• ★ EMMA GOLDMAN : LETTRES DE PRISON - Socialisme libertaire

    Que fais-je ? Je regarde la misère humaine. Il n’existe pas de misère plus affreuse que la misère en prison. Elle est si impuissante, si humiliée.

       Oui, je pense que les prisonnières m’aiment bien, du moins celles qui ont été jetées en prison avec moi. Il est si facile d’obtenir leur amour. La plus petite marque de gentillesse les émeut. — elles sont si reconnaissantes. Mais que peut-on faire pour elles ? (...)

    #EmmaGoldman #Liberté #émancipation #prison #pénitencier...

    https://www.socialisme-libertaire.fr/2023/11/emma-goldman-lettres-de-prison.html

  • Freed Palestinians Were Mostly Young and Not Convicted of Crimes - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2023/12/01/world/middleeast/palestinian-prisoners-released-gaza.html

    Israel released a total of 240 Palestinian prisoners and detainees in exchange for 105 hostages freed by Hamas during a weeklong pause in hostilities, an arrangement that diplomats had tried to extend before it collapsed into fighting on Friday morning.

    A New York Times analysis of data on the Palestinians released showed that a majority of them had not been convicted of a crime. There were 107 teenagers under 18, including three girls. Another 66 teenagers were 18 years old. The oldest person released was a 64-year-old woman.

  • Guerre entre Israël et le Hamas : comment les otages israéliens libérés vont-ils être pris en charge ?
    https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/guerre-entre-israel-et-le-hamas-comment-les-otages-israeliens-liberes-v

    C’est très bien ce genre d’article, on en trouve dans toutes les langues (j’ai un peu vérifié). Pourquoi personne ne se demande jamais comment les otages palestiniens vont être libérés, eux ?

    Treize premières personnes doivent être évacuées vendredi de la bande de Gaza, où elles sont retenues depuis le 7 octobre. Elles bénéficieront toutes d’une prise en charge médicalisée après un transfert qui s’organisera depuis l’Egypte.

    Le débat peut être déplacé (https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/24/liberation-des-otages-du-hamas-une-situation-aussi-dechirante-sur-le-plan-et) pour aborder des « enjeux vertigineux » (savoir qui élire ou non)... Mais, là encore, ça ne concerne pas les Palestiniens. Eux, c’est juste du « bétail » apparemment...

    Qui sera sauvé, au risque d’exposer encore plus les autres, et selon quels critères ? Alors que doit s’accomplir une première libération d’otages détenus par le Hamas, Frédérique Leichter-Flack, professeure d’humanités au Centre d’histoire de Sciences Po, détaille dans une tribune au « Monde » les vertigineux enjeux éthiques auxquels cette situation confronte l’ensemble des Israéliens.

  • « En prison, la religion intervient quand les détenus sont au plus mal »
    https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2023/11/19/en-prison-la-religion-intervient-quand-les-detenus-sont-au-plus-mal_6201072_

    Le sociologue Thibault Ducloux analyse, à partir d’une enquête menée auprès de détenus, la présence massive du religieux en prison comme une distanciation mentale face à l’effondrement intérieur créé par l’incarcération.

    Le sociologue Thibault Ducloux a imaginé un protocole de recherche singulier. Ce chercheur associé au laboratoire Triangle, à Lyon, a suivi une trentaine de personnes non religieuses entrant en détention pour saisir in vivo la naissance de leur expérience spirituelle en prison, où le fait est massivement plus présent que dans le reste de la société. Le phénomène a concerné la moitié des détenus qu’il a suivis et a nourri ce travail de thèse soutenu à l’EHESS en 2018. Le sociologue vient d’en tirer l’ouvrage Illuminations carcérales (Labor et Fides, 288 pages, 22 euros).

    https://archive.ph/DeEha

    #effondrement #religion #prison

    • (...) j’aborde la religion comme une ressource parmi d’autres, aux côtés du sport, du trafic, de l’école et du travail. En prison, ces ressources sont mobilisées en vue de cinq grandes finalités : structurer son quotidien, lutter contre l’isolement, se protéger des codétenus, contourner le dénuement matériel et donner du sens à la captivité.

      Dans cette palette de ressources, la religion occupe une place à part, car elle apparaît comme un paradoxe. Celle-ci ne permet aucun gain matériel immédiat, puisqu’elle n’offre pas d’argent, ni de remise de peine. Pourtant, elle est omniprésente. Cela s’explique, bien entendu, par sa gratuité : en prison comme ailleurs, la religion est la ressource des sans-ressources, quand le travail n’est accessible qu’à une minorité de détenus. Mais pas uniquement, car elle permet aussi une distanciation mentale chez les plus désemparés.

      L’une de vos conclusions se formule, elle aussi, comme un paradoxe : la dynamique conduisant à l’illumination religieuse n’a, écrivez-vous, « rien à voir avec le registre religieux »…

      Pour la sociologie, cette conclusion n’est pas un paradoxe. La religion est un fait social, et en tant que sociologue je l’aborde comme tel : ses conditions de possibilité ne sont pas religieuses, mais émergent d’un ensemble de configurations individuelles, sociales et institutionnelles.
      Pour saisir le rôle de la religion, je mobilise les notions d’engagement et de distanciation formulées par Norbert Elias (1897-1990). Ce sociologue allemand modélise l’expérience humaine comme une oscillation permanente entre la maîtrise de soi et l’angoisse. Or, en prison, tous finissent par être engloutis par l’expérience carcérale, même ceux qui semblaient à l’aise dans cet environnement. Le religieux intervient toujours lorsque plusieurs stratégies de #distanciation ont échoué. Il permet une interprétation alternative de ses propres malheurs, qui deviennent compatibles avec la réalité vécue et rend à nouveau l’action possible.

  • Un jeune néonazi condamné à neuf ans de prison pour des menaces de tuerie de masse
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/11/17/un-jeune-neonazi-condamne-a-neuf-ans-de-prison-pour-des-menaces-de-tuerie-de

    L’ancien enfant placé, aujourd’hui âgé de 21 ans, avait notamment évoqué dans des messages la préparation d’un « nettoyage ethnique » ou d’un « attentat dans la rue ».

    [...] Selon les enquêteurs, le suspect avait développé un intérêt pour le nazisme dès l’âge de huit ou dix ans, pour se « venger » de son père qui l’avait abandonné.
    A la barre, il a expliqué ses propos violents sur Telegram par « l’effet de groupe ». « Je voulais me rendre intéressant. Ça dépassait ma pensée, je ne le pensais pas réellement », a-t-il affirmé.
    « Sur le long terme, j’aimerais faire de la politique », mais « avec des propos plus mesurés, qui restent dans le cadre de la loi », a ajouté le jeune homme, qui dit avoir « réfléchi » en prison.

    blablabla = 9 ans de taule pendant que Dupont Moretti voit requis un an avec sursis sans inéligibilité contre lui

    #Justice_de_classe #prison

  • Prisons israéliennes : “un inventaire de violations”
    https://www.prison-insider.com/articles/palestinians-in-israeli-prisons-a-catalogue-of-violations

    L’augmentation du nombre de Palestinien.es détenu.es dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre aurait pour conséquences surpopulation, privation d’accès aux soins médicaux et restrictions d’accès à la nourriture et l’eau potable. ONG et médias rapportent également des arrestations violentes et dégradantes. Maha Aon et Marie Brasholt, membres de DIGNITY (Institut danois contre la torture), dressent le tableau d’une réalité alarmante. Lisez leur tribune.

    #prison_insider #Palestine #Israël

  • [Émissions spéciales] #4 : De la #prison au centre fermé
    https://www.radiopanik.org/emissions/emissions-speciales/4-de-la-prison-au-centre-ferme-la-double-peine

    Dans ce quatrième épisode de Lance-Pierre, nous traitons la question de la #double_peine, ce mécanisme qui fait peser la menace d’une expulsion et transfert des personnes directement en centre fermé après avoir purgé une peine de prison.

    Derrière les discours criminalisants, quels sont les rouages de ce système où collaborent prisons et centres fermés ?

    Nous abordons également deux cas d’établissements spécifiques, la prison de Saint-Gilles et le complexe carcéral de Merksplas.

    Cet épisode prend une forme un peu différente, celle d’un enregistrement en direct qui s’est tenu à Bruxelles dans le cadre d’un événement de commémoration des 25 ans de la mort de Semira Adamu, tuée par les gendarmes qui l’escortaient durant sa sixième tentative d’expulsion.

    AVEC :

    A. et Aimé-Moussa, témoins directement concernés (...)

    #centre_fermé #migration #sans-papier #prison,centre_fermé,migration,sans-papier,double_peine
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/emissions-speciales/4-de-la-prison-au-centre-ferme-la-double-peine_16815__1.mp3

  • En voiture pour la #prison
    https://laviedesidees.fr/En-voiture-pour-la-prison

    Comment ce symbole de liberté qu’est l’automobile pour les Américains les mène-t-elle à un cycle d’endettement et d’emprisonnement ? À propos de : Julie Livingston et Andrew Ross, Cars and Jails. Freedom Dreams, Debt and Carcerality, New York et Londres, OR Books

    #Société #États-Unis #transports #dette #CASBS
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20231113_demoli.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20231113_demoli.docx

  • La gangrène et l’Oubli - Nanterre année 0
    https://infokiosques.net/spip.php?article2039

    La brochure revient sur les 5 jours d’embrasement, d’émeutes, de révolte et de pillages en maniant les allées et venues, les songes et les récits d’anciens ou de très jeunes, des bidonvilles de Nanterre aux pillages du centre-ville marseillais, autour de l’éternel oubli du racisme systémique et de la gangrène lentement installée des violences et répressions policières. #G

    / Infokiosque fantôme (partout), #Oppressions_de_classe, #Prison,_justice,_répression, #Antiracisme

    #Infokiosque_fantôme_partout_
    https://infokiosques.net/IMG/pdf/gangrene_et_l_oubli-aout2023-cahier-22pa4.pdf
    https://infokiosques.net/IMG/pdf/gangrene_et_l_oubli-aout2023-pageparpage-44pa5-2.pdf

  • Fermer les prisons, ouvrir les écoles
    https://laviedesidees.fr/Fermer-les-prisons-ouvrir-les-ecoles

    Aux #États-Unis, de nouveaux mouvements s’engagent dans la lutte contre l’incarcération massive en proposant un “définancement de la police” en faveur des services de soin et d’éducation. Ces mobilisations ont pris de l’ampleur depuis l’assassinat de George Floyd.

    #Société #école #prison #mobilisation
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20231107_chevallier.docx

  • #Taux_de_change : retour sur la politique israélienne des #otages

    Eyal Weizman, fondateur du collectif Forensic Architecture, revient sur la manière dont les #civils installés autour de #Gaza ont servi de « #mur_vivant » lors des massacres du 7 octobre perpétrés par le #Hamas, et retrace l’évolution de la politique israélienne à l’égard des otages.

