou de relation amoureuse entre deux adultes consentants – même quand le professeur était un prédateur en série, agressant des élèves n’ayant pas plus de 13 ans, et cela même dans des articles après qu’il ait été condamné.

      Pourquoi les comptes-rendus des cas concernant des enfants sont-il si frileux quant à l’usage des termes « viol », « agression » ou « abus » ? Je me suis alors vraiment demandée si ce n’était pas parce qu’il ne s’agissait pas vraiment d’accusations de viol dans la plupart de ces cas (les atteintes contre les mineur·e·s sont désignées différemment, par exemple comme « relations sexuelles avec enfant »). Mais à la réflexion j’ai conclu que l’accusation n’était pas l’enjeu : l’évitement constaté était plus en rapport avec deux autres facteurs.

      L’un d’eux est la réticence à utiliser des mots impliquant la violence dans des cas où l’agresseur a usé de manipulation psychologique et affective plutôt que de force ou de menaces. C’est ainsi que beaucoup d’agresseurs d’enfants opèrent. Dans une émission télévisée récente au cours de laquelle j’ai entendu parler du cas de Larry Nassar, entraineur sportif qui a agressé sexuellement de centaines de filles pendant une vingtaine d’années, la journaliste Lindsey Smith (qui avec sa collègue Kate Wells a fait un reportage pour la radio publique du Michigan, et a poursuivi avec des récits des survivantes, dans le podcast primé “Believed”[« On vous croit »]), a expliqué que les raisons principales de l’impunité prolongée de Nassar était sa capacité a gagner la confiance à la fois de ses victimes, de leurs parents et de leurs entraineurs. Les professeurs qui agressent leurs élèves abusent de leur confiance ; peut-être, alors, n’est-il pas étonnant que dans les cas d’abus de pouvoir, des formules comme « ont eu un rapport sexuel / une relation / une aventure avec » ont été en toute logique préférées. En utilisant ce langage, toutefois, les médias ne font que reprendre l’éclairage déformé qui permet à cette forme d’abus de prospérer.

      Le second facteur est une tendance à nier ou à occulter le déséquilibre de pouvoir entre les hommes adultes et les adolescentes. Les termes « relations » ou « aventures » confirment implicitement ce que Jeffrey Epstein affirmait explicitement – à savoir que les adolescentes ne devraient pas être considérées comme des enfants vulnérables. Elles peuvent dans les faits être mineures, mais en réalité, elles sont sexuellement et socialement des adultes matures ; elles n’ont ni besoin ni envie d’être préservées des attentions sexuelles d’hommes plus âgés.

      Parfois le déni de la vulnérabilité des filles va encore plus loin, en les présentant comme plus puissantes, plus calculatrices et plus maîtresses d’elles-mêmes que les hommes qui les ont exploitées. Au tribunal, la faute est souvent rejetée sur la victime. Lors d’un procès en 2015, le juge a dit d’un professeur de 44 ans qui venait juste d’être inculpé pour abus de pouvoir sur une élève de 16 ans qu’il avait été « séduit » par une « fille intelligente et manipulatrice ». Une autre adolescente victime a été décrite comme une « allumeuse » cherchant à se venger.

      Ces descriptions d’hommes adultes comme étant les vraies victimes, pris au piège et manipulés par des adolescentes prédatrices, sont un bon exemple de ce que la philosophe Kate Manne appelle « virilo-empathie », la tendance socialisée et partagée de ressentir la souffrance d’un homme plus facilement et plus intensément que celle d’une femme, et de lui accorder, partout où c’est possible, le bénéfice du doute. Cette tendance fournit un autre motif de ne pas appeler « viol » les agissements de certains hommes : puisque tout le monde s’accorde pour reconnaître que le viol est un crime particulièrement odieux, on doit être très prudent avant de formuler une accusation aussi grave. On voit partout ce souci de ne pas briser la vie des hommes, depuis la réticence des juges à punir de jeunes hommes à l’avenir plein de promesses, jusqu’à la demande d’accorder aux accusés le même anonymat qu’aux victimes dans les affaires de viol. Bien qu’il y ait dans le monde un grand nombre d’hommes qui ont été accusés de viol et qui pourtant n’ont pas tout perdu, (pensez à Roman Polanski et Donald Trump), cela peut être encore une autre raison de la réticence des gens à utiliser le mot en V.

      La « virilo-empathie » peut influencer les mentalités par rapport au viol d’autres manières moins évidentes. Dans le courant du mois, la Juge des Tutelles a statué sur le cas d’un déficient mental qui voulait avoir des relations sexuelles, mais qui ne comprenait pas l’idée de consentement. Auparavant il avait eu une « conduite inappropriée » envers les femmes, et ses aidants, inquiets à l’idée qu’il puisse être arrêté pour des raisons qu’il était incapable de comprendre, avaient pris des mesures de prévention dans ce sens. La juge, toutefois, déclara que ces mesures portaient atteinte à ses droits fondamentaux. Il avait le droit, dit-elle, de « commettre les mêmes erreurs que n’importe quel être humain pourra commettre, ou commettra, dans le cours de sa vie ».

      Selon le commentaire de la juriste Ann Olivarius sur Twitter, la juge a semblé totalement indifférente aux répercussions de sa déclaration pour les femmes susceptibles d’être, selon les aidants, des victimes de cet homme. Elle a même minimisé les menaces qu’il faisait peser sur ces femmes en les reformulant dans un langage insipide et euphémisant. Parler des « fautes que tout être humain commet au cours d’une vie » suggère que le problème – la possibilité que nous puissions offenser ou humilier en faisant des avances mal venues et maladroites – est courant et relativement mineur. En fait les aidants craignaient qu’il ne commette une grave infraction sexuelle. Peu de gens pourraient décrire un viol comme « une faute » et certainement pas comme le genre de faute que « tous les êtres humains peuvent commettre un jour » (surtout si l’on considère les femmes comme des êtres humains). Bien entendu, la juge n’aurait pas pu dire, avec autant de mots : « cet homme devrait avoir la même liberté de violer les femmes que tout un chacun ». Mais si l’on dépasse les non-dits et les euphémismes, n’est-ce pas le sens même de son jugement ?

      Cette année, les écoles d’Angleterre et du Pays de Galles devront enseigner à leurs élèves ce que dit la loi sur le consentement sexuel. Des jeunes gens apprendront qu’on doit avoir 16 ans pour pouvoir consentir, et que le sexe sans consentement est illégal. Mais en dehors de la salle de classe, les mêmes jeunes gens seront confrontés à quantité de messages dans lesquels le sexe non consenti, y compris des actes impliquant des mineurs, sont décrits en des termes qui, ou bien les normalisent (sexe, relation, aventure), ou bien les banalisent (« se conduire de façon inappropriée », « commettre des erreurs »). Comment savoir lequel de ces messages contradictoires ils retiendront ?

      Nous devons parler du viol, et par là j’entends : en parler en termes de viol. La définition légale peut avoir changé, mais « ce que la société en général considère comme du viol » est le plus souvent plus proche du point de vue que Susan Estrich a critiqué dans son livre de 1987 Real Rape (Ce que le viol est réellement), à savoir : le viol n’est avéré que s’il s’agit de l’attaque brutale par un inconnu d’une femme de réputation irréprochable. (Il n’y a que dans les comptes-rendus de ce genre d’affaires qu’on ne voit aucun évitement du mot en V.) Si nous voulons changer le consensus actuel, nous devons (entre autres choses) cesser d’utiliser, ou de tolérer un langage qui occulte la réalité du viol.

      https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/12/25/nous-devons-parler-du-viol

      #viriol-empathie #fraternité #violophilie #vocabulaire #victime_blaming #déni #male_gaze

    • Je me demande si il n’y aurait pas une carte des collusions du viol à créer. Avec des sources genre relevé d’écriture, paroles reprises dans les journaux, médias, films, etc. On verrait se dessiner le boyclub français qui sévit encore pour dédouaner les violeurs.

