• Les jeunes clandestins, petits soldats jetables du narcotrafic dans les grandes villes de France
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/06/les-jeunes-clandestins-petits-soldats-jetables-du-narcotrafic-dans-les-grand

    Les jeunes clandestins, petits soldats jetables du narcotrafic dans les grandes villes de France
    Par Luc Bronner , Anne-Hélène Dorison (Nantes, correspondance), Luc Leroux (Marseille, correspondant), Richard Schittly (Lyon, correspondant) et Thomas Saintourens
    C’est un après-midi ordinaire au tribunal judiciaire de Bobigny. Devant la 13e chambre, surnommée la « chambre des stups », sont convoqués vendeurs et guetteurs ; ces « petites mains » à qui les trafiquants confient quelques grammes de drogue à vendre, de jour comme de nuit, sur les « fours » de Seine-Saint-Denis. Un après-midi ordinaire qui en dit long, aussi, sur les profils désormais prisés par les gestionnaires des points de deal : sur treize prévenus condamnés, six sont des jeunes hommes en situation irrégulière. Aucun n’est défendu par un avocat. Un seul est venu à la barre. Les autres ont été jugés en leur absence. A défaut de visages, de voix, de biographies complètes, se succèdent des dossiers qui semblent interchangeables – comme les positions de ces intérimaires, au plus bas de l’échelle du narcotrafic. (...)
    Les peines prononcées cet après-midi, entre six et douze mois de prison, souvent avec sursis, mettent fin aux éphémères carrières de ces petits soldats du deal, aussitôt remplacés sur les chaises en plastique et les murets qui leur servent de poste de travail.
    Quelques étages au-dessus de la salle d’audience, dans les bureaux de la division des affaires criminelles et de la délinquance organisée (Dacrido), ces profils-là ne sont pas inconnus. Avant d’engorger les audiences, sans guère pouvoir aider à démanteler les filières, ils sont repérés sur les points de deal les plus importants, aux portes de Paris : Aubervilliers-Pantin-Quatre-Chemins, La Capsulerie à Bagnolet, Saint-Denis… Alice Dubernet, cheffe de la Dacrido, dresse le portrait-robot de ces jeunes « difficilement traçables » par les services d’enquête autant que par les services sociaux : « Ces migrants isolés sont une main-d’œuvre ponctuelle, facilement exploitable, qui n’évolue pas dans la hiérarchie. Pour les réseaux de trafic, ce sont des fusibles faciles, payés moins que le personnel habituel : pas plus de 80 euros par jour pour un guetteur, 100 euros pour un vendeur. »
    Les études sociologiques les plus récentes tracent les contours de parcours migratoires où l’implication dans les réseaux de deal survient lors des moments de grande précarité. « Les profils sont souvent des jeunes garçons qui arrivent en France sans base familiale suffisante pour s’insérer. Au bout de quelques mois, ils vivent de petits boulots, logent dans des squats ou sont à la merci de marchands de sommeil, décrit le sociologue Olivier Peyroux, chercheur à Sciences Po. Dans de nombreux cas, ce sont des revendeurs de cigarettes à la sauvette, criblés de dettes pour acheter les paquets à crédit, qui se retrouvent ensuite à faire les “choufs” afin de récupérer de l’argent au plus vite. »D’autres effectuent le passage vers les trafics de cannabis ou de cocaïne après avoir été déjà « captés » par des réseaux criminels de ressortissants de leur pays d’origine, liés au vol à l’arraché, aux cambriolages ou encore au trafic de médicaments (Lyrica et Rivotril en particulier). « Il est ici question de traite des êtres humains, avec des jeunes sous la contrainte de commettre des crimes et des délits, poursuit le chercheur. Ce qui les relie, c’est une logique d’asservissement d’une main-d’œuvre sous emprise chimique, une exploitation de la misère économique. » Les situations varient selon la géographie et les « marchés ». Le recours à ces « choufs » en situation irrégulière dépend des liens migratoires, parfois établis de longue date, et de l’organisation des points de deal.
    Au-delà de l’Ile-de-France, c’est à Marseille que cette économie criminelle offre le panorama le plus large.
    A Lyon, l’exploitation de clandestins dans le trafic de stupéfiants n’est pas éloignée de la situation marseillaise, selon un ancien chef de service de la police judiciaire, qui décrit les nombreux clandestins contraints de pratiquer la revente de drogue pour rembourser leur voyage. Ils doivent assurer un chiffre d’affaires et payer leur loyer, sous peine de rétorsion. « C’est comparable aux méthodes des réseaux de prostitution », avance le policier.
    (...) Mais ces audiences express de flagrants délits pour quelques grammes ne suffisent plus à raconter la nature des missions confiées à ces petites mains. C’est sur les scènes de crime que se retrouvent aussi désormais ces travailleurs précaires. Sur les quatre victimes d’homicides liés à des règlements de comptes sur fond de trafic de stupéfiants recensés à Nantes depuis le début de l’année 2023, trois se trouvaient en situation irrégulière et venaient d’Algérie. L’un des derniers hommes admis aux urgences du CHU après avoir été blessé par balle, quartier Bellevue, le 9 décembre 2023, venait, lui aussi, de ce pays. « C’est de la chair à canon parfaite, souffle un enquêteur nantais. Ces jeunes gens ont vécu tant de choses qu’ils n’ont plus peur de rien. Certains passent leurs journées et leurs nuits dehors. Ils ont besoin d’argent. Bref, c’est tout bénef pour les trafiquants. Ces nouvelles recrues ignorent tout de la hiérarchie du trafic et ne pourront rien balancer en cas d’interpellation. Et pour cause : ces jeunes ne savent même pas pour qui ils travaillent. »
    Les questions sont nombreuses sur le parcours et le mode de vie de ces petits soldats du trafic, mais un même schéma revient pour nombre d’entre eux : avant d’être visés sur les points de deal, plusieurs avaient été contrôlés dans le centre-ville de Nantes. Ils y vendaient des cigarettes de contrebande sous le manteau. « Certains sont arrivés en France très récemment. On sait très peu de choses les concernant, explique le même policier. Et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles leurs profils intéressent de plus en plus les patrons [du trafic de drogue]. » Il faut parfois des jours aux enquêteurs de la direction territoriale de la police judiciaire de Nantes pour identifier formellement la victime. Il en faut plus encore avant de trouver l’adresse de son domicile, si elle en a un. « Tout est allé très vite, constate le procureur de la République de Nantes, Renaud Gaudeul. En l’espace de deux ans, on est passé de jeunes mineurs du quartier à des individus venus de la région parisienne, puis à des jeunes hommes bien souvent en situation irrégulière. Ce qui est assez remarquable, c’est la rapidité avec laquelle les choses évoluent… Ce phénomène a été identifié fin 2022. Il reste aujourd’hui assez difficile à lire. » Cette situation nouvelle ne manque pas d’inquiéter. « Depuis leur arrivée, tout semble indiquer que l’usage des armes se débride, observe aussi Renaud Gaudeul. Le constat est terrible, mais c’est comme si ces vies humaines valaient moins que les autres. Les tirs sont plus nombreux. Aujourd’hui, quand on a un message à faire passer, on tire et on vise. Ce sont des tirs pour tuer, pas des coups de semonce. Ces changements pourraient induire une multiplication de ce type de faits. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#trafc#drogue#violence#reseau#precarité#immigrationirreguliere

  • #Loi_immigration : l’accueil des étrangers n’est pas un fardeau mais une nécessité économique

    Contrairement aux discours répétés ad nauseam, le #coût des aides accordées aux immigrés, dont la jeunesse permet de compenser le vieillissement des Français, est extrêmement faible. Le #poids_financier de l’#immigration n’est qu’un #faux_problème brandi pour flatter les plus bas instincts.

    Quand les paroles ne sont plus audibles, écrasées par trop de contre-vérités et de mauvaise foi, il est bon parfois de se référer aux #chiffres. Alors que le débat sur la loi immigration va rebondir dans les semaines à venir, l’idée d’entendre à nouveau les sempiternels discours sur l’étranger qui coûte cher et prend nos emplois nous monte déjà au cerveau. Si l’on regarde concrètement ce qu’il en est, le coût de l’immigration en France, que certains présentent comme bien trop élevé, serait en réalité extrêmement faible selon les économistes. Pour l’OCDE, il est contenu entre -0,5% et +0,5% du PIB selon les pays d’Europe, soit un montant parfaitement supportable. Certes, les immigrés reçoivent davantage d’#aides que les autres (et encore, beaucoup d’entre elles ne sont pas réclamées) car ils sont pour la plupart dans une situation précaire, mais leur #jeunesse permet de compenser le vieillissement de la population française, et donc de booster l’économie.

    Eh oui, il est bien loin ce temps de l’après-guerre où les naissances explosaient : les bébés de cette période ont tous pris leur retraite ou sont en passe de le faire et, bientôt, il n’y aura plus assez de jeunes pour abonder les caisses de #retraite et d’#assurance_sociale. Sans compter que, vu l’allongement de la durée de vie, la question de la dépendance va requérir énormément de main-d’œuvre et, pour le coup, devenir un véritable poids financier. L’immigration, loin d’être un fardeau, est bien une #nécessité si l’on ne veut pas voir imploser notre modèle de société. Les Allemands, eux, l’assument haut et fort : ils ont besoin d’immigrés pour faire tourner le pays, comme l’a clamé le chancelier Olaf Scholz au dernier sommet économique de Davos. Le poids financier de l’immigration est donc un faux problème brandi par des politiques qui ne pensent qu’à flatter les plus bas instincts d’une population qui craint que l’avenir soit pire encore que le présent. On peut la comprendre, mais elle se trompe d’ennemi.

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/editorial/loi-immigration-laccueil-des-etrangers-nest-pas-un-fardeau-mais-une-neces
    #économie #démographie #France #migrations

    –-

    voir aussi cette métaliste sur le lien entre #économie (et surtout l’#Etat_providence) et la #migration... des arguments pour détruire l’#idée_reçue : « Les migrants profitent (voire : viennent POUR profiter) du système social des pays européens »...
    https://seenthis.net/messages/971875

    ping @karine4

    • Sur les #prestations_sociales aux étrangers, la #contradiction d’#Emmanuel_Macron

      Le pouvoir exécutif vante une loi « immigration » qui concourt à une meilleure intégration des « travailleurs » et soutient « ceux qui travaillent ». Mais la restriction des droits sociaux pour les non-Européens fragilise le système de #protection_sociale.

      Depuis son adoption au Parlement, la loi relative à l’immigration est présentée par Emmanuel Macron et par le gouvernement comme fidèle à la doctrine du « #en_même_temps ». D’un côté, le texte prétend lutter « contre les #passeurs » et l’entrée illicite d’étrangers dans l’Hexagone. De l’autre, il viserait à « mieux intégrer ceux qui ont vocation à demeurer sur notre sol » : les « réfugiés, étudiants, chercheurs, travailleurs ». En s’exprimant ainsi dans ses vœux à la nation, le 31 décembre 2023, le président de la République a cherché à montrer que la #réforme, fruit d’un compromis avec les élus Les Républicains, et inspirée par endroits du logiciel du Rassemblement national, conciliait #fermeté et #humanisme.

      Mais cette volonté d’#équilibre est contredite par les mesures concernant les prestations sociales. En réalité, le texte pose de nouvelles règles qui durcissent les conditions d’accès à plusieurs droits pour les étrangers non ressortissants de l’Union européenne, en situation régulière, ce qui risque de plonger ces personnes dans le dénuement.

      Un premier régime est créé, qui prévoit que l’étranger devra soit avoir résidé en France depuis au moins cinq ans, soit « justifier d’une durée d’affiliation d’au moins trente mois au titre d’une activité professionnelle » – sachant que cela peut aussi inclure des périodes non travaillées (chômage, arrêt-maladie). Ce « #délai_de_carence » est une nouveauté pour les aides visées : #allocations_familiales, prestation d’accueil du jeune enfant, allocation de rentrée scolaire, complément familial, allocation personnalisée d’autonomie, etc.

      « #Régression considérable »

      Un deuxième régime est mis en place pour les #aides_personnelles_au_logement (#APL) : pour les toucher, l’étranger devra soit être titulaire d’un visa étudiant, soit être établi sur le territoire depuis au moins cinq ans, soit justifier d’une « durée d’affiliation d’au moins trois mois au titre d’une activité professionnelle ». Là aussi, il s’agit d’une innovation. Ces critères plus stricts, précise la loi, ne jouent cependant pas pour ceux qui ont obtenu le statut de réfugié ou détiennent la carte de résident.

      Le 19 décembre 2023, Olivier Dussopt, le ministre du travail, a réfuté la logique d’une #discrimination entre nationaux et étrangers, et fait valoir que le texte établissait une « #différence » entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas, « qu’on soit français ou qu’on soit étranger ». « Nous voulons que celles et ceux qui travaillent soient mieux accompagnés », a-t-il ajouté, en faisant allusion au délai de carence moins long pour les étrangers en emploi que pour les autres. Une présentation qui omet que le nouveau régime ne s’applique qu’aux résidents non européens, et laisse penser que certains étrangers mériteraient plus que d’autres d’être couverts par notre #Etat-providence.

      Alors que la loi est censée faciliter – sous certaines conditions – l’#intégration de ressortissants d’autres pays, des spécialistes de la protection sociale considèrent que les mesures sur les prestations tournent le dos à cet objectif. « Les délais de carence vont totalement à l’encontre de l’intégration que l’on prétend viser », estime Michel Borgetto, professeur émérite de l’université Paris Panthéon-Assas. Ils risquent, d’une part, de « précipiter dans la #précarité des personnes confrontées déjà à des #conditions_de_vie difficiles, ce qui aura pour effet d’accroître le nombre de #travailleurs_pauvres et de #mal-logés, voire de #sans-abri, relève-t-il. Ils sont, d’autre part, susceptibles de se révéler largement contre-productifs et terriblement néfastes, poursuit le spécialiste du droit de la #sécurité_sociale, dans la mesure où les étrangers en situation régulière se voient privés des aides et accompagnements nécessaires à leur insertion durable dans la société, dans les premiers mois ou années de leur vie en France. C’est-à-dire, en fait, au moment même où ils en ont précisément le plus besoin… »

      Maîtresse de conférences en droit social à l’université Lyon-II, Laure Camaji tient à rappeler que les prestations visées constituent des « #droits_universels, attribués depuis des décennies en raison de la résidence sur le territoire ». « Cela fait bien longtemps – depuis une loi de 1975 – que le droit aux #prestations_familiales n’est plus lié à l’exercice d’une #activité_professionnelle, souligne-t-elle. C’est un principe fondamental de notre système de sécurité sociale, un #acquis majeur qui forme le socle de notre #pacte_social, tout comme l’est l’#universalité de la #couverture_maladie, de la prise en charge du #handicap et de la #dépendance, du droit au logement et à l’#hébergement_d’urgence. »

      A ses yeux, le texte entraîne une « régression considérable » en instaurant une « #dualité de régimes entre les Français et les Européens d’un côté, les personnes non ressortissantes de l’Union de l’autre ». L’intégralité du système de protection sociale est fragilisée, « pour tous, quelle que soit la nationalité, l’origine, la situation familiale, puisque l’universalité n’est plus le principe », analyse-t-elle.

      Motivation « idéologique »

      Francis Kessler, maître de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, ne comprend pas « la logique à l’œuvre dans cette loi, sauf à considérer qu’il est illégitime de verser certaines prestations à une catégorie de la population, au motif qu’elle n’a pas la nationalité française, ou que les étrangers viennent en France pour toucher des aides – ce qu’aucune étude n’a démontré ». En réalité, complète-t-il, la seule motivation de cette loi est « idéologique » : « Elle repose très clairement sur une idée de “#préférence_nationale” et place notre pays sur une pente extrêmement dangereuse. »

      Toute la question, maintenant, est de savoir si les dispositions en cause seront validées par le #Conseil_constitutionnel. L’institution de la rue de Montpensier a été saisie par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ainsi que par des députés et sénateurs de gauche, notamment sur les restrictions des #aides_financières aux étrangers. Les parlementaires d’opposition ont mis en avant le fait que les délais de carence violaient – entre autres – le #principe_d’égalité. Plusieurs membres du gouvernement, dont la première ministre, Elisabeth Borne, ont reconnu que des articles du texte, comme celui sur les APL, pouvaient être jugés contraires à la Loi fondamentale. Le Conseil constitutionnel rendra sa décision avant la fin du mois de janvier.

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/01/05/sur-les-prestations-sociales-aux-etrangers-la-contradiction-d-emmanuel-macro
      #Macron #loi_immigration #accès_aux_droits

  • « L’algorithme de la #CAF conduit à un surcontrôle des populations les plus précaires » | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/lalgorithme-de-caf-conduit-a-un-surcontrole-populations-plus-pr/00109069

    Fin novembre et début décembre, l’association La Quadrature du Net et le journal Le Monde ont chacun fait paraître une enquête sur l’utilisation du data mining (l’exploration de données) par les caisses d’allocations familiales (CAF), pour détecter les indus et les fraudes. Les deux enquêtes montrent que ce système, qui permet de scanner des milliers de données de 32 millions de personnes (les allocataires et leurs proches) et sur la base duquel sont déclenchés les contrôles, cible les plus pauvres, notamment les mères isolées.

    L’algorithme utilisé attribue un score de risque aux allocataires allant de 0 à 1. Plus on est proche de 1, plus on est exposé à la probabilité d’un contrôle. Parmi les critères pénalisants, le fait d’avoir changé de loyer plus de quatre fois en un an et demi, d’avoir un enfant à charge de 19 ans ou plus, ou encore de déclarer chaque trimestre ses ressources pour percevoir l’allocation adulte handicapé (AAH).

