Ce que je te demande, ami élu, c’est que cette fois, ne serait-ce que pour un instant seulement, tu entendes le cri sourd qui, sous la peine, comme à chacune de ces tragédies, monte du pays. Il ne demande pas une revanche : c’est une victoire d’une toute autre teneur qu’il réclame.
Il ne demande pas de discours guerroyant ; il exige professionnalisme et retenue dans une lutte qui se doit de rester toujours juste contre ceux qui font négoce de l’effroi, en France comme ailleurs.
Il ne demande pas qu’une nouvelle Ligne Maginot technocratique vienne s’ajouter à la liste déjà longue des lois anti-terroristes. Il appelle à ne renoncer à aucune des libertés qui nous font vivre, aucune des égalités qui nous font espérer, aucune des fraternités qui nous font aimer.
Il demande que nous ayons la trempe, cette fois, de ne pas céder. Trop souvent déjà nous avons été assaillis, et trop souvent notre seule réponse fut d’abonder dans le sens de nos agresseurs en renonçant à ces idées si chères qui, ensemble, nous définissent, et que tous, par nos actes, nous définissons.
Il demande la force de ne pas oublier que l’enfer d’un soir pour nous est l’enfer quotidien de ceux qui viennent par dizaines de milliers solliciter notre asile ; il demande que la #PorteOuverte ne le soit pas qu’aux seuls Parisiens.
Il appelle la fierté. La fierté de rester debout, forts de nos valeurs d’ouverture et de progrès, et tous ensemble ainsi que par ton truchement, ami élu, de tout simplement dire “merde” à ceux qui voudraient que nous nous reniions.
Ami, je le dis peut-être fortement mais avec la sincérité qui nous est aujourd’hui indispensable : si tu n’as pas le courage de rester droit dans la tempête, si tu n’as pas la force d’ignorer les sirènes de la facilité sécuritaire, élu, tu ne nous es d’aucune aide, d’aucun secours.