      J’ai envie de comprendre comment la plupart de mes amies qui ont cinquante ans aujourd’hui ont été violées si jeunes sans que personne ne pense jamais à prendre leur défense. Envie de savoir qui étaient ceux qui facilitaient l’acceptation culturelle et le principe de normalité pour qu’on accepte qu’un enfant devienne une proie sexuelle à 13 ans et comment les empêcher aujourd’hui de poursuivre leur massacre en les dénonçant.
      Rien que ça :)

    • J’ai mis la liste complète ici @tintin
      https://seenthis.net/messages/817715#message817775

      Pour la carte ca serait plutot un bingo des pedo-violophiles que j’imagine. Je veux bien y participé, il me semble que seenthis se prête bien à cet exercice collectif. Je vais ouvrir un sujet là dessus pour le rendre plus visible. Je pense qu’il y a aussi un truc à faire avec des cercles d’influence, comme une carte des misogynes médiatiques français- il y a des figures autour desquelles s’articulent plusieurs dossiers pas seulement des violences sexuelles et pas seulement sur des enfants. J’y pensait parce que Denise Bombardier explique qu’elle a été blacklisté d’un cercle.
      Du coup je voie bien un #bingo + une carte des réseaux pédophobes et misogynes

    • @mad_meg attention à ne pas abuser de l’interpellation du compte seenthis car ses notifications arrosent la liste de diffusion par email (ce qui nous permet de veiller à plusieurs pour les différents problèmes communautaires et techniques). Merci :)

    • @mad_meg cool pour la carte, je voyais quelque chose d’interactif un peu comme societe.com. Comme dit plus haut, je voudrais souligner la construction de ces réseaux et leur pouvoir d’influence, pas seulement de personnes mais des médias pour lesquels ils ont bossé, et montrer dans le temps que ces pédos violeurs misogynes se tiennent la main pour conserver leur domination destructrice. D’ailleurs la liste des salopards du torchon causeur est une base où en retrouver plusieurs cités déjà ici.

    • @mad_meg
      pour le côté interactif, au pire on trouvera de l’aide :) il faut en premier essayer d’anticiper les liens et relations que l’on veut voir apparaitre.
      Je suis en train de penser la structure de la base de données.
      Chaque personne qui s’est exprimée publiquement a sa place : nom, prenom, date de naissance (pour regrouper par ages et voir si ça évolue ou pas).
      Ces personnes sont liées à leur milieu d’influence via leur métier : politique, journalisme, art, cinéma, sport, mode.
      Les faits sont datés et sourcés et chaque personne est liée à un rôle : victime / à fait barrage / a défendu le violeur /signataire de la pétition Z.
      Les pétitions sont sourcées et reliées à chaque personne.

      Je fais des essais pour voir les regroupements systématiques des soutiens à Polansky, DSK, Matzneff, n’hésite pas si tu as des idées, et tu as mon mail aussi !

      Ok, je viens de voir ton lien, super !

    • (Texte intégral de l’article, @simplicissimus)

      Le Monde (site web)
      m-le-mag, lundi 23 décembre 2019 - 11:25 UTC +0100 3842 mots

      « Les temps ont changé, il est devenu indéfendable » : dans un contexte post-#metoo, le malaise Gabriel Matzneff
      Dominique Perrin

      La parution du livre « Le Consentement » crée une secousse dans le monde littéraire. L’auteure Vanessa Springora y raconte sa relation traumatisante, à 14 ans, avec cet homme de trente-six ans son aîné, écrivain aux pratiques pédophiles assumées.

      Le livre est à la fois cru et subtil. « À quatorze ans, on n’est pas censée être attendue par un homme de cinquante ans à la sortie de son collège, on n’est pas supposée vivre à l’hôtel avec lui, ni se retrouver dans son lit, sa verge dans la bouche à l’heure du goûter. (…) De cette anormalité, j’ai fait en quelque sorte ma nouvelle identité. À l’inverse, quand personne ne s’étonne de ma situation, j’ai tout de même l’intuition que le monde autour de moi ne tourne pas rond. » Dans Le Consentement (Grasset), Vanessa Springora raconte tout, la rencontre avec G. en 1985, à l’âge de 13 ans, la fascination, l’amour qu’elle dit avoir éprouvé, l’emprise, la séparation, la chute, avec crises d’angoisse et épisode psychotique, puis les années pour s’en remettre. Il lui aura fallu trente ans pour livrer sa version de l’histoire. Jusque-là, en littérature, elle n’était que Vanessa, une des multiples conquêtes de « l’homme à la sortie du collège », un écrivain qui a eu son heure de gloire, mais que les moins de 50 ans ne connaissent guère : Gabriel Matzneff.

      « Le Consentement » pousse à remonter le temps, jusqu’à ces années 1970 et 1980, quand le milieu littéraire et certains médias encensaient le dandy parisien, sans questionner les conséquences de ses attirances sexuelles.

      Ce récit, qui sort le 2 janvier, est une première. Jamais les enfants et les adolescentes ayant eu une relation avec cet écrivain n’avaient pris la parole. Devenus adultes, aucun n’était sorti du silence. À 47 ans, Vanessa Springora, nouvelle directrice des éditions Julliard, se lance et couvre de ses mots ceux d’un homme de 83 ans, qui a toujours revendiqué son désir pour les mineurs – il ne dit pas pédophile mais « philopède », même si le verlan n’est pas son style. Récit littéraire, personnel et très fort, Le Consentement est aussi un ouvrage qui interroge la société. Il pousse à remonter le temps, jusqu’à ces années 1970 et 1980, quand le milieu littéraire et certains médias encensaient le dandy parisien, sans questionner les conséquences de ses attirances sexuelles.

      Aujourd’hui, Gabriel Matzneff parle à ses amis de « retour du puritanisme » mais refuse de s’exprimer – « Je sors de chez le médecin, je n’ai pas la tête à ça, ce n’est pas du tout par désobligeance, croyez-le bien », répond-il, très courtois. Dans un contexte post-#metoo de remise en cause de la domination masculine et peu après le témoignage de l’actrice Adèle Haenel, il sait que l’époque ne lui est plus favorable.

      Une autre époque

      Crâne rasé, chemise grande ouverte sur torse bronzé, pantalon pattes d’éph, Gabriel Matzneff a 39 ans. Costume vert amande, chemise rose pâle et cravate bariolée, Bernard Pivot n’a pas un cheveu blanc. Nous sommes le 12 septembre 1975, sur Antenne 2. Présenté comme l’ami de Montherlant, l’écrivain est invité pour son essai Les Moins de seize ans (Julliard), sorti un an plus tôt. Déjà, il révèle ce qui fera tout son succès, ses airs d’aristocrate, son amour des interdits, son besoin de scandaliser. Déjà, ses propos sont limpides : « Je pense que les adolescents, les jeunes enfants, disons entre 10 et 16 ans, sont peut-être à l’âge où les pulsions d’affectivités, les pulsions sexuelles également, sont les plus fortes parce que les plus neuves. Et je crois que rien ne peut arriver de plus beau et de plus fécond à un adolescent ou une adolescente que de vivre un amour. Soit avec quelqu’un de son âge (…), mais aussi peut-être avec un adulte qui l’aide à se découvrir soi-même, à découvrir la beauté du monde créé, la beauté des choses. » Il enchaîne sur l’éveil, Bouddha, le Christ, les stoïciens.

      Pédophile certes, mais pédophile mystique. « Est-ce que vous avez été choqué par le livre ? », interroge Pivot. Deux invités s’avouent gênés. Une professeure de lycée parle « d’attentat à la dignité de l’enfant » et un universitaire interroge l’écrivain, à propos « des petits garçons qu’il drague » : « Vous les avez peut-être traumatisés pour la vie ? » Matzneff ne se démonte pas : « Je vous dirais qu’il y a beaucoup d’autres façons de pourrir un enfant que de coucher avec. » Fin du débat. « Le livre n’a pas soulevé de vagues de protestation, se remémore Bernard Pivot. Ce sont les époques qui diffèrent. » Lui-même n’a aucun souvenir de cet essai. Il réinvitera l’écrivain à cinq reprises.