    Au printemps 1956, huit ans après la Nakba (un terme arabe qui désigne « la catastrophe » ou « le désastre » que fut pour les Palestiniens la création d’Israël), un groupe de fedayins palestiniens franchit le fossé qui sépare Gaza de l’État d’Israël. D’un côté se trouvent 300 000 Palestiniens, dont 200 000 réfugiés expulsés de la région ; de l’autre, une poignée de nouvelles installations israéliennes. Les combattants palestiniens tentent de pénétrer dans le kibboutz de Nahal Oz, tuent Roi Rotberg, un agent de sécurité, et emportent son corps à Gaza, mais le rendent après l’intervention des Nations unies.

    #Moshe_Dayan, alors chef de l’état-major général d’Israël, se trouvait par hasard sur place pour un mariage et a demandé à prononcer, le soir suivant, l’éloge funèbre de Rotber. Parlant des hommes qui ont tué #Rotberg, il a demandé : « Pourquoi devrions-nous nous plaindre de la #haine qu’ils nous portent ? Pendant huit ans, ils se sont assis dans les camps de réfugiés de Gaza et ont vu de leurs yeux comment nous avons transformé les terres et les villages où eux et leurs ancêtres vivaient autrefois. » Cette reconnaissance de ce que les Palestiniens avaient perdu, les hommes politiques israéliens d’aujourd’hui ne peuvent plus se permettre de l’exprimer. Mais Dayan ne défendait pas le #droit_au_retour : il a terminé son discours en affirmant que les Israéliens devaient se préparer à une #guerre_permanente et amère, dans laquelle ce qu’Israël appelait les « #installations_frontalières » joueraient un rôle majeur.

    Au fil des ans, le #fossé s’est transformé en un système complexe de #fortifications - une #zone_tampon de 300 mètres, où plus de deux cents manifestants palestiniens ont été tués par balle en 2018 et 2019 et des milliers d’autres blessés, plusieurs couches de #clôtures en barbelés, des #murs en béton s’étendant sous terre, des mitrailleuses télécommandées - et des équipements de #surveillance, dont des tours de guet, des caméras de vidéosurveillance, des capteurs radar et des ballons espions. À cela s’ajoute une série de #bases_militaires, dont certaines situées à proximité ou à l’intérieur des installations civiles qui forment ce que l’on appelle l’#enveloppe_de_Gaza.

    Empêcher le retour des réfugiés

    Le #7_octobre_2023, lors d’une attaque coordonnée, le Hamas a frappé tous les éléments de ce système interconnecté. #Nahal_Oz, l’installation la plus proche de la clôture, a été l’un des points névralgiques de l’attaque. Le terme « #Nahal » fait référence à l’unité militaire qui a créé les installations frontalières. Les installations du Nahal ont débuté comme des avant-postes militaires et sont devenues des villages civils, principalement de type #kibboutz. Mais la transformation n’est jamais achevée et certains résidents sont censés se comporter en défenseurs quand la communauté est attaquée.

    La « #terre_des_absents » a été la #tabula_rasa sur laquelle les planificateurs israéliens ont dessiné le projet des colons sionistes après les expulsions de 1948. Son architecte en chef était #Arieh_Sharon, diplômé du Bauhaus, qui a étudié avec Walter Gropius et Hannes Meyer avant de s’installer en Palestine en 1931, où il a construit des lotissements, des coopératives de travailleurs, des hôpitaux et des cinémas. Lors de la création de l’État d’Israël, David Ben Gourion l’a nommé à la tête du département de planification du gouvernement. Dans The Object of Zionism (2018), l’historien de l’architecture Zvi Efrat explique que, bien que le plan directeur de Sharon soit fondé sur les principes les plus récents du design moderniste, il avait plusieurs autres objectifs : fournir des logements aux vagues d’immigrants arrivés après la Seconde Guerre mondiale, déplacer les populations juives du centre vers la périphérie, sécuriser la frontière et occuper le territoire afin de rendre plus difficile le retour des réfugiés.

    Dans les années 1950 et 1960, le #plan_directeur de Sharon et de ses successeurs a conduit à la construction, dans les « #zones_frontalières », définies à l’époque comme représentant environ 40 % du pays, de centres régionaux ou « #villes_de_développement » qui desservaient une constellation d’#implantations_agraires. Ces villes de développement devaient accueillir les immigrants juifs d’Afrique du Nord – les Juifs arabes – qui allaient être prolétarisés et devenir des ouvriers d’usine. Les implantations agraires de type kibboutz et #moshav étaient destinées aux pionniers du #mouvement_ouvrier, principalement d’Europe de l’Est. Les #terres appartenant aux villages palestiniens de #Dayr_Sunayd, #Simsim, #Najd, #Huj, #Al_Huhrraqa, #Al_Zurai’y, #Abu_Sitta, #Wuhaidat, ainsi qu’aux tribus bédouines #Tarabin et #Hanajre, sont occupées par les villes de développement #Sderot et #Ofakim et les kibboutzim de #Re’im, #Mefalsim, #Kissufim et #Erez. Toutes ces installations ont été visées le 7 octobre.

    La première #clôture

    À la suite de l’#occupation_israélienne de 1967, le gouvernement a établi des installations entre les principaux centres de population palestinienne à Gaza même, dont la plus grande était #Gush_Katif, près de Rafah, à la frontière égyptienne ; au total, les #colonies israéliennes couvraient 20 % du territoire de Gaza. Au début des années 1980, la région de Gaza et ses environs a également accueilli de nombreux Israéliens évacués du Sinaï après l’accord de paix avec l’Égypte.

    La première clôture autour du territoire a été construite entre 1994 et 1996, période considérée comme l’apogée du « #processus_de_paix ». Gaza était désormais isolée du reste du monde. Lorsque, en réponse à la résistance palestinienne, les colonies israéliennes de Gaza ont été démantelées en 2005, certaines des personnes évacuées ont choisi de s’installer près des frontières de Gaza. Un deuxième système de clôture, plus évolué, a été achevé peu après. En 2007, un an après la prise de pouvoir du Hamas à Gaza, Israël a entamé un #siège à grande échelle, contrôlant et limitant les flux entrants de produits vitaux - #nourriture, #médicaments, #électricité et #essence.

    L’#armée_israélienne a fixé les privations à un niveau tel que la vie à Gaza s’en trouve presque complètement paralysée. Associé à une série de campagnes de #bombardements qui, selon les Nations unies, ont causé la mort de 3 500 Palestiniens entre 2008 et septembre 2023, le siège a provoqué une #catastrophe_humanitaire d’une ampleur sans précédent : les institutions civiles, les hôpitaux, les systèmes d’approvisionnement en eau et d’hygiène sont à peine capables de fonctionner et l’électricité n’est disponible que pendant la moitié de la journée environ. Près de la moitié de la population de Gaza est au #chômage et plus de 80 % dépend de l’#aide pour satisfaire ses besoins essentiels.

    L’enveloppe de Gaza

    Le gouvernement israélien offre de généreux #avantages_fiscaux (une réduction de 20 % de l’impôt sur le revenu par exemple) aux habitants des installations autour de Gaza, dont beaucoup longent une route parallèle à la ligne de démarcation, à quelques kilomètres de celle-ci. L’enveloppe de Gaza comprend 58 installations situées à moins de 10 km de la frontière et comptant 70 000 habitants. Au cours des dix-sept années depuis la prise de pouvoir par le Hamas, malgré les tirs sporadiques de roquettes et de mortiers palestiniens et les bombardements israéliens sur le territoire situé à quelques kilomètres de là, les installations n’ont cessé d’augmenter. La hausse des prix de l’immobilier dans la région de Tel-Aviv et les collines ouvertes de la région (que les agents immobiliers appellent la « Toscane du nord du Néguev ») a entraîné un afflux de la classe moyenne.

    De l’autre côté de la barrière, les conditions se sont détériorées de manière inversement proportionnelle à la prospérité croissante de la région. Les installations sont un élément central du système d’#enfermement imposé à Gaza, mais leurs habitants tendent à différer des colons religieux de Cisjordanie. Démontrant l’aveuglement partiel de la gauche israélienne, certaines personnes installées dans le Néguev sont impliquées dans le #mouvement_pacifiste.

    Le 7 octobre, les combattants du Hamas ont forcé les éléments interconnectés du réseau de siège. Des tireurs d’élite ont tiré sur les caméras qui surplombent la zone interdite et ont lancé des grenades sur les #tours_de_communication. Des barrages de roquettes ont saturé l’#espace_radar. Plutôt que de creuser des tunnels sous les clôtures, les combattants sont venus par le sol. Les observateurs israéliens ne les ont pas vus ou n’ont pas pu communiquer assez rapidement ce qu’ils ont vu.

    Les combattants ont fait sauter ou ouvert quelques douzaines de brèches dans la clôture, élargies par les bulldozers palestiniens. Certains combattants du Hamas ont utilisé des parapentes pour franchir la frontière. Plus d’un millier d’entre eux ont pris d’assaut les bases militaires. L’armée israélienne, aveuglée et muette, n’a pas de vision claire du champ de bataille et les détachements mettent des heures à arriver. Des images incroyables sont apparues sur Internet : des adolescents palestiniens ont suivi les combattants à vélo ou à cheval, sur une terre dont ils avaient peut-être entendu parler par leurs grands-parents, maintenant transformée au point d’en être méconnaissable.

    Les #massacres du 7 octobre

    Les événements auraient pu s’arrêter là, mais ce ne fut pas le cas. Après les bases, ce furent les installations, les horribles massacres maison par maison, et le meurtre d’adolescents lors d’une fête. Des familles ont été brûlées ou abattues dans leurs maisons, des civils incluant des enfants et des personnes âgées ont été prises en otage. Au total, les combattants ont tué environ 1 300 civils et soldats. Plus de 200 personnes ont été capturées et emmenées à Gaza. Jusqu’alors, rien, dans la #violence ni la #répression, n’avait rendu de tels actes inévitables ou justifiés.

    Israël a mis des décennies à brouiller la ligne de démarcation entre les fonctions civiles et militaires des installations, mais cette ligne a aujourd’hui été brouillée d’une manière jamais envisagée par le gouvernement israélien. Les habitants civils cooptés pour faire partie du mur vivant de l’enveloppe de Gaza ont subi le pire des deux mondes. Ils ne pouvaient pas se défendre comme des soldats et n’étaient pas protégés comme des civils.

