• Williams Lake : 93 tombes non marquées potentielles près de l’ancien pensionnat François Macone - Philippe Moulier
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1857015/williams-lake-premiere-nation-commence-recherche-pensionnat-enfant

    La Première Nation de Williams Lake, en Colombie-Britannique, a annoncé que les résultats d’une première phase d’enquête et de recherches ont permis d’identifier 93 tombes non marquées potentielles près du site de l’ancien pensionnat pour Autochtones de la région.


    Le pensionnat pour Autochtones St Joseph’s Mission a été fondé en 1886 par des missionnaires catholiques. Il a fermé ses portes en 1981 avant d’être démoli il y a 26 ans. Photo : Ressources des pensionnats autochtones et de la réconciliation

    Les responsables de la Première Nation ont rendu publics les résultats préliminaires lors d’une conférence de presse mardi.

    Les premières recherches se sont concentrées sur un périmètre de 14 hectares. En tout, elles doivent examiner 470 hectares du pensionnat St. Joseph’s Mission, qui comprennent différents bâtiments et structures.

    Un cimetière
    Le site sur lequel se trouvent les 93 tombes non marquées potentielles héberge un cimetière. Cependant, selon Whitney Spearing, qui dirige l’équipe d’enquête, les résultats préliminaires indiquent que 50 de ces restes humains potentiels ne sont pas associés au cimetière.

    Le pensionnat St. Joseph’s Mission, ouvert de 1891 à 1981, est à quelques kilomètres de Williams Lake. Il a été démoli depuis, mais a laissé un héritage douloureux pour les survivants et leurs familles.

    “Nous avons entendu des histoires de torture, de viol et d’agression sexuelle systémiques”, a déclaré Willie Sellars, le chef de la Première Nation de Williams Lake, en faisant référence aux nombreux témoignages de personnes ayant été envoyées au pensionnat lorsqu’elles étaient jeunes.

    « Ce voyage a conduit notre équipe d’enquête dans les recoins les plus sombres du comportement humain. »
    Une citation de Willie Sellars, chef de la Première Nation de Williams Lake


    Des chaussures d’enfants sont placées sur les marches du Musée des beaux-arts de Vancouver en souvenir des enfants autochtones victimes des pensionnats.
    Photo : Radio-Canada / Ben Nelms / CBC

    L’horreur des pensionnats
    Selon Willie Sellars, l’équipe a entendu des récits de disparitions, de meurtres, de torture, de sévices, de viols et de famine. Des enfants ont été attachés à des planches et fouettés, battus pour avoir parlé leur langue. Des nouveau-nés ont été jetés dans l’incinérateur de l’école.

    Willie Sellars a déploré que ces histoires aient été “intentionnellement occultées” par la destruction des dossiers et les dissimulations des gouvernements, des autorités religieuses et de la police.

    Le chef autochtone a aussi relaté l’histoire de deux enfants âgés de 8 ans, qui ont essayé de fuir le pensionnat, et dont l’un est mort de froid. Il a aussi évoqué une correspondance de 1920, qui indique que neuf enfants ont tenté de mettre fin à leurs jours en ingurgitant du poison, dont un est mort.

    « Il ne peut y avoir de réconciliation avant qu’il n’y ait la vérité. »
    Une citation de Willie Sellars, chef de la Première Nation de Williams Lake

    Il a souligné le courage des aînés qui ont tenté par le passé de dénoncer ces actes, auxquels “personne n’a cru ou dont personne n’a voulu entendre parler. Nous devons nous assurer que le Canada est au courant de ces atrocités ”, a-t-il ajouté.

    Un travail « long et minutieux »
    Pendant 90 ans, le pensionnat a été dirigé par différents ordres religieux, mais toujours sous l’autorité de l’Église catholique. Depuis, l’archidiocèse de Vancouver a collaboré aux recherches pour établir la vérité.

    Les Premières Nations ont mis en place des mesures d’accompagnement en santé mentale pour leurs membres, mêlant “techniques traditionnelles et médecine moderne”, a expliqué Willie Sellars.

    D’après Whitney Spearing, le travail qui reste à accomplir sera “long et minutieux”, en raison de l’étende de la zone de recherche, mais aussi du manque de données, notamment pour la période de 1941 à 1980.

    Cependant, l’annonce de milliers de documents transmis par Ottawa aux communautés autochtones permettra peut-être d’avancer plus rapidement dans le processus d’identification des tombes anonymes.

    Les recherches ont utilisé la technologie de radar, qui a permis de découvrir des centaines de dépouilles près d’anciens pensionnats à travers le Canada.


    Il est estimé que plus de 150 000 enfants ont fréquenté les pensionnats autochtones du Canada depuis les années 1830. Photo : Bibliothèque et Archives Canada

    Les experts soulignent que, comme les résultats annoncés mardi sont “préliminaires”, les travaux de détections aérienne et terrestre par radar à pénétration de sol et magnétométrie devront être poursuivis.

    Les responsables des recherches précisent toutefois que la technologie de détection n’est pas totalement fiable et qu’il faudra procéder à des fouilles pour “obtenir des certitudes”. Ils en appellent au soutien des gouvernements fédéral et provincial pour poursuivre ce travail de “vérité”.

    Au lancement des fouilles à Williams Lake, en août dernier, une petite partie du site de 4,5 kilomètres carrés a été classée comme prioritaire, après des recherches approfondies sur l’histoire du terrain.

    Les violences physiques, psychologiques et sexuelles dont ont été victimes les élèves de l’établissement ont été documentées par la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

    On estime que plus de 150 000 enfants ont fréquenté les pensionnats pour Autochtones du Canada entre les années 1830 et la fermeture du dernier établissement, en 1997.

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  • #Canada Les recherches ne révèlent aucun reste humain sur le site de l’ancien Hôpital Camsell D’après les informations de Stephen David Cook
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1834031/hopital-camsell-edmonton-autochtones-arret-fouilles

    Des fouilles pour trouver des restes humains sur le site de l’ancien Hôpital Camsell, à Edmonton, ont pris fin vendredi après que des équipes n’en ont découvert aucun.

    L’établissement avait accueilli des patients autochtones du nord de l’Alberta et des Territoires du Nord-Ouest pendant des dizaines d’années, notamment pour traiter des cas de tuberculose. Le site situé au coin de la 128e Rue et de la 144e Avenue est prévu d’accueillir des propriétés résidentielles.

    L’été dernier, un radar à pénétration de sol avait permis de creuser dans 13 endroits, mais les recherches ont été infructueuses. Jeudi et vendredi, 21 anomalies ont fait l’objet de trous dans la terre, mais seuls des débris ont été remontés à la surface.

    D’autres recherches ne sont pas prévues sur le site.

    Selon le chef de la Première Nation Papaschase, Calvin Bruneau, des préoccupations persistent étant donné que tant de personnes ont déclaré que des gens avaient été enterrés à cet endroit : “Que leur est-il arrivé ? Ont-ils été retirés et enterrés autre part ? ”

    Il dit avoir entendu des témoignages au fil des ans de projets de développement qui ne prenaient pas en compte que des restes humains pouvaient exister à certains endroits.

    “L’ennui, c’est que personne ne veut parler, affirme le chef Bruneau, qu’il s’agit d’anciens employés, d’anciens promoteurs ou de constructeurs [ …] Tout est passé sous silence. ”

    Les recherches sur le site de l’ancien Hôpital Camsell ont été financées par le promoteur immobilier. L’architecte, Gene Dub, dit avoir fait ce geste après avoir été bouleversé par la découverte au printemps des restes de 215 enfants enterrés sur le site d’un ancien pensionnat autochtone à Kamloops, en Colombie-Britannique.

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  • Tombes découvertes au Canada : l’Église catholique versera 30 millions de dollars aux autochtones
    https://www.ouest-france.fr/monde/canada/tombes-decouvertes-au-canada-l-eglise-catholique-versera-30-millions-de

    Après des excuses formelles prononcées la semaine passée, l’Église catholique a annoncé, lundi, le versement de 30 millions de dollars aux survivants des pensionnats des peuples autochtones. Ces derniers mois, plus d’un millier de tombes ont été découvertes près d’anciennes institutions religieuses du pays.


    Des personnes s’embrassent devant un mémorial de fortune érigé, au niveau de l’ancien pensionnat indien de Kamloops, en hommage aux 215 enfants dont les restes ont été découverts enterrés près de cet établissements situé en Colombie-Britannique. | COLE BURSTON / AFP

    Les évêques catholiques du Canada se sont engagés lundi à verser 30 millions de dollars canadiens pour soutenir les initiatives en faveur des survivants des pensionnats pour autochtones après avoir présenté des « excuses formelles » la semaine dernière.

    Ces fonds seront débloqués sur cinq années pour « remédier à la souffrance causée par les pensionnats au Canada », expliquent les évêques dans un communiqué publié lundi 27 septembre.

    Il s’agira de « soutenir des programmes et des projets dédiés à l’amélioration de la vie » des survivants des pensionnats et de leur communauté, a déclaré Mgr Raymond Poisson, président de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC).

    Vendredi dernier, les évêques avaient exprimé leur « profond remords » et présenté « leurs excuses sans équivoque » aux peuples autochtones après la découverte ces derniers mois de plus d’un millier de tombes près d’anciens pensionnats dirigés par l’église catholique.

    « Traumatisme historique »
    Une nouvelle fois, les évêques reconnaissent dans le communiqué publié lundi l’existence d’un « traumatisme historique et toujours présent, causé par le système des pensionnats ».

    Dans le pays, très marqué par ces révélations, de nombreuses voix s’étaient élevées pendant l’été pour demander des excuses de l’Eglise et même du pape en personne.

    Au total, plus d’un millier de tombes anonymes près d’anciens pensionnats catholiques pour autochtones ont été retrouvées cet été, remettant en lumière une page sombre de l’histoire canadienne et sa politique d’assimilation forcée des Premières Nations.

    Quelque 150 000 enfants amérindiens, métis, et inuits ont été enrôlés de force dans 139 pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture.

    #Canada #peuples_autochtones #histoire #disparitions #fosse_commune #enfants #pensionnat #école #cadavres #vol #viols #peuples_premiers #nations_premières #premières_nations #autochtones #colonialisme #extermination #génocide

    • Toujours plus ignoble l’église catholique

      Les survivants des pensionnats des peuples autochtones devront donc faire approuver leur #projet par ceux qui :
      – Les ont volé.
      – Tué, entre autres par contamination de maladies.
      – Violé leurs enfants.
      – Tué leurs enfants dans d’immondes soit disant pensionnats.

      Et il ne faudra pas qu’ils oublient de dire merci.

  • La Malédiction du #pétrole

    Le pétrole est devenu indispensable à l’économie mondiale, c’est sa plus grande richesse, mais aussi sa plus grande malédiction. Retraçant l’histoire de ce paradoxe les auteurs se penchent avec acuité sur le sujet.
    Depuis près d’un siècle et demi, l’or noir a été le moteur de la croissance et la source des plus grands malheurs. Combien de temps cet état va-t-il durer alors que même la catastrophe écologique du réchauffement climatique ne semble pas peser dans la décision de s’en passer ? Mais à quand remonte cette course à l’abîme ? C’est ce que les auteurs entreprennent de raconter.

    https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-la-malediction-du-petrole/album-malediction-du-petrole

    #BD #bande_dessinée #livre

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  • Avec les propos de Jean d’Amérique, écrivain haïten, « l’aigle impériale » prend du plomb dans l’aile.

    Le rôle de Napoléon dans l’histoire de la révolution haïtienne n’est pas une mémoire oubliée en Haïti. Les gens savent le mal que l’esclavagisme rétabli en 1802 par le consulat, ce système d’exploitation capitaliste, a fait au pays et au peuple haïtien. Mais d’une certaine façon, on peut dire que les Haïtiens ont déjà résolu les questions qui agitent aujourd’hui les Français, puisqu’ils ont résisté et renversé ce système. Il n’y a pas de débat. Peut-être que l’enseignement, ou la transmission de l’histoire en général ne va pas assez en profondeur pour que chacun puisse vraiment comprendre tous les enjeux autour de ce qui s’est passé dans la colonie de Saint-Domingue où naîtra en 1804 la première république noire d’Haïti. D’ailleurs, on peut parfois avoir l’impression que les Haïtiens n’ont que ça à célébrer : la victoire contre Napoléon. Haïti reconnaît ses héros, il n’y a pas d’ambiguïté sur le personnage de Napoléon, personne ne s’interroge pour savoir si c’était « un mec bien ».

    https://aoc.media/entretien/2021/05/21/jean-damerique-en-haiti-il-ny-pas-dambiguite-sur-le-personnage-de-napoleon/?loggedin=true
    (voir en commentaire de ce post)

    #Haïti #esclavage #Premier-Empire #colonialisme #femmes_en_luttes #littérature #théâtre #oralité

    • Jean D’Amérique : « En Haïti, il n’y a pas d’ambiguïté sur le personnage de Napoléon »
      Par Raphaël Bourgois
      Journaliste

      Pour le jeune écrivain haïtien Jean D’Amérique, l’affaire est entendue et ne souffre aucune ambiguïté : le rôle de Napoléon dans l’histoire ne peut être séparé du rétablissement de l’esclavage. Si l’affaire ne souffre aucun débat en Haïti, la mémoire de la lutte pour l’indépendance et contre l’esclavage, de ses héros, reste à construire dans toute sa complexité. La littérature peut y participer, et peut-être créer les conditions d’une mémoire commune qui fait aujourd’hui défaut.

      Jean D’Amérique, jeune poète, dramaturge et romancier haïtien, est actuellement en résidence d’écriture en France, ce qui lui a permis de suivre les débats qui ont agité la commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon. Pour constater qu’il y a encore un long chemin à parcourir avant de réconcilier les mémoires, notamment sur la question sensible de l’esclavage, son abolition, son rétablissement, ses répercussions jusqu’à nos jours, sa réparation… Ses poèmes rassemblés dans des recueils comme Petite fleur du ghetto (Atelier Jeudi Soir, 2015) ou Nul chemin dans la peau que saignante étreinte (Cheyne, 2017) ; ses pièces de théâtre comme Cathédrale des cochons (éditions Théâtrales, 2020) ; son premier roman Soleil à coudre (Actes Sud, 2021) ; toute son œuvre est traversée par la violence et le chaos qui font le quotidien d’Haïti sans la résumer.

      Actuellement en France, en résidence d’écriture, vous avez pu suivre tous les débats qui ont entouré les commémorations du bicentenaire de la mort de Napoléon, notamment sur la question du rétablissement de l’esclavage. À ce sujet, on s’est finalement peu interrogé sur ce que les premiers intéressés en pensaient. Quelle mémoire les Haïtiens gardent-ils de Napoléon ?
      Le rôle de Napoléon dans l’histoire de la révolution haïtienne n’est pas une mémoire oubliée en Haïti. Les gens savent le mal que l’esclavagisme rétabli en 1802 par le consulat, ce système d’exploitation capitaliste, a fait au pays et au peuple haïtien. Mais d’une certaine façon, on peut dire que les Haïtiens ont déjà résolu les questions qui agitent aujourd’hui les Français, puisqu’ils ont résisté et renversé ce système. Il n’y a pas de débat. Peut-être que l’enseignement, ou la transmission de l’histoire en général ne va pas assez en profondeur pour que chacun puisse vraiment comprendre tous les enjeux autour de ce qui s’est passé dans la colonie de Saint-Domingue où naîtra en 1804 la première république noire d’Haïti. D’ailleurs, on peut parfois avoir l’impression que les Haïtiens n’ont que ça à célébrer : la victoire contre Napoléon. Haïti reconnaît ses héros, il n’y a pas d’ambiguïté sur le personnage de Napoléon, personne ne s’interroge pour savoir si c’était « un mec bien ».

      Vous évoquez l’esclavagisme comme un système capitaliste, pensez-vous que le système des plantations, défendu par Napoléon à travers la décision de rétablir l’esclavage, doit être vu comme la prémisse du capitalisme qui se développera au XIXe siècle ?
      Oui, tout à fait. C’est clairement, selon moi, ce qui s’est passé à Saint-Domingue : la mise en place par les colons d’un système capitaliste qui, pour exister, utilise tous les moyens de la répression, de la violence et du racisme. Le capitalisme et l’esclavage sont indissociables. Je dirais même que le second, tel que l’a connu Haïti, est le socle du premier ; la traite des êtres humains est l’un des plus grands produits du capitalisme. C’est l’enfance même de ce système. Les colons qui sont arrivées sur l’île n’étaient intéressés que par une seule chose : la richesse, le profit. Ils ont vu là une terre à exploiter, et trouvé en Afrique des êtres humains à kidnapper afin de nourrir leur système. Le capitalisme est à l’origine de toutes les formes de violence qui se passent et qui se sont passées à Haïti.

      Il y a un héros haïtien qui est particulièrement mis en avant, c’est Toussaint Louverture, figure de proue de la révolution. Est-ce qu’il y a là aussi selon vous un décalage entre la mémoire haïtienne et la mémoire française ?
      Toussaint Louverture a une place importante en Haïti, et en effet, comme vous le suggérez, on ne traite pas la mémoire de ce héros de la même façon qu’en France. Je prendrais pour exemple l’inauguration récente, à Paris où je me trouve actuellement, d’un jardin Toussaint Louverture. Je dois dire que j’ai beaucoup ri lorsque j’ai lu le panneau, où a été inscrit « Toussaint Louverture, général français », alors que Toussaint est une personnalité essentielle de cette période de lutte contre l’esclavage – donc contre la France ! Mais il n’est pas considéré de cette façon en France, ni d’ailleurs les autres héros de Haïti. Je voudrais dire ici que je trouve tout de même étrange qu’on n’évoque que Toussaint en France, alors que la révolution haïtienne a été portée par beaucoup d’autres personnalités. Je pense à Jean-Jacques Dessalines, cet ancien esclave, lieutenant de Toussaint Louverture, qui proclame l’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804. Il est certain que Dessalines portait une vision beaucoup plus radicale, qui l’a mené à conduire la révolte jusqu’à l’indépendance d’Haïti. Ce qui n’est évidemment pas un bon souvenir pour la France… Alors que Toussaint, lui, a été capturé et déporté sur le sol français, où il est mort un an avant la proclamation de l’indépendance. Aujourd’hui, on tente de réhabiliter Toussaint, mais dans une perspective française. Et c’est cela qui pose problème : l’incapacité à replacer l’Histoire à l’endroit où elle se passe vraiment.