      « Bernard Pivot invite systématiquement Matzneff, “Le Monde” ne dit jamais de mal de l’écrivain pendant les années 1970 et “Libération” en parle peu mais soutient le mouvement pro-pédophile. » Anne-Claude Ambroise-Rendu, universitaire

      Une autre époque en effet. Une période difficile à juger avec les critères actuels. « Bernard Pivot invite systématiquement Matzneff, Le Monde ne dit jamais de mal de l’écrivain pendant les années 1970 et Libération en parle peu mais soutient le mouvement pro-pédophile, raconte l’universitaire Anne-Claude Ambroise-Rendu, auteur d’Histoire de la pédophilie : XIXe-XXe siècles (Fayard). Aux côtés de l’écrivain Tony Duvert et du philosophe René Schérer, il est la tête de proue de la défense de ce qu’il répugne à appeler la pédophilie, avec des arguments très structurés et ce qu’il faut de mauvaise foi. Le Monde et Libération y voient un discours de défense de la liberté, une cause plus que transgressive, révolutionnaire. Les seuls à critiquer Matzneff, au nom de la morale, sont des titres conservateurs, comme France Soir, ou d’extrême droite comme Minute. Le partage des médias est très politique. » A partir de 1977, l’écrivain tient une chronique hebdomadaire au Monde. Le journal y mettra fin en 1982 quand Gabriel Matzneff sera soupçonné de pédophilie, finalement à tort, dans l’affaire du Coral, un centre éducatif dans le Gard. Sa voix est reconnue, ses romans sont lus. Un de ses plus grands succès, Ivre du vin perdu, sort en 1981 et se vendra au fil des ans à 20 000 exemplaires.

      Dans le milieu littéraire, le personnage séduit. Petit-fils de Russes blancs à l’écriture classique, mâtinée de références grecques et latines, l’écrivain possède l’aura de l’homme cultivé qui ose briser les tabous, choquer le bourgeois. Un héritier de Gide, de Byron et de Casanova tout à la fois. En janvier 1977, il rédige une lettre ouverte publiée dans Le Monde demandant la relaxe de trois hommes incarcérés, accusés d’avoir eu des relations sexuelles avec des filles et des garçons de 13 et 14 ans. Tout Saint-Germain-des-Prés signe : Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Gilles Deleuze, Guy Hocquenghem, Louis Aragon, Roland Barthes, Philippe Sollers, Jack Lang… L’heure est à la liberté des mœurs, il faut extraire l’enfant du carcan familial, l’aider à s’épanouir. Dans les milieux intellectuels et artistiques, défendre la cause pédophile et militer pour l’abrogation de la majorité sexuelle fixée à 15 ans, est un combat d’avant-garde. À cette même époque, la photographe Irina Ionesco fait des portraits érotiques de sa fille, Eva, dès ses 4 ans, et David Hamilton (accusé plus tard de viols sur mineures) repère ses jeunes modèles sur les plages du Cap d’Agde.

      Changement d’atmosphère

      Milieu des années 1980, changement d’atmosphère. « Un basculement s’opère en 1986, explique Anne-Claude Ambroise-Rendu, quand “Les Dossiers de l’écran” consacrent une soirée à la question de l’inceste. » Armand Jammot y reçoit Eva Thomas, qui publie Le Viol du silence (Aubier, 1986), dans lequel elle raconte qu’à 15 ans, elle a été abusée par son père. « L’opinion commence alors à se retourner, note l’historienne. Via l’inceste, les Français s’intéressent davantage aux enfants victimes d’abus sexuels. » C’est à cette période-là que le mot pédophilie apparaît dans le langage courant.

      Lorsque le 2 mars 1990, Gabriel Matzneff est de nouveau invité à « Apostrophes », l’ambiance n’est donc plus celle de 1975. L’écrivain, que Vanessa Springora a quitté deux ans plus tôt, présente un tome de son journal intime, au titre baudelairien : Mes amours décomposées (Gallimard). Un tableau de chasse, autobiographique donc, de filles de 14 ou 15 ans, agrémenté de garçons philippins de 11 et 12 ans, prostitués à Manille. Ton bravache. Sur le plateau chacun intervient tour à tour, quand, soudain, une journaliste et écrivaine québécoise crée la surprise. D’un ton assuré, celle qui a été la première femme à animer une émission politique à la télévision de Radio-Canada, se lance : « Moi, M. Matzneff me semble pitoyable. (…) On sait bien que des petites filles peuvent être folles d’un monsieur qui a une certaine aura littéraire, d’ailleurs on sait que les vieux messieurs attirent les petits enfants avec des bonbons. M. Matzneff, lui, les attire avec sa réputation. » Assis à sa gauche, « l’écrivain pitoyable » est soufflé : « Je trouve insensé de parler comme vous venez de le faire. (…) Je suis le contraire d’un macho, d’un type qui force qui que ce soit à faire quoi que ce soit. »

      Le cocktail qui suit est tendu, les olives passent mal. « C’était affreux, se souvient depuis Montréal, Denise Bombardier, 78 ans aujourd’hui. Les gens faisaient cercle autour de Matzneff, je ne suis restée que cinq minutes. » Bernard Pivot est alors le premier étonné : « Parfois j’organisais des conflits, mais là ce n’était pas le cas. Gabriel Matzneff avait le prestige de l’écrivain qui a une belle écriture. Ce qu’il racontait, on ne le trouvait pas dans d’autres livres, c’était original, osé, aventureux. À ceux qui pensaient qu’il bluffait, ses proches confirmaient que tout était vrai. Mais cela n’indignait pas comme aujourd’hui. » Sauf à venir d’un autre continent.

      Après l’émission, les critiques ne visent pas l’homme mis en cause… Mais la femme qui a cassé l’ambiance. « Connasse ! », s’énerve Philippe Sollers, l’éditeur de Matzneff, le 19 mars, sur France 3. Dans Le Monde du 30 mars, Josyane Savigneau encense l’écrivain, qui « ne viole personne », et tacle la Canadienne : « Denise Bombardier a eu la sottise d’appeler quasiment à l’arrestation de Matzneff, au nom des “jeunes filles flêtries” par lui… Découvrir en 1990 que des jeunes filles de 15 et 16 ans font l’amour à des hommes de trente ans de plus qu’elles, la belle affaire ! [ni l’ex-responsable du Monde des livres, ni Philippe Sollers n’ont souhaité nous parler] ». Dans Le Nouvel Observateur, Guy Sitbon est un des rares à écrire un article au vitriol contre l’écrivain « qui ne recule devant aucune goujaterie ».

      Impunité des artistes

      Des années plus tard, le 18 mars 1999, à l’occasion de la critique d’un livre, le chroniqueur Pierre Marcelle pourfendra encore, dans Libération, les « glapissements torquemadesques » de la journaliste (en référence au grand inquisiteur espagnol Tomás de Torquemada) et écrira que « déjà Christine Boutin pointait sous Bombardier ». « Je me suis fait traiter de mégère et de mal-baisée, raconte celle-ci. Matzneff était protégé par une partie du milieu littéraire et des médias, complètement complaisants à son égard. Ils ont justifié l’injustifiable au nom de la littérature. » Aujourd’hui, Vanessa Springora s’étonne aussi de l’impunité des artistes. « Tout autre individu, qui (…) se vanterait de sa collection de maîtresses de 14 ans, aurait affaire à la justice », écrit-elle dans son récit.

      Mais l’émission reste dans les mémoires et sonne la progressive mise au ban de l’écrivain. Tout le monde réalise que la pédophilie transforme l’enfant en simple objet de jouissance. Les années 1990 sont aussi celles de l’affaire Dutroux. Le pédophile n’a plus rien de libertaire, il devient un monstre. Pour son livre L’Enfant interdit, comment la pédophilie est devenue scandaleuse (Armand Colin, 2013), le sociologue Pierre Verdrager a étudié de près le parcours de l’écrivain. Il a une théorie cocasse : « Le journal de Matzneff est à la pédophilie ce que les carottes glaciaires sont à la climatologie. » Plus précisément, « les changements dans les mœurs se réfléchissent dans sa mauvaise humeur ». Ces années-là, l’écrivain au crâne rasé est bougon. Il est de moins en moins invité par les médias. Et quand il l’est, constate Verdrager, c’est moins pour la qualité de ses livres que pour le caractère sulfureux de sa vie.

