L’article parle de chômeurs, mais il s’agit de personnes qui émargent à l’équivalent du RMI local. Il se trouve que c’est une grande spécialité française : déménager à Bruxelles parce que c’est sympa et pas cher et ne pas faire transférer ses droits sociaux malgré les accords bilatéraux qui permettent de bénéficier de la sécurité sociale ou du chômage ici.
Du coup les CPAS - institutions communales qui délivrent le RIS (le RMI local) - voient défiler des français qui débarquent comme des fleurs quand leurs économies de migration sont épuisées. J’ironise, mais c’est quand même un problème de ne pas se renseigner quand on migre et qu’on est capable, comme c’est le cas de la plupart des français venant ici, de comprendre l’une des langues nationales, de faire des démarches administratives, de comprendre le système social etc. Les français en Belgique n’ont rien à voir avec des Roms risquant le pogrom en Hongrie et qui débarquent avec enfants et sans bagages.
Quand on sait comment fonctionnent les communes qui gèrent les budgets des CPAS, notamment au niveau bruxellois, et quelles sont leurs finances (plusieurs sources dont 50% communales), on peut comprendre aisément que ça coince et que ça vire à tour de bras, dès qu’un prétexte semble valable. On compte à Bruxelles quelques communes parmi les plus riches de Belgique, mais aussi les plus pauvres (je parle des budgets communaux). Le RIS contrairement au chômage n’est pas le fruit de cotisations. Or les CPAS, c’est l’aide sociale dans sa globalité, soins de santé compris, mais aussi aide pour payer l’electricité etc. La pression due au nombre - Bruxelles est une région où il y a beaucoup de travail très qualifié et beaucoup de travailleurs infra-qualifiés - est très forte sur certains CPAS. Qui doivent accueillir les exclus du chômage. Donc, on élague. Si tu n’es pas résident depuis 5 ans. Out.
Le résultat de cette « légèreté » à la française, ce sont les anciens qui trinquent comme l’exemple la femme de l’article, résidente de longue date qui s’est vu non seulement refuser les allocations RIS mais aussi intimer l’ordre de quitter le territoire. Des communes (CPAS) ont commencé à refuser d’inscrire des (nouveaux immigrants) français depuis il y a quelques temps. D’un côté les exilés fiscaux, qui ne paient même pas les taxes locales et de l’autre les mecs qui débarquent au CPAS sans prévenir, ça les gave les belges.
Le chômage pour ceux qui n’étaient pas résidents en Belgique avant le chômage est limité à trois mois, ce qui est absurde compte-tenu du temps nécessaire pour trouver un emploi, on est d’accord. Surtout que ces accords sur le chômage sont une partie des mesures censées permettre la mobilité intra-européenne des personnes. Qu’est-ce qu’on rigole.
Pour les résidents avant chômage, qui ont travaillé, c’est comme pour les belges. C’est à dire que ça se corse.
Les nouvelles directives sur le chômage font que celui ci est limité dans le temps et l’accès au chômage est devenu (alors qu’on accédait aux allocations chômage au sortir des études après une période de probation), comme en France circonstancié aux périodes de travail. Si on a pas assez travaillé, pas de chômage et on arrive au RIS (dit CPAS le nom de l’institution qui la délivre, ex-Minimex).
Et en tant que résident de courte durée, ou au chômage au moment de la période de renouvellement de la carte de séjour etc... c’est le gouffre et la mega merde. Ordre de quitter le territoire etc comme dans l’article. Je n’ai par contre jamais entendu que des français aient été effectivement reconduits à la frontière, mais c’est bien sûr possible.
Cette situation a poussé certains français installés de longue date à prendre la nationalité belge à la fin de l’année dernière, avant le changement de ses critères d’obtention.