• Les matériaux de Proust – En attendant Nadeau

    http://www.en-attendant-nadeau.fr/2016/04/17/materiaux-proust

    Peut-on vraiment apporter encore quelque chose de neuf concernant la trajectoire de Proust dans l’espace matériel, celui des autres, et quelque chose qui éclaire son œuvre ? La réponse est positive pour les deux pans de la question. D’abord la biographie elle-même, malgré la minutie des deux tomes canoniques de George D. Painter (Mercure de France, 1966), que plus personne n’ose citer, et le volume de Jean-Yves Tadié (Gallimard, 1996) qui fait aujourd’hui référence, présentait de très nombreuses zones d’ombre. Rien que de très normal, puisque la rédaction de l’œuvre monumentale n’a commencé qu’en 1909. L’écrivain a alors trente-huit ans, il lui reste seulement treize années à vivre, années de fièvre occupées essentiellement par la tâche d’écrire, puis de colmater les trous de la Recherche. À quoi a-t-il employé les trois quarts de sa vie ? Dans Marcel Proust : Une vie à s’écrire, Jérôme Picon s’emploie à répondre à cette question.

    #littérature #proust

  • Quels brouillons, ce Proust ! - Bibliobs avec Le Nouvel Observateur
    http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20130923.OBS8048/quels-brouillons-ce-proust.html?xtor=RSS-15

    Vous trouvez Proust difficile à lire ? Attendez de voir ses manuscrits ! Il est maintenant possible de consulter en ligne et de télécharger les cahiers de brouillon, carnets de notes, manuscrits, épreuves corrigées de « Du côté de chez Swann » sur Gallica, la bibliothèque numérique de la BNF. L’intégralité de la « Recherche » est également disponible.

    Il y a de quoi s’occuper. Le fonds Marcel Proust du Département des manuscrits conservait depuis 1962 les manuscrits originaux de 75 cahiers de brouillon. Ces cahiers ont été numérisés, ainsi que les 20 cahiers de la mise au net du texte regorgeant de « paperoles » (ajouts que Proust collait à même les cahiers au fur et à mesure de l’écriture). Emotion garantie : les cahiers sont pleins de corrections, ajouts, ratures en tous genres qui raviront les amateurs de graphologie, de génétique textuelle et même de littérature tout court.

    Proust semble procéder par accumulation : il ne déchire pas, mais raye des pages entières pour recommencer à la suite, ou remplit sa marge de bulles d’ajouts en écriture minuscule. On peut donc suivre les méandres sa pensée au fil des pages, pourvu, bien sûr, de réussir à déchiffrer son écriture illisible. 

    Librement accessibles et téléchargeables en ligne, les images de ces manuscrits ouvrent grandes les portes de l’atelier d’écriture d’une des œuvres les plus marquantes du XXe siècle, dont la consultation était jusqu’à récemment réservée aux seuls spécialistes. Chacun peut désormais feuilleter à l’écran les premières ébauches de l’épisode de la petite madeleine ou rêver sur l’inlassable travail d’écriture de la fameuse première phrase de « du Côté de chez Swann » dont témoignent les corrections sur épreuves, également numérisées.

    À ce fonds Proust désormais numérisé s’ajoutent par ailleurs les épreuves d’imprimerie avec corrections manuscrites autographes d’« À l’ombre des jeunes filles en fleurs », conservées à la Réserve des livres rares, ainsi que l’intégralité de la Recherche dans l’édition Gallimard de 1946-1947.

    Tous ces documents sont consultables et disponibles au téléchargement aussi bien sur gallica.bnf.fr que sur l’application Gallica pour tablettes et smartphones, téléchargeable gratuitement sur l’App Store et le Google Play Store. De quoi relancer le débat posé par la fameuse brève de comptoir qu’avait notée Jean-Marie Gourio : « Proust ? Celui qui écrit petit ? »

    #Proust
    #Littérature
    #Gallica

  • MIchel Foucault : L’utopie du corps
    Conscience de soi, conscience du corps ou l’utopie d’un continent à soi.

