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  • France : face à Macron, plus de 100.000 personnes dans la rue, des heurts à Paris RTBF - Belga - 19 Avril 2018
    https://www.rtbf.be/info/monde/detail_france-face-a-macron-plus-de-100-000-personnes-dans-la-rue-des-heurts-a-

    Près de 120.000 personnes, dont de nombreux cheminots, ont défilé jeudi partout en France sous le soleil pour appeler à une « convergence des luttes » face à Emmanuel Macron, avec notamment des dégradations et des heurts entre forces de police et manifestants constatées dans le cortège parisien.

    Au total, 119.500 personnes ont manifesté dans toute la France, selon le ministère de l’Intérieur, à l’appel de la CGT et de Solidaires. De son côté, la CGT, qui a comptabilisé près de 190 mobilisations sur le territoire, a recensé 300.000 manifestants.

    C’est moins que lors de la dernière journée de mobilisation des cheminots et fonctionnaires du 22 mars, où le syndicat avait annoncé 500.000 manifestants et la police 323.000.

    Dans le détail, la manifestation parisienne a rassemblé 15.300 personnes, selon un comptage réalisé par le cabinet Occurrence pour un collectif de médias, dont l’AFP, 11.500 selon la préfecture de police, et 50.000 selon la CGT.

    A Marseille, Occurrence a dénombré 5700 personnes. La police comptabilisait aussi 4400 manifestants à Lyon, 4500 à Rennes, 3500 à Lille, 2400 à Toulouse autour de 2000 à Bordeaux et Strasbourg et un millier ou plus à Perpignan, Montpellier, Nice ou Saint-Etienne.

    Macron fait son bachar à la ZAD
    « Macron, président des riches », « Macron le valet des patrons » : le nom du président était partout ciblé. « Eh Manu, descend ! », « Macron fait son bachar à la ZAD », pouvait-on lire sur des tags à Paris.
    Interrogé par des médias en marge de son déplacement à Berlin, le chef de l’Etat a répliqué avoir eu « un mandat des Français (...) que j’essaie de tenir ».

    Dans la capitale, Philippe Martinez (CGT) en tête, les manifestants ont défilé entre Montparnasse et place d’Italie derrière une banderole affirmant : « Public + privé + étudiants, ensemble, stoppons les régressions sociales ». Des heurts ont éclaté vers 16H00 entre des manifestants et la police. Les forces de l’ordre ont essuyé des jets de projectiles et ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. La façade d’un hôtel et de nombreuses vitrines ont été endommagées, de même que du mobilier urbain.

    Un manifestant, blessé, a été conduit à l’hôpital, sept policiers ont été « légèrement blessés » et deux personnes ont été interpellées suite à ces violences, selon un bilan du ministère de l’Intérieur.

    La secrétaire générale de l’URIF-CGT, Valérie Lesage, a dénoncé des « provocations inqualifiables et scandaleuses » de la préfecture de police.
    Le carré de tête syndical est finalement arrivé à place d’Italie un peu avant 18H00.

    Les grèves et manifestations s’accompagnaient aussi de perturbations, notamment à la SNCF, où le taux de grévistes était plus important jeudi (22,7%) que la veille, avec 66,4% de conducteurs à l’arrêt.

    Un peu plus tôt, l’intersyndicale CGT-CFDT-Sud-Unsa de la SNCF avait annoncé qu’elle suspendait les concertations avec la ministre des Transports, Élisabeth Borne, et attendait du Premier ministre Édouard Philippe qu’il reprenne la main sur le dossier.

    Une trentaine de cheminots ont bloqué le trafic en gare de Lille dans la matinée et des passagers sont descendus le long des voies pour rejoindre les quais.

    La mobilisation a affecté le secteur de l’énergie, certaines crèches et écoles, les transports publics à Nice et en Ile-de-France, ainsi que l’audiovisuel public.

    Nombreux secteurs
    Les cheminots en sont à leur huitième journée de grève depuis début avril contre la réforme ferroviaire. La grogne monte également dans le secteur de la santé, les hôpitaux et les maisons de retraite médicalisées (Ehpad), chez l’ensemble des fonctionnaires. Et le conflit salarial chez Air France est dans l’impasse.

    Des facultés sont en outre occupées ou bloquées par des opposants à la réforme « Parcoursup », accusée d’instaurer une « sélection » à l’entrée à l’université.

    La CGT et Solidaires espèrent construire un front unique à partir de ces colères. Une « coagulation » des « mécontentements » à laquelle ne croit pas le président Emmanuel Macron.

    Mais la « convergence des luttes » ne fait pas l’unanimité chez les syndicats. Pour Laurent Berger (CFDT), ce mode d’action « ne fonctionne pas ». Elle « nuit à l’efficacité syndicale », a jugé aussi la CFE-CGC.

    Selon Jean-Luc Mélenchon, c’est « la radicalité du comportement du président » qui a « poussé au rapprochement de tout le monde ».

  • ZAD de Notre-Dame-des-Landes : quel avenir pour la bibliothèque Le Taslu ?
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/zad-de-notre-dame-des-landes-quel-avenir-pour-la-bibliotheque-le-taslu/88366

    https://www.actualitte.com/images/facebook/taslu-zad-notre-dame-landes-5ad10fe002a29.jpg

    Il était prévu que Lola Miesseroff, auteure du Voyage en outre-gauche (éditions Libertalia) soit organisée, mais du fait des expulsions, cette rencontre a été annulée. De même, ce 14 avril, Kristin Ross auteur de Mai 68 et ses vies ultérieures, devait venir à la bibliothèque. Ce n’était pas la première fois qu’un auteur se rendait dans la ZAD : Éric Vuillard, le prix Goncourt 2017, s’était rendu le 1er février pour un débat ouvert à chacun – quelques jours après que le projet d’aéroport fut définitivement abandonné.

    La ZAD raconte l’histoire de cette création, avec émotion :

    Construire une bibliothèque, c’est d’abord rassembler un grand nombre d’ouvrages en un même lieu et les rendre consultables. Notre première tâche a donc consisté à aménager un écrin à même de les accueillir. La Transfu est une cabane qui fut jadis bâtie derrière la Rolandière par le comité Île-de-France. Elle est intégralement conçue en palettes, on raconte qu’il en aurait fallu plus de mille pour achever sa réalisation.
    Clin d’œil de l’histoire, il s’agit à notre connaissance de la seule cabane de la ZAD dont la construction est intégralement narrée dans un livre intitulé L’Atelier cabane. Actuellement, une des pièces sert de local médical, et diverses réunions s’y déroulent. Cet hiver, après quelques travaux de rénovation, il est prévu que la bibliothèque investisse le haut de l’étable de la Rolandière au-dessus du point d’information, dans un bâtiment en dur.

    La bibliothèque du Taslu avait collecté originellement quelque 1500 livres et après les dons, elle en compte plus de 4000, raconte Mobilis : « Quelques titres phares, des classiques de la SF comme Fahrenheit 451 de Ray Bradbury et surtout 1984 de George Orwell, ont été donnés en de multiples exemplaires. On compte aussi des livres emblématiques de la lutte, comme Dégage ! on aménage de Jean de Legge, offert par un paysan militant, résistant historique.

    Certains éditeurs sont plébiscités, comme Verdier et Corti, ainsi que la collection Anthropocène des éditions du Seuil, les éditions Indigènes, L’Échappée, la revue Multitude… En plus des essais politiques, des histoires de luttes, le Taslu propose des romans, des pièces de théâtre et des traités pratiques. Le rayon poésie est aussi bien garni, avec René Char en bonne place. »

    Créée d’une volonté commune, la bibliothèque avait vu le jour le 11 septembre 2016 : les livres ne manquaient pas dans la ZAD, mais les regrouper, proposer trois permanences chaque semaine, dans l’après-midi, lui auront conféré une tout autre dimension.

    #Bibliothèque #ZAD

  • Macron et sa « société du 10 décembre »…
    …Ou la véritable nature du pouvoir macronien.
    http://la-sociale.viabloga.com/news/macron-et-sa-societe-du-10-decembre

    C’est sans doute dans l’exercice du pouvoir même que l’analogie est la plus criante. Macron pour Louis Napoléon Bonaparte, son entourage pour la société du 10 décembre. Car sur quoi repose donc la majorité actuelle. L’exercice du pouvoir le démontre chaque jour, et l’apparition des jeunes macronistes dans les médias à l’occasion de la grève des cheminots a quelque chose de pathétique.

    Le pouvoir repose d’abord sur une poignée de décideurs, la garde rapprochée du président qui fixe la feuille de route en relation avec l’union européenne. Ce sont eux qui ont nourri la « jeune pousse » pour lui permettre d’accéder au pouvoir. Les Jouyet, les Attali, les amis de la banque, les relations entretenues dans les cabinets ministériels comme dans les bureaux d’affaire, de Hollande à Rothschild…

    Le pouvoir repose ensuite sur cette catégorie de « traitres » issus des deux bords qui offrent leur expérience à un régime qui assure leur survie. Un régime qui peut donc tout attendre d’eux, sans état d’âme. La liste est longue et en dresser un inventaire exhaustif serait peine perdue. Il y a les Collomb, les Le Drian, les Ferrand, les Castaner, les Caresche, les Delanoë, ou encore les Valls et les autres, tous ces anciens caciques du PS qui ont fait Macron tout en détruisant le parti socialiste. Il y a aussi les Hue, les De Rugy, les Pompili, ou encore les Cohn-Bendit… Et en écho les rescapés de la débâcle Fillon qui hier n’avaient de mots assez durs pour leur patron d’aujourd’hui, les Edouard Philippe, les Darmanin, ou autres Le Maire… Autant de traitres serviles par nature, par définition…

    Le pouvoir repose enfin sur cette bande d’arrivistes issue du monde des affaires, jeunes chefs d’entreprise, jeunes DRH, jeunes aux dents longues dont la qualité première réside dans la capacité à applaudir à tout rompre la parole de leurs mentors. Ils donnent le spectacle exact de ce qu’ils représentent dans les travées de l’assemblée nationale, ne comprenant d’ailleurs rien aux écarts involontaires de tel ou tel ministre qu’ils acclament toujours sans état d’âme, sans réflexion, sans recul. Ainsi lorsque Christophe Castaner indique que « certains sans abris » sont à la rue car « ils refusent d’être logés », bref parce qu’ils le veulent bien. Ou lorsqu’un autre évoque « 50 SDF en ile-de-France », ni plus ni moins… Spectacle étonnant de voir comme un seul automate la troupe macronienne nourrir de salves d’applaudissement l’ignorance qui confine à la stupidité…

    https://lemediapresse.fr/politique-fr/macron-et-sa-societe-du-10-decembre

  • Enquête sur les exclus du Grand Paris, Isabelle Rey-Lefebvre, Le Monde 6.04.2018
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/06/enquete-sur-les-exclus-du-grand-paris_5281369_3224.html

    Au nom de la mixité sociale, de nombreux locataires en HLM ou propriétaires modestes vont être expropriés de leur logement pour faire place aux nouveaux quartiers qui seront construits autour des futures stations de métro.

    Ce soir-là, la salle communale du quartier Lallier-Bicêtre, à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), dans la banlieue sud de Paris, est pleine. Nous sommes le 8 mars et une centaine de locataires de la cité des Dahlias sont venus, inquiets, écouter le maire (UDI-LRM), Vincent Jeanbrun, et leur propriétaire, Immobilière 3F.

    La mauvaise nouvelle est confirmée : leurs trois bâtiments sont voués à la démolition pour faire place à un quartier neuf autour de la future station de métro de la ligne 14. D’ici à 2024, dans le cadre des chantiers engagés pour la construction du « Grand Paris », celle-ci les reliera au centre de Paris en vingt minutes.

    Las ! Ces 200 locataires très modestes n’en profiteront pas. « Cela fait trente ans qu’on attend le métro et on nous chasse. Il est clair que le maire ne veut plus de nous, proteste d’emblée Samia Erhel, 62 ans, interprète pour déficients auditifs, très active dans l’association des résidents des Dahlias. Et comment me retourner avec mes 900 euros de retraite ? » « C’est honteux ! Après cinquante-trois ans passés ici, comment ma femme et moi, qui sommes malades, pourrons-nous nous arracher à ce quartier ? J’en rêve la nuit », demande, révolté, Paul Leroulevillois, 91 ans, autrefois ouvrier chez Rhône-Poulenc, puis pâtissier.

    Un sonore « Ah, voilà le maire » retentit à son arrivée alors qu’il passe serrer la main à tout le monde. Durant plus d’une heure, Olivier Perret, directeur départemental d’Immobilière 3F, le bailleur social propriétaire de la cité, détaille le plan de relogement. « Vous aurez droit à trois offres et nous nous engageons à étudier votre cas pour trouver la meilleure solution dans la commune ou une commune proche. Pourquoi pas, d’ailleurs, près d’un métro ? », suggère-t-il.

    Parmi les vingt-trois familles qui ont déjà accepté une proposition, cinq iront Allée du Stade, loin de tous transports et commerces, dans une tour encore marquée du souvenir d’un terrible incendie survenu en 2005. Quatre adolescentes avaient, dans une puérile histoire de vengeance, mis le feu à une boîte aux lettres. Des émanations toxiques avaient causé la mort de dix-huit personnes.

    Un achat hors de portée

    « Je sais que ce déménagement vous tombe dessus, que vous ne l’avez pas choisi. Mais rester, cela signifie supporter six ans de travaux et de nuisances. Je me suis démené auprès de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine [ANRU] – qui finance la démolition – afin d’obtenir un droit au retour dans le quartier, pour ses habitants, en accession sociale à la propriété ou dans un logement social, au même prix », argumente l’élu.

    Mais cet engagement ne figure précisément ni dans le protocole ni dans la charte de relogement. De plus, seuls 100 logements sociaux à des prix plus élevés seront reconstruits alors que le double est détruit. Quant à acheter un appartement, cela paraît hors de portée pour cette population qui ne compte que 4 % de jeunes ménages.

    Après avoir écouté poliment durant une heure et demie, la salle commence à bouillir. Clara (son prénom a été changé car elle souhaite conserver l’anonymat) se lève, droite comme un i, son sac à main coincé sous le bras : « J’ai 63 ans, je ne veux pas déménager de là où j’ai tous mes souvenirs, tous mes meubles, et ce n’est pas à mon âge que je vais accéder à la propriété », lâche-t-elle. « Pouvons-nous être relogés à Paris ? », interroge une locataire. « Compliqué, répond M. Perret. Nous avons bien sûr du patrimoine à Paris, surtout dans le 19e arrondissement, mais qui tourne très peu. » 3F est pourtant le plus grand et le plus riche bailleur social de France, avec 12 974 appartements rien qu’à Paris, « implantés dans tous les arrondissements (à l’exception du 6e) », précise son site Internet.

    « Vous m’avez proposé un logement à Fresnes, où vous voulez m’expédier pour vivre entre deux autoroutes, c’est loin de mon travail et je n’irai pas, insiste Catherine Bourdet, la quarantaine, employée municipale à Villejuif. Je ne crois pas que cela soit utile de démolir nos immeubles pour le métro. Pourquoi ne pas les réhabiliter, comme cela était prévu dans un premier projet ? »

    Les trois barres de neuf étages auraient certes besoin d’une rénovation sérieuse, comme en a déjà bénéficié un autre immeuble de cette cité, mais qui n’a que cinq étages. « Mais il faut redessiner l’urbanisme, introduire de la mixité sociale et fonctionnelle, des commerces, de l’activité », plaident, ensemble, le maire et le bailleur social.

    « Une façon d’expulser les classes populaires »

    Ainsi, au nom de la mixité sociale, on choisit aussi d’exclure des pauvres. Selon une étude réalisée par l’Atelier parisien d’urbanisme en septembre 2017, ils sont nombreux à être concernés puisque 42 des 68 « quartiers de gare » du Grand Paris – c’est-à-dire dans un rayon de 800 mètres alentour – relèvent de la politique de la ville.

    Trente-sept quartiers sont en renouvellement urbain et seize des vingt-neuf nouvelles gares sont implantées à proximité de grands ensembles dont certains doivent disparaître non pour leur faire la place mais par souci de requalification du territoire. Un constat logique puisque ce réseau est justement réalisé pour désenclaver ces secteurs.

    A Gennevilliers (Hauts-de-Seine), dans le quartier des Agnettes, cinq tours de logements sociaux, aux loyers faibles, étaient vouées à la démolition dans le cadre du renouvellement urbain, alors que la ligne 15 Sud du métro est prévue à l’horizon 2024.

    « Nous nous battons pour ne démolir qu’une seule tour, la plus proche de la voie ferrée. Et nous avons déjà obtenu de l’ANRU que deux soient réhabilitées, le sort des deux autres étant en suspens, défend Patrice Leclerc, maire (PCF) de Gennevilliers. Même si le quartier compte 100 % de logements sociaux, nous avons besoin de HLM à loyer très bas et leurs habitants ont le droit d’avoir une gare au pied de l’immeuble. Cette notion de mixité sociale est, en fait, une façon d’expulser les classes populaires et salariées, or je ne veux pas que ma commune connaisse la même ségrégation que dans les Hauts-de-Seine. »

    La Société du Grand Paris se défend de vouloir expulser ou exproprier quiconque. « Sur les 10 000 lots de terrain que nous devons acquérir, 8 000 sont des droits souterrains, appelés tréfonds, explique Benoît Labat, directeur de la valorisation et du patrimoine. Les 2 000 restants sont surtout des propriétés publiques. Nous voulons éviter au maximum les expropriations qui prennent du temps et coûtent cher, nous préférons passer sous la voirie existante. Nous aurons à exproprier très peu de logements, par exemple un pavillon à Villejuif [au sud de Paris] pour y creuser un puits d’aération, cinquante-sept lots de copropriété à Issy-les-Moulineaux [à l’ouest] ou à Aubervilliers [au nord], dans l’îlot Ferragus, où trente-trois logements sont en discussion. »

    Logements « invendables »

    Samuel Hanryon est l’un de ces trente-trois copropriétaires : « Nous subissons les travaux de la ligne 12, chaque jour, de 6 heures à 22 heures, depuis des années. Nous pensions que ces nuisances seraient balancées par une petite plus-value grâce à l’arrivée du métro au pied de notre immeuble. Aujourd’hui, on nous apprend que la ligne 15 doit, ici, se croiser avec la 12 et que nous devons partir. La société Segat, mandatée par la Société du Grand Paris, nous exproprie. Nous devions, dans un premier temps, partir en juin 2018, mais, avec le report, on ne sait plus, déplore-t-il. On est dans l’incertitude. Nos logements sont invendables et l’indemnité d’expropriation basée sur les prix anciens ne nous permettra pas de nous reloger sur place. » Selon les chiffres des notaires, le mètre carré à Aubervilliers a en effet commencé à grimper de 6,8 % en 2017.

