• Le marché et l’électricité, le dogme perd l’Europe

    http://huet.blog.lemonde.fr/2017/09/04/le-marche-et-lelectricite-le-dogme-perd-leurope

    Peut-on faire confiance à un « marché » qui, pour une même marchandise, proposerait un prix fluctuant entre 3000 euros et… mieux que la gratuité, le producteur vous payant pour que vous consommiez son produit ?

    Le livre de Hansen et Percebois conduit à s’interroger sur les deux « transitions » du système électrique européen.

    La première, celle de la fin des services publics, a échoué. Absolument rien ne permet de penser qu’une amélioration de la gestion des monopoles historiques sur la base de prescriptions publiques fondées sur des objectifs clairs – efficacité opérationnelle, recherche du système de production et de transport optimal en coûts (y compris par une augmentation des échanges frontaliers), dé-carbonisation de la production pour respecter l’impératif écologique – n’aurait pas eu de résultats meilleurs. Et comme les Britanniques discutent d’une renationalisation de leurs chemins de fer après l’échec cinglant des privatisations, celle des systèmes électriques doit être rediscutée sur la place publique.

    La seconde, celle du défi de la dé-carbonisation de la production d’électricité – le secteur le plus émetteur de CO2 au plan mondial en raison de la domination du charbon et du gaz – suppose une intervention publique décisive. Aucun marché ne peut déboucher sur une planification judicieuse et de long terme des moyens de production et des réseaux de transport visant cette transition au moindre coût. Et ceci quelques soient les moyens dé-carbonés utilisés : hydrauliques, éoliens, photovoltaïques, marins, géothermiques, biomasse, biogaz, nucléaire. Ce que le marché dicte, ce sont les moyens de production à la rentabilité immédiate la plus élevée, gaz naturel et charbon. Les choix optimaux entre ces différents moyens ne peuvent être identiques selon les pays et les régions, les ressources naturelles et les impératifs de l’énergie nucléaire sûre et à bas coût n’y étant pas les mêmes.