    Les images des installations dévastées ont permis à l’armée israélienne d’obtenir carte blanche de la part de la communauté internationale et de lever les restrictions qui avaient pu être imposées précédemment. Les hommes politiques israéliens ont appelé à la #vengeance, avec un langage explicite et annihilationiste. Les commentateurs ont déclaré que Gaza devrait être « rayée de la surface de la Terre » et que « l’heure de la Nakba 2 a sonné ». #Revital_Gottlieb, membre du Likoud à la Knesset, a tweeté : « Abattez les bâtiments ! Bombardez sans distinction ! Assez de cette impuissance. Vous le pouvez. Il y a une légitimité mondiale ! Détruisez Gaza. Sans pitié ! »

    L’échange de prisonniers

    Les otages civils des installations dont Israël a fait un « mur vivant » sont devenus pour le Hamas un #bouclier_humain et des atouts pour la #négociation. Quelle que soit la façon dont le #conflit se termine, que le Hamas soit ou non au pouvoir (et je parie sur la première solution), Israël ne pourra pas éviter de négocier l’#échange_de_prisonniers. Pour le Hamas, il s’agit des 6 000 Palestiniens actuellement dans les prisons israéliennes, dont beaucoup sont en #détention_administrative sans procès. La prise en otages d’Israéliens a occupé une place centrale dans la #lutte_armée palestinienne tout au long des 75 années de conflit. Avec des otages, l’#OLP et d’autres groupes cherchaient à contraindre Israël à reconnaître implicitement l’existence d’une nation palestinienne.

    Dans les années 1960, la position israélienne consistait à nier l’existence d’un peuple palestinien, et donc qu’il était logiquement impossible de reconnaître l’OLP comme son représentant légitime. Ce déni signifiait également qu’il n’y avait pas à reconnaître les combattants palestiniens comme des combattants légitimes au regard du droit international, et donc leur accorder le statut de #prisonniers_de_guerre conformément aux conventions de Genève. Les Palestiniens capturés étaient maintenus dans un #vide_juridique, un peu comme les « combattants illégaux » de l’après 11-septembre.

    En juillet 1968, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a détourné un vol d’El-Al et l’a fait atterrir en Algérie, inaugurant une série de détournements, dont l’objectif explicite était la libération de prisonniers palestiniens. L’incident d’Algérie a conduit à l’échange de 22 otages israéliens contre 16 prisonniers palestiniens, bien que le gouvernement israélien ait nié un tel accord. Seize contre 22 : ce taux d’échange n’allait pas durer longtemps. En septembre 1982, après l’invasion du Liban par Israël, le Commandement général du FPLP d’Ahmed Jibril a capturé trois soldats de l’armée israélienne ; trois ans plus tard, dans le cadre de ce qui a été appelé l’accord Jibril, Israël et le FPLP-CG sont finalement parvenus à un accord d’échange de prisonniers : trois soldats contre 1 150 prisonniers palestiniens. Dans l’accord de 2011 pour la libération de Gilad Shalit, capturé par le Hamas en 2006, le taux d’échange était encore plus favorable aux Palestiniens : 1 027 prisonniers pour un seul soldat israélien.
    Directive Hannibal

    Anticipant de devoir conclure de nombreux accords de ce type, Israël s’est mis à arrêter arbitrairement davantage de Palestiniens, y compris des mineurs, afin d’augmenter ses atouts en vue d’un échange futur. Il a également conservé les corps de combattants palestiniens, qui devaient être restitués dans le cadre d’un éventuel échange. Tout cela renforce l’idée que la vie d’un colonisateur vaut mille fois plus que la vie d’un colonisé, calcul qui évoque inévitablement l’histoire du #colonialisme et du commerce d’êtres humains. Mais ici, le taux de change est mobilisé par les Palestiniens pour inverser la profonde asymétrie coloniale structurelle.

    Tous les États ne traitent pas de la même manière la capture de leurs soldats et de leurs citoyens. Les Européens et les Japonais procèdent généralement à des échanges secrets de prisonniers ou négocient des rançons. Les États-Unis et le Royaume-Uni affirment publiquement qu’ils ne négocient pas et n’accèdent pas aux demandes des ravisseurs et, bien qu’ils n’aient pas toujours respecté cette règle à la lettre, ils ont privilégié l’abstention et le silence lorsqu’une opération de sauvetage semblait impossible.

    Cette attitude est considérée comme un « moindre mal » et fait partie de ce que les théoriciens des jeux militaires appellent le « jeu répété » : chaque action est évaluée en fonction de ses éventuelles conséquences à long terme, les avantages d’obtenir la libération d’un prisonnier étant mis en balance avec le risque que l’échange aboutisse à l’avenir à la capture d’autres soldats ou civils.

    Lorsqu’un Israélien est capturé, sa famille, ses amis et ses partisans descendent dans la rue pour faire campagne en faveur de sa libération. Le plus souvent, le gouvernement y consent et conclut un accord. L’armée israélienne déconseille généralement au gouvernement de conclure des accords d’échange, soulignant le risque pour la sécurité que représentent les captifs libérés, en particulier les commandants de haut rang, et la probabilité qu’ils encouragent les combattants palestiniens à prendre davantage d’otages. Yahya Sinwar, qui est aujourd’hui le chef du Hamas, a été libéré dans le cadre de l’#accord_Shalit. Une importante campagne civile contre ces échanges a été menée par le mouvement religieux de colons #Gush_Emunim, qui y voyait une manifestation de la fragilité de la société « laïque et libérale » d’Israël.

    En 1986, à la suite de l’#accord_Jibril, l’armée israélienne a publié la directive controversée Hannibal, un ordre opérationnel secret conçu pour être invoqué lors de la capture d’un soldat israélien par une force armée irrégulière. L’armée a nié cette interprétation, mais les soldats israéliens l’ont comprise comme une autorisation de tuer un camarade avant qu’il ne soit fait prisonnier. En 1999, #Shaul_Mofaz, alors chef de l’état-major général, a expliqué cette politique en ces termes : « Avec toute la douleur que cela implique, un soldat enlevé, contrairement à un soldat tué, est un problème national. »

    Bien que l’armée ait affirmé que le nom de la directive avait été choisi au hasard par un programme informatique, il est tout à fait approprié. Le général carthaginois Hannibal Barca s’est suicidé en 181 avant J.-C. pour ne pas tomber aux mains des Romains. Ceux-ci avaient fait preuve d’une détermination similaire trente ans plus tôt : lorsque Hannibal tenta d’obtenir une rançon pour les soldats qu’il avait capturés lors de sa victoire à Cannes, le Sénat, après un débat houleux, refusa et les prisonniers furent exécutés.

    Le 1er août 2014, lors de l’offensive sur Gaza connue sous le nom d’« #opération_Bordure_protectrice », des combattants palestiniens ont capturé un soldat de Tsahal près de Rafah, et la #directive_Hannibal est entrée en vigueur. L’armée de l’air a bombardé le système de tunnels où avait été emmené le soldat, tuant 135 civils palestiniens, dont des familles entières. L’armée a depuis annulé la directive. Toutefois, la plupart des bombardements actuels vise les #tunnels où se trouvent les postes de commandement du Hamas et les otages : le gouvernement semble ainsi, par ces bombardements aveugles, non seulement menacer les Gazaouis d’une #destruction sans précédent, mais aussi revenir au principe de préférer des captifs morts à un accord. #Bezalel_Smotrich, ministre israélien des finances, a appelé à frapper le Hamas « sans pitié, sans prendre sérieusement en considération la question des captifs ». #Gilad_Erdan, ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, a déclaré que les otages « ne nous empêcheraient pas de faire ce que nous devons faire ». Mais dans cette guerre, le sort des #civils de Gaza et des Israéliens capturés est étroitement lié, tout comme celui des deux peuples.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/041123/taux-de-change-retour-sur-la-politique-israelienne-des-otages
    #Israël #Palestine #Eyal_Weizman #à_lire

  • Comment Benyamin Nétanyahou est devenu le leader autoproclamé du « monde civilisé »

    .... Nétanyahou propose « une alliance antiterroriste de toutes les démocraties occidentales ». De telles thèses sont reprises par Ronald Reagan et son administration, de 1981 à 1989, au nom d’une « nouvelle guerre froide » contre « l’empire du mal » de l’URSS, auquel serait affiliée, dans une telle vision binaire, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat.

    .... Quatre ans plus tard [en 1993, 11 ans après l’invasion israélienne du Liban et l’évacuation de l’OLP], Arafat signe avec Yitzhak Rabin, le premier ministre israélien, les accords de paix d’Oslo, que Nétanyahou, devenu le chef de l’opposition, condamne comme une intolérable concession à la « terreur ». Peu importe que l’URSS ait disparu, il stigmatise l’OLP comme la tête d’une hydre terroriste, à combattre sans relâche. Nétanyahou s’affiche dans des meetings où sont scandés les slogans « Rabin, chien d’Arafat », voire « mort à Rabin ».

    Lorsque Rabin est assassiné, en 1995, certes par un terroriste, mais juif et Israélien, Nétanyahou croit sa carrière politique compromise. Mais il se remet vite à marteler le mantra de la « terreur », forcément arabe et anti-occidentale, parvenant à être élu de justesse en 1996 à la tête du gouvernement. Il s’attache, durant ses trois premières années au pouvoir, à méthodiquement vider de leur substance les #accords_d’Oslo.

    Redevenu simple député, il voit la rhétorique de l’Institut Jonathan triompher avec les attentats du 11 septembre #2001 et la « guerre globale contre la terreur » de George W. Bush. Nétanyahou se mobilise à Washington en 2002 pour assimiler l’OLP à Al-Qaida, tout en contribuant à la campagne de désinformation sur les armes de destruction massive en Irak. Jacques Chirac dénonce alors l’aveuglement d’une offensive de renversement de Saddam Hussein qui ne préparerait pas « le jour d’après ». La France évite ainsi que la désastreuse invasion de l’Irak ne débouche sur une confrontation mondialisée entre l’islam et l’Occident [hum, ndc]. Quant à Nétanyahou, il préfère, en 2006, célébrer, à l’hôtel King David de Jérusalem, le soixantième anniversaire de l’attentat de l’Irgoun, qui y fit 91 morts, dont 41 Arabes, 28 Britanniques et 17 Juifs. La plaque apposée à cette occasion est sans doute la seule au monde à honorer les auteurs d’un attentat plutôt que leurs victimes.

    https://www.lemonde.fr/un-si-proche-orient/article/2023/10/29/comment-benyamin-netanyahou-est-devenu-le-leader-du-monde-civilise_6197141_6

    https://archive.ph/Pi2Mj

    Bon, c’est Jean-Pierre Filiu hein.

