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  • Athènes veut privatiser les biens de l’Église
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/12/08/20002-20131208ARTFIG00163-athenes-veut-privatiser-les-biens-de-l-eglise.php

    Après l’annonce du report de la mission de la troïka, la Grèce est à nouveau en quête de liquidités.

    Le vote d’un budget de rigueur en Grèce, samedi, n’a pas suffi à calmer la troïka, composée des créanciers internationaux du pays (UE, BCE, FMI). Exaspérée par la lenteur des réformes, elle a annoncé qu’elle reportait sa décision sur Athènes en janvier, lorsque la Grèce aura entamé la présidence de l’UE.
    Faute d’accord avec la troïka, le versement d’une tranche d’aide d’un milliard d’euros est en suspens. Le gouvernement Samaras affirme pouvoir financer la prochaine « tombée » de dette, le 15 janvier prochain, par l’émission de bons du Trésor à court terme. Il refuse de céder à la panique et assure que le pays prépare un retour sur les marchés au second semestre 2014.
    En attendant, pour résoudre ses problèmes récurrents de liquidités, Athènes a décidé d’exploiter les précieux biens de l’Église, deuxième propriétaire foncier du pays. Une « société anonyme pour la valorisation des biens de l’Église » a, en effet, été créée. Détenue par moitié par la puissante Église de Grèce et pour l’autre moitié par l’État grec, cette SA va gérer les terres des archevêchés afin de les exploiter commercialement. Il s’agit notamment de terrains situés dans la banlieue balnéaire de Vouliagmeni, au sud d’Athènes, et sur le front de mer près du temple de Poséidon ainsi que de nombreuses propriétés au nord d’Athènes.
    Preuve de transparence

    Si l’Église accepte de jouer le jeu de la privatisation, c’est parce qu’elle n’a pas été épargnée par la crise. Et qu’elle a, elle aussi, besoin d’argent. Depuis 2009, ses recettes ont diminué de près de 40 %. « Les mécènes sont de plus en plus sollicités avec la crise économique », regrette le père Thomas, de la paroisse de Saint-André. Et les dépenses, elles, se sont envolées. « L’Église se substituant à l’État en matière sociale, nous assurons les soupes populaires, nous entretenons des orphelinats, des maisons de retraite dans tout le pays, ce qui entraîne un coût de près de 95 millions d’euros par an ! », poursuit le père Thomas.
    Longtemps critiquée pour l’opacité de sa fortune, l’Église de Grèce veut faire preuve de transparence. Pour enregistrer ses propriétés, l’archevêque d’Athènes, Mgr Ieronymos, a fait appel à la société PricewaterhouseCoopers et se fait conseiller par un grand cabinet d’avocats. « À cause des obstacles juridiques dus à la non-séparation de l’Église et de l’État, du difficile partage de propriété, il fallait agir. En outre, il n’existe pas de cadastre en Grèce : il faudra un certain temps pour éplucher tous les registres ! », précise Notis Bernistas, avocat en charge du dossier.
    Malgré toutes ces difficultés, il y aurait déjà des candidats à l’achat de baux emphytéotiques des propriétés de l’Église, selon les médias grecs. En tête de liste, la famille royale du Qatar se verrait bien posséder les quelque 50 hectares très prisés de la côte de Vouliagmeni. Sur chaque exploitation d’un de ses biens, la moitié renforcera l’action philanthropique du clergé et l’autre alimentera les caisses de l’État en attendant que les négociations avec la troïka aboutissent.

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