• Mineurs étrangers : le fichier antifraude bientôt imposé à tous les départements

    Le projet de #loi « #protection_des_enfants » prévoit de rendre obligatoires à tous les départements le recours au #fichier_anti-fraude concernant les #mineurs_non_accompagnés, ainsi que la transmission de #données_personnelles aux autorités préfectorales. Les associations y voient un « outil de lutte contre l’immigration irrégulière ».

    Il avait été instauré en 2019, officiellement pour lutter contre le « #nomadisme » des #jeunes_migrants, soupçonnés de tenter leur chance d’un département à l’autre pour être reconnus #mineurs et pris en charge par l’#Aide_sociale_à_l’enfance. Le fichier « antifraude » (dit « #AEM », pour aide à l’#évaluation_de_la_minorité) revient, en force, sur le devant de la scène dans le cadre du projet de loi relatif à la « protection des enfants », examiné cette semaine à l’Assemblée nationale.

    Le texte prévoit en effet de le rendre obligatoire à tous les départements, alors qu’une poignée de récalcitrants – dont #Paris, la #Seine-Saint-Denis et le #Val-de-Marne – résistaient jusqu’alors, malgré les #sanctions_financières établies par un décret datant de juin 2020, venant réduire le montant de la contribution forfaitaire de l’État versée pour l’évaluation de la #minorité et la #prise_en_charge des jeunes. La somme passait, pour les départements refusant d’y avoir recours, de 500 à 100 euros.

    Depuis 2019, le gouvernement invite les #départements, sur la base du volontariat, à renvoyer les jeunes se présentant comme mineurs vers la préfecture, où un certain nombre de #données_personnelles (prise d’#empreintes_digitales, photos, #adresse_de_domiciliation, #numéro_de_téléphone...) sont alors collectées et enregistrées. Ces dernières sont ensuite comparées au fichier dit « #Visabio », qui répertorie les demandes de #visa formulées depuis l’étranger et peut biaiser les déclarations des jeunes se présentant comme mineurs, puisque certains d’entre eux tentent d’abord une demande de visa en se déclarant majeurs, dans le but de s’éviter la traversée par la mer.

    « Certains départements ne prennent même plus la peine de faire l’évaluation pour un jeune si la préfecture dit qu’il se trouve dans Visabio », souligne Jean-François Martini, juriste au Gisti. Selon le Groupe d’information et de soutien des immigrés, 77 départements ainsi que la métropole de Lyon auraient déjà recours au fichier AEM permettant la collecte d’informations. Pourtant, jusqu’à présent, impossible de mesurer l’éventuelle « fraude » à laquelle pourraient s’adonner les jeunes migrants en recherche de protection en France.

    « Rien ne justifie l’utilisation de ce fichier »

    Aucun chiffre, aucun bilan, rappelle Camille Boittiaux, référente MNA chez Médecins du monde, ne permettent d’« objectiver le phénomène de “nomadisme” ». « Rien ne justifie l’utilisation de ce fichier. Les arguments avancés par le gouvernement ne sont pas convaincants. Les MNA sont encore une fois considérés comme des migrants, de potentiels fraudeurs, avant d’être vus comme des #enfants. »

    Pourquoi donc vouloir rendre obligatoire un #fichier_biométrique controversé, auquel même la Défenseure des droits a manifesté son opposition, dans un avis critique adressé à la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale fin juin, pointant un texte « pas à la hauteur des besoins que l’on note en #protection_de_l’enfance », rappelant, au passage, que le droit des MNA de refuser de transmettre leurs #informations_personnelles « n’est plus considéré ni prévu » ?

    Pour les associations d’aide aux migrants et aux MNA, comme pour le député Guillaume Chiche, la réponse est simple : il s’agit de faire de la protection de l’enfance un « outil de #lutte_contre_l’immigration_irrégulière ». « On passe du champ de la protection de l’enfance à un système policier, et le fichier AEM en est le premier pont », prévient Jean-François Martini. Dans un communiqué interassociatif (https://www.gisti.org/spip.php?article6614) rassemblant le Gisti, La Cimade, Infomie, Médecins du monde et le Secours catholique, ces organisations dénoncent un « #fichage policier systématique » et la « nocivité » de ce fichier. « Depuis sa mise en œuvre par la plupart des départements métropolitains, c’est une catastrophe pour les jeunes à tous points de vue », poursuit le juriste auprès de Mediapart.

