• Covid-19 : « Le pari du “trou de souris” d’Emmanuel Macron »
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    Le choix du président de la République, un durcissement des contrôles plutôt qu’un nouveau confinement, est d’abord un acte politique, l’affirmation de la prépotence présidentielle.

    Chronique. Même pas peur ! Pour la deuxième fois de son mandat, Emmanuel Macron a parié dans un contexte qui ne prête pourtant guère à la détente ni au jeu. En chargeant son premier ministre d’annoncer, vendredi 29 janvier, le durcissement des contrôles plutôt que le retour attendu au confinement, le chef de l’Etat savait qu’il allait surprendre et sans doute choquer : quelques jours plus tôt, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, avait préparé les esprits à un reconfinement « très serré », compte tenu de l’évolution de la situation sanitaire.

    La consultation, jeudi, des chefs des groupes parlementaires et, vendredi, des partenaires sociaux, la promesse d’un vote indicatif au Parlement participaient de la dramaturgie ambiante sur fond d’injonctions à agir du corps médical. Au bout du compte, tout le monde a été pris à revers par l’intervention du premier ministre, qui était totalement contre-intuitive. Certes, la situation est sérieuse, mais il existe encore « une chance » d’échapper au pire, a expliqué en substance Jean Castex, pourtant connu pour sa très grande prudence.

    L’opinion publique n’a pas été la seule à être prise à revers. Une partie des ministres qui, derrière Olivier Véran, chargé de la santé, jugeaient le reconfinement inéluctable l’a été tout autant. Et que dire des savants et des « sachants » qui se répandaient sur les ondes et devant les caméras de télévision ces dernières semaines pour clamer que le pays n’aurait pas d’autre solution que de se mettre à l’arrêt : la vitesse de propagation du variant anglais était telle que l’épidémie risquait de devenir rapidement hors de contrôle, au risque de saturer les services d’urgences.

    Le choix d’Emmanuel Macron est d’abord un acte politique, l’affirmation de la prépotence présidentielle, d’autant plus manifeste que c’est son premier ministre qui a dû avaler le morceau. Le message est clair : si l’exécutif est bicéphale, une seule tête commande, celle qui a été ointe par le suffrage universel, celle qui est responsable devant les Français.

    Sur le fil du rasoir
    Il faut remonter à la crise des « gilets jaunes » pour retrouver un pareil quitte ou double. Confronté à la colère du pays, le président de la République avait, le 15 janvier 2019, joué son va-tout sur le grand débat pour tenter d’apaiser la tension. Beaucoup, dans son entourage, avaient tenté de le dissuader de s’exposer directement, car si le dialogue échouait, si le face-à-face se terminait en émeute, si la figure présidentielle vacillait, c’est tout l’Etat qui risquait de s’effondrer. Emmanuel Macron était passé outre. A l’instinct, il avait trouvé « le trou de souris » par lequel s’extraire d’une crise qui menaçait de bloquer son quinquennat et de l’envoyer aux oubliettes de l’histoire.

    #paywall

    • Le pari du « trou de souris » révèle une personnalité prête au risque, ce qui n’est plus si fréquent dans un monde politique qui, confronté à la responsabilité pénale, s’autoprotège. L’ancien associé-gérant de Rothschild, fustigé comme tel au début de son quinquennat, n’a rien perdu de son agilité : si une occasion est à prendre, il faut la saisir. Son attitude tranche avec le principe de précaution qui imprègne désormais une bonne partie du corps administratif. A condition de ne pas devenir hasardeuse, la posture peut rencontrer un écho, notamment à droite, où la suradministration du pays est régulièrement critiquée et où l’atteinte aux libertés publiques est en train de devenir un thème de contestation.

      Le pari du « trou de souris » a tendance à se répéter, car il est devenu le mode de gouvernance d’un quinquennat sur le fil du rasoir, marqué par une succession inédite de crises. A un moment donné, l’impasse est telle que le président de la République n’a pas d’autre solution que de renverser la table pour tenter de retrouver un peu d’air.

      Préparer le rebond

      Dans le cas de la #crise_sanitaire qui dure depuis près d’un an, détruit l’activité, use les nerfs, sape le moral, l’objectif est de rester mobile le plus longtemps possible pour ne pas risquer l’enlisement définitif. A l’Elysée comme à Bercy, le reconfinement dur fait figure d’épouvantail, car il signifie la mise à l’arrêt d’un pays moralement épuisé et de moins en moins solidaire. Après les nombreuses contestations qui ont marqué le mandat, le risque de désobéissance civile n’est pas pris à la légère, au regard des émeutes qui viennent de secouer les Pays-Bas.

      On ne joue cependant pas impunément avec la santé des Français [ah bon, ndc] , c’est la limite de l’exercice. A tout moment, le gouvernement se tient prêt à opter dans l’urgence pour un reconfinement dur, si par malheur les indicateurs devaient s’emballer au point de saturer les hôpitaux. On imagine, alors, le concert des Cassandre sur l’air de « je vous l’avais bien dit ». On entend déjà la pluie de critiques de ceux qui, à droite comme à gauche, sans se mouiller sur le fond, ne cessent de dénoncer la verticalité du pouvoir et le manque de dialogue avec les élus locaux, grande antienne du quinquennat. « On n’y comprend rien ! », clament aujourd’hui les élus en attendant de voir de quel côté la pièce retombe.

      La proximité de l’élection présidentielle, prévue dans moins de quinze mois, n’incite guère à l’indulgence. Les oppositions guettent la faute politique, « le coup raté » du président de la République, l’hubris qui l’aurait poussé à croire que la France pouvait s’exonérer du traitement de choc que s’infligent ses voisins. C’est le propre d’un pari : on peut gagner ou perdre. Le tout est de préparer le rebond, quoi qu’il en coûte.
      Vendredi, le chef de l’Etat ne s’est pas médiatiquement exposé. Il a laissé le premier ministre monter au filet, façon de préserver une petite chance de rebond au cas où le scénario deviendrait franchement noir. Il faudra, alors, inventer une autre histoire.

      #story

    • Covid-19 : l’exécutif fait le pari des vacances scolaires pour ralentir l’épidémie
      https://www.bfmtv.com/politique/covid-19-le-gouvernement-fait-le-pari-des-vacances-scolaires-pour-ralentir-l-

      E.M. semble effectivement avoir pris en compte l’effet cumulatif des couvre-feux et des confinements qui s’enchaînent depuis le mois de mars dernier. Une manière de se protéger contre l’expression d’un ras-le-bol généralisé ? Aux Pays-Bas, au Danemark, en Espagne, ou encore au Liban, les émeutes contre les restrictions sanitaires se sont multipliées ces derniers jours tandis qu’en France, les réseaux sociaux ont vu éclore le hashtag #JeNeMeReconfineraiPas.

      #école #aveu