    • on sait _qui_ à pondu ledit algorithme, sur ordre de qui, et selon les specification de qui ? ou c’est secret défense ? (voire, secret défonce)

    • #Notation des allocataires : fébrile, la CAF s’enferme dans l’#opacité

      Alors que la contestation monte (voir ici, ici, ici ou ici) concernant son algorithme de notation des allocataires à des fins de #contrôle_social, la CAF choisit de se réfugier dans l’opacité tout en adaptant, maladroitement, sa politique de communication. Suite à son refus de communiquer le code source de son algorithme, nous avons saisi la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA).

      Comme nous l’expliquions ici, la CAF utilise depuis 2012 un algorithme de #profilage attribuant à chaque allocataire une note ou « #score_de_risque ». Construite à partir des centaines de données dont la CAF dispose sur chaque allocataire, cette note est ensuite utilisée pour sélectionner celles et ceux qui seront contrôlé·es.

      Cet algorithme symbolise l’étendue des #dérives de l’utilisation des outils numériques au service de politiques de contrôle social portées par des logiques policières de suspicion généralisée, de #tri et d’#évaluation continue de chacun de nos faits et gestes.

      Ici, comme c’est généralement le cas par ailleurs, ce tri cible les plus précaires. Les rares informations disponibles à ce sujet laissent apparaître que parmi les critères dégradant la note d’un·e allocataire, et augmentant ses chances d’être contrôlé·e, on trouve pêle-mêle : le fait de disposer de faibles revenus, d’habiter dans un quartier défavorisé, d’être une mère célibataire ou encore d’être né·e hors de France.

      Pour en avoir le coeur net, nous avons donc demandé à la CAF de nous communiquer le #code source de son algorithme1. Et sa réponse est affligeante2.

      Sortir de la précarité pour “tromper l’algorithme”

      Si la CAF a bien accepté de nous communiquer le code de l’algorithme… ce n’est qu’après avoir masqué la quasi-totalité des noms des variables comme on peut le voir sur l’illustration de cet article, qui est une photo de ce que la CAF nous a répondu.

      En d’autres termes, le fichier fourni nous permet simplement d’apprendre combien de #critères sont utilisés pour le calcul de la note des allocataires. Rien de plus. Ce qui n’empêche pas la CAF de préciser dans son courrier qu’elle espère que sa communication nous « permettra de comprendre le modèle »3.

      Les responsables de la CAF ont toutefois tenu à justifier le caviardage du fichier. Ces dernier·es précisent que le #code_source a été « expurgé des mentions qui, si elles étaient communiquées, pourraient donner des indications aux fraudeurs pour tromper l’algorithme »4. Et pour être tout à fait honnête, nous n’étions pas préparé·es à cette réponse.

      La CAF croit-elle vraiment que les critères liés à la #précarité (situation professionnelle instable, faibles revenus, logement situé dans un quartier défavorisé…) pourraient être modifiés par la seule volonté de l’allocataire ? Qu’afin d’augmenter leur note et de « flouer » l’algorithme, des millions d’allocataires pourraient décider, d’un coup, de sortir de la pauvreté ?

      Ce raisonnement frise l’#absurdité. A vrai dire, il est méprisant et insultant pour celles et ceux vivant des situations difficiles.

      Pire, le secrétaire général de la CAF entretient publiquement la confusion entre #fraudes et #erreurs de déclarations involontaires, prenant ainsi le risque de stigmatiser les personnes ciblées par l’algorithme, et ce, dans le seul but de justifier l’opacité de son institution.

      En réponse à un journaliste de Radio France5 l’interrogeant sur la réponse de la CAF à notre demande, il l’expliquait en disant qu’« il y a un certain nombre de données dont on pense que, si elles sont connues, peuvent nourrir des stratégies de contournement de personnes dont le but c’est de frauder le système ». Et d’ajouter : « Il faut que l’on ait un coup d’avance ».

      Faut-il donc lui rappeler que l’algorithme de la CAF n’est pas entraîné à détecter les fraudes mais les erreurs de déclaration, par définition involontaires6. Et que sa réponse pourrait donc être reformulée ainsi : « Nous ne communiquerons pas le code de l’algorithme de peur que les allocataires arrêtent de faire des erreurs ».

      De notre point de vue, cette réponse révèle l’ampleur de l’embarras des responsables de la CAF vis-à-vis de leur algorithme. Ils et elles ont peut-être en tête le scandale entourant un algorithme, en tout point similaire, de notation des allocataires ayant été utilisé aux Pays-Bas et dont les suites ont amené à la démission du gouvernement7 ?

      #Déni_de_justice

      Pire, cette opacité est aussi appliquée, à l’échelle individuelle, aux allocataires ayant été séléctionné·es par l’algorithme pour être controlé·es et qui chercheraient à obtenir des informations sur la raison de ce contrôle. Et ce, alors même que la loi prévoit que tout individu ayant fait l’objet d’une décision prise sur le fondement d’un traitement algorithmique (ici le fait d’être contrôlé) a le droit de connaître les données utilisées ainsi que les #paramètres de cet algorithme8. Ce qui signifie que les personnes ayant fait l’objet d’un contrôle9 sont censées avoir un droit d’accès plus étendu qu’une association comme la Quadrature.

      Nous avons pu consulter la réponse à la demande d’informations réalisée par une personne ayant été contrôlée sur la base de sa note. Le courrier, signé par le délégué à la protection des données de la CNAF, se contente de renvoyer l’allocataire à la page “Internet et Libertés” de la CAF.

      Sur cette page sont présents deux documents relatifs à l’algorithme de notation : un communiqué de la CAF et l’avis de la CNIL associé10. Aucun ne fournit d’informations sur les paramètres utilisés par l’algorithme, ni sur leur impact sur le score de risque.

      Cette réponse est un déni de justice pour celles et ceux ayant fait l’objet d’un contrôle déclenché algorithmiquement, l’opacité entretenue par la CAF les empếchant de contester juridiquement le bien-fondé du contrôle dont ielles ont fait l’objet.
      La discrimination : un savoir-faire à protéger

      Nous avions aussi demandé la liste des variables utilisées pour l’entraînement du modèle, c’est à dire sa phase de création. Cette question est importante car elle permet de comprendre l’étendue des données utilisées par l’algorithme. Et donc le degré d’intrusion dans la vie privée des allocataires que la construction d’un tel modèle nécessite.

      En effet, en mettant régulièrement en avant dans sa communication que son algorithme n’utilise « que » quelques dizaines de variables11, la CAF fait mine d’ignorer qu’elles sont le fruit d’une sélection qui nécessite l’analyse d’un nombre bien plus grand de variables au préalable12.

      Et la justification apportée par les responsables de la CAF est, là aussi, déconcertante. Ces dernier·es avancent que la communication de ces variables n’est pas possible car elles constituent un « savoir-faire »13. La CAF souhaiterait-elle monétiser son algorithme et le revendre à d’autres administrations ? Penserait-elle pouvoir équiper les équipes de contrôleurs.ses des institutions sociales du monde entier de son algorithme assimilant les plus précaires à de potentiel·le·s fraudeurs ou fraudeuses ?

      A défaut de réponse, nous nous en remettons à ce que, techniquement, tout·e data-scientist ferait pour entraîner un modèle le plus « précis » possible. Il suffirait de partir de l’intégralité des variables à sa disposition et, par itérations successives, décider lesquelles garder pour le modèle final. Dans cette hypothèse, ce serait alors la quasi-totalité des variables détenues par la CAF sur chaque allocataire qui serait utilisée pour l’entraînement de son modèle.

      Ceci serait cohérent avec un document publié en 2013 dans lequel un statisticien de la CAF que « les statisticiens chargés de la modélisation disposaient d’environ un millier d’informations par allocataire contrôlé » et que « la base d’apprentissage contient toutes les données habituelles des fichiers statistiques »14.
      Vingt ans de développement… et aucun compte-rendu de réunions

      Quant à notre demande relative aux documents internes (notes, comptes-rendus, échanges…) concernant le développement de l’algorithme, la CAF nous a tout simplement répondu qu’en presque 20 ans de travail aucune réunion technique n’a fait l’objet de compte-rendu…15

      Pour être tout à fait honnête, c’est une première dans l’histoire de nos demandes CADA.
      Le retour de l’alibi technique

      A ceci s’ajoute, depuis le début de l’année, la mise en place de ce qui apparaît comme une véritable communication de crise par l’institution autour de son algorithme. En juin 2022, la CAF a notamment publié un communiqué intitulé « Contrôle et datamining » dans lequel elle tente de répondre aux critiques soulevées par son algorithme16.

      A sa lecture, on prend toute la mesure du rôle d’alibi technique à une politique de contrôle discriminatoire que joue l’algorithme, ce que nous dénoncions déjà ici.

      L’algorithme y est décrit comme étant un objet purement scientifique dont le caractère politique est nié. Il est ainsi expliqué que la note des allocataires est le fruit d’une « démarche scientifique d’étude statistique […] menée par des experts » se fondant sur des critères « scientifiquement pondérés » ayant été sélectionnés « sur seuls critères statistiques ». Le secrétaire général de la CAF ajoute17 de son côté que cet outil serait un « miroir des situations statistiques » servant à identifier des « environnements de risques ».

      Ce faisant, les responsables de la CAF cherchent à nier leur responsabilité (politique) dans la conduite, et la validation, d’une politique de contrôle discriminatoire. Nul part n’apparaît que que si les erreurs se concentrent sur les plus précaires, c’est tout simplement parce qu’au fil des ans se sont multipliées les règles et contraintes encadrant l’accès aux minima sociaux, et ce, dans le seul but de restreindre leur accessibilité18.

      On mesure enfin l’impact des logiques gestionnaires appliquées aux institutions sociales. Logiques réduisant des millions de vies et d’histoires, à de simples notions statistiques, déshumanisantes, froides et vides de sens.
      Communication mensongère

      La deuxième partie du document est consacrée à un « Vrai/Faux » portant sur l’algorithme où transpire la malhonnêteté intellectuelle.

      A l’affirmation « Les scores de risques les plus élevés concernent toujours les plus pauvres », la CAF répond Faux car « les scores de risques sont calculés pour tous les allocataires ». Ce qui n’a tout simplement aucun sens…

      A la question « Les contrôleurs sont payés aux résultats », la CAF répond que ce serait faux, bien qu’elle admette que l’Etat lui fixe bien un objectif à atteindre en termes de détection de fraude. Ici encore, l’institution joue avec les mots. S’il est vrai que les contrôleurs.ses n’ont pas de « prime sur leurs résultats », ils et elles touchent un intéressement, tout comme l’ensemble du personnel de la CAF, dont le montant dépend bien de l’atteinte de ces objectifs de contrôle19.

      A la question « Plus de 1000 données concernant les allocataires sont utilisées dans le modèle de datamining des CAF », la CAF répond que seules une quarantaine seraient utilisées. Elle détourne ainsi la question puisque – comme expliqué ci-dessus – elle omet de dire que ces quarante variables sont sélectionnées après une phase d’entraînement du modèle qui nécessite l’utilisation, et le traitement, de plus de mille variables par allocataire20.

      Enfin, aux questions « Les contrôleurs de la Caf ont accès à toutes les infos qu’ils souhaitent à l’insu des allocataires », et « Les allocations sont suspendues pendant le contrôle », la CAF répond que non car « aucune demande n’est faite à d’autres administrations, sans en avoir averti auparavant l’allocataire, aucune procédure vis-à-vis d’un tiers n’est engagée à l’insu de celui-ci. » Et ajoute que, lors d’un contrôle, « les allocations ne sont pas suspendues ».

      Sur ces deux derniers points, nous vous invitons à lire les témoignages collectés par le Défenseur des Droits, les collectifs « Stop Contrôles », « Changer de Cap » et différentes associations de lutte contre la précarité21 qui alertent depuis des années sur les suspensions abusives d’allocations pendant les contrôles et les pratiques invasives (consultation des comptes bancaires, relevés d’électricité, analyse de l’adresse IP etc…) des contrôleurs·ses de la CAF à l’insu des allocataires.
      Fraude à enjeux et lutte contre le non-recours : des contre-feux médiatiques

      A ceci s’ajoute diverses annonces de la CAF participant à nourrir une stratégie de diversion médiatique autour de son algorithme de notation.

      Dans son dernier rapport annuel sur la « lutte contre la fraude », nulle référence n’est faite à l’algorithme alors que celui-ci était mis à l’honneur, en première page, l’année précédente. La CAF précisant au passage qu’il était loué par la Cour des Comptes et l’Assemblée Nationale.

      A sa place, la CAF a préféré cette année mettre en avant son équipe de contrôleur.ses dédiée à la « lutte contre la fraude à enjeux »22, c’est à dire des fraudes organisées (usurpation d’identités, faux documents, fraude au RIB) à grande échelle. Soit 30 agentes et agents qui d’après les dires de la CAF sont, ni plus ni moins, chargé·es de « protéger le système de sécurité sociale français des risques de pillage » et qui font rentrer la CAF dans « une nouvelle dimension de la lutte contre la fraude »23.

      A titre de comparaison, nous tenons à rappeler que ce sont pas moins de 700 contrôleuses et contrôleurs qui, guidé·es par son algorithme discriminatoire, sont chargé·es de traquer les moindre erreurs de déclaration faites par les plus précaires.

      Deuxième angle d’attaque : la mise en avant de l’utilisation d’algorithmes de profilage à des fins de lutte contre le non-recours24. Comme si l’application des techniques de profilage à des fins « positives » pouvait justifier leur application à des fins répressives. Sur ce sujet, la CAF omet pourtant de dire le plus important : depuis maintenant plus de 10 ans, elle a systématiquement favorisé l’application de ces techniques à des fins de contrôle plutôt que de lutte contre le non-recours.

      Ses équipes de « data-scientist » regrettaient dès 2013 que les techniques de profilage des allocataires soient uniquement utilisées à des fins de contrôle et non de lutte contre le non recours25. Cette réalité est rappelée dans un rapport de l’Assemblée Nationale daté de 2016 qui précise que « l’extension explicite de l’usage du data mining à d’autres fins, notamment celle de lutte contre le non-recours, était envisageable dès l’origine, mais cette possibilité a été écartée, au moins dans les premières années d’utilisation de cet outil »26. Il aura fallu attendre 2017 pour que la CAF commence à mener des expérimentations, et il semblerait qu’aujourd’hui le profilage contre le non-recours est limité à la prime d’activité et l’allocation de soutien familial27.

      Le sociologue Vincent Dubois ajoute que cette situation « interroge sur la réalité des slogans institutionnels “tous les droits rien que les droits” qui en fait est beaucoup plus tournée vers l’identification des indus, frauduleux ou non, que vers les cas de non-recours qui sont en fait beaucoup plus nombreux »28.

      En tout état de cause, l’histoire politique de l’utilisation par la CAF des techniques de profilage à des fins de lutte contre le non-recours ne semble pas très glorieuse.

      Ce dernier point interroge aussi sur le fantasme entretenu autour de l’automatisation de l’état social pour répondre aux problèmes sociaux. A l’heure où le gouvernement lance l’expérimentation d’un « RSA sous conditions », la mise en avant de solutions techniques pour lutter contre le non-recours dépolitise la question de l’accès aux droits. Tout en taisant les problèmes que génèrent, pour des millions de personnes, la dématérialisation des services publics.

      Enfin, la CAF a annoncé en grande pompe la nomination d’une médiatrice nationale chargée, entre autres, des questions de données personnelles à la CNAF29 en juin 2022. Parmi ses missions : « la protection des données et de la sécurité des usagers dans le cadre des systèmes d’information. » Et le communiqué accompagnant sa nomination ajoute qu’elle « sera également la référente nationale déontologie ». Nous serions plus que ravi·es d’entendre son avis sur l’algorithme de notation de la CAF.
      Lutter au-delà de la transparence

      La transparence que nous exigeons auprès de la CAF ne doit pas masquer le fond du problème. En un sens, ce que nous savons déjà de l’algorithme de cette institution, sans même avoir eu accès à son code, nous suffit à nous y opposer.

      La transparence n’est donc pas une fin en soi : c’est un moyen que nous souhaitons mobiliser pour mettre en lumière, et critiquer, un discours politique cherchant à légitimer la volonté de contrôle d’un appareil étatique via l’entretien d’un discours de suspicion généralisée et la stigmatisation de certaines catégories de la population.

      Volonté de contrôle qui, hélas, profite aujourd’hui de la puissance des outils numériques et de l’exploitation de nos données personnelles afin de toujours plus nous évaluer et, ainsi, nous trier.

      A l’heure où un nombre toujours plus grand d’institutions, sociales et policières, mettent en place de telles solutions de surveillance algorithmique, nous continuerons de les documenter et de faire ce que nous pouvons, à notre niveau, pour les contrer.

      Au côté des collectifs Stop Contrôles, Changer de Cap et de toutes les associations et collectifs de lutte contre la précarité qui font face, depuis des années, aux dérives du tout numérique et au développement sans limite des politiques de contrôle social, nous espérons que vous serez nombreux.ses à nous rejoindre.

      Enfin, nous ne doutons pas que ce sentiment d’injustice est partagé par la plupart des employé·es de la CAF. C’est pourquoi nous tenons à encourager celles et ceux qui, révolté·es par ces pratiques, pourraient nous aider à les documenter. Vous pouvez nous contacter par mail, téléphone, en venant nous rendre visite ou déposer de manière anonyme des documents sur notre SecureDrop. A l’heure où les responsables de la CAF font le choix de l’opacité, nous avons plus que jamais besoin de vous.

      https://www.laquadrature.net/2022/12/23/notation-des-allocataires-febrile-la-caf-senferme-dans-lopacite
      déjà sur seenthis (via @colporteur) :
      https://seenthis.net/messages/984668

      #algorithme #discrimination #mères_isolées #risque

    • C’est la réponse qui a toujours été faite aux syndicats qui réclament depuis des années les barèmes et algo pour pouvoir contester dans le cadre des TRÈS nombreuses erreurs de calcul.

