• Eric Zemmour est le miroir de la déroute idéologique de la gauche - Noël Mamère
    http://blogs.rue89.nouvelobs.com/chez-noel-mamere/2014/10/21/eric-zemmour-est-le-miroir-de-la-deroute-ideologique-de-la-ga

    Nous n’avons pas su produire un nouvel #imaginaire collectif adapté au XXIème siècle. Notre « logiciel » en est resté aux Trente glorieuses, quand ce n’est pas aux programmes du #Conseil_national_de_la_résistance ou du #Front_populaire.

    Nous ne parlons plus à personne, ni aux jeunes, ni aux classes populaires, ni aux femmes, ni même aux classes moyennes. Nous n’avons pas constitué un nouveau grand récit permettant de refonder l’espoir. La gauche #productiviste, qu’elle soit dans ou hors du gouvernement, ne comprend rien à l’#écologie et aux limites de la planète.

    Ce n’est ni la droite, ni le Front national, ni Zemmour, ni même la #mondialisation ou l’Union européenne, qui en sont la cause. Nous devons nous en prendre qu’à nous mêmes. A rechercher comment, depuis des décennies, nous avons baissé la garde, renoncé à nos fondamentaux, dissous nos convictions dans une #novlangue rabâchée par les spécialistes en n’importe quoi des plateaux télés.

    Ce qui fait le succès de Zemmour, c’est notre propre incapacité à penser le monde nouveau, à en comprendre ses dynamiques, à remettre de la lisibilité là où il n’y a plus que confusion des esprits.

    Antonio Gramsci en appelait à la reconquête de l’hégémonie culturelle comme préalable à la conquête du pouvoir. Cet effort, l’#extrême-droite l’a fait depuis le club de l’Horloge, dans les années soixante dix. Eric Zemmour en est l’héritier. Il n’est que le miroir inversé de la déroute idéologique de la gauche. A nous de relever le défi pour prouver que l’heure n’est pas au déclin final mais à l’#émancipation humaine, au cosmopolitisme et à la #justice_sociale et écologique.

    • @biggrizzly a priori ça semble plutôt être le négatif de la vision de Zemmour, et définir sa vision comme le négatif de celle du camp d’en face, c’est clair que c’est pas partir sur de super bases...
      ça semble en être le négatif au moins pour ce qui est des trois premiers termes, l’écologie en revanche est plus facilement récupérable par les réacs http://seenthis.net/messages/167153#message168126 (c’est peut-être ça que tu suggérais @nicolasm)

    • Si ces mots abscons sont supposés soulever l’enthousiasme, ben... euh... Ce monsieur ne fait-il pas ce qu’il critique quelques lignes auparavant ? A savoir manquer cruellement de vision pour l’avenir... un vrai truc qui nous dit comment on vivra plus tard, dans un monde moins mortifère que le nôtre ?

      Et j’avoue que ça me gave ces gugusses qui ont eu la chance de choper quelques suffrages et quelques minutes de célébrité à la télé, et qui sempiternellement crachent dans la soupe de tout ce qui est plus à gauche qu’eux...

      Tiens on parle de Filoche par ailleurs. Même chose pour lui. Il valorise le collectif « PS », mais il crache sur le Front de gauche... et sur ses idées... Lui aussi, comme de trop nombreux autres, il ânonne à intervalles réguliers « si on en est là, c’est parce qu’on n’a pas de projet à gauche tralala pouet pouet ».

      A quoi ils servent ces gens qui ne prennent même pas le temps de lire (ni de commenter) ce que produisent les collectifs de gauche en France et ... en Amérique du Sud... et ailleurs que dans leur parti ?

    • n’empêche que je ne peux que lui donner raison...

      Nous ne parlons plus à personne, ni aux jeunes, ni aux classes populaires, ni aux femmes, ni même aux classes moyennes. Nous n’avons pas constitué un nouveau grand récit permettant de refonder l’espoir. La gauche #productiviste, qu’elle soit dans ou hors du gouvernement, ne comprend rien à l’#écologie et aux limites de la planète.

      Quant à la gauche de terrain en France, elle est vraiment minoritaire et isolée, marginalisée, on se voit nombreux à NDDL mais éparpillés sur le territoire on est invisible, incapable de donner envie aux gens modestes de partager notre vision positive de l’humanité.

      On a tellement méprisé et humilié les « réacs » depuis 68, on a sombré dans la facilité : on a abusé de la diabolisation simpliste du FN et on a rien fait pour combattre l’aigreur sociale qui a succédé à tous les reculs de la gauche, de Maastricht à Lisbonne en passant chaque délocalisation d’usine sur laquelle on a fermé les yeux, pendant que la télé, elle, nous formatait à la vie dans la jungle libérale..