      Comment l’expliquez-vous ?
      Les Français pensaient pouvoir négocier avec Toussaint et éventuellement lever les obstacles au rétablissement de l’esclavage. Il faut reconnaître qu’il a lui aussi joué ce jeu de la négociation, jusqu’au moment où il s’est fait capturer. Mais je pense que cette bienveillance à l’égard de Toussaint Louverture n’est pas une reconnaissance de son véritable combat et de celui des autres héros et héroïnes de la guerre d’indépendance. Je parle de Dessalines, je parle de Sanité Belair, je parle de Dutty Boukman – qui initia une révolte d’esclaves lors de la cérémonie du Bois Caïman, le 14 août 1791, acte fondateur de la révolution haïtienne – et de beaucoup d’autres. La réhabilitation de Toussaint Louverture en France n’est rien d’autre qu’une posture. Car il n’y a pas de négociation possible avec un interlocuteur qui veut absolument rétablir l’esclavage. J’entends ou je lis souvent que la France a aboli l’esclavage à Saint-Domingue. C’est complètement faux, et ce n’est pas parce qu’il existe des textes qui le proclament que c’est vrai. Haïti a longtemps combattu l’esclavage, même avant 1791, où la rébellion va prendre une telle ampleur qu’elle mènera à la révolte générale des esclaves, il a toujours existé des mouvements de résistance. Toutes les tentatives d’action de la France vis-à-vis de cette insurrection ont eu pour but de remettre en place le système colonial, jamais de l’abolir. Ce sont les esclaves qui ont aboli l’esclavage.

      Il y a une question qui agite le débat en France, c’est celle de la réparation. Puisqu’au moment de l’abolition, ce sont les propriétaires d’esclaves qui ont reçu des compensations, la question se pose aujourd’hui de la façon dont la France pourrait indemniser la société haïtienne actuelle, héritière de cette époque. Quel est votre sentiment à ce sujet ?
      C’est très important, parce que ce qui s’est passé est très grave. Je crois en effet que la première chose à faire est une réparation, pas tout à fait « symbolique », mais une réparation au niveau du discours autour de ces évènements. Jusqu’à présent, la France a du mal à reconnaître cette histoire et les responsabilités qu’elle porte, mais pour avancer il faut que les choses puissent être dites, il faut que tous les acteurs reconnaissent ce qui s’est passé. Au niveau matériel, la réparation financière est également indispensable selon une idée simple : vous m’avez volé quelque chose, il est juste que vous me la rendiez. Il n’y a pas de débat à avoir là-dessus, et ce n’est pas parce que le temps a passé que ce n’est plus important. Il ne s’agit pas du tout de répondre à un sentiment de rancune, d’une revanche, mais d’une nécessité si nous voulons nous réconcilier avec cette mémoire commune. Il faut recoudre ce qui a été totalement déchiré. La réparation de l’histoire comme la réparation matérielle des dégâts qui ont été causés sont essentielles.

      Est-ce que cette histoire nourrit votre travail d’écrivain, à la fois de poète, d’auteur de théâtre, de romancier ? Lorsque vous abordez la violence actuelle en Haïti, estimez-vous qu’elle est l’héritière directe de cette époque ?
      Haïti porte toujours les séquelles de l’esclavage, et cela ne fait aucun doute pour moi que les racines de la situation actuelle, instable et violente, plongent dans cette époque. La dette contractée par Haïti auprès de la France en 1825 pour prix de son indépendance, et pour indemniser les propriétaires d’esclaves, a été payée jusqu’à très récemment, et continue de peser puisqu’elle a participé à son appauvrissement. Cette dette coloniale a fait beaucoup de mal à un pays qui était en train de se construire, ou de se reconstruire, après avoir vécu une longue période sous le joug du système esclavagiste. C’est comme si l’esclavage continuait sous une autre forme, et aujourd’hui, dans le rapport entre Haïti et la France, le fait que l’État français n’arrive pas à reconnaître ses responsabilités dans cette histoire partagée pose beaucoup de problèmes à Haïti. Il y a une ambiguïté qui subsiste.
      Pour en venir au traitement littéraire de cette période de l’histoire, il est vrai que je travaille surtout sur des thèmes qui ont un rapport avec l’actualité ou, en tout cas, les temps actuels. Mais je me suis emparé de ce sujet d’une façon particulière : je suis en train de terminer une pièce de théâtre composée autour d’une figure héroïque de cette période, Sanité Belair, une jeune femme qui s’est engagée très tôt dans le combat anticolonialiste. Elle a vécu entre 1780 et 1802, et s’est engagée très tôt dans sa vie, en pleine effervescence des mouvements de libération. Elle a grimpé rapidement les échelons dans l’armée révolutionnaire haïtienne, d’abord sergente, elle accède au grade de lieutenante. Elle se fera capturer par les colons en octobre 1802, une période décisive qui se situe un an avant la dernière bataille qui scellera l’accès d’Haïti à l’indépendance. À l’époque, les rebelles capturés étaient exécutés selon leur genre : les hommes fusillés, et les femmes décapitées. Sanité Belair refuse le sort qui lui est destiné et elle obtient le droit d’être fusillée. C’est un acte politiquement fort. Je travaille donc autour de cette figure, et surtout de sa représentation aujourd’hui, dans l’Histoire, que ce soit en Haïti ou en France, par rapport à cette place qu’elle occupe, ou en tout cas devrait occuper.

      Quelle est cette place selon vous ?
      Elle est sous-estimée : en Haïti, on connait son nom mais pas forcément son histoire ; en fait, dans les espaces dits de mémoire de l’esclavage ou des combats anti-esclavagistes, elle est mise en retrait, voire totalement absente. Dans le musée du Panthéon national en Haïti, elle n’a pas la même place que les autres héros. Sur le Champ de Mars en Haïti, qui est la plus grande place publique de Port-au-Prince, toute une partie de l’espace public est dédiée à des héros de l’indépendance – mais elle n’y est pas, contrairement à d’autres figures qui reviennent tout le temps : Dessalines, Toussaint, Henri Christophe (militaire devenu président de la République du Nord, puis premier roi de Haïti), Alexandre Pétion (militaire devenu président de la République du Sud). Sa seule et unique présence dans l’espace public en Haïti est son portrait qui figure depuis près d’une dizaine d’années sur le billet de dix gourdes, la monnaie nationale, soit le billet avec la plus petite valeur. De plus, et ceci est assez problématique à mon sens, son portrait a remplacé celui d’une autre femme, Catherine Flon, insurgée et fille naturelle de Dessalines, qui a créé le drapeau bicolore de Haïti. En France, c’est encore pire, Sanité Belair n’est tout simplement jamais évoquée. À part très récemment par Christiane Taubira en réaction à l’absence de discours d’Emmanuel Macron à l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions ce 10 mai dernier, alors qu’il avait tenu un long discours quelques jours plus tôt aux commémorations consacrées à Napoléon. Elle a qualifié ce silence « d’édifiant », et ajouté que plutôt que Bonaparte, elle choisit et préfère les figures de Toussaint Louverture, Sanité Belair et d’autres héros anti-esclavagistes non blancs. C’est l’une des seules fois où j’ai entendu son nom en France.
      Je travaille donc autour de la sous-représentation de cette figure de la révolution. Pour rédiger l’argumentaire de ma pièce, j’ai été amené à faire des recherches, mais il n’y a aucun document consacré essentiellement à son personnage. Dans la plupart des livres qui retracent l’histoire d’Haïti, je trouvais seulement – et encore, quand elle y figurait – des textes de la taille d’un paragraphe, d’une page à la limite, et dans lesquels se trouvent toujours les mêmes informations. Par conséquent, je travaille aussi à partir de cette absence de matière. C’est évidemment tout l’inverse de Napoléon qui a fait l’objet d’innombrables volumes, de milliers et de milliers de pages. Ce déséquilibre m’amène à poser ces questions : comment fabrique-t-on les héros et héroïnes ? qui choisit-on de préserver dans l’histoire, et pourquoi ? Ce ne sont pas des choix innocents que de mettre, à un moment particulier, telle ou telle personne en avant. Si aujourd’hui ce débat, cette soi-disant polémique autour de Napoléon se produit en France, c’est parce que le traitement d’un sujet d’une telle ampleur dans l’Histoire – dans la manière de raconter l’Histoire – a forcément un impact sur la société. Notre vision des choses est construite par ce que nous lisons, par ce qu’on nous raconte, par ce qui est représenté dans l’espace public… Toutes ces représentations construisent des symboles, un imaginaire collectif. Et cette absence de conscience historique en France ne permet pas à notre génération de trouver un terrain abordable pour regarder l’avenir ensemble, parce qu’il existe ce vide dans la manière de raconter l’Histoire.

      Quel rôle peut tenir une pièce comme celle que vous êtes en train d’écrire. Il ne s’agit pas de faire un travail d’historien ?
      Pas du tout ! La pièce que je suis en train de terminer n’est même pas biographique en tant que telle : c’est une transposition de l’histoire de Sanité Belair dans notre temps. Je m’inspire du parcours de cette femme pour l’amener dans l’espace contemporain, afin qu’elle vienne elle-même nous poser la question de l’oubli en manipulant les outils à disposition aujourd’hui, le fonctionnement de notre société. Je pense que l’écriture me permet d’aller beaucoup plus loin que le travail historique en tant que tel. En effet, les informations peuvent bien exister, mais que fait-on avec cette Histoire ? La littérature permet pour moi d’ouvrir une brèche, et même de tenter de réparer ce qui est absent dans celle-ci. Grâce à la littérature et avec l’Histoire, je vais essayer de provoquer une transformation du réel, de ses éléments historiques, afin de proposer d’autres perspectives sur celui-ci. Écrire, c’est refuser ce qui existe déjà, refuser le monde tel qu’il est, tel qu’on le conçoit, tel qu’on l’envisage ; c’est créer un autre monde, exprimer un désir d’un autre monde, d’une autre manière de voir les choses. Et j’ai l’impression que la littérature me permet de faire cette opération.

      C’est une forme de résistance. Comment êtes-vous venu à l’écriture ?
      Par résistance, justement. J’ai commencé à écrire sous l’influence du rap, qui était très en vogue en Haïti à une certaine époque, disons entre 2005 et 2008. Lorsque cet âge d’or du rap haïtien a commencé, je venais de quitter la petite campagne où je suis né pour Port-au-Prince, où j’habitais dans un quartier assez précaire. Ma rencontre avec le rap, c’était un reflet de ma condition sociale et aussi une poésie brute, virulente, qui va interpeller directement le réel. Plus tard, au lycée, quelques-uns de mes professeurs de lettres ont remarqué ce que je produisais dans leurs cours, et ils m’ont dirigé vers d’autres lectures que celles qui étaient demandées à l’école. À ce moment-là, j’ai commencé à nourrir énormément ma culture littéraire. D’autre part, je présentais les textes que j’écrivais à l’époque dans des petites soirées à Port-au-Prince. C’est ainsi qu’au fur et à mesure, la passion grandit. Et cette passion est devenue un métier. Je m’inscris totalement dans le mouvement dit du spoken words, et revendique ce double héritage, à la fois de la littérature qui « vient des livres » et de la littérature qui vient du rap.

      Le lien entre les deux cela pourrait être l’oralité ?
      Oui, l’oralité et aussi l’importance pour moi de faire certaines références qui peuvent paraître décalées de la part d’un écrivain. Quelques exemples : je cite Tupac Shakur dans l’introduction de mon roman Soleil à coudre, et dans le corps de celui-ci, j’ai glissé une référence à Kendrick Lamar. J’ai aussi cité des rappeurs dans plusieurs de mes recueils de poèmes. Je veux redonner place à cette part de mon héritage qui vient du hip hop et qui est souvent « sectionné » de la chose littéraire. On attend plus d’un auteur qu’il cite Romain Gary ou Albert Camus. Mais ces deux mondes peuvent se côtoyer, et dans mon cas les deux m’ont nourri. Ce qui m’intéresse aussi lorsque j’écoute des musiciens comme Keny Arkana ou Kery James pour citer des Français, ce n’est pas seulement le contenu, mais aussi le rythme et la scansion. D’ailleurs je peux aussi écouter de la trap, un style qui ne se distingue pas par la dimension « consciente » de ses textes. Le rapport puissant avec l’oralité continue à exister chez moi. J’aime beaucoup porter mes textes sur scène et les dire à haute voix parce que cela leur donne une allure, une existence autre ; c’est aussi la possibilité de partager une énergie directe avec le public. Quand j’écris quelque chose, je me projette en train de le présenter devant un public, pour l’assumer immédiatement. J’aime bien cet instant-là où je peux dire directement les choses. Ce qui n’est pas la même chose dans un livre : l’impact peut y être, mais on ne le « voit » pas. C’est une chose difficile à articuler… Pour moi, les mots dans un livre sont différents des mots qui, à travers une voix, deviennent vivants.
      Cette oralité du rap vient aussi compléter un héritage de l’imaginaire haïtien que je porte. Tous nos jeux d’enfants étaient traversés par des chants, par des rythmes… La place de la parole reste forte, aujourd’hui encore, dans l’espace populaire en Haïti : presque toutes les activités du quotidien sont accompagnées de musique. Les marchands ambulants, en se promenant, ont chacun une musique différente qui accompagne ce qu’ils vendent, et qu’on finit par reconnaître tout de suite. C’est quelque chose qui fait partie intrinsèque de la vie haïtienne et dont je me suis beaucoup nourri.

      Vous avez publié votre premier roman Soleil à coudre cette année aux éditions Actes Sud. Pourquoi avez-vous ressenti le besoin d’aborder aussi cette forme d’écriture, et que reste-t-il de l’oralité que vous défendez ?
      Je n’ai pas l’impression que cette démarche littéraire diverge beaucoup de ce que je faisais avant, si ce n’est qu’elle me permet de déployer une histoire, des personnages sur une temporalité plus longue. Mais le poète et le dramaturge continuent à exister dans le roman. En réalité, c’est la même recherche poétique qui continue, mais elle prend d’autres chemins et d’autres enveloppes. Des éléments que j’ai explorés, qui sont présent dans certaines de mes pièces de théâtre comme Cathédrale des cochons (éditions Théâtrales, 2020), se retrouvent dans Soleil à coudre : la force de la parole, la force du verbe contre la répression et contre la violence. Tête Fêlée notamment, le personnage principal, est portée par une sorte de logorrhée intérieure, qui la fait exister quand elle la déverse, tout à coup. Elle existe parce qu’elle raconte, parce qu’elle fait entendre sa voix. Elle est déchirée par un monologue, et il faut que cela explose. J’aime bien cette façon de construire mes personnages : non par des descriptions physiques, qui sont presque inexistantes dans le texte, mais par la parole, la parole poétique. Donner à voir le corps du personnage importe peu, au final, parce que ce dernier émerge par une figure qu’on ne peut saisir que par ce qu’elle dit. Surtout, on n’écoute pas de la même façon lorsqu’on peut voir le corps qui est en train de s’exprimer. Même si un homme et une femme disent la même chose, nous ne recevrons pas leur parole de la même façon. Pour moi, c’était important de déplacer le regard et de recourir à une autre forme de représentation des personnages. J’ai effacé le corps. Et j’ai donné libre cours à la voix.

      Vos personnages principaux sont le plus souvent des femmes. Qu’est ce qui se joue pour vous dans le choix de personnages féminins ?
      C’est très important pour moi parce que je viens d’un milieu où on m’a appris beaucoup de choses dont je n’avais pas besoin, et qui ont fait beaucoup de mal à mon esprit, dans le sens où j’ai été formaté par l’école, l’église, la société. Tout mon cheminement a consisté à essayer de déconstruire ces idées, d’abord en moi, puis d’inviter les autres à une représentation différente du monde. C’est pourquoi, aussi, je ne cherche pas à en faire un sujet dans mon travail littéraire. Je n’ai pas l’habitude de croiser dans les récits ou dans les romans autant de femmes que d’hommes, mais je ne vais pas le formuler dans mon texte. Je vais essayer d’introduire l’idée sans la dire, simplement par une manière de la représenter. Je suis conscient de ma volonté de faire apparaître des personnages féminins dans mes textes, mais je n’ai pas besoin de le crier sur tous les toits parce que ce n’est pas quelque chose qui doit être exceptionnel. Lorsqu’il n’y a que des hommes dans un récit, personne ne pose la question : « pourquoi c’est un homme ? »
      Certes, c’est important d’en discuter dans la société, mais il n’y a pas qu’en fustigeant les inégalités qu’on peut les changer. Il faut aussi proposer d’autres récits, d’autres manières de voir le monde, parce que si nous sommes empreints de sexisme aujourd’hui, c’est à cause des formes de représentation qu’on nous a données et qui nous ont construites. Je suis convaincu qu’on peut transformer les choses juste en proposant une autre perspective, juste en proposant un autre monde. Nous avons toujours été nourris par un système hétéronormé, mais je peux essayer de représenter un monde où je l’ai aboli. Avec le temps, je suis persuadé que cela portera ses fruits.

      Vous croyez donc à la performativité des mots, à leur impact sur l’évolution de la vie, sur l’évolution sociale ?
      Absolument, parce que ce sont eux qui nous construisent : c’est ce qu’on lit, ce qu’on apprend, ce qu’on entend des discours qu’il y a sur le monde. Bien sûr, l’impact de la littérature en tant que telle prend du temps pour se produire. Il n’en est pas moins réel. Écrire Soleil à coudre n’a pas le même poids que descendre manifester dans la rue à Port-au-Prince, mais cet acte n’est pas moins important que l’autre, même si ses retombées mettront plus de temps à se faire ressentir. C’est avec cette conscience-là que j’écris : d’être en train de créer une nourriture pour l’esprit, et de devoir être conscient de tous les enjeux qui l’entourent, parce que c’est elle qui nous façonnera demain. Je crois à cette transformation, à long terme, par la littérature.