      « gna gna gna, vous allez tricher ! ».

      Marrant comme on accuse toujours l’autre de ses propres turpitudes.

      Oui, des fois, les gens pourraient refuser une miette de boulot de merde qui va faire sauter tous leurs droits de manière disproportionnée et les foutre encore plus dans la merde. Oui, des fois, les gens pourraient s’organiser pour ne pas se retrouver dans une trappe à contrôle ou une situation encore plus dégradée.

      Oui, t’imagine ? Les gens pourraient juste faire valoir leurs droits si souvent déniés sans même avoir à avancer un début de justification.

      Et ils pourraient se rendre compte que ce n’est pas l’algo, mais bien un agent malintentionné qui a niqué leur dossier.

    • y aurait pas moyen de « retourner » (comme une chaussette) leur truc de la caf ? Genre, une expérience de science participative :-) on pourrait : 1./ demander que le "score" soit communiqué à chaque administré (e.g. via CNIL), 2./ collecter score et infos perso sur la base du volontariat, éventuellement en anonymisant les données, et 3./ faire un modèle « externe » avec ces données, le publier, et enfin 4./ s’en servir pour identifier les cas de non-recours (et au moins les compter)

  • Rencontres des métiers en lutte - OCL - Organisation Communiste Libertaire
    http://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4017

    Rencontres des métiers en lutte

    L’union et le dialogue font la force ?

    mercredi 20 décembre 2023, par Courant Alternatif

    Les 23 et 24 septembre 2023 avait lieu le festival des derniers de cordée. Dans un petit village au sud du département de l’Allier, TAXAT-SENAT, à l’initiative des cordistes en colère et du STUCS-CNT-SO 03 (Syndicat de Travailleurs/euses uni.es de la Culture et du Spectacle). Malgré les pressions préfectorales avant et pendant les rencontres (voir encadré), les débats et festivités se sont déroulés comme prévus.

    Présent.es pendant ces rencontres :
    • En plus des cordistes en colère(1) et des STUCS(2) organisateurs, étaient présentes « Haut Pluri’Elles(3) » collectif des femmes cordistes cette organisation remplace « Women in rope access France ».
    • Echafaudeurs/Scaff’holders(4) « Scaff de France » le professionnel qui assure le montage des structures scéniques ou des structures mobiles : une tour de régie ou de son, un espace scénique extérieur pour un festival, une structure pour un décor ou une piste de ski artificielle…
    • SGT « Syndicat des Gardiens de Troupeaux » (5), affilié à la CGT.
    • Solidaire « Travailleurs de la Terre ».
    • S+JV « Syndicat des Travailleurs et travailleuses du Jeu Vidéo » (6). Convention collective Syntec.
    • STAA « Syndicat des Travailleurs Artistes-Auteurs » (7) affilié à la CNT-SO.
    • Inspecteurs du travail (CNT et SUD).
    • Routiers (SUD route).
    • Travailleurs du nettoyage (CNT-SO)(8).
    • Librairies (Book Bloc).
    • Collectif de familles (Stop à la mort au travail)(9).
    • Collectif Stop mines 03.(10)
    Durant ces rencontres des entretiens ont pu avoir lieu avec des représantant.es des cordistes en colère, le collectif « Haut Pluri’Elles », les syndicats SGT, Solidaire TT.

    Entretiens :
    Certain.es des intervenant.es ont désiré rester anonymes. Le choix a été fait de n’indiquer que les structures des intervenant.es qui participent aux entretiens.
    SGT « Syndicat des Gardiens de Troupeaux », affilié à la CGT.

    Suite aux concertations entre les différentes organisations, associations ou collectifs de bergers, la création du SGT (Syndicat des Gardiens de Troupeaux) affilié à la CGT leur est apparue comme une nécessité face à la nouvelle réforme du chômage qui remet en cause leur droit à indemnités. En effet, l’alpage dure en moyenne entre 4 et 5 mois, avec la nouvelle législation c’est 6 mois de travail dans les 24 derniers mois qui leurs sont demandés, ce qui implique 2 saisons pour prétendre à une indemnité. Le choix d’un syndicat représentatif au niveau national, s’est fait pour avoir la possibilité de participer aux commissions paritaires pour l’élaboration de la Convention Collective Nationale (CNN) des ouvriers agricoles et de productions, sur invitation de la CGT (Confédération Général du Travail). Cette convention englobe aussi les salariés de l’agro-alimentaire et les ouvriers forestiers. Avant leur venue, seul un représentant des salariés de l’agro-alimentaire était présent. L’idée portée par le SGT est d’intégrer non seulement les bergers, mais aussi les chevriers et les vachers d’où le nom de gardiens de troupeaux. Qui mieux qu’eux peuvent parler de leurs conditions de travail, de la précarité de leurs hébergements durant les longs mois d’alpage, de la sécurité, de la santé, de la solitude, de la vie familiale, des heures passées non prises en compte pour leurs indemnités de chômage. La possibilité de choisir entre un gardiennage à l’année ou celui d’une saison d’alpage et de ce cas, pouvoir prendre du temps pour se ressourcer parmi sa famille, sans être privé de leurs indemnités de chômage. A cela s’ajoute la complexité des contrats qui peuvent être passés avec plusieurs employeurs selon l’importance du troupeau. La rudesse du travail en alpage, fait que la carrière pour un homme est 5 ans et pour une femme de 3 ans en moyenne.
    Tout ceci, doit être pris en compte dans les négociations lors de l’écriture de la CCN. Mais aussi l’intégration, de certains accords territoriaux plus favorables, dans la convention collective nationale.
    Elles/ils ne se reconnaissent pas dans le vocable de paysan, car le paysan est propriétaire de ces moyens de production, alors qu’elles/ils vendent leur force de travail. De ce fait, elles/ils, font partie des travailleurs salariés et se reconnaissent comme ouvriers agricoles.
    Leurs participations à ces rencontres ont permis un partage d’expériences, malgré la différence des métiers, une même précarité englobe toutes ces professions avec comme points communs, la nécessité de s’organiser pour défendre leurs intérêts et si possible sortir du corporatisme et du romantisme des métiers passion très présents dans leurs différents milieux. Se considérant comme novice en syndicalisme, un gros travail de formation est devant eux.
    Solidaire - Travailleurs de la Terre.

    Leur venue fait suite à une information donnée par le syndicat des gardiens de troupeaux. Ne pouvant intégrer (avec des problématiques différentes) ce syndicat, la création d’un syndicat des travailleurs de la terre spécifique leur est apparue comme une nécessité. Le choix s’est porté vers Solidaire, car la confédération paysanne ne pouvait les accepter, en tant que salariés, puisqu’elle est un syndicat d’exploitant au même titre que la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles). Quant à la CGT (Confédération Générale du Travail), la fédération la plus proche est celle de l’agro-alimentaire, hormis les gardiens de troupeaux qui malgré une convention collective identique, ne répond pas exactement à leurs besoins. La spécification des travailleurs de la terre correspond à des déplacements sur toute la France, de la main d’œuvre étrangère est omniprésente sur les exploitations, dont l’Europe est leur terrain d’intervention avec ces différentes législations du travail. Tout ceci leurs posent des problèmes pour s’organiser et s’ajoute à ces difficultés leur jeune existence, création du syndicat il y a un an, d’où l’intérêt pour eux, de participer à ces rencontres.

    Les entretiens qui suivent ont été faits en commun entre les cordistes hommes et les cordistes femmes, d’où les réponses qui peuvent être redondantes.
    Cordistes en colère, cordistes solidaires.

    Les cordistes hommes présents ont découvert l’existence du collectif « Haut pluri’elles » lors de ce festival. Ils trouvent que la création d’un collectif spécifique féminin est un point important et nécessaire concernant leurs professions. L’organisation des cordistes salariés repose sur deux structures, une associative « les cordistes en colère, cordistes solidaires » et l’autre syndicat « SYSOCO, SYndicat SOlidaire COrdistes »(11). La structure syndicale leur permet de participer aux commissions paritaires, présence nécessaire face à la présence des organisations patronales dans ces commissions.
    Deux conceptions s’opposent dans la définition du métier de cordiste. La première est internationale IRATA (Industrial Rope Access Trade Association) qui est avant tout basée sur la formation de la maîtrise des risques au moyen de cordes en milieux industriels. Et en second celle de la France dont l’origine est tout autre, basée sur la technique de cordes, les premiers cordistes viennent du milieu de la montagne, les alpinistes, et de fait est considérée comme venant du loisir, où la technicité prime sur la maîtrise des risques. Quand pour IRATA, le retour d’expérience sert à faire évoluer les règles dans la maîtrise des risques, la France considère que la formation initiale, basée sur la technicité, est suffisante pour pallier aux aléas du métier.
    Tout le travail du syndicat est de faire appliquer la directive européenne du 27 juin 2001 retranscrite en droit français par le décret du 1er septembre 2004, et de faire progresser les mentalités de la technicité pure vers la maîtrise des risques au moyen de cordes en milieux industriels.
    Collectif « Haut pluri’elles ».

    Le choix de la création d’un collectif féminin en non mixité a été fait suite à l’arrivée en nombre de femmes dans le métier. Alors que ce métier plutôt considéré comme masculin, la création du collectif vient en complémentarité et non en opposition avec les collectifs spécifiquement masculins. L’idée est, comme pour l’ensemble de la société, d’avoir des lieux de rencontres entre femmes où la parole se libère, ainsi qu’appréhender les revendications féministes propres au métier, par exemple : le matériel pour les personnes de petites tailles, qui peut être aussi appliqué aux hommes de tailles petites. Mais aussi, le sexisme, le salaire, les menstrues, etc. Le collectif s’intègre parfaitement par l’apport de revendications particulières que seules les femmes peuvent avoir sur leurs conditions de travail avec l’ensemble des revendications générales.
    Ce que révèlent ces entretiens.

    Mise à part la #précarité pour l’ensemble des métiers, c’est la notion de #passion qui ressort dans le choix de la pratique de ces métiers. Mais pour que la passion ne soit plus la cause de leurs précarités, la nécessité de s’organiser face à l’exploitation, qu’elles/ils subissent, leur est apparue comme nécessaire. Et pour se faire le choix d’intégrer des organisations syndicales reste, pour elles et pour eux, l’outil le mieux adapté, peu importe le syndicat. A la fois pour intégrer les commissions paritaires dans l’optique de faire évoluer les conventions collectives en adéquation avec leurs besoins, pour passer de métiers précaires à des métiers sécurisés et pérennisés.
    Ces deux journées ont été d’un intérêt certain, tant par la multiplicité des métiers représentés que par la mise en commun des problèmes rencontrés dans leurs professions. La clôture s’est faite sur une assemblée générale, où un rendez-vous a été pris, pour continuer l’aventure l’an prochain avec une organisation répartie entre les diverses structures. Des contacts se sont créés et une coordination à vue le jour. Nous attendons la suite.

    Moulins le 11 novembre 2023

    notes
    1. cordistesencolere.fr/
    2. cnt-so.org/auvergne/stucs/
    3. facebook.com/groups/319769895349010/
    4. scaff-and-co.com/
    5. travailleur-alpin.fr/2022/09/01/syndicalisme-comment-se-cree-la-cgt-des-gardiens-de-troupeaux/
    6. stjv.fr/
    7. staa-cnt-so.org/
    8. cnt-so.org/category/syndicalisme/nettoyage/
    9. facebook.com/people/Collectif-familles-Stop-%C3%A0-la-mort-au-travail/100089216336090/
    10. facebook.com/stopmine03/
    11. solidaritecordistes.fr/

    Les organisateurs tiennent à remercier le Maire de Taxat-Senat, qui a tenu bon face aux pressions incessantes de la gendarmerie et de la préfecture, pour le dissuader d’autoriser sur son territoire la tenue du festival. Et de sa présence tout au long de ces 2 journées. Une des raisons invoquées par l’administration a été l’arrivée possible dans sa commune d’un important contingent de fichés S.
    Avant la tenue du festival, un des membres de la CNT-SO 03 a été harcelé par la gendarmerie, avec convocation à tout moment. La maréchaussée avait une hantise, vieille de 8 ans, lors du 1er mai 2015 un rassemblement libertaire à Saint-Pourçain, non loin de Taxat-Senat, avait précédé l’ouverture d’un squat, la rancœur est tenace, la date du 23 septembre leur paraissait suspecte (manifestation contre les violences policières), y avait-il anguille sous roche ? La suite leur prouva que non ! (Comme dans la chanson). Quant au membre de la CNT-SO fût promise l’option de la venue du SPIG (Peloton de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie), les cow-boys de la gendarmerie, le copain a rétorqué que cela serait perçu comme une provocation.
    Pendant le festival, un trafic incessant de véhicules de gendarmerie (commune de moins de 200 habitants), jamais de mémoire d’habitants, autant de bleu marine en si peu de temps, n’avait été vu. Des incursions à toutes heures de jours comme de nuits de la soldatesque sur le lieu du rassemblement, y compris au petit déjeuner, avec tout l’attirail du parfait troufion. Malgré toute cette présence, l’ambiance est restée sereine et le SPIG n’a pas montré le bout de sa tonfa.

  • Réception pour l’avenir de la recherche française – Docs en stock : dans les coulisses de la démocratie universitaire
    Blog de Julien Gossa
    https://blog.educpros.fr/julien-gossa/2023/12/12/reception-pour-lavenir-de-la-recherche-francaise

    Le Président Emmanuel Macron a reçu plus de 300 chercheurs, représentants d’établissements supérieurs, instituts de recherche, institutionnels et chefs d’entreprises, pour présenter sa vision pour l’avenir de la recherche française, ce jeudi 7 décembre 2023 au Palais de l’Élysée. Gros verbatim et petit résumé.
    [...]
    [Résumé du contenu de la réforme en] Trois grands axes
    – Faire de nos organismes nationaux de recherche de vraies agences de programme.

    – Écrire l’acte II de l’autonomie des universités.

    – Installer le Conseil présidentiel de la science.
    Pas de nouveauté...
    [...]
    Mais une opportunité [sic]
    Damage Control
    [...]
    En clair, les deux annonces principales de M. Macron viennent d’être à la fois saluées et torpillée par les managers. La confusion est donc à son comble, comme en atteste la demande de clarification du SNCS-FSU. Cette confusion est tout à fait dommageable à une réforme qui vise à clarifier. L’avenir nous dira si ces managers étaient sincères, ou s’il ne s’agissait que d’une manœuvre pour endormir les personnels et pouvoir travailler en paix à la réforme de leurs statuts.

    #université #recherche #statuts #précarisation #concentration #_excellence_ #Macron #ivresse_du_pouvoir #hubris jamais d’#évaluation des politiques publiques menées #déclin de la science française #Pécresse

  • Thomas Piketty : « L’idéologie antipauvres finit par conduire à une dégradation générale de la qualité du service public »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/09/thomas-piketty-l-ideologie-antipauvres-finit-par-conduire-a-une-degradation-

    Ce n’est pas en se défoulant sur les plus précaires que l’on va résoudre les problèmes sociaux, plaide l’économiste dans sa chronique.

    Disons-le d’emblée : l’enquête édifiante publiée par Le Monde sur les procédures intrusives et ubuesques subies par des milliers d’allocataires des caisses d’allocations familiales (CAF) pose des problèmes fondamentaux pour l’avenir de la Sécurité sociale et des services publics, en France, en Europe et dans le monde. En épluchant des milliers de lignes de code indûment dissimulées, en rencontrant des personnes fragilisées et des parents isolés injustement pourchassés pour des trop-perçus imaginaires, les journalistes ont montré les conséquences dramatiques de ces pratiques algorithmiques aveugles sur les existences quotidiennes.

    Encore faut-il préciser que les agents des CAF sont souvent (? ndc) les premiers à dénoncer ces pratiques imposées par leur direction et par les responsables politiques à l’institution sociale à laquelle ils sont attachés. Rappelons que les CAF gèrent avec des moyens limités non seulement les allocations familiales, mais aussi le revenu de solidarité active (revenu de base et complément de revenu pour les bas salaires), les allocations logement, celles destinées aux parents isolés ou aux personnes handicapées, les prestations liées aux gardes d’enfants, etc., soit au total près de 14 millions d’allocataires (environ la moitié des ménages).

    Les coûts de fonctionnement des CAF comme des caisses de l’Assurance-maladie et de l’ensemble des caisses de la Sécurité sociale ont toujours été extrêmement modestes : entre 2 % et 3 % des prestations versées suivant les cas, contre 15 % à 20 % pour les compagnies d’assurances privées. Cette efficacité publique est une bonne chose en soi, à condition toutefois de ne pas pousser trop loin dans cette direction.
    Le problème est que le pouvoir politique n’a cessé de faire pression sur les caisses pour réduire toujours davantage ces coûts. La situation s’est notamment dégradée à la suite de l’arrivée au pouvoir en 2007 de Nicolas Sarkozy, qui a mis en avant la nécessité d’une chasse sans merci à la fraude sociale et les allocataires soupçonnés de ruiner le système.

