La lecture de With My Own Eyes écrit par l’avocat israélien Felicia Langer fait découvrir des scènes pénibles, mais ma foi en l’humanité s’est en même temps approfondie. Alors que les sionistes crient « malheur aux vaincus », il y a des Juifs en Palestine, comme Langer, qui en leur for intérieur reconnaissent qu’il faut dire « Malheur au vainqueur ». Langer est une personne qui a combattu courageusement contre l’injuste système israélien tout au long de ses 23 ans de carrière. Elle a défendu mon père Ismael Abusalama devant les tribunaux israéliens. Il a toujours parlé d’elle avec admiration et respect, pour son humanité et sa fermeté.
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Étonnamment, c’est par son livre que j’ai appris cette histoire, et ne l’ai jamais entendue racontée par papa. Quand j’ai lu cette histoire et qu’il avait perdu son sens de l’ouïe, je lui ai posé la question, et il me l’a confirmé tout en ajoutant : « mais je n’ai jamais été envoyé à l’hôpital. »
« Les détenus souffrent de graves négligences dans les soins médicaux », m’a-t-il dit. « Les petits problèmes de santé peut devenir critiques à cause de cette constante négligence. J’ai heureusement survécu, mais beaucoup d’autres se sont retrouvés avec des incapacités permanentes ou des problèmes de santé qui ont conduit dans certains cas jusqu’à la mort. »
Il s’arrêta un instant et continua : « En fait, dans ces cas-là, peut-être que le mot ’décès’ n’est pas approprié. Assassinat sonne mieux. »
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Apprendre l’assassinat dont a été victime Achraf Abu Dhra, double mon inquiétude à propos de Samer Issawi. La santé de Samer se détériore rapidement en raison de son refus, historique et héroïque, de refuser de s’alimenter volontairement depuis 194 jours pour protester contre sa nouvelle arrestation sans inculpation ni jugement. Sa faim consomme peu à peu son corps, mais comme il le disait plus tôt, « ma détermination ne faiblira jamais. »
Il a entamé son combat en faisant la promesse qu’il ira si nécessaire jusqu’au martyr. Samer a déjà goûté à l’amertume de l’emprisonnement durant 12 années. Mais après avoir été à nouveau arrêté en juillet 2012, sans inculpation ni procès, il a décidé de se rebeller pour envoyer un message à ses ravisseurs qu’ils ne pouvaient pas décider de son destin. Il ne fait pas cela par amour de la mort. Il aime la vie, mais dans la forme dont il a toujours rêvé... Une vie de liberté et de dignité.