    La référente MNA de Médecins du monde pointe, elle aussi, les « effets délétères » du fichier dans les départements où il a déjà été mis en place : « On a constaté que certains mineurs craignaient le passage en préfecture et décidaient de ne pas intégrer le système de la protection de l’enfance. D’autres sont laissés sans mise à l’abri en attendant le passage à la préfecture. D’autres encore n’ont ni mise à l’abri ni évaluation après consultation du fichier par le département. » Une sorte de #tri faisant fi du principe de #présomption_de_minorité, qui doit normalement garantir une protection aux jeunes se déclarant mineurs durant toute la durée de leurs démarches.

    « L’article 15 relève exclusivement de la gestion de flux migratoires, relève le député Guillaume Chiche, membre de la commission des affaires sociales. On organise la délivrance de renseignements sur les MNA aux autorités préfectorales. Pire, on oblige les départements à leur présenter les MNA ! » Avec le risque, aux yeux du député ex-LREM, de « reléguer les travailleurs sociaux au rang d’enquêteurs et de supplétifs des forces de l’ordre ». « Il n’y a plus de #secret_professionnel, cela rompt le lien de #confiance avec les jeunes », déplore-t-il.

    Mélange des genres

    Dans son avis, la Défenseure des droits exprime « ses profondes inquiétudes » quant à l’article 15, qui tend « davantage à traiter du #contrôle_migratoire qu’à une réelle amélioration de la protection des mineurs non accompagnés ». MNA qui relèvent, rappelle-t-elle, uniquement des dispositifs de la protection de l’enfance « jusqu’à l’établissement de leur âge par une décision judiciaire », et qui devraient être exclus de procédures relevant « d’un contrôle et d’une gestion des flux migratoires ».

    Un mélange des genres « intolérable » pour le Gisti. « On ne peut pas à la fois faire de la protection de l’enfance et mettre en œuvre des mesures elles-mêmes affichées comme de la lutte contre l’immigration irrégulière, estime Jean-François Martini. Le résultat de l’évaluation finit entre les mains d’une préfecture qui peut en tirer un argument pour prononcer une mesure d’éloignement, on organise une collaboration objective entre professionnels de la protection de l’enfance et services des préfectures. »

    Contacté, le département du Val-de-Marne n’a pas donné suite à l’heure où nous publions cet article. Désormais passé à droite, celui qui faisait partie des derniers « résistants » au fichier AEM et avait même déposé un recours auprès du Conseil d’État avec la Seine-Saint-Denis pour contester le décret du 23 juin 2020, risque de changer de cap. En Seine-Saint-Denis, le fichier est jugé « inacceptable » et reste à ce jour inutilisé.

    « Ce n’est pas notre rôle, tranche Stéphane Troussel, président du Conseil départemental. Les départements ne sont pas des supplétifs du ministère de l’intérieur. C’est à ce titre qu’on a refusé d’appliquer le décret jusqu’ici. Avec le recours obligatoire au fichier, on va fouler au pied la libre administration des collectivités territoriales. L’État devrait aller au bout de sa logique : s’il considère que cela relève de la question migratoire, à lui de prendre en charge la mise à l’abri et l’évaluation ! »

    Difficile, pour Dominique Versini, adjointe en charge de la protection de l’enfance à Paris, de dire si le département pourra continuer de « résister » bien longtemps : « Avec la Seine-Saint-Denis et la #Gironde, on n’a pas cessé de subir des #pressions. On a été pointés du doigt par le gouvernement comme des “gauchistes” qui voudraient favoriser l’appel d’air. On a essayé de nous attaquer par le porte-monnaie avec le décret réduisant la contribution forfaitaire. On a admis le fait de ne pas recevoir l’argent de l’État, qui représente une perte de 2,2 millions d’euros de recettes par an pour Paris, parce que nos valeurs l’emportaient. Mais là, le problème, c’est que le recours au fichier va être rendu obligatoire par la loi... », appréhende l’élue.