      Prix Renaudot en 2013 à sept voix contre trois

      Le milieu littéraire parisien le remet soudain à l’honneur en 2013. À 77 ans, après une quarantaine de livres publiés, il reçoit son premier prix, le Renaudot essai, pour Séraphin, c’est la fin ! (La Table ronde). Un recueil de textes rédigés entre 1964 et 2012, sur Schopenhauer, Kadhafi, les prêtres ou le viol. Le jury (Jérôme Garcin, Patrick Besson, Dominique Bona…) l’a choisi à sept voix contre trois, après qu’un de ses membres eut longuement plaidé sa cause : Christian Giudicelli. Il n’est autre que l’éditeur de Matzneff chez Gallimard et son ami. Mais dans le grand jeu des prix littéraires, être juge et partie n’est pas un souci. « C’est un prix que l’on a décerné à un auteur ostracisé, jugé sulfureux et scandaleux depuis une vingtaine d’années et qui n’avait plus accès aux médias », se souvient Frédéric Beigbeder, membre du jury. Le ton était à la compassion. L’écrivain Patrick Besson : « Dans ce qu’il a pu écrire sur sa vie amoureuse, il y a des choses ahurissantes et inacceptables, mais c’est un vieux monsieur blacklisté et dans le besoin, on a fait la part des choses. »

      Ex-directeur du Point, Franz-Olivier Giesbert n’a voté pour Matzneff qu’au second tour. « C’est un excellent écrivain, dont j’aime certains livres, d’autres pas du tout, précise-t-il. J’exècre la pédophilie, mais je déteste aussi la police de la maréchaussée. Les gens cloués au pilori ont toujours ma sympathie. » Il souligne que jamais l’écrivain n’a été condamné par la justice. Aussitôt le Renaudot annoncé, trois pétitions apparaissent pour retirer le prix « à un militant pro-pédophile ». En vain. L’essai ne fera pas date, mais, grâce au prix, se vendra à 3 800 exemplaires.

      « Sur les réseaux sociaux, je me fais parfois interpeller pour le virer. Notre philosophie est claire : plus on nous demande de virer quelqu’un, moins on le fera. C’est une question de liberté d’expression. » Étienne Gernelle, directeur du « Point »

      Les médias qui le soutiennent s’amusent de son côté « politiquement incorrect ». Ses relations sexuelles avec des mineurs sont, pour eux, une histoire ancienne. D’ailleurs, dans ses derniers tomes de journaux, ses amantes ont passé les 18 ans. Et puis l’écrivain a d’autres sujets de prédilection : la Russie, la religion, la politique… La politique, c’est compliqué. Tendance réac, proche du penseur de la nouvelle droite, Alain de Benoist, Matzneff a voté Mélenchon en 2017. La chaîne Russia Today l’invite parfois, tout comme la très à droite Radio Courtoisie. Depuis 2013, il tient une chronique irrégulière sur le site du Point. « Il écrit sur tout et n’importe quoi avec un talent fou, se réjouit le directeur de l’hebdomadaire, Étienne Gernelle. Il dit le contraire de ce qu’il y a dans beaucoup de journaux, ça détonne. Sur les réseaux sociaux, je me fais parfois interpeller pour le virer. Notre philosophie est claire : plus on nous demande de virer quelqu’un, moins on le fera. C’est une question de liberté d’expression. »

      Dans l’édition aussi, il sème la pagaille. Au printemps 2016, il signe un contrat avec son ami Jean-François Colosimo, orthodoxe comme lui et directeur des Éditions du Cerf, pour publier un essai. En juillet, la maison fondée par l’ordre dominicain change d’avis « pas par censure », soutient Colosimo, « plus par incommodité ». « Quand j’ai appris que son essai avait été refusé, je n’ai pas hésité », raconte Manuel Carcassone, directeur de Stock. En 2017, il publie Un diable dans le bénitier. L’éditeur n’est pas un ami proche, mais il l’a admiré très tôt – « sans être familier du volet privé de son œuvre », s’empresse-t-il de préciser. « Quand j’avais 22 ans, à la fin des années 1980, Gabriel Matzneff était un personnage légendaire, perçu comme un auteur de qualité et un esprit libre. En plus, c’est un diariste, genre que j’aime beaucoup. Il me fascinait. Je l’ai rencontré à ce moment-là, je me souviens d’un dîner avec lui chez Guy Hocquenghem. On manque de gens comme eux. Le milieu littéraire est de plus en plus uniforme, aseptisé, politiquement correct. »

      A Saint-Germain-des-Prés, Matzneff est désormais synonyme de malaise. L’annonce de la sortie du livre de Springora a jeté un froid. Rares sont les personnes qui acceptent de parler. « Ça ne m’étonne pas, confie anonymement un professionnel de l’édition. Tout le monde connaissait l’histoire entre Vanessa Springora et Gabriel Matzneff et leur relation avait la bénédiction du milieu. Certains connaissaient aussi la mère de l’adolescente, attachée de presse dans l’édition. Aujourd’hui, forcément, tout le monde est gêné. » Matzneff n’hésitait d’ailleurs pas à se faire accompagner de sa jeune amante pour se rendre sur un plateau télé.

      « Pourriez-vous écrire qu’il est mon ami et le restera quoi qu’il advienne. » Frédéric Beigbeder

      Dans sa maison de la côte basque, à Guéthary, Frédéric Beigbeder est plus courageux. Il ne nous fait pas croire qu’il est parti faire du surf, mais se noie un peu dans ses hésitations. « Un nouveau tribunal va se mettre en place, comme pour Polanski, soupire-t-il. C’est une époque qui en juge une autre, mais les temps ont changé… Tout le milieu littéraire a peur. » Revoterait-il aujourd’hui pour le Renaudot ? « Je ne sais pas… C’est un auteur que j’aime beaucoup. Nous ne sommes ni flics ni juges, juste des personnes qui aiment la littérature. C’est triste si quelqu’un a souffert, c’est très triste… Mais quand on juge une œuvre d’art, il ne faut pas avoir de critères moraux. Je ne sais pas quoi dire de plus… C’est terminé pour lui, il est devenu indéfendable. Je ne serais pas étonné qu’il se suicide, il a tellement écrit sur le suicide. » Le lendemain, il envoie un message : « Pourriez-vous écrire qu’il est mon ami et le restera quoi qu’il advienne. » Manuel Carcassonne est partagé. « La transgression, comme celle de Rimbaud ou de Verlaine, devrait être consubstantielle à un certain nombre d’écrivains. Mais à un moment, si c’est illégal, il y a un prix à payer. L’affaire qui se profile est à la fois sûrement nécessaire et triste pour un homme de 83 ans. »

      Dans son studio du Quartier latin, Gabriel Matzneff doit, une fois de plus, se sentir victime d’un « retour de l’ordre moral, qui nous vient des sectes puritaines américaines » (Russia Today, le 1er décembre, au sujet de sa mauvaise réputation). « Il ne s’agit pas d’un retour à l’ordre moral, estime Patrick Besson, juste d’un retour à la raison. Les filles de 13 ans ont autre chose à faire que de tomber amoureuse d’un mec de 50 ans. Elles ne sont pas à armes égales avec lui. »

      L’auteur scandaleux n’intéresse plus grand monde

      Ce qui nuit le plus au vieil écrivain, selon Besson, ce ne sont ni les ligues de vertu, ni la bien-pensance, mais lui-même. « Il devient sa proie. Gabriel est attachant mais aussi exaspérant. Il est prisonnier de ses obsessions littéraires. Entre Marie-Élisabeth, Sandra, Juliette et Anne-Sophie, je ne vois plus la différence, lui non plus je crois. Il est prisonnier aussi de sa folie narcissique, il ne s’intéresse qu’à son poids, ses conquêtes, son œuvre. Il ne restera pas dans l’histoire de la littérature, mais dans celle de la psychiatrie. » Des propos sans concession, qui ne lui font pour autant pas regretter le Renaudot : « C’était un essai, pas un tome de journal ». L’auteur scandaleux n’intéresse en tout cas plus grand monde. Il a sorti en novembre le quinzième volume de son journal, L’Amante de l’Arsenal (Gallimard, 2019), alors que le quatorzième, La Jeune Moabite (Gallimard, 2017) n’avait pas dépassé les 1 000 exemplaires vendus.

