• l’histgeobox : 1978. Gisèle Halimi dénonce le viol dans ses plaidoiries, Anne Sylvestre dans ses chansons.
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    La veille de l’ouverture du procès, le 2 mai 1978, le président du tribunal reçoit des dizaines de lettres de soutien aux jeunes femmes. Des centaines de militantes sont présentes, notamment les féministes de l’association Choisir de Gisèle Halimi. L’attente est immense. Pour la première fois, le procès d’un viol bénéficie d’une couverture médiatique importante. Les journalistes décrivent avec délectation l’opposition entre le jeune avocat de la défense Gilbert Collard et Gisèle Halimi, l’affrontement entre le local et la parisienne, le jeune ambitieux et la « diva du barreau »...

    Comme à Bobigny, l’avocate convoque à la barre de « grands témoins » tels que le poète et académicien Pierre Emmanuel, l’écrivaine Françoise Mallet-Joris, des politiques (Florence d’Harcout, Arlette Laguillier). Le président du tribunal, qui ne veut surtout pas que le procès devienne une tribune, s’oppose à leur comparution et suspend l’audience. A l’extérieur du tribunal règne une atmosphère délétère. Les familles et amis des accusés crachent, insultent, frappent. Les plaignantes et leurs avocates ne peuvent sortir du palais de justice que sous escorte policière. "Dans cette région de Méditerranée, il y a une espèce de consensus sur le fait qu’on « perce » les femmes et, finalement, cette complicité masculine est une insulte pour les hommes et pour la conception que nous avons de l’amour" , se désole le professeur Alexandre Monkovski, témoin de la partie civile. Pour Maître Collard, ses clients, « des braves gens, avec la culture rudimentaire, le psychisme de leur environnement (...) n’avait pas eu le sentiment de violer(...). » Les féministes rassemblées à l’extérieur du tribunal lancent des slogans pour couvrir la plaidoirie de la défense. A l’issue de deux jours de procès, le verdict tombe : 6 ans et deux fois 4 ans de réclusion criminelle pour les violeurs. A l’annonce du verdict, il y a dans la salle un soulèvement de cris et d’insultes très violentes. Malgré les efforts du président de la cour d’assises, la médiatisation a fait du procès d’Aix celui du viol, regardé comme un crime et plus un délit.