    « Les propriétaires occupants sont mécaniquement les grands perdants de ces projets, reconnaît Me Jean-Louis Peru, avocat spécialiste. L’indemnisation, fixée très en amont et qui participe de l’économie de l’opération, ne tient, par essence, aucun compte d’une plus-value à venir. » La Société du Grand Paris comptabilise bien sûr la valorisation des terrains comme recettes.

    La troisième conséquence du Grand Paris est de favoriser la spéculation immobilière autour de certaines futures gares et d’y attirer un public d’acheteurs aisés, donc d’évincer là encore les plus modestes. Entre 2015 et 2016, dans la petite couronne, les terrains ont, selon l’Observatoire régional du foncier en Ile-de-France, gagné de 8 % à 10 % de valeur et les appartements commercialisés autour des gares se sont, en moyenne, vendus plus cher que les autres : 6 300 euros le m2, contre 6 100 euros.

    Certaines villes jouent la carte de l’accession à la propriété, au détriment du logement social, et font monter les prix, comme c’est le cas à Issy-les-Moulineaux (+ 8,2 %, en 2017) ; ou à Bagneux (+ 6,2 %). « Il y a des hausses de prix liées à la gentrification de ces communes et à la cherté de Paris qui pousse les ménages hors de la capitale », analyse Thierry Lajoie.

    Le directeur général de Grand Paris aménagement est formel : « Nous avons plutôt maîtrisé la spéculation et les prix du foncier. L’objectif du Grand Paris n’est pas d’exclure les pauvres mais, au contraire, de contribuer à la mixité sociale, en particulier dans les quartiers pavillonnaires [qui représentent 10 % des 540 000 logements affectés par le Grand Paris] où elle est faible. Sinon, nous aurons raté notre mission. »

    #Grand_Paris #logement #classes_populaires

  • 10 400 caméras piéton, avec le progiciel permettant l’exploitation des données, pour la police et la gendarmerie : Lignes de défense
    http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2018/04/02/10%C2%A0400-cameras-pieton-avec-le-progiciel-perm

    Une entreprise du Maine-et-Loire, Allwan Security, de St Lambert la Potherie (près d’Angers), vient de remporter un marché d’une valeur totale de 2 392 083,33 euros. Elle va fournir 10 400 systèmes complets (5 400 systèmes pour la Police Nationale et 5 000 pour la Gendarmerie Nationale) pour les forces de l’ordre de trois régions : Ile-de-France, Pays de la Loire, Limousin.

  • « Laurenzaccio » à Poissy (78)

    En mars 2016, « Le Bateau Ivre » organisait une lecture intimiste de « Laurenzaccio » de George Sand et Alfred de Musset, à Paris dans la salle la Verrière de la Maison des Auteurs de la SACD. Roger Jouan et Rémi Le Roux chargés des projets culturels de la ville de Poissy (78) étaient présents. Ils avaient énormément apprécié ce texte qui n’était alors qu’une étape dans la création. Nous étions un an avant la première représentation... https://www.silencecommunity.com/events/event/view/46871/« laurenzaccio »-a-poissy-78

    La bande annonce de la représentation : https://www.youtube.com/watch?v=orOaRHxZTf0

    #tragédie #clown #représentation #spectacle #poissy #yvelines #ile-de-france #gonzalez #pillavoine #sand #de_musset #musset #laurenzaccio #roger_jouan #jouan #Rémi_Le_Roux #Le_Roux #Blanche_de_Castille #Théâtre #Théâtre_Blanche_de_Castille #mai_2018 #2018 #teaser #bande_annonce

  • Scandale de l’eau en Ile-de-France : le public reprend la main sur Veolia
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/14687-scandale-de-l-eau-en-ile-de-france-le-public-reprend-la-main-sur-ve

    Un bonne nouvelle pour commencer la journée, comme le montre le documentaire de Cash Investigation Cash Investigation : « L’eau : scandale dans nos tuyaux » (intégrale) les choses comme l’eau ne devrait JAMAIS être sous traité a des sociétés privées, on en voie le résultat sur nos factures, et cela devient même problématique quand vous êtes une famille de quatre personne. Espérons que les Parisiens voie leur facture allégée.

    La Cour administrative d’appel de Paris a susepndu le contrat que le Siiap avait passé avec Veolia -

    ERIC PIERMONT / AFP

    Coup de tonnerre dans le monde de la gestion de l’eau. A la suite de la suspension par la justice du contrat le liant à Veolia, Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne opte pour une mise en régie de (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Pénicaud valide le #licenciement d’un syndicaliste, contre l’avis de son ministère
    https://www.mediapart.fr/journal/france/260318/penicaud-valide-le-licenciement-d-un-syndicaliste-contre-l-avis-de-son-min

    La ministre vient de donner raison à #La_Poste, qui souhaite licencier #Gaël_Quirante, l’un des responsables du syndicat SUD et figure du mouvement #social. La procédure a été refusée à quatre reprises par l’Inspection du travail, qui juge que le licenciement est lié aux activités syndicales du militant. Gaël Quirante, en septembre 2017 © capture d’une vidéo du Front social - Youtube

    #France #Economie #grève #Solidaires #syndicats

    • La mauvaise nouvelle est arrivée au tout dernier moment. Mardi 20 mars, la ministre du travail Muriel Pénicaud a décidé d’autoriser le licenciement de Gaël Quirante, secrétaire départemental de SUD-Poste dans les Hauts-de-Seine. L’intéressé l’a appris samedi 24 mars, en allant chercher le recommandé qui lui était destiné. C’était la quatrième fois que La Poste demandait son licenciement depuis mars 2007, et l’inspection du travail, systématiquement saisie pour vérifier si les licenciements de représentants du personnel sont justifiés, a refusé cette procédure à quatre reprises. L’administration juge d’une part que les faits reprochés à Gaël Quirante ne sont pas assez graves pour le licencier et d’autre part qu’il est visé en raison de ses activités syndicales. Par deux fois, un ministre du travail avait confirmé ce refus de licenciement. L’actuelle occupante du poste vient donc de changer de position, et ce malgré un nouveau rapport issu de ses services qui recommandait de refuser une fois de plus le licenciement.

      Le courrier officiel a été rédigé le dernier jour où le ministère pouvait légalement trancher, et il n’est parti que deux jours plus tard, le 22 mars. « Ils ont sans doute voulu attendre que soit passée la journée de manifestation des agents de la fonction publique de jeudi dernier », s’agace Gaël Quirante. Joint par Mediapart ce lundi 26 mars au matin, le responsable syndical participait à une assemblée générale qui réunissait selon son décompte 200 postiers devant le siège de La Poste des Hauts-de-Seine, à Nanterre. « C’est une décision politique, on ne peut pas le dire autrement. Même Xavier Bertrand, ministre du travail de Sarkozy, avait refusé mon licenciement en 2011, rappelle-t-il. Il y a une volonté d’en finir avec les poches de résistance d’une entreprise qui veut multiplier les licenciements. »

      Dès lundi matin, le centre postal de Levallois, auquel est rattaché Gaël Quirante, était « en grève à 90 % », selon les comptes de SUD, et les grévistes étaient également « majoritaires » dans d’autres centres, comme Malakoff et Asnières. Un rassemblement est aussi prévu dans la soirée à 19 heures, devant le ministère (VIIe arrondissement de Paris). Un signe que l’homme de 42 ans est un symbole. Militant syndical omniprésent dans les contestations sociales à La Poste en Île-de-France et ailleurs, il est aussi militant du NPA et l’un des animateurs du « Front social ». Ce regroupement de militants politiques et syndicaux appelle à la grève générale pour contrer les réformes impulsées par Emmanuel Macron et a notamment organisé les premières manifestations du quinquennat.

      En 14 ans de présence à La Poste, Gaël Quirante est devenu l’une des bêtes noires de la direction, qui l’a convoqué à pas moins de 10 entretiens préalables à licenciement ou à sanction disciplinaire, et lui a notifié 264 jours de mise à pied dans cinq procédures distinctes, ainsi que quatre blâmes. Malgré tout, le militant indique que son syndicat et lui comptent « faire pression sur la direction de La Poste, qui n’est pas obligée de suivre l’avis de la ministre ». Dans une vidéo publiée sur Facebook dans la foulée de la réception du courrier qui lui était destiné, il dénonce « un choix politique de s’attaquer à des militants syndicaux qui se bagarrent, contestent le pouvoir de direction de l’employeur ».

      L’origine principale du conflit entre La Poste et le responsable syndical remonte au printemps 2010. Dans un contexte tendu dans les Hauts-de-Seine, un mouvement de grève a duré plus de deux mois et des occupations de locaux ont eu lieu. Le 7 mai 2010, alors que la direction venait d’annuler une réunion de négociation pourtant prévue, plusieurs militants ont retenu des cadres de l’entreprise, dont le directeur du centre d’Asnières, pendant 2 heures 30. L’affaire avait fait du bruit : des militants ont été poursuivis en justice, parmi lesquels Gaël Quirante, mais aussi le porte-parole du NPA Olivier Besancenot. En septembre 2011, 11 salariés, dont Olivier Besancenot et Gaël Quirante, ont écopé d’une amende de 1 500 euros avec sursis pour « séquestration ». Trois d’entre eux ont vu leur peine confirmée en appel en février 2013 : Gaël Quirante et deux autres agents.

      C’est à la suite de cette action que La Poste veut virer le responsable SUD des Hauts-de-Seine. Pourtant, malgré sa condamnation judiciaire, son licenciement a été refusé successivement par l’inspection du travail en 2010, par le ministre du travail en 2011, puis par le tribunal administratif en 2014. Mais en avril 2017, la cour d’appel administrative de Versailles a annulé les trois décisions, relançant la procédure. Ce qui a permis à l’inspection du travail de se prononcer à nouveau, et de refuser une nouvelle fois le licenciement en juin 2017. Une fois encore, La Poste a contesté cette décision le mois suivant, en introduisant ce qu’on nomme un « recours hiérarchique ». Il revenait donc une fois de plus au ministère du travail de trancher. Comme le veut la procédure, la Direction générale du travail (DGT), le service compétent au sein du ministère, a donc réalisé une contre-enquête, recevant la direction de La Poste et Gaël Quirante durant l’été, et réétudiant toutes les pièces du dossier.

      Une condamnation en justice qui ne vaut pas un licenciement, selon l’administration

      L’analyse de la DGT, exposée dans un rapport rendu en décembre 2017, est on ne peut plus claire. Sur la forme, elle recommande certes « d’annuler la décision de l’inspectrice du travail » de juin, en raison du non-respect de certaines procédures. Mais elle propose surtout « de refuser le licenciement de Monsieur Gaël Quirante ». L’administration a en effet jugé que « compte tenu du contexte » de 2010 et notamment « du climat délétère qui prévalait à l’époque en raison notamment de la durée excessivement longue de la grève et du comportement de La Poste », l’occupation des locaux et la séquestration des cadres « ne sont pas d’une gravité suffisante pour justifier le licenciement ». La DGT a également estimé qu’« il ressort de l’enquête contradictoire et de la contre-enquête l’existence d’éléments […] permettant d’établir un lien entre la demande et les mandats exercés par le salarié ainsi que son appartenance syndicale ».

      Autrement dit, aux yeux de l’administration, le licenciement de Gaël Quirante s’explique par le fait qu’il est responsable syndical. Selon la loi, il est donc illégal. Ce qui n’a apparemment pas gêné la ministre. « Dans son courrier d’autorisation, la ministre revient sur les faits de 2010, les jugeant d’une gravité suffisante pour justifier le licenciement, mais elle ne dit rien sur le lien établi avec mon mandat », s’indigne aujourd’hui Gaël Quirante. Le ministère n’a pas donné suite aux demandes d’explication de Mediapart.

      Le rapport de la DGT donne par ailleurs particulièrement de grain à moudre au militant. Le texte souligne notamment que « le salarié a fait l’objet de nombreuses sanctions disciplinaires, dont certaines apparaissent comme particulièrement sévères, disproportionnées ou discriminatoires ». Par exemple, il lui a été régulièrement reproché d’entrer dans les centres postaux sans signer le registre des visiteurs. Il a été sanctionné à plusieurs reprises pour cela, alors même, rappelle la DGT, qu’il dispose « en tant que représentant du personnel au niveau départemental d’une liberté de circulation dans l’ensemble des établissements de La Poste du département ».

      Le rapport signale aussi que seul le responsable de SUD est la cible d’une procédure de licenciement, alors que deux autres postiers ont été condamnés par la cour d’appel en 2013. Enfin, juge le rapport, « la société a adopté un comportement discriminatoire vis-à-vis de Monsieur Quirante en exerçant des pressions sur d’autres agents afin d’obtenir des témoignages contre lui ». Deux témoignages de postiers sont cités en ce sens…

      Le 13 mars, le syndicat SUD-Solidaires avait publié (sur Mediapart notamment) un appel pour refuser le licenciement qui se préparait, signé par de très nombreux responsables syndicaux, associatifs et politiques, dont Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot. Les craintes de l’organisation se sont révélées fondées. Dans un communiqué, elle dénonce « une décision politique et un nouveau message adressé à notre union syndicale », après les poursuites qui ont visé une inspectrice du travail pour avoir participé le 12 octobre à « la chasse aux DRH » et s’être exprimée dans une vidéo publiée par le site de L’Humanité. Le syndicat s’indigne aujourd’hui de la décision « d’une ministre qui s’avère être bien plus celle du capital que du travail ».

      #licenciement_politique #Muriel_Pénicaud

  • ÉDITindé : “Défendre la bibliodiversité, un enjeu économique et démocratique”
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/editinde-defendre-la-bibliodiversite-un-enjeu-economique-et-democratique/87933

    La création de la coopérative ÉDITindé, fin 2017, survient après un constat renouvelé, celui « de la visibilité de l’édition indépendante : ce que montraient déjà les enquêtes de feu le MOTif [Observatoire du livre et l’écrit de la Région Ile-de-France], c’est que les bibliothécaires ne connaissent pas l’édition indépendante », souligne Philippe Magnani, cofondateur. Et si des professionnels du livre ignorent l’existence de ces maisons, le public, lui, a peu de chances d’en connaître les ouvrages...

    « Notre travail, collectivement, sera de faire mieux connaître l’édition indépendante, à travers des opérations comme la Caravane de l’édition indépendante, qui doit parcourir l’Île-de-France au cours des mois de mai et juin 2018, avec une quinzaine de villes sur son trajet, ou encore la publication d’une revue », détaille le cofondateur,

    #Edition

  • Paris : Hidalgo réfléchit à la gratuité des transports en commun
    https://www.lesechos.fr/politique-societe/regions/0301455572968-paris-hidalgo-reflechit-a-la-gratuite-des-transports-en-commu

    Le débat sur la gratuité des transports a été relancé en février par Berlin qui a proposé à la Commission européenne de la tester dans cinq villes allemandes, afin d’échapper à une amende sur la réglementation européenne sur la qualité de l’air. En France, le Groupement des autorités responsables de transport (GART) a identifié une vingtaine de collectivités l’ayant adopté. L’an dernier, Niort a rendu l’accès libre à ses 120.000 habitants. L’intercommunalité d’Aubagne assure avoir fait tripler le trafic de ses bus depuis 2009 grâce à cela. Compiègne le fait depuis quarante ans. Tallinn en Estonie serait la seule capitale la pratiquant, depuis 2013.
    Deux questions clefs

    Dans les villes moyennes, le financement est généralement assuré à moitié par le versement transport (VT) dont s’acquittent les entreprises de plus de 9 personnes. En Ile-de-France, les particuliers ne financent que 28 % des 10 milliards d’euros de budget d’Ile de France mobilité (ex-Stif), 60 % venant du VT. Les entreprises remboursent par ailleurs la moitié du Navigo de leurs employés.

    La gratuité pose donc deux questions clefs : comment financer les 28 % manquants ? Et à quel point inciterait-elle aussi les derniers Parisiens recourant à leur voiture intramuros à s’en passer ?

    #blabla_gratuit parce que les représentants politiques se gargarisent de la primeur d’un débat commencé il y a 50 ans … mais toujours ravis d’en reporter encore la décision

    #transports_gratuits #ratp #journalisme

  • SNCF : les usagers pourront-ils compter sur un « service minimum » imposé par le gouvernement ?
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/14626-sncf-les-usagers-pourront-ils-compter-sur-un-service-minimum-impose

    Pour avoir donné pendant des années dans les transports en commun (tout comme Chalouette), nous comprenons très bien les préocupations de tous les Franciliens au sujet des grèves qui s’annoncent. Aussi, voici un article de Marianne pour tenter de faire le point et se préparer au mieux (vous avez les dates des jours de grèves dans cet article).

    Depuis 2007, la SNCF doit organiser un "plan de transport adapté" pour anticiper les perturbations dues à un mouvement

    de grève. - KENZO TRIBOUILLARD / AFP

    Pour faire reculer le gouvernement sur sa réforme de la SNCF, les syndicats ont annoncé une grève de deux jours par semaine étalée sur trois mois à partir du 3 avril. Valérie Pecresse, présidente de la région Île-de-France, exige le respect d’un "service minimum". Ce qui ne (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • La justice met un coup d’arrêt au très contesté méga-projet Europacity Le Figaro - 6 Mars 2018
    http://immobilier.lefigaro.fr/article/la-justice-met-un-coup-d-arret-au-tres-conteste-mega-projet-euro

    La justice vient d’annuler la création de la zone d’aménagement qui devait accueillir ce projet de 3 milliards d’euros. Il prévoyait d’implanter d’ici à 2024 un parc d’activités à vocation touristique et culturelle sur 80 hectares de terres encore agricoles du Val d’Oise.