    Glorification des « premiers de cordée »

    Et qu’importe si toutes les études montrent que la fraude fiscale et l’évasion en col blanc portent sur des montants autrement importants. Puisqu’il est compliqué de s’en prendre aux plus riches, vengeons-nous sur les plus pauvres ! Cette glorification des « premiers de cordée » et cette stigmatisation des plus #pauvres (réputés incapables de « traverser la rue » pour trouver un emploi, et régulièrement accusés de coûter un « pognon de dingue ») se sont encore accentuées avec Emmanuel Macron depuis 2017. Sommées de débusquer les #fraudeurs et de faire du chiffre avec des moyens humains réduits, les CAF se sont alors lancées dans la dérive algorithmique mise au jour par les journalistes. [dès 2010, en fait,c-à-d sous Hollande ndc]

    Le pire dans cette évolution est que l’#idéologie_antipauvres finit par conduire à une dégradation générale de la qualité du service public. Si vous n’en avez pas fait l’expérience vous-même, demandez autour de vous. Depuis plusieurs années, si vous envoyez un message aux CAF sur l’interface prévue à cet effet, la machine vous répond que les messages traités actuellement sont ceux réceptionnés il y a trois mois, et que le vôtre devra attendre (six mois plus tard, il attend toujours).

    En revanche, si l’on vous reproche un trop-perçu, parfois fantaisiste, il faut payer tout de suite, sans recours possible. Pour ceux qui en ont les moyens, ces situations ubuesques sont pénibles mais gérables. Pour tous ceux dont les finances sont tendues, c’est insupportable. De toute évidence, les #CAF ne disposent pas des moyens humains permettant de rendre un service de qualité et de traiter correctement les usagers, ce qui est extrêmement douloureux pour toutes les personnes impliquées.

    Cette dégradation du service public se retrouve dans de multiples domaines, par exemple avec des délais de plus de six mois pour obtenir des papiers d’identité, des procédures de remboursement toujours trop lourdes auprès de l’Assurance-maladie et des mutuelles, ou encore l’opacité extrême des #algorithmes d’affectation dans l’enseignement supérieur, dans un contexte de pénurie de places et de moyens dans les filières les plus recherchées.

    Stratégie de droite

    La stratégie de la droite visant à stigmatiser les pauvres et les « assistés » comme responsables des maux du pays est doublement perdante : elle fragilise les plus modestes et conduit à la dégradation du service public pour tous et au règne du chacun-pour-soi, au moment même où nous aurions besoin de socialiser davantage de ressources pour pourvoir aux besoins criants dans la santé, l’éducation et l’environnement. La vérité est que c’est dans le secteur privé que se trouvent les gaspillages et les rémunérations indues, et non dans les caisses sociales et les services publics.

    Cette nouvelle idéologie antipauvres est d’autant plus inquiétante qu’elle est au cœur des recompositions politiques actuelles. La loi antisquatteurs adoptée fin 2022 par une coalition RN-LR-Renaissance en est l’incarnation. Elle montre aussi les impasses de cette approche : ce n’est pas en se défoulant sur les plus #précaires et en fragilisant l’ensemble des #locataires à grands coups de bail raccourci de location meublée et d’expulsion accélérée que l’on va résoudre les problèmes de logement des dizaines de millions de ménages mal logés et mal isolés.

    Cette question est aussi l’occasion de combattre le RN sur le seul terrain qui vaille : celui des faiblesses et des incohérences de son programme. La conversion sociale du RN est un leurre. Le parti reste profondément imprégné de libéralisme économique, comme le montre sa volonté de supprimer l’impôt sur la fortune immobilière, de la même façon que Jean-Marie Le Pen voulait supprimer l’impôt sur le revenu dans les années 1980. Il est plus que temps de sortir des obsessions identitaires actuelles et de remettre les questions socio-économiques au centre du débat public.

    https://seenthis.net/messages/1028926

  • Comment la filière maraîchère bretonne a recours à des travailleurs africains souvent sans papiers, et sous-payés

    Les migrants venus d’Afrique, souvent sans titre de_séjour, sont devenus un rouage essentiel de la #filière maraîchère bretonne. Dans les environs de #Lannion, aucun des producteurs qui les emploient n’a accepté de répondre aux questions d’"Envoyé spécial", mais une inspectrice du travail a souhaité dénoncer l’hypocrisie qui règne, selon elle, dans le secteur.

    En Bretagne, de juillet à octobre, c’est la récolte des célèbres #cocos_de_Paimpol. Comme les #étudiants et les #retraités français n’y suffisent plus, les maraîchers ont de plus en plus souvent recours à des #travailleurs_étrangers. Dans ce champ près de Lannion où s’est rendue une équipe d’"Envoyé spécial", assis sur une chaise sept heures par jour à ramasser les haricots, des Maliens, Camerounais, Guinéens... tous les travailleurs sont africains.

    « Les Africains, eux, ils ne connaissent pas de sot métier. Vous, les Français, vous avez honte peut-être de travailler dans les cocos, mais nous, on ne choisit pas. » (Un travailleur agricole africain, employé dans un champ de haricots en Bretagne)

    Ils affirment être déclarés par le propriétaire du champ qui les emploie, mais aucun ne semble avoir de papiers français. Seraient-ils employés illégalement ?

    Toute la filière maraîchère bretonne a recours à ces travailleurs africains, afghans ou syriens, devenus des « #saisonniers_permanents ». Aucun producteur local ne veut le reconnaître ouvertement, et tous ceux que les journalistes ont contactés ont refusé de répondre à leurs questions. La coopérative locale a même prévenu certains maraîchers, par SMS, de la présence d’une équipe d’"Envoyé spécial" cherchant à « récupérer des informations concernant la #main-d'œuvre_étrangère », avec ce conseil : « Soyez vigilants et renvoyez vers la coopérative ». Laquelle a elle aussi décliné les demandes d’interview...

    Seule une inspectrice du travail a accepté de s’exprimer, sous couvert d’anonymat. Elle veut dénoncer l’#hypocrisie qui règne, selon elle, dans le secteur : « Tout le monde ferme les yeux. Il n’y a pas que les services de l’Etat, c’est les agriculteurs, c’est tout le monde. »

    « Il n’y a pas de #main-d’œuvre française qui veut faire ce travail, parce que ce n’est pas rémunérateur. » (Une inspectrice du travail, qui témoigne anonymement dans « Envoyé spécial »)

    L’inspectrice ne nie pas que les agriculteurs déclarent leurs salariés, mais sans avoir les moyens de vérifier leur identité. Ce qui n’est pas facile, précise-t-elle, car ces travailleurs étrangers « ne sont pas forcément sans titre, mais ils ont des ’alias’ ... » (ils utilisent par exemple la carte d’identité d’un proche).

    Des travailleurs maintenus dans la #précarité

    D’après elle, beaucoup de producteurs ont intérêt à maintenir dans la précarité ces travailleurs étrangers, souvent sous-payés, voire exploités. « Comment voulez-vous revendiquer dans ces conditions-là ? » demande-t-elle. Si on lui donne 500 euros au lieu des 1 200 euros dus (l’#ouvrier_de_cueillette est censé percevoir l’équivalent du smic, voire davantage, selon le poids des denrées récoltées), « il est obligé d’accepter. A qui il va aller se plaindre ? On va lui dire ’Mais c’est même pas vous, Monsieur, c’est votre alias !’ C’est un no man’s land. »

    https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/video-tout-le-monde-ferme-les-yeux-comment-la-filiere-maraichere-breton

    #maraîchage #Bretagne #sans-papiers #France #travail #conditions_de_travail #exploitation #salaire #migrations #agriculture

    ping @karine4

  • Chômage : le gouvernement charge les seniors pour justifier son échec
    https://www.humanite.fr/social-et-economie/assurance-chomage/chomage-le-gouvernement-charge-les-seniors-pour-justifier-son-echec

    Les demandeurs d’emploi #seniors sont plus que jamais dans le viseur. Lundi, le gouvernement a confirmé qu’il n’allait pas agréer en l’état la nouvelle convention d’#assurance-chômage issue de l’accord entre le patronat, la CFDT, FO et la CFTC, le 10 novembre, envisageant plutôt de prolonger les règles actuelles par décret jusqu’en juin. L’exécutif veut en effet attendre l’aboutissement de la négociation sur l’#emploi_des_seniors qui devrait démarrer d’ici peu.

    Dans un document envoyé aux syndicats et au patronat, le gouvernement annonce viser un taux d’emploi des 60-64 ans de 65 % (contre 33 % aujourd’hui) à l’horizon 2030, notamment en aménageant les fins de carrière ou en renforçant la formation professionnelle.

    « Si on ne secoue pas les puces »

    Les mesures concernant l’#indemnisation des quinquagénaires seront également abordées dans cette discussion, même si l’accord régressif sur l’assurance-chômage prévoit déjà 440 millions d’euros d’économies à réaliser sur leur dos pour la période 2024-2027.

    Mais, sans attendre, la semaine passée, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait déjà prévenu qu’il souhaitait abaisser la durée d’indemnisation pour les plus 55 ans, pointant le fait qu’elle dure « vingt-sept mois » à cet âge contre « dix-huit mois pour les chômeurs plus jeunes », avait-il déclaré sur franceinfo.

    Une façon selon lui « de mettre à la retraite de manière anticipée les plus de 55 ans ». Pour le ministre : _« Si on ne secoue pas les puces, il n’y aura pas 5 % de taux de chômage en fin de quinquennat, soit le #plein-emploi_ (contre 7,4 % aujourd’hui NDLR). »

    Cinq millions de chômeurs

    Si le gouvernement multiplie les déclarations tonitruantes et stigmatisantes, c’est que les statistiques du #chômage continuent de remonter en flèche depuis deux trimestres consécutifs, selon l’Insee. Une tendance confirmée par les dernières statistiques de la Dares, parues ce lundi.

    En incluant les chômeurs n’ayant pas travaillé (catégorie A) et ceux en activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emploi en France (hors Mayotte) augmente de 0,29 % (+15 800) par rapport à septembre et s’établit à 5,377 millions.

    Le nombre d’inscrits de 50 ans et plus, traditionnellement élevé, est de 1,39 million en octobre, contre 1,38 million en septembre. Ils sont 835 800 âgés de 50 ans et plus à être présents sur les listes de Pôle emploi en octobre depuis un an ou plus, en légère hausse par rapport à septembre.

    Plutôt que de remettre en cause sa politique axée sur la #précarisation de l’#emploi, qui risque de frapper encore plus fort les seniors à l’avenir avec la récente #réforme_des_retraites, le gouvernement persiste à réduire leurs droits.

    Dernière trouvaille, selon les informations de la Tribune dimanche, la première ministre Élisabeth Borne envisagerait désormais de limiter les #ruptures_conventionnelles, qui explosent entre 55 et 60 ans faisant office de #préretraite déguisée, en pointant une nouvelle fois du doigt les bénéficiaires. Mais sans lutter contre les discriminations liées à l’âge chez les employeurs, souvent prompts à se débarrasser des salariés les plus matures.

  • La Caf des Landes condamnée pour avoir mis fin au RSA d’allocataires après un contrôle | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1701427927-caf-landes-condamnee-rsa-allocataires-controle-aides-pauvret

    « Après des contrôles, il arrive que certaines Caf coupent le RSA à titre presque punitif et ne le rétablissent jamais ensuite », dénonce Maître Terrasson. D’après lui, il s’agit de mesures « illégales, vexatoires et humiliantes » :

    « D’éventuelles irrégularités déclaratives ne justifient en rien qu’il soit mis fin à des prestations de survie. Le RSA est un droit, pas une aumône. »

    L’autre problème, selon l’avocat, est le manque de précision comptable de l’institution qui ne justifie jamais les sommes qu’elle réclame. « La Caf est incapable d’avoir la précision qu’elle exige pourtant d’allocataires dans le besoin ! » tonne-t-il. Il n’est pas rare qu’elle récupère plus que ce qu’elle ne devrait, et se fasse ainsi de l’argent sur le dos des plus précaires. Ce qui s’expliquerait justement par le fait que les allocataires ne font que très rarement valoir leurs droits.

    • Le 13 novembre 2023, le tribunal administratif de Pau a jugé que la Caf n’avait pas à suspendre les aides d’un couple d’allocataires vivant sous le seuil de pauvreté.
      Magali et Serge, 48 ans, sans-emploi tous les deux, et leur fils de 22 ans, ont l’habitude de vivre avec presque rien. La famille remplit régulièrement son frigo aux Restos du Cœur. Dans son modeste appartement à Mont-de-Marsan, dans les Landes (40), elle n’a plus d’eau chaude ni de chauffage depuis un an, la faute à une dette de 4.000 euros auprès d’EDF. Tout a encore empiré depuis un contrôle de la caisse d’allocations familiales (Caf), en avril dernier. Depuis cette date, l’organisme leur réclame un trop-perçu de 17.722 euros qui a entraîné la suspension du revenu de solidarité active (RSA) de Serge et la baisse des allocations personnalisées au logement (APL) de Magali. Ils doivent désormais plus de 5.000 euros à leur fournisseur d’électricité, ne sortent même plus pour aller à la plage car il faudrait payer un ticket de bus et se demandent comment nourrir leurs deux chats.

      Alors, le 13 novembre 2023, en apprenant la décision du Tribunal administratif de Pau, ils ont eu l’impression de sortir un tout petit peu la tête de l’eau. Dans le cadre d’une procédure d’urgence, le juge des référés a estimé que la Caf des Landes n’avait pas le droit de mettre fin au RSA de Serge, le couple ayant des ressources inférieures au seuil de pauvreté. « C’était un gros gros soulagement », souffle Magali, la voix tremblante à travers le téléphone. « Les allocataires pensent souvent, à tort, que la Caf est toute puissante, mais cela prouve que les tribunaux peuvent encore être des garde-fous », estime leur avocat Clément Terrasson qui souligne une décision « rare ». En outre, la juridiction reproche à l’organisme de protection sociale d’avoir effectué des retenues sur leurs aides avant même d’avoir étudié les #recours des allocataires, pourtant faits dans les délais.

      Une affaire banale pour des allocataires de la CAF

      « C’est une affaire triste mais on ne peut plus banale », note maître Clément Terrasson. Comme StreetPress l’a raconté dans un précédent article, les #trop-perçus touchent des millions d’allocataires de la Caf ou de #Pôle Emploi souvent en raison d’une erreur de l’organisme, parfois à tort.

      Après avoir enchaîné les petits boulots, Magali a dû arrêter de travailler à cause d’une d’une polyarthrite rhumatoïde, une maladie auto-immune qui atteint les articulations. Depuis dix ans, la quadragénaire touche une pension d’#invalidité d’environ 430 euros par mois. Quant à Serge, auteur de quelques ouvrages sur le rock, il a perdu son emploi alimentaire dans une station-service et n’a plus le chômage depuis 2020. L’écrivain occasionnel touche un RSA de 450. À cela s’ajoutent des #APL de plus de 300 euros. Devant les juges, ils estiment vivre à trois avec 1.300 euros d’aides, dont 600 euros partent dans leur loyer.

      Le 5 avril 2023, une agent de la Caf se présente chez Magali et Serge pour un #contrôle, après leur avoir demandé de préparer des documents comme leurs relevés bancaires et leurs avis de non-imposition. Après avoir feuilleté leur dossier, la salariée de la Caf les informe qu’ils n’ont pas déclaré les aides familiales, conséquentes, qu’ils ont reçues ni les droits d’auteurs de Serge – autour de 250 euros en trois ans. Elle leur annonce qu’ils vont passer en « commission fraude ». « J’étais en larmes et j’ai eu l’impression que ça l’agaçait », se souvient Magali, qui s’est sentie humiliée. Elle assure :

      « Pour les anniversaires ou à Noël, ma famille nous envoie de l’argent pour nous aider… Je ne savais qu’il fallait déclarer ce qu’on touchait d’aide familiale ! » [mieux vaut éviter : en espèces, par mandat, ou par l’entremise d’un prête nom sans dossier Caf, ndc]
      Vingt jours plus tard, le RSA de Serge est interrompu et sur le site de la Caf, le couple découvre qu’il doit un total de 17.723 euros. Le 5 juin 2023, ils font un recours administratif préalable contre ces décisions, qui n’est jamais pris en compte.

      La famille est détruite

      « On n’a jamais eu énormément d’argent. Mais là, ça nous a détruits. C’est un peu comme si, quand on est pauvre, on ne peut jamais s’en sortir… » s’exaspère Magali. La maman en situation de handicap dit être tombée dans un état dépressif sévère avec l’envie de « passer à l’acte ».

      Au-delà des sommes qui représentent une véritable épée de Damoclès pour les allocataires touchés par un tel contrôle, c’est l’accusation de #fraude qui la heurte. Elle se souvient d’une conversation particulièrement blessante avec une #assistante_sociale du département. « Elle m’a dit que je vivais au crochet de la société depuis trop longtemps et qu’on allait me remettre au travail » , raconte Magali :

      « Quand on entend des choses sur les #fraudeurs à la télé, on ne se rend pas compte qu’on peut rentrer dans cette case. On n’a escroqué personne, on ne s’est pas enrichis… On n’a même pas de four à micro-ondes ! On essayait juste de survivre dans un quotidien un peu compliqué. »

      Le tribunal pour obliger la Caf à rendre des comptes

      La mère de famille, qui milite au sein de la #CGT_chômeurs et précaires, en parle à ses copains syndicalistes. C’est grâce à l’un d’eux qu’elle est mise en relation avec l’avocat Clément Terrasson, qui a fait de l’aide aux #allocataires de la Caf l’une de ses spécialités. Avec son conjoint, Magali décide de se battre pour leurs droits devant la justice. « J’ai eu l’impression d’avoir été piégée et qu’ils ne s’attendaient pas à ce qu’on se défende », dit-elle.