      Lundi 9 décembre, rendez-vous avec un « matznévien » dans le Quartier latin. Normalien, Arthur, 21 ans, veut devenir écrivain et n’aime rien tant que citer son maître (rencontré à 17 ans, après lui avoir écrit). Choix du jour : « être différent, c’est être coupable ». Il se dit furieux de la sortie du livre de Vanessa Springora. « Pour Matzneff, c’est très douloureux, confie-t-il en buvant un chocolat chaud. Quand il l’a appris, il en avait les larmes aux yeux. Il se sent poignardé en plein cœur par une des trois femmes qui ont le plus compté dans sa vie. » Il raconte leur histoire dans La Prunelle de mes yeux (Gallimard, 1993). Par la vitre du café, on aperçoit en face, rue du Cardinal-Lemoine, un bar littéraire qui sert de l’absinthe, entièrement peint de jaune : L’Eurydice.

      « Les pédophiles à Cayenne ! »

      C’est là que, le 17 octobre, Arthur a organisé avec deux amis une soirée en hommage à son auteur fétiche. Ce jour-là, une cinquantaine de personnes, dont son ami l’écrivain Roland Jaccard, s’installe face à la scène. Invité, Philippe Sollers n’est pas venu. Au premier rang, Gabriel Matzneff est assis à côté d’une étudiante de 24 ans. Arthur lui offre une bouteille de vin jaune du Jura et tend à l’ancien ami d’Hergé une photo sur laquelle Tintin est emprisonné au quai de Gesvres, l’adresse de la brigade des mineurs. Tout le monde trouve ça très drôle.

      Puis Matzneff lit un extrait de roman, quand soudain trois étudiants – « avec des têtes de nazillon », précise Arthur – se lèvent et crient : « Casse-toi ! », « Les pédophiles à Cayenne ! ». Échanges de coups de poings, exfiltration de l’écrivain. Les organisateurs croient l’incident fini, quand d’autres jeunes tentent de rentrer. Cette fois, ils hurlent : « Matzneff au goulag ! ». Des étudiants d’extrême gauche, selon Arthur. Ils reprochent à l’écrivain sa proximité avec Alain de Benoist. C’est ce qui s’appelle un hommage raté. Le héros du soir s’est juré d’arrêter les rencontres publiques et Arthur s’en veut encore de n’avoir su prévenir tant de violence. Il saura que soutenir Matzneff est désormais devenu un loisir à haut risque.
      Cet article est paru dans Le Monde (site web)

      Note(s) :

      Mis à jour : 2019-12-27 07:02 UTC +0100

    • #merci @gata ! ça répond à ma question. L’auteur, Dominique Perrin donne un compte-rendu fidèle.

      Le jury (Jérôme Garcin, Patrick Besson, Dominique Bona…) l’a choisi à sept voix contre trois, après qu’un de ses membres eut longuement plaidé sa cause : Christian Giudicelli. Il n’est autre que l’éditeur de Matzneff chez Gallimard et son ami. Mais dans le grand jeu des prix littéraires, être juge et partie n’est pas un souci.

      Voilà,…

    • Plusieurs ressources via @kinkybambou sur twitter
      https://twitter.com/kinkybambou/status/1210913811638759425
      En framapad par @PacoHerin :

      Retranscription des tweet de Xanax (comme Twitter les bloque pour certain.e.s)

      « Quelques personnes à lire sur un type de violences sexuelles à l’encontre des enfants et ados, les violences incestueuses. Je n’indique ici que des ressources facilement disponibles en ligne. »

      Comptes-rendus de l’étude de Léonore Le Caisne, Un inceste ordinaire. Et pourtant tout le monde savait, paru en 2014, qui résument le livre : https://journals.openedition.org/gss/3619

      Les travaux de Dorothée Dussy : je commence par deux compte-rendus de ses ouvrages (qu’elle a écrit en nom propre ou dirigé). Dussy s’intéresse particulièrement à ce qui conduit (contraint) les victimes au silence. https://journals.openedition.org/clio/12872

      Des articles de Dorothée Dussy : https://www.erudit.org/fr/revues/as/2009-v33-n1-as3337/037816ar

      Un texte co-écrit par Dussy et Le Caisne
      https://journals.openedition.org/terrain/5000

      une étude ethnographique sur un cas d’inceste d’un père sur sa fille, au tribunal, qui interroge profondément les dynamiques familiales.
      https://www.cairn.info/revue-cahiers-internationaux-de-sociologie-2008-1-page-161.htm

      Ici, un rapport d’expertise qui avait été commandé à l’époque par le Ministère des familles (sous Hollande), qui devait enclencher un travail de fond, et qui est depuis tombé dans les oubliettes de la macronie.
      https://www.centre-hubertine-auclert.fr/sites/default/files/documents/cnrs_expertise_inceste_avril17.pdf

      Et le site de la grande enquête Virage de l’INED, mine d’informations toujours en cours d’exploitation, sur les violences sexuelles en France en général. Ce lien renvoie directement vers les publications actuellement disponibles au téléchargement.
      https://virage.site.ined.fr/fr/publications/Publications%20Virage

      Bibliographie :
      Lydia Guardo et Jean-Michel Caradec’h, ’ Le Silence des autres’ (qui est la personne dont parle Le Casine dans Un inceste ordinaire). (Merci à Valery Rey-Robert !)

      https://hebdo.framapad.org/p/9e4e-ressources-et-liens-sur-violences-incest?lang=fr (pour une semaine)

      via
      https://twitter.com/PacoHerin/status/1210932869603966981

    • @tintin : dans ta liste, je crois qu’il faut retirer Sorj Chalandon qui est celui qui dénonce Libé...

      Et sinon, juste pour compléter, bien que l’intervention de Denise Bombardier soit impeccable, il faut rappeler que c’est une chroniqueuse québécoise assez réac...

  • Extrait de Sapiens de Yuval Noah Harari sur la #domestication des #porcs

    Dans beaucoup de société néo-guinéennes, la richesse d’une personne est traditionnellement déterminée par le nombre de porcs qu’elle possède. Pour éviter qu’ils ne s’enfuient, les cultivateurs du nord de la nouvelle-guinée leur tranchent un bout du groin. Chaque fois que le cochon veut renifler, la douleur est vive. Un cochon ne pouvant trouvé de la nourriture ni meme son chemin sans renifler, cette mutilation le met totalement à la mercie de ses propriétaires humains. Dans une autre région de Nouvelle-guinée, la coutume s’est imposée d’énucléer les cochons, qu’ils ne puissent voir où ils vont*.

    * Charles Patterson, Eternal Treblinka : Our treatment of animals and the holocaust, New York, Lantern Books, 2002, p9-10 ; en français « Eternel Treblinka » trad. D. Letellier, Paris, Calmann-Lévy, 2008 ; Peter J.Ucko et G.W.Dimbleby (ed), The domestication and exploitation of plants and animals, Londres, Duckworth, 1969, p259.

    #hommerie #nos_ennemis_les_betes #domestication #elevage #virilo-carnisme

    • https://www.papuaerfgoed.org/en/Pigs_and_Pig_Ceremonies_in_New_Guinea

      Pigs are the personal property of men. However, according to Peters, “It does seem possible for women and children to own some pigs. In Anelekak village I was often shown pigs and given their owners’ name , including those of women and children”. Yet a couple of Peters’ informants denied that women and children could own pigs. Peters explains that “ According to them, the men gave their pigs to women and children to care for, who then regarded the pigs in their care, as their own”.

      ...

      The big pieces of meat are divided up and everyone gets their particular portion. Hylkema indicates that among the Ngalum, the organs always go to the women and that pieces from the belly always go to the men. He states that the life force concentrates itself in the belly of the pig(kang-asum). “By eating a belly piece, mankind can taste and experience the essence of that which has been provided to him during his existence. His commonly threatened state of being is momentarily part of this life force and for an instant he experiences a state of absolute bliss”. The bataten and the vegetables are also distributed and the meat that is being dried on sticks, is eaten within the next few days. Normally, the Bataten are roasted in the ashes. When dividing the food, they make sure that everyone gets something to eat. Especially during big feasts, men walk around to ensure that every one is provided for”.