    Après le récent abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes, le méga-projet Europacity a du plomb dans l’aile. Saisie par plusieurs associations de défense de l’environnement, la justice vient d’annuler l’arrêté préfectoral du 21 septembre 2016 créant la zone d’aménagement qui devait accueillir ce projet de 3 milliards d’euros.

    Dans sa décision, le tribunal administratif de Cercy-Pontoise souligne notamment que les analyses étaient « très insuffisantes » concernant « la question des émissions de CO2 induites par les déplacements de touristes par déplacements terrestres ou aériens, eu égard à la proximité de l’aéroport et dans la perspective de la création d’Europacity » qui entend attirer 31 millions de visiteurs (gratuits et payants) par an. Pour la justice, ces lacunes « ont nuit à l’information complète de la population [...] eu égard à l’impact potentiel sur l’environnement du projet litigieux qui se traduit notamment par la suppression de 280 hectares de terres agricoles ».

    Contacté par l’AFP, le directeur du développement d’Europacity David Lebon a déclaré que cette décision ne portait « pas un coup d’arrêt » au projet, dont le calendrier a déjà été rallongé fin février, quand le gouvernement a reporté de trois ans, à 2027, la construction de la gare du Grand Paris Express desservant le triangle de Gonesse.

    De vaines tentatives de modification du projet
    Située près de Roissy, Europacity, filiale immobilière du groupe Auchan et du groupe chinoise Wanda, a proposé d’implanter d’ici 2024 un parc d’activités à vocation touristique et culturelle sur 80 hectares de terres encore agricoles du Val-d’Oise (nord de Paris), autrefois zones de maraîchage destinées à ravitailler Paris. Ce complexe était vu par ses opposants comme une menace pour l’environnement du côté de ses détracteurs tandis que ces défenseurs en faisaient une locomotive économique.

    Initialement critiqué comme une « dubaïsation » de l’Ile-de-France, en raison des pistes de ski artificiel inscrites dans le projet et de l’abondance de centres commerciaux évoquant l’émirat de Dubaï, le projet est désormais voué aux gémonies en raison du bétonnage prévu de terres qui furent parmi les plus fertiles d’Europe.

    Une pétition proposant un projet alternatif baptisé Carmat, bâti autour d’une économie agricole circulaire, mêlant agro-écologie et recyclage, a suscité la riposte des promoteurs d’Europacity. Mais les efforts des promoteurs pour modifier leur projet n’ont donc été que de vaines tentatives.

    #terres #agriculture #grand_Paris #paris #France #béton #bétonisation #EuropaCity #centre_commercial #Triangle_De_Gonesse #résistance #des_grands_projets..._inutiles_ #Europacity #gpii #mulliez #auchan

  • Décryptage du projet de loi asile et immigration

    Le projet de loi sur l’asile et l’immigration, présenté au conseil des ministres du 21 février 2018, consacre un très net recul des droits et va, s’il est adopté par le parlement, considérablement dégrader la situation d’un très grand nombre de personnes étrangères, par un affaiblissement de garanties et droits fondamentaux, et l’accentuation de la maltraitance institutionnelle.

    Hormis de rares mesures protectrices, ce projet de loi instaure principalement des mesures renforcées de restrictions, de contrôles et de « tris », à des fins d’empêchement d’entrée ou d’expulsion et de bannissement du territoire. En cela, il vient amplifier la politique migratoire actuelle, déjà fortement attentatoire à la dignité et au respect des droits fondamentaux des personnes.

    Ce dossier vise à alerter sur les dangers d’un projet de loi qui, par ailleurs, ne répond pas aux enjeux migratoires de notre temps. Au-delà du retrait de ce projet de loi, La Cimade appelle à une autre politique migratoire en totale rupture avec celle menée ces dernières années.

    https://www.lacimade.org/decryptage-projet-de-loi-asile-immigration
    #loi #asile #réfugiés #France #réforme #Collomb #loi_asile

    • Tribune d’universitaires spécialistes de l’asile - Non à une procédure d’#asile_au_rabais !

      Au moment même où le ministre de l’intérieur, #Gérard_Collomb, présentait ce 21 février son projet de loi « pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif », les personnels de Cour nationale du droit d’asile (CNDA) et de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA) manifestaient afin de revendiquer le retrait de cette réforme qui ne vise en réalité pas à rendre le droit d’asile plus effectif mais à en restreindre davantage l’accès.

      En notre qualité d’universitaires spécialisés dans les questions de droit d’asile, nous partageons le constat des agents de la juridiction de l’asile en grève depuis le 13 février.

      Les agents de l’asile ne défendent en effet pas que leurs intérêts corporatistes, mais l’exercice effectif de ce droit fondamental, durement menacé par la réforme en cours et la logique du chiffre dans le traitement des dossiers – déjà en cours.

      Certes la dernière réforme de l’asile de juillet 2015, qui a fait passer les délais d’examen des demandes d’asile de 24 à 9 mois, était nécessaire. Mais l’objectif du gouvernement d’une procédure bouclée en moins de 6 mois, soit en 2 mois pour l’OFPRA et en 4 mois pour la CNDA, n’est pas humainement souhaitable ni administrativement réaliste.

      Ce n’est pas humainement souhaitable car cela se fera au détriment des demandeurs d’asile qui n’auront pas le temps, peu après leur arrivée en France, souvent après un périple traumatisant, de se poser et de construire leur récit d’asile dans de bonnes conditions et avec les soutiens nécessaires.

      Ce n’est pas réaliste car cela suppose de contracter les délais d’examen des demandes d’asile en augmentant les cadences déjà infernales dans les auditions à l’OFPRA et à la CNDA, au détriment de la qualité de l’examen des dossiers.

      Le système français est pourtant déjà l’un des plus « productif » en Europe.

      Alors qu’en 2017, l’OFPRA a été saisi de plus de 100 000 demandes d’asile, l’Office a traité plus de 115 000 décisions et accordé une protection internationale à près de 43 000 personnes. En 2017, le taux de protection s’établit à 27 % à l’OFPRA et à 36 % en prenant en compte les décisions de la CNDA. De ce fait, le délai moyen d’attente pour les demandeurs à l’OFPRA est tombé à près de 3 mois (114 jours), deux fois moins qu’en janvier 2015.

      Quant à la CNDA, elle a enregistré en 2017 près de 54 000 recours, contre 39 986 en 2016, et elle a traité près de 48 000 décisions, dont plus de 18 000 en juge unique ou par voie d’ordonnances. Le délai moyen de jugement est d’un peu plus de 5 mois et la protection accordée à un peu plus de 8 000 personnes. Les 214 rapporteurs de la CNDA traitent déjà chacun 2 à 3 dossiers par jour.

      Pour parvenir à son objectif, le gouvernement envisage, par le projet de loi Collomb, des mesures qui visent en réalité à entraver l’accès au droit d’asile :

      réduction de 120 à 90 jours du délai pour déposer une demande d’asile une fois arrivé sur le territoire ;

      réduction du délai de recours devant la CNDA à 15 jours au lieu d’un mois, généralisation des audiences vidéos, comme cela se pratique déjà outre-mer, y compris sans le consentement de l’intéressé ;

      suppression dans certains cas (pays d’origine sûr, etc.) du recours suspensif devant la CNDA avec en contrepartie une demande de sursis à exécution devant le tribunal administratif dont l’issue serait très aléatoire ;

      multiplication des cas de retrait des conditions matérielles d’accueil ;

      etc. etc.

      Cette réforme risque de multiplier les cas d’étrangers ni « expulsables », ni éligibles à l’asile en raison de ces entraves procédurales.

      Une proposition de loi « Warsmann », que le gouvernement a soutenu et qui vient d’être adoptée, a parallèlement multiplié les cas dans lesquels les « Dublinables » pourront être placés en rétention, et ce dès le début de la procédure.

      On sait aussi que cette réduction des délais se fera au prix de la multiplication des cas d’examen des dossiers en procédure accélérée et avec une multiplication des ordonnances dites de « tri » ou du traitement en juge unique. Cela concerne déjà près de 50 % des dossiers, dont l’examen ne bénéficie pas de la garantie apportée par une formation collégiale composée d’un magistrat mais aussi d’un assesseur du HCR et d’un assesseur du Conseil d’État.

      Dans son avis du 13 février, le Conseil d’État critique d’ailleurs sévèrement, sur un ton peu habituel pour le Palais-Royal, la méthode utilisée par le gouvernement et la pertinence même d’un tel projet de loi bricolé à la va vite, moins de deux ans après l’adoption de la dernière réforme, sans réelle évaluation de celle-ci. À plusieurs reprises dans cet avis, le gouvernement est mis en garde sur les risques de contrariété avec la Constitution et avec les engagements européens de la France. Il recommande aussi « instamment » de renoncer à certaines restrictions procédurales « contraires aux exigences d’une bonne administration de la justice ».

      Pour toutes ces raisons, nous partageons les inquiétudes des agents de l’asile en grève. Nous appelons de nos vœux d’une part à une évolution du statut de l’OFPRA qui pourrait être utilement transformé en autorité administrative indépendante afin de renforcer son efficacité et son indépendance et en donnant davantage de garanties statutaires et de perspectives de carrière aux officiers de protection. D’autre part, il serait souhaitable de faire évoluer le statut des personnels de la CNDA, qui est devenue une vraie juridiction rattachée au Conseil d’État depuis 2007. Ses agents, particulièrement ses rapporteurs, qui sont des contractuels pour 170 d’entre eux, n’ont pas de réelles perspectives de carrière. Les autorités gestionnaires doivent cesser de multiplier les recrutements sous contrats à durée déterminée et doivent tout mettre en œuvre pour ouvrir des perspectives de titularisation.

      Enfin à raison de l’attentisme – pour ne pas dire la surdité – du ministère de l’Intérieur et du vice-président du Conseil d’État face à la mobilisation des agents de l’asile, la nomination d’un médiateur s’impose, comme cela avait déjà été le cas avec la nomination de Jean-Marie Delarue, l’ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté, lors du dernier conflit à la CNDA.

      https://www.dalloz-actualite.fr/chronique/tribune-d-universitaires-specialistes-de-l-asile-non-une-procedure-

    • #Christine_Lazerges : « Le projet de loi sur l’immigration rend les procédures encore plus difficiles pour les plus vulnérables »

      Pour la présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, une autorité administrative indépendante, le projet de loi asile et immigration du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, vise avant tout à contenter une partie de l’opinion publique. Ce texte, présenté hier en conseil des ministres, sera débattu en avril au Parlement.

      http://www.bondyblog.fr/201802230745/christine-lazerges-le-projet-de-loi-sur-limmigration-rend-les-procedures-e

    • Vidéo : « Le projet de loi vise surtout à faire sortir des migrants de l’accès à la procédure d’asile »

      #Claire_Rodier, présidente du Gisti, la plateforme d’aide juridique aux migrants, est revenue sur le contenu du projet de loi « asile et immigration » du gouvernement qui, selon elle, complique considérablement l’accueil des personnes ayant besoin de protection.

      http://www.infomigrants.net/fr/post/7707/video-le-projet-de-loi-vise-surtout-a-faire-sortir-des-migrants-de-l-a

    • Asile : un projet de loi marqué par une baisse des garanties procédurales

      Le projet de loi sur l’asile et l’immigration présenté en Conseil des ministres le 21 février 2018 comporte quelques voies d’amélioration pour la protection des personnes fuyant les persécutions dans leur pays d’origine. Le texte est cependant marqué par plusieurs reculs concernant les garanties procédurales et les conditions matérielles d’accueil.

      http://www.forumrefugies.org/s-informer/actualites/asile-un-projet-de-loi-marque-par-une-baisse-des-garanties-procedural

    • Les demandeurs d’asile « dublinés » peuvent être placés en rétention

      Suite à l’adoption de la loi « permettant une bonne application du régime d’asile européen », l’administration peut désormais recourir de manière quasi-systématique à la rétention administrative pour toutes les personnes placées en procédure « Dublin ».

      http://www.editions-legislatives.fr/content/les-demandeurs-dasile-%C2%AB-dublin%C3%A9s-%C2%BB-peuvent-%C3%
      #dublinés #rétention #détention_administrative

    • Contre l’enferment des migrants dans les centres de rétention administrative.

      Reçu par mail. Texte rédigé par le cercle de silence de Pau.

      Mardi 27 mars 2018
      121 ème CERCLE DE SILENCE
      PAU 64000
      Place Clemenceau de 18 h à 19 h

      REJOIGNEZ-NOUS, MEME POUR QUELQUES INSTANTS

      CONTRE L’ENFERMEMENT DES MIGRANTS
      DANS LES CENTRES DE RETENTION ADMINISTRATIVE
      POUR LE RESPECT DES DROITS DE TOUT HOMME
      EN SOLIDARITE AVEC LES MIGRANTS MENACES D’EXPULSION OU ROMS
      POUR UNE TERRE PLUS FRATERNELLE
      – :- :- :- :- :- :- :-

      Nous demandons qu’en toute circonstance soit respectée leur dignité
      Qu’à chacun soit donnée sa chance en humanité
      Ils sont sans voix – Nous nous taisons –

      Mais notre silence doit être un cri – un cri non violent
      Un cri d’indignation

      L’ETRANGER EST NOTRE FRERE EN HUMANITE
      -----

      ALERTE SUR LE SORT DES « DUBLINE-ES

      Derrière ce barbarisme de « personnes dublinées » se cache une situation tragique pour des dizaines de milliers de personnes exilées, malmenées par des Etats européens égoïstes. En effet ce règlement européen permet de renvoyer les demandeurs d’asile vers un autre pays de l’Union européenne, et ainsi de défausser sur d’autres Etats.
      Décrié par tous les experts et le monde associatif, ce système Dublin permet au ministère de l’intérieur d’accélérer l’enfermement en rétention administrative et les expulsions de personnes étrangères. Pour les plus « chanceux », il faut attendre souvent 18 mois pour avoir le droit de déposer une demande d’asile, les plaçant dans une très grande précarité.

      Le nombre de « personnes dublinées » est passé de 6 000 en 2014 à près de 40 000 à fin 2017 en France. La Cimade a ainsi observé dans les centres de rétention administrative où elle exerce sa mission, que 1 111237personnes ont été enfermées en 2017 contre 342 en 2016. De même dans les 112 permanences juridiques et sociales de La Cimade, les bénévoles déplorent également une précarisation effrayante des personnes exilées « dublinées » soumises à cette épée de Damocles d’un renvoi vers des pays comme la Bulgarie, l’Italie ou la Grèce dans lesquels elles ne veulent pas refaire leur vie. Et d’où elles risquent in fine d’être expulsées.

      La Cimade appelle à une dé-dublinisation immédiate, c’est-à dire que chaque personne exilée puisse déposer sa demande d’asile en France sans être soumis à ce règlement Dublin inefficace, couteux et vecteur d’erxclusion. Alors que le gouvernement affiche sa volonté d’accélérer les renvois, La Cimade va renforcer ses moyens pour s’opposer à l’application de Dublin en France, comme cela a déjà été le cas avec la pétition contre le renvoi des personnes afghanes vers leur pays en guerre.

      DECRYPTAGE DU PROJET DE LOI ASILE ET IMMIGRATION

      Le projet de loi Asile et Immigration, présenté au conseil des ministres du 21 février 2018, consacre un très net recul des droits et va, s’il est adopté par le parlement, considérablement dégrader la situation d’un très grand nombre de personnes étrangères, par un affaiblissement de garanties et droits fondamentaux, et l’accentuation de la maltraitance institutionnelle.

      Hormis de rares mesures protectrices, ce projet de loi instaure principalement des mesures renforcées de restrictions, de contrôles et de tris à des fins d’empêchement d’entrée ou d’expulsion et de bannissement du . dérogations majeures au droit commun sont consenties, et une accentuation de la maltraitance institutionnelle est rendue possible par ce texte. En cela, il vient amplifier la politique migratoire actuelle, déjà fortement attentatoire à la dignité et au respect des droits fondamentaux des personnes

      Parmi les propositions gouvernementales analysées , celles qui vont dégrader la situation d’un très grand nombre de personnes réfugiées et migrantes :

      • La réduction du délai de recours devant la CNDA de 30 à 15 jours ;
      • L’allongement de la durée de la rétention administrative jusqu’à 135 jours ;
      • Le bannissement des personnes étrangères et la systématisation des interdictions de retour sur le territoire français ;
      • La pénalisation de l’entrée sur le territoire français en dehors des points de passage autorisés (passible d’une peine d’un an de prison et d’amendes)

      Etant donné la philosophie générale du projet de loi et son manque d’équilibre flagrant, il ne s’agit pas pour La Cimade d’obtenir des ajustements techniques ou de modifications cosmétiques, mais d’un retrait de ce projet de loi. Ce dossier vise donc à alerter sur les dangers de ce texte qui, par ailleurs, ne répond pas aux enjeux migratoires de notre temps. Au-delà du retrait de ce projet de loi, La Cimade
      appelle à une autre politique migratoire en totale rupture avec celle menée ces dernières années.

    • Projet de loi Collomb « pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif »

      Cette rubrique du site du Gisti a pour objet de vous présenter toutes les étapes de la genèse de la future loi réformant le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda).

      Cette page est complétée au fil de l’actualité avec les versions successives du texte, des consolidations du Ceseda permettant de mieux se rendre compte de l’impact du texte sur la législation actuelle, des avis d’autorités indépendantes, mais aussi des communiqués et analyses d’organisations militantes, ainsi qu’une liste non exhaustive d’articles de presse.

      https://www.gisti.org/spip.php?article5841

    • Opposés au projet de loi Asile et Immigration, les acteurs des EGM appellent à une politique migratoire radicalement différente

      Communiqué et appel à mobilisation des organisations membres des Etats généraux des migrations, dont la LDH est membre

      Les collectifs citoyens et les associations, nationales et locales impliqués dans le processus des États Généraux des Migrations appellent les députés à rejeter le projet de loi Asile et Immigration discuté à partir du 16 avril, et à réfléchir d’urgence à une politique migratoire radicalement différente.