    Alors que le gouvernement mène déjà une politique de lutte contre l’immigration illégale « très dure », il « passe » désormais par les départements, selon elle, pour récupérer des jeunes à expulser. « C’est une façon d’utiliser la protection de l’enfance au profit d’une politique de lutte contre l’immigration illégale et cela me choque profondément », dénonce l’ancienne ministre, qui souligne une violation de la Convention internationale des droits de l’enfant et de la présomption de minorité, les jeunes étant contraints de se rendre en préfecture avant même d’avoir fait l’objet d’une évaluation. « La puissance du ministère de l’intérieur l’emporte sur le secrétariat en charge de la protection de l’enfance et je le déplore », poursuit Dominique Versini.
    Rien pour améliorer le quotidien des mineurs étrangers

    Le projet de loi prévoit par ailleurs d’interdire le placement des mineurs à l’#hôtel, mais introduit tout de même un caractère d’urgence, avec une durée maximale de deux mois, qui laisse planer le doute : « Deux mois, c’est déjà énorme ! Il y a entre 7 500 et 10 000 enfants placés à l’hôtel, et cela répond quasiment tout le temps à des situations d’#urgence et de #mise_à_l’abri. Donc cela ne va rien changer », alerte Guillaume Chiche, ajoutant qu’une majorité des enfants placés à l’hôtel sont des MNA. « Quand j’ai interpellé le ministre [Adrien Taquet] en commission, il a répondu que la durée de deux mois correspondait au temps qu’il fallait aux départements pour évaluer la minorité. Il y a donc un #droit_d’exception pour les MNA, et il est criminel d’organiser le tri entre les enfants. »

    En 2020, 4 750 jeunes se sont présentés à Paris pour une évaluation (contre 1 500 en 2015). Les MNA représentent un tiers des enfants confiés à l’#ASE. Paris et la Seine-Saint-Denis comptabilisent, à eux seuls, 50 % des évaluations réalisées en France (et 70 % pour l’Île-de-France). Ces deux départements restent ceux qui accueillent le plus de mineurs isolés. Pour mieux prendre en compte les spécificités socio-économiques des départements, et notamment le niveau de pauvreté, le projet de loi prévoit de modifier les critères du système de #répartition des MNA sur le territoire français - créé en 2016 pour soulager les départements les plus sollicités.

    S’il ambitionne d’apporter une « réponse précise », guidée par « l’intérêt supérieur de l’enfant et la pérennisation de notre système de protection de l’enfance », force est de constater que le projet de loi reste à mille lieues des enjeux (lire notre analyse : https://www.mediapart.fr/journal/france/160621/enfants-en-danger-un-projet-de-loi-mille-lieues-des-enjeux), et que rien ou presque ne vise à améliorer la prise en charge et le quotidien des MNA, dont l’histoire et le parcours migratoire sont souvent traumatisants.

    Rien concernant ces jeunes voyant d’abord leur minorité contestée, exclus du dispositif de protection et laissés à la #rue durant la durée de leur recours, puis reconnus majeurs par le juge des enfants [un jeune sur deux à saisir le juge serait reconnu mineur - ndlr]. Rien concernant ces jeunes reconnus mineurs par un département, puis réévalués majeurs dans un second département en raison du système de répartition imposé. Rien, enfin, concernant ces ex-MNA qui, à leur majorité et malgré une formation en apprentissage, parfois avec le soutien d’un employeur, sont menacés d’expulsion, révélant toutes les incohérences de l’État (lire ici ou là le récit de ces gâchis).

    Un projet de loi « de #maltraitance », juge Jean-François Martini. « Il n’y a rien sur la protection des enfants ! Qu’il s’agisse de l’évaluation, des #tests_osseux qu’on ne veut pas interdire ou de la possibilité de placement à l’hôtel dans des cas d’urgence, on les met en situation de #fragilité extrême, et on ose dire que la République fait le job », tacle Guillaume Chiche. Et Camille Boittiaux de conclure : « Il aurait pu y avoir des dispositions protectrices pour une vraie prise en charge de ce public. Mais ils sont uniquement sur le volet sécuritaire et le contrôle des enfants. C’est une occasion manquée. »

    https://www.mediapart.fr/journal/france/070721/mineurs-etrangers-le-fichier-antifraude-bientot-impose-tous-les-departemen
    #France #mineurs_étrangers #MNA #fraude #anti-fraude #antifraude #amende #préfecture #biométrie #chantage #résistance

    ping @etraces @karine4 @isskein

    • Pas de mesures anti-mineurs isolés étrangers dans le projet de loi relatif à l’enfance !