    • Dans Caliban et la sorcière S.Federicci avance que les violences faites aux cochons sont une forme de violence faite aux femmes. Elle dit que les cochons sont élevés contre la maison et ce sont les femmes qui s’en occupent et s’y attachent (en papouasie elles les allaitent comme leurs enfants). Elles leur donnent les restes des repas qu’elles ont préparés et servis. Tuer les porcs est un violence psychologique et symbolique contre elles. Elle fait un jeu de mot « si les hommes murmurent à l’oreille des chevaux, les femmes murmurent à l’oreille des cochons ». (faut que je retrouve ce passage)
      Cette pratique de mutilation des groins et des yeux pour que les cochons n’aillent pas voire ailleurs me semble participé de la même idée pour les mutilation sexuelles féminines. Ces mutilations sont le signe d’une domestication.

      Un nouveau rapport des Nations Unies publié lundi indique qu’en dépit de leur interdiction par le droit national et international, les mutilations génitales féminines et l’excision ne montrent aucun signe d’essoufflement en Guinée, où 97 % des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans ont subi mutilations génitales féminines et/ou une excision.

      https://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/Hiddenwounds.aspx

  • Hog News: Giant Pigs Size of Polar Beers Being Bred in China - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-10-06/china-is-breeding-giant-pigs-the-size-of-polar-bears

    Chinese Vice Premier Hu Chunhua warned that the supply situation will be “extremely severe” through to the first half of 2020. China will face a pork shortage of 10 million tons this year, more than what’s available in global trade, meaning it needs to increase production domestically, he said.

    During a recent visit to major livestock provinces of Shandong, Hebei and Henan, Hu urged local governments to resume pig production as soon possible, with a target of returning to normal levels next year.

    Still, many farmers are wary about restocking swine after being hurt by an earlier outbreak. Also, piglet and breeding sow prices have surged, making it more expensive for backyard farms to afford rebuilding their herds. Increasing the size of pigs they already own may be the next best step.

    #élevage #porcs #chine

  • Tian de Caromb
    http://cuisine-libre.fr/tian-de-caromb

    Le tian de faïou (gratin de haricots blancs) est une véritable institution culinaire à Caromb. La veille, mettez les haricots secs à tremper dans de l’eau durant toute une nuit. Le lendemain, préchauffez le #Four à 210°C. Hachez les oignons et le lard. Faites-les revenir dans une poêle avec la graisse d’oie ou de canard. Arrêtez quand les oignons commencent à dorer. Ajoutez alors la viande découpée en morceaux, salez et poivrez. Mettre dans un plat à tian puis enfournez. Laissez cuire pendant trois quart… #Porc, #Haricot_blanc, #Chilis_et_cassoulets, #Tians / #Sans_œuf, #Sans_lactose, #Sans_gluten, Four

  • #Peste_porcine : la crainte d’une #épidémie mondiale - Economie - RFI
    http://www.rfi.fr/economie/20190918-peste-porcine-crainte-epidemie-mondiale

    Les conséquences sont lourdes pour le marché mondial du #porc qui se trouve déstabilisé. La perspective d’une épidémie mondiale et l’abattage de milliers d’animaux provoquent une flambée des prix. D’après les chiffres de la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’#alimentation et l’#agriculture, l’épidémie a entraîné une hausse de 50 % des prix du porc, au point que la #Chine a dû puiser dans ses réserves de viande congelée pour éviter une pénurie et contourner l’envolée des prix. Les pertes économiques sont importantes pour le secteur porcin chinois. Au premier semestre, son cheptel a diminué de 15 % sur un an.

    #élevage

  • Le vrai cout de la #viande pas chère : pauvre #cochon, riche affaire

    Depuis une dizaine d’années, les producteurs de porcs d’outre-Rhin jouissent de subventions massives accordées par Berlin pour accélérer l’industrialisation des exploitations. Aujourd’hui, le pays est devenu autosuffisant et inonde l’Europe à prix cassé. Le marché est dominé par une poignée d’entreprises qui pratiquent l’économie d’échelle grâce à l’automatisation, et entassent des dizaines de milliers de bêtes gavées d’antibiotiques dans des hangars sur caillebotis, coupés de la lumière du jour. Si cette viande est si bon marché, c’est aussi en raison du droit du travail allemand, qui permet aux grands abattoirs d’employer des ouvriers détachés venus d’Europe de l’Est et payés au rabais

    https://www.youtube.com/watch?v=L6MrcGNTJak


    #film #documentaire #Seehofer #industrie_agro-alimentaire #viande #travail #exploitation #Allemagne #prix #élevage #élevage_industriel #cochons #porc #exportation #travail_intérimaire #fertilisants #environnement #lisier #nitrates #eau_potable #nappe_phréatique #pollution #santé #cancer #France #abattoir #sous-traitance #dumping_salarial #travailleurs_étrangers #travailleurs_détachés #bactéries_multi-résistants #label #Roumanie #paysannerie #antibiotiques #métaphylaxie #Germanwatch #colistine #Suède #alimentation #travailleurs_détachés #épandage

  • ONE MILLION - ITEM 2361
    https://vimeo.com/332715618

    BELVEDERE MUSEUM VIENNA | CARLONE CONTEMPORARY
    ONE MILLION BY ULI AIGNER - ITEM 2361 - MONUMENTAL PORCELAIN VESSEL

    APRIL 12 - NOVEMBER 3, 2019

    belvedere.at/uli_aigner_en

    Porcelain is like a material memory that can endure for centuries. UIi Aigner uses this medium as a starting-point to transform loss into a material message about life and survival. Her monumental porcelain vessel is to be shown in the series Carlone Contemporary in which contemporary artworks are juxtaposed with the Baroque pictorial programme of the Carlone Hall.

    ONE MILLION – ITEM 2361 by Uli Aigner is based on a large colour pencil drawing by the artist. As part of her porcelain project ONE MILLION, she had this made into a large vessel in Jingdezhen, China, the ancient “world capital of porcelain” and painted it, working together with a porcelain painter.

    The universal subject of a sunset alludes to the harrowing experience of the suicide of a loved one. On the vessel’s body there is a depiction of a sunset in north-western Canada, the last before months without sunlight. At the top edge, the artist introduces an alternative depiction of the universe: the theory, supported by a mathematical formula, that the universe is a hologram. Aigner addresses both a physical presence in a real environment and a hypothetical model – two ways through which people can relate to the world.

    This exploration of light and shadow, of brightness and darkness in the cycle of life also appears in Carlo Innocenzo Carlone’s frescoes. These address the recurring alternation between day and night. Light is personified by Apollo as the leader of the Muses and has positive connotations, for it illuminates and exposes vices and drives them away.

    In the knowledge of the vast number of suicides worldwide, in this work Aigner is alluding to those who chose to leave us and paying tribute to those who “are still here in spite of everything”.

    Curated by Stella Rollig

    #art #porcelaine

  • Eine Million
    https://www.eine-million.com

    Ich habe begonnen, selbst Porzellangefäße zu töpfern. Die Gefäße werden chronologisch von 1 bis 1.000.000 numme-
    riert. In jedes einzelne Stück, von meinen Händen auf der Drehscheibe geformt, werden die fortlaufenden Nummern in
    das noch weiche Porzellan eingraviert. Die transparente Glasur zeigt die feine Farbe des bei 1300 Grad Celsius dicht
    gebrannten Porzellanscherbens.

    Dieses Vorhaben, selbst eine Million Gefäße zu produzieren, erzeugt den größtmöglichen denkbaren Raum, um in Ruhe
    zu arbeiten. Mein Lebensende, als behaupteter Endpunkt des Projektes, erzeugt die Vorstellung und birgt die Hoffnung
    auf viel Zeit für Alle, die sich damit in Beziehung setzen. Mein handwerkliches Können wird sich steigern und verfeinern.
    Sichtbar wird die Entwicklung beim Besuch der Website www.eine-million.com. Auf einem horizontalen Fotostrang ist je-
    des Gefäß in der Reihenfolge der Produktion abgebildet. Das Auf und Ab der Entwicklung der Formen wird hier sichtbar.

    Der Standort eines jeden Gefäßes ist angegeben. Diese Ortsangaben sind auf Google Maps verlinkt. Die Website zeigt
    die Verbreitung, die Wege und Orte der Gefäße und belegt so den Zusammenhang zwischen Produktion, Objekt und
    Welt. Eine analog voranschreitende Zellteilung, die sehr rasant oder eben sehr langsam von statten gehen kann.