    #Israël #Benyamin_Nétanyahou #biographie #Irgoun #Likoud

  • Libérée par le #Hamas, Yocheved #Lifshitz a milité toute sa vie pour les droits des #Palestiniens
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/26/liberee-par-le-hamas-yocheved-lifshitz-a-milite-toute-sa-vie-pour-les-droits

    Cette femme âgée de 85 ans, qui proteste inlassablement avec son mari, toujours otage, contre les conditions de vie des habitants de #Gaza, a été relâchée mardi après son enlèvement, le 7 octobre, dans le #kibboutz de Nir Oz.

    Par Raphaëlle Bacqué(Tel-Aviv, envoyée spéciale)
    Publié aujourd’hui à 06h00, modifié à 15h33
    Temps deLecture 5 min.

    Yocheved Lifshitz, 85 ans, au lendemain de sa libération par le Hamas, à l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv, le 24 octobre 2023. ARIEL SCHALIT / AP
    Yocheved Lifshitz paraît frêle et pâle, au milieu de ses dix petits-enfants, sur cette photo qu’ils ont prise à l’hôpital de Tel-Aviv, où elle se remet toujours de ses dix-huit jours de détention. On remarque tout de suite ce regard un peu perdu, sous des cheveux noirs coupés court, et sa petite silhouette qui semble flotter dans une tenue de coton noire.

    Sur la vidéo qu’a fait circuler le Hamas sur ses chaînes Telegram, quelques heures à peine après sa libération, mardi 24 octobre, des membres du mouvement islamiste, qui s’y entendent en communication, semblaient d’ailleurs tout attentifs à marcher à petit pas à côté de cette femme de 85 ans, en lui tenant le bras, avant de la remettre, en même temps que Nourit Kuper, 79 ans, aux mains de la Croix-Rouge. Ont-ils seulement su qui elle était, demande-t-on à son petit-fils Daniel ?

    « Oui, elle le leur a dit, et avec une grande colère », confie-t-il au Monde. C’est que Yocheved et son mari, Oded, de trois ans son cadet, enlevé avec elle le 7 octobre dans ce kibboutz de Nir Oz que le couple avait fondé en 1952, ont toujours été d’inlassables militants des droits des Palestiniens. Au milieu des années 1990, raconte d’ailleurs volontiers sa fille Sharone, qui, après l’enlèvement de ses parents, a aussitôt quitté Londres pour Tel-Aviv, Oded Lifshitz avait même rencontré le chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat. Ce dernier venait de s’installer à Gaza, à quelque 3 kilomètres du kibboutz, juste après avoir reçu, en 1994, le prix Nobel de la paix, en même temps que les anciens premiers ministres israéliens Shimon Pérès et Yitzhak Rabin pour leurs efforts en faveur de cette paix qui paraît aujourd’hui si lointaine.

    Yocheved a dit aussi à ses geôliers que, quelques semaines avant leur enlèvement, les Lifshitz conduisaient encore régulièrement les malades de Gaza jusqu’aux hôpitaux israéliens afin qu’ils y soient soignés… Toute la famille Lifshitz, d’ailleurs, milite pour Shalom Akhshav (« la paix maintenant », en hébreu), ce mouvement qui plaide « pour un compromis raisonnable entre les peuples israélien et palestinien ». En somme, par une tragique ironie de l’histoire, les terroristes du Hamas ne pouvaient ignorer que leur prisonnière et son époux sont de ces Israéliens qui protestent inlassablement contre les conditions dans lesquelles vivent les Palestiniens dans cette prison à ciel ouvert qu’est Gaza.

    « Shalom »
    Si le Hamas a diffusé si complaisamment la vidéo de la libération de Yocheved Lifshitz, c’est d’ailleurs parce que, en un geste et en un mot, leur prisonnière a rappelé cet engagement. Juste avant qu’elle ne le quitte, on y voit en effet la vieille dame se retourner vers son ravisseur, encagoulé et armé, pour lui serrer la main en murmurant distinctement un « shalom », ce mot hébraïque qui veut dire « paix » en même temps qu’il est un salut. Depuis quarante-huit heures, ce geste et ce « shalom » bouleversent une société israélienne déjà profondément traumatisée par les 1 400 morts et quelque 200 enlèvements perpétrés par les terroristes lors de leur attaque surprise du 7 octobre.

    Même ses quelques mots pour dire qu’elle avait été « bien traitée », lors d’une conférence de presse organisée par sa fille et son petit-fils, sans que le gouvernement israélien ait eu son mot à dire, ont choqué jusqu’aux autres familles d’otage. « Au moment même où des efforts considérables sont déployés pour convaincre le monde que les otages doivent être libérés le plus rapidement possible, c’est étrange de l’entendre dire qu’ils sont bien traités », s’insurge Ronen Tzur, le directeur de la communication du Forum des familles d’otages et de disparus, qui reconnaît la rupture de tout contact avec les Lifshitz.

    Ce que raconte Yocheved Lifshitz, alors que son mari est toujours détenu, est pourtant le premier témoignage public sur la façon dont s’est déroulée l’une des prises d’otages perpétrées par le Hamas. Pour s’imaginer l’événement, il faut d’abord plonger à moins de 3 kilomètres du mur d’enceinte et de l’énorme grille électrifiée entourant Gaza, là où se trouve le kibboutz de Nir Oz, où vivent les Lifshitz.

    Trois semaines avant le 7 octobre, retrace ainsi la vieille dame, parfois secondée par sa fille Sharone, cette petite communauté de près de 400 personnes, fondée sur l’idéalisme des débuts d’Israël, avait subi des attaques qui, avec le recul, ressemblent à des avertissements. « Le Hamas nous avait préparés, pour ainsi dire, dit-elle d’ailleurs clairement. Ils avaient incendié nos champs en envoyant des ballons qui allumaient des feux. » Elle assure cependant que « l’armée israélienne ne nous a pas pris au sérieux. Le gouvernement nous a abandonnés ».

    « Un enfer »
    Le matin du samedi 7 octobre, alors que le calme paraît être revenu, les habitants voient soudain « des groupes comme des essaims faire sauter cette clôture coûteuse » entourant Gaza et fondre vers le kibboutz dont ils ouvrent les portes. « Des masses ont alors envahi nos maisons, battant les gens sans faire de distinction entre les jeunes et les vieux », dit-elle, comme si elle revoyait encore ce qu’elle appelle « un enfer ».

    Oded et Yocheved Lifshitz savent ce qu’est la violence. Si cette fille d’immigrés polonais qui ont quitté l’Europe en 1933 a été professeure d’éducation physique et photographe, lui est un ancien journaliste. En 1982, il a ainsi été l’un des premiers à pénétrer dans Sabra et Chatila et à relater les massacres survenus dans ces camps de réfugiés palestiniens, à Beyrouth-Ouest, qui firent des centaines, voire des milliers de morts.

    C’est autre chose, cependant, d’être soi-même visé. En 2015, un vidéoclip électoral du Likoud avait fait scandale : il mettait en scène des figurants déguisés en djihadistes déferlant en pick-up et demandant « la direction de Tel-Aviv ». Le groupe d’hommes armés, habillés et encagoulés de noir qui pénètre dans le kibboutz, ce 7 octobre, ressemble tout à fait à ce cauchemar.

    En quelques heures, ils dévastent tout, tuent vingt personnes, pillent, brûlent et enlèvent 80 habitants, dont le couple âgé. Dans cette folie, les Lifshitz ont été séparés, mais, précise son fils aujourd’hui, sa mère a eu le temps de voir que son mari était blessé après avoir reçu « une balle dans la main, alors qu’il tentait de bloquer la poignée de la porte blindée » derrière laquelle ils se tenaient.

    « Peur d’une peste »
    Yocheved Lifshitz, bras et jambes entravés, est jetée brutalement en travers d’une moto. « Pendant que nous roulions, ils m’ont frappée avec un bâton en bois. Ils ne m’ont pas cassé les côtes, mais j’ai eu très mal et j’avais du mal à respirer », relate-t-elle. Bientôt, on la descend à l’entrée d’un de ces #tunnels par lesquels le Hamas fait passer en contrebande armes et nourriture. « Nous avons marché pendant des kilomètres, à travers ce système géant de tunnels qui ressemble à des toiles d’araignée. La terre est humide, tout est toujours humide, détaille-t-elle. Lorsque nous sommes arrivés, ils nous ont dit qu’ils croyaient au Coran, qu’ils ne nous feraient pas de mal et que nous vivrions dans les mêmes conditions de vie qu’eux dans les tunnels. »

    Les deux ou trois premières heures, elle est gardée dans une salle avec vingt-cinq autres #otages, mais, bientôt, les ravisseurs les séparent selon le lieu où ils ont été enlevés et elle reste avec quatre autres otages du kibboutz, chacun accompagné d’un garde. On lui a pris sa montre et ses bijoux, mais, pour le reste, les ravisseurs les traitent convenablement. Ils les nourrissent de pain pita, de fromage et de concombres et installent des matelas pour la nuit.

    L’un des otages, blessé aux jambes et aux bras en tombant de la moto où il avait été placé, « reçoit ainsi chaque jour la visite d’un infirmier qui nettoie ses plaies » et d’un médecin qui lui administre des antibiotiques. Les ravisseurs paraissent aussi particulièrement se préoccuper de l’hygiène. Les otages disposent de shampooing et de toilettes propres que les terroristes nettoient régulièrement « pour qu’on n’attrape pas de maladies, ils avaient peur d’une peste », rapporte Yocheved Lifshitz.

    Au cours de sa conférence de presse, lorsqu’on lui a demandé si ses geôliers avaient essayé de discuter avec les otages, elle a répondu, sans être plus précise : « Nous leur avons dit : “Pas de politique.” Ils ont parlé de toutes sortes de choses et ont été très amicaux avec nous. » Peut-elle parler plus franchement, alors que quelque deux cents otages sont encore aux mains du Hamas ? Yocheved Lifshitz a, en tout cas, discrètement donné aux familles des nouvelles des #prisonniers qu’elle a pu croiser pendant ces dix-huit jours d’enfer. Et espère, désormais, le retour de son mari.❞

  • Libia. Il Consiglio di sicurezza Onu conferma le sanzioni ai guardacoste-trafficanti

    Approvato all’unanimità l’inasprimento delle sanzioni per i boss del traffico di esseri umani, petrolio e armi. Dal guardacoste «#Bija» ai capi della «polizia petrolifera» fino al direttore dei «#lager»

    La Libia non è un porto sicuro di sbarco, e le connessioni dirette tra guardia costiera libica e trafficanti di esseri umani, petrolio e armi, sono il motore della filiera dello sfruttamento e dell’arricchimento. All’unanimità il Consiglio di sicurezza delle Nazioni Unite ha accolto le richieste degli investigatori Onu, che hanno proposto l’inasprimento delle sanzioni contro i principali boss di un sistema criminale che tiene insieme politica, milizie e clan.

