• Mars-avril 1963 : les mineurs en grève résistent à la réquisition
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/03/01/mars-avril-1963-les-mineurs-en-greve-resistent-la-requisitio #archiveLO

    Pendant plus d’un mois, du 1er mars au 5 avril 1963, les #mineurs en #grève affrontèrent le pouvoir de #De Gaulle, ignorant notamment son ordre de réquisition. Alors que syndicats et partis de gauche le présentaient comme un pouvoir fort face auquel on ne pouvait rien faire, le mouvement des mineurs démontra qu’il ne l’était que tant que personne ne se dressait contre lui.

    Au début de l’année 1963, les #bassins_houillers avaient été touchés par des grèves. Les mineurs réclamaient des augmentations de salaire, mais étaient également inquiets de la politique des Houillères, alors nationalisées. Le #gouvernement_Pompidou commençait à fermer des puits. Mais, pour la #CGT, il n’était pas question d’affronter de front ce gouvernement. Elle préconisait la « grève des bras croisés », consistant à travailler au ralenti.

    Lorsque des négociations salariales s’ouvrirent le 15 février 1963, la CGT revendiquait 11 % d’#augmentation, justifiant ce chiffre par le retard des #salaires dans les #mines sur ceux du secteur privé. Cette manière de poser le problème excluait d’emblée la possibilité que la revendication puisse être reprise par l’ensemble de la classe ouvrière. Les Houillères et le gouvernement ne voulant céder que 5,77 % d’augmentation, la CGT se contenta d’appeler à une journée de grève le 1er mars, suivie de grèves du rendement. C’est alors que le gouvernement annonça qu’il réquisitionnerait les mineurs.

    La grève du 1er mars fut un succès qui dépassa largement les attentes de la CGT. Presque totale dans les puits du Nord, du Pas-de-Calais et de Lorraine, des mineurs de fond aux ingénieurs, elle fut aussi suivie dans les mines de fer, de #potasse, de #bauxite et d’#uranium. De Gaulle signa alors un décret de réquisition qui précisait : « Les agents intéressés devront se mettre sans délai à la disposition des établissements désignés pour assurer le service qui leur sera demandé. » Ce décret, pris en application d’une loi de juillet 1938 concernant « l’organisation générale de la nation en temps de guerre », était une atteinte sans précédent au droit de grève, visant non seulement les mineurs mais l’ensemble de la classe ouvrière. Tout mouvement de protestation pouvait désormais être interdit.

    Face à cette attaque, la CGT se limita à appeler à une #grève_générale de 15 minutes dans tout le pays, qui fut largement suivie. Surtout, les mineurs refusèrent de descendre. La réquisition fut effective le 1er mars pour les cokeries et le 4 mars pour les mineurs du Nord, du Pas-de-Calais et de Lorraine. La CGT appela à faire la « #grève_des_bras_croisés » dans les cokeries. Mais, dès le 2 mars, la grève fut totale dans le #Nord et le #Pas-de-Calais. Elle fut suivie à 95 % en Lorraine. Les mines de l’Hérault, de l’Aveyron, des Cévennes se mirent également en grève. Les mineurs traitaient le décret de De Gaulle comme un vulgaire chiffon de papier.

    Le 4 mars, les #CRS arrivèrent autour des puits de mine. Un correspondant du journal L’Humanité décrit ainsi ce qui se passa à Forbach comme dans tous les bassins houillers : « Des véhicules chargés de CRS stationnent le long de la route nationale et des gendarmes mobiles patrouillent sur le carreau des mines. » Mais cette tentative d’intimidation policière resta sans effet. Dès lors, les mineurs allaient résister pendant cinq semaines à un gouvernement qui, n’ayant pu les forcer à travailler, cherchait en vain à les affamer. Des cortèges de grévistes applaudis par la population n’allaient cesser de parcourir la région, fanfares ouvrières en tête, en scandant : « Pas de sous, pas de charbon ».