    • Pour moi l’intrus est le cosmopolitisme, qui va à l’encontre de l’écologie et de la justice sociale, car pour réinventer des cultures aptes à survivre au dérèglement climatique et à la descente énergétique, il faudra bien s’enraciner, même si les cultures peuvent s’hybrider à la base. Il ne s’agit pas d’être campé sur le passé avec des trifouillis-les-oisons de souche, mais vivre d’un territoire c’est forcément un savoir adapté à un lieu presqu’unique. Est-ce que les crèves la faim du monde aspirent à être cosmopolites ? Ou plutôt à ce qu’on leur foute enfin la paix, et qu’éventuellement on les aide à rattraper le bordel qu’on a mis dans leur culture et sur leurs terres, à leurs conditions ?

    • Pris comme ça ça me semble pas mal, mais j’ai l’impression qu’il y a vite une pente qui est prise rapidement, par exemple vers le concept de #citoyen_du_monde qui me dérange vraiment. J’ai l’impression que le citoyen du monde c’est surtout le blanc qui a pu et peut prendre l’avion quand il veut pour où il veut. Ou à l’autre bout le chef d’une île qui est en train de couler pour essayer de médiatiser son cas et trouver de l’aide. Je suis pas sûr que les communautés indigènes ou traditionnelles se reconnaissent dans le concept de citoyen du monde, car je ne pense pas que ces personnes désirent quitter leurs terres ancestrales, sauf une fois que leur culture et leurs terres ont été détruites et que le salue passe par émigrer pour trouver un job de merde pour survivre et/ou envoyer de l’argent à la maison. Enfin, je pense et parle beaucoup pour des gens dont j’ignore la vie, mais en même temps ça me dérange ces concepts qui viennent d’une vision un peu trop occidentale.

  • Michel Abhervé » Blog Archive » Crise en Bretagne dans l’agro-alimentaire : c’est le modèle l’agriculture productiviste qui est en cause
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/abherve/2013/10/22/crise-en-bretagne-dans-lagro-alimentaire-cest-le-modele-lag

    Le gouvernement, où les Bretons sont fortement représentés, a bien compris le danger dans une région ayant dans l’histoire montré une capacité à de fortes mobilisations, n’excluant pas une certaine dose de violence, et pris dans l’urgence des premières mesures, insuffisantes certes, mais montrant une conscience de la nécessité d’une grande attention à une situation explosive, Bernard Poignant, maire de Quimper et conseiller à l’Elysée n’hésitant pas à parler de “colère bretonne”.

    Mais il est probable que, malgré cette attention, la mobilisation va se poursuivre pour construire un rapport de force avec le gouvernement, avec Paris, avec l’Europe, avec le monde…, dans la mentalité de péninsule assiégée qui va si bien à la Bretagne. Cela est d’autant plus probable que les acteurs principaux de cette mobilisation, les organisations professionnelles agricoles, en premier rang desquelles se range la FNSEA, ont tout intérêt à être en première ligne dans une mobilisation contre les responsabilités gouvernementales qui évite toute réelle interrogation sur le modèle de développement agricole dont ils sont les acteurs et les laudateurs

    L’agriculture bretonne s’est en effet développée, avec une efficacité certaine, sur des productions de masse, le porc, la volaille et le lait, où la quantité a été, en règle générale, privilégiée à la qualité. Ce développement a été fortement soutenu par les banques, avec bien sur au premier rang le Crédit Agricole et de puissantes coopératives agricoles n’hésitant pas à acheter des entreprises privées, à l’exemple de la CECAB achetant l’entreprise Gad à Lampaul-Guimiliau, qui est aujourd’hui liquidée

    #agriculture
    #crise
    #Bretagne
    #agro-alimentaire
    #productiviste

  • On peut dire sans hésitation que le vrai fascisme, c’est le pouvoir de cette société de consommation

    Pier Paolo Pasolini

    http://www.dailymotion.com/video/xt5e47_pasolini-fascisme-et-societe-de-consommation_webcam


    Une excellente analyse par Max Leroy
    http://ragemag.fr/pasolini-et-le-fascisme-de-la-consommation-25786

    Le régime instauré par le Parti national fasciste était, à l’image de son Guide, bouffon, grotesque et obscène : quincailleries antiques, aigles en feuilles d’or, parades de carnaval et gestuelle pathétique d’un chef d’orchestre sans génie. Et #Pasolini d’estimer que les deux décennies de tyrannie n’eurent au final qu’un impact réduit sur le peuple italien : l’âme du pays n’en fut pas transformée dans ses profondeurs. « Les différentes #cultures particulières (#paysannes, #sous_prolétariennes, #ouvrières) continuaient imperturbablement à s’identifier à leurs modèles, car la répression se limitait à obtenir leur adhésion en paroles. » Le #consumérisme, qu’il identifiait donc à une nouvelle forme de #fascisme (en ce qu’il pénètre les cœurs du plus grand nombre et ravage durablement, sinon irrémédiablement, les #sociétés qui lui ouvrent les bras), se montra en réalité bien plus destructeur : « Aucun #centralisme_fasciste n’est parvenu à faire ce qu’a fait le centralisme de #la_société_de_consommation. Le fascisme proposait un #modèle #réactionnaire et monumental mais qui restait lettre morte. De nos jours, au contraire, l’adhésion aux modèles imposés par le centre est totale et inconditionnée. On renie les véritables modèles culturels. L’abjuration est accomplie. On peut donc affirmer que « la tolérance » de l’#idéologie_hédoniste voulue par le nouveau #pouvoir est la pire des #répressions de l’histoire humaine. »