    La decisione mette in difficoltà il governo italiano e le direttive Piantedosi, secondo cui le organizzazioni del soccorso umanitario dovrebbero prima coordinarsi con la cosiddetta guardia costiera libica, che invece l’Onu indica tra i principali ingranaggi del sistema criminale. Dopo una lunga discussione interna il Consiglio di sicurezza ha accolto le richieste degli investigatori Onu in Libia a cui è stato rinnovato il mandato fino al 2025. Gli esponenti per i quali è richiesto il blocco dei beni e il divieto assoluto di viaggio sono cinque, ma uno risulta deceduto il 16 marzo di quest’anno in Egitto. Gli altri componenti del «poker libico» sono nomi pesanti, a cominciare da #Saadi_Gheddafi, il figlio ex calciatore del colonnello Gheddafi, che sta tentando di vendere una proprietà in Canada aggirando le sanzioni anche attraverso il consolato libico in Turchia. Il cinquantenne Gheddafi avrebbe viaggiato indisturbato e il 27 giugno 2023, gli esperti Onu hanno scritto al governo turco «in merito all’attuazione delle misure di congelamento dei beni e di divieto di viaggio. Non è stata ricevuta alcuna risposta». Secondo gli investigatori la firma di Gheddafi su una procura depositata in Turchia, costituisce «una prova della mancata osservanza da parte della Turchia della misura di divieto di viaggio».

    Se i Gheddafi rappresentano il passato che continua a incombere sulla Libia, soprattutto per lo smisurato patrimonio lasciato dal patriarca dittatore e mai realmente quantificato, nella lista dei sanzionati ci sono i nuovi boss della Libia di oggi. Come #Mohammed_Al_Amin_Al-Arabi_Kashlaf. «Il Gruppo di esperti ha stabilito che la #Petroleum_Facilities_Guard di Zawiyah è un’entità che è nominalmente sotto il controllo del Governo di unità nazionale», dunque non una polizia privata in senso stretto ma un gruppo armato affiliato alle autorità centrali e incaricato di sorvegliare i principali stabilimenti petroliferi, da cui tuttavia viene fatta sparire illegalmente un certa quantità di idrocarburi che poi vengono immessi nel mercato europeo grazie a una fitta rete di contrabbandieri. «Il gruppo di esperti - si legge ancora - ha chiesto alle autorità libiche di fornire informazioni aggiornate sull’attuazione del congelamento dei beni e del divieto di viaggio nei confronti di questo individuo, compresi i dettagli sullo status attuale e sulla catena di comando della Petroleum Facilities Guard a Zawiyah, nonché sulle sue attività finanziarie e risorse economiche personali». Anche in questo caso le autorità libiche «non hanno ancora risposto».

    Collegato a Kashlaf è #Abd_al-Rahman_al-Milad, forse il più noto del clan. Noto anche come “Bija”, ha utilizzato «documenti delle Nazioni Unite contraffatti nel tentativo di revocare il divieto di viaggio - si legge - e il congelamento dei beni imposti nei suoi confronti». Bija si è però mosso trovando appoggi sia «nel governo libico che in interlocutori privati all’interno della Libia», con l’obiettivo di ottenere il sostegno «alla sua richiesta di cancellazione» delle sanzioni. In particolare, gli investigatori Onu sono in possesso «di un documento ufficiale libico, emesso il 28 settembre 2022 dall’Ufficio del Procuratore Generale, in cui si ordina alle autorità responsabili - denunciano gli esperti - di rimuovere il nome di #Al-Milad dal sistema nazionale di monitoraggio degli arrivi e delle partenze». Una copertura al massimo livello della magistratura, che lo aveva già assolto dalle accuse di traffico di petrolio, e che «consentirebbe ad Al-Milad di lasciare la Libia con i beni in suo possesso, in violazione della misura di congelamento dei beni». Il 25 gennaio 2023 «il Gruppo di esperti ha chiesto alle autorità libiche di fornire informazioni aggiornate sull’effettiva attuazione del congelamento dei beni e del divieto di viaggio nei confronti di Al-Milad. La richiesta è stata fatta a seguito della ripresa delle sue funzioni professionali nelle forze armate libiche, compresa la nomina a ufficiale presso l’Accademia navale di Janzour dopo il suo rilascio dalla custodia cautelare l’11 aprile 2021». A nove mesi di distanza, le autorità libiche «non hanno ancora risposto».

    La risoluzione approvata dal Consiglio di sicurezza si basa anche su un’altra accusa del «Panel of Expert» i quali hanno «hanno stabilito che il comandante della Petroleum Facilities Guard di Zawiyah, Mohamed Al Amin Al-Arabi Kashlaf , e il comandante della Guardia costiera libica di #Zawiyah, Abd al-Rahman al-Milad (Bija), insieme a #Osama_Al-Kuni_Ibrahim, continuano a gestire una vasta rete di traffico e contrabbando a Zawiyah». Le sanzioni non li hanno danneggiati. «Da quando i due comandanti sono stati inseriti nell’elenco nel 2018, hanno ulteriormente ampliato la rete includendo entità armate che operano nelle aree di Warshafanah, Sabratha e Zuara». Tutto ruota intorno alle prigioni per i profughi. «La rete di Zawiyah continua a essere centralizzata nella struttura di detenzione per migranti di Al-Nasr a Zawiyah, gestita da Osama Al-Kuni Ibrahim», il cugino di Bija identificato grazie ad alcune immagini pubblicate da Avvenire nel settembre del 2019. Il suo nome ricorre in diverse indagini. Sulla base «di ampie prove di un modello coerente di violazioni dei diritti umani, il Gruppo di esperti ha rilevato - rincara il “panel” - che Abd al-Rahman al-Milad e Osama al-Kuni Ibrahim, hanno continuano a essere responsabili di atti di tortura, lavori forzati e altri maltrattamenti nei confronti di persone illegalmente confinate nel centro di detenzione di Al-Nasr», allo scopo di estorcere «ingenti somme di denaro e come punizione».

    Il modello di #business criminale è proprio quello che Roma non vuole riconoscere, ma che gli investigatori Onu e il Consiglio di sicurezza ribadiscono: «La rete allargata di Zawiyah - si legge nel rapporto - comprende ora elementi della 55esima Brigata, il comando dell’Apparato di Supporto alla Stabilità a Zawiyah, in particolare le sue unità marittime, e singoli membri della Guardia Costiera libica, tutti operanti al fine di eseguire il piano comune della rete di ottenere ingenti risorse finanziarie e di altro tipo dalle attività di traffico di esseri umani e migranti».

    Al Consiglio di Sicurezza è stato mostrato lo schema che comprende «quattro fasi operative: (a) la ricerca e il ritorno a terra dei migranti in mare; (b) il trasferimento dai punti di sbarco ai centri di detenzione della Direzione per la lotta alla migrazione illegale; (c) l’abuso dei detenuti nei centri di detenzione; (d) il rilascio dei detenuti vittime di abusi». Una volta rimessi in libertà i migranti, rientrano nel ciclo dello sfruttamento: rimessi in mare, lasciando che una percentuale venga catturata dai guardacoste per giustificare il sostegno italiano ed europeo alla cosiddetta guardia costiera libica, e di nuovo «trasferimento dai punti di sbarco ai centri di detenzione della Direzione per la lotta alla migrazione illegale; l’abuso dei detenuti nei centri di detenzione; il rilascio dei detenuti vittime di abusi».

    Il rapporto Onu e il voto unanime dei 15 Paesi che siedono nel Consiglio di sicurezza sono uno schiaffo. «Per quanto riguarda il divieto di viaggio e il congelamento dei beni - si legge in una nota riassuntiva della seduta al Palazzo di Vetro -, gli Stati membri, in particolare quelli in cui hanno sede le persone e le entità designate, sono stati invitati a riferire» al Comitato delle sanzioni circa «le rispettive azioni per attuare efficacemente entrambe le misure in relazione a tutte le persone incluse nell’elenco delle sanzioni». Tutte gli esponenti indicati dal «Panel of expert» sono inclusi nell’elenco degli «alert» dell’Interpol. La risoluzione approvata ieri riguarda anche il contrabbando di petrolio e di armi. Il Consiglio di Sicurezza ha prorogato «l’autorizzazione delle misure per fermare l’esportazione illecita di prodotti petroliferi dalla Libia e il mandato del gruppo di esperti che aiuta a supervisionare questo processo».

    https://www.avvenire.it/attualita/pagine/libia-il-consiglio-di-sicurezza-conferma-le-sanzioni-ai-guardacoste-traffic
    #gardes-côtes_libyens #sanctions #migrations #asile #réfugiés #Libye #externalisation #sanctions #conseil_de_sécurité_de_l'ONU #conseil_de_sécurité #ONU #détention #prisons

    • Anniversaire de Ban Public... et 20 ans après ?
      https://banpublic.org/20ans

      En 2020, l’association Ban Public fêtait ses 20 ans. A cette occasion, plutôt que de célébrer sa propre existence, Ban Public a souhaité que ce moment soit l’occasion de faire une rétrospective des 20 dernières années de la « Prison » en France afin d’en faire ressortir des éléments factuels et d’en tirer des pistes d’amélioration pour le futur.

      Huit thèmes seront abordés successivement avant une restitution finale à l’hiver 2022 ouvrant sur des pistes concrètes d’action issues de ces journées d’échanges participatifs.

    • Procès d’« activistes d’ultragauche » : le parquet requiert entre deux et six années de prison
      https://www.liberation.fr/societe/police-justice/proces-dactivistes-dultragauche-le-parquet-requiert-entre-deux-et-six-ann

      Deux ans de prison avec sursis simple contre Loïc M., trois ans dont deux avec sursis probatoire contre Manuel H., trois ans avec sursis probatoire contre Camille B. et Bastien A., quatre ans dont trois avec sursis contre William D. et cinq ans dont quatre avec sursis contre Simon G. Reste, enfin, Florian D., contre qui la procureure a requis six ans ferme avec mandat de dépôt . Ce dernier, qui a combattu aux côtés des Kurdes contre Daesh en 2017, est présenté par l’accusation comme le « leader charismatique » du « groupe ». Il est en tout cas, de fait, le dénominateur commun d’un ensemble de personnes qui ne se connaissaient pas toutes entre elles avant leur interpellation. Le parquet a aussi requis des amendes et des interdictions de détenir ou posséder une arme à l’encontre des prévenus.