      Mais que peuvent-ils face à la violence qui frappe aujourd’hui Haïti ?
      En ce moment, la situation d’Haïti est chaotique, on ne peut pas le nier. Mais ce portrait de la violence et du chaos politique qui revient souvent quand on évoque mon pays ne reflète pas complètement le visage d’Haïti. La catastrophe politique, c’est l’État haïtien, pas le peuple haïtien. Le peuple haïtien a toujours vécu très loin de l’État, c’est-à-dire dans l’abandon total de ce dernier, qui n’utilise son pouvoir qu’à ses propres fins. Cet État a créé la violence d’aujourd’hui, au fur et à mesure de l’évolution de ses intérêts politiques : les personnes au pouvoir ont distribué des armes dans les quartiers populaires et ainsi soutenu la formation de gang qu’ils pensaient pouvoir garder à leur main. Mais cette stratégie s’est retournée contre eux : aujourd’hui, ils ne parviennent plus à reprendre le contrôle de ces lieux, et c’est cela qui a créé le chaos. En ce moment, une dictature se met en place dans le pays : Jovenel Moïse, le président au pouvoir, qui a vu son mandat prendre fin en février dernier, refuse de partir et d’organiser de nouvelles élections. Il a perdu tout soutien populaire, d’autant plus que les Haïtiens ne l’avaient pas vraiment élu à la base, puisqu’il faut se souvenir que le premier tour qui lui a donné la majorité absolue s’était tenu six semaines après l’ouragan Matthew en novembre 2016. Le taux de participation a été établi à 21%. La majorité de la population souhaite passer à autre chose, et en réponse ce gouvernement utilise tous les moyens de violence pour garder le pouvoir. Il faut parvenir à aller au-delà de cette image de violence pour découvrir le vrai visage de Haïti. Je l’ai traité dans mon roman, en y apportant une nuance pour permettre aux lecteurs et aux lectrices de comprendre que ce peuple vit dans une violence subie et est amené parfois à en produire. Mais elle n’a pas été créée par eux : c’est une violence héritée. J’essaie, toujours subtilement, d’amener à voir les soubassements du problème. Le pays ne se résume pas à sa sphère politique, il faut prendre en compte toute sa richesse artistique et littéraire, ces domaines qui sont en dehors du pouvoir de l’État. Le vrai visage d’Haïti est à chercher là où vit et dans ce que fait le peuple.

      _Cet entretien a été donné dans le cadre de l’exposition « Napoléon » de la Réunion des Musées Nationaux et La Villette, il fait partie du supplément « Manifesto » conçu par AOC et disponible sur le site de l’exposition.
      https://expo-napoleon.fr/manifesto/_

  • « Le 1er mai est une journée de lutte où beaucoup sont tombés pour les droits des travailleurs, pas une bamboche où l’on fête le travail en sniffant du muguet.
    Il ne sera jamais ni joyeux, ni chamailleur.
    Il sera révolté »
    #PremierMaiRévolté

    Avec un super montage de Cerveaux Non Disponibles que je n’arrive pas à recopier :(
    https://twitter.com/realmarcel1/status/1387420281937989634

    « Pour retrouver un 1er mai joyeux, chamailleur parfois, ensemble, unis, nous surmonterons cette épreuve, et nous retrouverons, dès que possible, ces premiers Mai heureux, privés des rituels de cette journée...
    Vive la République Vive la France.
     »
    https://mamot.fr/system/media_attachments/files/106/144/043/086/321/039/original/91b4c5cfd3659395.mp4

    Plus que deux jours pour retrouver nos 1er mai chamailleurs chers à notre président...

    #1erMai #1erMaiRevolte #AuRevoirPresident #Macron #ViolencesPolicieres #GiletsJaunes

  • Maps Show How the Mail Shaped the American West - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/articles/2021-04-21/maps-show-how-the-mail-shaped-the-american-west

    In The Postman, the 1997 post-apocalyptic Western starring and directed by Kevin Costner, a supposed emissary of the U.S. Postal Service revives and reunites a smattering of rural settlements that have survived the catastrophic end of the formal United States. The mail, the movie shows us, is the connective tissue of the nation-state — providing people with not just a means of communication, but also something to look forward to. (“You give out hope like it was candy in your pocket,” a love interest tells the titular postman, in an example of the movie’s amazingly bad dialogue.)

    #états-unis #histoire #peuples_premiers #premières_nations #nations_indiennes #colonisation

  • A 23-Year-Old Coder Kept QAnon and the Far Right Online When No One Else Would - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/features/2021-04-14/qanon-daily-stormer-far-right-have-been-kept-online-by-nick-lim-s-vanwate

    Trop facile l’argument de la liberté d’expression pour favoriser les néo-nazis.

    Two and a half months before extremists invaded the U.S. Capitol, the far-right wing of the internet suffered a brief collapse. All at once, in the final weeks of the country’s presidential campaign, a handful of prominent sites catering to White supremacists and adherents of the QAnon conspiracy movement stopped functioning. To many of the forums’ most devoted participants, the outage seemed to prove the American political struggle was approaching its apocalyptic endgame. “Dems are making a concerted move across all platforms,” read one characteristic tweet. “The burning of the land foreshadows a massive imperial strike back in the next few days.”

    In fact, there’d been no conspiracy to take down the sites; they’d crashed because of a technical glitch with VanwaTech, a tiny company in Vancouver, Wash., that they rely on for various kinds of network infrastructure. They went back online with a simple server reset about an hour later, after the proprietor, 23-year-old Nick Lim, woke up from a nap at his mom’s condo.

    Lim founded VanwaTech in late 2019. He hosts some websites directly and provides others with technical services including protection against certain cyberattacks; his annual revenue, he says, is in the hundreds of thousands of dollars. Although small, the operation serves clients including the Daily Stormer, one of America’s most notorious online destinations for overt neo-Nazis, and 8kun, the message board at the center of the QAnon movement, whose adherents were heavily involved in the violence at the Capitol on Jan. 6.

    Lim exists in a singularly odd corner of the business world. He says he’s not an extremist, just an entrepreneur with a maximalist view of free speech. “There needs to be a me, right?” he says, while eating pho at a Vietnamese restaurant near his headquarters. “Once you get to the point where you look at whether content is safe or unsafe, as soon as you do that, you’ve opened a can of worms.” At best, his apolitical framing comes across as naive; at worst, as preposterous gaslighting. In interviews with Bloomberg Businessweek early in 2020, Lim said he didn’t really know what QAnon was and had no opinion about Donald Trump.

    #Extrême_droite #Premier_amendement #Liberté_expression #Fachosphère

    • Je sais bien, mais en même temps, l’article pourrait (devrait ?) se résumer à ceci :

      “There’s already a good recipe that was used for ISIS. Why don’t you use it on the far right?”

      It’s tougher to keep a site such as the Daily Stormer offline as long as somebody like Lim is willing to support it. U.S. laws governing domestic extremism are less expansive than those focused on international terrorism, partly to protect the rights of U.S. citizens with unpopular political views.

      Le type fait dans la cradingue, c’est indéniable, mais apparemment pas dans l’illégal. Ce sont les États-Unis, où il y a désormais une communication publique massive (notamment suite à la catastrophe Trump, QAnon, White supremacist…) pour avoir une maîtrise collective de l’expression publique (« on » décide que certaines expressions n’ont pas leur place dans la sphère publique, et notamment sur le Web), mais dans le même temps on refuse complètement d’y donner une forme juridique (because Premier amendement).

      Donc on mène de grandes campagnes d’indignation collective, et on fait pression sur les plateformes pour faire supprimer certains contenus (il y a d’ailleurs deux activistes qui le disent tout à fait explicitement dans l’article), tout en se rendant bien compte que ces expressions ne sont par ailleurs pas illégales (le gars de l’article ne dit absolument pas qu’il maintiendrait des contenus illégaux aux États-Unis, jihadistes ou pédophiles par exemple). Et qu’en même temps on semble prendre bien soin à ne pas ouvrir ce débat pour que les limites de l’expression publique soient mieux encadrées par des tribunaux, plutôt que laissées à la discrétion des plateformes (qui en profitent pour virer plein d’autres choses discrètement par ailleurs).

    • Oui, ça je suis bien d’accord. Mais les motivations du gars, est-ce qu’on ne s’en fout pas un peu ? Des fachos qui hébergent des fachos, on s’en cogne un peu de leurs alibis, la question elle est vite répondue.

      Ce qui me chagrine, c’est qu’on a un article extrêmement long, qui aborde la question de l’illégalité (ou plutôt de l’absence d’illégalité) dans une unique phrase, et qui au contraire se focalise sur les mouvements de pression organisés pour que les grandes plateformes dégagent certains contenus, plutôt que d’avoir une régulation encadrée par la loi. Et qui, dès le début, titre sur la notion de « When No One Else Would ».

      Et je trouve ça extrêmement inquiétant : parce qu’on trouvera toujours un facho pour héberger des fachos, surtout tant que le fait d’héberger des sites fachos n’est pas illégal.

      Ce qui me semble la pente dangereuse de ce genre de considération, c’est qu’on considère fondamentalement dangereux et illégitime qu’on puisse s’héberger (et s’exprimer) en dehors des grandes plateformes. C’est le sens du titre et des activistes de l’article : s’il suffit de faire pression sur les grandes plateformes pour se débarrasser des fachos, nickel ; mais s’il est encore possible de trouver un hébergeur qui le fera « When No One Else Would », on atteint les limites de cette forme de « régulation » de l’expression publique.

      Alors même que si ces formes d’expression étaient interdites par la loi, comme Daesh et la pédophilie, ce ne serait pas du tout la même question – puisque l’hébergeur facho ne revendique à aucun moment de contrevenir à la loi et d’héberger des contenus illégaux.

      La conclusion inévitable de cette façon de voir, c’est qu’il ne faudrait pas laisser aux gens la possibilité de s’exprimer ou accéder à des contenus en dehors des grandes plateformes. Parce que, à nouveau, tant que c’est légal, en l’état actuel des interwebz et tant qu’il n’y a aura pas une interdiction légale de le faire, on trouvera toujours des fachos pour héberger des fachos.

      (Accessoirement, ça aurait tendance à me renvoyer à une autre préoccupation pénible que j’ai depuis quasiment 20 ans : le volontarisme des fachos à se déployer et s’organiser sur les interwebz, à réellement « faire du réseau », et au contraire une immense passivité/méfiance des progressistes qui pour une large part ont décidé que monter une page Facebook c’était bien suffisant, et qui se retrouvent à poil une fois qu’ils se font éjecter des grands réseaux sociaux. Et ensuite on va chouiner contre les méchants GAFA.)

  • Chroniques de l’occupation de la Rhénanie

    Au lendemain de la Première Guerre mondiale, quelque 100 000 soldats français sont envoyés en #Allemagne pour occuper la Rhénanie. Environ 20 000 d’entre eux sont issus des colonies françaises, notamment de #Tunisie et du #Maroc. Rapidement, ces hommes sont la cible d’une campagne de #diffamation qui fait la une des journaux du monde entier sous le slogan « La honte noire »…

    https://www.youtube.com/watch?v=5LmnuSwdlGg


    #film #documentaire #film_documentaire
    #occupation #histoire #propagande #honte_noire #WWI #première_guerre_mondiale #accord_de_Versailles #troupes_coloniales_françaises #corps #racisme #schwarze_schmach #soldats_africains #Rhénanie #Ray_Beveridge #femmes_allemandes #Luise_Zietz #haine_raciale #stérilisation #Mulatiesierung #nationalisme #enfants_afro-allemands #bâtards_de_Rhénanie #Eugen_Fischer #nazisme #stérilisations_forcées_de_masse #Wolfgang_Abel #commission_spéciale_3 #colonisation #colonialisme #soldats_coloniaux #armée

    ping @nepthys

  • Sea_Terra

    Die SeaTerra GmbH hat über mehr als 20 Jahre internationale Erfahrung im Bereich der Kampfmittelsondierung, Räumung und Sprengung zu Wasser und zu Land. Wir setzen für unsere Arbeit hochpräzise und empfindliche Sensorik in Kombination mit modernen Positionierungssystemen ein, die weltweit einzigartig sind. Die SeaTerra verfügt über Sondier- und Räumschiffe und eigene Unterwasserrobotik (#ROV).

    Kampfmittelsondierung und Kampfmittelräumung ist Vertrauenssache. Rund 60 Mitarbeiter aus unterschiedlichsten Disziplinen und Fachrichtungen von Geophysik, über Geologe, Sedimentologen, Feuerwerker, Taucher, Ingenieure bis Archäologen jeden Tag die hohen/höchsten/strengsten Ansprüche, die unsere Kunden und wir uns selbst gesetzt haben.

    SeaTerra GmbH verfügt über eine eigene Entwicklungsabteilung, die stetig neue Verfahren und Technologien ermöglicht, um im Rahmen von Kundenprojekten effizient und kostengünstig ans Ziel zu gelangen.

    https://seaterra.de

    #dépollution #Allemagne #GEKA #explosifs #WWI #WWII #première_guerre_mondiale #deuxième_guerre_mondiale #seconde_guerre_mondiale #déminage #bombes #dépollution_pyrotechnique #explosifs

    –-> vu dans le film documentaire

    #Déchets de guerre : des explosifs enfouis en héritage

    À chaque fois que des projets de construction de grande envergure (parcs éoliens, pose de câbles ou approfondissement de voies navigables) sont prévus dans les mers, les canaux ou les embouchures européens, Dieter Guldin et son équipe entrent en jeu. La raison est simple : plus d’un million et demi de tonnes de #matériel_militaire datant des guerres mondiales repose au fond de la #mer_du_Nord et de la #mer_Baltique.

    https://www.arte.tv/fr/videos/093707-011-A/arte-regards-dechets-de-guerre-des-explosifs-enfouis-en-heritage
    #guerre #mers

  • Le gouvernement Legault n’est pas prêt à exempter les sans-abri du couvre-feu Thomas Gerbet - Radio Canada
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1764124/couvre-feu-itinerants-exemption-quebec-mort-refuge

    Québec refuse de faire une exception pour les itinérants, malgré les demandes de Valérie Plante et de l’opposition.

    Malgré l’indignation causée par la mort tragique d’un sans-abri caché dans une toilette chimique, le gouvernement du Québec n’est pas prêt à exempter les itinérants de l’interdiction de se trouver dehors après 20 h.

    “Il n’est pas envisagé d’offrir une exception aux personnes en situation d’itinérance”, indique le cabinet du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant. “Cela amènerait une complexité quant à l’application du couvre-feu.”

    " Si on mettait dans le règlement le fait qu’un itinérant ne peut pas recevoir de contravention, n’importe qui pourrait dire qu’il est itinérant."
    François Legault, premier ministre du Québec »

    Québec rappelle qu’il existe déjà “un accompagnement vers les bonnes ressources et il y a collaboration”. Le gouvernement ajoute que “personne ne veut judiciariser les personnes en situation d’itinérance”.

    Raphaël André était originaire de la communauté de Matimekush-LacJohn, près de Schefferville.


    Photo : Courtoisie John Tessier/The Open Door

    Des groupes communautaires réclament plus que jamais l’exemption des itinérants à la suite du décès de Raphaël André, dans la nuit de samedi à dimanche https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1763930/itinerant-montreal-mort-toilettes-nuit-dehors-refuge-ferme . Selon les intervenants, des sans-abri se cachent des policiers après 20 h, de peur de recevoir une contravention.

    L’homme de 51 ans, originaire d’une communauté innue de la Côte-Nord, est mort après avoir passé plusieurs heures dehors, à quelques mètres d’un refuge qu’il avait quitté à 21 h 30 après la fermeture exceptionnelle des lieux en raison de recommandations de la santé publique.

    Le ministre Lionel Carmant a offert ses condoléances aux proches de la victime et à sa communauté. “Il s’agit d’un événement d’une grande tristesse”, indique le cabinet du ministre. “Nous laisserons le coroner faire son enquête afin de faire la lumière sur les événements.”

    Valérie Plante implore Québec de faire une exception
    “ Ça crée trop de stress présentement”, déplore la mairesse de Montréal au sujet du couvre-feu. Valérie Plante affirme même que la mesure augmente l’insécurité des itinérants.
    Même si elle « n’encourage pas les gens à aller dans la rue », la mairesse explique que les refuges « débordent » certaines nuits, malgré le « nombre record » de lits disponibles.

    « Il y a des soirs où il n’y a plus de lits."
    Valérie Plante, mairesse de Montréal »

    La Ville travaille à trouver une nouvelle ressource d’hébergement pour augmenter la capacité d’accueil de 100 lits.
    Ce n’est « pas facile pour le SPVM [Service de police de la Ville de Montréal] », raconte Valérie Plante, alors que les policiers ont déjà interpellé 400 itinérants dehors après 20 h. Ceux-ci n’ont pas été verbalisés, mais plutôt accompagnés vers des refuges.

    L’opposition unie pour demander l’exemption
    “Le couvre-feu est une mesure complètement inadaptée à la réalité des personnes en situation d’itinérance”, dénonce la députée libérale Paule Robitaille, porte-parole de l’opposition officielle en matière de pauvreté et de solidarité sociale.

    « Nous demandons au gouvernement de la CAQ de reconsidérer sa décision et d’exempter les itinérants de ce couvre-feu. C’est une question de dignité humaine. »
    Paule Robitaille, porte-parole de l’opposition libérale en matière de pauvreté et de solidarité sociale.

    “Depuis une semaine, Raphaël André se cachait des policiers durant le couvre-feu”, rappelle la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé. “Serait-il encore vivant si les pouvoirs publics connaissaient la réalité de l’itinérance ? Si les intervenants sur le terrain avaient été consultés avant le couvre-feu ? Je crois que oui.”

    Pour sa part, la députée du Parti québécois Véronique Hivon croit que “le couvre-feu dont le gouvernement refuse d’exempter les sans-abri exacerbe la pression déjà énorme qu’ils vivent depuis le début de la pandémie”.