      Le 16 juin a été présenté en Conseil des ministres un projet de loi relatif à l’enfance qui a pour ambition de « garantir véritablement aux enfants un cadre de vie sécurisant et serein, et aux professionnels un exercice amélioré de leurs missions ». Plusieurs dispositions concernent les mineur⋅es isolé⋅es. Pour ces enfants, il n’est pas question de « cadre sécurisant et serein » mais d’un fichage policier systématique et d’une modification de la clé de répartition territoriale des prises en charge, sans tenir compte de leur intérêt.

      Le texte prévoit un recours systématique au fichier d’appui à l’évaluation de la minorité (AEM), qui fait du passage en préfecture un préalable à toute mesure de protection de l’enfance. L’utilisation de ce fichier depuis 2019 par de nombreux départements a démontré sa nocivité : mineur·es laissé·es à la rue dans l’attente de leur passage en préfecture, refus de mise à l’abri et d’évaluation à l’issue de la consultation des fichiers, édiction de mesures d’éloignement à l’égard de ceux et celles « déclaré⋅es » majeur⋅es, les privant de leur droit à un recours devant le ou la juge des enfants, etc. Le gouvernement veut maintenant imposer l’utilisation de ce fichier aux derniers départements qui refusent de confondre protection de l’enfance et lutte contre l’immigration [1].

      La clé de répartition nationale des mineur·es isolé·es entre les départements est modifiée en fonction de nouveaux critères qui ne tiennent aucun compte de l’intérêt de l’enfant : rien sur les délais interminables de transfert entre certains départements qui retardent leur scolarisation et leur prise en charge éducative ; et rien non plus sur les « doubles évaluations » qui conduisent des départements à remettre en cause la mesure de protection prise à l’initiative d’autres départements.

      Encore une occasion manquée pour le gouvernement de prendre des mesures de protection propres à se mettre en conformité avec les droits de l’enfant : détermination de la minorité basée sur l’état civil, présomption de minorité, prise en charge des jeunes majeur·es renforcée, droit au séjour sécurisé…

      Nous appelons donc au retrait de ces dispositions du projet de loi, à l’inclusion de mesures protectrices pour les mineur·es isolé·es et à un approfondissement de celles qui peuvent constituer des pistes d’amélioration de la protection de tous les enfants : prévention de la maltraitance dans les établissements, limitation des placements à l’hôtel, renforcement des normes d’encadrement, etc.

      https://www.gisti.org/spip.php?article6614

  • L’État décide de frapper au porte-monnaie les départements qui résistent au fichage des #enfants

    Tout juste sorti de cette période de confinement, et alors que la crise sanitaire a fortement impacté la situation des mineur⋅es isolé⋅es, le gouvernement reprend l’offensive réglementaire à l’encontre de leurs droits.

    Un #décret daté du 23 juin 2020 vient d’autoriser l’État à réduire sa #contribution_financière aux #départements qui refusent de faire intervenir les #préfectures dans le processus d’évaluation et d’#identification de ces enfants.

    Pour mémoire, ce sont la #loi_Collomb de septembre 2018 et son décret d’application du 30 janvier 2019 qui ont institué un #fichier des mineur⋅es isolé⋅es permettant aux départements d’associer les préfectures à la détermination de leur #minorité, et de faciliter l’éloignement de celles et ceux qui auront fait l’objet d’une décision provisoire de non-admission à l’#aide_sociale_à_l’enfance.

    L’ensemble du secteur de la #protection_de_l’enfance – et en particulier le #Conseil_national_de_la_protection_de_l’enfance –, ainsi que la totalité des organisations qui se sont exprimées sur le sujet, ont dénoncé la confusion entre protection de l’enfance et lutte contre l’immigration irrégulière organisée par ce dispositif. Malgré quelques réserves, le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État l’ont malheureusement validé.

    Un an après son entrée en vigueur, environ un tiers des départements, pour des motifs divers et variés, continue à refuser d’appliquer ce dispositif.

    Aussi, à défaut de pouvoir contraindre l’ensemble des départements à conclure avec les préfectures une convention permettant de vérifier si ces enfants figurent déjà dans deux #fichiers destinés au contrôle migratoire (#Visabio et #AGDREF) et de les inscrire dans un troisième, dénommé « #appui_à_l’évaluation_de_la_minorité » (#AEM), le gouvernement a décidé de les frapper au porte-monnaie.

