• Super article, long mais qui se lit d’un trait : 1 critique du courant abolitionniste (concernant la prostitution) par une des principales concernées puisque prostituée. Une intéressante remise en question des chiffres concernant la traite et les réseaux criminels.
    Mélange Instable : #Prostitution : Pourquoi et comment j’ai viré anti-abolitionnisme
    http://melange-instable.blogspot.fr/2013/11/prostitution-pourquoi-et-comment-jai.html

    #féminisme #femmes #abolitionnisme

    • un article coup de gueule sur le même sujet http://sujette-sensible.blogspot.com/2015/08/quand-les-poules-auront-des-dents-nous.html

      Le sexe censé être épanoui si ton partenaire n’est pas un salaud. C’est faux. Il faudrait être égales devant le désir : après huit heures passées à évider des poissons, on n’a pas envie comme après une journée de travail intellectuel. Après un rendez-vous avec un conseiller Pôle Emploi qui nous reproche le vide de notre vie passée à chercher sans trouver, même un emploi dégradé, on peine à désirer, encore faudrait-il pouvoir oublier le regard qui nous a dit « Indésirable ».

      Le sexe censé être épanoui s’il est enrichi. Lingerie jolie, jolie, dîner aux chandelles, ou renversement des rôles traditionnel, ah cet homme qui prépare d’exquis canapés, et des desserts suggestifs dans des verrines étincelantes. Féministes assumées qui CHOISISSENT de ne pas acheter de lingerie fine. Choisir de ne pas acheter de lingerie fine, accomplir cet exploit face à la société de consommation et apprendre à aimer son corps, comme elles disent. Mais si on ne peut pas choisir de ne pas acheter, que reste-t-il sinon de l’inachevé, toujours de l’inachevé et du contraint.

      Mais quel rapport avec le travail du sexe.

      Formulé autrement : « qu’est ce que tu la ramènes ? ». Corps précaire et pauvre exclu du débat féministe au nom du GRAVE à combattre. Est-ce qu’on a le droit de trouver ça graveleux ?

      CA. Ce colloque, femmes assises dans le public, conscientes d’être normales et sauvées, en face de la pécheresse aux stigmates. Cette ex-prostituée qu’une association « marraine » et « protège ». La féministe dit « les femmes », l’ex-prostituée est réduite à un « je ». Un « je » descriptif : l’ex-prostituée ne théorise pas, elle détaille à l’infini, en mode micro, l’économie de son corps ravagé. Ne nous épargnez rien, nous sommes là pour ça, ne vous épargnez rien, la rédemption passe forcément par cet étalage de la souffrance. Vous devez répéter encore et encore et encore « je suis détruite », pour espérer qu’on vous reconstruise.

      Derrière l’ex-prostituée, la femme associative. Celle qui guidé la femme jusqu’à la parole rédemptrice, l’a « sorti » de la rue , de l’enfer, a choisi pour elles le moment de cette parole. Car les colloques abolitionnnistes sont exclusivement ou presque le lieu du témoignage de l’EX-prostituée. Suspendue dans cette condition d’EX, la seule digne d’intérêt. Le témoignage reste toujours très vague sur le présent réel de la personne, elle se « réinsère lentement », dit-on. En clair, elle galère comme des millions de chômeuses et précaires. La victoire des abolitionnistes, la voilà, le purgatoire des mauvaises femmes, et le quotidien des bonnes femmes en général de toute façon. Qui ne compte plus pour ce féminisme là.

      Le grave ultime incarné par la prostitution est le paravent de l’insoutenable légèreté du féminisme dominant , auquel la femme précaire est contrainte de se soumettre en silence : campagne pour la disparition de « mademoiselle » dans les formulaires administratifs, on n’osera pas dire qu’on aurait mieux aimé campagne contre les contrôles de la CAF. Campagne contre la scandaleuse collection enfants de telle marque à 40 euros le petit chemisier rose. Nous c’est la Halle aux vêtements, le top de l’achat, la récup étant tout aussi fréquente, la collection 2002 de chez Tex, qui s’en préoccupe ? Happening en conseil d’administration, il n’y a que des hommes patrons....qui exploitent des femmes dans les étages inférieurs, plein de femmes, au delà de la parité, mais pas de happenings là bas, juste un communiqué annuel sur l’inégalité des salaires.

      Trois ans que la gauche est au pouvoir, et les femmes pauvres n’auront rien gagné. Pas étonnant, car personne ne parle d’argent, à part les travailleuses du sexe en lutte. Et ça, c’est bon.

      Retrouver du sens dans leurs mot. Le sens de nos vies abîmées. Elles, elles disent « tout a un prix ». Une banalité concrète. Elles font des syndicats, et elles veulent faire monter les enchères. Elles disent « personne ne m’aura pour RIEN ». Elles parlent retraites, salaires, allocations chômage , sécu.

      Elles bousculent les lois du marché médiatique. Elles sont précaires invitées aux débats, pas exemple de la misère dans le reportage sur lequel les spécialistEs de la classe moyenne supérieure sont ensuite invitées à s’exprimer.

      Ca fait chier les féministEs en place sur le plateau. Qui accusent : « vous n’êtes pas une vraie prostituée pauvre, Madame, vous parlez trop bien, vous avez fait des études, vous êtes syndiquée, vous êtes médiatisée ». Autrement dit « vous êtes comme moi, scandale ». En creux portrait de la femme précaire convenable, silencieuse sauf quand on lui dit de parler, ignorante, passive, invisibilisée.

      Abolitionnistes, mon cul. La pratique féministe dominante perpétue le triste présent, celui de nos vies qui ne valent rien, de nos corps de pauvres de toute façon traités comme des marchandises, des marchandises à la valeur sans cesse revue à la baisse. Le corps licencié qui vaudra moins d’indemnités aux prud’hommes, le corps travailleur du dimanche qui sera moins payé et plus contraint, le corps chômé toujours moins nourri, parce qu’ « assisté » à punir.

  • Listen to the sex workers – but which ones? - Helen Lewis - The Guardian
    http://www.theguardian.com/commentisfree/2015/aug/09/listen-to-sex-workers-but-which-ones?CMP=share_btn_tw

    According to the prevailing tide of internet feminism, it is easy to tell who is right. You simply look at who is speaking. “Stay in your lane, rich ladies,” sniped a writer at Feministing. “People who trade sex need people to listen to them. And they don’t need you.” But framing the debate this way is absurdly misleading. It conveniently ignores that the Amnesty letter wasn’t only signed by Dunham – she is not the sole arbiter of feminism in 2015, whatever 1,000 overwrought blogs would have you believe. It was also endorsed by charities, academic researchers and those who style themselves as “prostitution survivors”. These are women with direct experience of the sex trade who believe it is intrinsically demeaning and harmful.

    And there it is, the problem with the injunction to “listen to sex workers”. Yes, policy debates are too often conducted on Mount Olympus, far from the lives of those affected by them. We should be alert to that. But from this moderate premise blooms an alcopinion. If we are ordered to listen to sex workers, the obvious retort must be: which ones?

    #prostitution #féminisme