    Elle parraine une pétition signée plus de 10 000 fois pour demander l’exemption des itinérants du couvre-feu.

    #François_Legault #SDF #sans-abri #police #SPVM #couvre-feu #inuits #Lionel_Carmant #canada #québec #quebec #peuples_autochtones #peuples_autochtones #peuples_premiers #nations_premières #premières_nations #autochtones #colonialisme

  • La Première Internationale
    Entretien avec Mathieu Léonard

    https://lavoiedujaguar.net/La-Premiere-Internationale-Entretien-avec-Mathieu-Leonard

    L’Émancipation des travailleurs. Une histoire de la Première Internationale
    Mathieu Léonard (éditions La Fabrique, 2011)

    (...) Seize ans avant la création de l’Internationale, il y a l’échec de 1848. Répression de masse, exil… Il y a dans l’air l’idée d’un crépuscule des révolutions au XIXe siècle, même si la Commune semblera contredire cette impression. Nombreux sont ceux qui en viennent à penser qu’il faut passer par d’autres formes d’actions et d’organisations politiques, d’autant que quelques États européens s’ouvrent peu à peu à un certain pluralisme, qui permet la constitution de partis ou de syndicats. La construction de l’AIT ne se fait pas sur le projet d’une insurrection armée, même si des internationalistes, comme les blanquistes (surtout à partir de la Commune), y sont favorables. Son but est d’y aller piano. C’est le jeu de l’histoire et la lutte des classes qui conduit l’Internationale à la révolution, ce n’est pas une aspiration de sédition qu’elle porte en elle-même. Les patrons et les grandes puissances vont peu à peu la désigner comme une force subversive et la diaboliser. Pourtant, il faut relire la définition de la révolution dans La Révolution politique et sociale, un journal de l’AIT sous la Commune, pour mesurer la prudence des internationaux pris dans le feu de l’histoire : « Nous sommes pour la révolution, c’est-à-dire un état de choses tel que, sans secousse, sans désordre, sans coup d’État, sans émeutes, sans léser aucun intérêt légitime, les réformes politiques et sociales, cessant par la liberté complète de pensée d’être un épouvantail pour les niais et les ignorants, puissent passer aisément du domaine de la théorie sur le terrain de la pratique… » (...)

    #Première_Internationale #essai #histoire #prolétariat #révolutions #Commune #Marx #Bakounine

  • Le néo-populisme est un néo- libéralisme

    Comment être libéral et vouloir fermer les frontières ? L’histoire du néolibéralisme aide à comprendre pourquoi, en Autriche et en Allemagne, extrême droite et droite extrême justifient un tel grand écart : oui à la libre-circulation des biens et des richesses, non à l’accueil des migrants.

    https://aoc.media/analyse/2018/07/03/neo-populisme-neo-liberalisme

    –-> je re-signale ici un article publié dans AOC media qui date de 2018, sur lequel je suis tombée récemment, mais qui est malheureusement sous paywall

    #populisme #libéralisme #néo-libéralisme #néolibéralisme #fermeture_des_frontières #frontières #histoire #extrême_droite #libre-circulation #migrations #Allemagne #Autriche

    ping @karine4 @isskein

    • #Globalists. The End of Empire and the Birth of Neoliberalism

      Neoliberals hate the state. Or do they? In the first intellectual history of neoliberal globalism, #Quinn_Slobodian follows a group of thinkers from the ashes of the Habsburg Empire to the creation of the World Trade Organization to show that neoliberalism emerged less to shrink government and abolish regulations than to redeploy them at a global level.

      Slobodian begins in Austria in the 1920s. Empires were dissolving and nationalism, socialism, and democratic self-determination threatened the stability of the global capitalist system. In response, Austrian intellectuals called for a new way of organizing the world. But they and their successors in academia and government, from such famous economists as Friedrich Hayek and Ludwig von Mises to influential but lesser-known figures such as Wilhelm Röpke and Michael Heilperin, did not propose a regime of laissez-faire. Rather they used states and global institutions—the League of Nations, the European Court of Justice, the World Trade Organization, and international investment law—to insulate the markets against sovereign states, political change, and turbulent democratic demands for greater equality and social justice.

      Far from discarding the regulatory state, neoliberals wanted to harness it to their grand project of protecting capitalism on a global scale. It was a project, Slobodian shows, that changed the world, but that was also undermined time and again by the inequality, relentless change, and social injustice that accompanied it.

      https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674979529

      #livre #empire #WTO #capitalisme #Friedrich_Hayek #Ludwig_von_Mises #Wilhelm_Röpke #Michael_Heilperin #Etat #Etat-nation #marché #inégalités #injustice #OMC

    • Quinn Slobodian : « Le néolibéralisme est travaillé par un conflit interne »

      Pour penser les hybridations contemporaines entre néolibéralisme, #autoritarisme et #nationalisme, le travail d’historien de Quinn Slobodian, encore peu connu en France, est incontournable. L’auteur de Globalists nous a accordé un #entretien.

      L’élection de Trump, celle de Bolsonaro, le Brexit… les élites des partis de #droite participant au #consensus_néolibéral semblent avoir perdu le contrôle face aux pulsions nationalistes, protectionnistes et autoritaires qui s’expriment dans leur propre camp ou chez leurs concurrents les plus proches.

      Pour autant, ces pulsions sont-elles si étrangères à la #doctrine_néolibérale ? N’assisterait-on pas à une mutation illibérale voire nativiste de la #globalisation_néolibérale, qui laisserait intactes ses infrastructures et sa philosophie économiques ?

      Le travail de Quinn Slobodian, qui a accordé un entretien à Mediapart (lire ci-dessous), apporte un éclairage précieux à ces questions. Délaissant volontairement la branche anglo-américaine à laquelle la pensée néolibérale a souvent été réduite, cet historien a reconstitué les parcours de promoteurs du néolibéralisme ayant accompli, au moins en partie, leur carrière à #Genève, en Suisse (d’où leur regroupement sous le nom d’#école_de_Genève).

      Dans son livre, Globalists (Harvard University Press, 2018, non traduit en français), ce professeur associé au Wellesley College (près de Boston) décrit l’influence croissante d’un projet intellectuel né « sur les cendres de l’empire des Habsbourg » à la fin de la Première Guerre mondiale, et qui connut son apogée à la création de l’#Organisation_mondiale_du_commerce (#OMC) en 1995.

      À la suite d’autres auteurs, Slobodian insiste sur le fait que ce projet n’a jamais été réductible à un « #fondamentalisme_du_marché », opposé par principe à la #puissance_publique et au #droit. Selon lui, l’école de Genève visait plutôt un « #enrobage » ( encasement ) du #marché pour en protéger les mécanismes. L’objectif n’était pas d’aboutir à un monde sans #frontières et sans lois, mais de fabriquer un #ordre_international capable de « sauvegarder le #capital », y compris contre les demandes des masses populaires.

      Dans cette logique, la division du monde en unités étatiques a le mérite d’ouvrir des « voies de sortie » et des possibilités de mise en #concurrence aux acteurs marchands, qui ne risquent pas d’être victimes d’un Léviathan à l’échelle mondiale. Cela doit rester possible grâce à la production de #règles et d’#institutions, qui protègent les décisions de ces acteurs et soustraient l’#activité_économique à la versatilité des choix souverains.

      On l’aura compris, c’est surtout la #liberté de l’investisseur qui compte, plus que celle du travailleur ou du citoyen – Slobodian cite un auteur se faisant fort de démontrer que « le #libre_commerce bénéficie à tous, même sans liberté de migration et si les peuples restent fermement enracinés dans leurs pays ». Si la compétition politique peut se focaliser sur les enjeux culturels, les grandes orientations économiques doivent lui échapper.

      L’historien identifie dans son livre « trois #ruptures » qui ont entretenu, chez les néolibéraux qu’il a étudiés, la hantise de voir s’effondrer les conditions d’un tel ordre de marché. La guerre de 14-18 a d’abord interrompu le développement de la « première mondialisation », aboutissant au morcellement des empires de la Mitteleuropa et à l’explosion de revendications démocratiques et sociales.

      La #Grande_Dépression des années 1930 et l’avènement des fascismes ont constitué un #traumatisme supplémentaire, les incitant à rechercher ailleurs que dans la science économique les solutions pour « sanctuariser » la mobilité du capital. Les prétentions au #protectionnisme de certains pays du « Sud » les ont enfin poussés à s’engager pour des accords globaux de #libre_commerce.

      L’intérêt supplémentaire de Globalists est de nous faire découvrir les controverses internes qui ont animé cet espace intellectuel, au-delà de ses objectifs communs. Une minorité des néolibéraux étudiés s’est ainsi montrée sinon favorable à l’#apartheid en #Afrique_du_Sud, du moins partisane de droits politiques limités pour la population noire, soupçonnée d’une revanche potentiellement dommageable pour les #libertés_économiques.

      Le groupe s’est également scindé à propos de l’#intégration_européenne, entre ceux qui se méfiaient d’une entité politique risquant de fragmenter le marché mondial, et d’autres, qui y voyaient l’occasion de déployer une « Constitution économique », pionnière d’un « modèle de gouvernance supranationale […] capable de résister à la contamination par les revendications démocratiques » (selon les termes du juriste #Mestmäcker).

      On le voit, la recherche de Slobodian permet de mettre en perspective historique les tensions observables aujourd’hui parmi les acteurs du néolibéralisme. C’est pourquoi nous avons souhaité l’interroger sur sa vision des évolutions contemporaines de l’ordre politique et économique mondial.

      Dans votre livre, vous montrez que les néolibéraux donnent beaucoup d’importance aux #règles et peuvent s’accommoder des #frontières_nationales, là où cette pensée est souvent présentée comme l’ennemie de l’État. Pourriez-vous éclaircir ce point ?

      Quinn Slobodian : Quand on parle d’ouverture et de fermeture des frontières, il faut toujours distinguer entre les biens, l’argent ou les personnes. Mon livre porte surtout sur le #libre_commerce, et comment des #lois_supranationales l’ont encouragé. Mais si l’on parle des personnes, il se trouve que dans les années 1910-1920, des néolibéraux comme #von_Mises étaient pour le droit absolu de circuler.

      Après les deux guerres mondiales, cette conception ne leur est plus apparue réaliste, pour des raisons de #sécurité_nationale. #Hayek a par exemple soutenu l’agenda restrictif en la matière de #Margaret_Thatcher.

      Même si l’on met la question de l’immigration de côté, je persiste à souligner que les néolibéraux n’ont rien contre les frontières, car celles-ci exercent une pression nécessaire à la #compétitivité. C’est pourquoi l’existence simultanée d’une économie intégrée et de multiples communautés politiques n’est pas une contradiction pour eux. De plus, une « #gouvernance_multiniveaux » peut aider les dirigeants nationaux à résister aux pressions populaires. Ils peuvent se défausser sur les échelons de gouvernement qui leur lient les mains, plus facilement que si on avait un véritable #gouvernement_mondial, avec un face-à-face entre gouvernants et gouvernés.

      Cela pose la question du rapport entre néolibéralisme et #démocratie

      Les néolibéraux voient la démocratie de manière très fonctionnelle, comme un régime qui produit plutôt de la #stabilité. C’est vrai qu’ils ne l’envisagent qu’avec des contraintes constitutionnelles, lesquelles n’ont pas à être débordées par la volonté populaire. D’une certaine façon, la discipline que Wolfgang Schaüble, ex-ministre des finances allemand, a voulu imposer à la Grèce résulte de ce type de pensée. Mais c’est quelque chose d’assez commun chez l’ensemble des libéraux que de vouloir poser des bornes à la #démocratie_électorale, donc je ne voudrais pas faire de mauvais procès.

      Les élections européennes ont lieu le 26 mai prochain. Pensez-vous que l’UE a réalisé les rêves des « globalists » que vous avez étudiés ?

      C’est vrai que la #Cour_de_justice joue le rôle de gardienne des libertés économiques au centre de cette construction. Pour autant, les règles ne se sont pas révélées si rigides que cela, l’Allemagne elle-même ayant dépassé les niveaux de déficit dont il était fait si grand cas. Plusieurs craintes ont agité les néolibéraux : celle de voir se développer une #Europe_sociale au détriment de l’#intégration_négative (par le marché), ou celle de voir la #monnaie_unique empêcher la #concurrence entre #monnaies, sans compter le risque qu’elle tombe aux mains de gens trop peu attachés à la stabilité des prix, comme vous, les Français (rires).

      Plus profondément, les néolibéraux sceptiques se disaient qu’avec des institutions rendues plus visibles, vous créez des cibles pour la #contestation_populaire, alors qu’il vaut mieux des institutions lointaines et discrètes, produisant des règles qui semblent naturelles.

      Cette opposition à l’UE, de la part de certains néolibéraux, trouve-t-elle un héritage parmi les partisans du #Brexit ?

      Tout à fait. On retrouve par exemple leur crainte de dérive étatique dans le #discours_de_Bruges de Margaret Thatcher, en 1988. Celle-ci souhaitait compléter le #marché_unique et travailler à une plus vaste zone de #libre-échange, mais refusait la #monnaie_unique et les « forces du #fédéralisme et de la #bureaucratie ».

      Derrière ce discours mais aussi les propos de #Nigel_Farage [ex-dirigeant du parti de droite radicale Ukip, pro-Brexit – ndlr], il y a encore l’idée que l’horizon de la Grande-Bretagne reste avant tout le #marché_mondial. Sans préjuger des motivations qui ont mené les citoyens à voter pour le Brexit, il est clair que l’essentiel des forces intellectuelles derrière cette option partageaient des convictions néolibérales.

      « L’hystérie sur les populistes dramatise une situation beaucoup plus triviale »

      De nombreux responsables de droite sont apparus ces dernières années, qui sont à la fois (très) néolibéraux et (très) nationalistes, que l’on pense à Trump ou aux dirigeants de l’#Alternative_für_Deutschland (#AfD) en Allemagne. Sont-ils une branche du néolibéralisme ?

      L’AfD est née avec une plateforme ordo-libérale, attachée à la #stabilité_budgétaire en interne et refusant toute solidarité avec les pays méridionaux de l’UE. Elle joue sur l’#imaginaire de « l’#économie_sociale_de_marché », vantée par le chancelier #Erhard dans les années 1950, dans un contexte où l’ensemble du spectre politique communie dans cette nostalgie. Mais les Allemands tiennent à distinguer ces politiques économiques du néolibéralisme anglo-saxon, qui a encouragé la #financiarisation de l’économie mondiale.

      Le cas de #Trump est compliqué, notamment à cause du caractère erratique de sa prise de décision. Ce qui est sûr, c’est qu’il brise la règle néolibérale selon laquelle l’économie doit être dépolitisée au profit du bon fonctionnement de la concurrence et du marché. En ce qui concerne la finance, son agenda concret est complètement néolibéral.

      En matière commerciale en revanche, il est sous l’influence de conseillers qui l’incitent à une politique agressive, notamment contre la Chine, au nom de l’#intérêt_national. En tout cas, son comportement ne correspond guère à la généalogie intellectuelle de la pensée néolibérale.

      Vous évoquez dans votre livre « l’#anxiété » qui a toujours gagné les néolibéraux. De quoi ont-ils #peur aujourd’hui ?

      Je dirais qu’il y a une division parmi les néolibéraux contemporains, et que la peur de chaque camp est générée par celui d’en face. Certains tendent vers le modèle d’une intégration supranationale, avec des accords contraignants, que cela passe par l’OMC ou les méga-accords commerciaux entre grandes régions du monde.

      Pour eux, les Trump et les pro-Brexit sont les menaces contre la possibilité d’un ordre de marché stable et prospère, à l’échelle du globe. D’un autre côté figurent ceux qui pensent qu’une #intégration_supranationale est la #menace, parce qu’elle serait source d’inefficacités et de bureaucratie, et qu’une architecture institutionnelle à l’échelle du monde serait un projet voué à l’échec.

      Dans ce tableau, jamais la menace ne vient de la gauche ou de mouvement sociaux, donc.

      Pas vraiment, non. Dans les années 1970, il y avait bien le sentiment d’une menace venue du « Sud global », des promoteurs d’un nouvel ordre économique international… La situation contemporaine se distingue par le fait que la #Chine acquiert les capacités de devenir un acteur « disruptif » à l’échelle mondiale, mais qu’elle n’en a guère la volonté. On oublie trop souvent que dans la longue durée, l’objectif de l’empire chinois n’a jamais consisté à étendre son autorité au-delà de ses frontières.

      Aucun des auteurs que je lis n’est d’ailleurs inquiet de la Chine à propos du système commercial mondial. Le #capitalisme_autoritaire qu’elle incarne leur paraît tout à fait convenable, voire un modèle. #Milton_Friedman, dans ses derniers écrits, valorisait la cité-État de #Hong-Kong pour la grande liberté économique qui s’y déploie, en dépit de l’absence de réelle liberté politique.

      Le débat serait donc surtout interne aux néolibéraux. Est-ce qu’il s’agit d’un prolongement des différences entre « l’école de Genève » que vous avez étudiée, et l’« l’école de Chicago » ?

      Selon moi, le débat est un peu différent. Il rappelle plutôt celui que je décris dans mon chapitre sur l’intégration européenne. En ce sens, il oppose des « universalistes », partisans d’un ordre de marché vraiment global construit par le haut, et des « constitutionnalistes », qui préfèrent le bâtir à échelle réduite, mais de façon plus sûre, par le bas. L’horizon des héritiers de l’école de Chicago reste essentiellement borné par les États-Unis. Pour eux, « l’Amérique c’est le monde » !

      On dirait un slogan de Trump.

      Oui, mais c’est trompeur. Contrairement à certains raccourcis, je ne pense pas que Trump veuille un retrait pur et simple du monde de la part des États-Unis, encore moins un modèle autarcique. Il espère au contraire que les exportations de son pays s’améliorent. Et si l’on regarde les accords qu’il a voulu renégocier, quels sont les résultats ?