  • Les armements du maintien de l’ordre
    https://infokiosques.net/spip.php?article2038

    1ère brochure d’une série de 3 qui font de l’information et de conseils à distribuer aux personnes blessé-es et leurs proches, ainsi qu’aux personnes se rendant en manifestation. Ce texte décrit les armements du maintien de l’ordre, avec une description de l’encadrement légal de l’intervention de la force, un descriptif technique des moyens et armes utilisés, leurs principaux fabricants. #A

    / Infokiosque fantôme (partout), #Prison,_justice,_répression

    #Infokiosque_fantôme_partout_
    https://infokiosques.net/IMG/pdf/les_armements_du_maintien_de_l_ordre-aut2021-pageparpage-24pa5.pdf
    https://infokiosques.net/IMG/pdf/les_armements_du_maintien_de_l_ordre-aut2021-cahier-12pa4.pdf

  • Incarcéré en marge des révoltes, Bilal a passé 5 semaines en détention pour rien - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/societe/incarcere-en-marge-des-revoltes-bilal-a-passe-5-semaines-en-detention-pour

    Comme d’autres, Bilal a été innocenté après avoir passé cinq semaines en détention provisoire. Le 29 juin 2023, Bilal se trouve dans son quartier, « une cité calme », desservie par le RER E. Le jeune homme, 20 ans, sort de chez lui par curiosité. « Il y avait quelques feux de poubelles, mais pas grand-chose de plus », se rappelle-t-il. La police essuie tout de même quelques feux d’artifice. Au milieu de la nuit, Bilal se fait interpeller, accusé d’avoir incendié des poubelles. Les policiers qui procèdent à son interpellation sont de vieilles connaissances. « Ils m’ont arrêté pour faire du chiffre. C’est un truc d’État pour répondre aux ordres du Ministère de la Justice », analyse-t-il.
    Les comparutions immédiates : machine à incarcération

    Du 27 juin au 7 juillet 2023, le nombre d’interpellations et de renvoi vers la Justice donne le tournis. D’après une analyse de l’Inspection générale de la Justice publiée début août, 3 847 personnes sont passées devant un tribunal ou un magistrat sur cette période. Le garde des Sceaux avait appelé à une réponse « rapide, ferme et systématique ».

    En conséquence, « les tribunaux judiciaires se sont résolument appuyés sur des procédures accélérées, privilégiant la présentation des mis en cause devant le procureur de la République et le jugement par comparution immédiate, dans des proportions inhabituelles », note le rapport.

    Les comparutions immédiates, régulièrement critiquées pour leur caractère expéditif et peu respectueux du principe d’individualisation des peines, ont tourné à plein régime. La procédure a été privilégiée sur cette période six fois plus que sur l’ensemble de l’année 2021.

  • La population pénitentiaire a atteint des sommets en 2022 - rtbf.be
    https://www.rtbf.be/article/la-population-penitentiaire-a-atteint-des-sommets-en-2022-11258370

    Selon le Conseil central de #surveillance_pénitentiaire (CCSP), en 2022, la population pénitentiaire a atteint des sommets jamais franchis dans les prisons belges. L’organe de contrôle a épinglé, lors de la présentation de son rapport annuel 2022 l’impact de la #surpopulation_carcérale sur les droits des prisonniers. Leur nombre moyen dans les 35 prisons surveillées était l’an dernier 11.302, tandis que la capacité moyenne est de 9.641 personnes. Taux moyen surpopulation : 17%. Cette situation affecte gravement les conditions de détention, porte atteinte à la dignité et aux droits des personnes détenues, pointe le CCSP.
    S’appuyant sur les observations faites par les commissions de surveillance, le Conseil cite les conditions matérielles indignes, parmi lesquelles les matelas au sol au nombre de 82 à 248 dans les #prisons surveillées, le manque d’intimité et d’hygiène, la réduction du temps passé à l’air libre, l’accès restreint aux soins médicaux ou encore la pression exercée sur le personnel pénitentiaire. Il évoque aussi l’insécurité, la difficulté de maintenir des contacts avec l’extérieur, la réinsertion plus compliquée, l’aggravation des problèmes psychologiques, et l’augmentation des #suicides et tentatives de suicide.

    Le CCSP recommande de prendre des mesures appropriées et suffisantes pour mesurer et contrôler la croissance de la population carcérale et garantir des conditions de détention humaines et dignes aux personnes privées de liberté. Il demande aussi que des mesures soient prises en concertation avec les acteurs concernés pour encourager le recours aux sanctions non-privatives de liberté.

    Il plaide enfin pour une sensibilisation des juges et des procureurs au rôle qu’ils ont à jouer dans la surpopulation carcérale.

    https://www.prison-insider.com/articles
    #prison_insider

  • Trois syndicalistes CGT hôtellerie jugés pour escroquerie
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/hauts-de-seine/trois-syndicalistes-cgt-hotellerie-juges-pour-escroquer

    Le ministère public a requis huit et cinq mois de prison avec sursis mercredi contre deux syndicalistes de la CGT HPE, Hôtels de prestige et économiques, jugés pour escroquerie, devant le tribunal correctionnel de Nanterre. lls sont accusés d’avoir sollicité des dons auprès des salariés qu’ils défendaient.

    À la barre du tribunal de Nanterre mercredi, l’ex-trésorier du syndicat Claude Lévy, son épouse Tiziri K. et un troisième syndicaliste. Les trois prévenus sont accusés d’avoir sollicité des #dons auprès des salariés qu’ils défendaient devant les #prud'hommes. Ils sont soupçonnés de les avoir incités à verser à leur #syndicat 10% des sommes obtenues devant ces juridictions. Au total, 46 personnes se sont constituées parties civiles, ainsi que l’Union départementale CGT Paris et l’Union régionale Île-de-France CGT .

    Claude Levy est bien connu dans le monde de l’#hôtellerie en Ile-de-France. Il s’est notamment engagé en 2013 dans la défense de #femmes_de_chambres qui demandaient à être embauchées dans un palace parisien, le #Park_Hyatt Paris-Vendôme ou plus récemment il y a deux ans, au côté d’autres femmes de chambres de l’hôtel #IBIS_Batignoles. Elles exigeaient une amélioration de leurs #salaires.

    10 % de dons

    Mercredi au tribunal, les trois #syndicalistes ont rejeté en bloc assurant ces 10% des sommes versés par des salariés constituent des "dons juridiques" librement consentis dont le principe a été voté à l’unanimité lors de plusieurs congrès tenus par la CGT.

    En juin 2021, a rappelé la présidente, ces transferts représentaient plus de la moitié du capital de la CGT-HPE qui s’élevait à cette date à « un peu plus de 800.000 euros ». Les recherches conduites par les enquêteurs pour évaluer votre rythme de travail devant les instances prud’homales pourraient éventuellement justifier de ce montant", pointe la présidente qui décompte "600 procédures" qui seraient allées jusqu’au jugement.

    Une ambiance tendue

    Lors d’une audience de plus de dix heures, ponctuée par de nombreux rappels de la présidente dans une ambiance tendue, les prévenus se sont défendus de manière véhémente. "Ce #procès, c’est le procès d’un vilain syndicaliste qui s’est impliqué pendant plus de 70 heures (par semaine, nldr ) pour aider les plus démunis. Qu’on me traite d’exploiteur des opprimés, il y a de quoi péter un plomb !", s’est exclamé M. Lévy. La prévenue Tiziri K. a déclaré être victime d’un "règlement de compte" et n’avoir "contraint personne" à verser une partie des indemnités perçues.

    Ils ont mentionné plusieurs attestations versées au dossier, produites par des salariés expliquant avoir versé librement ces sommes à la #CGT-HPE.

    Huit mois de #prison_avec_sursis assortis d’une amende de 8.000 euros ont été requis contre l’ex-trésorier du syndicat Claude Lévy. Son épouse Tiziri K. a été visée par des réquisitions de cinq mois d’emprisonnement avec sursis et une #amende de 5.000 euros. Concernant une troisième syndicaliste également mise en cause, soupçonnée de complicité d’#escroquerie, le parquet a déclaré qu’il s’en remettait à la décision de la cour, qui sera rendue le 28 novembre.

    Le parquet a également demandé la #privation_de_droits_d'éligibilité pendant cinq ans pour les deux prévenus et de manière non obligatoire, l’interdiction d’exercer toute fonction dans le domaine social pendant cinq ans.

    des structures de cette même #CGT qui, dans de nombreux cas, ne donne des infos aux salariés, chômeurs et précaires qui en demandent qu’à la condition qu’ils adhérent juge utile de se porter partie contre des militants syndicaux qui animent des grèves

    #bureaucratie_syndicale #justice #luttes_sociales #luttes_syndicales #grève #caisse_de_grève

    • Ce qui en jeu ici c’est aussi une lutte de tendance au sein de la CGT où l’accusé (et condamné) est clairement identifié comme un opposant à la ligne confédérale, plus combatif que cette dernière et, surtout, contre les pratiques de la fédération, cette dernière, étant de mon point de vue, clairement identifiée comme vendue au patronat.

      À titre d’exemple, cet article de PLI d’août 2022 :

      [Radio] Retour sur l’action de la CGT-HPE - Paris-luttes.info
      https://paris-luttes.info/radio-retour-sur-l-action-de-la-16024

      Retour sur l’action de la CGT-HPE
      Publié le 6 août 2022

      Dans cette émission de Vive la sociale - FPP 106.3 FM - nous aurons un long échange avec Claude Levi, animateur syndical des luttes dans le secteur de la propreté et notamment dans l’hôtellerie. Bonne écoute !
      Retour sur l’action de la CGT-HPE

      Dans cet entretien, Claude Lévy, longtemps cheville ouvrière de la CGT-HPE, dresse un tableau de la situation de la sous-traitance dans l’hôtellerie et des activités de son syndicat. Sont également abordés ses démêlés avec l’union syndicale CGT du commerce parisienne et les brimades qu’il a dû subir, ainsi que Tiziri Kandi, ces dernières années. L’entretien se termine sur un tour d’horizon des perspectives du syndicat CGT-HPE et des projets de Claude et Tiziri.