      Alors que les députés s’apprêtent à débattre dans l’Hémicycle du projet de loi « Asile et Immigration », les centaines d’acteurs de la société civile réunis dans le processus des États Généraux des Migrations alertent collectivement sur les conséquences prévisibles des dispositions de ce projet de loi qui durcit les conditions d’accès à l’asile, et qui a pour objectif principal de faciliter les expulsions des personnes déboutées ou sans titre de séjour. Ce projet de loi va porter atteinte aux droits fondamentaux de personnes vulnérables qui, dans leur immense majorité, ont mis leur vie en péril pour fuir des situations de conflits ou de violence, dans l’espoir d’une vie plus sûre et plus digne. Au-delà, cette réforme stigmatise l’ensemble des personnes étrangères venant en France, aggravant les soupçons permanents à leur encontre, les privant de droits élémentaires et de conditions d’accueil dignes.

      Pour manifester publiquement leur profond désaccord avec l’esprit et le contenu de ce projet de loi et « résister à bras ouverts », les acteurs des EGM appellent à des mobilisations citoyennes dans toute la France entre le samedi 14 et le jeudi 19 avril (https://eg-migrations.org/Agenda-des-evenements). Une manifestation est aussi organisée à Paris le dimanche 15 avril à l’initiative du BAAM et de dizaines d’organisations d’Île-de-France (https://paris.demosphere.eu/rv/61221), et le lundi 16 avril de 12h30 à 14h place Édouard Herriot à côté de l’Assemblée nationale (https://paris.demosphere.eu/rv/61522).

      Les membres des EGM regrettent à nouveau que le président de la République et le Gouvernement aient refusé d’ouvrir un dialogue sincère et attentif avec les acteurs de la société civile qui sont engagés au quotidien auprès des personnes migrantes et invitent vivement les autorités à écouter les recommandations qui émergeront au travers des cahiers de doléances des États généraux.

      Depuis son lancement, en effet, le processus des EGM a permis l’organisation de plus de 75 assemblées locales, à l’échelle de villes, de départements, de régions (voir la carte sur le site eg-migrations.org). Au total ce sont déjà des centaines d’associations et des milliers de citoyens et citoyennes qui, sur l’ensemble du territoire, élaborent des propositions en vue d’une politique migratoire alternative.

      Ces propositions feront l’objet d’une synthèse et d’une première assemblée plénière des États Généraux des Migrations qui se tiendra en région parisienne les 26 et 27 mai 2018.

      Paris, le 13 avril 2018

      https://www.ldh-france.org/mobilisation-egm

    • #Loi_Collomb sur l’immigration : “un projet inutile”

      Selon #Olivier_Brachet, juge assesseur à la Cour nationale du droit d’asile, le projet de loi qui sera présenté mercredi en conseil des ministres par Gérard Collomb est “inutile” et “ne s’attaque sérieusement à aucune des crises graves qui affectent le dossier de l’asile et des migrations”. Un avis qu’il développe dans la tribune ci-dessous.

      https://www.lyoncapitale.fr/actualite/Loi-Collomb-sur-l-immigration-un-projet-inutile

    • Projet de loi asile et immigration : un texte dangereux approuvé

      Sanctions injustes, rétention des enfants, doublement de la durée de rétention … Les députés viennent de voter un texte qui met en péril les droits des réfugiés et migrants en France. État des lieux du projet de loi « asile et immigration » avant son passage au Sénat.

      https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/projet-de-loi-asile-immigration-un-texte-dangereux
      #rétention #détention_administrative #durée

    • Entre le contrôle des frontières et la répression…

      Le récent amendement adopté par l’assemblée nationale concernant l’aide à la circulation ou au séjour irrégulier d’un étranger a été présenté par le gouvernement comme un assouplissement et une clarification de ce qui est communément désigné par « délit de solidarité ». Tout en détournant quelque peu l’attention du reste du contenu régressif du projet de loi « pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie », et en s’appuyant sur l’incarcération de plusieurs militants dans les Hautes Alpes, le gouvernement entend affirmer sa main mise sur le contrôle de ses frontières et la répression de ses opposants.

      https://cevennessansfrontieres.noblogs.org/post/2018/04/28/entre-le-controle-des-frontieres-et-la-repression

    • Qu’est vraiment devenu le délit de solidarité ? (Attention, suspens total).

      Le projet de loi immigration, adopté par l’Assemblée le 22 avril 2018, a été l’occasion de remanier le délit de solidarité. Depuis, une importante communication a été mise en œuvre, dans le cadre du ratio comptable désormais célèbre « humanité/fermeté ». Qu’en est-il vraiment, et est-ce qu’on nous prendrait pas pour des pelles à tarte ?


      https://blogs.mediapart.fr/bismatoj/blog/300418/quest-vraiment-devenu-le-delit-de-solidarite-attention-suspens-total

    • Projet de loi asile-immigration : la fermeté, en attendant l’humanité ?

      Quelques semaines après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République française, nous analysions les premières mesures mises en place en matière d’immigration. En les mettant en rapport avec le programme électoral du candidat d’En marche, nous anticipions alors une réforme future s’inscrivant dans une certaine continuité de la politique migratoire française.

      Depuis, Emmanuel Macron et son ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, jouent une partition bien rodée, mêlant humanité et fermeté. Si le premier insiste dans ses prises de parole publiques sur les notions d’accueil et d’intégration en faveur des réfugiés et des « talents » provenant de l’étranger, le second incarne une politique beaucoup plus restrictive à l’égard des déboutés du droit d’asile qu’il souhaite expulser et des migrants irréguliers qu’il cherche à dissuader de venir en France.

      Cette stratégie du « good cop, bad cop » (bon flic, mauvais flic) est l’incarnation du sempiternel « et en même temps » développé par Emmanuel Macron depuis la campagne pour la présidentielle, lui permettant de se montrer intransigeant sur les questions migratoires par rapport à la frange conservatrice de son électorat, tout en concédant quelques gages de solidarité à la gauche.

      Toutefois, en matière d’asile et d’immigration, ce discours est loin d’être une nouveauté : François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et son ministre de l’Intérieur Manuel Valls ont tous eu recours à ce diptyque pour décrire leur politique migratoire.

      Ainsi, en reprenant à son compte l’opposition simpliste qui en découle entre d’une part les réfugiés qui « méritent » d’être accueillis et d’autre part les « migrants économiques » – catégorie aussi fourre-tout que difficilement identifiable sur le terrain – qui doivent être expulsés, le chef de l’État s’inscrit clairement dans la lignée de ses prédécesseurs.
      Un traitement toujours plus sécuritaire et restrictif des migrations

      Jusqu’alors, il est pourtant difficile de voir autre chose que de la fermeté dans le traitement de la question migratoire par la Place Beauvau. En témoignent trois circulaires rédigées par le ministre de l’Intérieur ces derniers mois, loin d’être équivoques.

      La première fixe les objectifs et les priorités en matière de lutte contre l’immigration irrégulière. La deuxième prévoit d’orienter les personnes étrangères qui demandent un hébergement et un accompagnement social en fonction de leur statut administratif, tandis que la troisième organise l’examen des situations administratives des personnes sans abri étrangères accueillies dans les centres d’hébergement d’urgence, soulevant l’inquiétude des associations d’aide aux migrants et du Défenseur des droits, Jacques Toubon.

      Ces circulaires, en franchissant un pas supplémentaire vers un traitement toujours plus sécuritaire et restrictif des migrations, ont annoncé la couleur du projet de loi asile-immigration présenté ce mercredi 21 février en Conseil des ministres. Témoignant du fort enjeu politique de cette réforme, Emmanuel Macron et le chef du gouvernement, Édouard Philippe, s’investissent depuis plusieurs semaines aux côtés de Gérard Collomb pour défendre ce texte vivement contesté par les associations d’aide aux migrants.

      Comme son intitulé l’indique – « Projet de loi pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif » –, cette réforme se focalise sur trois priorités fixées par le Chef de l’État dès le début de sa campagne électorale.
      Améliorer l’effectivité du droit d’asile, au risque d’en restreindre l’accès

      L’un des objectifs de ce projet de loi est d’abord de rendre toute son effectivité au droit d’asile. L’argumentaire de l’exécutif pointe la nécessité de réformer la politique d’asile pour ne pas le diluer en l’assimilant à d’autres formes d’immigration, dans le but de sauvegarder ce qui fait la spécificité du statut de réfugié (garanti par la Convention de Genève de 1951).

      L’enjeu principal fixé par l’ancien candidat En Marche est de réduire à six mois le délai de traitement des demandes d’asile recours compris, ce qui permettrait de désengorger le système d’accueil des demandeurs d’asile et d’accélérer l’intégration des individus reconnus réfugiés. Si cette volonté est louable, ce n’est pas tant la procédure d’examen de la demande qui est longue (l’Ofpra est déjà mobilisée en ce sens) mais surtout l’accès au guichet d’enregistrement pour qu’une demande d’asile soit déposée. Au cours de ce laps de temps – estimé en moyenne à 35 jours par le ministère de l’Intérieur –, les migrants vivent dans l’irrégularité et, sans aucune aide, errent dans des campements de rue improvisés.

      Cela étant, plutôt que de traiter ce problème en augmentant les capacités d’enregistrement des demandes, le projet de loi vise, au contraire, à réduire le délai au cours duquel un étranger en situation irrégulière peut déposer une demande d’asile (passant de 120 à 90 jours après l’entrée sur le territoire français), ce qui risque de maintenir en clandestinité un certain nombre de demandeurs d’asile potentiels.

      De la même manière, la réduction du délai pour exercer le droit de recours (qui passe d’un mois à 15 jours après la décision rendue par l’Ofpra) représente là encore un risque d’atteintes aux droits de ces individus.

      Autre restriction relative à l’asile instaurée par le projet de loi, l’interdiction faite aux demandeurs d’asile de solliciter un titre de séjour après avoir été déboutés, sauf « circonstances nouvelles », empêchant par exemple un certain nombre d’entre eux de demander un visa pour étranger malade. En outre, ce texte prévoit que le recours devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) n’est plus suspensif pour certaines catégories de déboutés du droit d’asile, comme ceux provenant de pays tiers sûrs, ouvrant la voie à leur renvoi avant même la décision en appel.

      Si l’un des objectifs du texte est de « sacraliser » l’asile, plusieurs dispositions contenues dans le projet de loi participent donc à en restreindre considérablement l’accès, voire à placer dans la clandestinité certains demandeurs d’asile potentiels. Pour le Gisti, « ces mesures concourent en réalité à dissuader les demandes considérées a priori comme dilatoires ».

      L’une des conséquences directes de leur application pourrait être une baisse du nombre de dépôts de demandes d’asile, rendus de plus en plus compliqués pour des personnes vulnérables (en 2017, plus de 100 000 demandes ont été déposées en France, soit une hausse de 17 % par rapport à 2016).

      Serait-ce volontaire de la part du gouvernement, pour désengorger l’Ofpra, la CNDA et les structures d’accueil des demandeurs d’asile ? En tout état de cause, la proposition de titre de séjour de quatre ans (au lieu d’un an renouvelable actuellement) délivré aux bénéficiaires de la protection subsidiaire et aux apatrides ne constitue qu’une maigre trace d’humanité en faveur des migrants forcés, en dépit des déclarations du Président et des attentes des associations.
      Expulser et dissuader les migrants irréguliers : un degré de fermeté inédit

      La seconde priorité du projet de loi concerne la maîtrise des flux migratoires, en ciblant comme enjeu central l’efficacité de la lutte contre l’immigration irrégulière, serpent de mer de la politique migratoire française et européenne. Cette dimension est justifiée par le gouvernement comme étant une nécessité pour limiter la présence de nombreuses personnes en situation irrégulière livrées à elles-mêmes, dans la rue, débouchant sur des situations humanitaires dramatiques dont les campements de Calais et du nord de la capitale sont de parfaites illustrations.

      Avec certaines dispositions contenues dans le texte, l’exécutif cherche à faciliter et à multiplier les expulsions de personnes résidant sur le territoire français de manière irrégulière. C’est le cas avec l’augmentation de la durée maximale de rétention administrative (passant de 45 à 90 jours, voire 135 dans certains cas) qui permet aux pouvoirs publics de retenir contre son gré un migrant sous le coup d’une décision d’éloignement dans l’attente d’être reconduit à la frontière. Or, si l’on en croit la Cimade, « au-delà de 15 jours, le taux d’éloignement est inférieur à 2 % », démontrant du potentiel limité que représente la mesure proposée.

      De même, la durée de retenue administrative pour vérification du droit au séjour et renforcement des pouvoirs d’investigation se voit elle aussi augmentée, passant de 16 à 24 heures, exacerbant là encore une mesure privative de liberté visant spécifiquement les non-nationaux.

      Toujours dans l’optique de favoriser les expulsions, le projet de loi donne une base légale à la circulaire Collomb organisant le recensement des migrants dans les centres d’hébergement d’urgence, puisqu’il prévoit « des échanges d’informations entre les services chargés de l’hébergement d’urgence et l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), concernant les demandeurs d’asile et les réfugiés ».

      En l’état, il s’agirait d’une « ingérence » de l’Intérieur dans les prérogatives du ministère du Logement, dont les services gèrent les structures d’hébergement d’urgence. Cela s’inscrit dans une tendance plus globale à la centralisation des questions relatives à l’immigration au sein du ministère de l’Intérieur, entamée en 2007, sous Nicolas Sarkozy, avec la création du ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire.

      En outre, le texte vise également à limiter la venue de potentiels migrants irréguliers – si tant est que cela soit possible – par le biais de diverses mesures dissuasives. Sont ainsi proposés des délits de franchissement non-autorisé des frontières extérieures de l’Espace Schengen (ou des frontières intérieures en cas de rétablissement des contrôles entre États membres, comme c’est actuellement le cas en France depuis les attentats du 13 novembre 2015) et d’utilisation de document d’identité appartenant à autrui dans l’optique de « se maintenir sur le territoire et […] y travailler ».

      Ce texte, tel qu’il est présenté, contient un degré de fermeté inédit dans la mesure où le traitement répressif des flux migratoires irréguliers par les services du ministère de l’Intérieur atteint aujourd’hui son paroxysme, faisant dire aux associations d’aide aux migrants qu’il s’agit du « pire projet de loi sur l’immigration qu’on ait vu depuis longtemps ».

      Si tout est fait dans ce projet de loi pour dissuader la venue de certaines catégories de migrants, certaines dispositions se concentrent au contraire sur la facilitation de l’immigration pour certains profils particuliers d’étrangers, annonçant un retour à l’immigration choisie.
      Le retour à « l’immigration choisie » ?

      La maîtrise des flux migratoires que souhaite atteindre le gouvernement à travers ce projet de loi vise en parallèle à faciliter la venue d’une certaine forme d’immigration, « l’immigration de la connaissance », comme le mentionnait le programme électoral du candidat Macron. Cela explique pourquoi certains articles contenus dans ce texte prévoient d’étendre le « passeport talent » à de nouvelles catégories d’étrangers, ou encore de faciliter l’installation des étudiants chercheurs dans le pays, dans la lignée des propos du Président appelant les chercheurs climatologues américains à venir en France.

      En cherchant à faciliter l’immigration de ceux qui « participent tant de notre dynamisme économique que de notre rayonnement linguistique et culturel », l’exécutif amorce un retour à l’immigration choisie contre l’immigration subie, rhétorique chère à Nicolas Sarkozy sous son quinquennat. Si les flux migratoires irréguliers sont combattus avec force par l’exécutif, l’immigration de la connaissance est perçue au contraire comme une véritable chance et un atout pour renforcer le soft power français.
      Un projet de loi en attendant une refonte de la politique d’intégration ?

      Premiers à monter au front face aux circulaires Collomb, les responsables d’associations d’aide aux migrants dénoncent la fermeté inouïe que comprend ce projet de loi, qu’ils perçoivent comme un « message de dissuasion adressé aux migrants parfaitement inutile et punitif ». Regrettant amèrement l’absence de dialogue avec l’exécutif lors de sa phase d’élaboration, les associations déplorent un « texte grave et dangereux », présentant un « durcissement très net » et une « vraie fermeté assumée et dure vis-à-vis des personnes migrantes ».

      Fait rare pour être souligné, plusieurs syndicats de l’Ofpra et de la CNDA se sont joints au débat public et ont appelé à la grève ces derniers jours. Ce faisant, ils veulent montrer leur désapprobation face à un texte qui, selon eux, ne leur donne pas les moyens de mener correctement leur mission et qui « vise à entraver l’accès à la procédure d’asile ».

      Dans la sphère politique, si les réactions à droite fustigent le « laxisme du gouvernement face au défi migratoire », les commentaires les plus vifs proviennent de l’opposition de gauche, dénonçant un texte « déséquilibré » voire « inhumain ».

      Le projet de loi suscite également des réactions diverses au sein même des rangs de la majorité, plusieurs députés La République en marche (LREM) témoignant ouvertement de leurs inquiétudes vis-à-vis du texte proposé et de leur volonté de l’adoucir lors des futures discussions parlementaires. C’est donc un exercice de funambulisme qui attend l’exécutif, qui souhaite sauvegarder la nature du projet de loi tout en rassemblant ses troupes.

      Le texte rédigé par le gouvernement pour réformer la politique d’asile et d’immigration ne satisfait quasiment personne : si l’ancien candidat En Marche avait effectivement annoncé un durcissement de la politique migratoire à l’égard des migrants irréguliers, les mesures proposées pour réformer le droit d’asile sont plus surprenantes. Loin de témoigner de l’accueil et de l’humanité de la France, ce texte restreint au contraire les droits des demandeurs d’asile.

      Alors que l’intégration des étrangers constituait l’une des priorités d’Emmanuel Macron pendant la campagne électorale, cette dimension est finalement absente du projet de loi présenté cette semaine en Conseil des ministres.
      Montrer ses muscles

      Le député LREM Aurélien Taché a toutefois rendu un rapport très attendu, présentant 72 propositions pour favoriser l’intégration des immigrés dans notre pays. Si plusieurs préconisations vont dans le sens d’une politique d’accueil ambitieuse et volontariste, adoucissant un tant soit peu la fermeté contenue dans le projet de loi asile-immigration, il reste à voir ce qu’en fera le comité interministériel qui se réunira ces prochaines semaines pour étudier les suites à donner à ce rapport.

      Désireux d’appliquer les engagements de campagne fixés par Emmanuel Macron, l’exécutif montre les muscles à travers ce projet de loi sur l’asile et l’immigration. Il s’agit avant tout, pour le gouvernement, de renforcer l’arsenal législatif français afin de limiter drastiquement l’immigration irrégulière, dans un contexte où une partie de l’opinion publique se radicalise sur le sujet.