      Avec le Mexique, on a abouti à quelque chose de très proche de ce qui existait déjà. Dans le débat dont j’ai esquissé les contours, il serait plutôt du côté des constitutionnalistes, avec des accords de proximité qui s’élargiraient, mais garderaient la Chine à distance. De façon générale, l’hystérie sur les populistes au pouvoir me semble dramatiser une situation beaucoup plus triviale, qui oppose des stratégies quant à la réorganisation de l’économie mondiale.

      Est-ce que le rejet de la Chine s’inscrit dans la même logique que les positions hostiles à l’immigration de Hayek en son temps, et de Trump ou des pro-Brexit aujourd’hui ? En somme, y aurait-il certains pays, comme certains groupes, qui seraient soupçonnés d’être culturellement trop éloignés du libre marché ?

      On retrouve chez certains auteurs l’idée que l’homo œconomicus, en effet, n’est pas universel. Les règles du libre marché ne pourraient être suivies partout dans le monde. Cette idée d’une altérité impossible à accommoder n’est pas réservée à des ressentiments populaires. Elle existe dans le milieu des experts et des universitaires, qui s’appuient sur certains paradigmes scientifiques comme le #néo-institutionnalisme promu par des auteurs comme #Douglass_North. Cette perspective suppose qu’à un modèle socio-économique particulier, doivent correspondre des caractéristiques culturelles particulières.

      https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/100319/quinn-slobodian-le-neoliberalisme-est-travaille-par-un-conflit-interne #WWI #première_guerre_mondiale

  • E la corsia si trasformò in trincea. Come è stato curato il «paziente 1»

    Testimonianza. L’infettivologo di Pavia #Raffaele_Bruno racconta la sua lotta al contagio (HarperCollins)

    Un desiderio e un ricordo. Il trentottenne #Mattia_Maestri, il giovane e sano maratoneta la cui colonna sonora della vita può essere Born to Run di Bruce Springsteen e ormai noto come paziente 1, si risveglia dopo 20 giorni di coma con la voglia di mangiare una pizza con cipolla e salame piccante e in mente le ultime parole sentite da un infermiere prima di essere intubato: «Il coronavirus Cudogn ensa’ nianche addu sta» (il coronavirus non sa neanche dove sia di casa Codogno). Mai previsione più sbagliata. Ancora oggi, a quasi dieci mesi di distanza da quel 20 febbraio 2020 alle ore 20, ci ritroviamo a essere parte di una storia che credevamo e speravamo mai potesse accadere.

    Leggere Un medico. La storia del dottore che ha curato il paziente 1 (HarperCollins), scritto in prima persona dall’infettivologo del San Matteo di Pavia Raffaele Bruno con il giornalista di Sky Tg24 Fabio Vitale, non vuol dire tanto essere catapultati di nuovo nelle corsie d’ospedale di marzo e aprile con i pazienti moribondi in fame di ossigeno, quanto piuttosto rimettere in fila le priorità delle nostre vite: «Credo in Dio, ma quello che vedo in ospedale sta facendo vacillare la convinzione che ci sia qualcuno lassù che possa consentire tutto questo — scrive Bruno —. Un dio che lascia morire genitori o figli così, da soli. Avresti bisogno di una carezza, di una parola di conforto prima di andare via per sempre, e invece ti ritrovi in un letto d’ospedale con attorno medici e infermieri che non riesci nemmeno a vedere in faccia».

    Adesso siamo sotto Natale e abbiamo voglia più che mai di lasciarci tutto alle spalle. La testimonianza di Bruno ci fa capire perché ciò non è ancora possibile. La storia del dottore che ha curato il paziente 1 aiuta a ritrovare quella forza collettiva che in primavera ci faceva mettere sui balconi i tricolori, teli e cartelli con su scritto «Andrà tutto bene» e definire i medici eroi. Una resilienza che non può venire meno neppure in un’Italia con l’economia in crisi e i nervi a fior di pelle.

    Partito da Cosenza e dopo gli anni romani a Tor Vergata, Bruno cresce professionalmente all’epoca della lotta senza quartiere all’Hiv e all’epatite C, per trovare a Pavia le dimensioni di una città piccola, ma con la vivacità del grande polo universitario. È il 21 gennaio 2020 quando il dottore fa una promessa a sé stesso: «In palestra due volte alla settimana, niente alibi». Bike e tapis roulant, sessanta minuti che ricomprendono pure la doccia e il ritorno a casa. I casi di cittadini cinesi positivi a un nuovo coronavirus sono ancora a fondo pagina sui siti di informazione.

    Nel giro di un mese la palestra diventa un lontano ricordo, i giornali non parlano (quasi) d’altro. Per Bruno la decisione obbligata è di vivere in una sorta di isolamento dalla famiglia: camere separate per lui e la moglie, la figlia Matilde per un po’ dalla suocera. Le notti sono in reparto, le facce sono sempre le stesse, segno che nessuno riposa da settimane. Saltati riposi, permessi, congedi, ferie. I giorni passano e il virus non risparmia nemmeno i colleghi. Sono i mesi più duri, quelli in cui ai medici sembra di essere tornati nell’Ottocento. Senza certezze.

    Corre parallela la storia del paziente 1. «Se salvi Mattia, salvi l’Italia», si sente ripetere Bruno. La guarigione di Mattia può essere la prova che da questa malattia si può guarire, anche se dopo aver combattuto a lungo. Quel giorno arriva: «Caro Mattia, sei pronto?». «Per cosa, professore?» «Non volevi andare a casa?».

    Con il passare delle settimane subentra, però, anche l’insofferenza. Il dottore l’intercetta nelle parole di un passante: «Va bene, professore, lasci perdere. Prima ci chiudete in casa, poi non sapete dirci perché né per quanto tempo. La saluto, arrivederci». Scrive Bruno: «Resto immobile, seguendo con lo sguardo la sagoma di quest’uomo che scompare in un vicolo». Alla fine del libro la consapevolezza è che «siamo tutti dentro una pagina di storia condivisa che non va dimenticata. La normalità resta un privilegio. E la memoria l’arma più potente per affrontare nuove crisi».

    https://www.corriere.it/digital-edition/CORRIEREFC_NAZIONALE_WEB/2020/12/15/43/pe-la-span-classrossocorsiaspan-si-trasformo-in-trinceap-pcome-e-stato-cura

    #Italie #premier_patient_covid #covid-19 #coronavirus #patient_0 #patient_1 #témoignage

    • Un medico

      Raffaele Bruno è un medico, da un anno è Direttore della Clinica di Malattie Infettive al Policlinico San Matteo di Pavia. A gennaio, come molti dottori italiani, viene a sapere di un nuovo virus, che stava iniziando a far vittime in Cina: il SARS-CoV2. Ancora non può immaginare che, neanche un mese più tardi, si troverà a dover curare Mattia, un giovane uomo di Codogno, il primo paziente italiano conosciuto. È con la sua malattia che il Covid-19, rimasto fi no a quel momento un’idea spaventosa, diventa una realtà presente e terribile. Con il suo ricovero ha ufficialmente inizio, in Europa, la più grande emergenza sanitaria degli ultimi cento anni, ha inizio un’odissea che riguarderà prima il nostro paese, poi tutto il continente, infine il mondo intero. Bruno e i suoi colleghi dovranno affrontare un virus sconosciuto e tremendo, di cui nessuno sa nulla e che li farà sentire “come medici dell’800” che devono costruirsi le conoscenze sul campo. Scritto con Fabio Vitale, tra i principali volti di Sky TG24, Un medico racconta i primi mesi della lotta contro il Covid-19 nel cuore della regione italiana più colpita, la Lombardia, che suo malgrado si è improvvisamente e drammaticamente ritrovata a essere “il centro del mondo”. Una testimonianza diretta e indimenticabile che si legge come un romanzo, la storia che ricostruisce quei giorni terribili in cui però non si è persa la speranza. Un libro che ribadisce come di fronte alle avversità o alle grandi calamità sia necessario riscoprire il coraggio che è in noi e ciò che veramente è importante, un libro che ci ricorda quello per cui vale la pena di battersi e lottare.

      https://www.harpercollins.it/9788869059032/un-medico

      #livre

  • #Police attitude, 60 ans de #maintien_de_l'ordre - Documentaire

    Ce film part d´un moment historique : en 2018-2019, après des affrontements violents entre forces de l´ordre et manifestants, pour la première fois la conception du maintien de l´ordre a fait l´objet de très fortes critiques et d´interrogations insistantes : quelle conception du maintien de l´ordre entraîne des blessures aussi mutilante ? N´y a t-il pas d´autres manières de faire ? Est-ce digne d´un État démocratique ? Et comment font les autres ? Pour répondre à ces questions, nous sommes revenus en arrière, traversant la question du maintien de l´ordre en contexte de manifestation depuis les années 60. Pas seulement en France, mais aussi chez nos voisins allemands et britanniques, qui depuis les années 2000 ont sérieusement repensé leur doctrine du maintien de l´ordre. Pendant ce temps, dans notre pays les autorités politiques et les forces de l´ordre, partageant la même confiance dans l´excellence d´un maintien de l´ordre « à la française » et dans le bien-fondé de l´armement qui lui est lié, ne jugeaient pas nécessaire de repenser la doctrine. Pire, ce faisant c´est la prétendue « doctrine » elle-même qui se voyait de plus en plus contredite par la réalité d´un maintien de l´ordre musclé qui devenait la seule réponse française aux nouveaux contestataires - lesquels certes ne rechignent pas devant la violence, et c´est le défi nouveau qui se pose au maintien de l´ordre. Que nous apprend in fine cette traversée de l´Histoire ? Les approches alternatives du maintien de l´ordre préférées chez nos voisins anglo-saxons ne sont sans doute pas infaillibles, mais elles ont le mérite de dessiner un horizon du maintien de l´ordre centré sur un rapport pacifié aux citoyens quand nous continuons, nous, à privilégier l´ordre et la Loi, quitte à admettre une quantité non négligeable de #violence.

    https://www.dailymotion.com/video/x7xhmcw


    #France #violences_policières
    #film #film_documentaire #Stéphane_Roché #histoire #morts_de_Charonne #Charonne #répression #mai_68 #matraque #contact #blessures #fractures #armes #CRS #haie_d'honneur #sang #fonction_républicaine #Maurice_Grimaud #déontologie #équilibre #fermeté #affrontements #surenchère #désescalade_de_la_violence #retenue #force #ajustement_de_la_force #guerilla_urbaine #CNEFG #Saint-Astier #professionnalisation #contact_direct #doctrine #maintien_de_l'ordre_à_la_française #unités_spécialisées #gendarmes_mobiles #proportionnalité #maintien_à_distance #distance #Allemagne #Royaume-Uni #policing_by_consent #UK #Angleterre #Allemagne #police_militarisée #Irlande_du_Nord #Baton_rounds #armes #armes_à_feu #brigades_anti-émeutes #morts #décès #manifestations #contestation #voltigeurs_motoportés #rapidité #23_mars_1979 #escalade #usage_proportionné_de_la_force #Brokdorf #liberté_de_manifester #innovations_techniques #voltigeurs #soulèvement_de_la_jeunesse #Malik_Oussekine #acharnement #communication #premier_mai_révolutionnaire #Berlin #1er_mai_révolutionnaire #confrontation_violente #doctrine_de_la_désescalade #émeutes #G8 #Gênes #Good_practice_for_dialogue_and_communication (#godiac) #projet_Godiac #renseignement #état_d'urgence #BAC #brigades_anti-criminalité #2005 #émeutes_urbaines #régime_de_l'émeute #banlieue #LBD #flashball #lanceur_de_balles_à_distance #LBD_40 #neutralisation #mutilations #grenades #grenade_offensive #barrage_de_Sivens #Sivens #Rémi_Fraisse #grenade_lacrymogène_instantanée #cortège_de_tête #black_bloc #black_blocs #gilets_jaunes #insurrection #détachement_d'action_rapide (#DAR) #réactivité #mobilité #gestion_de_foule #glissement #Brigades_de_répression_des_actions_violentes_motorisées (#BRAV-M) #foule #contrôle_de_la_foule #respect_de_la_loi #hantise_de_l'insurrection #adaptation #doctrine #guerre_civile #défiance #démocratie #forces_de_l'ordre #crise_politique

  • #En_découdre - paroles ouvrières en roannais

    Après la deuxième guerre mondiale, l’industrie textile emploie des milliers d’ouvrières sur le territoire Roannais. Elles produisent des vêtements de luxe dont la qualité est reconnue dans la France entière. A travers une série d’entretiens, ce film retrace l’histoire de ces femmes rentrant souvent jeunes à l’usine. Elles y découvrent des conditions de travail difficiles, le paternalisme patronal, mais également la solidarité ouvrière. Relatant les inégalités qui se jouent entre ouvriers et ouvrières, elles décrivent surtout la rencontre avec la culture syndicale et leur volonté d’en découdre avec l’exploitation. Des promesses d’émancipation de « mai 1968 » jusqu’aux combats contre la fermeture des usines et les destructions de leurs emplois à partir des années 1980, ces paroles ouvrières livrent une mémoire à la fois personnelle et politique des grandes mutations du monde contemporain.

    https://vimeo.com/330751537


    #ouvrières #femmes #industrie #femmes_ouvrières #France #industrie #histoire #industrie_textile #textile #témoignages #histoire_ouvrière #CGT #syndicat #syndicalisme #usines #bruit #paternalisme
    #film #film_documentaire #salaires #sainte_Catherine #cadeaux #droit_de_cuissage #inégalités_salariales #émancipation #premier_salaire #désindustrialisation #métallurgie #conditions_de_travail #horaire #horaire_libre #grève #occupation #Rhônes-Alpes #délocalisation #toilettes #incendies #chantage #treizième_salaire #plans_sociaux #outils_de_travail #Comité_national_de_la_Résistance (#CNR) #chronométrage #maladie_du_travail #prêt-à-porter #minutage #primes #prime_au_rendement #solidarité #compétition #rendement_personnel #esprit_de_camaraderie #luttes #mai_68 #1968 #licenciement #ARCT #financiarisation #industrie_textile

  • There are six French communes with 0 inhabitants. These are villages destroyed during the First World War that continue to exist as a tribute to the dead. They even still have an administration, with a mayor and two deputies.

    https://twitter.com/BjnNowak/status/1329300338399129601

    #France #mémoire #cartographie #visualisation #géographie_du_vide #géographie_du_plein #Benjamin_Nowak #village-martyr #destruction #WWI #première_guerre_mondiale #Fleury #Beaumont #Hautmont #Louvemont #Cumieres #Bezonvaux
    #Verdun et #Douaumont
    via @reka
    ping @simplicissimus

  • #Canada: Climate Crisis Toll on First Nations’ Food Supply | Human Rights Watch
    https://www.hrw.org/news/2020/10/21/canada-climate-crisis-toll-first-nations-food-supply
    https://www.hrw.org/sites/default/files/media_2020/10/202010americas_canada_climate+change_main.jpg

    Climate change is taking a growing toll on First Nations in Canada, depleting food sources and affecting health.
    Canada is contributing to the climate crisis, which acutely affects Indigenous peoples who live off the land.
    Canada should urgently scale up its efforts to reduce emissions, and provide financial and technical support to First Nations dealing with the effects.

    (Ottawa) – Climate change is taking a growing toll on First Nations in Canada, depleting food sources and affecting health, Human Rights Watch said in a report released today. The Canadian government is not adequately supporting First Nations’ efforts to adapt to the mounting crisis and is failing to do its part to reduce the global greenhouse gas emissions that are driving it.

    #premières_nations #climat #peuples_autochtones

  • #Lettre_ouverte à l’organisation #Survivors’_Agenda qui prétend parler au nom des survivantes de l’exploitation sexuelle
    https://tradfem.wordpress.com/2020/10/10/lettre-ouverte-a-lorganisation-survivors-agenda-qui-pretend-parle

    Nous sommes des autochtones, des représentant.e.s des premières nations, des « intouchables », des métis.ses, des Européen.ne.s et des descendants d’Européen.ne.s, des Africain.ne.s et des descendant.e.s d’Africain.ne.s, des Latino-Américain.e.s et des Antillais.es, mais aussi des Asiatiques et des Océanien.ne.s des six continents. Survivors’ Agenda est basée aux États-Unis, mais les signataires américain.e.s ci-dessous sont rejoints par d’autres militant.e.s du monde entier, qui partagent des systèmes étatiques cautionnant l’oppression, le patriarcat, le néocolonialisme, ainsi que la discrimination basée sur le sexe et le genre. Nous savons tous que la justice et l’égalité, la paix et les droits humains demeureront hors de portée partout dans le monde tant que l’achat et la vente d’êtres humains dans le système prostitutionnel continueront à exister. Nous ne parvenons pas à croire qu’en dépit des conclusions de l’Organisation des Nations Unies, de leurs agences, ainsi que des gouvernements du monde entier, vous vous refusiez à admettre que le commerce du sexe est un phénomène qui se chiffre en milliards de dollars, qui se caractérise par une exploitation honteuse, et qui fonctionne comme un marché, soumis aux forces de l’offre et de la demande, où l’incitation à réaliser des profits importants est considérable.

    Dans ce contexte, l’« offre » est constituée de personnes en situation de grandes vulnérabilités, pour la plupart des femmes, des filles et des jeunes transgenres/au genre non conforme, en particulier appartenant à des minorités visibles. La « demande » pour leurs corps émane d’acheteurs d’actes sexuels ― quasiment tous des hommes ― tout cela pour les profits de tout un éventail d’exploiteurs.

    Le Survivors’ Agenda ne paraît pas comprendre que chaque dollar généré par le commerce du sexe provient de chaque centime que les acheteurs d’actes sexuels paient pour cet accès.

    Pour cosigner ce texte avec déjà plus d’un millier d’opposant-e-s à la décriminalisation du proxénétisme : https://docs.google.com/forms/d/16-PD4IzFoH3gfcRkzJF39hChladAQkmSR2LfO19hihw/edit

    #WeDissent #exploitation_sexuelle #système_prostitutionnel #violences_masculine #premières_nations #femmes_autochtones

  • Recherche : la majorité adopte une loi rejetée par le monde universitaire

    Les députés ont adopté jeudi la loi de programmation de la recherche voulue par le gouvernement. Le monde universitaire, qui doit organiser une rentrée en pleine pandémie, est très hostile à un projet qui ne répond en rien aux besoins pressants.