    Scrape data from an interactive map – ParseHub Help Center
    https://help.parsehub.com/hc/en-us/articles/221759968-Scrape-data-from-an-interactive-map

    Many websites use widgets like Google Maps on their pages to display data you want.

    You should read this tutorial if you’re trying to scrape:

    A site like Yellow Pages that gives maps for the locations of local stores
    Data with information about stores or sites all across the country

    ParseHub can scrape this information, as long as it can be found in the HTML on the page. Before you go to scrape data, you should make sure that the data is there in the map.

    Is it possible to get coordinates for locations from Google Map? - Geographic Information Systems Stack Exchange
    https://gis.stackexchange.com/questions/19365/is-it-possible-to-get-coordinates-for-locations-from-google-map

    View the page’s source code and see if they are being publicly published. For example: http://www.canada411.yellowpages.ca/search/si/1/mcdonalds%20restaurant/Toronto%2C%20ON?showDD=true

    If you view the source code on that page, you will be able to find the lat + long of each pushpin marker on the google maps map. Also, each record holds information about its lat + long regardless of it being shown on the map itself. Each webpage will be uniquely formatted. Some poking around in the source code may reveal a lot of information about the data to the user!

    #art #porcelaine

  • Harassment, sexual assault among alleged misconduct by border agents investigated by CBSA
    Diana Swain, Andreas Wesley, Stephen Davis, CBC News, le 4 février 2019
    https://www.cbc.ca/news/canada/cbsa-files-abuse-atip-1.4999473

    Documents obtained by CBC News through an access to information request describe a wide range of alleged offences among agency staff, including criminal association, excessive force and using “inappropriate sexual language.”

    #Canada #Frontières #Agents_Frontaliers #Porcs

  • Denmark Is Building a Border Wall to Keep Boars Away Amid Swine Fever Fears

    Denmark began construction Monday morning on a 42-mile border fence designed to keep out wild boar from neighboring Germany.

    The government chose to erect the barrier amid fears that African swine fever is spreading across Europe, it said in a statement. An outbreak of the disease, which is highly contagious, has no cure and is fatal to pigs, was recorded in nearby Belgium in late 2018.

    (...)

    The fence will be five feet tall, designed to allow larger animals such as deer to jump over it. The government says the project, which will be completed in fall 2019 and is expected to cost $12 million, is “common sense.”

    http://time.com/5514415/denmark-border-wall-boars

    #Danemark #frontières #barrières_frontalières #murs #santé #peste_porcine #Allemagne #élevage #porcs

  • Tian de haricots de Beaumes de Venise
    https://cuisine-libre.fr/tian-de-haricots-de-beaumes-de-venise

    Le tian de haricots est un mets traditionnel de Beaumes-de-Venise. La veille, mettez les haricots secs à tremper dans de l’eau durant toute une nuit. Le lendemain, faites bouillir les haricots dans l’eau salée. Pendant ce temps faire revenir à la poêle le #Porc découpé en morceau, avec un peu de petit salé haché, l’ail en chemise, trois tomates et deux oignons émincés. À mi-cuisson, égouttez les cavaillonnais, gardez l’eau de cuisson et réservez. Dès que les morceaux de porc sont bien saisis, placez-les…

    #Porc, #Haricot_blanc, #Chilis_et_cassoulets, #cassoulet #Tians / #Sans_œuf, #Sans_lactose, #Sans_gluten, #Four

  • #Porc au pain d’épices
    https://cuisine-libre.fr/porc-au-pain-d-epices

    Débiter le filet mignon en tranches d’1 cm d’épaisseur. Émincer l’oignon. Mettre les deux dans un récipient à feu vif avec un peu d’huile afin de dorer légèrement la viande. Saler et poivrer à votre convenance. Mouiller avec la bière et mettre à feu doux. Dix minutes plus tard, ajouter le pain d’épices débité en cubes d’1 cm de côté. En fin de cuisson, ajoutez la crème fraîche et laisser réduire jusqu’à obtenir une consistance…

    Porc, #Ragoûts / #Sans_œuf, Mijoté

    #Mijoté

  • OTAN - Belgique La peste porcine importée par des militaires ? Deux carcasses de sangliers infectés retrouvées dans le camp de Lagland 6 Octobre 2018 - RTBF
    https://www.rtbf.be/info/societe/detail_deux-cadavres-de-sangliers-infectes-decouverts-a-lagland-la-peste-porcin

    Le virus de la peste porcine africaine pourrait avoir été introduit en Belgique par des allées et venues de militaires belges ou étrangers au sein du camp militaire de Lagland, situé en Province du Luxembourg.

    Selon les informations de la RTBF confirmées par la Défense, deux cadavres de sangliers positifs à la peste porcine ont été découverts. L’une de ces carcasses a été découverte le 21 septembre et se trouvait à l’état d’ossements ce qui indique que la mort datait de deux à quatre semaines précédant la date de la découverte. Il pourrait donc s’agir du premier ou de l’un des premiers sangliers positifs au virus.


    Cette découverte rapproche les enquêteurs du « patient zéro », soit le patient qui pourrait relier la peste porcine avec son origine extérieure. Car il ne fait actuellement plus aucun doute que la peste porcine africaine a été importée en Belgique depuis les pays de l’Est.

    Le « patient zéro » infecté par des militaires ? Une hypothèse « au moins aussi crédible » que les autres
    L’introduction de la maladie en Belgique peut avoir trois origines :
    1. L’importation de déchets alimentaires contaminés par camionneurs baltes de passage dans la région ;
    2. L’introduction de sangliers vivants porteurs du virus par des chasseurs belges ;
    3. L’introduction de la maladie par des allées et venues de militaires belges ou étrangers au camp de Lagland. Le site de la Défense indique des militaires étrangers en provenance de République tchèque et de Pologne, pays où la peste porcine est très présente, ont séjourné à Lagland. D’autre part, il est possible également que des militaires belges aient introduit la peste porcine en revenant de mission des Pays baltes où le virus est également présent. 
    Une source proche de l’enquête nous indique que cette dernière hypothèse « est au moins aussi crédible » que les deux premières. Les enquêteurs disent ne privilégier aucune des trois hypothèses.
    Au sein du camp de Lagland, où s’entraînent des militaires belges et étrangers, toutes les manœuvres ont été arrêtées et le matériel est en cours de décontamination. Des recherches intensifiées ont lieu depuis vendredi dans et autour du camp militaire.

    Depuis la découverte du virus en Belgique à la mi-septembre, 53 carcasses de sangliers ont été contrôlées positives au virus de la peste porcine africaine sur 80 cadavres analysés. L’ensemble de ces cas positifs ont été découverts au sein d’un territoire délimité de 63.000 hectares. Il n’est pour l’instant pas question d’étendre cette zone de confinement.

    #mondialisation #OTAN #transports #épidémie #élevage #agriculture #cochons #porcs

     

  • Ardennes : Peste porcine africaine : la filière française s’inquiète

    Le ministère français de l’Agriculture a reçu les différents acteurs de la filière porcine pour faire le point sur la situation, ce vendredi après-midi. Alors que deux cas de peste porcine africaine ont été détectés en Province de Luxembourg ce jeudi, les autorités françaises prennent des mesures pour contrer une menace économique importante dans l’Hexagone.


    Au lendemain de la détection de deux cas de Peste porcine africaine en Belgique, les acteurs français de la filière porcine ont été reçus par la Direction générale de l’Alimentation, qui dépend du ministère de l’Agriculture. Éleveurs, abatteurs, vétérinaires et chasseurs ont participé à cette réunion. L’objectif principal était qu’ils présentent leur stratégie pour contrer l’entrée de la maladie des suidés sur le territoire français.