      [passage cité au-dessus]

      Le combat judiciaire du couple des Landes n’est pas fini. Si Serge devrait récupérer son #RSA dans quelques jours, la décision en référé est une mesure d’urgence et le jugement final aura lieu dans environ un an et demi. Magali conclut :

      « Je suis contente d’avoir gagné. Maintenant, on sait que c’est possible et qu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi. »

      #indus #droit #Caf #précaires #data_mining #société_punitive

  • Le 2 décembre tou⋅tes CONTRE LE CHÔMAGE ET LA PRÉCARITÉ : NON À FRANCE TRAVAIL ! - Union syndicale Solidaires Seine-Saint-Denis
    https://solidaires93.org/index.php/2023/11/29/contre-le-chomage-et-la-precarite-non-a-france-travail

    Le 2 décembre tou⋅tes CONTRE LE CHÔMAGE ET LA PRÉCARITÉ : NON À FRANCE TRAVAIL !
    29 novembre 2023

    À Paris rassemblement à 14 h le 2 décembre devant Pôle Emploi, [boulevard] Diderot et déambulation jusqu’à l’UNEDIC

    Appel unitaire AC APEIS MNCP CGT chômeurs à se mobiliser contre France Travail, le réforme de l’assurance chômage, le RSA conditionnel le 2 décembre 2023.

    De réforme en réforme, Macron, Borne et Dussopt n’ont eu de cesse de s’attaquer aux chômeurs/chômeuses plutôt que de s’attaquer au chômage. Leur projet de “France Travail” est la suite logique de leur “loi travail”, toujours moins de droits pour les salariés.

    Auparavant, ils s’étaient déjà attaqués à la formation professionnelle, à la médecine du travail, à l’inspection du travail, aux droits des prud’hommes… Le code du travail est donc plus épais mais avec plus d’exclusions, de particularités, d’exceptions, de contrats atypiques.

    L’objectif reste le même, nous forcer à accepter n’importe quel emploi, à n’importe quel salaire et dans n’importe quelles conditions. La réforme du RSA avec ses 15h d’activité obligatoire est un pas de plus vers le travail forcé.

    Ce changement, c’est aussi le retour du fameux « contrat d’engagement » : plus de devoirs et moins de droits. C’est encore et toujours plus d’individualisation du traitement du chômage, cela dédouane la collectivité et son système, et culpabilise celui ou celle qui en est la victime.

    Et pourtant, aucune donnée -et certainement pas celles de Pôle emploi- ne montre que les personnes au chômage ne cherchent pas d’emploi.

    La volonté du gouvernement : faire des économies

    Faire diminuer artificiellement les chiffres du chômage, c’est s’assurer d’avoir un bon bilan à présenter, même bidon. Ainsi, tout est fait pour que certains allocataires se désinscrivent, quand d’autres sont poussés vers l’auto-entreprenariat. Quelqu’en soit les conséquences sur leurs revenus et droits sociaux.

    Aussi, c’est aujourd’hui incontestable : à l’échelle mondiale, la réduction de la main d’œuvre ouvrière est observable dans tous les secteurs. La production tendanciellement croissante se fait davantage avec des machines, une robotique dopée à l’intelligence artificielle.

    CE N’EST PAS D’UN GRAND OUTIL TECHNOCRATIQUE DE FLICAGE DONT NOUS AVONS BESOIN, MAIS D’UN GRAND, ET RÉEL SERVICE PUBLIC DE L’EMPLOI.

    Concernant la réforme du R.S.A. : Son versement sera conditionné à des « recherches d’emploi effectives » et à des efforts « vérifiables ». On ne sait pas trop ce que ça veut dire tant cela reste subjectif, à l’appréciation d’agents qui ont des directives et qui ne sont pas toujours suffisamment formés.

    Concernant la réforme de l’Assurance Chômage : Nous dénonçons le nouvel accord qui prévoit une baisse des cotisations patronales de près de 2M d’€, mettant ainsi en danger l’avenir même de l’Unédic, et imposant une nouvelle baisse généralisée des salaires. La mensualisation passera à 30 jours chaque mois (et non plus 30 ou 31 en fonction des mois) faisant ainsi perdre 5 à 6 jours d’allocations à l’année aux personnes indemnisées. Aucune contrepartie valable n’est proposée en échange.

    Notre système aujourd’hui, c’est punir les victimes. C’est une forme de travail forcé pour avoir droit à des miettes et ne pas complètement crever, après des décennies de casse industrielle, délocalisations, restructurations, licenciements massifs, fermetures d’entreprises…

    La suite ? la casse de toutes formes de service public. La fin de l’accompagnement, le sentiment d’abandon qui en découle, l’absence de solution, le manque de perspectives, le désespoir et la fatalité qui peuvent accompagner le tout. Mais ils s’en foutent des femmes et des hommes que leur système à broyé et sacrifié.

    ET DE L’ARGENT, IL Y EN A :

    Taxons les profits, bénéfices, dividendes, produits financiers, de tous ceux qui profitent des crises sociales, climatiques, énergétiques, sanitaires.
    Cessons de faire des dizaines de milliards de cadeaux aux entreprises, pour qu’elles les transforment immédiatement en profits et en dividendes, sans aucune autre contrepartie.
    Luttons contre les exonérations de cotisations sociales, contre l’optimisation et la fraude fiscale, afin de financer les retraites, le chômage et les services publics qui sont complètement à l’abandon.

    Cette 21ème journée de mobilisation contre le chômage et la précarité ce samedi 2 décembre doit nous permettre d’agir pour une vie décente débarrassée du chômage, de la précarité, des sales boulots et de la misère !

    Organisons nous et imposons nos revendications :

    • Refus de la mise en place de france travail, annulation des dernières réformes de l’assurance chômage et retour au paritarisme
    • L’indemnisation de 100 % des salariés privés d’emploi et précaires par l’assurance chômage, avec un minimum de 41 euros par jours un emploi stable, librement choisi et correctement rémunéré pour toutes et tous
    • L’arrêt des contrôles et des sanctions
    • La gratuité des transports pour les chômeurs et les précaires, puis pour tous
    • La retraite à 60 ans et une réduction du temps de travail
    • La création des emplois nécessaires pour que les services publics fonctionnent pour toutes et tous
    • Le gel des loyers et l’annulation de toutes les dettes locatives
    • Une allocation exceptionnelle dite « prime de noël » étendue à tous les chômeurs

    Si nous laissons faire, à n’en pas douter avec eux, ce sera FRANCE TRAVAIL famine pâtes riz…

    Avec le soutien de : Collectif UNEDIC, SUD Emploi IDF, CGT Pôle Emploi IDF, Stop Précarité, Solidaires, SUD Culture, Ensemble !..

    À Paris rassemblement à 14 h le 2 décembre devant Pole Emploi Bd Diderot et déambulation jusqu’à l’UNEDIC

    • ils ont toujours marginalisé leur organisation de chômeurs (faible, et d’autant plus faible), sauf par force, lorsque celles-ci faisaient l’actualité dans des moments de lutte intense et massive (hiver 97/98). Staline et Stakhanov savent pourtant que, si ce n’est une touche « chômeurs rebelles » quasi tombée dans les oubliettes, la CGT chômeurs s’obstine à sacrifier au fétiche du plein emploi en parlant de "privés d’emplois" depuis des décennies, alors même que plus de 40% de la minorité de chômeurs qui sont indemnisés sont des chômeurs en activité à temps réduit, c’est à dire dune manière plus évidente encore que pour tous les autres concernés, des travailleurs précaires.

      ça n’aide évidement pas à ce que ces manifs rituelles du 1er samedi de décembre ne se bornent pas une commémoration le plus souvent clairsemée de la mobilisation massive de l’hiver 1997/98 dont on n’entretiendra d’ailleurs paradoxalement pas la mémoire, puisqu’il y était question - ô scandale ! - d’exiger pour tous un revenu garanti au SMIC.

      quant au texte, rien à en dire si ce n’est qu’il y a un souci de ponctuation autour du « minimum à 41 euros par jour » pour tous (?)

      #chômeurs #précaires

    • La CGT chômeurs est marginalisée, c’est l’évidence même, car fondamentalement, on porte un regard condescendant sur la personne qui n’est plus ou pas socialement raccordée au travail, mais il n’en reste pas moins que la CGT chômeurs c’est quand même la CGT et que cette absence de visibilité est insupportable et inacceptable.

      Oui, « privé d’emploi », ça fait parti des euphémismes surplombants assez pénibles. Je n’ai jamais rencontré de chômeur ou de chômeuse qui présentait sa situation en reprenant ce terme (à commencer par moi même quand cela m’est arrivé).

      L’obsession des emplois pour les emplois est une plaie redondante du monde syndical, alors qu’on devrait parler de revenus ou de vrais salaires garantis. Elle peut conduire à justifier la création de n’importe quel modèle économique, y compris les plus toxiques pour la « sauvegarde » du travail lui-même et des emplois (deux catégories distinctes qui sont couramment amalgamées, y compris dans le monde syndical ). On a vu, par exemple, comment les blaireaux du PS ont vendu comme une grande victoire pour l’emploi, l’implantation de centres Amazon.

    • c’est une manif testimoniale qui sans aucune perspective présente ou d’avenir commémore, 25 ans plus tard ! et d’année en année des luttes de l’hiver 97/98 dont elle doit ignorer le contenu politique (et chez nombres d’acteurs fossilisés cela va jusqu’à le travestir ou le nier) car elles n’en portent pour leur part aucun.
      c’est le rituel dépeuplé des restes d’AC !, de l’Apeis, de la CGT chômeurs, quasi rien dans chaque cas. cette manif n’a jamais été une manif confédérale, tout au plus une manif « sectorielle ». le chômage n’est pas une question confédérale, le chômage n’est pas l’emploi ! le chômage est supposé être l’envers du travail, notre noblesse !
      comme dans le cas des retraités, on lui concèdera tout au plus un caractèrere interpro, une modalité faible de ce qui caractérise la mythique grève générale, ce « tous ensemble », non pas « ça va pèter », vaste blague, menace sans suite, mais ce tous ensemble où l’on interrompt quelque chose plutôt que rien, pour un instant, un moment, quelque semaines au mieux.
      « privés d’emploi » c’est dire que le chômeur est celui qui est dans le manque, celui, celle, à qui il manque quelque chose pour compter dans le Mouvement ouvrier (dont on sait à quel point il existe si fort comme poids du mort, « mélancolie ouvrière » sans plus aucun génie de la transformation). c’est nier le fait, je le répète, qu’une part importante des chômeurs- chômeuses, sont des « chômeurs en activité à temps réduit », c’est à dire des personnes qui sont aussi dans rapport de sujétion salarial, mais pas suffisamment au yeux du syndicat pour avoir droit au chapitre, et surtout pas autrement que comme mendiants de l’emploi, afin d’enfin redevenir des travailleurs « complets » (c’est-à-dire ô combien amputés de leur vie et, le plus souvent, de tout pouvoir). après 50 ans de préconisation de l’emploi, ce n’est plus un angle mort, c’est une négation du travail réel, aujourd’hui, ici. on lui préférer une image, celle du travail d’autan (Nordine ou artisanal, peu importe), un autre travail abstrait.
      voilà le syndicat, voilà la gauche (et bien des « révolutionnaires » ou anarchistes avec eux)
      quand la CGT chômeurs était battante, elle avait inventé « chômeurs rebelles ». une désignation positive, depuis un excès, un refus, contenant un peu guévariste, souvent très stal, qui ne définissait par le chômeur par le manque.

      #idéologie_du_travail #travail #chômage #luttes

    • Testimoniale, je sais pas ce que ça veut dire mais en tous cas nous n’étions qu’à peine une centaine sur ce qui n’a été qu’un rassemblement (avec prises de paroles). Du coup je suis remonté par la Bastille pour retrouver quelques camarades sur la manif Palestine, nettement plus consistante.

  • Contrôler les assistés - Genèses et usages d’un mot d’ordre. Vincent Dubois, Raisons d’agir, 2021, 456 p.
    François Testard, Revue des politiques sociales et familiales 2022/4 (n°145), pages
    https://www.cairn.info/revue-des-politiques-sociales-et-familiales-2022-4-page-121.htm

    Les travaux de recherche du sociologue et politiste V. Dubois, professeur à l’institut d’études politiques (IEP) de l’université de Strasbourg, s’inscrivent dans une approche critique de l’action publique. Dans Contrôler les assistés. Genèses et usages d’un mot d’ordre, il étudie les transformations contemporaines de l’#État_social, en examinant l’évolution et l’impact des politiques de #surveillances et de #sanctions à l’égard des populations les plus #précaires. Dans la continuité de son ouvrage publié en 1999 sur l’analyse du traitement administratif de la misère au sein des guichets des Caisses d’allocations familiales (#Caf), il décrit la montée en puissance d’un nouvel impératif moral, politique, bureaucratique et gestionnaire, en France comme ailleurs en Europe : celui de contrôler les « #assistés », définis comme les « agents sociaux en tant qu’ils sont insérés dans des structures institutionnelles de protection sociale dont ils sont largement dépendants » (p. 13). Par protection sociale, V. Dubois désigne plus particulièrement certaines aides versées par les Caf : allocations de logement, allocations familiales, revenu de solidarité active (RSA). Engagée très tôt dans une politique de contrôle, la Caisse nationale des Allocations familiales (Cnaf) représente ainsi, selon lui, « l’opérateur central du contrôle des assistés en France » (p. 52).

    2 V. Dubois précise qu’avant cet ouvrage, le contrôle des bénéficiaires des #prestation_ sociales n’avait fait l’objet que de très peu de recherches spécifiques, réalisées aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada principalement . Ces travaux s’inscrivent dans des champs disciplinaires (travail social, criminologie, politiques sociales, etc.) dans lesquels la #sociologie n’est pas toujours au centre de l’analyse et abordent de manière partielle la thématique du contrôle, se concentrant sur les #usagers, leurs expériences, leurs perceptions et leurs réactions, notamment sur leurs modes de résistance. « Les relations au sein des champs politiques et bureaucratiques qui ont présidé à l’élaboration des dispositifs » (p. 41) n’y sont que partiellement traitées. Cette revue de littérature permet à V. Dubois de souligner l’aspect inédit de sa démarche, qui place le contrôle comme objet central d’étude, convoquant différents courants sociologiques , notamment autour de trois dimensions d’analyse : « les évolutions des politiques sociales et des représentations qui leur sont associées, la fabrication des dispositifs et des politiques de contrôle et la manière dont ce contrôle s’exerce en pratique » (p. 41-42).

    Le chercheur met en corrélation l’essor sans précédent des thématiques de « l’#assistanat » et de la #fraude aux prestations sociales, dite « #fraude_sociale », dans le débat public, politique et médiatique depuis les années 1990, et l’évolution des pratiques de contrôle.

    #livre #RSA #APL #AAH

  • Notation des allocataires : l’indécence des pratiques de la CAF désormais indéniable
    https://www.laquadrature.net/2023/11/27/notation-des-allocataires-lindecence-des-pratiques-de-la-caf-desormais

    Après plus d’un an de mobilisation contre les pratiques de notation des allocataires de la CAF au côté des collectifs Stop Contrôles et Changer de Cap, et après avoir détaillé le fonctionnement de l’algorithme de…

    #Surveillance

    • A noter que, dans des versions précédentes de l’algorithme, le fait d’être né hors de l’UE était aussi un critère pour cibler les contrôles (dénoncé par le Défenseur des droits). Dans les versions qu’a pu étudier la Quadrature du net, des variables sont caviardées (cachées) par la #CNAF, donc on ne sait pas tout ce qui est utilisé.

      Si on est un peu cynique, on pourrait se dire que, après tout, si les personnes n’ont pas triché, même ciblées, elles ne risquent rien, et qu’au pire, après avoir été contrôlées, elles auront simplement leurs justes #droits (éventuellement recalculés) et donc que, même ciblés, ces contrôles sont un moindre mal face à l’impératif de #lutte_contre_la_fraude. Or ces contrôles pénalisent fortement aussi les personnes qui n’ont rien à se reprocher, qui ont déclaré de façon exacte et en temps voulu tous leurs changements de situation, etc.

      Car, ce que ne dit pas l’article (il ne peut pas tout dire), qui a été dénoncé par « Changer de cap », et qui doit être ajouté, c’est qu’ une grande partie des contrôles est automatisé sous la forme de courrier envoyé automatiquement par la machine (l’algorithme) aux allocataires dès lors qu’un changement est signalé (lors de la déclaration trimestrielle de ressources typiquement) et/ou que leur score de risque (score de suspicion) dépasse un certain niveau. Ce courrier les prévient qu’ ils doivent répondre à un questionnaire de contrôle (avec d’éventuelles pièces justificatives à envoyer) et que, sans attendre, les droits sont suspendus à cette réponse. Ce qui fait que, dans l’attente de l’envoi du courrier par l’allocataire mais aussi du temps mis par la CAF pour ensuite traiter/instruire ce courrier (souvent des semaines !!!), les personnes se retrouvent sans plus aucune prestation, sans plus aucune ressource parfois. Et, pour celles qui ne répondent pas (n’ont pas vu le courrier, parfois arrivé sur leur boite internet allocataire) ou encore ne parviennent pas à obtenir certaines pièces justificatives, cela se traduit par des #ruptures_de_droits et la réclamation d’#indus.

      Et, après de telles mésaventures/maltraitances institutionnelles qui peuvent se renouveler, beaucoup arrêtent les frais, renoncent à faire valoir leur droit...

      (reçu par mel)

      #étrangers_hors_UE

    • Dans la vie de Juliette, mère isolée, précaire et cible de l’algorithme des CAF (Le Monde)
      https://archive.is/aREy2

      « Le Monde » raconte comment une bénéficiaire du RSA est devenue un dossier « à risque » pour l’organisme, et les conséquences de ce ciblage sur sa vie.