    « Scandaleux, difficile, déprimant. » Voilà comment Marie Sonnette, sociologue à l’université d’Angers et membre active du collectif « Facs et labos en lutte », a vécu le vote par les députés de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche, dite LPPR.

    Présenté en juillet devant le conseil des ministres après plusieurs reports, le texte a en effet été adopté jeudi à l’Assemblée nationale en première lecture. Depuis son annonce jusqu’au début de l’actuelle navette parlementaire, il a suscité de vives oppositions, dont l’expression a notamment été favorisée par la mobilisation plus vaste contre la réforme des retraites.

    Cette dernière semaine, un avis quasi unanime et « au vitriol » du Conseil économique, social et environnemental (Cese) a conforté l’hostilité au texte d’une large majorité de l’enseignement supérieur et de la recherche, dont avaient déjà témoigné les prises de position de centaines de directeurs de laboratoires, ou les grèves ayant affecté des dizaines d’universités ainsi que de nombreuses revues académiques. Par contraste, il ne s’est récemment trouvé que cinq professeurs au Collège de France – une des institutions les plus privilégiées – pour défendre explicitement la loi dans une tribune au Monde.

    Pour la maîtresse de conférences contactée par Mediapart, le spectacle est logiquement pénible de voir le même projet adopté « par 68 personnes dans une salle [les députés qui siégeaient – ndlr], en prétendant que la recherche sera géniale sur les dix prochaines années, alors qu’on sait que les financements restent sous-dimensionnés et la précarité toujours aussi massive. Ce dont on a besoin, on le crie depuis longtemps et rien dans la loi n’apporte de réponse. »

    Du côté de la majorité, on reconnaît d’ailleurs la portée limitée du texte. « On ne va pas faire la révolution, mais nous allons quand même lever des blocages », concédait Danièle Hérin, députée LREM et rapporteuse générale du texte cette semaine à l’Assemblée. Une posture sobre en comparaison de l’emphase de Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui a évoqué dans l’hémicycle des « moyens massifs », censés rattraper une « décennie perdue ».

    À première vue, les chiffres peuvent effectivement impressionner. Il s’agit d’engager 25 milliards d’euros de crédits supplémentaires au cours des dix prochaines années. Une perspective cependant très incertaine, ce que n’a pas manqué de relever le Conseil d’État dans son examen préalable. « Avec un tel horizon, la portée de la programmation des crédits budgétaires ne peut être que limitée, spécialement en fin de période », écrit le Conseil, avant de souligner le risque d’insincérité d’un tel engagement.

    « Pourquoi 10 ans ?, renchérit la députée communiste Elsa Faucillon. On ne voit pas la couleur de l’investissement à court terme. Les députés de la majorité entretiennent ce leurre entre engagements pérennes et engagements lointains. » Car pour 2021, seuls 400 millions d’euros supplémentaires sont prévus, et 800 millions en 2022, soit 5 % de l’enveloppe globale.

    « J’étais favorable à mettre davantage d’argent dès la première année, répond Danièle Hérin, mais comme le plan de relance va permettre d’investir 2 milliards par an supplémentaires, et que des sources de financement régionales et européennes vont arriver, je pense que cela reste raisonnable. » Mais là encore, l’addition est brouillonne puisque les six milliards sur trois ans du plan de relance ne sont pas uniquement dédiés à la recherche mais aussi à l’innovation, en sachant qu’au sein même de la recherche, le privé est concerné autant que le public.

    « On pilote à vue », s’inquiètent également les parlementaires socialistes, qui regrettent l’absence de « trajectoire budgétaire » dans celui adopté jeudi. L’objectif officiel d’investir 1 % du PIB dans la recherche publique ne serait selon eux pas tenu, en raison de simulations budgétaires trop faibles et calculés hors inflation. « On veut construire une belle maison, mais on prend le risque de se retrouver avec un appartement un peu minable à la fin », résume la présidente du groupe des députés PS, Valérie Rabault.

    La majorité n’en démord pas et vante les augmentations salariales concrètes à venir, pour des professions notoirement sous-payées au regard de leur niveau de diplôme. « Plus aucun chercheur ne pourra démarrer sa carrière à moins de deux fois le Smic, contre 1,4 fois le Smic aujourd’hui, soutient la députée LREM Valérie Gomez-Bassac, également rapporteuse du texte. Nous allons aussi verser des primes, entre 1000 et 1300 euros par an pour les titulaires en poste. Les doctorants verront leur allocation de recherche augmenter de 30 % d’ici 2023. Et nous financerons 20 % de thèses en plus. »

    Des salaires légèrement améliorés, par la voie de primes majoritairement, contre un statut encore un peu plus détricoté ? La méthode n’est pas nouvelle, elle guide la transformation de la fonction publique depuis plusieurs décennies, créant des formes nouvelles d’emploi public à tour de bras. « Ces dispositifs sont facultatifs, précise Danièle Hérin. Chacun des établissements sera libre de choisir les outils qui lui conviennent pour remplir ses objectifs. » Libre, mais dans un cadre budgétaire qui restera contraint...

    De nouvelles voies sont donc au programme pour retenir les talents en France, selon le gouvernement. D’une part les « chaires juniors », sur lesquelles pourront postuler les jeunes chercheurs, sur le modèle des « tenure track » du système anglo-américain. Soit un contrat de six ans maximum, parallèle au processus d’intégration comme maître de conférences, et qui pourra, sans obligation, déboucher sur une titularisation comme professeur d’université. « Une procédure de titularisation dérogatoire au droit de la fonction publique », a estimé le CESE, qui risque de mettre encore plus les chercheurs en concurrence.

    D’autre part, les CDI de mission, qui permettront de recruter un chercheur sur la durée d’un projet de recherche. L’exemple souvent brandi par la majorité est celui des études spatiales, où une équipe pourrait recruter quelqu’un sur les vingt années que pourrait durer la mission… si celle-ci est bien financée. Joli tour de passe-passe rhétorique, ce CDI pouvant s’arrêter à tout moment, a glosé l’opposition. « Vous pouvez continuer à nous expliquer qu’il est sécurisant et qu’il n’est pas précaire, a remarqué la députée France insoumise Muriel Ressiguier lors de l’examen de ce point en commission. Ça ne change pas le sens de ce qu’il est réellement : un contrat précaire dont personne ne veut. »

    Sans bouleverser totalement les équilibres, la loi entérine surtout le principe d’une recherche « par projet », où il faut constamment se saisir de son bâton de pèlerin afin de trouver des ressources financières, auprès de l’Agence nationale de la recherche (ANR), de l’Europe, des régions, ou des contributeurs privés. « Nous augmentons aussi la part du soutien de base aux structures de 10 % », plaident les défenseurs du texte au Parlement, sans démentir le fait que l’ANR ne devienne le principal opérateur de financement de la recherche.
    La difficile résistance au rouleau compresseur managérial

    Cette « logique de mise en concurrence des formations et des chercheurs », explique à Mediapart la sociologue Séverine Chauvel, s’inscrit dans « la grande course aux classements » internationaux qui sert de guide à la politique de recherche française. « Il y a de l’argent annoncé dans le LPPR mais on ne souhaite pas qu’il soit injecté de cette façon, et en négligeant autant la question d’enseignement. Le vrai problème, poursuit la maîtresse de conférences à l’Université Paris-Est-Créteil, c’est que nous sommes déjà sous-dotés alors qu’on anticipe une ascension démographique des étudiants. Ce qui manque, ce sont des postes et des financements pérennes. »

    Or, ces dernières années, les crédits pérennes sont déjà passés de 65 à 61 % des sommes totales allouées. « Dans ce texte, on peut tout à faire imaginer que ce ratio s’inverse, prévient la socialiste Valérie Rabault. C’est très grave quand on veut faire de la recherche de long terme. » À cet égard, le PS a d’ailleurs beaucoup à se faire pardonner.

    Pendant sa campagne présidentielle de 2012, François Hollande avait en effet relayé les nombreuses critiques contre une gestion managériale de la recherche, débouchant sur une mise en concurrence généralisée au détriment de la stabilité et des libertés académiques. Loin de contrecarrer la tendance, son quinquennat a pourtant été marqué par une forte continuité avec les années Sarkozy déjà mal vécues par les enseignants-chercheurs.

    Physicien et professeur à l’université Paris-Diderot, Bruno Andreotti confirme que le PS a accumulé un « passif énorme » avec ce mandat présidentiel. Dans les années précédentes, rappelle-t-il, la recherche par projets avait pu paraître séduisante à certains proches du milieu socialiste, et être légitimée dans le contexte d’une réaction contre le mandarinat universitaire, cherchant à émanciper les jeunes chercheurs de titulaires au pouvoir excessif. Depuis, la logique managériale (et la précarisation l’accompagnant) s’est étendue à l’ensemble de l’enseignement supérieur et de la recherche.

    À l’occasion du vote de la loi LPPR, le groupe socialiste animé par Valérie Rabault s’est donc efforcé d’accomplir un travail de fond, consistant non seulement à porter la critique contre la LPPR mais aussi à formuler « 25 propositions pour la recherche, les chercheurs et les universités », dessinant un contre-projet de loi alternatif à celui de la Macronie. Une démarche facilitée par la présence d’Isabelle This Saint-Jean au secrétariat national des études du PS : elle-même universitaire, elle est une ancienne présidente du collectif « Sauvons la recherche » et fut très mobilisée en 2009 contre la politique de la droite en la matière.

    Les collectifs en lutte contre la LPPR ont par ailleurs vu leurs combats relayés par les députés de la France insoumise et du parti communiste, dénonciateurs d’une loi « mortifère ». La discussion du texte a aussi été l’occasion pour eux de formuler des contre-propositions, Muriel Ressiguier ayant par exemple déposé des amendements en faveur d’« un plan d’investissement dans l’enseignement supérieur », du « recrutement de nouveaux enseignants-chercheurs » et d’« une politique de reconnaissance renforcée du doctorat ».

    Les équilibres à l’Assemblée ne laissaient cependant aucun doute sur l’issue du vote et les marges de négociation du texte. « Il n’y avait aucun moyen de passer quoi que ce soit et on le savait, d’où le faible travail de lobbying des universitaires », constate Bruno Andreotti, qui souligne la différence avec les années Hollande, lorsque les élus écologistes, notamment Isabelle Attard, constituaient des relais possible pour corriger la politique socialiste.

    De façon plus générale, souligne-t-il à Mediapart, les parlementaires ayant une véritable connaissance technique du système et du dossier se compteraient sur les doigts d’une seule main. « Le spectacle de la discussion à l’Assemblée était en dessous de tout, notamment lorsque des rapporteurs lisent des notes préparées par le cabinet de la ministre, dont on s’aperçoit qu’ils ne comprennent rien. »

    La critique d’une ignorance de leur métier revient d’ailleurs souvent dans la bouche des universitaires interrogés par Mediapart. Séverine Chauvel estime ainsi que la LPPR a été l’occasion, de la part de la majorité au pouvoir, de « mensonges » mais aussi de « propos attestant une méconnaissance totale de l’enseignement supérieur ». La pilule passe d’autant plus mal dans le contexte chaotique à l’université, en pleine rentrée marquée par la pandémie (lire notre article sur « la grande débrouille »).

    « On bosse comme des fous pour faire fonctionner nos universités dans des conditions catastrophiques, confirme Marie Sonnette. Et dans cette rentrée que nous avons l’impression de vivre un peu comme sur le Titanic, tout continue comme si de rien n’était, sans consultation des enseignants-chercheurs, hormis des responsables d’instance. » Concentrée sur la recherche plutôt que sur les conditions de travail et d’apprentissage des étudiants, la LPPR apparaît ainsi en décalage profond avec le vécu des premiers concernés, sans dessiner le moins du monde un horizon qui les rassure.

    Outre le découragement de celles et ceux qui auraient pu envisager une carrière dans le milieu (lire ce témoignage), les titulaires en viennent à parler entre eux de « démission », chose impensable il y a quelques années à peine, tant les postes d’enseignement et de recherche sont convoités et exigent de sacrifices avant d’être obtenus. Avant qu’une éventuelle vague d’« exit » se matérialise, les mobilisations devraient se poursuivre, en particulier si un répit s’annonce après les errements de la rentrée. Les réflexions sur les modalités d’action se poursuivent et des résistances sont à attendre, veut croire Séverine Chauvel. En dépit des échecs essuyés, Marie Sonnette relève que sans mobilisation, la LPPR aurait été « encore plus violente » et la réforme des retraites serait déjà passée.

    Il reste que l’enseignement supérieur et la recherche sont des secteurs tellement fragmentés et divisés par ses multiples tutelles et formes de contrats, que le rouleau compresseur managérial peut y faire son œuvre avec d’autant plus de facilité.

    « La mobilisation de 2009 avait été la plus importante depuis Mai-68, et elle n’a débouché sur rien, cela a laissé des traces », ajoute Bruno Andreotti, qui estime par ailleurs qu’« on ne se défend ni plus, ni mieux, ni moins mal que les réseaux ferrés, les journalistes du service public, les hôpitaux, qui se font démolir leurs métiers comme nous. Sans innovation politique, il ne peut pas se passer grand-chose. »

    En attendant les futures échéances politiques nationales, la loi de programmation de la recherche doit être discutée à la fin du mois prochain au Sénat.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/260920/recherche-la-majorite-adopte-une-loi-rejetee-par-le-monde-universitaire?on

    #LPPR #recherche #France #université #facs #assemblée_nationale #première_lecture #vote #loi_de_programmation_pluriannuelle_de_la_recherche #adoption #hostilité #financement #budget #salaire #primes #fonction_publique #ESR #enseignement_supérieur #chaires_juniors #tenure_track #titularisation_dérogatoire ##titularisation #concurrence #CDI_de_mission #contrat_précaire #précarisation #recherche_par_projet #ANR #résistance #classements #classements_internationaux #postes #financements_pérennes #libertés_académiques #liberté_académique #logique_managériale #ignorance #mensonges #méconnaissance #conditions_de_travail #découragement #démission

    Ajouté à la métaliste :
    https://seenthis.net/messages/820330

    • L’Assemblée en marche derrière Vidal : préparons la riposte !

      Aujourd’hui 24 septembre 2020, 48 député·es ont voté en faveur de la « loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 » (LPPR) après trois séances mêlant l’incompétence, le cynisme et la suffisance. Cette loi, dont l’examen se fait en procédure accélérée conformément au souhait du gouvernement, a donc été adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale. Prochaine étape : le Sénat vers la mi-octobre.

      Au fil des prises de parole et des amendements, adoptés ou rejetés par des député·es LREM réduit·es au rôle de pousse-bouton, nous avons vu se clarifier encore l’objectif de destruction de l’université et de la recherche publiques, de casse de notre service public.

      Pour connaître le détail de ces « discussions », vous pouvez notamment vous replonger dans les fils Twitter du Groupe Jean-Pierre Vernant – le 1er jour, le 2ème jour et le 3ème jour – ou lire les publications d’Academia à ce sujet.

      Dans l’ensemble, le texte a peu changé lors de l’examen et les rares modifications ont été pour le pire. Ainsi, un amendement adopté facilite la marchandisation du titre de docteur, au détriment des chercheur·ses qui conduisent réellement des recherches doctorales – il a finalement été neutralisé in extremis. Dans le même temps a été rejeté un amendement qui visait à graver dans le marbre les libertés académiques, afin d’offrir des garanties minimales pour la liberté de recherche des chercheur·ses précaires.
      L’article 13, intégré à la section IV intitulée « renforcer les interactions de la recherche avec l’économie et de la société », permet non seulement de privatiser les fruits de la recherche publique, mais il autorise même les chercheur·ses et enseignant·es-chercheur·ses à devenir associé·es ou dirigeant·es d’une société valorisant les travaux… d’un·e collègue.
      Bref : c’est bien un projet de loi de précarisation et de privatisation de la recherche.

      Ce projet de LPPR (nous ne voyons aucune raison de changer la dénomination de ce projet de loi dont le contenu ne fait qu’empirer) s’inscrit également dans la lignée xénophobe de « Bienvenue en France ». L’article 7 met ainsi en place des dérogations au droit du travail pour les chercheur·ses étrangèr·es accueilli·es dans le cadre d’un séjour de recherche, que les universités peuvent désormais faire travailler sans leur fournir de contrat de travail, ni payer leurs cotisations sociales. Le projet de loi en fait donc officiellement des travailleur·ses de seconde classe. Dans le même esprit l’amendement 609, adopté, prévoit que des « formules de financement à la carte, telles que des coupons, pourront être définies pour soutenir le développement des missions d’expertise de doctorants auprès de petites et moyennes entreprise ». Par chance, c’est un amendement au rapport annexé, sans grande valeur légale, mais son adoption, conformément aux désirs de la Ministre, est éloquente.

      Pour en savoir plus sur les amendements adoptés, voici une très bonne analyse d’Academia.

      En ce jeudi 24 septembre, nous avons donc des raisons d’être inquièt·es et en colère. Le cœur de ce projet demeure extrêmement dangereux : il promet d’accroître les inégalités dans l’enseignement supérieur, d’aggraver la précarité, de renforcer les inégalités de genre et les autres dominations structurelles, de mettre l’existence même de notre service public en péril et de détruire les conditions dont nous avons besoin pour produire de la science. Tous ces éléments sont notamment documentés dans cette note des économistes atterré·es.

      Toutefois, il nous faut être lucides. Nos combats ont déjà porté des fruits : la LPPR n’est pas aujourd’hui ce qu’elle aurait été sans notre mobilisation. Bien des éléments que nous dénoncions (comme les modulations de service pour les enseignant·es-chercheur·ses) ont été sortis du projet de loi. Les mobilisations des précaires ont imposé l’inscription de la mensualisation des vacataires dans la loi. Certes, ce n’est pas assez : nous voulons la fin des vacations, des créations massives de postes et des moyens pérennes.
      Retenons tout de même cet enseignement : l’organisation collective et la lutte paient !

