Le Monde | 09.03.2012 à 11h22 • Mis à jour le 09.03.2012 à 15h39 | Par Richard Schittly - Lyon, Correspondant
Sous l’appellation Dentexia, des cabinets de soins dentaires à bas prix se multiplient dans la région lyonnaise. Le premier a ouvert au mois de janvier dans le chic 6e arrondissement de Lyon, à proximité du parc de la Tête-d’Or. Il s’agissait d’un cabinet classique, racheté après un départ à la retraite. Le deuxième doit démarrer le 12 mars dans le quartier des hôpitaux, à Grange-Blanche. Là, le cabinet va occuper un plateau loué au cinquième étage de l’hôpital privé Natecia. Un troisième site est prévu le 2 avril à Vaulx-en-Velin, en périphérie lyonnaise, dans un local de 300 mètres carrés où vont travailler six dentistes et trois spécialistes des implants.
« La santé dentaire pour tous. » Tel est l’objectif affiché sur le site Internet de Dentexia, qui dit vouloir « mettre la santé bucco-dentaire à la portée de tous en pratiquant des prix près de trois fois inférieurs à ceux couramment constatés ». Par exemple, le centre propose un forfait d’un montant de 970 euros pour la pause d’un implant, contre une moyenne de l’ordre de 2 000 euros. Avantage pour le public : réduire considérablement la part non remboursée des soins dentaires les plus chers. Ces nouveaux centres espèrent reconquérir un marché en perte de vitesse, à une époque où les dépenses de santé se réduisent dans le budget des ménages.
RATIONALISATION DES MOYENS
Dentexia est un organisme de type associatif. Ses cabinets ont un statut de centre de santé. Une rationalisation des moyens vise à faire baisser les coûts généraux pour parvenir à des prix défiant toute concurrence. L’association aménage les locaux, salarie les dentistes, recrute des assistantes, mutualise les commandes. Autre avantage, adressé aux professionnels tentés par l’aventure : la gestion administrative est prise en charge.
Du low cost dans le secteur dentaire : l’initiative soulève une vague de récriminations dans la profession. « La Sécurité sociale n’a pas augmenté ses remboursements sur les soins de base depuis cinquante ans, ils rapportent très peu aux dentistes. Les dentistes se rattrapent de ce temps de travail peu rentable en facturant plus cher les couronnes et les implants », a défendu Pascal Steichen, dirigeant de Dentexia, à l’occasion de la création d’un centre dans le quartier de Saint-Lazare à Paris.
« ABATTAGE »
« Il n’a rien d’un dentiste et cependant il a mis au point les protocoles de soins », lui a répondu Alain Chantreau, président de l’ordre des chirurgiens-dentistes du Rhône. Pascal Steichen est consultant et éditeur de métier. Plusieurs dentistes disent craindre « l’abattage du matin au soir pour rentabiliser l’activité ».
Sur les forums de discussion, les critiques redoutent des soins sélectifs, tournés vers les domaines les plus rentables. Ils notent que les centres n’ouvrent pas le mercredi, comme s’ils voulaient éviter l’accueil des enfants, plus compliqués à gérer.
« L’agence régionale de santé [ARS] évalue un projet de santé qui doit répondre à un besoin identifié. Normalement, ce centre a vocation à pratiquer un ensemble de soins, ce qui exclut une spécialisation dans la seule implantologie », note l’ARS Rhône-Alpes. Ces nouveaux centres ne sont pas soumis à un agrément. Ni contrôle, ni visite préalable.
Les responsables de Dentexia mettent ces réactions sur le compte de la jalousie… Mais ils refusent désormais toute déclaration qui pourrait apparaître comme de la publicité contraire à la déontologie. Ils font part de remontrances formulées par l’ARS. Ce que celle-ci dément.