      Si la démonstration de fermeté est évidente à l’égard de ceux qui ne sont pas autorisés à séjourner sur le territoire, la « tradition historique d’accueil » de la France peine à transparaître dans ce projet de loi qui n’a pas fini de cliver.

      https://theconversation.com/projet-de-loi-asile-immigration-la-fermete-en-attendant-lhumanite-9

    • Contre une loi liberticide, une autre politique migratoire est possible

      Le projet de loi pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie a été adopté par le parlement le 1er août 2018. En dépit de quelques évolutions depuis sa présentation en février, il reste un texte régressif dont l’esprit est dans la droite lignée des politiques qui échouent depuis plusieurs décennies. Des solutions alternatives existent pourtant comme le démontre le manifeste des Etats généraux des migrations.

      Malgré la volonté déclarée du gouvernement et de sa majorité législative d’en faire un texte alliant « humanité » et « fermeté », l’examen du contenu de ce projet de loi permet rapidement de se rendre compte que c’est la seconde qui a pris le pas sur la première. Entre les nombreux durcissements (restriction des conditions d’attribution de la nationalité française à Mayotte, durée de rétention administrative allongée, recours non suspensifs pour certaines personnes…) et les multiples rendez-vous manqués (absence d’interdiction de l’enfermement pour les mineur·e·s ou encore maintien du « délit de solidarité »), ce projet de loi va encore précariser les personnes migrantes.

      Le texte, préparé sans concertation avec les organisations présentes sur le terrain, est dénoncé par des acteur·trice·s aussi varié·e·s que les salarié·e·s de la Cour nationale de droit d’asile et de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides mais aussi le Défenseur des droits, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme ou le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe.

      Face à un gouvernement qui travaille seul, les membres des Etats généraux des migrations se sont lancés dans un processus citoyen pour défendre une politique migratoire alternative respectueuse des droits fondamentaux et de la dignité des personnes.

      Depuis plus de 10 mois, nous sommes plus de 10 000, issus de 1650 associations et collectifs, à nous être concertés pour réfléchir collectivement à des propositions concrètes basées sur l’expérience de terrain. Fin mai 2018, nous avons adopté le « Manifeste des assemblées locales réunies pour la 1ère session plénière des Etats généraux des migrations ». Plutôt que d’essayer de résoudre une « crise migratoire » qui n’existe pas, nous défendons un certain nombre de principes indispensables à une politique migratoire de long terme : accès aux droits fondamentaux pour les personnes migrantes ; respect du droit d’asile effectif ; liberté d’entrée, de circulation et d’installation dans l’espace européen ; égalité des droits entre français·e·s et personnes étrangères.

      L’adoption d’une énième loi fondée sur la fermeture et le rejet ne change rien à la détermination des membres des Etats généraux des migrations : parce que l’humanité de demain se construit avec l’accueil d’aujourd’hui et contre les dérives issues des politiques migratoires actuelles, nous continuerons à plaider pour une politique d’ouverture qui place le respect des droits au centre des préoccupations.

      https://eg-migrations.org/Contre-une-loi-liberticide-une-autre-politique-migratoire-est-possibl

    • La loi Asile et Immigration est adoptée : décryptage d’un texte dangereux

      La loi pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie a été adoptée définitivement par l’Assemblée nationale le 1er août 2018. C’est un texte dangereux qui consacre une véritable chute de droits pour les personnes étrangères. Analyse du texte par La Cimade, véritable « Code de la honte ».

      La Cimade dénonçait en février un texte « rédigé par le ministère de l’intérieur sans consultation réelle des acteurs associatifs de terrain » ainsi que « son manque d’équilibre flagrant ». Plus de cinq mois après des vifs débats dans les deux chambres, un rejet en dernière lecture du texte par le Sénat et des menaces d’exclusion des député·e·s La République En Marche opposé·e·s au texte, la loi votée par la majorité présidentielle au parlement n’a pratiquement pas bougé depuis la copie remise par Gérard Collomb en conseil des ministres.

      Les principales mesures que La Cimade déplore et qui vont considérablement dégrader les conditions des personnes migrantes sont :

      L’allongement de la durée de la rétention administrative jusqu’à 90 jours y compris pour les familles accompagnées d’enfants mineurs ;
      Une intervention du juge des libertés et de la détention dans les quatre jours suivant le placement en rétention ;
      La réduction du délai pour déposer une demande d’asile ;
      L’absence de recours suspensif pour les personnes originaires d’un pays dit « sûr » qui demandent l’asile, pour celles qui demandent un réexamen ou qui sont considérées comme présentant un trouble grave à l’ordre public ;
      La systématisation des mesures de bannissement et la multiplication de mesures de surveillance à l’encontre des personnes étrangères ;
      L’extension des possibilités de prononcé d’une interdiction du territoire français ;
      La banalisation des audiences par visio-conférence ;
      La complexification de la procédure de reconnaissance de filiation et le durcissement de l’accès à un titre de séjour pour les parents d’enfants français ;
      Le durcissement sans précédent de l’accès à la nationalité française pour les jeunes né·e·s à Mayotte ;
      Le fichage des mineur·e·s isolé·e·s ;
      La possibilité pour les préfectures de passer outre les avis médicaux dans le cadre de la procédure de régularisation pour raisons de santé.

      La loi adoptée le 1er août 2018 ne répond pas aux enjeux migratoires de notre temps, La Cimade appelle à une autre politique migratoire en totale rupture avec celle menée ces dernières années.

      https://www.lacimade.org/la-loi-asile-et-immigration-est-adoptee-decryptage-dun-texte-dangereux

      pdf :
      https://www.lacimade.org/wp-content/uploads/2018/08/Loi_Asile_Immigration_Cimade_02082018.pdf

  • Petite mise à jour postes ouverts (publiés) #MCF #ESR. On suit toujours la tendance qui conduit à 0 postes ouverts en 2030.


    https://twitter.com/mixlamalice/status/966986699040612352

    Avec ce commentaire intéressant :

    Pas étonnant alors qu’ils mettent en place #parcours_sup qui réduit l’accès à l’Université : plus de lycéens, moins de profs : la #sélection organisée ...

    https://twitter.com/ben_schnecken/status/967001264390361089

    #postes #travail #université #statistiques #chiffres #MCF #France #it_has_begun

    En route vers une université sans enseignant·es !

    • Commentaire reçu via la mailing-list Geotamtam, avec des références utiles :

      Sur ces questions de "sélection" (qui ne peut pas avoir d’autre fonction que d’éliminer les "indésirables") et les réformes en cours, mais aussi sur les questions angoissées de notre ex-collègue sur qui s’intéresse au devenir des étudiant-es et aux inégalités et injustices de ce système, le réflexe doit être selon moi de lire ce que les chercheurs et chercheuses spécialistes ont pu écrire de sérieux sur la question et les leçons qu’ils/elles en tirent. Il y aurait beaucoup de références à donner, surtout si on pense qu’il faudrait une mise en contexte par quelques décennies de travaux sur les trajectoires scolaires, leurs conditions et leurs effets...

      Par exemple, il y a certes un manque évident et énormissime de moyens, mais selon Beaud et Millet (réf plus bas) : "Au delà des questions pratiques, bien sûr importantes, que pose le pilotage de cette réforme et de la situation actuelle de l’université, affaiblie par la conjonction de 10 ans de LRU, de disette budgétaire et de plusieurs décennies d’accroissement des effectifs étudiants, il apparaît essentiel de replacer au cœur des débats la réflexion sur la fonction sociale de l’université en France."

      Pour ce faire, je vais me limiter à une seule analyse récente de la logique des réformes depuis le processus de Bologne (Economistes attérés, en PJ) et quelques publications, avec un livre qui est devenu un classique, et si vous n’avez pas le temps quelques textes qui en sont inséparables et dont certains titres sont très explicites : la "sélection à l’université" semble en effet "une fausse solution à un problème mal posé".

      – Trois courtes analyses des réformes en cours :

      BODIN Romuald, ORANGE Sophie, 2017, "Parcoursup, une réforme conservatrice ?", AOC, en ligne
      https://aoc.media/analyse/2018/02/06/parcoursup-reforme-conservatrice

      BEAUD Stéphane, "Les enjeux cachés de la réforme du bas", Alternatives économiques,
      https://www.alternatives-economiques.fr/enjeux-caches-de-reforme-bac/00083206

      BEAUD Stéphane, MILLET Mathias, "La réforme Macron de l’université", La Vie des idées,
      http://www.laviedesidees.fr/La-reforme-Macron-de-l-universite.html

      – Quelques publications sur des recherches sociologiques qui les fondent :

      BODIN Romuald, MILLET Mathias, 2011, « La question de l’« abandon » et des inégalités dans les premiers cycles à l’université », Savoir/Agir, vol. 17, no. 3, 2011, pp. 65-73.
      https://www.cairn.info/revue-savoir-agir-2011-3-page-65.htm

      BODIN Romuald, ORANGE Sophie, 2013, L’Université n’est pas en crise. Les transformations de l’enseignement supérieur : enjeux et idées reçues, Editions du Croquant, coll. savoir/agir, Bellecombes-en-Bauge, 213 p.
      http://journals.openedition.org/rfp/4259

      BODIN Romuald, ORANGE Sophie, 2013, « La barrière ne fera pas le niveau. La sélection à l’université : une fausse solution à un problème mal posé », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 199, no. 4, pp. 102-117.
      https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2013-4-page-102.htm car PJ trop lourde

      + Un autre livre très récent que je n’ai pas encore lu :
      Annabelle Allouch, La Société du concours. L’empire des classements scolaires, 2017, Paris, Le Seuil.
      http://www.seuil.com/ouvrage/la-societe-du-concours-annabelle-allouch/9782021350258

    • Conférence de presse / collectif des E.C. lillois refus du classement sur #Parcoursup

      Reçu via la mailing-list GeoTamTam, le 3 avril 2018

      Nous sommes un collectif d’enseignant.e.s chercheur.e.s de l’Université de Lille. Nous avons organisé une conférence de presse jeudi 29 mars 2018 pour dire que nous ne classerons pas les dossiers des lycéens sur Parcoursup. Cette information a été relayée par TF1, France 3, France Inter, La Voix du Nord bientôt Libération et Médiacités.

      Nous vous transmettons le matériel que nous avons constitué - dossier de presse et une page synthétique d’arguments - pour réaliser depuis vos Universités des actions pour publiciser le refus et l’impossibilité technique d’appliquer la réforme ORE. Nous sommes de plus en plus nombreux à refuser ce classement : déjà sept Départements (Institut de Sociologie et d’Anthropologie,Département de sociologie et développement social, Départements de Science Politique, de Culture, d’Espagnol, d’Info Com, de Japonais) et de nombreux collègues dans l’ensemble des sites de l’Université de Lille.

      https://www.franceinter.fr/emissions/le-journal-de-7h30
      http://www.lavoixdunord.fr/347100/article/2018-03-29/des-enseignants-de-l-universite-de-lille-refusent-de-participer-au-clas
      https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/emissions/jt-1920-nord-pas-de-calais (à partir de 8 minutes environ)
      et la vidéo de la conférence de presse :https://www.pscp.tv/w/1lPJqnRQrrlxb

      Le Collectif des enseignant.e.s chercheur.e.s lillois.e.s pour l’égalité d’accès à l’université

    • Pourquoi s’opposer à Parcoursup ?

      Voici quelques éléments de réponse reçu d’une collègue qui elle-même a reçu d’un collègue le 05.04.2018 :

      1) Parcoursup est, qu’on le veuille ou non, un outil de sélection. Même si nous ne souhaitons pas faire de sélection, nous, à l’ARSH, l’outil est là à l’échelle nationale et ouvre la possibilité de le faire ; il est clair que certaines filières ou certains établissements vont s’en emparer (et les témoignages sur le site vers lequel conduit le lien que je vous ai envoyé sont explicites). La concurrence entre établissements est à prévoir à court terme. Nous sommes en train de prendre nos responsabilités à l’échelle nationale, pas simplement locale. Je tiens à ce que ce soit clair pour tout le monde.

      2) Le fonctionnement de l’outil n’est pas plus clair ni plus juste que celui d’APB : a) à cause du paramétrage local ; b) à cause de la correction par le Rectorat (selon des modalités opaques).

      3) L’outil n’empêche aucunement l’arbitraire le plus total dans le recrutement. (Là encore, je parle à l’échelle nationale, pas seulement de ce que nous nous apprêtons à faire ou non.)

      4) Les procédures à l’oeuvre dans les lycées en amont pour remplir Fiche Avenir, etc., sont elles-mêmes ouvertes au flou et à l’arbitraire. (Si l’on me répond qu’il faut faire confiance aux collègues du secondaire pour les remplir, je répondrais que l’évaluation nationale par l’examen du baccalauréat, préparé et corrigé par les collègues du secondaire, consistait précisément à leur faire confiance.)

      5) Le problème de l’outil, du paramétrage, etc. cache la misère des universités : diminution du nombre de postes ouverts au concours, tandis que le nombre d’étudiants augmentent (un rapport de 2015 prévoyait cette progression explicitement).

      6) Quand on comprime le nombre de postes alors que le nombre d’étudiants augmente, on prépare le terrain à une apparition de nouvelles « licences sous tension ».

      7) Actuellement, les « licences sous tension » concernent me semble-t-il 5% de l’effectif étudiant global. Mettre en place une procédure de sélection générale pour un problème qui concerne si peu de filières et d’étudiants paraît démesuré.

      8) Ce qu’on appelle « taux d’échec » n’est pas qu’un taux d’échec (mais inclut la réorientation, le mûrissement des projets, etc.). Il y a un taux d’évaporation normal en première année. Quand aux autres, il s’agit bien évidemment de les aider. Mais Parcoursup est une chose, le soutien aux étudiants qui en ont besoin en est une autre.

      Je rappelle également de nombreuses postures d’UFR et départements en France qui refuse la sélection.

      Par exemple :
      Université Paris Descartes

      UFR SHS, le département de sciences sociales « ne fera pas remonter de critères de classement et n’assumera pas la responsabilité de procéder au classement des candidatures. Il renvoie au rectorat la responsabilité et le soin de procéder à l’application de cette sélection. » (vote du 7 mars 2018, 28 votes pour, 1 contre et 1 abstention).

      UFR SHS, pour le département de Sciences de l’éducation idem.

    • L’Onisep menacé

      Message reçu via la mailing-list GeoTamTam, le 06.04.2018

      Mesdames, Messieurs,

      Les personnels de l’#Onisep, établissement public sous tutelle des ministères chargés de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur se mobilisent pour défendre le service public de l’orientation.

      Le gouvernement prévoit en effet de confier la compétence d’information sur l’orientation aux régions dès janvier 2019, d’après le projet de loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », présenté en conseil des ministres le 18 avril prochain.

      Les délégations régionales de l’Onisep et leurs personnels seraient transférés aux régions. Les CIO seraient progressivement supprimés et les Psy EN affectés dans les EPLE.

      Ce qui est en jeu dans ce projet :

      – La neutralité de l’information : les régions auront tendance à valoriser les formations locales correspondant aux besoins économiques définis à court terme par les branches professionnelles suivant les besoins du moment.

      – L’égalité d’accès à l’information sur l’ensemble du territoire national. L’information donnée aux élèves, aux étudiants et à leurs familles s’arrêtera aux frontières régionales, ce qui est un non-sens à l’heure où les parcours de formation se réalisent à l’échelle nationale et internationale. Par ailleurs, cette information sera soumise aux changements et aléas politiques.

      – Le risque que l’orientation devienne un nouveau secteur marchand où fleuriront les « coaches en orientation » dans les espaces laissés libres par les CIO.

      Une autre dimension importante semble être ignorée dans ce projet : les délégations régionales déclinent en région académique les politiques éducatives nationales en matière d’information et d’orientation. Elles appuient les projets académiques portés par les recteurs, sous de multiples formes : publications dédiées ; conseils et appui aux équipes éducatives dans la mise en œuvre de leur mission d’aide à l’orientation des élèves (organisation de formations ; interventions sur sites ; mise à disposition des ressources documentaires et pédagogiques…).

      Ce démantèlement du service public d’information et d’orientation de l’Éducation nationale aura pour conséquence de priver les familles, les jeunes et les adultes d’un service de conseil et d’accompagnement gratuit, totalement neutre et accessible à tous.

    • Appel à une journée nationale de mobilisation et d’actions dans le supérieur et la recherche le 10 avril 2018

      Reçu via la mailing-list GeoTamTam, le 06.04.2018 :

      Le gouvernement doit entendre la colère qui monte, retirer la
      #loi_Vidal et répondre aux revendications du personnel du supérieur et de la recherche

      Paris, le 5 avril 2018

      Après le succès de la journée nationale de mobilisation du 22 mars dans la fonction publique qui a réuni plus de 400 000 manifestant.e.s dans toute la France, après celles des 3 et 4 avril avec la grève des cheminots et le soutien des étudiant.e.s et de toute une partie de la population, le nombre d’universités et d’établissements mobilisés pour le retrait de la loi Vidal-ORE et contre la plate-forme Parcoursup ne cesse de croître. À ce jour, des assemblées générales sont régulièrement organisées dans au moins 25 établissements et plusieurs d’entre eux sont bloqués ou occupés. Bientôt, une centaine de départements ou UFR se seront engagés à ne pas participer au tri social des dossiers des lycéen.ne.s et à accepter tous les bachelier/ière.s. Non seulement le gouvernement reste sourd aux revendications des étudiant.e.s et des travailleur/euse.s engagé.e.s dans ces mouvements, mais il ouvre d’autres chantiers de réformes qui apparaissent comme autant de provocations :
      ◼ les députés LREM, via la commission des finances de l’Assemblée nationale, viennent de passer commande à la Cour des comptes d’un rapport en vue d’augmenter les frais d’inscription à l’université ;
      ◼ la ministre de l’ESRI et le gouvernement entendent modifier l’arrêté licence avec les objectifs suivants : réviser à la baisse le nombre d’heures de formation, en finir avec la compensation des notes, individualiser les parcours, permettre des inscriptions « à la carte » au détriment des progressions pédagogiques, faire intervenir le monde « socio-économique » afin de « professionnaliser » ce diplôme, doubler l’évaluation des connaissances par la certification de « blocs de compétences »… Tout cela aura pour conséquence de casser les collectifs d’apprentissage et de mettre à mal le cadre national de la licence pour assujettir l’Université aux seules finalités économiques et du marché de l’emploi ;
      ◼ au travers des « chantiers de transformation publique » le gouvernement entend s’attaquer au statut de fonctionnaire pourtant garant de la liberté pédagogique, de l’indépendance de la recherche, de la qualification des agent.e.s et du service de l’intérêt général : il souhaite augmenter encore le recours aux contractuel.le.s, plus « flexibles », afin de diminuer le nombre d’agent.e.s sous statut et de recourir à de « nouvelles formes de contrat », ce qui pourrait bien se traduire par la mise en place du contrat de mission ; il souhaite individualiser encore plus les rémunérations en gelant le point d’indice pour tous les agent.e.s et en augmentant les primes données à une minorité ; il « offre » à celles et ceux qui refuseraient une mobilité forcée un « départ volontaire »…
      ◼ la ministre et le gouvernement remettent en cause les organismes nationaux de recherche, au travers des restructurations imposées et des politiques de site. Cette évolution est illustrée par les récentes propositions du jury des Idex validées par le Premier ministre qui permettraient aux président.e.s d’Idex d’amender les projets de budgets des institutions fondatrices et d’exercer un droit de veto sur le recrutement des enseignant.e.s-chercheur/euse.s, enseignant.e.s et chercheur/euse.s de ces mêmes institutions : soit une véritable mise sous tutelle des Idex, des différents établissements y compris des organismes nationaux de recherche, remettant en cause leur mission nationale de service public de la recherche.