    La résistance acharnée des mineurs face au coup de force de De Gaulle posait clairement le problème de l’extension de la grève, d’autant plus que les mineurs jouissaient d’un large soutien dans le pays et que le mouvement était susceptible d’ouvrir une crise politique. Mais la direction de la CGT, alors fermement tenue par le PCF, se garda bien de s’engager dans cette voie. Tout en organisant des actions de solidarité avec les mineurs en grève, elle n’appela à aucun moment le reste de la classe ouvrière à les rejoindre dans un mouvement d’ensemble contre le pouvoir gaulliste et le patronat.

    Il y eut ainsi des appels à des grèves de solidarité chez les électriciens, les gaziers, à la SNCF ou à la Poste. Il s’agissait de débrayages de quelques heures, parfois d’une journée entière, auxquels les travailleurs répondirent présents. La solidarité financière fut aussi organisée, sur le thème : « Les mineurs comptent sur les milliards de la solidarité ». La CGT appela au versement d’une journée de salaire pour les mineurs. Mais rien de tout cela ne pouvait suffire à faire plier le gouvernement.

    Le 27 mars, de Gaulle annonça que le gouvernement proposait 6,5 % d’augmentation au 1er avril, portés à 7,25 % en juillet et 8 % au 1er octobre. Les journées de grève n’étaient pas payées. La CGT signa l’accord et appela à la reprise, mais une vague de colère s’exprima parmi les grévistes. Ceux-ci huèrent le secrétaire de la fédération CGT du sous-sol et refusèrent l’accord.

    Le premier jour, 50 % des mineurs ne reprirent pas le travail. Certains piquets tentèrent spontanément de faire continuer la grève mais, désormais sans direction et sans perspectives, les mineurs reprirent le travail la rage au ventre. Le 5 avril, la grève était terminée.

    Dans le numéro du 8 avril 1963 de leur journal Voix Ouvrière, nos camarades rapportent ainsi comment les mineurs exprimèrent leur colère : « Quelque 3 000 mineurs ont manifesté à Lens au chant de L’Internationale sous les fenêtres du siège de la CGT, afin de protester contre la trahison de leur lutte par les chefs de la classe ouvrière. D’habitude, au cours des manifestations organisées par le #PCF ou la CGT, s’il arrive que quelques manifestants entonnent l’Internationale, ils se font immédiatement traiter de provocateurs par les dirigeants “communistes” qui, eux, ne connaissent qu’un seul chant, La Marseillaise, un seul drapeau, celui de la bourgeoisie. Seulement, quand les travailleurs entrent sérieusement en lutte, ils retrouvent le vieux chant et le drapeau rouge du #prolétariat. Ils trouvent également face à eux les flics et les CRS tricolores, et leurs propres “dirigeants” qui le sont aussi pour saboter leur lutte. »

    Cette grève avait marqué un retour de la classe ouvrière sur la scène. Elle montrait à toute une génération que #de_Gaulle n’était pas le « pouvoir fort » que décrivaient à l’envi les dirigeants syndicaux. Des travailleurs massivement en lutte peuvent mettre un gouvernement bourgeois en échec, cependant pour vaincre, ils ne doivent pas se fier à la direction syndicale, mais se donner les moyens de diriger eux-mêmes leur mouvement. Cette leçon de #1963 est toujours d’actualité.

    #répression #éphéméride

  • Amélie et Théodore. Voyage au bout des mines de Potasse
    http://www.le-tigre.net/Amelie-et-Theodore-Voyage-au-bout.html
    Retour sur l’#histoire de la #mine de #potasse, en Alsace, reprise par Stocamine pour y enfouir les #déchets_toxiques... évoqué hier ici http://seenthis.net/messages/233183

