#pour_l’instant

  • Trente ans après #Tchernobyl, « un accident nucléaire majeur ne peut être exclu nulle part »
    http://www.lemonde.fr/energies/article/2016/04/22/un-accident-nucleaire-majeur-ne-peut-etre-exclu-nulle-part-dans-le-monde_490

    Président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française, Pierre-Franck Chevet a commencé sa carrière quelques mois après la catastrophe de Tchernobyl survenue le 26 avril 1986, au sein du Service central de sûreté des installations nucléaires. Trente ans après, il revient sur le risque nucléaire.
    […]
    Un accident aussi grave reste donc possible en Europe ?
    Un accident majeur, comme ceux de Tchernobyl ou de Fukushima, ne peut être exclu nulle part dans le monde, y compris en Europe. Nous devons en tirer les conséquences. Fukushima a eu un impact radiologique dans un rayon de 100 km. Si vous tracez un cercle de 100 km de rayon autour des centrales nucléaires d’Europe, vous constatez que, pour beaucoup d’entre elles, plusieurs pays sont concernés. Cela nécessite de nous coordonner et d’adopter des règles communes de protection des populations, ce qui n’est pas encore le cas. Nous progressons néanmoins dans ce sens : fin 2014, les autorités de radioprotection et de sûreté européennes ont convenu d’améliorer leur coordination transfrontalière.
    […]
    Vous avez déclaré que le contexte français en matière de sûreté est « particulièrement préoccupant ». Pour quelles raisons ?
    Je ne disais pas cela, il y a un an. Nous sommes entrés dans une période d’enjeux sans précédent. La plupart des 58 réacteurs français, mais aussi des sites d’Areva (combustible et retraitement) et des réacteurs de recherche du CEA, soit quelque 150 installations, ont été mis en service dans les années 1980 et approchent donc de leurs quarante ans de fonctionnement. La question est de savoir, en particulier pour les réacteurs, s’ils peuvent être prolongés, avec des normes de sûreté rehaussées. Pour y répondre, un très gros travail d’analyse doit d’abord être mené. Les travaux d’amélioration des installations nécessitent un investissement industriel considérable et un contrôle renforcé de l’ASN.
    Ce qui est nouveau, ce sont les graves difficultés économiques, financières ou budgétaires des acteurs industriels du nucléaire. Le gouvernement a décidé une réorganisation de cette filière, mais celle-ci est encore en phase de transition. Or, il est essentiel que les opérateurs maintiennent les compétences humaines et les investissements nécessaires à la sûreté.
    Face à ces enjeux, l’ASN et son appui technique [l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire] n’ont actuellement pas les ressources nécessaires pour assurer pleinement leurs missions de contrôle.
    […]
    #Pour_l’instant, il n’y a pas de signaux alarmants qui indiqueraient que la sûreté se dégrade en France. Mais la situation peut dériver dans les années à venir. Il nous faut rester extrêmement vigilants.