Les règles ont effectivement été établies : les victimes ne pourront pas, contrairement à ce qu’elles souhaitaient, intervenir en séance plénière, devant tous les évêques. Elles seront réparties dans le cadre de groupes de travail, par thèmes : « la blessure spirituelle »/ « la prévention »/ « la réparation »...
Les victimes pourront bien sûr compter sur la bienveillance de tous les évêques. Y compris, personne n’en doute, celle du Cardinal Barbarin. Y compris celle des douze évêques d’Auvergne-Rhône-Alpes qui, ce 1er novembre, deux jours avant l’ouverture de la Conférence, ont courageusement démis de sa fonction de juge ecclésiastique Pierre Vignon, le prêtre auteur d’une pétition (100.000 signatures) demandant justement la démission de... Barbarin.
Les victimes pourront aussi sûrement échanger fructueusement avec quelques-uns des évêques et archevêques accusés dans le livre « Eglise, la mécanique du silence » d’avoir couvert des prêtres. Ils sont une dizaine*. Ou encore avec Monseigneur Ravel, l’archevêque de Strasbourg, chantre actuel de la transparence de l’Eglise mais qui, quand il était évêque aux armées de 2009 à 2016, comme l’a révélé « l’Obs », a maintenu en poste le père Griffond, pourtant condamné.
Sans doute les victimes pourront-elles compter aussi sur l’enthousiasme de Monseigneur Di Falco, évêque de Gap, plusieurs fois accusé, jamais condamné. On ne sait pas si Monseigneur Gaschignard qui a démissionné de son diocèse de Dax, en 2017, après avoir été accusé de « gestes inappropriés » (affaire classée sans suite), et qui est aujourd’hui chef du service communication du diocèse de Grenoble, sera là. Et Monseigneur Bataille ? En juin dernier, il a eu cette belle idée de loger le père Peyrard, agresseur convoqué à Saint-Etienne par la justice pour une audition, dans la maison diocésaine même où habitait l’une de ses anciennes victimes, lui-même prêtre.