      Toutes les lignes rouges que nos organisations avaient déjà explicitées lors de la pseudo-concertation des mois de septembre-octobre 2017 à propos de l’accès en premier cycle sont franchies et ce gouvernement, comme les précédents, refuse d’investir en proportion de l’augmentation, dont chacun devrait pourtant se féliciter, des effectifs dans l’ESR. Dans ce contexte, toutes ces réformes visent à casser la démocratisation en affaiblissant le service public, les statuts des fonctionnaires, et à ouvrir les missions de l’enseignement supérieur à un marché concurrentiel qui doit mener à une privatisation rampante. Elles conduisent à abandonner toute politique nationale de recherche. Les étudiant.e.s, les lycéen.ne.s et les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche s’opposent à ces réformes et demandent au gouvernement de répondre à leurs revendications.

      LES ORGANISATIONS SOUSSIGNÉES EXIGENT :
      ◼ une augmentation des salaires ;
      ◼ l’abrogation du jour de carence ;
      ◼ la défense et la pérennisation du système de retraites par répartition et des régimes particuliers ;
      ◼ un plan pluriannuel de création d’emplois de fonctionnaires, enseignant.e.s-chercheur/euse.s, chercheur/euse.s, ingénieur.e.s, technicien.ne.s, personnels de bibliothèques et administratifs, à hauteur de 6 000 créations par an pendant dix ans ; et dès à présent, le dégel de tous les emplois vacants ;
      ◼ la fin de la politique de précarisation et la mise en place d’un plan de titularisation des contractuel.le.s et vacataires de l’ESR ;
      ◼ une réelle augmentation du financement public de l’ESR : 3 milliards d’euros par an pendant dix ans pour atteindre l’objectif de 1 % du PIB pour la recherche publique et de 2 % du PIB pour l’enseignement supérieur ;
      ◼ la préservation et la consolidation du statut général de la fonction publique ;
      ◼ un moratoire sur tous les processus d’expérimentation, de restructuration et de fusion d’établissements et organismes ;
      ◼ le maintien du baccalauréat comme diplôme national et premier grade universitaire, garantissant l’accès de toutes et tous les bachelier/ière.s sur tout le territoire aux filières post-bac et aux établissements de leur choix ;
      ◼ l’abandon de l’instauration de blocs de compétences en lieu et place des diplômes et des qualifications ;
      ◼ l’abandon du projet de loi sur le premier cycle post-bac, l’ouverture de places supplémentaires et le refus de toute sélection à l’entrée à l’université.

      AUSSI NOS ORGANISATIONS APPELLENT-ELLES :
      ➔ à organiser des assemblées générales dans tous les établissements afin de débattre des modalités d’actions locales et des suites à donner ;
      ➔ à construire en convergence avec les autres secteurs en lutte des actions dans la durée pour la défense des services publics et de nos statuts ;
      ➔ à définir les modalités d’action pour lutter contre toutes les formes de restructurations actuellement en cours dans l’enseignement supérieur et la recherche publics ;
      ➔ à organiser une journée nationale d’action et de manifestation, le mardi 10 avril 2018, contre la loi Vidal-ORE, sa plate-forme Parcoursup et contre tous les projets de démantèlement et de marchandisation de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche. CGT FERC-SUP,

      SNTRS-CGT, CGT-INRA, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, SNESUP-FSU, SNEP-FSU, SNETAP-FSU, SLU, SOLIDAIRES ÉTUDIANT.E.S, SUD ÉDUCATION, SUD RECHERCHE EPST, UNEF, FIDL, SGL, UNL

    • Sur Parcoursup-12 points

      Message de Sarah Mekdjian, reçu par email le 09.04.2018 via la mailing-list GeoTamTam:

      Alors que les contestations contre Parcousup s’intensifient, je me permets de partager avec vous 12 points d’analyse relatifs à cette réforme -je m’excuse d’avance pour les collègues qui ne sont pas en France- :

      1) Le fonctionnement de l’outil n’est pas plus clair ni plus juste que celui d’#APB : a) à cause du paramétrage local ; b) à cause de la correction par le Rectorat (selon des modalités opaques).

      2) L’outil n’empêche aucunement l’#arbitraire le plus total dans le recrutement. Là où il est annoncé un « #classement » (i.e « #sélection ») « qualitative » et au « mérite », les algorithmes locaux et tous différents ne permettent aucune appréciation qualitative des candidatures.

      3) Les procédures à l’oeuvre dans les lycées en amont pour remplir #Fiche_Avenir, etc., sont elles-mêmes ouvertes au flou et à l’arbitraire. (Si l’on répond qu’il faut faire confiance aux collègues du secondaire pour les remplir, je répondrais que l’évaluation nationale par l’examen du baccalauréat, préparé et corrigé par les collègues du secondaire, consistait précisément à leur faire confiance.)

      4) Le problème de l’outil, du paramétrage, etc. cache la misère des universités : diminution du nombre de postes ouverts au concours, tandis que le nombre d’étudiants augmentent (un rapport de 2015 prévoyait cette progression explicitement).

      5) Quand on comprime le nombre de postes alors que le nombre d’étudiants augmente, on prépare le terrain à une apparition de nouvelles « #licences_sous_tension ».

      6) Actuellement, les « licences sous tension » concernent environ 5% de l’effectif étudiant global. Mettre en place une procédure de sélection générale pour un problème qui concerne si peu de filières et d’étudiants paraît démesuré.

      7) Ce qu’on appelle « #taux_d'échec » n’est pas qu’un taux d’#échec (mais inclut la #réorientation, le mûrissement des projets, etc.). Il y a un taux d’évaporation normal en première année. Quand aux autres, il s’agit bien évidemment de les aider. Mais Parcoursup est une chose, le soutien aux étudiants qui en ont besoin en est une autre.

      8) Sélectionner les étudiant.e.s dès la Première revient à écarter des profils d’étudiant.e.s qui peuvent mûrir plus tard et à un autre rythme.

      9) Parcoursup est un outil de #marginalisation avancée des élèves qui sortent des bacs technologiques (possibilité de paramétrer l’#algorithme pour favoriser telle ou telle filière du bac), des élèves aux parcours non-linéaires, étudiant.e.s, personnes en reprise d’étude, personnes étrangères ayant fait une partie de leurs parcours ailleurs, et qui avaient jusque là encore le droit de choisir l’université pour se cultiver, apprendre dans des horizons disciplinaires différents, mûrir leurs parcours autrement ;

      10) En favorisant la mise en concurrence des étudiants comme des formations, plus ou moins sélectives parce que plus ou moins attractives, ce plan acte la mise en place d’un marché de l’enseignement supérieur. Chaque lycéen, autoentrepreneur de son #parcours_scolaire, doit faire en sorte de se faire recruter par une #formation.

      11) Les formations pour les « #oui_si » quand elles sont financées relèvent de fonds qui ne sont pas pérennes, tandis que les moyens structurels (les postes notamment) sont toujours soumis à la loi d’airain de l’ « austérité » présentée comme une « nécessité historique », alors qu’elle relève bien sûr de choix politiques contestables.

      12) Un autre choix est possible : la dernière explosion en date du nombre de bacheliers s’était traduite en 1991 par exemple par le plan #U2000, créant huit nouvelles universités dont quatre en Ile-de-France. Aujourd’hui, le gouvernement choisit une option qui se traduira par une marginalisation des bacheliers scolairement les plus faibles.

      Enfin, présenter Parcoursup comme un outil purement gestionnaire est particulièrement contestable ; Parcoursup relève d’abord d’un choix politique : celui de rendre le #service_public de l’enseignement sélectif, sur la base d’une mise en #concurrence des universités, des formations et des étudiant.e.s. Il s’agit d’une nouvelle mesure politique d’une réduction du service public, réduit à un marché.

    • Université du Mans : le vrai visage de Parcoursup

      Addendum [10 avril 2018 au soir] : Suite à la publication de cet article, un communiqué de l’Université du Mans est venu apporter un contre point à ce qui est décrit ci dessous. Nous avons effectué quelques modifications mineures suite à ce communiqué (voir les passages entre […]).

      Au final, il apparaît donc que la présidence de l’Université du Mans s’est clairement prononcée contre la sélection universitaire – mais qu’au niveau de l’UFR Sciences, certaines personnes ont fait du zèle dans leur présentation sur comment utiliser le logiciel de sélection… Par ailleurs ce que nous avons lu comme des « ordres » ne devrait finalement être interprété que comme des « incitations » de la part de ces sélectionneurs zélés. Faut-il en être soulagé ?

      https://obs-selection.rogueesr.fr/universite-du-mans-le-vrai-visage-de-parcoursup

    • #Observatoire de la sélection universitaire

      Ce site est un espace de témoignage. Il vise à offrir un regard sur les coulisses de Parcoursup et sur la manière dont la sélection des étudiant.e.s est effectuée.

      Nous faisons appel à vous, universitaires et à vous, enseignant.es du secondaire.

      Vous allez participer, de gré ou de force, à cette sélection. Comment allez-vous procéder pour classer des milliers de dossiers ? Avec quels moyens humains ? Sur quels critères ? Quels sont les algorithmes utilisés ? Témoignez ! Que vous soyez professionnel.le au lycée ou à l’université, vous aiderez les lycéen.ne.s à comprendre le fonctionnement de cette procédure pour l’instant extrêmement opaque. Grâce à votre témoignage, elles et ils seront mieux armé.e.s pour y faire face, voire pour demander sa modification ou son retrait.

      https://obs-selection.rogueesr.fr

    • Nous, universitaires, soutenons et accompagnons les étudiants dans leur contestation de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) et de Parcoursup

      Nous, universitaires*, soutenons et accompagnons les étudiants dans leur contestation de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) et de Parcoursup depuis le début de leur mouvement. Notre prise de position s’explique d’abord par notre rejet de toute forme de sélection à l’entrée de l’université. Or, la nouvelle loi instaure une sélection hypocrite : d’un côté, les responsables gouvernementaux refusent catégoriquement d’utiliser ce mot, mais de l’autre, on nous demande de classer les candidatures de sorte qu’un couperet tombera une fois les capacités d’accueil des filières saturées.

      Le gouvernement défend sa loi en invoquant une politique d’orientation destinée à pallier les échecs en premier cycle. Mais il ne donne aucun moyen pour mettre en place les cours de mise à niveau dont il annonce unilatéralement la mise en place. L’affirmation récente de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, qui évoque un milliard d’euros destiné à la refonte du premier cycle est une « fake news » – c’est-à-dire, en réalité et en français, une propagande. Un milliard d’euros représente 7,5% du budget total 2018 de l’Enseignement supérieur (13,4 milliards d’euros). Une dotation supplémentaire d’un milliard d’euros, rien que pour le premier cycle, devrait être largement visible, ce qui n’est pas le cas. Et à notre connaissance, aucune loi rectificative du budget n’est annoncée.

      Autre argument utilisé par le gouvernement : rien ne serait pire que le tirage au sort pratiqué l’année dernière via le logiciel admission post-bac (APB) pour 1% des bacheliers dans les filières en tension. En réalité, le système APB a révélé l’impossibilité d’accueillir tous les étudiants faute de place et de moyens. En juillet 2017, le ministère a reconnu que 87 000 demandes d’inscription n’étaient pas satisfaites, soit plus du quart du total des nouveaux entrants à l’université en 2016 ! Le fait qu’un mode de sélection (sur dossier, pour tous les bacheliers) se substitue à un autre a pour objectif presque avoué de différer, sinon d’écarter dans l’immédiat, un certain nombre de candidats.

      Le problème posé par le nombre de candidatures n’a pas disparu. Au contraire, on sait, pour des raisons démographiques, qu’il va se tendre davantage. L’année 2018-2019 correspond au baby-boom de l’an 2000, et se traduit par une explosion démographique prévisible depuis longtemps. Le gouvernement préfère la sélection au financement des universités à la hauteur des besoins. Or, toute la politique du gouvernement est fondée sur la volonté de ne pas donner davantage de moyens à l’Enseignement supérieur malgré les difficultés auxquelles il est confronté depuis des années.

      Si nous soutenons les étudiants, c’est enfin parce nous assistons impuissants, à une inexorable dégradation de l’enseignement supérieur depuis une vingtaine d’années. Les dix dernières années ont été marquées par la réduction drastique des budgets et le gel des créations de postes à l’université. N’oublions pas que la Loi LRU de 2008 [Loi relative aux libertés et responsabilités des universités] a donné lieu en 2009 à une grève de plusieurs semaines dans l’enseignement supérieur, la plus longue jamais enregistrée. Depuis, la situation n’a cessé d’empirer. Le service public de l’enseignement supérieur se dégrade autant, sinon plus, que celui du transport ferroviaire ou des hôpitaux.

      Il serait vain, nous dit-on, d’accueillir davantage d’étudiants à l’université dès lors qu’ils n’ont pas le niveau. Ce serait un gaspillage des deniers publics ! Mais la finalité de l’éducation nationale n’est-elle pas d’éduquer et de former ? Ce qui fait la noblesse de notre métier n’est-il pas d’élever le niveau de ceux qui ne l’ont pas, c’est-à-dire pas encore ? Quel serait notre rôle s’il s’agissait seulement de dispenser des cours à ceux qui n’ont aucun problème et qui ont la chance d’avoir le niveau et d’être doués pour les études supérieures ? Qui prétendrait avoir trouvé son chemin à 16 ans ou 18 ans comme l’imposent Parcoursup et la loi ORE ?

      L’université est un formidable révélateur de talents, un lieu où s’expérimente l’autonomie, où se développe l’esprit critique. Bon nombre d’étudiants qui ont fait des études brillantes à l’université n’étaient pas des élèves remarquables dans le secondaire et n’ont pas eu une bonne mention au baccalauréat. Auraient-ils été retenus si la sélection s’était appliquée alors ? Pourquoi devrions-nous abandonner ce vivier et renoncer, par une sélection absurde, à donner leur chance à tous ceux qui ont le degré minimum, à savoir le baccalauréat ? La France est-elle riche à ce point de talents avérés pour que les enseignants renoncent à leur vocation première : former, éduquer et faire progresser vers les meilleurs niveaux ?

      Nous appelons les enseignants du second degré, les lycéens, les parents d’élèves, et tous les citoyens à soutenir notre action en signant cette #pétition !

      http://www.parcourssup.eu

    • Thomas Piketty : « Parcoursup : peut mieux faire »

      Chaque société a besoin d’un grand récit pour justifier ses inégalités. Dans les sociétés contemporaines, il s’agit du récit méritocratique : l’inégalité moderne est juste, car elle découle d’un processus librement choisi où chacun a les mêmes chances. Le problème est qu’il existe un gouffre béant entre les proclamations méritocratiques officielles et la réalité.

      Aux Etats-Unis, les chances d’accès à l’enseignement supérieur sont presque entièrement déterminées par le revenu des parents : elles sont d’à peine 20 % pour les 10 % les plus pauvres, et dépassent 90 % pour les 10 % les plus riches. Encore faut-il préciser qu’il ne s’agit pas du tout du même enseignement supérieur dans les deux cas. Il est possible que les choses soient un peu moins extrêmes en France. Mais en vérité on ne sait pas très bien, car il est impossible d’accéder aux mêmes données.
      « Malheureusement, il est à craindre que tout cela ne fasse que renforcer l’inégalité et l’opacité du système »

      Dans un tel contexte, la réforme française du système d’affectation des étudiants, avec le passage de la plateforme APB à Parcoursup, est potentiellement pleine de promesses. Malheureusement, il est à craindre que tout cela ne fasse que renforcer l’inégalité et l’opacité du système. Précisons d’emblée que la prise en compte des notes, des séries et du dossier scolaire dans les admissions universitaires (principale nouveauté de Parcoursup) n’est pas forcément une mauvaise chose en soi.

      A partir du moment où les notes sont prises en compte depuis toujours pour les admissions en classes préparatoires (dans le cadre d’#APB comme de Parcoursup), ce que personne ne semble remettre en cause, on voit mal pourquoi elles ne joueraient aucun rôle pour les universités. Certes, les notes ne sont pas toujours justes, et le système de notation lui-même doit être repensé. Mais elles contiennent tout de même un peu d’information utile, a priori davantage que le tirage...

      http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/10/thomas-piketty-parcoursup-peut-mieux-faire_5254719_3232.html

    • Message de la CGT Grenoble :
      Personnels, étudiant·e·s : ne nous laissons pas diviser !

      Sur le campus de Grenoble, les étudiant·e·s sont entré·e·s en lutte contre la loi ORE et son application à l’UGA.

      Il paraît clair, au vu des décisions et communications de ces derniers jours, que la présidence de l’UGA travaille activement à l’épuisement de ce mouvement étudiant, par tous les moyens imaginables : pressions, menaces, divisions de toutes sortes, désinformation.