  • Disqueuse. Rédoine Faïd aux assises pour évasion, par Noémie Schulz @noemieschulz
    https://twitter.com/noemieschulz/status/1706335451043266563

    L’interrogatoire de #RedouaneFaid sur les faits commence « Avant de monter dans cet hélicoptère, je me dois d’expliquer la génèse de tout ça. Ce qui a provoqué l’envie de partir. Je dois démarrer mon récit en détention. »
    "Quand vous arrivez à #Fresnes, au quartier d’isolement, vous etes au rez-de chaussée. La cellule, c’est comme être dans une cave. Pas de fenêtre, un vasistas en hauteur, pas de chauffage, pas de douche, des toilettes turques ou normales selon la cellule"
    « La première fois que j’y suis arrivé, c’était y’a 20 ans. C’est un gouffre quand vous arrivez, y’a des rats, des cafards. Si vous fermez pas la fenêtre, le rat monte dans la cellule. C’est ça Fresnes. L’hiver, il gèle tout simplement. Vous dormez avec trois pulls, deux manteaux »

    « Les surveillants sont féroces. Ce sont des conditions de détention extrèmes.
    Vous y passez 23 heures par jour. On entend les lamentations des gens, les gens qui pleurent, qui hurlent. Mais plus fort que les lamentations, c’est le silence dans cet endroit »
    "Le silence transmet le son d’une douleur impénétrable. C’est une machine à broyer. C’est l’outil répressif de l’administration pénitentiaire."
    « C’est un endroit, ça vous ferme l’esprit, on vous dépossède de votre corps. Vous vous dites que votre vie appartient à ces murs.
    C’est difficile de pas sombrer dans la haine. Moi j’ai développé des capacités pour résister à ça. »
    "On veut pas s’évader, on sait que ça va renforcer la répression. J’ai fait la connerie en 2013. Je voulais pas recommencer. Mais le problème c’est que ça s’arrête pas. Tout est fait pour vous briser."
    « Ceux qui considèrent que cette injustice ne les concerne pas, je leur dis qu’ils se trompent.
    L’agressivité qu’il y a dans ces quartiers c’est grave, cela destabilise la démocratie. Le système carcéral français reverse des femmes, des hommes brisés »
    "On leur a inculqué la haine, on leur a transfusé de la rage. On vous parle du fléau des multirécidivistes. On entend des experts qui disent que c’est normal que ce soit dur. Mais tous ces gens, à un moment ils vont sortir, vous allez être amené à les croiser"
    « Vous voulez quoi ? on veut des gens énervés, en colère, enragés, ou des gens qui sont calmes ?
    Quand la société ne pâtit pas de cette violence, ça veut dire que cette violence ils l’ont retournée contre eux. »
    « Il y a des #suicides, 125 par an. A minima c’est une faute politique.
    Moi je me suis retrouvé dans cette cellule, c’est quoi l’issue ? C’est une question de survie aussi. Vous vous dites je vais crever ici. La folie vous guette, la mort rode. »
    "L’évasion c’est une séduction. Tout le monde dans la vie. Après une semaine harassante, tout le monde a envie de sortir, fumer une clope, partir en vacances. En prison, ça a une autre signification."
    « C’est une solution, mauvaise, mais qui fait rentrer un espoir. Elle t’empêche aussi de te suicider, de te tuer, de devenir fou. Tu t’accroches à quelque chose. Petit à petit l’idée chemine dans ma tête. Dans ce désert de silence, je renais. »
    « Il faut pas juste une kalachnikov et un hélicoptère pour s’évader, ça commence dans la tête.
    J’ai peur aussi parce que ça peut mal se passer, on peut se faire tuer. »
    "Je vais choisir l’évasion la plus complexe, qui demande de ne pas toucher à un surveillant. L’idée c’est de partir sans faire de dégâts. LMême si une prise d’otage ça choque les gens. Je voulais faire ça le mieux possible."
    « En tous ca,s y’a pas une goutte de sang qui sera versée. Moi je suis un #braqueur, pas de problème. Mais j’ai mes limites. Y’a des zones où je ne veux pas aller. Je suis pas prêt à tout »

    « Pour s’évader de prison, je m’inspire des autres. Mesrine, Francis Mariani, Michel Vaujour, je regarde ce qu’ils ont fait bien entendu et je vais moderniser les choses car depuis les maisons ont été bunkerisées »
    "Avant y’avait pas filins, les portes étaient pas blindées. J’apporte ma touche personnelle. Il faut une aide extérieure, un contact. Quelqu’un qui applique le scénario à la lettre, qui comprend les choses, qui a une expérience. Moi j’ai la chance d’avoir des amis."
    « Mais moi mes potes je les balancerai pas, je vous dirai pas qui c’est. Ils m’ont aidé au péril de leur vie.
    Donc j’ai mon gars dehors, je rentre en contact avec lui. Il est prêt à tout. J’ai du matériel en ma possession, depuis très longtemps. »

    « A Réau y’avait pas filin, j’ai eu du mal à le croire
    2e atout, le bâtiment du parloir, il est juste à l’entrée
    il fallait voir si y’avait la place pour que l’hélicoptère se pose... y’a archi la place. Y’a un problème de mirador
    Moi j’ai dit, pas de coup de feu. J’ai mes limites ».
    « On a un tuyau, dans cette cour y’a une porte de service qui conduit au parloir. On se dit que si on arrive à péter cette porte, pour accéder au parloir, c’est faisable.
    Mais les explosifs, c’est trop risqué, on décide de pas faire ça »
    « J’avais un autre problème, mon gars dehors il connait pas l’intérieur. Si quelqu’un vient au parloir, il faut pas qu’il se perde. Je vous l’ai dit, je copie sur les autres. Je regarde aussi les échecs, c’est le maitre des maitres pour apprendre »

    « Donc je sais que c’est un danger, un mec qui se trompe, qui va perdre une ou deux minutes, c’est chaud.
    Je me tourne vers mon frère Rachid, je lui envoie mon gars, qui lui parle, qui le motive ».

    #Rédoine_Faïd #prison #DPS #quartier_d'isolement #évasion

    • Redoine Faïd condamné à quatorze ans de prison pour son évasion dans un procès disproportionné
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/26/redoine-faid-condamne-a-quatorze-ans-de-prison-pour-son-evasion-en-helicopte

      Dix-huit ans avaient été requis contre Rachid Faïd, le grand frère, 65 ans, personnage le plus intéressant et le plus touchant de l’audience, ouvrier en bâtiment et père adoptif de deux enfants, qui a sacrifié sa vie normale pour venir tirer son petit frère du « mouroir » au nom des liens du sang, dans un geste fou : descendu de l’hélicoptère, il avait découpé à la meuleuse les pênes de quatre portes, dont la dernière donnait sur le parloir où se trouvait Rédoine. Verdict : dix ans.

      Contre Ishaac Herizi, accusé d’avoir pris part au commando héliporté et sécurisé l’opération, kalachnikov à la main, quinze ans avaient été requis. Verdict : huit ans. Son frère Karoune, lui, était notamment accusé d’avoir géré les voitures utiles à l’évasion ; dix ans requis, six ans prononcés. Liazid Faïd, un autre neveu de Rédoine, coupable d’avoir aidé lors de la cavale, a été condamné à deux ans. Enfin, Brahim Faïd, l’autre grand frère, 63 ans, pour s’être rendu en 2017 avec Rachid à la rencontre d’un intermédiaire censé favoriser l’évasion de Rédoine, a été condamné à un an avec sursis pour « association de malfaiteurs », lui qui, c’est l’évidence, n’en est pas un, et pour qui le parquet général avait demandé l’acquittement.

      [...]

      « Klaus Barbie, vous lui avez pas fait ça ! »

      Ses avocats n’ont cessé de soutenir l’idée d’un « traitement de faveur » envers lui, qui, par deux fois, a infligé à l’administration pénitentiaire l’humiliation d’une évasion. « Je n’ai tué personne, mais j’ai pris la tangente. C’est un crime absolument terrible pour eux, a dit Rédoine Faïd. Ils veulent faire de moi un symbole. »

      Comme prévu, le braqueur, qui a passé vingt-deux ans sur cinquante et un en détention, a profité de l’audience pour dénoncer son traitement carcéral. Ce fut bien le procès de l’isolement, cet « enfer d’ennui », ce « sarcophage en béton » dans lequel il est « emmuré vivant » et qui justifie tous les désirs d’évasion. « Klaus Barbie, vous lui avez pas fait ça ! », a-t-il hurlé un jour. Un autre, il fut question de Salah Abdeslam : « Au bout de neuf mois, on a enlevé l’hygiaphone de son parloir, parce qu’on a estimé qu’il avait le droit de prendre sa femme et son enfant dans les bras. Moi ça fait cinq ans que j’ai touché personne. Ce qu’on m’a fait, c’est un massacre. »

      Sous réserve d’un appel, suspensif, et sans tenir compte d’éventuelles réductions de peine, Rédoine Faïd n’est, à ce jour, pas libérable avant 2060 – il aurait alors 88 ans. A l’audience, où il est souvent apparu solide et souriant, il s’est prédit un avenir sombre : « Le jour où je vais flancher – ça arrivera un jour –, ce sera irrécupérable, ce sera une descente sèche, c’est sûr et certain. Quand ça va basculer, ça va basculer d’un coup. »

      https://archive.ph/wClnN

  • Faites du bruit pour Sandra & Kamel Daoudi
    https://archive.org/details/du-bruit-pour-sandra-et-kamel-daoudi

    "Durant toutes ces années notre famille a beaucoup trop souffert d’un ostracisme décomplexé, d’une violence institutionnelle assumée et d’un isolement qui n’est plus supportable"
    Sandra est la femme et mère des enfants de Kamel Daoudi, le plus ancien assigné à résidence en France.
    Interdit de territoire et assigné à résidence depuis 15 ans, c’est la situation absurde dans laquelle se trouve Kamel Daoudi. Depuis 2008, il est obligé de pointer au commissariat plusieurs fois par jour et ne peut sortir du périmètre de la commune où l’État l’oblige à vivre.
    Après le rejet de sa requête par la CEDH, Le 18 septembre 2023, à bout, elle a décidé d’entamer une grève de la faim et de la soif. Epuisée, elle dénonce l’ «  enfermement à l’air libre  » de son mari.
    Elle a écrit ce communiqué, lu en première partie de l’audio, publié sur le blog de Kamel Daoudi /.../

    #audio/opensource_audio #prison
    https://archive.org/download/du-bruit-pour-sandra-et-kamel-daoudi/format=VBR+MP3&ignore=x.mp3

  • Les chaînes sans fin, histoire illustrée du tapis roulant - Yves Pagès Lundi Matin - lundi.am

    Parmi les machines qui hantent nos vies quotidiennes, le tapis roulant est celle qui traverse le plus insidieusement tous les secteurs d’activité : des tapis mobiles sur chaîne d’assemblage aux tapis de caisse de la moindre supérette en passant par ceux dévolus à l’exercice corporel du fitness. Travail posté, rituel consumériste et souci hygiénique de soi : trois postures qui, chacune à sa manière, nous condamnent à l’éternel recommencement d’une marche forcée. Pour cette rentrée et ce lundisoir, nous avons invité Yves Pagès à venir parler de son dernier livre : Les chaînes sans fin, histoire illustrée du tapis roulant.

    https://www.youtube.com/watch?v=kQRmvv2dvcs

    Depuis Petites natures mortes au travail, qui documentait en brefs récits les « bullshit jobs » et le plus récent Il était une fois sur cent, illustrant les dégâts de la folie statistiques, Yves Pagès nous a habitués à saisir dans leur singularité concrète les formes contemporaines de l’aliénation. Avec Les Chaînes sans fin, à travers la naissance et l’évolution d’un dispositif technique il propose une contribution importante à la généalogie du travail moderne. Qu’est-ce qui relie les treadmills des prisons britanniques du début du XIXe siècle et les tapis de course de cette salle de sport dont la vision, au-dessus d’une magasin de pompes funèbres, fut le déclencheur de ce livre ? Peut-être bien le convoyeur « couplant la punition rédemptrice et l’efficacité physiologique dans les hangars industrieux de la modernité fordienne ». Comment ne pas voir, un résumé parfait de la rationalité techno-capitaliste cette devise publicitaire, exhumée entre tant d’autres documents passionnants : « Aller nulle part, très vite » ?