      « J’étais dans la merde financièrement et psychologiquement. Mon père venait de mourir d’un cancer en moins de six mois, j’étais extrêmement fragile. » C’est peu dire que l’année 2023 commençait déjà mal pour Juliette (les prénoms d’allocataires ont été modifiés à leur demande). Divorcée depuis cinq ans, sans pension alimentaire, elle vit seule avec son fils cadet de 14 ans, en garde alternée.

      Sa séparation l’a poussée dans la spirale de la #précarité. Depuis des années, les allocations familiales et les aides au logement lui sont vitales. Juliette n’est jamais restée inactive bien longtemps, mais son CV « atypique », comme elle dit, rebute beaucoup d’employeurs, malgré un bac + 5 en communication. « Les boulots salariés, je les tiens un an et je finis en burn-out », raconte la mère de famille de 50 ans, un peu gênée, assise au milieu de sa petite cuisine en formica remplie de ses trouvailles de brocantes.

      #mère_isolée

      Profilage et discriminations : enquête sur les dérives de l’algorithme des caisses d’allocations familiales
      https://archive.is/JoTma

      Depuis 2010, la CAF note ses treize millions de foyers d’allocataires pour orienter ses contrôles. « Le Monde » a enquêté sur ce système, accusé de discriminer les plus vulnérables.

      Dis-moi qui tu es, l’algorithme dira si tu es #suspect. A la Caisse nationale des allocations familiales (#CNAF), où la recherche des erreurs de déclaration et des #fraudes s’est industrialisée au cours des dernières années, un outil a été érigé en totem : le data mining (exploration de données). La priorisation des dossiers à contrôler repose aujourd’hui quasi exclusivement sur un « score de risque » calculé pour chaque allocataire suivant une batterie de critères personnels.

      Ce système fait la fierté de l’institution, qui en vante les performances. Mais les alertes se multiplient sur les possibles dérives de cet algorithme, baptisé « data mining données entrantes » (DMDE). Plusieurs associations ont accusé la CNAF de discriminer les plus vulnérables au sein des publics à qui elle verse chaque mois le revenu de solidarité active (RSA), les aides au logement ou encore les allocations familiales.

  • En marche vers le travail forcé - Le Numéro Zéro
    https://lenumerozero.info/En-marche-vers-le-travail-force-6542

    FRANCE
    Publié le 25 novembre 2023
    En marche vers le travail forcé

    Le projet de loi Plein Emploi, lequel au moment où on écrit n’a plus devant lui que l’obstacle éventuel d’une censure partielle par le Conseil Constitutionnel avant de pouvoir s’appliquer légalement, ne semble pas susciter de réaction à la hauteur de l’attaque inédite qu’il constitue pour le monde du travail et l’avenir du salariat en France.

    Concrètement, ce projet de loi va ouvrir la possibilité légale pour l’État de forcer des millions de personnes (pas seulement les allocataires du RSA, mais bien l’ensemble des chômeurs, précaires et bénéficiaires des minimas sociaux qui auront progressivement tous obligation de s’inscrire à la nouvelle entité France Travail sous peine de voir leurs allocations suspendues) à travailler en dehors du cadre légal du salariat tel que défini par le Code du travail.

    C’est donc d’abord un projet de guerre aux pauvres, destiné à les rendre encore plus pauvres.
    Travailler plus pour gagner moins, en quelque sorte.

    Rien que cela devrait suffire à ce que nous soyons des millions dans la rue, ou en grève reconductible, ou ….? Enfin, quelque chose, une réaction collective.
    Pour ceux qui croient encore dans le camp du salariat à l’existence d’un intérêt général, collectif, défendre d’abord et en priorité les droits des plus précaires devrait être comme un réflexe, une routine, une pratique non négociable quelles que soient les difficultés conjoncturelles ; une solidarité de bon sens, une des seules armes efficaces contre la logique de concurrence entre tous qu’on nous impose. L’histoire sociale des quarante dernières années en France et la dégradation continue des droits et conditions d’existence des chômeurs et précaires dans une relative indifférence montrent que malheureusement ce n’est plus une conviction largement partagée. Se montre donc aussi en creux, par son absence même, ce qu’il conviendrait de défendre en priorité pour se donner quelque chance d’inverser ce cours néfaste.

    Mais ce projet de loi est en même temps un projet de guerre au salariat.

    Comment appeler autrement ce qui permettra de faire travailler légalement des millions de gens en dehors de son cadre légal ? Ce qui ouvrira un formidable appel d’air pour pousser encore plus fort à sa dégradation (salaires, temps de travail, conditions de travail) ?

    Cela aussi devrait suffire pour que nous soyons des millions etc.

    Bon, être des millions ne suffit pas toujours, en tout cas être des millions dans la rue n’a pas suffi en 2023. Mais on n’a pas essayé depuis longtemps d’être des millions en grève reconductible en même temps pendant une durée indéfinie. On finit même par oublier que cela pourrait être possible. Pourtant la grève générale de Mai 68 n’a duré qu’environ 3 semaines, pendant que le mouvement sur les retraites de 2023 a duré six mois (pour une quinzaine de journées d’action officielles).

    Entre les deux on préférera toujours la version courte et rigolote : tant qu’à se faire bananer à la sortie, autant faire le truc pour de vrai en 2 ou 3 semaines et passer à autre chose après ; financièrement c’est à peu près kif kif, et surtout il en reste bien plus de belles choses à la sortie, des choses qui resserviront les fois d’après.
    Et au fond, quand on est las de l’activisme spectaculaire et stérile, qu’il soit syndical ou émeutier, c’est la seule perspective sérieuse de foutre en l’air le programme néolibéral, sa technologie avilissante, ses ritournelles de l’urgence et de la mobilisation permanentes qui contaminent jusqu’au camp de l’émancipation.

    Camarades salariés plus ou moins encore garantis, camarades syndicalistes, vous comptez vraiment attendre l’inauguration officielle du premier néo-camp de travail en France dans 10, 20 ou 50 ans (peu importe le moment précis, cela finira par arriver) par le Rassemblement National Écologique En Marche Pour Sauver La République Par Le Plein Emploi pour réellement commencer à vous inquiéter d’une disparition du salariat au profit d’une forme ou d’une autre de néo-servage ? L’abolition du salariat, la réalisation si longtemps attendue de la grande prophétie marxiste, la voilà qui se dessine enfin, dans le cadre du programme néolibéral : une sortie par le bas, aux conditions de l’adversaire. Au bout de tant de décennies d’échecs et de reculs, serait-ce trop demander qu’un syndicalisme un peu lucide et conséquent reconnaisse cet échec stratégique majeur, regarde en face son impuissance et en tire des leçons ?

    novembre 2023,
    Un idiot des confins.

  • « En sociologie, la prise en compte du ressenti peut aider à identifier les inégalités les plus critiques », Nicolas Duvoux
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/20/en-sociologie-la-prise-en-compte-du-ressenti-peut-aider-a-identifier-les-ine

    La sociologie ne peut prétendre à la neutralité, puisqu’elle est une science étudiant la société au sein de laquelle elle émerge. Elle est prise dans les divisions et conflits sociaux, elle met au jour des formes de contrainte et de domination auxquelles elle ne peut rester indifférente. De quel côté penchons-nous ?, demandait à ses pairs le sociologue américain Howard Becker, dans un texte majeur (« Whose Side Are We on ? », Social Problems, 1967). Cependant, cette discipline n’a pas vocation à se substituer à la politique et aux choix collectifs qui relèvent du débat public. La contribution qu’elle peut apporter est de formuler un diagnostic aussi précis que possible sur les dynamiques sociales et la différenciation de leurs effets selon les groupes sociaux.

    L’inflation et la hausse des prix alimentaires très forte depuis l’année 2022 affectent beaucoup plus durement les ménages modestes. Ceux-ci consacrent en effet une part plus importante de leurs revenus à ce poste de consommation. Le relever revient à formuler un constat objectif. De même, la hausse des taux d’intérêt immobiliers exclut davantage de l’accès à la propriété les ménages sans apport (plutôt jeunes et de milieux populaires) que les autres. Il y va ainsi des évolutions de courte durée, mais aussi de celles de longue durée : le chômage touche plus fortement les moins qualifiés, les ouvriers et employés, même s’il n’épargne pas les cadres, notamment vieillissants ; la pauvreté touche davantage les jeunes, même si elle n’épargne pas les retraités.
    Formuler un diagnostic suppose d’éviter deux écueils qui se répondent et saturent un débat public fait d’oppositions, voire de polarisation, au détriment d’une compréhension de l’état de la société. La littérature du XIXe siècle – comme les sciences sociales avec lesquelles elle a alors partie liée – a souvent oscillé entre d’un côté une représentation misérabiliste du peuple, en soulignant la proximité des classes laborieuses et des classes dangereuses, et de l’autre une vision populiste qui exalte les vertus des classes populaires. Claude Grignon et Jean-Claude Passeron l’ont montré dans un livre qui a fait date (Le Savant et le Populaire, Gallimard, 1989). De la même manière, le débat public semble aujourd’hui osciller entre un optimisme propre aux populations favorisées économiquement et un catastrophisme des élites culturelles.

    Cruel paradoxe

    Pouvoir envisager l’avenir de manière conquérante vous place du côté des classes aisées ou en ascension. Cette thèse a un enjeu politique évident : le rapport subjectif à l’avenir nous informe sur la position sociale occupée par un individu et non sur sa représentation de la société. Pour ne prendre qu’un exemple, sur la fracture entre les groupes d’âge, on n’est guère surpris qu’en pleine période inflationniste le regain de confiance en son avenir individuel soit le privilège quasi exclusif [d’un %] des seniors. Il faut être déjà âgé pour penser que l’on a un avenir, cruel paradoxe d’une société qui fait porter à sa jeunesse le poids de la pauvreté et de la précarité de l’emploi, au risque de susciter une révolte de masse.
    Peut-être est-ce un signe de l’intensité des tensions sociales, nombre d’essais soulignent le décalage entre la réalité d’une société où les inégalités sont relativement contenues et le pessimisme de la population. Les dépenses de protection sociale sont parmi les plus élevées du monde, sinon les plus élevées. En conséquence de ces dépenses, les Français jouissent d’un niveau d’éducation, d’égalité et d’une sécurité sociale presque sans équivalent. Ces faits sont avérés.

    Mais le diagnostic ne se borne pas à ce rappel : les données objectives qui dressent le portrait d’une France en « paradis » sont, dans un second temps, confrontées à l’enfer du « ressenti », du mal-être, du pessimisme radical exprimé par les Français, souvent dans des sondages. Ainsi, dans « L’état de la France vu par les Français 2023 » de l’institut Ipsos, il apparaît que « 70 % des Français se déclarent pessimistes quant à l’avenir de la France ». Les tenants de la vision « optimiste », qui se fondent sur une critique du ressenti, tendent à disqualifier les revendications de redistribution et d’égalité.

    Or l’écart entre le « ressenti » et la réalité objective des inégalités peut être interprété de manière moins triviale et surtout moins conservatrice. Cet écart peut être travaillé et mis au service d’un diagnostic affiné de la situation sociale, un diagnostic qui conserve l’objectivité de la mesure tout en se rapprochant du ressenti.

    Une autre mesure de la pauvreté

    La notion de « dépenses contraintes » en porte la marque : ce sont les dépenses préengagées, qui plombent les capacités d’arbitrage des ménages, notamment populaires, du fait de la charge du logement. Entre 2001 et 2017, ces dépenses préengagées occupent une part croissante du budget, passant de 27 % à 32 %, selon France Stratégie. « Le poids des dépenses préengagées dans la dépense totale dépend d’abord du niveau de vie. Il est plus lourd dans la dépense totale des ménages pauvres que dans celle des ménages aisés, et l’écart a beaucoup augmenté entre 2001 (6 points d’écart) et 2017 (13 points d’écart). »
    Cette évolution et le renforcement des écarts placent de nombreux ménages – même s’ils ne sont pas statistiquement pauvres – en difficulté. La volonté de rapprocher « mesure objective » et « ressenti » permet de prendre une tout autre mesure de la pauvreté, qui double si l’on prend en compte le niveau de vie « arbitrable » , soit le revenu disponible après prise en compte des dépenses préengagées.

    De ce point de vue, l’équivalent du taux de pauvreté, c’est-à-dire la part des personnes dont le revenu arbitrable par unité de consommation est inférieur à 60 % du niveau de vie arbitrable médian, s’établissait à 23 % en 2011, selon des travaux réalisés par Michèle Lelièvre et Nathan Rémila pour la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques. Ce chiffre atteint même 27 % si l’on prend en compte les dépenses peu compressibles, comme l’alimentation. Comparativement, le taux de pauvreté tel qu’on le définit traditionnellement se fixait en 2011 à 14,3 %. L’augmentation de la fréquentation des structures d’aide alimentaire témoigne des difficultés croissantes d’une part conséquente de la population.

    Le parti du catastrophisme

    L’optimisme empêche de penser les réalités dans toute leur violence et d’identifier les remèdes qui conviennent le mieux à ces maux. Le catastrophisme doit également être évité. Il a tendance à accuser exclusivement les super-riches dans la genèse des maux sociaux, en mettant en avant une explosion des inégalités démentie par les faits, si l’on exclut le patrimoine et la forte augmentation de la pauvreté dans la période post-Covid-19. En prenant le parti du catastrophisme, la sociologie, et avec elle la société, s’exonérerait d’un travail de fond.
    Un certain nombre de points soulignés par ceux qui critiquent le pessimisme restent vrais. La société française a connu une relative mais réelle démocratisation de l’accès à des positions privilégiées. Les postes d’encadrement n’ont cessé d’augmenter en proportion de la structure des emplois, une partie non négligeable de la population – y compris au sein des catégories populaires – a pu avoir accès à la propriété de sa résidence principale, a pu bénéficier ou anticipe une augmentation de son patrimoine. Les discours sur la précarisation ou l’appauvrissement généralisés masquent la pénalité spécifique subie par les groupes (jeunes, non ou peu qualifiés, membres des minorités discriminées, femmes soumises à des temps partiels subis, familles monoparentales) qui sont les plus affectés et qui servent, de fait, de variable d’ajustement au monde économique. Le catastrophisme ignore ou feint d’ignorer les ressources que les classes moyennes tirent du système éducatif public par exemple.

    Le catastrophisme nourrit, comme l’optimisme, une vision du monde social homogène, inapte à saisir les inégalités les plus critiques et les points de tension les plus saillants, ceux-là mêmes sur lesquels il faudrait, en priorité, porter l’action. La prise en compte du ressenti peut aider à les identifier et à guider le débat et les décideurs publics, à condition de ne pas entretenir de confusion sur le statut des informations produites, qui ne se substituent pas aux mesures objectives, mais peuvent aider à les rapprocher du sens vécu par les populations et ainsi à faire de la science un instrument de l’action.

    Nicolas Duvoux est professeur de sociologie à l’université Paris-VIII, auteur de L’Avenir confisqué. Inégalités de temps vécu, classes sociales et patrimoine (PUF, 272 pages, 23 euros).

    voir cette lecture des ressorts du vote populaire RN depuis les années 2000
    https://seenthis.net/messages/1027569

    #sociologie #inflation #alimentation #aide_alimentaire #dépenses_contraintes #revenu_arbitrable #revenu #pauvreté #chômage #jeunesse #femmes #mères_isolées #précarité #taux_de_pauvreté #patrimoine #inégalités #riches #classes_populaires

    • « Les inégalités sont perçues comme une agression, une forme de mépris », François Dubet - Propos recueillis par Gérard Courtois, publié le 12 mars 2019
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/12/francois-dubet-les-inegalites-sont-percues-comme-une-agression-une-forme-de-

      Entretien. Le sociologue François Dubet, professeur émérite à l’université Bordeaux-II et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), vient de publier Le Temps des passions tristes. Inégalités et populisme (Seuil, 112 p., 11,80 €).

      Reprenant l’expression de Spinoza, vous estimez que la société est dominée par les « passions tristes ». Quelles sont-elles et comment se sont-elles imposées ?

      Comme beaucoup, je suis sensible à un air du temps porté sur la dénonciation, la haine, le #ressentiment, le sentiment d’être méprisé et la capacité de mépriser à son tour. Ce ne sont pas là seulement des #émotions personnelles : il s’agit aussi d’un #style_politique qui semble se répandre un peu partout. On peut sans doute expliquer ce climat dangereux de plusieurs manières, mais il me semble que la question des #inégalités y joue un rôle essentiel.

      Voulez-vous parler du creusement des inégalités ?

      Bien sûr. On observe une croissance des inégalités sociales, notamment une envolée des hyper riches qui pose des problèmes de maîtrise économique et fiscale essentiels. Mais je ne pense pas que l’ampleur des inégalités explique tout : je fais plutôt l’hypothèse que l’expérience des inégalités a profondément changé de nature. Pour le dire vite, tant que nous vivions dans une société industrielle relativement intégrée, les inégalités semblaient structurées par les #classes sociales : celles-ci offraient une représentation stable des inégalités, elles forgeaient des identités collectives et elles aspiraient à une réduction des écarts entre les classes [et, gare à la revanche ! à leur suppression]– c’est ce qu’on appelait le progrès social. Ce système organisait aussi les mouvements sociaux et plus encore la vie politique : la #gauche et la #droite représentaient grossièrement les classes sociales.

      Aujourd’hui, avec les mutations du capitalisme, les inégalités se transforment et se multiplient : chacun de nous est traversé par plusieurs inégalités qui ne se recouvrent pas forcément. Nous sommes inégaux « en tant que » – salariés ou précaires, diplômés ou non diplômés, femmes ou hommes, vivant en ville ou ailleurs, seul ou en famille, en fonction de nos origines… Alors que les plus riches et les plus pauvres concentrent et agrègent toutes les inégalités, la plupart des individus articulent des inégalités plus ou moins cohérentes et convergentes. Le thème de l’#exploitation de classe cède d’ailleurs progressivement le pas devant celui des #discriminations, qui ciblent des inégalités spécifiques.