      La CGT FERCSup Grenoble rappelle sa solidarité et son soutien aux étudiant·e·s mobilisé·e·s. La grève et les piquets de grèves sont des moyens d’actions pacifiques et légitimes. Ce qui nous paraît insupportable en revanche, c’est de voir des étudiant·e·s, usagèr·e·s de notre service public, ou des collègues, matraqué·e·s, blessé·e·s, hospitalisé·e·s pour avoir voulu manifester leurs opinions.

      Dans ce contexte, nous sommes particulièrement solidaires des personnels dont les conditions de travail, déjà fortement dégradées par les réformes, fusions et réorganisations successives, sont aujourd’hui impactées du fait du mouvement étudiant. Dans sa stratégie d’épuisement et d’opposition systématique des personnels aux étudiants et des étudiants aux personnels (déplacement massif de cours, instabilité des services, tournées nocturnes systématiques en vue de déblocages de bâtiments), la présidence joue un jeu dangereux pour le personnel de l’UGA. D’une part, en augmentant de manière très alarmante la charge de travail de certains personnels. D’autre part, en réquisitionnant les personnels ou des agents extérieurs pour débloquer les bâtiments par la force, parfois même la nuit. Ceux-ci se trouvent mis en porte à faux avec leurs missions. La présidence orchestre une situation de confrontation dangereuse pour les personnels et les étudiants.

      Personnels de l’université, notre mission première n’est pas de nous opposer aux étudiant·e·s. La mobilisation des personnels, syndicalistes et élues mardi soir a d’ailleurs fait reculer la présidence sur l’intervention des forces de l’ordre pour évacuer le CLV occupé, et permis l’apaisement de la situation pour le moment.

      Collectivement, nous pouvons réfléchir et agir, pour ne pas se retrouver seul face aux injonctions de nos directions, et plus largement pour contrer les réformes qui nous empêchent de faire correctement notre travail. Nous vous proposons de venir en discuter à l’assemblée générale des personnels ce midi.

      Reçu par email, le 12.04.2018

    • La réforme Macron de l’université

      Alors que l’université accueille les enfants de la démocratisation scolaire, la réforme Macron permet aux établissements d’enseignement supérieur de sélectionner leurs étudiants. Défendant l’université comme lieu de formation et de recherches, S. Beaud et M. Millet invitent à s’interroger sur le sens de la poursuite d’études dans une société démocratique.

      http://www.laviedesidees.fr/La-reforme-Macron-de-l-universite.html

    • Mariage pour tous – à propos de l’#algorithme de Parcoursup

      Comment faire pour que se correspondent les préférences des étudiants et les préférences des universités ? #APB s’appuyait sur le modèle du « mariage collectif » des mathématiciens Gale et Shapley (qui marier avec qui ? peut-on rester non marié ?), dans lequel les femmes (les étudiants) proposent et les hommes (les facs) disposent. Est-ce la même chose avec Parcoursup ? Alors que les premières réponses parviennent ce 22 mai aux candidats qui y ont inscrit leurs vœux, revenons sur le problème du choix algorithmique et de ce qu’il implique.

      https://aoc.media/opinion/2018/05/21/mariage-a-propos-de-lalgorithme-de-parcoursup

    • Voici une proposition de loi enregistrée à la présidence du Sénat le 17 mai 2018 qui vise à pénaliser (jusqu’à 1 an emprisonnement, 7500 euros d’amende) les blocages des examens dans le cas d’un mouvement social :
      https://www.senat.fr/leg/ppl17-485.html

      Après l’article 431-22 du code pénal, il est inséré un article 431-22-1 ainsi rédigé :

      « Art. L. 431-22-1. - Le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité en vertu de dispositions législatives ou réglementaires ou sans y avoir été autorisé par les autorités compétentes, dans le but d’entraver l’organisation de l’examen terminal universitaire permettant d’apprécier les aptitudes et l’acquisition des connaissances mentionné à l’article L. 613-1 du code de l’éducation, est puni d’un an d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende. »

      https://www.publicsenat.fr/article/societe/des-senateurs-veulent-sanctionner-penalement-les-bloqueurs-dans-les-univ

    • Christine Jarrige : « On se dirige vers la fin du #service_public de l’#orientation_scolaire »

      Les centres d’information et d’orientation sont menacés, selon les syndicats, par un article du projet de loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », examiné cette semaine à l’Assemblée nationale. Cette réforme prévoit le transfert de leurs compétences aux régions. Christine Jarrige, conseillère d’orientation-psychologue en Seine-Saint-Denis et membre du collectif des psychologues du Snes-FSU, revient sur l’inquiétude de ses confrères.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/150618/christine-jarrige-se-dirige-vers-la-fin-du-service-public-de-l-orientation

    • Idéologique, injuste, infaisable : Parcoursup, largement refusé, va-t-il imploser ?

      La plateforme « Parcoursup » d’admission à l’Université fait l’objet de fortes critiques. Au moment où les demandes sont transmises aux universités pour réponse sous 6 semaines, de nombreux universitaires, départements, UFR et même universités entières refusent de le mettre en œuvre, soutenus par la plupart des syndicats du secondaire et du supérieur. Pourquoi ? Et si « Parcoursup » implosait ?

      https://blogs.mediapart.fr/philippe-blanchet/blog/070418/ideologique-injuste-infaisable-parcoursup-largement-refuse-va-t-il-i

    • Les universités britanniques contre la #marchandisation_du_savoir

      Au moment où, en France, le mouvement contre l’actuelle réforme de l’accès aux études supérieures prend de l’ampleur et que les blocages se multiplient, les universités britanniques connaissent une grève sans précédent. Les personnels enseignants et chercheurs protestent contre la remise en cause radicale du système des retraites. Mais ce qui se joue là, comme ailleurs, c’est d’abord une lutte contre la marchandisation du savoir, synonyme de dégradation des conditions de travail et d’appauvrissement généralisé.


      Depuis le 26 février, la quasi-totalité des universités britanniques est en grève : 65 universités sur 68 ont en effet cessé les enseignements et la recherche. Le personnel administratif et les bibliothécaires se sont joints au mouvement de protestation. Il s’agit d’une grève en défense des retraites qui concerne l’ensemble du personnel employé dans l’enseignement supérieur. Elle a été déclenchée à la suite de l’échec des négociations entre University UK (UUK), une structure indépendante qui représente les présidences des universités et Universities and Colleges Union (UCU), le principal syndicat des enseignants et du personnel administratif au sein de l’université. Une troisième partie est pour le moment restée en retrait : le Universities Superannuation Scheme (USS), qui est l’organisme chargé de gérer au quotidien les retraites dans le secteur.
      Le point de désaccord porte sur une remise en cause radicale du système des retraites. UUK, invoquant un déficit de 7 milliards d’euros de la caisse des retraites, veut mettre un terme au régime actuel. Le montant des retraites est indexé au salaire final, ce qui garantit une retraite stable et à un niveau décent (defined benefit pension). UUK veut lui substituer un système beaucoup moins favorable qui prévoit que le montant des retraites ne sera plus garanti. Celui-ci dépendra des fluctuations des marchés boursiers. Ce changement aboutit à la privatisation totale des retraites et à un appauvrissement des retraité.e.s de l’enseignement supérieur.

      L’inquiétude est réelle chez les plus jeunes collègues, chez les thèsard.e.s qui se destinent à une carrière universitaire : à quoi bon étudier longtemps dans un environnement sélectif pour toucher une retraite de misère ?
      Selon une étude de UCU, la perte en revenus serait en moyenne de 12 000 euros par an pour chaque enseignant.e. C’est une moyenne car un.e universitaire âgé.e d’une quarantaine d’années pourrait perdre entre 14 000 et 18 000 euros. Un.e maître.sse de conférences qui a débuté sa carrière en 2007 pourrait ne recevoir que 7.000 euros de retraite annuelle si le nouveau régime était adopté. Ajoutons à cela le problème du gel des salaires : ceux des universitaires n’ont augmenté que d’1 % sur les 10 dernières années. Mais le recul du pouvoir d’achat ne concerne pas tout le monde. Le dirigeant le mieux payé de UUK a perçu une augmentation de salaire de 50% en 2014. Il gagne plus d’1 million d’euros par an.
      Pour certain.es membres de la profession, ce coup de force est si désastreux qu’il remet en cause le fait même de pouvoir prendre sa retraite. L’inquiétude est réelle chez les plus jeunes collègues, chez les thèsard.e.s qui se destinent à une carrière universitaire : à quoi bon étudier longtemps dans un environnement sélectif pour toucher une retraite de misère ? Les conditions statutaires des universitaires au Royaume-Uni se sont dégradées en deux temps : à partir des années 80, leur pouvoir d’achat a sensiblement baissé. Il n’a jamais été revalorisé depuis. Dans les années 90, les méthodes du management du privé ont été introduites au motif de « professionnaliser » les pratiques (multiplication des audits et développement de la bureaucratie autour des tâches d’enseignement et de recherche, transfert de tâches administratives jusqu’alors assurées par des adminstrateur.ice.s aux universitaires). Les enseignant.e.s du supérieur doivent effectuer 35 heures de travail par semaine. Des études ont montré que si le corps enseignant s’en tenait à ce plafond légal, un tiers de leur travail hebdomadaire ne pourrait être effectué. Les universitaires travaillent donc gratuitement des centaines d’heures chaque année en connaissance de cause.
      Dans l’université britannique, en partie privatisée, il est difficile de décrocher un poste, les charges d’administration sont importantes et l’impératif de publication et d’obtention de bourses de recherche accentuent le stress général. Les conditions de travail et d’enseignement sont certes meilleures que dans la plupart des universités continentales, notamment la France (infrastructure moderne, bureau personnel, etc.). Étant données les cadences de travail et l’érosion continuelle des salaires, les retraites fixées à un niveau décent garantissent à toutes et à tous une vieillesse à l’abri du besoin. Cette réforme menace de détruire ce dernier « conquis » universitaire. D’où l’émoi et la colère générale.

      C’est sur la base de données chiffrées fallacieuses que UUK a prescrit la fin du système de retraite garantie et plongé l’université dans l’une des plus grandes crises de son histoire.
      Les universitaires britanniques sont traditionnellement peu enclin.e.s à faire grève. Mes collègues estiment que faire grève, c’est pénaliser injustement les étudiant.e.s et affaiblir leur position dans un paysage universitaire précarisé. Les postes à vie (tenured positions) sont devenus hypothétiques de nos jours. On peut perdre son emploi du jour au lendemain si l’institution considère que le département ou l’emploi lui-même n’est plus économiquement « viable ».
      Dans une évaluation contestée par UCU, UUK a affirmé que la caisse des retraites USS était en déficit à hauteur de 7 milliards d’euros. Les experts du syndicat ont estimé que ce chiffre était fantaisiste et qu’il n’y avait, de fait, aucun déficit. Une étude indépendante a montré que les recettes (paiement des cotisations) étaient supérieures aux dépenses (paiement des retraites). La majorité des contributeurs au fonds de pension USS sont dans les premières années de leur carrière. Le fond ne risque donc pas de se tarir. La question du « déficit » repose sur une hypothèse chiffrée totalement improbable : celle de la faillite et de la fermeture simultanée de l’ensemble des universités du pays. Autant dire que pour qu’une telle hypothèse se vérifie, il faudrait compter avec une attaque nucléaire sur le Royaume-Uni. C’est donc sur la base de données chiffrées fallacieuses que UUK a prescrit la fin du système de retraite garantie et plongé l’université dans l’une des plus grandes crises de son histoire.
      D’autres observateur.ice.s ont noté que le montant du « déficit » (en toute mauvaise foi invoqué par UUK) correspond au montant des réductions de cotisation des universités à la caisse des retraites depuis 20 ans. À partir de 1997, les présidences d’université ne paient plus que 1 4% du montant des salaires alors qu’autrefois elles s’acquittaient de 18,55 %. Il suffirait donc de revenir aux versements antérieurs pour retrouver un équilibre (qui existe déjà sans cela).
      Une consultation des universités a été organisée mais elle a été entachée d’irrégularités graves. Parmi les 42 % de réponses d’institutions qui souhaitaient prendre « moins de risque » (c’est-à-dire qui acceptent la privatisation des retraites), les réponses d’Oxford et de Cambridge comptèrent pour une voix chacune alors que ces institutions ne sont pas des membres individuels, mais une structure fédérale rassemblant plusieurs Colleges. Cette autre manipulation douteuse a eu pour effet de faire monter à 42 % le score des institutions favorables au projet proposé par UUK, alors que le score réel était de 33 %. UUK a décidé de passer outre les réponses largement défavorables à sa proposition et d’imposer la réforme controversée.
      Depuis le début de la grève, une vingtaine de présidents d’universités (Provosts, Chancellors ou Vice-Chancellors) ont mis en garde publiquement UUK contre une réforme des retraites qui est rejetée par l’ensemble du personnel universitaire. Certain.e.s dirigeant.e.s d’institutions avaient dans un premier temps apporté leur soutien au projet de UUK avant de changer d’avis devant l’ampleur de la colère des universitaires.

      Les piquets de grève sont fournis, combatifs et joyeux, en dépit de températures souvent glaciales.
      UUK a sous-estimé l’opposition à son projet. La grève est massivement suivie depuis un mois. Les dernières semaines de cours de l’année académique ont été annulées ou largement perturbées. Les piquets de grève sont fournis, combatifs et joyeux, en dépit de températures souvent glaciales. Les collègues organisent des teach-outs, des cours improvisés et politisés dans la rue, dans les pubs, partout où ils/elles peuvent se réfugier. Après deux semaines de grève, UUK a fait parvenir à UCU un autre projet qui a été accepté par la direction du syndicat. Soumis au vote de ses membres, ce texte, au contenu vague, a été jugé insuffisant et unanimement rejeté. Sur Twitter des hashtags sont apparus : #NoCapitulation, #RejectUUKDeal, #Solidarity ou encore #TheStrikeGoesOn.
      UUK, par sa brutalité et son arrogance, est parvenu à radicaliser et à unifier une profession traditionnellement peu combative. Le 28 mars, la direction modérée de UCU, en dépit de l’opposition de la majorité des membres, a imposé la mise au vote d’une nouvelle proposition de UUK prévoyant la mise en place d’un comité bipartite chargé de résoudre le conflit. Une fois de plus, la proposition de UUK a été jugée ambiguë et insuffisante au regard de la revendication principale des grévistes : le maintien d’un niveau de retraite garanti. Entre UUK et le monde universitaire, la confiance est totalement rompue.
      UUK a enfin mal évalué la réaction des étudiant.e.s. Ceux.lles-ci sont décu.e.s de l’annulation des cours, mais ils/elles ont bien compris les raisons de la grève : comment l’université pourrait-elle recruter des enseignant.e.s ou des chercheur.se.s de qualité en leur promettant de telles retraites ? Le premier jour de la grève, mes collègues et moi avons reçu un email de soutien très chaleureux signé par plus des deux tiers des étudiant.e.s de mon département. Des étudiant.e.s se sont joint.e.s au piquets de grève, ont apporté aux grévistes des boissons chaudes et de la nourriture ou encore ont occupé l’université nuit et jour en solidarité avec les grévistes. Nombre d’entre-eux/elles refusent la privatisation des études.

      L’université apparaît aujourd’hui comme l’un des derniers îlots de résistance dans un pays où les systèmes de retraite misérables et aléatoires sont devenus la norme.
      Le mouvement de privatisation des retraites au Royaume-Uni n’est pas nouveau. L’université apparaît aujourd’hui comme l’un des derniers îlots de résistance dans un pays où les systèmes de retraite misérables et aléatoires sont devenus la norme. Il y a 25 ans, 8 millions de salarié.e.s bénéficiaient de retraites indexées sur le salaire final. Aujourd’hui, près de 6 millions ont des retraites soumis aux aléas des marchés boursiers. Si les salarié.e.s savent ce qu’ils/elles versent à leur caisse de retraite, ils/elles ne peuvent connaître le montant réel de leur retraite quand ils/elles cesseront leur activité professionnelle.
      Cette évolution s’explique par l’affaiblissement des syndicats dans le secteur privé à partir des années 80. Les employeurs ont profité du nouveau rapport de force pour progressivement baisser le montant de leur cotisation et accroître leurs gains. Les retraites qui dépendent des cotations en bourse coûtent moins cher à l’employeur puisque sa cotisation est largement réduite. On estime qu’un employeur contribue en moyenne à hauteur de 15 % des revenus dans un système de retraite garanti, contre seulement 3 % dans un système privatisé. Les risques sont maintenant presque totalement transférés aux salarié.e.s. Mieux vaut, dans ces conditions, ne pas prendre sa retraite pendant un cycle de récession économique ou après un krach financier comme celui de 2008.
      À partir des gouvernements Thatcher, la machine de propagande s’est mise en marche : les retraites à montant garanti seraient trop « généreuses » et trop « onéreuses ». En outre, la privatisation des retraites a été présentée comme une « liberté » accordée aux travailleur.se.s. Les salarié.e.s. pourraient choisir de confier leur argent à des fonds de pension qui auraient à cœur d’investir dans les « meilleurs » portefeuilles d’action. Cette « liberté » est bien sûr une illusion totale étant donnée la complexité des choix à opérer. Dans la plupart des cas, les individus s’en remettent aveuglément aux décisions opaques des fonds de pension. Autrement dit, les salarié.e.s jouent leur argent et leur retraite à la roulette.
      Le secteur public, sous la pression des conservateurs et de la presse de droite (et avec l’aval du New Labour de Tony Blair) s’est peu à peu aligné sur le privé. L’argument est bien rodé : en temps de crise économique, les salaires du privé et du public sont quasiment identiques. Le personnel du public, qui bénéficie (en principe) de la sécurité de l’emploi, jouirait de retraites « généreuses » qui seraient devenues « injustifiables » auprès des contribuables britanniques. Il s’agit donc de niveler par le bas et de donner à tous et toutes des retraites de misère.
      La remise en cause des retraites des universitaires participe d’une tentative de transformation générale de l’enseignement supérieur ; une transformation de son fonctionnement, mais aussi de ses objectifs principaux. Les frais de scolarité, introduits en 1998 par Tony Blair, sont plafonnés aujourd’hui à 10.000 euros par an (£9.250). Les présidences d’université les plus riches et prestigieuses (Oxford, Cambridge, Imperial College, UCL, LSE, etc.) souhaitent depuis plusieurs années que ce plafonnement légal soit retiré. Il s’agirait alors, dans la logique de la Ivy League étatsunienne, de fixer des frais d’inscription aussi élevés que les familles les plus riches seraient disposées à payer. Les universités moins réputées devraient se contenter de frais de scolarité inférieurs, ce qui aurait pour effet de davantage creuser les inégalités de ressource entre universités de renommée internationale et le reste des établissements.
      La marchandisation rampante et le consumérisme estudiantin sont le fruit de décisions politiques prises au cours des trente dernières années et qui ont culminé avec la publication du Higher Education and Research Act de 2017. Le gouvernement conservateur a alors officiellement reconnu que l’université n’était plus seulement un lieu d’apprentissage critique et de travail intellectuel, mais aussi un espace marchand dans lequel divers pourvoyeurs de services (les universités) sont en compétition pour gagner les ressources disponibles (financement de l’État, bourses de recherche et frais d’inscription payés au prix fort par les étudiant.e.s).

