• Chloroquine: de plus en plus de complications cardiaques signalées | Mediapart
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    En l’espace de sept jours, entre le 14 et le 21 avril, plus de 21 nouveaux patients atteints du Covid-19, parmi lesquels un jeune homme d’une vingtaine d’années, ont été victimes de graves effets indésirables, liés à ces antipaludéens. Autant de cas qui ont été signalés aux 31 centres régionaux de pharmacovigilance, ces structures chargées localement d’évaluer les effets secondaires résultant de l’utilisation des médicaments.

    « Les choses sont très rassurantes sur le traitement sur lequel on n’a pas d’ennui cardiologique avec aucun des patients qu’on a traités. […] Donc tout va bien », assurait son premier prescripteur, le professeur Didier Raoult, à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille, dans une vidéo publiée le 8 avril.

    « En France, le nombre de [médecins] qui le donnent sans le dire, est considérable », ajoutait-il. Gage, selon lui, du caractère inoffensif d’un traitement dont l’efficacité n’a par ailleurs pas encore été scientifiquement démontrée à ce jour (lire notre article sur les études en cours).

    Mais dès le 10 avril, soit 48 heures plus tard, un premier bilan de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient contredire le professeur. Sur la base des signalements recueillis par le réseau des 31 centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV), l’ANSM fait état de 43 cas de troubles cardiaques liés à l’hydroxychloroquine (Plaquénil) ou à la chloroquine (Nivaquine), deux molécules très proches. La première étant plus souvent utilisée contre le Covid-19.

    Le 14 avril, ce bilan s’élève à 75 cas de troubles cardiaques, dont 62 liés à ces traitements.

    Au cours de cette étude, « le traitement de l’hydroxychloroquine n’a pas entraîné une réduction des admissions aux soins intensifs ou une réduction du nombre de décès », constate le professeur. « Mais surtout, ce qui ressort est que 10 % des patients ont dû arrêter l’hydroxychloroquine, 8 sur 84 précisément, pour des troubles cardiaques graves », commente François-Xavier Lescure.

    « Ce qui est regrettable aujourd’hui, c’est de braquer le projecteur sur une seule piste de traitement dont on n’est pas sûr de l’efficacité et dont les effets indésirables peuvent rester longtemps “asymptomatiques” et peuvent aller jusqu’à la mort subite, déplore-t-il. Et cela contre un virus où, dans 85 % des cas, on guérit spontanément. Cette communication nuit à l’intérêt général et à la santé publique. »

    Dès le 30 mars, la revue médicale indépendante Prescrire mettait en garde contre l’hydroxychloroquine. Son directeur éditorial Bruno Toussaint rappelle que, depuis, plusieurs études font état « des effets indésirables cardiaques graves et d’une mortalité d’origine cardiovasculaire accrue par l’ajout de l’azithromycine à l’hydroxychloroquine ».

    #Chloroquine #Santé_publique #Problèmes_cardiaques