    Ainsi, il recourt à présent au #chantage_financier pour contraindre les derniers départements réfractaires à ce mélange des genres. Ce faisant, il fait montre de son acharnement pour imposer sa logique du #soupçon et du #contrôle à la question de l’#accueil et de la protection des mineur⋅es isolé⋅es.

    Nos organisations demandent l’abrogation de ce décret, la mise en œuvre du premier accueil, l’accompagnement socio-éducatif des jeunes isolé⋅es, sans discrimination et dans le strict cadre de la protection de l’enfance.

    https://www.gisti.org/spip.php?article6438

    #France #fichage #migrations #asile #réfugiés #MNA #mineurs_non_accompagnés #enfance #renvois #expulsions #dissuasion #âge #catégorisation #tri #résistance

    ping @karine4 @isskein @etraces

  • Longtemps contrainte au silence, la victime d’un écrivain pédophile témoigne enfin - The New York Times
    https://www.nytimes.com/fr/2020/03/31/world/europe/matzneff-francesca-gee.html

    Dix ans plus tôt, à l’âge de 15 ans, Mme Gee avait noué avec M. #Matzneff — bien plus âgé qu’elle — une relation traumatisante qui avait duré trois ans. Maintenant, non seulement il exhibait un portrait d’elle adolescente en couverture de son roman, mais il y incluait les lettres qu’elle lui avait écrites, s’insurge-t-elle, sans son autorisation ni même l’en avoir informée.

    Pendant des décennies, malgré ses protestations répétées, M. Matzneff s’est servi de la correspondance de Mme Gee pour justifier la pédophilie et ce qu’il affirmait être de merveilleuses histoires d’amour avec des adolescentes. Il bénéficiait de l’appui incessant d’une partie des élites littéraire, médiatique, économique et politique.

    En 1973, alors que Mme Gee avait 15 ans et M. Matzneff 37, une amie de l’écrivain leur présenta une gynécologue qui acceptait de prescrire la pilule contraceptive à des mineures sans l’autorisation de leurs parents, ce qui était alors illégal.

    Dans son journal de l’époque, Élie et Phaéton, M. Matzneff rapporte que la gynécologue, le Dr #Michèle_Barzach, « à aucun moment n’a cru devoir faire la morale à ce monsieur de trente-sept ans et à sa maîtresse de quinze ».

    Mme Gee affirme avoir consulté le Dr Barzach une demi-douzaine de fois en trois ans, toujours en compagnie de M. Matzneff.

    « Il l’appelle pour prendre rendez-vous, et on y va », se souvient-elle. « Il est dans la salle d’attente pendant la consultation. Puis il entre, ils discutent et il la règle ».

    Dans ses autres journaux, M. Matzneff écrit que le Dr Barzach devint la gynécologue chez qui, après sa rupture avec Mme Gee en 1976, il a continué pendant des années à emmener des jeunes mineures.

    Le Dr Barzach, qui est également psychanalyste, a été ministre de la Santé de 1986 à 1988 sous la présidence de François Mitterrand.

    De 2012 à 2015, elle a été présidente de la branche française de l’UNICEF, l’agence des Nations Unies pour la #protection_de_l’enfance.

    #pédocriminalité #gynécologie #complicité #femmes_de_droite

  • Confinement : Rien n’a vraiment changé, tu sais (c’est juste pire)

    Alors que certains médias nous vendent le #confinement comme un instant bien-être ou un temps de ressourcement, tandis que les 1er journaux intimes de confinement fleurissent dans la presse laissant présager d’une rentrée littéraire difficile, le confinement est avant tout un gigantesque révélateur (et accélérateur) des #inégalités.
    Recension.