    Mesures de prévention
    Si les éleveurs porcins sont très engagés dans la prévention, c’est notamment parce que la menace de peste les inquiète depuis plusieurs mois, sachant que la maladie existe depuis quatre ou cinq ans dans les pays de l’Est de l’Europe. C’est donc bien préparés que les acteurs de la filière ont interpellé les autorités. Des mesures ont ainsi été prises, notamment auprès des chasseurs de France. Il leur est d’abord demandé de restreindre la chasse dans les communes qui longent la frontière belge, de manière à éviter au maximum les déplacements d’animaux. Mais aussi d’organiser des actions de surveillance de l’état sanitaire des sangliers. Du côté des élevages, les autorités rappellent les règles de biosécurité, demandent d’isoler les bâtiments contre les animaux sauvages, et de porter « une attention particulière au développement frontalier avec la Belgique. »

    Tout un secteur en danger
    C’est la Bretagne qui est particulièrement concernée par le risque économique que représente la maladie, puisque 60% de la production porcine de France viennent de cette région du pays. Si le virus devait passer la frontière, c’est toute une filière pérenne qui serait en danger. Concrètement, si un cas est détecté dans un élevage de l’Hexagone, il sera directement question d’un abattage total. Mais également d’une désinfection complète des lieux, de l’instauration d’un périmètre de sécurité, d’une maîtrise du mouvement des animaux et d’un contrôle de tout ce qui entrera et sortira de l’exploitation victime. Bref, une éradication immédiate qui représenterait une perte colossale pour tout éleveur concerné.

    #agriculture #élevage #productivisme #mondialisation #porcs #cochons #sangliers #ue #union_européenne #Bretagne #transports #camions #sanglier

    • La peste porcine s’étend rapidement dans l’est de l’Europe, plus particulièrement en #Estonie, en #Lettonie, en #Lituanie, en #Pologne, en #Tchéquie, en #Hongrie, en #Roumanie et en #Bulgarie. Sur les huit premiers mois de l’année, quelque 4800 cas ont été recensés dans l’Union européenne, 3800 sur des sangliers et 1000 foyers dans de petits élevages porcins ou des structures plus professionnelles. Le nombre de cas dépasse déjà celui de l’ensemble de l’année 2017 lorsque 4100 foyers avaient été comptabilisés. La situation en Bulgarie est particulièrement préoccupante alors que l’épidémie a aussi vu le jour en #Chine.

      https://www.rtbf.be/info/societe/detail_le-boerenbond-appelle-a-la-vigilance-face-a-la-peste-porcine-africaine?i


      Peste porcine africaine : l’inquiétude des chasseurs
      https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_peste-porcine-africaine-l-inquietude-des-chasseurs?id=10019284

      Jeudi soir, l’Afsca annonçait la découverte dans le sud du pays de plusieurs cas de peste porcine africaine. La maladie a été détectée sur des sangliers localisés sur la commune d’Etalle. Aujourd’hui, les chasseurs s’inquiètent. Dans 3 semaines, la saison de la chasse en battue démarre et ils se demandent franchement s’ils pourront chasser.
      . . . . . .
      Des sangliers contaminés exportés par des chasseurs ?

      D’après les premiers éléments de l’Afsca, l’épidémie serait arrivée chez nous (en Belgique) par le biais d’un morceau de porc venant d’un pays touché par cette peste porcine, un pays de l’est probablement. Si l’hypothèse du déchet alimentaire est privilégiée, une autre piste est avancée. Certains pensent que des sangliers infectés pourraient avoir été importés de ces pays.

    • Des sangliers d’élevage français régulièrement abattus lors de chasses belges, affirme un chasseur Christine Borowiak - 20 Septembre 2018 - RTBF
      https://www.rtbf.be/info/regions/detail_des-sangliers-d-elevage-francais-regulierement-abattus-lors-de-chasses-b


      Ce témoignage interpellant : celui d’un chasseur belge, d’un grand chasseur, habitué autant à chasser en Afrique ou dans les pays de l’Est, que dans nos contrées. Il a choisi de nous expliquer, sous le couvert de l’anonymat par crainte de représailles, le pourquoi de la pratique d’importation de sangliers d’élevage venant de pays étrangers, alors que la peste porcine africaine est présente parmi les sangliers wallons, et que l’importation de sangliers venant de pays de l’Est est une des hypothèses de l’arrivée de la maladie.

      Les sangliers d’élevage, ce chasseur les connaît bien : « J’en ai déjà tiré plusieurs, dans les Ardennes et du côté de Chimay. Souvent, ils ont une médaille à l’oreille. Ils sont numérotés, et la médaille a une couleur différente selon le pays. Ceux que j’ai tués venaient de France. Parfois aussi, je tombe sur des sangliers non identifiables, mais on voit tout de suite de quoi il s’agit, on n’est pas fou : un sanglier qui a le poil luisant comme celui d’un chien, on ne va pas me dire qu’il s’est roulé dans les boues hein ! » Il évoque aussi ce camion, qui avait amené des sangliers du côté de Janhay, dans les Ardennes : « Les bêtes avaient encore de la paille dans les onglets ! »

      Encore un cochon de ferme !
      Des rencontres qui ne semblent pas déranger grand monde : « On rigole entre nous, on se dit : c’est encore un cochon de ferme ! ». Et quand on lui demande ce que deviennent ces médailles, la réponse fuse : « On coupe l’oreille, ainsi ça ne se voit pas ! On en fait pas de la publicité avec un sanglier qui a de la garniture aux oreilles ! ».

      Pourquoi de telles pratiques ? Pour ce chasseur, c’est clair, c’est une question d’argent et de prestige. "Ce sont des chasses d’affaire. Des endroits où on va faire passer un bon moment aux invités, des gens de « la haute », des notables. Il faut leur faire plaisir, parce qu’après la chasse, on va parler affaires avec eux. J’ai connu des chasses où, le matin même ou la veille au soir, on remettait dans le bois quelques belles bêtes, bourrées de calmants. On les envoient vers les invités, et ceux-ci tirent un gros cochon,un deuxième gros cochon, et ils se disent : fantastique, c’est une belle chasse ici ! Et alors, ils prennent des actions."

      1000 euros par jour de #chasse
      Des actions, c’est-à-dire des parts de droit de chasse, payer pour avoir le droit de chasser du gibier. « Ça démarre à 1000 euros par jour, et ça peut aller jusqu’à 3000 euros, quand il y a des cervidés. Vous ajoutez à cela la location. Une grosse chasse, ça peut valoir 100.000 euros par an ! Donc, il faut trouver des actionnaires qui ont des gros moyens ! ».

      Et pour les appâter, il faut du gibier en nombre. "Les invités, ils vont brûler des cartouches, ils vont tirer, tirer, tirer, il faut s’amuser. Avant, lors d’une journée de chasse, on tuait 3, 4, 5 sangliers, et on était satisfait. Maintenant, on aime en tirer 40, 50 sur la journée s’il y a moyen. Les gens ne sont plus contents avec 2 bêtes. Et avec le prix qu’ils mettent par jour, il leur faut du gibier, ils paient pour avoir quelque chose. Et s’il n’y a pas assez de gibier, on va le chercher ailleurs et on le ramène ici.

  • La #Chine s’attaque aux #pollutions d’origine agricole - Asialyst
    https://asialyst.com/fr/2018/02/28/chine-attaque-pollutions-origine-agricole

    C’est une prouesse indéniable. Jusqu’au milieu des années 2000, la Chine a réussi à nourrir la #population la plus nombreuse au monde tout en réduisant la part des Chinois sous le seuil de pauvreté. Et cela sans peser sur les grands équilibres agricoles mondiaux. Mais le pays doit affronter de nouveaux défis : les Chinois ne mangent plus la même chose qu’avant, et les conséquences sont multiples. L’#urbanisation comme la hausse du #pouvoir_d’achat des ménages ont fortement tiré la demande en produits alimentaires, notamment #animaux (viandes, lait, œufs). Ce qui a entraîné à partir de 2003 une explosion des #importations_agricoles chinoises. Face à des #ressources_naturelles toujours plus réduites, la Chine pourra-t-elle satisfaire sa demande intérieure sans augmenter sa #dépendance_alimentaire ? Saura-t-elle maintenir une main-d’œuvre agricole suffisante et motivée alors que les #salaires en ville sont beaucoup plus attractifs ? Plus crucial encore : jusqu’à quand la Chine soutiendra-t-elle un modèle agricole au potentiel productif qui atteint sa limite et à l’impact environnemental de plus en plus négatif ?

    #environnement #agriculture #alimentation #irrigation #eau #déjections_animales #cochon #porc #élevage #reconversion #planification #pollueur-payeur #taxe_environnementale