      Pourquoi les inégalités multiples et individualisées sont-elles vécues plus difficilement que les inégalités de classes ?

      Dans les inégalités de classes, l’appartenance collective protégeait les individus d’un sentiment de mépris et leur donnait même une forme de fierté. Mais, surtout, ces inégalités étaient politiquement représentées autour d’un conflit social et de multiples organisations et mouvements sociaux. Dans une certaine mesure, aussi injustes soient-elles, ces inégalités ne menaçaient pas la dignité des individus. Mais quand les inégalités se multiplient et s’individualisent, quand elles cessent d’être politiquement interprétées et représentées, elles mettent en cause les individus eux-mêmes : ils se sentent abandonnés et méprisés de mille manières – par le prince, bien sûr, par les médias, évidemment, mais aussi par le regard des autres.

      Ce n’est donc pas simplement l’ampleur des inégalités sociales qui aurait changé, mais leur nature et leur perception ?
      Les inégalités multiples et individualisées deviennent une expérience intime qui est souvent vécue comme une remise en cause de soi, de sa valeur et de son identité : elles sont perçues comme une agression, une forme de #mépris. Dans une société qui fait de l’#égalité_des_chances et de l’#autonomie_individuelles ses valeurs cardinales, elles peuvent être vécues comme des échecs scolaires, professionnels, familiaux, dont on peut se sentir plus ou moins responsable.

      Dans ce régime des inégalités multiples, nous sommes conduits à nous comparer au plus près de nous, dans la consommation, le système scolaire, l’accès aux services… Ces jeux de comparaison invitent alors à accuser les plus riches, bien sûr, mais aussi les plus pauvres ou les étrangers qui « abuseraient » des aides sociales et ne « mériteraient » pas l’égalité. L’électorat de Donald Trump et de quelques autres ne pense pas autre chose.

      Internet favorise, dites-vous, ces passions tristes. De quelle manière ?

      Parce qu’Internet élargit l’accès à la parole publique, il constitue un progrès démocratique. Mais Internet transforme chacun d’entre nous en un mouvement social, qui est capable de témoigner pour lui-même de ses souffrances et de ses colères. Alors que les syndicats et les mouvements sociaux « refroidissaient » les colères pour les transformer en actions collectives organisées, #Internet abolit ces médiations. Les émotions et les opinions deviennent directement publiques : les colères, les solidarités, les haines et les paranoïas se déploient de la même manière. Les #indignations peuvent donc rester des indignations et ne jamais se transformer en revendications et en programmes politiques.

      La démultiplication des inégalités devrait renforcer les partis favorables à l’égalité sociale, qui sont historiquement les partis de gauche. Or, en France comme ailleurs, ce sont les populismes qui ont le vent en poupe. Comment expliquez-vous ce « transfert » ?

      La force de ce qu’on appelle les populismes consiste à construire des « banques de colères », agrégeant des problèmes et des expériences multiples derrière un appel nostalgique au #peuple unique, aux travailleurs, à la nation et à la souveraineté démocratique. Chacun peut y retrouver ses indignations. Mais il y a loin de cette capacité symbolique à une offre politique, car, une fois débarrassé de « l’oligarchie », le peuple n’est ni composé d’égaux ni dénué de conflits. D’ailleurs, aujourd’hui, les politiques populistes se déploient sur tout l’éventail des politiques économiques.

      Vous avez terminé « Le Temps des passions tristes » au moment où émergeait le mouvement des « gilets jaunes ». En quoi confirme-t-il ou modifie-t-il votre analyse ?

      Si j’ai anticipé la tonalité de ce mouvement, je n’en avais prévu ni la forme ni la durée. Il montre, pour l’essentiel, que les inégalités multiples engendrent une somme de colères individuelles et de sentiments de mépris qui ne trouvent pas d’expression #politique homogène, en dépit de beaucoup de démagogie. Dire que les « gilets jaunes » sont une nouvelle classe sociale ou qu’ils sont le peuple à eux tout seuls ne nous aide guère. Il faudra du temps, en France et ailleurs, pour qu’une offre idéologique et politique réponde à ces demandes de justice dispersées. Il faudra aussi beaucoup de courage et de constance pour comprendre les passions tristes sans se laisser envahir par elles.

      #populisme

  • 🛑 « Se nourrir ou se chauffer » : huit jeunes sur dix ont froid en hiver - Reporterre

    Plusieurs jeunes ont dénoncé devant le ministère de l’Économie, le 17 novembre, l’inaction du gouvernement en matière de précarité énergétique (...)

    #jeunes #précarité #pauvreté

    https://reporterre.net/Etudiants-precaires-Il-faut-choisir-entre-se-nourrir-ou-se-chauffer

  • 🟥 Dans les HLM, des locataires pauvres ne perçoivent pas les allocations logement auxquelles ils ont droit

    Lorsque son organisme HLM l’a contactée au mois d’avril pour l’informer qu’elle pourrait certainement bénéficier d’une allocation logement, Nathalie (son prénom a été changé) dit avoir été « extrêmement surprise ». « Franchement, si mon bailleur, la RIVP [Régie immobilière de la Ville de Paris], n’était pas venu vers moi, jamais je n’aurais pensé que j’y avais droit », ajoute-t-elle (...)

    #HLM #logement #précarité #allocations #APL

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/11/15/dans-les-hlm-des-locataires-pauvres-ne-percoivent-pas-les-allocations-logeme

  • La #pauvreté s’insinue dans la vie des #femmes_âgées

    Le #rapport sur « l’état de la pauvreté 2023 » publié mardi 14 novembre par le #Secours_catholique montre que la pauvreté s’aggrave en France. Elle frappe en premier lieu les #mères_isolées mais aussi les #femmes_seules, et notamment celles de plus de 55 ans. #Témoignages.

    FontenayFontenay-le-Comte (Vendée).– Alors qu’elle déguste une salade de pommes de terre aux œufs et au thon dans la grande salle d’accueil du Secours catholique de Fontenay-le-Comte, en Vendée, Christiane grimace. La septuagénaire a la bouche criblée d’aphtes, favorisés par certains aliments. La faute aux noix et au chocolat qu’elle a reçus dans son colis des Restos du cœur. Mais elle n’a plus le choix, son alimentation est conditionnée par l’aide alimentaire. Elle n’aurait jamais imaginé en arriver à cette extrémité.

    Dix jours avant la fin du mois, Christiane n’a plus rien. Même pas de quoi se payer ses cigarettes, qui la « font tenir ». Assise à côté d’elle, Nathalie, 61 ans, raconte avoir perdu quatre kilos en quelques mois. Les repas sont frugaux et ses soucis financiers lui coupent l’appétit.

    Un karaoké se prépare non loin d’elles, dans la même salle. Une première pour distraire les bénéficiaires et bénévoles de cette antenne du Secours catholique qui arrivent peu à peu.

    Les parcours de Christiane et Nathalie témoignent d’une aggravation de la pauvreté, surtout chez les femmes, alerte le Secours catholique dans son rapport annuel publié mardi 14 novembre. Les mères isolées sont surreprésentées, suivies des femmes seules, démontre l’association.

    L’étude se fonde sur environ 50 000 fiches renseignées par les personnes accueillies en 2022. De fait, la précarité féminine a régulièrement augmenté ces vingt dernières années. Les femmes représentent désormais 57,5 % des personnes rencontrées par l’association, contre 52,6 % en 1999. Les mères isolées représentent 25,7 % des bénéficiaires. 20,9 % sont des femmes seules.

    Les femmes isolées âgées de plus de 55 ans sont elles aussi de plus en plus nombreuses à solliciter une aide, peut-on lire dans le rapport : « Ces femmes rencontrent des situations de précarité singulières, notamment dues à l’isolement qu’elles subissent. Elles n’ont pas les ressources pour faire face aux charges qu’elles doivent supporter, souvent seules. » Ce qui témoigne « d’une précarisation des adultes isolés vieillissants, éloignés du marché du travail ou dont les faibles pensions de retraite sont insuffisantes pour mener une vie décente ».

    Élodie Gaultier, responsable du secteur Sud-Vendée pour le Secours catholique, confirme que les personnes accueillies sont principalement des femmes.

    Dans le département, plus de 14 000 foyers sont soutenus par le Secours catholique. « Les profils que nous croisons ici sont souvent des personnes qui ont plus de 50 ans. Elles peuvent se retrouver seules parce qu’elles sont veuves ou divorcées. D’autres ont toujours été célibataires. »

    Certaines sont si isolées qu’elles ne viennent pas seulement pour obtenir une aide matérielle. « Elles viennent aussi parce qu’elles sont seules et qu’elles ont besoin de discuter. J’avais rencontré une personne dont je n’entendais presque pas le son de la voix parce qu’elle n’avait plus l’habitude de parler à d’autres personnes… » La fracture numérique isole aussi, ajoute Élodie Gaultier. Et la hausse des prix de l’alimentation (6,8 % en 2022) fragilise les foyers modestes.

    Lorsqu’elle était active, Christiane était comptable dans plusieurs entreprises. Elle a élevé seule sa fille, sans aucune aide. Mais elle n’a pas été rémunérée à la hauteur de son travail et le ressent comme une injustice cruelle. « Je me suis fait exploiter parce qu’on ne m’a jamais fait cotiser une retraite de cadre alors que j’avais toutes les responsabilités de l’entreprise sur mon dos. Les heures, je ne les comptais pas non plus. Je ne voyais pas le problème financier à ce moment-là, mais c’est un tort. Maintenant j’en paye les pots cassés. »

    La septuagénaire touche 1 200 euros de retraite, juste en dessous du seuil de pauvreté, fixé à 60 % du revenu médian, soit environ 1 210 euros par mois. Plusieurs dépenses l’accablent, dont l’énergie, en forte hausse (+ 23,1 %).

    Son chauffage électrique consomme beaucoup, malgré les travaux d’isolation réalisés par son propriétaire. Elle a dû s’acquitter de 1 000 euros de régularisation en fin d’année alors qu’elle paye déjà 146 euros par mois. La Caisse d’allocations familiales lui a avancé la somme, qu’elle finit de rembourser.

    Avec un loyer de 500 euros et d’autres dépenses incompressibles, Christiane suffoque. Elle a contracté auprès d’Emmaüs un autre prêt sans intérêt, de 1 500 euros, prélevé à hauteur de 43 euros par mois pour encore un an et demi. La retraitée devait absolument s’acheter une voiture. Être véhiculée est indispensable dans cette zone rurale, même si Christiane l’utilise le moins possible en raison du prix de l’essence.

    Nathalie, la sexagénaire énergique, a été maîtresse de maison dans un foyer pour adultes handicapés, physiques et mentaux. Elle aimait se rendre utile. Il y a trois ans, elle a été placée en invalidité en raison de plusieurs pathologies chroniques.

    Aujourd’hui, elle touche une pension d’invalidité et une rente d’invalidité versée par la mutuelle de son ancien employeur, soit 860 euros. « Il me reste 180 euros pour acheter de quoi manger, de quoi me nourrir, de quoi bouger. Et pour la moindre chose qu’on doit faire, les courses ou les rendez-vous médicaux, il faut la voiture. Ça coûte cher. »

    Sa dernière fille, âgée de 20 ans, a quitté le domicile familial il y a quelques mois. Nathalie l’a déclaré, son aide pour le logement (APL) a été recalculée. Elle a reçu une notification de dette. « Le mot fait peur, je leur dois 200 euros. »

    Nathalie paye plus de 450 euros de loyer pour sa maison à l’écart de tout, dans une commune du Marais poitevin. Elle va devoir déménager en janvier, faute de moyens, dans un appartement moins spacieux, « de 80 m2 à 45 m2 ». Elle est en plein dans le tri. C’est difficile. Il n’y a pas de garage, pas de cave, rien pour stocker. « J’ai beaucoup pleuré, je suis quelqu’un qui essaie d’aller de l’avant pour ne pas sombrer parce que c’est facile de sombrer. »
    « Pas toute seule dans cette situation »

    Si Christiane compte le moindre centime, c’est parce qu’elle s’est trouvée en surendettement, sans chéquier, ni carte bleue mais avec une carte de retrait plafonnée. Elle n’a pas droit au découvert. Il y a quelques années, elle s’est associée avec une personne pour de l’immobilier mais l’entreprise a mal tourné.

    L’ancienne comptable s’est retrouvée à assumer seule des dettes importantes. Elle a dû vendre la maison qu’elle avait fait construire « pour être tranquille à la retraite, pour ne pas avoir de loyer, justement ». Elle s’est « privée de vacances pour payer la maison ». Depuis six ans, elle loue son ancienne maison.

    Un crève-cœur. Comme de devoir se tourner vers le Secours catholique et l’aide alimentaire. « C’est très difficile, parce qu’on se sent descendue très, très bas. Pour l’amour propre, c’est très humiliant. » Elle fréquente l’épicerie solidaire de l’association et les Restos du cœur.

    –—

    Le rapport annuel du Secours catholique en quelques chiffres

    En 2022, le Secours catholique a accueilli 1 027 500 personnes dans 2 400 lieux dédiés, grâce à 3 500 équipes locales et 60 000 bénévoles. Un chiffre en nette augmentation (près d’un tiers) par rapport aux 780 000 bénéficiaires de 2021.

    Leur niveau de vie médian a baissé de 7,6 % en un an. Il s’établit à 538 euros par mois, soit 18 euros par jour, pour subvenir à tous leurs besoins, dont le logement.

    25,7 % des ménages rencontrés au Secours catholique sont des mères isolées. 20,9 % sont des femmes seules.

    Une femme sur dix accueillie au Secours catholique a plus de 55 ans.

    Près de 30 % des femmes vivent dans un logement précaire.

    –—

    Le Secours catholique a permis à Nathalie et Christiane de partir en séjour une semaine à Lourdes, dans les Pyrénées, en septembre. Elles en conservent un souvenir ému. Cela leur a permis retrouver une forme de sociabilité, avec des personnes qui les comprennent. « Je me suis aperçue que je n’étais pas toute seule dans cette situation », confirme Christiane.

    La pauvreté s’insinue partout et empêche tout. Nathalie a réussi à faire baisser à 100 euros sa facture d’électricité mensuelle. Pour cela, elle a réduit le chauffage et mis systématiquement « trois épaisseurs de vêtements et [s]on peignoir ». L’ancienne maîtresse de maison détaille. « Je ne mange plus énormément mais parce que je ne peux plus manger des choses que j’aime comme le poisson. » Elle s’en tient à un menu type. « Du pain, du jambon, des pâtes et des œufs. Du thon et des sardines. Pas de viande, parce que c’est hors de prix. »

    Nathalie aime aussi tricoter, faire du crochet, de la couture. Mais le matériel est onéreux. Idem pour la photo. « Il faut bouger pour avoir de beaux paysages. » Impensable avec le coût du carburant.

    Outre les privations matérielles, la pauvreté grignote aussi les liens sociaux. Christiane a été longtemps trésorière d’une association de sa commune. Elle a démissionné au début de l’année car elle ne pouvait plus suivre le rythme des sorties et des repas. Sans en donner la raison. Sa fille n’est pas au courant du détail des difficultés de sa mère. Christiane se refuse à l’accabler.

    Son moral est au plus bas. « J’avais peur de la mort, mais là je suis prête à partir. Parce que j’ai l’impression que je ne sers plus à rien », soupire-t-elle.

    Nathalie a elle aussi un moral vacillant, mais essaie de dépasser ses coups de déprime. « En fait, c’est le Secours catholique qui m’a sortie de tout ça en début d’année. Ça fait deux ans que je viens mais avant je prenais ce dont j’avais besoin à l’épicerie solidaire, je payais, je partais aussitôt, parce que c’était tellement affligeant pour moi de devoir faire ça. Je voulais être digne, moi, et ça, c’est compliqué d’accepter de venir ici. » Aujourd’hui, elle s’implique comme bénévole à la boutique solidaire.

    L’année prochaine sera pire, elle sera à la retraite. Elle percevra 534 euros. Nathalie n’a pas pu cumuler beaucoup de trimestres. Elle a enchaîné des petits contrats et des périodes de chômage. À chaque grossesse, elle s’est arrêtée trois ans pour s’occuper de son bébé. Elle a ensuite élevé seule ses trois enfants.

    Elle a conscience de cette inégalité de genre, même si elle ne souhaite pas s’étaler sur sa propre histoire. « Les femmes ont voulu devenir indépendantes, c’est une belle chose, mais on ne leur a pas donné assez de moyens pour le devenir. C’est-à-dire que si on veut élever nos enfants seules parce qu’on est avec un homme avec qui c’est compliqué, on ne nous aide pas forcément. »

    À cet égard, le parcours de Nathalie est commun. Le rapport le décrit : « Celles qui travaillent sont moins bien payées, plus souvent à temps partiel subi, et leurs carrières hachées se traduisent par de faibles retraites. » Pour le moment, Nathalie essaie de « ne pas penser » à ce basculement pour ne pas s’effondrer.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/141123/la-pauvrete-s-insinue-dans-la-vie-des-femmes-agees
    #femmes

    • État de la pauvreté en France 2023

      En 2022, au Secours Catholique-Caritas France, 59 700 bénévoles répartis dans près de 2 400 lieux d’accueil ont rencontré 1 027 500 personnes. Ce sont 552 400 adultes et 475 100 enfants qui ont ainsi été accompagnés. Le recueil d’information annuel, réalisé via les fiches statistiques extraites d’un échantillon représentatif des dossiers d’accueil, concerne 49 250 ménages en 2022. Il permet l’étude des situations de pauvreté des personnes rencontrées cette même année. Ce rapport comprend deux grandes parties fondées sur les statistiques collectées par l’association : un dossier thématique qui porte cette année sur les conditions de vie des femmes rencontrées par l’association et le profil général qui compte 16 fiches décrivant les caractéristiques sociodémographiques, les situations face à l’emploi ainsi que les ressources et conditions de vie des ménages rencontrés.

      https://www.secours-catholique.org/m-informer/publications/etat-de-la-pauvrete-en-france-2023
      #statistiques #chiffres

    • Pourquoi les femmes sont-elles plus exposées à la pauvreté ?

