Question traditionnelle, voire désormais rituelle, pour conclure les entretiens de La Spirale. Comment imagines-tu l’avenir, comment l’imaginez-vous d’un point de vue à la fois personnel et global ? Mais aussi, comment l’espérez-vous ou le souhaitez-vous, histoire d’imprimer une vision sinon plus optimiste, au moins plus constructive du futur ?
Emmanuel Hubaut : En étant un peu réaliste, il est difficile de ne pas voir de nombreux signaux d’alertes au rouge en ce moment et pour un futur proche. Bien plus proche que ce que l’on imaginait, il y a encore peu de temps. Le plus inquiétant est qu’il s’agit de combinaisons de facteurs qui, historiquement, ont mené par le passé de grandes civilisations à leurs chutes.
La différence de taille est que, cette fois-ci, c’est l’ensemble de la planète qui est concerné. Je me suis souvent demandé en regardant en arrière, par exemple les Première et Deuxième Guerres mondiales, comment il était possible que les gens ne se soient pas aperçu, dans leur majorité, de l’arrivée imminente de la catastrophe. L’être humain doit posséder pas mal de gènes commun avec l’autruche. Le dénialisme est en ce moment en plein développement. Refus de la science, fake news, post vérité, le film Idiocracy, pas très bon film d’ailleurs, nous paraissait totalement exagéré, caricatural et pourtant nous n’en sommes plus très loin. Le bateau coule et on continue de jouer du violon sur le pont.
Si c’était avec lucidité et panache encore, mais c’est plutôt cynisme, profit immédiat et aveuglement. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, comme le disait déjà si bien Pangloss. Enfin, malgré ce constat pas très brillant, j’ai une nature quotidienne plutôt enjoué et optimiste. L’humanité est aussi capable d’innovation, d’adaptation, de resistance, de résilience très importantes, donc je reste positif. Je suis persuadé que nous vivons des moments de transformation incroyables, dont nous ne mesurons pas encore la véritable ampleur.
En tant que fourmi perdu dans l’univers, je reste très curieux et passionné de pouvoir vivre cette aventure. No Future Yes ! Une réponse de Normand, comme dirait mon ami Stephane Hervé. (Sourire)