    Transcription intégrale de la conférence de Michel Foucault : « Le Corps utopique », conférence radiophonique prononcée le 7 décembre 1966 sur France-Culture. Cette conférence a fait l’objet, avec celle intitulée « Les hétérotopies », d’une édition audio sous le titre « Utopies et hétérotopies »

    http://www.youtube.com/watch?v=NSNkxvGlUNY

    http://culturevisuelle.org/imagination/2010/06/05/foucault-«-le-corps-utopique-»

    Ce lieu que #Proust, doucement, anxieusement, vient occuper de nouveau à chacun de ses réveils, à ce lieu-là, dès que j’ai les yeux ouverts, je ne peux plus échapper. Non pas que je sois par lui cloué sur place – puisque après tout je peux non seulement bouger et remuer, mais je peux le “bouger”, le remuer, le changer de place –, seulement voilà : je ne peux pas me déplacer sans lui ; je ne peux pas le laisser là où il est pour m’en aller, moi, ailleurs. Je peux bien aller au bout du monde, je peux bien me tapir, le matin, sous mes couvertures, me faire aussi petit que je pourrais, je peux bien me laisser fondre au soleil sur la plage, il sera toujours là où je suis. Il est ici irréparablement, jamais ailleurs. Mon corps, c’est le contraire d’une utopie, ce qui n’est jamais sous un autre ciel, il est le lieu absolu, le petit fragment d’espace avec lequel, au sens strict, je fais corps.

    Mon corps, topie impitoyable. Et si, par bonheur, je vivais avec lui dans une sorte de familiarité usée, comme avec une ombre, comme avec ces choses de tous les jours que finalement je ne vois plus et que la vie a passées à la grisaille ; comme avec ces cheminées, ces toits qui moutonnent chaque soir devant ma fenêtre ? Mais tous les matins, même présence, même blessure ; sous mes yeux se dessine l’inévitable image qu’impose le miroir : visage maigre, épaules voûtées, regard myope, plus de cheveux, vraiment pas beau. Et c’est dans cette vilaine coquille de ma tête, dans cette cage que je n’aime pas, qu’il va falloir me montrer et me promener ; à travers cette grille qu’il faudra parler, regarder, être regardé ; sous cette peau, croupir. Mon corps, c’est le lieu sans recours auquel je suis condamné. Je pense, après tout, que c’est contre lui et comme pour l’effacer qu’on a fait naître toutes ces utopies. Le prestige de l’utopie, la beauté, l’émerveillement de l’utopie, à quoi sont-ils dus ? L’utopie, c’est un lieu hors de tous les lieux, mais c’est un lieu où j’aurai un corps sans corps, un corps qui sera beau, limpide, transparent, lumineux, véloce, colossal dans sa puissance, infini dans sa durée, délié, invisible, protégé, toujours transfiguré ; et il se peut bien que l’utopie première, celle qui est la plus indéracinable dans le coeur des hommes, ce soit précisément l’utopie d’un #corps incorporel. Le pays des fées, le pays des lutins, des génies, des magiciens, eh bien, c’est le pays où les corps se transportent aussi vite que la lumière, c’est le pays où les blessures guérissent avec un beaume merveilleux le temps d’un éclair, c’est le pays où on peut tomber d’une montagne et se relever vivant, c’est le pays où on est visible quand on veut, invisible quand on le désire. S’il y a un pays féerique, c’est bien pour que j’y sois prince charmant et que tous les jolis gommeux deviennent poilus et vilains comme des oursons

    #Michel_foucault #Philosophie #Corps #Utopie #Mythologie #Histoire #Société #Civilisation #Sacré #Rituel #Tatouage #Corps_continent

  • 1816 - Le blog d’Éric Chevillard
    http://l-autofictif.over-blog.com/article-1816-114931905.html

    Le lecteur reste attaché à l’œuvre de Proust comme le narrateur lui-même à son passé. Il se la remémore à la faveur de sensations, de circonstances fortuites. Ainsi s’affirme la postérité d’une œuvre selon son principe même. Peut-être existe-t-elle encore plus conformément à sa loi dans ce second temps. Le livre qui se déplie dans notre mémoire inclura désormais aussi le souvenir de notre lecture et de celui que nous étions alors, dedans et au-dehors.

    #Chevillard #Proust #mémoire #sensation