      Dans son rapport annuel sur l’« État de la pauvreté », paru ce mardi 14 novembre, le Secours catholique alerte sur la #précarité croissante des femmes, indissociable des charges qui pèsent sur elles de manière structurelle.

      Le constat est sans appel : la pauvreté s’incarne de plus en plus au féminin. Alors qu’elles constituaient déjà la moitié des bénéficiaires du Secours catholique à la fin des années 1980, les femmes sont aujourd’hui largement surreprésentées avec près de 60 % des demandes, selon le rapport annuel de l’association basé sur les statistiques issues des 1 027 500 personnes qui l’ont sollicitée en 2022.

      Ce chiffre s’inscrit dans un contexte d’aggravation de la pauvreté, puisque le niveau de vie médian constaté a baissé de 7,6 % en un an. Il s’établissait à 538 euros par mois en 2022 (contre 579 euros en 2021), soit 18 euros par jour pour subvenir à tous les besoins, dont le logement. Pire, trois quarts des bénéficiaires survivent très en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 40 % de cette somme – par comparaison, ils étaient 65 % en 2017.

      Cette tendance s’explique notamment par la forte #inflation des #prix de l’#alimentation (+ 6,8 % en 2022) et de l’#énergie (+ 23,1 %). Selon les auteurs du rapport, « tout porte à croire que cette dégradation se poursuit en 2023, comme en atteste la forte hausse du nombre de personnes faisant appel à l’#aide_alimentaire des associations ».

      https://www.humanite.fr/societe/femmes/pourquoi-les-femmes-sont-elles-plus-exposees-a-la-pauvrete

  • Face à l’intensification du travail, les jeunes plongent dans un malaise profond : « Je m’enfonçais dans le travail, je n’avais plus de distance »


    PAUL BOUTEILLER

    Tâches absurdes, rythme intense, précarité de l’emploi, absence de seniors pour les guider… les transformations du monde professionnel génèrent de la souffrance chez les jeunes salariés. Le nombre d’arrêts-maladie explose chez les moins de 30 ans.

    Lorsque Robin (certains prénoms ont été modifiés) se rend chez son médecin, courant 2022, il ne pense pas en ressortir avec un #arrêt_de_travail. A seulement 27 ans, cette option ne semble même pas pouvoir traverser l’esprit de ce chef de projet dans une agence de création de sites Web. « J’avais poussé la porte de son cabinet pour avoir des somnifères, dans l’espoir de retrouver le sommeil et de continuer à fonctionner au boulot. » Mais le fait est qu’il ne peut plus continuer, l’alerte alors le professionnel de #santé. Robin a été essoré par le surcroît de travail dans la start-up où il est salarié, qui connaît alors une croissance fulgurante, au point d’avoir vu ses effectifs tripler en quelques mois et son portefeuille clients s’étoffer plus encore.

    Face à la pression mise sur son équipe, très jeune comme lui et peu accompagnée par des seniors, il a développé des symptômes d’anxiété professionnelle de plus en plus invalidants. Sans « les outils adéquats » et surtout « sans le temps nécessaire » pour répondre aux demandes grandissantes de #clients au profil nouveau, il passe ses nuits à se repasser les difficultés éprouvées dans la journée, et se rend le matin au travail la boule au ventre. Avant son arrêt, il se surprend à fondre en larmes à plusieurs reprises après des rendez-vous clients. « Dans le bureau du médecin, j’ai mesuré que la situation avait vraiment dérapé », souffle Robin, qui a dû être arrêté durant un mois.

    Etre contraints de se mettre sur pause dès le début de leur vie professionnelle : de nombreux jeunes diplômés y sont désormais confrontés. La santé au travail se dégrade ces dernières années, et en particulier pour les plus jeunes. Alors que le nombre d’arrêts-maladie atteignait un niveau record en 2022, comme le constataient deux études parues cet été, la progression la plus frappante concerne en effet les moins de 30 ans. Selon l’une d’elles, publiée par le cabinet de conseil WTW en août à propos du secteur privé, le taux d’absentéisme – un indicateur RH qui prend (notamment) en compte les #arrêts-maladie, les #accidents_de_travail, les #absences_injustifiées – dans cette tranche d’âge a augmenté de 32 % en quatre ans, avec un bond important chez les cadres.

    Si aucune de ces études ne détaille les motifs de ces absences, la Sécurité sociale note que les premières causes des arrêts longs prescrits en 2022 relevaient de troubles psychologiques, comme l’anxiété, la dépression ou l’épuisement. Et, en la matière, d’autres enquêtes concordent : les jeunes sont bien touchés de plein fouet par une dégradation. Chez les 18-34 ans, les arrêts liés à la souffrance au travail ont ainsi bondi de 9 %, en 2016, à 19 %, en 2022, selon un baromètre du groupe mutualiste Malakoff Humanis. La consommation de somnifères, d’anxiolytiques ou d’antidépresseurs par les salariés de moins de 30 ans a également doublé entre 2019 et 2022, précise cette étude.

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/10/30/face-a-l-intensification-du-travail-les-jeunes-plongent-dans-un-malaise-prof
    https://archive.ph/yNJPw

    #précaires #présentéisme #management #intensification_du_travail #sous-effectifs #télétravail #concurrence #isolement #travail #précarité_de_l’emploi #emploi #santé_au_travail #violence_économique

  • 🟥 Paris 2024 : une soixantaine d’associations alertent sur le risque de « nettoyage social » des rues de Paris d’ici les JO

    Elles lancent une campagne de sensibilisation et ont écrit une lettre ouverte pour interpeller le « comité d’organisation, son président Tony Estanguet, les athlètes et les Fédérations, sponsors et partenaires des Jeux » (...)

    #JO #fric #Paris #nettoyagesocial #sansabris #précarité #pauvreté...

    https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/les-francais/plus-de-60-associations-alertent-sur-le-risque-de-nettoyage-social-des-

    https://www.liberation.fr/sports/deplacement-force-de-sans-abris-avant-les-jo-de-paris-les-associations-cr

  • L’enfer des trop-perçus : « La Caf me réclame 16.274 euros » | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1697711051-enfer-trop-percus-caf-remboursement-dettes-pole-emploi

    Un phénomène massif

    Sarah fait partie des millions de Français confrontés à ces trop-perçus de la Caf ou de Pôle emploi, également appelés « indus », qui font vivre l’enfer à des allocataires déjà précaires. Les organismes de protection sociale récupèrent alors ces sommes en prélevant tout ou une partie des prestations à venir ou en exigeant le remboursement.

    En 2018, deux millions d’allocataires de la Caf ont dû rembourser un trop-perçu, soit un bénéficiaire sur cinq, d’après les données de la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF), qui précise que les cas de fraudes sont minoritaires. Quant aux allocations versées en trop aux inscrits au chômage, elles auraient atteint un milliard d’euros en 2017, selon Pôle emploi.

    StreetPress s’est entretenu avec cinq bénéficiaires de minimas sociaux qui ont vécu ou vivent une telle situation, avec des montants allant de 400 à 21.500 euros, en raison d’une erreur de leur part ou de l’organisme. Tous l’ont découvert fortuitement, en se connectant sur leur espace en ligne.

    Contactée par StreetPress, la Caf assure que le versement des prestations au juste droit est « un enjeu quotidien » pour ses 35.000 salariés et que plusieurs projets sont en cours pour « simplifier les relations avec les allocataires ». Pôle emploi n’a pas répondu à nos questions.

    #CAF #précarité #racket #guerre_aux_pauvres

  • L’enfer des trop-perçus : « La Caf me réclame 16.274 euros » | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1697711051-enfer-trop-percus-caf-remboursement-dettes-pole-emploi

    Chaque année, des millions d’#allocataires doivent des sommes faramineuses à la #Caf ou à _Pôle_emploi, souvent en raison d’une erreur de l’organisme. Parfois à tort. Sarah, Pierre ou Adrien racontent « l’épée de Damoclès au-dessus de la tête ».

    Une après-midi de septembre 2021, Sarah ouvre le site de la Caisse d’allocations familiales (Caf) du Tarn (81) pour mettre à jour sa situation, comme d’habitude. Sur l’écran de son ordinateur : coup de massue. Une ligne rouge indique qu’elle doit 16.274 euros. « Au début, comme je vois mal, j’ai cru que c’était 1.600 euros… C’est des erreurs qui ont déjà pu arriver », se souvient la Toulousaine de 35 ans. L’éducatrice en CDI travaille dans une structure avec des personnes handicapées. Elle est elle-même née avec le syndrome de Usher, une maladie rare qui associe perte d’audition et troubles de la vue. Elle touche 900 euros d’allocation aux adultes handicapés (AAH) par mois. Quand Sarah se rend à l’agence de la Caf de sa ville pour comprendre ce qu’il lui arrive, un conseiller lui confirme qu’elle doit rembourser cette somme. Entre décembre 2019 et avril 2021, elle a fait un service civique de six mois en Israël puis un volontariat d’un an en République Tchèque. Selon l’administration, elle n’aurait pas dû toucher son #AAH pendant ce temps à l’étranger :

    « J’étais à deux doigts de me tirer une balle. Je ne vois pas comment je peux faire. Même en travaillant 40 heures par semaine, ce n’est pas possible ! »

    Un phénomène massif

    Sarah fait partie des millions de Français confrontés à ces #trop-perçus de la Caf ou de Pôle emploi, également appelés « #indus », qui font vivre l’enfer à des allocataires déjà #précaires. Les organismes de protection sociale récupèrent alors ces sommes en prélevant tout ou une partie des prestations à venir ou en exigeant le remboursement.

    En 2018, deux millions d’allocataires de la Caf ont dû rembourser un trop-perçu, soit un bénéficiaire sur cinq , d’après les données de la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF), qui précise que les cas de fraudes sont minoritaires. Quant aux allocations versées en trop aux inscrits au chômage, elles auraient atteint un milliard d’euros en 2017, selon Pôle emploi.

    StreetPress s’est entretenu avec cinq bénéficiaires de minimas sociaux qui ont vécu ou vivent une telle situation, avec des montants allant de 400 à 21.500 euros, en raison d’une erreur de leur part ou de l’organisme. Tous l’ont découvert fortuitement, en se connectant sur leur espace en ligne.

    [plusieurs cas]

    En dernier recours, Sarah et Pierre pourront se tourner vers la Cour européenne des droits de l’Homme. Dans un jugement de 2018, la juridiction internationale a rappelé que l’organisme qui ne porte pas à la connaissance de l’allocataire les réglementations sur lesquelles se fonde une décision de remboursement de sommes indues est en tort.

  • Olivier Dussopt au comité de liaison de Pôle emploi (reçu par mel)
    https://vimeo.com/872343624

    Le 4 octobre, nous sommes entrés en groupe au comité de liaison de Pôle Emploi, pour protester contre la loi dite du "plein emploi"

    Nous nous réunissons tous les 15 jours en AG de précaires et chômeureuses contre cette loi. En PJ, notre tract.

    donnez nous des nouvelles de vos luttes !!

    AG de Grenoble

    L’assemblée générale des chômeur-euses et précaires se réunit et s’organise depuis plusieurs semaines contre la loi « pour le #plein_emploi ». Mercredi 4 octobre, à Meylan, un groupe émanant de l’assemblée a envahi le comité de liaison de #Pôle_emploi, une instance où ce dernier rencontre les représentant-es de ses usager-ères pour leur tenir des discours lénifiants.

    Et ça tombe bien, parce que ça a été l’occasion d’une irruption plus que nécessaire de la réalité vécue par les personnes aux minimas sociaux, venues protester fermement contre cette nouvelle loi qui, une fois de plus, considère les #précaires comme des problèmes pour la société, et non comme des personnes qui subissent l’injustice sociale. La loi (pas encore passée) prévoit que tout-e nouveau-elle allocataire du #RSA sera désormais automatiquement inscrit-e à Pôle emploi, ce qui donnera à celui-ci un pouvoir de #contrôle direct sur elles et eux ; sans compter que les #Conseils_départementaux pourront aussi déléguer la gestion des allocataires du RSA à Pôle emploi, qui est donc concerné au premier chef par cette loi anti-sociale.

    À Grenoble comme ailleurs, les précaires ne resteront pas passif-ves face aux attaques du gouvernement contre leurs #droits et leurs conditions de vie.

    https://seenthis.net/messages/1021293#message1021295

    #Droit_au_chômage #luttes

  • Changer de boussole. La croissance ne vaincra pas la pauvreté

    « En tant que moyen de lutter contre la pauvreté et les #inégalités, la #croissance_économique a franchi le pic de son utilité : dans les pays riches, elle est devenue contre-productive.

    Elle nous a conduit à franchir une série de limites planétaires : la Terre ne peut plus continuer à fournir des ressources à ce rythme, ni à absorber les déchets et la pollution causés par notre culture du jetable et notre désir infini de consommer. Mais la quête de croissance a aussi conduit à augmenter les inégalités et l’#exclusion_sociale. Au nom de cette quête, on a flexibilisé le #marché_du_travail, et on a encouragé l’émergence d’un #précariat_mondial. On a abaissé les obstacles aux échanges commerciaux et à l’investissement, ce qui a fragilisé les travailleurs et travailleuses les moins qualifiés et affaibli le pouvoir de négociation des #syndicats. On a encouragé la marchandisation de pans entiers de l’existence, au risque d’augmenter encore la mise à l’écart de celles et ceux qui ont le moins.

    Depuis quarante ans, la quête de croissance a ainsi créé de l’exclusion, et elle a conduit à une augmentation massive des inégalités. Il nous faut autre chose : il nous faut imaginer la #prospérité sans croissance. C’est à cette condition qu’on pourra réconcilier la population, y compris les plus précarisés, avec la #transformation_écologique : faire en sorte que celle-ci soit vue comme une opportunité plutôt que comme un fardeau. »

    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Changer_de_boussole-9791020924889-1-1-0-1.html
    #livre #pauvreté #croissance #travail

  • Chômage : près d’un chômeur sur deux touche moins que l’allocation journalière minimale - Capital.fr
    https://www.capital.fr/votre-carriere/chomage-pres-dun-chomeur-sur-deux-touche-moins-que-lallocation-minimale-jour

    En 2022, 48 % des bénéficiaires des #allocations_chômage ont perçu un montant inférieur à l’allocation journalière minimale fixée à 31,59 euros, selon les chiffres de l’Unédic.

    Alors que syndicats et patronat se retrouvent ce mercredi 4 octobre au siège du Medef, à Paris, pour une nouvelle séance de négociation sur la prochaine convention d’#assurance-chômage, un chiffre, dévoilé par l’Unédic, interroge et pose la question de l’instauration d’une #allocation_plancher.

    Si dans les textes, une allocation journalière minimale est fixée à 31,59 euros, dans les faits, en revanche, depuis le durcissement du calcul de l’indemnisation en 2021, la part des chômeurs percevant un montant inférieur a fortement augmenté, relève le journal Les Échos, mercredi 4 octobre. En 2022, ces derniers représentaient 48 %, contre 27 % en 2019. 11 % percevraient même moins que l’allocation de solidarité spécifique (ASS) – qui s’élève à 18,18 euros et est versée en fin de droits sous condition –, alors qu’ils étaient 6 % en 2019.

    Dépassement de l’ancien salaire

    « L’allocation journalière minimale est un paramètre d’indemnisation fixe […] mais elle ne constitue pas un plancher d’indemnisation », précise l’Unédic dans sa fiche. Ce constat s’expliquerait par la nouvelle formule de calcul du salaire journalier de référence (#SJR). Le montant de l’allocation journalière ne peut en effet pas dépasser 75 % du SJR _[dont on oublie de dire ici qu’il est désormais calculé avec l’ensemble des jours employables comme diviseur, et non plus les jours effectivement employés, ndc]_, ce qui dans bien des cas aboutit à moins de 31,59 euros. Pour répondre à ce problème – qui concerne majoritairement des femmes de moins de 40 ans en CDD à temps partiel –, deux pistes sont proposées aux partenaires sociaux.

    La première est la mise en place d’une véritable allocation plancher, avec la garantie qu’aucun chômeur indemnisé ne perçoive moins. Entre 170.000 et 1 million de chômeurs pourraient en bénéficier chaque année, pour 200 millions à 3,6 milliards de dépenses supplémentaires. Cependant, cette mesure pourrait enfreindre le Code du travail selon lequel le versement d’une allocation ne peut être déconnecté du revenu antérieur ni ne peut lui être supérieur.

    La seconde piste serait de revoir le paramètre des 75 % à la hausse. Selon les calculs de l’Unédic, avec un plafond revu à la hausse (80 % et 90 %), 630.000 allocataires toucheraient plus de 31,59 euros par jour, pour une facture supplémentaire de 270 à 700 millions d’euros. Mais là encore, la question du dépassement de l’ancien #salaire pose problème.

    edit pas un mot sur le fait que le chômage non indemnisé soit très largement majoritaire
    #chômeuses #précaires #chômeurs #droit_au_chômage