    Journaux de confinement, la lutte des classes (Mathilde Serrell, France Culture, 20.03.20)
    https://www.franceculture.fr/litterature/latheorie-journaux-de-confinement-la-lutte-des-classes

    Le confinement et l’explosion des inégalités sociales (Cathy Billard, NPA, 17.03.2020)
    https://npa2009.org/actualite/social-autres/le-confinement-et-lexplosion-des-inegalites-sociales

    À toutes ces questions, pas de réponse dans les discours de Castaner et autres ministres spécialistes du service après-vente. Pas non plus de visibilité dans les médias. Ces femmes, ces hommes, ces enfants passent sous les radars. Le confinement va évidemment aggraver de manière majeure les #discriminations, les moins pauvres vont vivre le confinement en régions, les #pauvres dans leurs logement plus ou moins exigus et insalubres et les plus pauvres confinéEs dans la rue, les parkings. Pas besoin d’être très perspicace pour mesurer le caractère explosif de ce qui ne fait que commencer : explosif pour la circulation du virus dans ces cadres où les mesures de distanciations ne sont que de lointaines incantations, explosif dans les confrontations qui ne manqueront pas d’advenir aussi bien entre les personnes, qu’avec les représentants du « maintien de leur ordre ».

    Avec le coronavirus et le confinement, le scandale des inégalités sociales éclate (Anne Lambert, Le Huffington Post, 19.03.20)
    https://www.huffingtonpost.fr/entry/avec-le-coronavirus-et-le-confinement-le-scandale-des-inegalites-soci

    Soignants, fonctionnaires, prolétariat urbain endiguent l’#épidémie tandis que les classes supérieures fuient. Il faudra s’en souvenir. Il faudra que justice se fasse.

    Les riches à la maison, les pauvres envoyés au front ? Le sentiment d’injustice monte chez les non-confinés (Sibylle Laurent, LCI, 18.03.2020)
    https://www.lci.fr/population/certains-vont-bosser-la-boule-au-ventre-ces-salaries-qui-ont-l-impression-d-etre

    Avec les mesures de confinement, se dessinent deux réalités pour les travailleurs : ceux qui peuvent se préserver, en télétravail, et ceux qui sont sur le terrain. Avec parfois, le sentiment d’y risquer leur #santé.

    Pourquoi des personnalités publiques sont-elles dépistées alors que les tests sont limités ? (Nina Le Clerre, CNEWS, 20.03.20)
    https://www.cnews.fr/france/2020-03-20/pourquoi-des-personnalites-publiques-sont-elles-depistees-alors-que-les-tests-

    Les tests sont réservés notamment aux personnes présentant des signes de complication. Pourtant, de nombreuses personnalités annoncent régulièrement sur les réseaux sociaux avoir été testées positives au virus, sans présenter de signes de gravité apparents. […] Des annonces surprenantes alors même qu’une politique très restrictive en matière de tests s’applique à la majorité des Français et est censée s’appliquer à tous de la même manière. […] Dans ces conditions, la multiplication des annonces a révolté de nombreux internautes faisant enfler la polémique, notamment sur les réseaux sociaux. […] Le soignant a dénoncé des « passe-droits insupportables » alors que certains de ses confrères ne parviennent à se faire tester.

    Éducation

    École à la maison : « Le coronavirus ne crée pas les inégalités, il les révèle » (entretien avec Rodrigo Arenas, Le Télégramme, 20.03.2020)
    https://www.letelegramme.fr/dossiers/lecole-a-distance-comment-ca-marche/ecole-a-la-maison-le-coronavirus-ne-cree-pas-les-inegalites-il-les-reve

    Avec l’école à la maison, les inégalités scolaires risquent-elles de se creuser ?

    Enseignement à distance : "On peut craindre un élargissement des inégalités" dans l’éducation (Pierre Ropert et Louise Tourret, France Culture, 13.03.2020)
    https://www.franceculture.fr/societe/enseignement-a-distance-peut-craindre-un-elargissement-des-inegalites-

    Emmanuel Macron a annoncé la fermeture des établissements scolaires, « jusqu’à nouvel ordre ». Une mesure de santé publique nécessaire, mais qui soulève de nouvelles problématiques : comment assurer un enseignement égal pour tous les élèves ?

    SDF

    Coronavirus : les sans-abri sur le carreau du confinement (Sandrine Arrestier, La Voix du Nord, 17.03.2020)
    https://www.lavoixdunord.fr/727820/article/2020-03-17/les-sans-abri-sur-le-carreau-du-confinement

    Les #SDF errent nombreux dans les rues, davantage précarisés qu’avant le confinement, faute de trouver les moyens de manger, exposés au virus. Les travailleurs sociaux font comme ils peuvent. Les préfectures travaillent encore à des solutions.