      Or, les collectifs se reforment partout et les avis très défavorables à la LPPR arrivent de toutes parts. Mardi 22 septembre, le Conseil économique social et environnemental (CESE) a adopté à l’unanimité (de la CGT au Medef !) un avis très défavorable au projet de loi, dont les préconisations principales se rapprochent des nôtres : des postes et des financements pérennes. Le même jour, plus de 800 directions de laboratoires, réunies au sein de l’Assemblée des directions de laboratoires, publiaient une tribune dans Le Monde, défendant un « l’ouverture de postes permanents et une meilleure dotation des laboratoires en moyens stables ».

      Où que nous soyons, quel que soit notre statut ou notre fonction : nous ne sommes pas seul·es !

      Cette rentrée 2020 se déroule dans des conditions catastrophiques, mettant cruellement en lumière la précarité et la pauvreté des étudiant·es, mais aussi le manque de moyens et de titulaires – enseignant·es-chercheur·ses comme BIATSS – dans les universités. Nos collègues, camarades et ami·es sont de plus en plus nombreux·ses à n’en plus pouvoir, à être submergé·es par l’écœurement, à quitter l’ESR.

      Mais lundi 21, malgré ce contexte, nous étions plusieurs centaines devant l’Assemblée !

      Ce vote de l’Assemblée est pour nous tou·tes le signal de la remobilisation. Dans les facs et les labos, des réunions et des assemblées générales s’organisent. Pour les nourrir, vous pouvez retrouver ici une sélection d’informations, d’analyses et d’outils militants autour de la LPPR et des autres attaques que subissent l’université et la recherche.

      Nous allons continuer d’interpeler les parlementaires, de dénoncer les conditions indécentes dans lesquelles nous devons accueillir les étudiant·es, de refuser la généralisation de la compétition de tou·tes contre tou·tes et la précarisation de la majorité au profit de quelques privilégié·es tou·tes puissant·es. Nous nous le devons à nous-mêmes, nous le devons à nos collègues et camarades les plus précaires. Nous le devons à l’ensemble de la société.

      Nous nous organisons, nous renforçons nos liens, nos solidarités. Nous construisons patiemment, minutieusement, le rapport de force qui, seul, pour sauver notre service public.

      Pour organiser la suite de la mobilisation, une rencontre nationale dématérialisée pour l’université et la recherche publiques aura lieu le 1er octobre 2020, de 18h à 20h, ici sur Discord. Ouverte à tou·tes, elle nous permettra de construire la prochaine grande mobilisation, au moment du passage de la loi au Sénat (mi-octobre).

      https://universiteouverte.org/2020/09/24/une-bataille-perdue-a-lassemblee-preparons-les-victoires-contre-l

    • LPpR : 48 voix pour, toute la communauté universitaire contre - 23 septembre 2020

      Il aura suffi de deux jours et demi à une poignée de députés pour voter cette loi.
      Que la communauté universitaire rejette en masse (sauf quelques carrièristes), ainsi que le CESE, le HCE, même le CÉ…

      Mais nous les voyons.

      les Valérie Gomez-Bassac, Pierre-Alain Raphan (qui confond doctorant et jeune chercheur), Danièle Hérin (qui ose « Une nouvelle voie de recrutement s’ouvre pour garder et dénicher des talents » les tocards déjà en poste ont apprécié) … qui votent CONTRE un amendement pourtant bien innocent :

      Les libertés académiques sont le gage de l’excellence de la recherche française. La liberté d’expression doit être garantie, en toutes circonstances, au bénéfice des enseignants chercheurs. Rejeté

      Et dès le lendemain, à la surprise générale :

      Thierry Coulhon doit être proposé par le président de la République pour la présidence du Hcéres le 15/10/2020, selon plusieurs sources proches du dossier contactées par @NewsTankHER, le 23/09


      Allégorie d’un poste à moustaches

      Et nous ??

      Pour contrer la LPPR, il faudrait que nous, universitaires, arrêtions d’en jouer le jeu. On ne candidate plus aux AAP délétères, on laisse l’ANR mourir à petit feu, on ne recrute plus de vacataires, on compte toutes nos heures pour faire les 1608 réglementaires et pas une de plus.
      On ne recrute plus de post-docs. On ne se réjouit plus d’avoir des sous pour financer un précaire 6 mois. On ne candidate pas à des financements doctoraux en faisant rentrer à la hache le projet dans une thématique et un vocabulaire start-up nation.
      On arrête de trouver qu’un jeune docteur qui n’a pas fait X années à l’étranger, n’a pas enseigné 432 heures, n’a pas écrit 4 articles dans des revues à comité de lecture, n’est pas compétent pour être MCF.
      Spoiler : on ne le fera jamais. Et cela m’interroge depuis longtemps. Les lois qui détruisent l’université depuis 15 ans, nous avons protesté contre, puis nous les avons sagement mises en œuvre.
      Nous pointons tous nos efforts pour faire tourner la boutique dans des conditions délétères, mais fort peu le fait que nous faisons aussi cela même que nous dénonçons.

      http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8791
      #LPR

    • L’#université_résiliente : lettre ouverte à Frédérique Vidal

      À l’occasion d’une visite de Frédérique Vidal en Alsace, des personnels « résilients » de l’Université de Strasbourg adressent à la ministre une lettre ouverte dans laquelle ils l’alertent sur des conditions de travail déplorables. « La vraie résilience dans nos facultés et laboratoires, c’est le #démerdentiel permanent », écrivent-ils.

      Madame la Ministre,

      Vous visitez ce 1er octobre les universités alsaciennes, sous le signe de la « résilience », la résilience de notre territoire à la crise sanitaire, la capacité de résistance de notre recherche et de notre économie, à travers un appel à projet qui a pour intitulé ce nouveau mot de la lingua néolibérale : « #Résilience ».

      « Résilience, résilience… », le mot est à la mode, dans toutes les bouches, sous toutes les plumes. Un mot magique, suffisamment souple et désémantisé pour laisser entrevoir un espoir de renaissance et masquer toute la souffrance que les choix politiques de votre gouvernement ont provoquée. Un mot à nous endormir debout, seulement destiné à rendre une politique acceptable et un avenir désirable. Mais cet avenir est celui de l’enfer néolibéral, fait de précarité, de concurrence et de souffrance au travail. Madame la ministre, il en va de votre « résilience » comme de votre « excellence » et de vos « gouvernances », dont vos amis et vous-même avez la bouche pleine : un vernis posé par le libéralisme sur la réalité quotidienne que vivent les personnels de l’université et de la recherche.

      Alors, quelques-uns de ces personnels aimeraient vous dire très concrètement, en ce jour de célébration de l’Universelle Résilience dans les salons feutrés du Cardo et du Nouveau Patio, avec quelques invités triés sur le volet, en quoi consiste la résilience ordinaire de milliers d’agents de l’enseignement supérieur et de la recherche.

      La vraie résilience, c’est d’avoir suppléé aux carences de l’État en organisant pendant le confinement des collectes d’argent pour acheter des ordinateurs aux plus démunis et mis en place des livraisons de repas à des étudiants qui mouraient de faim.

      La vraie résilience, c’est d’avoir dû improviser un protocole sanitaire les premiers jours de la rentrée universitaire parce que votre ministère n’a pas été capable de travailler cet été à une circulaire destinée à protéger la santé des personnels et des étudiants.

      La vraie résilience, c’est de devoir désinfecter un bureau ou des tables avec un kleenex parce qu’il n’y a plus de papier.

      La vraie résilience, c’est de se protéger avec des masques achetés sur nos propres deniers et de les offrir à des étudiants qui n’ont pas les moyens de laver l’unique masque tissu qu’ils possèdent.

      La vraie résilience, c’est de refuser de faire cours dans un amphi bondé ou dans une salle sans fenêtre et de partir seul à la recherche d’une solution qui limite la prise de risque pour nous-mêmes et nos étudiants.

      La vraie résilience pour les composantes et laboratoires, c’est de devoir s’équiper en matériel sanitaire sur leurs propres crédits de fonctionnement et devoir s’organiser seuls parce que les services centraux n’ont plus les moyens d’organiser quoi que ce soit et que les budgets sont à sec.

      La vraie résilience dans nos facultés et laboratoires, c’est le démerdentiel permanent.

      La vraie résilience, c’est aussi, pour tous les chercheurs, de trouver la force de chercher encore un peu, après des journées entières consacrées à accomplir des tâches bureaucratiques aliénantes et inutiles ou à répondre à des appels à projets pour avoir des crédits.

      La vraie résilience, c’est d’emmener tous les soirs du travail chez soi, et pour certains d’accepter de travailler 70 ou 80 heures par semaine pour pallier le manque de postes et de personnels, afin que le système ne s’effondre pas totalement.

      La vraie résilience, c’est d’utiliser au quotidien, dans certains laboratoires, des sorbonnes* non conformes et de mettre ainsi en danger la santé et la vie des doctorants et des personnels.

      La vraie résilience, pour les représentants des personnels, c’est de devoir consacrer de plus en plus de temps à accompagner des personnels en souffrance, souvent victimes de pression au travail, de burn out ou de harcèlement, personnels à peine ou mal soutenus par une institution, qui est devenue elle-même une machine à briser les collectifs de travail et à briser des vies professionnelles et personnelles.

      La vraie résilience, pour les milliers de personnels précaires sans lesquels l’université et la recherche ne pourraient pas fonctionner, c’est d’accepter de travailler pour la moitié du salaire qu’ils devraient avoir, dans des conditions déplorables, et de continuer à se battre pour renouveler ou trouver un contrat qui aura les apparences de la décence.

      Face à l’insupportable que vous cautionnez et alimentez, Madame la ministre, les personnels et étudiants des universités auront bientôt complètement oublié ce que veut dire votre mot de « résilience ». Ils n’utilisent déjà plus votre langage et se souviennent de ce que signifie le mot « résistance » et les actions auxquelles ce mot renvoie.

      Madame la ministre, vous avez abandonné l’université. Comme Valérie Pécresse et Geneviève Fioraso avant vous, vous avez trahi l’idée même d’Université. Vous la destinez aux intérêts du privé et avec votre LPR vous nous promettez un enfer de précarité, dont nous ne voulons pas.

      Vous comprendrez qu’en ce jour nous ayons quelque difficulté à vous souhaiter la bienvenue. Nous vous prions néanmoins de bien vouloir accepter nos salutations les plus résilientes.

      Quelques personnels résistants de l’université de Strasbourg

      *Une sorbonne est une enceinte ventilée et enveloppante qui aspire les polluants et les rejette à l’extérieur. Elles équipent principalement les laboratoires de chimie. Un nombre considérable de sorbonnes ne sont pas aux normes dans les universités et les organismes de recherche. Les crédits ne sont pas suffisants pour les remplacer.

      https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/011020/l-universite-resiliente-lettre-ouverte-frederique-vidal

      #lettre_ouverte

    • LPPr : menaces sur une science indépendante et plurielle

      L’#innovation est « avant tout un mécanisme économique et non scientifique. Comme pour tout investissement, sa raison d’être demeure la #rentabilité et la conquête d’un #marché solvable ». Ces propos, tenus par Henri Guillaume et Emmanuel Macron en 2007 (1), guident de toute évidence l’inquiétant projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR).

      https://www.ldh-france.org/wp-content/uploads/2020/10/HL191-Actualit%C3%A9-5.-LPPR-menaces-sur-une-science-ind%C3%A9pendante-e

    • #Sondage sur le projet de LPR

      La Conférence de présidents de sections et CID du Comité national (CPCN) réunie le 11 septembre 2020 a décidé de sonder la communauté scientifique sur certains éléments jugés centraux contenus dans le projet de loi de programmation de la recherche. Ce projet de loi est en cours d’examen par le Parlement. La CPCN constate qu’en l’état le projet de loi ne répond pas aux attendus qu’elle avait formulés le 17 janvier 2020, attendus qui s’appuyaient sur un diagnostic et des propositions adoptées le 4 juillet 2019 en session extraordinaire par le Comité national. La CPCN s’interroge sur les actions à entreprendre si la loi est adoptée sans tenir compte des attentes de la communauté scientifique. Le questionnaire vise à sonder l’opinion de la communauté. Pour en savoir plus sur la loi, nous avons listé ici un certain nombre de contributions et de points de vue.

      mercredi 16/09/20 - 16:08 - 0 réponses - lancement du sondage
      mercredi 07/10/20 - 23:59 - 10 321 réponses (parmi 31 134 connexions au questionnaire) - clôture du sondage

      D’après le rapport « L’état de l’Emploi scientifique en France », l’effectif total de R&D du secteur des administration était de 177 199 en 2015. On en déduit que près de 17% des collègues a été informé de ce sondage et y a prêté attention (plus de 30 000 connexions). Parmi ceux-ci, plus d’un tiers à rempli le formulaire (plus de 10 000 réponses).
      Répartition par statuts

      Une question concernait le statut des répondants. Le graphique qui suit permet de constater une diversité de situations. Les enseignants-chercheurs et les chercheurs forment l’effectif le plus important sans que ce soit une surprise étant donné que le questionnaire a été rédigé (et donc pensé) par les présidents du Comité national qui sont sur ces statuts. Pour autant les nombres de doctorants, personnels contractuels, IT et BIATTSS ne sont pas négligeables et montrent que l’intérêt pour une loi de programmation est largement diffusé au sein de la communauté

      Répartition par disciplines

      Une des questions du sondage porte sur le champ disciplinaire dans lequel travaille le répondant. Ce champ disciplinaire est mesuré par le numéro de section du Comité national. Les sections numérotées de 1 à 41 couvrent la totalité des disciplines scientifiques. La répartition des réponses est donnée dans le graphique qui suit. L’enseignement à tirer de ce graphique est que la totalité des disciplines a été sondée. Certaines ont des effectifs (EPST+Universités) plus nombreux que d’autres, ce qui explique pour partie les différences dans le nombre de réponses.

      Taux de réponse des chercheurs CNRS

      2 615 réponses sont faites par des chercheurs du CNRS ce qui représente près de 25% de l’effectif total. Ce taux de réponse est variable d’une section à l’autre comme indiqué sur le graphique suivant. Les couleurs correspondent à la répartition des sections par instituts du CNRS. Tous les grands domaines scientifiques ont participé à plus de 15% des effectifs.

      Attentes de programmation

      Les sondés étaient invités à indiquer quatre priorités de financement. Ils ont classé ces quatre priorités en commençant par (1) la plus importante.

      Sans équivoque, les sujets qui ressortent sont le financement de base des laboratoires, l’emploi de titulaires et les rémunérations de tous les personnels. Un autre sujet d’importance concerne le financement de toutes les thèses et l’augmentation de leur nombre.

      Remarque d’importance : alors même que le nombre d’IT et de BIATSS qui ont répondu au sondage est faible au regard de celui des chercheurs et enseignant-chercheurs, la demande d’augmentation de l’emploi IT et BIATSS exprimée par les sondés est à un haut niveau. 6 608 réponses mettent l’augmentation de l’emploi IT et BIATSS parmi les 4 priorités. La communauté est bien consciente que ces emplois ont fortement baissé ces dernières années et que cela pose des problèmes majeurs dans les laboratoires et les universités.

      On remarque par ailleurs un très faible taux de réponse en faveur de primes individualisées.

      ANR

      On constate sur le tableau précédent que l’augmentation du budget de l’ANR n’est pas une priorité forte. Ce résultat se retrouve dans les réponses indiquées sur le graphique qui suit (réponses à la question "L’augmentation envisagée du budget de l’ANR est"). Dans quasiment tous les cas, les répondants complètent leur appréciation sur l’augmentation du budget de l’ANR prévue dans la LPR en insistant sur l’importance de « mettre la priorité sur les financements de base » ou de ne pas opérer cette augmentation « au détriment des soutiens de base des laboratoires ». L’augmentation du budget de l’ANR est majoritairement (52%) jugée être un aspect négatif du projet de loi. Il manque clairement, aux yeux des répondants, une mesure forte en faveur de l’augmentation des crédits de base des laboratoires.

      Nature des emplois

      L’attente en termes de programmation est dans une très large mesure en faveur de l’augmentation d’emplois de titulaires (tableau précédent). Cela se retrouve dans le graphique qui suit (réponses à la question "Dans le projet de loi, la programmation de l’emploi de titulaires est"). 74% des réponses indiquent que la loi ne répond pas aux attentes sur le sujet. 39% des réponses jugent la programmation insatisfaisante et/ou trop incertaine. 35% la jugent très insatisfaisante.

      Ce résultat est corroboré par les réponses relatives à l’article 3 sur les « agents en voie de titularisation » DR ou PR calqués sur les recrutements appelés « Tenure Tracks » dans le système anglo-saxon. 77% des réponses est critique quant à cette mesure. 34% estime que c’est "Une mauvaise initiative si elle diminue les recrutements en Chargés de recherche et Maitres de conférences. 43% estime que c’est "Une très mauvaise initiative".

      Le même constat se retrouve dans l’opinion au sujet des CDI de mission. Ils recueillent 71% d’opinions négatives, dont pour moitié si c’est au détriment des emplois de titulaires.

      Ampleur de l’effort budgétaire

      Pour finir cette première analyse des résultats nous donnons l’appréciation sur l’effort budgétaire du projet de loi de programmation. Plus de la moitié (54%) des réponses indiquent que la programmation financière est « trop faible » ou « vraiment insiffisante ».

      Conclusion provisoire

      L’analyse du sondage n’est pas terminée. Il est anticipé de tirer des conclusions définitives. Cependant, cette première analyse confirme que pour la communauté scientifique la programmation projetée n’est pas à la hauteur des enjeux. L’augmentation budgétaire prévue n’est pas suffisante et il manque :

      une programmation de la hausse des dotations de bases aux laboratoires (qui rappelons-le ne sont pas des dotations automatiques mais attribuées dans un dialogue avec les établissements de tutelle des laboratoires après évaluation par les pairs),
      une programmation de la hausse de l’emploi de titulaires, dont un fort besoin d’emplois d’ingénieurs et techniciens.