    #escalator #tapis_roulants #luttes #henry_ford #convoyeur #stakanovisme #travail #exploitation #treadmills #prisons anglaises #capitalisme

    Source : https://lundi.am/Une-histoire-illustree-du-tapis-roulant

  • Saint-Denis (93) : « Juste une volonté de se venger »
    Émeutes : trois ans de prison pour un SDF après l’incendie du centre administratif de Saint-Denis
    https://sansnom.noblogs.org/archives/18764

    Le prévenu a invectivé à plusieurs reprises et insulté le maire de Saint-Denis. « C’est un enc… Cette pourriture, il m’a laissé pourrir dans la rue. Assassin ! Tu laisses crever les jeunes ! j’ai cinq amis clochards qui sont morts », s’est emporté le prévenu. Sorti de la salle d’audience, M. a continué à vociférer dans les geôles, couvrant la plaidoirie de l’avocate de la Ville de Saint-Denis, qui a demandé un renvoi sur intérêt civil. Le prévenu a finalement été ramené pour le réquisitoire du ministère public.

    « Malgré les revendications de monsieur, vous avez dans cette affaire tous les éléments pour rentrer en voie de condamnation », a commencé le procureur. Alors qu’il mentionne le passif du prévenu, dont une condamnation pour des faits similaires en 2013, le flot d’insultes reprend : « Trou du c.. tu connais pas ton dossier ! ». « Je demande que les mots de monsieur soient notés », s’étrangle le magistrat.
    Tout en retenant une altération du discernement, le procureur a requis une peine de quatre ans de prison ainsi qu’une révocation de son sursis d’un an : « Il n’y a aucune revendication particulière dans cette affaire, si ce n’est profiter du chaos ambiant. Juste une volonté de se venger, de porter son ressentiment (vis-à-vis) du maire et de la mairie en général ».

    Dans sa brève plaidoirie, l’avocate de la défense a relayé la demande de son client de se faire interner en psychiatrie : « La prison n’est pas une solution  ». Une phrase que n’a pas soutenu le tribunal, condamnant M. à trois ans de #prison ferme (dont six mois de révocation du sursis) ainsi qu’une interdiction de paraître à #Saint-Denis pendant trois ans.

    #émeutes #logement #justice

    • À Saint-Denis, la « stratégie du choc » de Mathieu Hanotin met la ville en ébullition | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/politique/110723/saint-denis-la-strategie-du-choc-de-mathieu-hanotin-met-la-ville-en-ebulli

      Élu en 2020 à la tête d’une ville communiste depuis la Libération, le socialiste a entrepris une transformation au pas de charge de sa commune. L’opposition et d’anciens élus démissionnaires dénoncent une gentrification tous azimuts et la « brutalité » de la méthode. Le maire plaide « l’urgence à agir ».

      Pauline Graulle

      11 juillet 2023

      Lundi 3 juillet, un calme précaire est revenu à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Place du Caquet, ils sont une centaine d’habitants, de responsables associatifs et d’élus en écharpe tricolore à avoir répondu à l’invitation du maire. Encore sonné par les émeutes qui ont embrasé sa ville à la suite de la mort de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine), Mathieu Hanotin se poste devant le micro sous bonne escorte : à sa droite, Valérie Pécresse, présidente Les Républicains (LR) de la région Île-de-France et le socialiste Stéphane Troussel, à la tête du conseil départemental. À sa gauche, les deux députés de la circonscription, Stéphane Peu (PCF) et Éric Coquerel (La France insoumise).
      [...]
      Au nom de « l’urgence à agir », le quadragénaire démarre vite. Et fort. En août, son arrêté anti-chichas sur la voie publique lui vaut les foudres de la gauche radicale locale. En septembre, son premier conseil municipal, qu’il consacre presque entièrement à l’armement de la police municipale, crispe encore ses opposants. « Pourquoi la gauche aurait-elle des complexes à s’occuper de la sécurité de ses habitants ? », rétorque celui qui, l’année suivante, recevra l’ordre national du Mérite sur le contingent de Gérald Darmanin.

      À l’automne 2020, c’est la question sociale qui met le feu aux poudres. En cause : l’augmentation des heures de travail du personnel municipal imposée par le gouvernement. Alors qu’au même moment, Anne Hidalgo met en scène son combat contre cette mesure de l’autre côté du périphérique, Mathieu Hanotin joue le bon élève.

      Après trois longs mois de grève, l’intersyndicale finit par jeter l’éponge. Et dénonce la curieuse conception du dialogue social de cet ancien proche de Benoît Hamon, classé chez les « frondeurs » socialistes quand il était député sous l’ère Hollande.

      Loin de se satisfaire de ce premier bras de fer victorieux, le maire continue d’appuyer sur l’accélérateur. Quelques mois plus tard, il se lance dans l’externalisation des personnels de ménage dans les écoles, qu’il confie notamment au groupe coté en bourse Derichebourg.
      « Faire tourner un service avec 40 % d’absentéisme, ce n’était plus possible », justifie aujourd’hui Mathieu Hanotin, qui assume de privatiser « si cela permet une économie de 3 à 5 millions d’euros et du coup, de ne pas augmenter les impôts ». Un « plan social » déguisé qui n’aurait d’autre but que de financer la centaine de policiers municipaux envoyés sur la ville, s’émeut alors l’opposition municipale.
      […]
      La publication sur les réseaux sociaux, début 2022, de photos le montrant accompagnant les forces de l’ordre dans la cité Gabriel-Péri vêtu d’un gilet pare-balles siglé « Maire de Saint-Denis » ont également fait beaucoup gloser. « Il a renvoyé l’image qu’il était un étranger dans sa propre ville », pointe Bally Bagayoko, qui parle d’un « maire débutant qui agit comme un enfant capricieux »
      […]
      Peu féru des temps de concertation avec les habitants – « c’est en accélérant qu’on gagne le match », dit Mathieu Hanotin –, le socialiste a d’emblée donné le ton à son arrivée à la mairie. Ignorant l’usage qui veut que le maire de la ville centre du département ne cumule pas ses fonctions avec la présidence de Plaine-Commune, le protégé de Claude Bartolone a raflé, dès le mois de juillet 2020, la présidence de la puissante communauté d’agglomération.
      De quoi lui attribuer un poids politique sur la métropole sans commune mesure avec celui de ses prédécesseurs. « Tout cela est très stratégique, affirme Bally Bagayoko. Plaine-Commune est devenue le bras armé du PS dans sa stratégie de conquête du territoire. »
      [...]

      https://jpst.it/3n8C8

  • Préfet du Val-d’Oise sur X
    https://twitter.com/Prefet95/status/1694364181846229277

    #DroitsEtDevoirs | Expulsion de son logement social d’un émeutier ayant participé aux violences urbaines de juin dernier.

    Le 30 juin 2023, cet émeutier a été interpellé après avoir pillé le magasin d’un opticien à Deuil-la-Barre.

    Placé en détention provisoire, il a été condamné par le Tribunal Judiciaire de Pontoise à 12 mois d’emprisonnement.

    Ce jour, après avoir délivré le concours de la force publique,
    @prefet95 a fait procéder à l’expulsion locative de l’ensemble des occupants du logement social où il résidait.

    #émeutes #prison #préfecture #expulsion #logement_social

    • L’expulsion de son logement d’un jeune condamné et de sa famille suscite l’incompréhension | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/240823/l-expulsion-de-son-logement-d-un-jeune-condamne-et-de-sa-famille-suscite-l

      La préfecture du Val-d’Oise a annoncé l’expulsion d’une famille d’un logement social de Deuil-la-Barre, après la condamnation d’un des enfants pour pillage lors des révoltes urbaines liées à la mort de Nahel. Une décision aux airs de punition collective et qui pourrait constituer un dangereux précédent.

      https://jpst.it/3l-oU

    • Une peine à effectuer à domicile sous bracelet électronique pour certains ou en détention pour d’autres. On ne sait pas sous quel régime le membre de cette famille devait effectuer sa peine. Et vingt-quatre heures après la révélation des faits, le manque d’information est criant dans cette histoire : ni la préfecture ni la mairie n’ont répondu aux questions de Mediapart. Comme s’il s’agissait avant tout d’envoyer un message, au prix d’une communication brutale (...)

      Le préfet du Val-d’Oise, Philippe Court, a annoncé jeudi avoir engagé vingt-neuf procédures d’expulsion locative pour des faits de délinquance liés au trafic de stupéfiants, aux rodéos mais aussi, donc à des « émeutes ». L’expulsion locative de mercredi serait donc loin d’être la dernière.
      Selon le préfet, elle s’est faite « en application d’un jugement antérieur » : « La finalité de cette expulsion est liée au fait que cette personne a pillé un magasin. Il s’avère par ailleurs, dans ce cas, qu’il y avait déjà un autre motif d’expulsion donc pour gagner du temps, on a exécuté un jugement d’expulsion préexistant », a précisé Philippe Court.
      Est-ce à dire que même sans autre motif, des expulsions seront également possibles ?
      [...]
      Ces décisions d’expulsion s’appuient sur un article de loi de 1989 stipulant entre autres que le locataire est obligé de « payer le loyer et les charges » et « d’user paisiblement des locaux loués ». « Le propriétaire peut demander l’expulsion des locataires et des occupants à compter du moment où il y a un défaut de paiement ou un trouble de jouissance, confirme Mireille Damiano, ancienne présidente nationale du Syndicat des avocats de France (SAF) et représentante du syndicat à Nice. C’est là-dessus que les autorités s’appuient même si on peut questionner la proportionnalité de ces décisions. »
      Car le lien semble cette fois très éloigné entre le délit commis et un trouble causé dans la zone d’habitation : « Le deal est une vraie nuisance pour le voisinage, même si on peut interroger l’efficacité d’expulser pour finalement déplacer le problème ailleurs. Mais, dans le cas de l’expulsion de la famille de Deuil-la-Barre, la condamnation est liée à un événement ponctuel - la participation à une émeute - qui n’est pas une nuisance régulière dans la résidence. Et donc, ça pose question »

      une forme de #punition_collective défendue par diverses mairies P"C"F dès les années 80

      #loisifiradormirailleurs