    Coronavirus : des SDF verbalisés pour non-respect du confinement (AFP via Le Parisien, 20.03.20)
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/coronavirus-des-sdf-verbalises-pour-non-respect-du-confinement-a-paris-ly

    Des cas ont notamment été recensés à Paris, Lyon et Bayonne, une situation ubuesque que dénoncent des associations.

    Violences familiales, violences conjugales

    Coronavirus : pendant le confinement, le 3919 ne répond plus (Camille Sarazin, BFMTV, 20.03.2020)
    https://www.bfmtv.com/societe/coronavirus-pendant-le-confinement-le-3919-ne-repond-plus-1878887.html

    La période de confinement fait craindre une augmentation des #violences_conjugales. Alors que de nombreuses femmes doivent rester à leur domicile avec un conjoint violent, le numéro d’écoute est coupé depuis plusieurs jours.

    « C’est totalement explosif » : l’Aide sociale à l’enfance dans la tourmente de l’épidémie due au coronavirus (Julie Carriat, Le Monde, 20.03.2020)
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/20/c-est-totalement-explosif-l-aide-sociale-a-l-enfance-dans-la-tourmente-de-l-

    Les foyers pour mineurs accusent le coup de la crise sanitaire. Au nom des 60 000 enfants qui leur sont confiés, les professionnels du secteur refusent qu’on les oublie.

    Confinement : l’inquiétude monte pour les femmes victimes de violences (Virginie Ballet, Libération, 20.03.2020)
    https://www.liberation.fr/france/2020/03/20/confinement-l-inquietude-monte-pour-les-femmes-victimes-de-violences_1782

    Certaines associations réclament la mise en place d’un plan d’urgence pour faire face à la crise actuelle. Le gouvernement dit « tout faire pour que les femmes confinées puissent se sentir en sécurité ».

    Confinement : une situation "dangereuse" pour les femmes victimes de violences (Audrey Dumain, France Inter, 19.03.2020)
    https://www.franceinter.fr/societe/confinement-une-situation-dangereuse-pour-les-femmes-victimes-de-violenc

    Cela pourrait être l’une des conséquences les plus dramatiques du confinement en France : l’explosion des violences faites aux femmes. Si le gouvernement dit maintenir au mieux les dispositifs de lutte, pour les associations, cela ne suffit pas. À situation exceptionnelle, dispositif exceptionnel ?

    Le confinement provoque des inquiétudes sur la maltraitance des enfants (Agnès Leclair, Le Figaro, 19.03.2020)
    https://www.lefigaro.fr/actualite-france/le-confinement-provoque-des-inquietudes-sur-la-maltraitance-des-enfants-202

    Le système public de #protection_de_l’enfance, déjà sous tension, peine à faire face à la crise engendrée par le Covid-19.

    Coronavirus : face à la pandémie, les femmes en première ligne ? (Isabelle Mourgere, TV5 Monde, 17.03.2020)
    https://information.tv5monde.com/terriennes/coronavirus-face-la-pandemie-les-femmes-en-premiere-ligne-3517

    Les femmes en première ligne du coronavirus ? C’est en tout cas ce que constatent plusieurs enquêtes publiées dans la presse britannique. Et ce à plusieurs niveaux : largement majoritaires parmi les personnels soignants, elles font partie des populations qui risquent le plus d’être contaminées. Autre crainte : l’augmentation des violences conjugales liées au confinement à domicile.

    • Sur confinement et école, Caroline De Haas a fait un tweet bien sympa qui liste toutes les manières qu’elle a trouvées d’occuper ses enfants en continuant leur éducation. C’est bien, je ne critique pas, mais personne n’a une pensée pour les gosses dont les parents n’ont pas le capital immatériel nécessaire pour faire tout ce boulot, tout le monde est super positif, dans sa bulle petite-bourgeoise. Je comprends, j’ai la même, mais quand même... pas un mot ?

      https://twitter.com/carolinedehaas/status/1239435632394547200

    • @philippe_de_jonckheere à ce propos aujourd’hui :
      http://desordre.net/blog