    Sous couleur de #démocratie, de #pluralité, de tolérance et de bien-être, les #autorités #politiques, #inféodées aux #pouvoirs #marchands, ont édifié un système #totalitaire sans nul autre pareil. L’Histoire est facétieuse lorsqu’elle se rit des paradoxes : Mammon réalisa le rêve de Mussolini. En #uniformisant tout un peuple, le premier mena à bien les desseins les plus fous du second, qui ne sut ni ne put aplanir l’Italie sous les bottes d’un Empire. « Le fascisme, je tiens à le répéter, n’a pas même, au fond, été capable d’égratigner l’âme du peuple italien, tandis que le nouveau fascisme, grâce aux nouveaux moyens de #communication et d’#information (surtout, justement, la #télévision), l’a non seulement égratignée, mais encore lacérée, violée, souillée à jamais. »

    (...)

    L’ouvrage #Divertir pour #dominer (2010) a justement mis en relief « l’ampleur et la sophistication des procédés mis en œuvre par les #industries dites #culturelles pour forger les consciences aux valeurs de l’#hypercapitalisme » : #massification_des_désirs (via l’#endoctrinement_publicitaire), grégarisation sous couvert d’#individualisme, appauvrissement du #lien #social, #mimétisme collectif, #aliénation des #consciences… Ce #dressage généralisé est notamment rendu possible par la #télévision, que Pasolini percevait comme un instrument « #autoritaire et répressi[f] comme jamais aucun moyen d’information au monde ne l’a été » (à l’évidence, le téléviseur n’asservit pas en soi et il serait sans doute possible d’en faire un usage émancipateur s’il ne se trouvait pas « au service du Pouvoir et de l’#Argent »).

    (...)

    Le succès du #régime_consumériste tient en ce qu’il n’a pas recours aux matraques, chères aux gouvernements autocratiques (des monarchies à l’URSS), pour #dresser ses #domestiques. La mise au pas est assurée sans que le sang ne soit versé. #Servitude_volontaire, ou presque : le #capitalisme à la papa, #bourgeois et bedonnant, cigare d’une main et fouet de l’autre, sent la naphtaline ; le voici lifté et relooké, hype et in, cherchant à susciter partout le #désir de ses #sujets. « La fièvre de la #consommation est une fièvre d’obéissance à un ordre non énoncé », énonçait Pasolini en 1974. Un ordre qui, pour reprendre la formulation de Dufour, « réduit l’humanité à une collection d’individus calculateurs mus par leurs seuls intérêts rationnels et en concurrence sauvage les uns avec les autres » (Le Divin Marché) : les églises se sont vidées au profit des centres commerciaux, le salut individuel passe par les biens matériels et les peuples cèdent la place aux troupeaux…

    (...)

    Pasolini s’étonnait, dans ses Lettres luthériennes (sous-titrées Petit traité pédagogique), de l’absence de réactions des #communistes et des #antifascistes, au cours des années 60 et 70, face à l’#hégémonie_marchande et à la #standardisation de l’espèce humaine – #mutation_anthropologique à ses yeux historiquement unique. Cette évolution, que l’on prenait soin de nommer « développement », le répugnait tant qu’il alla jusqu’à utiliser, de façon polémique et nécessairement ambiguë, le terme de « génocide » afin de mettre en évidence le caractère criminel d’un tel #système #économique. Le torrent #ultralibéral et #productiviste charrie l’#éradication des #cultures, des modes de vie, des #particularismes et des #valeurs #millénaires, transformant ainsi les #humains en « #automates laids et stupides, adorateurs de fétiches ». Il signe la mise à mort du petit #peuple cher à l’#écrivain – ce peuple des faubourgs et des champs, des nippes reprisées et des mains râpées, ce peuple qu’il conviait à sa table, autour d’une rime ou d’un tournage.

    Bibliographie :

    –Les écrits corsaires (lecture indispensable) collection Champs-Flammarion

    –Les lettres luthériennes collection Points

    #Capitalisme #Libéralisme #Fascisme #Pier_Paolo_Pasolini #Livres #Vidéo #Italie

    • Je pense pas qu’on puisse dire que le consummérisme est une nouveau fascisme. Le pouvoir des industries culturelle est grand, et il peu être au service de différentes idéologies. Point. Il n’en reste pas moins que ce n’est pas l’hédonisme le coupable, ou le fait que les gens consomme (car ils ont des besoins, ou qu’on leu fait croire), mais bien, qu’il y a des gens qui empêche d’accéder a ce qu’on a besoin par d’autres moyens que la consommation (comme le partage du travail et de la production) et que des gens organise des besoins a partir d’une « bonne capacité » à gérer notre environnement en faveur de leurs intérêts.
      Je crains qu’il y est en fait bcp d’aspect réactionnaire dans ces confusions sur le « consummérisme ».