    C’est un film muet de propagande de 1927 ; on y voit en noir et blanc une petite mère excitée pousser une carriole, sa « fruiterie à roulettes » comme elle l’appelle, remplie de vieux choux fripés qu’elle ramène du marché sans en avoir vendu un seul. Une scène de ménage plus tard, la voilà qui repart sur les routes de l’entre-deux-guerres en quête de « beaux légumes bien sains, de bel aspect, de belle conservation » ; les hommes qu’elle croise sont en bretelles et béret ; ils ressemblent à Raimu. Et puis voilà-t’y-pas qu’apparaissent sur la bobine et en plein champ des navets magnifiques « qui feront prime sur le marché », de sublimes oignons, asperges, artichauts, radis. « Mais qu’est-ce que vous y faites donc à vos légumes pour qu’ils soient si beaux ? » demande au maraîcher Mme Amédée. Celui-ci d’expliquer alors son secret : la potasse d’Alsace. « Si j’en avais j’en donnerais bien à mon mari qui est plutôt chétif et mal venu. » Clap de fin et éclat de rire. Presque un siècle plus tard, la potasse est désormais importée de la province du Saskatchewan, dans l’Ouest canadien. Les mines domaniales de potasse d’Alsace (MDPA) ont fermé en 2002. Aujourd’hui, partie des chambres sont le tombeau de quarante mille tonnes de déchets ultimes que l’on a cru malin de des­cendre là, entre 1998 et 2002. Et on rit moins.

  • La Chine s’invite dans la production russe de potasse - RFI
    http://www.rfi.fr/emission/20130925-chine-s-invite-production-russe-potasse

    http://www.rfi.fr/sites/filesrfi/imagecache/rfi_43_large/sites/images.rfi.fr/files/aef_image/2013-08-28T154752Z_1582444658_GM1E98S1U0C01_RTRMADP_3_POTASH_0.JPG

    La Chine est le premier consommateur mondial de potasse : une tonne de potasse sur cinq vendue dans le monde rejoint les exploitations agricoles chinoises. On comprend donc l’intérêt de Pékin pour cet engrais, qui renforce les racines des plantes et les protège contre la sécheresse. Les autorités chinoises cherchaient depuis longtemps à sécuriser l’approvisionnement chinois, en mettant la main sur une partie de la production.

    Pour un coup d’essai de la Chine dans les matières premières russes, c’est un coup de maître. En novembre dernier, le fonds souverain chinois achetait des obligations émises par le géant mondial de la potasse, le Russe Uralkali. Pour une société, c’est un des moyens de se financer sans céder ses actions. Sauf qu’un accord prévoyait que les obligations chinoises se convertiraient en actions si la valorisation boursière d’Uralkali chutait sous un certain seuil.

    Or c’est ce qui s’est produit cet été. Suite à l’éclatement brutal du cartel qu’avait constitué Uralkali avec son allié biélorusse Belaruskali, le cours de bourse Uralkali a plongé. Car on anticipait, avec la fin de cette mainmise des deux frères ennemis russo-biélorusses sur deux tiers du marché mondial de la potasse, un effondrement des prix de l’engrais, et donc des revenus en forte baisse. La Chine aurait offert une prime de 60 % pour convertir ses obligations en actions. Toujours est-il qu’elle entre au capital du champion mondial de la potasse à hauteur de 12 et demi % ; la participation chinoise pourrait encore grandir si l’oligarque russe Suleiman Kerimov vend la sienne, ce qui est fort probable.

    On ne sait pas encore si le fonds souverain chinois obtiendra une place au conseil d’administration du groupe russe, mais la Chine est désormais en position d’exiger un contrat d’approvisionnement en potasse à un prix très avantageux. Tout en profitant des dividendes d’Uralkali, si le prix de la potasse se redresse au niveau mondial. Car la reconstitution du cartel russo-biélorusse de la potasse n’est pas du tout exclue !

    #Potasse
    #Russie
    #Chine
    #Uralkali

  • Guerre de la potasse entre la Russie et la Biélorussie - RFI

    http://www.rfi.fr/emission/20130827-guerre-potasse-russie-bielorussie-uralkali-belarusian-potash?ns_campaig

    La tension monte entre la Russie et la Biélorussie, avec l’arrestation lundi 26 août d’un dirigeant d’entreprise russe à Minsk. Cette fois, ce n’est pas le gaz qui est en cause dans la brouille entre les deux alliés, mais un engrais : la potasse. Cette guerre de la potasse fait déjà baisser les cours.

    #russi #biélorusie #matières_premières #potasse