      Comme je disais précédemment il y a confinés et confinés. Il y a les confinés dont je parlais et qui sont plus entassés que confinés, il y a même celles et ceux qui ne peuvent pas se confiner, et puis celles et ceux pour lesquels le confinement est une aventure plaisante, tellement elle est le lieu même de la récréation, et donc de la création, croient-ils et elles. En ces périodes de confinement la télévision de soi va bon train, le mot-dièse confinement devient le refuge de tous ces petits oiseaux bleus qui vivent, en fait, le reste de l’année, parfaitement repliés sur eux-mêmes et qui tiennent là leur chance, tellement enviable, à la célébrité wahrolienne. Florilège. En cette période de confinement je mets en téléchargement gratuit mon roman de science-fiction — je ne suis pas parvenu jusqu’au bas de la première page, ceci dit la science-fiction ce n’est pas ma tasse d’Earl Grey. Confinement oblige, notre maison d’édition en ligne met l’entièreté de son catalogue — d’invendus — à la disposition de toutes et tous. « Lisez » qu’il disait à l’Élysée (ne l’élisez plus, pitié !) — ce sera ma contribution à ce confinement de la générosité, je fais don de ce slogan publicitaire. Et puis c’est toute la cohorte de ces toi-tubeurs qui habituellement nous parlent depuis leur salon, leur chambre ou leur garage, qui s’imaginent habituellement passer à la téloche, mais qui, en fait, parlent habituellement à un miroir pas du tout grossissant, celles et ceux-là s’en donnent à cœur joie de désormais nous entretenir de tous les aspects insoupçonnés de leur vie pleine de trous et qui s’imaginent sans doute que le confinement est leur chance ultime de percer. Zéro multiplié par zéro égale zéro. Désolé.

    • Ça y est, c’est officiel, je ne ferai pas de journal de confinement. Le premier mail, ça va, pour décrire mes conditions de confinement à des ami·es qui s’inquiéteraient de me savoir à l’isolement dans mon studio de 12 m2. Une fois signalé que tout va bien, que je suis chez des ami·es et qu’on profite d’un jardin, je n’ai vraiment rien d’autre à dire à part « portez-vous bien ». Ah, si, j’ai croisé par hasard un copain de Jek Klak et puis un autre en revenant de la Biocoop, la vie est belle des fois. Mais philosopher sur le monde en prétendant que c’est solo alors qu’en vrai on interagit avec un paquet de monde comme le montre @davduf dans son journal, qu’on est pris·es dans une circulation déchaînée d’idées, de rumeurs, de chiffres et autres, je laisse ça aux dépolitisé·es...

  • Qui veut encore protéger les mineurs non accompagnés en France ?

    Arrivés dans le courant des années 1990, les mineurs non accompagnés sont des individus de moins de 18 ans qui, après un parcours migratoire, se trouvent sur le territoire français sans leur représentant légal. Enfants en danger devant être pris en charge inconditionnellement par les services départementaux compétents, pourquoi ces mineurs sont-ils devenus les objets d’une politique du tri et du contrôle ? Comment ces considérations ont-elles pu s’inviter dans le champ de la #protection_de_l’enfance ? Qui sont les acteurs impliqués dans ce basculement du parcours dédié aux mineurs non accompagnés ? Mineurs à protéger d’un côté et étrangers à contrôler de l’autre, cette population est perçue à travers des représentations bipolaires qui ont conduit à l’édification de #frontières_administratives, institutionnelles et symboliques jalonnant aujourd’hui le parcours de l’#accueil de ces jeunes. Alors que leur #minorité et leur #isolement devraient suffire à justifier une #prise_en_charge, le #soupçon qui plane sur ces jeunes a fait de ces deux critères des données scrupuleusement vérifiées par les autorités. La contribution revient sur la logique de #sous-traitance de la mission d’#évaluation et de #mise_à_l’abri ayant permis d’exclure ces mineurs du circuit traditionnel de la protection de l’enfance. Associations, organisations humanitaires, société civile, ministère de la Justice incarnent les nouveaux protagonistes d’un paysage de l’accueil, où les idéaux et les engagements en matière de défense du #droit_des_enfants ont été relégués au second plan.

    https://www.erudit.org/fr/revues/lsp/2019-n83-lsp04994/1066084ar
    #enfants #enfance #mineurs #asile #migrations #réfugiés #France #protection #contrôle #droits_des_enfants #MNA #mineurs_non_accompagnés

    ping @isskein @karine4