      La réponse du gouvernement, qui sur ce dernier point répond par l’embauche d’agents contractuels et autres contrats précaires (hausse estimée à 15 000 dans l’annexe de la loi, soit 10% de hausse), n’est pas en phase avec les attentes de la communauté. Le Comité national s’est impliqué depuis février 2019 dans l’élaboration collective d’un diagnostic et de propositions pour la recherche. Les principales propositions qu’il a formulées sont à nouveau confirmées par ce sondage.

      https://www.c3n-cn.fr/sondageLPR

    • Note technique sur la programmation budgétaire

      Le projet de loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030, portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l’enseignement supérieur (LPR) –initialement loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) –sera examiné fin octobre au Sénat. Le gouvernement annonce un effort « exceptionnel », « sans précédent », de 25 milliards d’euros, en faveur de la recherche. Le projet de loi LPR s’accompagne d’un protocole d’accord « rémunérations et carrières 2021-2030 » décrit par la ministre F. Vidal comme rien moins que « le plus grand plan de revalorisations et de promotions des carrières scientifiques depuis des décennies ».Dans cette note technique, nous exposons la réalité de la programmation budgétaire de ce projet de loi, en examinant successivement : (1) le budget total programmé pour la recherche (programmes 150, 172 et 193 couverts par la LPR), (2) la part prévue pour l’Université (programme 150), (3) l’articulation au niveau budgétaire entre la LPR et la loi de réforme des retraites —telle qu’elle était prévue avant sa suspension temporaire, dans le contexte de sa reprise annoncée.

      http://rogueesr.fr/wp-content/uploads/2020/10/Note_programmation_budgetaire.pdf
      #budget

    • Info du budget LPR :

      Le projet de loi de finances 2021 apporte une preuve supplémentaire de l’insincérité budgétaire de la loi de programmation de la recherche. Du point de vue du ministère, les “crédits de la mission Enseignement Supérieur et Recherche du Projet de Loi de Finance ( #PLF2021) mentionnent une augmentation de 600 millions € sur les crédits du ministère et de 400 millions € pour la première marche de la #LoiRecherche.” Cependant, chacun peut vérifier dans le projet de loi de finance 2021 [] que les crédits de paiement de cette mission décroissent de 28,664 milliards € à 28,488 milliards €, soit -0,6%.

      Le rapport Rapin de la commission des finances du Sénat [*], déplore le jeu de bonneteau budgétaire du ministère, lié à la dette contractée par la France auprès de l’Agence spatiale européenne (ESA). Cette dette prise en compte, l’évolution budgétaire est évaluée à +104 millions € (+0,36%). Une fois l’inflation soustraite (estimée par l’INSEE à 0,7% en 2020), le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche baisse donc de 100 millions €, environ.

      En conséquence, ni le glissement vieillesse technicité (0,45% en moyenne), ni le plan de revalorisations et de promotions des carrières scientifiques dont s’enorgueillit le MESRI ne sont financés.

      [] page 211

      http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b3360_projet-loi.pdf

      [*] page 30 et 31

      http://www.senat.fr/rap/a20-032/a20-0321.pdf

      Reçu via la mailing-list Rogueesr du 26.10.2020

    • Malgré le vote de la loi recherche, ses opposants ne désarment pas

      L’Assemblée a adopté la loi recherche mardi, mais n’a pas éteint la contestation. Depuis la ministre se retrouve face à un front syndical uni, des présidents d’universités étant sommés d’expliquer leur soutien à ce texte.

      Pas de répit pour Frédérique Vidal. Le vote de sa loi de programmation pour la recherche à l’Assemblée hier n’a pas éteint les revendications des chercheurs, bien au contraire.

      Mercredi matin, les organisations syndicales, toutes les organisations syndicales, ont boycotté la réunion du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche. Elles « dénoncent la méthode employée par le gouvernement pour faire passer en force le texte de la loi de programmation de la recherche » et elles « demandent l’ouverture de négociations pour une autre loi de programmation et un plan pour l’emploi scientifique titulaire construits avec l’ensemble des acteurs et actrices de l’ESR ». Bref, la ministre est appelée à revoir sa copie.

      Les seuls soutiens de Frédérique Vidal dans l’élaboration de cette loi, les présidents des plus grosses universités sont aussi dans le viseur. La communauté leur demande de se positionner individuellement et publiquement sur le texte de loi. Ainsi, Michel Deneken, président de l’Université de Strasbourg, a-t-il reçu un courrier de la part du Doyen de sa faculté de Droit, s’enquerant de son avis sur ce texte et sur la méthode suivie pour son élaboration. « Cette information influencera, à n’en point douter, le choix de nombreux membres de notre communauté universitaire dans la perspective prochaine des élections des conseils centraux », menace la lettre.

      L’Université de Strasbourg est membre de l’Udice, l’association des dix « grandes universités de recherche pluridisciplinaires françaises », qui a défendu la LPR et notamment l’article décrié ouvrant un nouveau mode de recrutement des enseignants-chercheurs dans le but « de recruter les meilleurs candidats aux postes d’enseignants-chercheurs ».

      Tout au long des débats autour de cette LPR le gouvernement et ses maigres soutiens ont joué cette musique. Le but de cette loi serait de permettre de recruter des stars, jettant ainsi le discrédit sur les personnes recrutées actuellement.

      Libération a discuté avec un chercheur français, répondant aux critères d’excellence du gouvernement. Sylvain Deville est lauréat en 2011 de la très réputée bourse du conseil européen de la recherche qui lui a octroyé 1,5 million d’euros sur 5 ans pour ses recherches sur les matériaux. Aujourd’hui directeur de recherche au CNRS, il est pourtant opposé à cette loi.

      « Depuis l’épuisement de mon financement ERC, je fais comme tout le monde, je dépose des demandes de financement partout. En quatre ans, je n’ai pu obtenir que deux bourses de thèses qui touchent à leur fin. Cette loi met l’accent sur les appels à projet comme mode de distribution des moyens. Il n’y a pas d’engagement sur les budgets pérennes ni sur l’emploi. Nous sommes les seuls fonctionnaires à qui on ne donne pas les moyens d’exercer leur métier une fois recruté, déplore-t-il. Pour ce chercheur « Les signaux envoyés par la loi sont très négatifs, nous le paierons à long terme. Il est de plus en plus difficile de convaincre les jeunes de se lancer dans une carrière scientifique. Ce que nous demandons, ce sont des financements pérennes et un horizon pas trop bouché pour ceux qui viennent après nous ».

      Un appel intersyndical est lancé pour le 24 novembre pour que la LPR ne soit pas appliquée.

      https://www.liberation.fr/sciences/2020/11/18/malgre-le-vote-de-la-loi-recherche-ses-opposants-ne-desarment-pas_1805944

  • Marginalità e #piccole_patrie in #Rigoni_Stern e oggi

    Ho passato l’estate a leggere romanzi contemporanei italiani (da Veronesi a Durastanti, Covacich, Perrella, Terranova, Vicari, Bazzi…), afroitaliani (Igiaba Scego) e americani (Whitehead, una mezza delusione nonostante il Pulitzer), ma nessuno mi ha dato l’emozione e la gioia di un vecchio libro di Rigoni Stern, regalatomi in agosto da un amico, un dolce amico avrebbero detto gli antichi latini. Si tratta di due racconti lunghi accomunati dall’argomento: contadini e montanari in una terra fra i monti, marginale e di confine, fra Italia e Austria: Storia di Tönle e L’anno della vittoria, il primo del 1978, il secondo del 1985, ma riuniti in volume unitario da Einaudi già nel 1993. E in effetti L’anno della vittoria, quello immediatamente successivo alla conclusione della prima guerra mondiale, sembra la continuazione ideale di Storia di Tönle, che termina con la morte del protagonista alla fine del 1918.

    Nei due racconti gli abitanti della piccola patria non parlano fra loro né italiano né veneto né tedesco, ma un’”antica lingua” (come vi si legge) più vicina al tedesco che all’italiano (ma con qualche influenza anche del ladino, se non erro). E tuttavia i protagonisti conoscono bene, e speditamente parlano, italiano, tedesco, veneto. E si capisce: il protagonista, per esempio, è italiano ma ha fatto il soldato nell’esercito dell’impero austroungarico agli ordini di un ufficiale certamente anche lui italiano, il maggiore Fabiani, e pratica il piccolo contrabbando di nascosto alla polizia di frontiera dei due stati, ma talora anche con il suo interessato accordo, e vive per alcuni anni facendo il venditore ambulante (vende stampe iconografiche, che diffondevano nel centro Europa la lezione dei grandi maestri della pittura italiana) in Boemia, Austria, Polonia, Ungheria mentre alcuni suoi amici e conterranei si spingono sino ai Carpazi, all’Ucraina e alla lontana Russia. Sono certo contadini e montanari, ma sanno leggere e scrivere e conoscono Vienna, Cracovia, Praga, Budapest, oltre naturalmente a Venezia, Belluno, Trento. La loro piccola patria non conosce confini: è il luogo della casa e della famiglia, dei parenti, degli amici e dei morti, a cui il protagonista sempre fa ritorno dopo ogni viaggio; ma è una patria aperta al mondo, senza angustie e senza limiti, una patria dove ancora le stagioni dell’anno scorrono con il ritmo della natura annunciato dal canto e dal volo degli uccelli, dal succedersi dei raccolti e dalla trasformazione delle piante. In questa terra l’unico vero nemico è la miseria contro cui lottano tenacemente in modo solidale tutte le famiglie.

    Su questa piccola patria si abbatte la grande guerra, che distrugge le case e le messi, una guerra incomprensibile e assurda che mette gli uni contro gli altri amici di vecchia data e persino membri della stessa famiglia. Il protagonista, che sa fare ogni mestiere (altre al contrabbandiere e al venditore ambulante, è stato contadino, muratore, allevatore di cavalli), si riduce a fare il pastore di un piccolo gregge che vaga per monti e valli cercando di evitare gli opposti eserciti e le cannonate che essi si scambiano, sinché, arrestato dai militari italiani e mandato verso Venezia, riesce a fuggire e muore per l’età e per gli stenti nel suo viaggio di ritorno alla vecchia casa, che nel frattempo i bombardamenti hanno distrutto.

    Quando uscì L’anno della vittoria Giulio Nascimbeni scrisse sul “Corriere della sera” che questo libro sarebbe dovuto diventare un testo di lettura per le nostre scuole, ma non ne spiegò bene i motivi. Disse solo che era “esemplare” (immagino dal punto di vista morale) e “poetico”. Mi azzardo a fornire qualche altra ragione.

    Una ragione, intanto, è di tipo storico. Quando si studia la prima guerra mondiale sembra che si contrappongano solo due posizioni: quella degli interventisti (non solo d’Annunzio ma la maggior parte degli intellettuali italiani) e quella dei neutralisti e pacifisti (nell’arco che va da Croce e Giolitti al papa cattolico che condannava “l’inutile strage”). Ma gli abitanti della piccola patria di cui qui si parla, come molti contadini mandati al fronte, non sono interventisti e nemmeno pacifisti o sostenitori della neutralità. Nella loro cultura la guerra è solo insensata perché oppone uomini abituati alla solidarietà nella lotta contro la miseria, il freddo, la fame, la febbre spagnola: nel mondo della piccola patria l’aiuto reciproco è necessario e indiscutibile. Per loro le frontiere non hanno ragione d’essere e sembrano esistere solo per essere superate con astuzia e abilità. Loro vivono fra le frontiere e nonostante le frontiere. La loro piccola patria è insomma una civiltà autonoma, diversa da quella italiana o austriaca o genericamente “occidentale”.

    Si dirà che proprio per questo sono condannati alla inessenzialità e alla marginalità. Ma siamo proprio sicuri che il centro in cui viviamo noi (il cosiddetto Occidente) sia portatore di una civiltà migliore?

    Una seconda ragione è, infatti, la straordinaria attualità della marginalità. Se oggi si intravede una qualche possibilità di cambiamento non viene proprio dai marginali (come sono, per esempio, gli esuli e gli emigrati, che spesso incontriamo fra di noi di nuovo come venditori ambulanti)? Gli stessi insegnanti, e la massa proletarizzata di quelli che un tempo si chiamavano intellettuali, non sono un esempio di marginalità? Non sono costretti a una sorta di contrabbando, a una vita difficile fra le frontiere e i muri con cui oggi si cerca di difendere patrie ormai prive di ideali, che non siano quelli economici, e costrette ad arroccarsi riesumando propagande a sfondo razzista e nazionalista? Non cerchiamo anche noi (noi intellettuali, noi insegnanti) di far passare di contrabbando valori di solidarietà che la nostra civiltà ormai ignora o addirittura combatte? La scuola stessa oggi non è una piccola patria assediata da una civiltà aliena?

    https://www.laletteraturaenoi.it/index.php/interpretazione-e-noi/1252-marginalit%C3%A0-e-piccole-patrie-in-rigoni-stern-e-oggi.html

    #petites_patries #petite_patrie #frontières #misère #faim #montagnards #paysans #patrie #nationalisme #identité #guerre #WWI #première_guerre_mondiale #entraide #marginalité

  • 29 Years Ago Today, The First Web Page Went Live. This Is What It Looked Like | IFLScience
    https://www.iflscience.com/technology/29-years-ago-today-the-first-web-page-went-live-this-is-what-it-looked-l

    In the 1980s, Tim Berners-Lee became frustrated with how information was shared and stored at the European Organization for Nuclear Research (CERN).

    He noticed that, as well as being distributed inefficiently, information was being lost at the organization, largely due to a high turnover of staff. Technical details of old projects could sometimes be lost forever, or else had to be recovered through lengthy investigations in the event of an emergency. Different divisions of CERN used software written in a variety of programming languages, on different operating systems, making the transfer of knowledge cumbersome and time-consuming.

    In response to these annoyances, he made a suggestion in 1989 that would go on to change the world, titled with some lackluster: Information Management: A Proposal. It described a system where all the different divisions of CERN could publish their own part of the experiment, and everyone else could access it. The system would use hypertext to allow people to publish and read the information on any kind of computer. This was the beginning of the World Wide Web.

    The first web page went live 29 years ago today, on August 6, 1991. As such you’ve probably seen people online today linking to the “first-ever” web page.

    29 years ago today, Tim Berners-Lee posted the first ever web page.

    This is ithttps://t.co/MSxAZ2cMZK
    — Russ (@RussInCheshire) August 5, 2020

    If you click the link, this is what you will be greeted with. You’ll probably be instantly confused by the date, as well as the lack of memes and people being incredibly aggressive in the comment section.
    CERN archive.

    While it gives you an idea of what the first web page looked like, we may never know what the actual web page displayed on that day in August, 1991. There are no screenshots, instead what you are seeing is the earliest record we have of that first web page taken in 1992. While we know that when the World Wide Web first launched it contained an explanation of the project itself, hypertext and how to create web pages, the first page of the system designed to prevent the loss of information has ironically been lost, perhaps forever.

    Though in retrospect what Berners-Lee had invented was world-changing, at the time its creators were too pre-occupied with trying to convince their colleagues to realize its value and adopt it to think about archiving their invention for future historians to gawp at.

    “I mean the team at the time didn’t know how special this was, so they didn’t think to keep copies, right?” Dan Noyes, who ran the much larger CERN website in 2013 told NPR. He believes the first incarnation of the world’s first web page is still out there somewhere, probably on a floppy disk or hard drive hanging around in somebody’s house.

    That was how the 1992 version was found.

    “I took a copy of the entire website in a floppy disk on my machine so that I could demonstrate it locally just to show people what it was like. And I ended up keeping a copy of that floppy disk,” Tim Berners-Lee told NPR.

    Unfortunately, despite CERN’s best efforts, the first page itself has not been found. It may never be.

    #Histoire_numérique #Web #Première_page #Tim_Berners_Lee

  • Le Covid-19 frappe plus durement les pauvres
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/07/20/le-covid-19-frappe-plus-durement-les-pauvres_6046774_3244.html

    Une étude française met en évidence un excès de mortalité particulièrement important dans les communes les plus modestes. En cause, le surpeuplement des logements et la nature des emplois occupés.

    Mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et malade : la phrase de Francis Blanche, même prononcée avec le sourire, a pris des allures de dicton. Le comédien aurait-il pu imaginer que quelques décennies plus tard, un vilain virus donnerait à sa boutade le sérieux d’un résultat scientifique ? Quatre économistes français viennent en effet de montrer que le Covid-19 tue d’abord, et de façon particulièrement importante, les plus modestes. En croisant les données de mortalité, le revenu des communes et les zones de déconfinement, ils mettent en évidence, pour la première fois, par une étude systématique, l’excès de mortalité provoqué par l’épidémie dans les municipalités aux revenus les plus bas. Leur travail vient d’être rendu public, en prépublication, sur le site d’archives ouvertes HAL.

    Pour les quatre économistes, le travail n’était pourtant réalisé qu’à moitié. « Ce qui nous intéressait peut-être le plus, c’était les vecteurs de diffusion », admet Simon Briole. Autrement dit, comprendre les mécanismes qui faisaient des pauvres une cible privilégiée du virus. La littérature leur offrait deux « canaux potentiels » d’exposition : la surpopulation des logements et la nature des emplois occupés. Cette fois, outre les données de recensement, qui permettent de connaître la nature des habitations, ils ont profité de la déclaration annuelle de données sociales réalisée auprès des services fiscaux pour mesurer le poids des différents types d’emploi dans chaque commune.
    Grande promiscuité

    L’indice qu’ils ont ensuite construit laisse apparaître, là encore, des résultats indiscutables. Ces deux canaux expliqueraient jusqu’à 60 % de la surmortalité. L’économiste Eric Maurin, professeur à PSE et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), y voit d’ailleurs un des « points forts » de l’étude :

    « Ce n’est pas simplement que les personnes pauvres sont plus souvent en mauvaise santé qui les a exposées à la surmortalité due au Covid, c’est aussi et surtout leurs conditions de logement et leur métier. »

    Article sur HAL :
    https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02895908/document

    #COVID-19 #Inégalités #Conditions_travail