      Certain.e.s étudiant.e.s ont le sentiment d’acheter un diplôme et ces « client.e.s » attendent de leur institution qu’elle accomplisse avec professionnalisme et célérité ses devoirs à leur égard.
      La question des frais d’inscription a radicalement changé les mentalités au sein de l’université. Certain.e.s étudiant.e.s ont le sentiment d’acheter un diplôme. Ces « client.e.s » attendent de leur institution qu’elle accomplisse avec professionnalisme et célérité ses devoirs à leur égard : un professeur par trop « exigeant » dans ses notations ou sur le plan de la charge de travail sera parfois critiqué par des étudiants. Les demandes de rencontres personnalisées (one to one tutorials) se multiplient. Des étudiant.e.s attendent une réponse rapide à leurs emails, y compris le weekend. Cette pression générale culmine avec la publication annuelle du National Student Survey, introduit en 2005. Ce questionnaire est rempli en ligne. Le gouvernement souhaite savoir si ces « étudiant.e.s-consommateur.ice.s » sont « satisfaits de leur expérience » universitaire. Aucun des « services » n’est laissé à l’écart : qualité des enseignements, disponibilité du corps enseignant, célérité dans la remise des devoirs écrits, qualité du feedback, des services administratifs, de l’infrastructure mais aussi, last but not least, qualité des services « récréatifs » sur le campus (sociétés savantes, sports, activités culturelles, conférences, voyages, etc.).
      Il suffit, dans un département, qu’une poignée d’étudiant.e.s « déçu.e.s » note sévèrement ces services pour que la note générale baisse fortement. Mon département en sciences sociales et politiques européennes a connu cette mésaventure il y a deux ans après avoir obtenu des scores élevés les années précédentes. Pourtant, le personnel enseignant et administratif était le même et notre enthousiasme à la tâche identique. Avec le chef de département, j’ai été convoqué par des bureaucrates de l’université à de nombreuses réunions où nous étions censés expliquer les raisons de cette « chute ». Nous devions proposer des mesures pour veiller à ce que cette « contre-performance » ne se renouvelle pas. Nous étions conscients que ces résultats tenaient au mécontentement ponctuel d’une minorité active, et nous n’avions aucune mesure académique à proposer pour y remédier. Nous avons dû cependant jouer le jeu et promettre des « réformes ». L’une d’entre elles consistait à inviter nos étudiants de dernière année à boire un verre au pub (aux frais du département) une fois par mois pour « discuter dans un cadre amical de questions en rapport avec les enseignements ». Cette proposition démagogique fut accueillie très favorablement par les bureaucrates de mon institution. Cette année-là, le taux de satisfaction des étudiant.e.s atteignit un niveau record.
      On peut, à ce stade, se demander pourquoi les président.e.s d’université maltraitent des employé.e.s qualifié.e.s dont ils/elles ont le plus grand besoin pour maintenir la bonne réputation de leur établissement. La raison est aussi simple qu’insidieuse : pour pouvoir être accueillantes, modernes et richement dotées en services divers, les universités ont besoin d’énormément d’argent. Il faut sans cesse construire de nouveaux bâtiments pour accueillir un nombre d’étudiant.e.s qui ne cesse de croître (une source de revenu phénoménale), et embaucher des administrateur.ice.s souvent mieux payé.e.s que les universitaires, qui vont veiller à ce que « l’expérience estudiandine » soit good value for money (bon rapport qualité-prix).
      Il faut aussi noter que les président.e.s d’université, pour la plupart issu.e.s du privé, perçoivent des salaires et des avantages en nature qui sont comparables à ceux des dirigeants de multinationales. On assiste donc à une course à la dépense : chaque université essaie d’attirer des candidat.e.s en leur vantant des degrees de rêve sur des brochures luxueuses. La course à la dépense entraîne une autre course : celle à l’emprunt. On estime que les universités britanniques ont emprunté près de 4 milliards d’euros depuis 2016 ; une somme énorme comparée aux 30 milliards de recettes annuelles de l’ensemble des universités britanniques.
      Les universités sont donc lourdement endettées. On peut même parler de « bulle toxique » d’endettement similaire à celle qui a prévalu dans le système bancaire pré-2008. Ayant besoin de cash, les présidences d’universités les plus « compétitives » ont compris que si elles parvenaient à se délester de leur responsabilité financière en matière de retraite, elles pourraient emprunter davantage auprès des banques pour continuer d’investir… dans la pierre.
      Enseignant.e.s, chercheur.se.s, personnel administratif et étudiant.e.s sont réuni.e.s dans une lutte contre la marchandisation du savoir, synonyme de dégradation des conditions de travail et d’appauvrissement généralisé. Il est impossible de prédire quelle sera l’issue de ce conflit, mais une chose est déjà acquise à ce stade : cette grève est le symptôme d’un mal profond qui ronge l’un des meilleurs systèmes universitaires du monde. Ce mal s’appelle la précarisation (surtout celle des jeunes collègues avec la prolifération des contrats à durée déterminée), l’absence de démocratie et de transparence dans l’institution, l’absurde bureaucratisation des tâches enseignantes et de recherche ou encore la perte progressive d’autonomie d’une profession qui ne peut être utile à la société que si elle est protégée de la cupidité capitaliste.

      https://aoc.media/opinion/2018/04/03/universites-britanniques-contre-marchandisation-savoir
      #UK #Angleterre

    • Lettre des Enseignants non titulaires UFR 09 de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, reçue via email, le 12.05.2018.

      Chers et chères collègues,

      L’assemblée générale des enseignants non titulaires de l’UFR 09 de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne réunie le 11 mai 2018 s’associe aux demandes qui ont été faites de la tenue d’une AG de l’UFR la semaine prochaine afin d’aborder à la fois la question des modalités d’évaluations des étudiants et les réformes actuelles de l’université.
      Nous revendiquons le droit de participer à la prise de décision. Dans le cas contraire, nous nous réservons le droit de ne pas participer aux examens.

      Afin d’ouvrir le débat et en vue de cette AG, nous vous prions de trouver ci-dessous un texte d’analyse et de prise de positions de l’assemblée générale des enseignants non titulaires de l’UFR 09 réunie le 11 mai.

      « Le mouvement contre la loi ORE et contre Parcoursup n’est pas seulement un mouvement qui concerne les candidats à l’entrée à l’Université. Il concerne l’ensemble des personnels de l’enseignement
      supérieur et de la recherche. En effet, cette réforme s’inscrit dans une
      longue tendance de diminution des moyens attribués à notre
      administration, de privatisation progressive de l’enseignement
      supérieur, de suppression du cadre national des diplômes, c’est-à-dire
      de la reconnaissance des qualifications par les employeurs à travers les
      conventions collectives. Elle s’inscrit aussi dans le mouvement plus
      général d’attaques de la fonction publique et du statut des
      fonctionnaires, et, pour ce qui nous concerne plus particulièrement, de
      privatisation rampante de l’éducation nationale et de l’enseignement
      supérieur et de la recherche et de la mise en cause des concours de
      recrutement des enseignants.

      Les universités connaissent, depuis au moins une dizaine d’année,
      c’est-à-dire au moins depuis le passage à la RCE^1
      <https://mail.google.com/mail/u/1/#m_-1151261675030741013_m_1533638842899132911_m_5854701268593517903_sdf> élargies
      de profonds changements. La loi LRU de 2007, du fait de l’autonomie
      budgétaire, a été le moyen pour le ministère de l’enseignement supérieur
      et de la recherche, et en réalité derrière lui pour le ministère du
      budget, de faire endosser aux universités les conséquences des manques
      de moyens financiers accordés par l’État. Ce qui a eu pour effet, la
      suppression de postes à l’université et dans la recherche (à Paris 1,
      cette année 36 % des postes vacants d’enseignants-chercheurs ont été
      gelés) le triplement du nombre d’agents contractuels, la diminution des
      moyens rapportés à chaque étudiant (pour rappel, les dépenses engagées
      par un étudiant en classe préparatoire sont en moyenne de 15 052 euros
      par an et de 10 576 euros pour un étudiant à l’université).

      Cette nouvelle réforme de l’université vise à diminuer une nouvelle fois
      les moyens attribués à l’enseignement supérieur public. En effet, alors
      que le nombre de jeunes en âge d’entrer à l’université a augmenté, du
      fait de la croissance démographique de la fin des années 1990 et du
      début des années 2000 et de l’augmentation de la proportion de jeunes
      obtenant le baccalauréat, les différents gouvernements successifs ont
      fait le choix de ne pas augmenter les moyens alloués à notre secteur. Il
      est tout à fait possible de créer les places nécessaires pour accueillir
      ces candidats. Cela a été fait pour la rentrée 1969 avec, par exemple,
      la création de trois nouvelles universités expérimentales (Vincennes,
      Dauphine et Luminy). Le plan U 2000 lancé en 1991 constitue un autre
      exemple de création de places et d’établissements pour absorber la
      croissance démographique étudiante. Ce plan national a constitué une
      masse globale d’investissements de 40,3 milliards de francs sur neuf
      ans. Il a permis la construction de 3,5 millions de mètres carrés de
      nouveaux bâtiments universitaires et huit nouvelles universités en
      France dont quatre en Île-de-France (Évry, Cergy, Marne-la-Vallée,
      Versailles-Saint-Quentin). Parcoursup n’est pas qu’une solution
      technique aux dysfonctionnements d’APB, qui étaient dus à la saturation
      du système. Elle vise à faire endosser par les universités les choix
      budgétaires du gouvernement.

      À Paris 1, on assiste à une diminution du nombre
      d’enseignants-chercheurs titulaires ainsi que du nombre de doctorants
      contractuels, à des sur services de plus en plus importants, à un
      accroissement du recours aux vacataires pour assurer des charges
      d’enseignements. Pour prendre l’exemple de l’histoire médiévale, il y
      avait en 2010-2011 41 titulaires et contractuels temps plein (7 rang A,
      15 rang B, 1 PRAG, 4 ATER à temps complet et 14 moniteurs) pour 580
      étudiants en L1. En 2016-2017, il n’y avait plus que 29,5 titulaires et
      contractuels temps plein (5 rang A, 15 rang B dont 3 IUF - soit
      l’équivalent de 13 rang B temps plein, 1 PRAG, 1,5 ATER et 9 moniteurs)
      pour 785 étudiants en L1. Les TD sont passés pour les mêmes années de 24
      à 35 étudiants avec, par ailleurs, un recours de plus en plus
      systématique à des vacataires. Pour les fondamentales en histoire en L1
      et L2, les TD assurés par des vacataires représentent l’équivalent de
      897 heures (4 postes ½ d’ATER temps plein ou de maître de conférence)Ces
      choix budgétaires conduisent également à un manque chronique de
      personnel administratif, à la fermeture de la BIS le samedi (1^er
      semestre 2016-2017) qui s’est transformée en ouverture sans
      possibilité de commander des ouvrages ce jour-là, à une augmentation des
      tarifs d’entrée à la BIS pour les chercheurs qui ne sont pas de nos
      universités. Pour les étudiants, cela se traduit par des TD de plus en
      plus chargés, un manque de place dans nos bibliothèques, un nombre de
      manuels de base trop peu importants rapportés au nombre d’étudiants.

      Cette réforme ne sera pas la dernière de l’université. Nous savons que
      d’ici quelques semaines ou quelques mois au plus, sera sur la table une
      réforme qui aura pour conséquence l’accroissement de « l’autonomie » des
      universités, la suppression du diplôme de la licence remplacé par une
      addition de modules ; la fin de l’obligation des 1 500 heures
      d’enseignement pour une licence ; le développement des enseignements
      appelés non présentiels qui aura pour effet la forte diminution du
      nombre d’heures de cours magistraux ; la modulation des frais
      d’inscription des étudiants en fonction du nombre de modules et en
      fonction du choix qu’ils feront entre des enseignements à distance,
      c’est-à-dire seuls derrière leur écran, et des enseignements réalisés en
      classe en face d’un enseignant ; l’augmentation des frais d’inscription
      (à titre d’exemple, les masters Vidal à Nice, dont les montants des
      frais d’inscription s’élèvent à 4 000 euros) ; la possible suppression
      de la distinction entre les CM et les TD ; la suppression des partiels
      de fin de semestre ; des modalités d’évaluations qui ne seraient plus
      définies nationalement. Les diplômes modulaires auront pour conséquence
      de détruire le cadre national des diplômes (niveau de qualification
      reconnu dans les conventions collectives et donnant droit à un salaire
      supérieur au SMIC) et d’augmenter les droits d’inscription (pour les DU,
      les droits d’inscription sont librement fixés par chaque université).
      Pour les personnels, BIATSS, la gestion des parcours individualisés et
      des blocs de compétences mènera à un surcroît de travail et de stress.

      Cette réforme fait par ailleurs partie d’une attaque contre l’éducation
      nationale : la réforme du baccalauréat général, en détruisant les trois
      filières existantes, en supprimant le caractère national de ce diplôme,
      va lui-aussi accroître les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur
      des lycéens. Nous le savons depuis des années, et en particulier depuis
      la réforme de 2009, qui a modifié les concours de recrutement, ceux-ci
      sont en danger. Il est certain que le nombre de postes offerts au
      recrutement va continuer à diminuer^2
      <https://mail.google.com/mail/u/1/#m_-1151261675030741013_m_1533638842899132911_m_5854701268593517903_sdf>.
      Par ailleurs, les carrières d’enseignants n’attirent plus, à la fois du
      fait de la faiblesse des salaires, due à la non revalorisation du point
      d’indice et la non revalorisation des salaires des enseignants en
      particulier, et du fait de la dégradation des conditions de travail.
      Dans le même temps, on observe le recours croissant aux enseignants
      contractuels (l’an prochain l’académie de Versailles a prévu de recruter
      600 professeurs contractuels). Cela nous concerne directement, d’abord
      peut-être car, pour beaucoup nous sommes certifiés ou agrégés, et que
      pour certains d’entre nous, nous avons exercé ou exercerons dans le
      secondaire ; enfin aussi, car la préparation à l’agrégation et au CAPES
      est l’une des formations importantes de notre UFR et que la bibliothèque
      Lavisse est la bibliothèque de l’agrégation, tout comme les oraux se
      préparent à l’institut de géographie et à la BIS.

      Nous, ATER, doctorants contractuels ayant une mission d’enseignement,
      vacataires, sommes opposés aux réformes en cours qui entraîneront la
      destruction du métier que nous désirons exercer et pour lequel nous
      avons consacré plusieurs années de formation et nous nous déclarons
      opposés aux transformations des modalités d’entrée à l’université. Nous
      nous associons à ce mouvement, et appelons tous nos collègues,
      non-titulaires et titulaires, et tous les étudiants de notre université
      à entrer dans la lutte.

      C’est pourquoi, nous soutenons les étudiants et les personnels mobilisés
      de Paris 1 et de l’ensemble des universités françaises.

      Saisissons nous de cette occasion pour nous opposer à la mise en
      concurrence généralisée, et, ainsi défendre, ensemble, nos conditions de
      travail, nos conditions d’étude et notre avenir.

      En conséquence de quoi, nous portons les revendications suivantes :

      /La loi ORE/

      Nous demandons l’abrogation de la loi ORE. En effet, l’offre de
      formation universitaire doit s’adapter au nombre de jeunes ayant obtenu
      le baccalauréat et désirant suivre une formation supérieure à
      l’université, et, autant qu’il est possible, dans les filières
      auxquelles ils aspirent.

      Cela implique l’accroissement du nombre de places dans l’enseignement
      supérieur, et en particulier dans les IUT, afin que les bacheliers issus
      des filières professionnelles et technologiques puissent aussi y avoir
      accès, et, plus généralement, dans les filières dites en tension. La
      sélection ou bien le tirage au sort ne sont pas la solution à la
      croissance démographique.

      Nous sommes favorables à la mise en place de mesures d’accompagnement
      des étudiants entrant à l’université et dont le niveau n’est pas
      suffisant pour suivre le cursus qu’ils ont choisi.

      Immédiatement, nous demandons que les candidats puissent classer leurs
      vœux sur Parcoursup. Il est, en effet, tout à fait possible de demander
      aux 800 000 candidats de se connecter sur la plateforme et de
      hiérarchiser leurs 10 vœux, comme ils l’auraient fait avec Admission
      Post Bac en 2017. Une fois ces vœux hiérarchisés, il sera possible de
      déterminer les formations dans lesquelles il manque des places pour que
      l’ensemble des bacheliers puisse être affectés sur leur premier vœu
      universitaire. Cette hiérarchisation permettra d’une part de limiter les
      listes d’attente dans tous les secteurs (universitaire comme STS et
      CPGE), et d’autre part d’éviter que les 20 % de « meilleurs » bacheliers
      monopolisent les places en leur proposant « seulement » le vœu qu’ils
      auront classé premier.

      /
      /
      /Accroissement des moyens de l’université/

      Nous demandons l’augmentation du budget du ministère de l’Enseignement
      supérieur et de la recherche afin d’améliorer les conditions matérielles
      d’étude des étudiants. Ce qui implique la construction de locaux
      supplémentaires, l’augmentation des dotations des bibliothèques,
      l’augmentation du nombre d’enseignants-chercheurs titulaires de la
      fonction publique, ainsi que du personnel administratif et technique,
      lui aussi recruté sous le statut de fonctionnaire d’État. L’embauche de
      personnels administratifs doit permettre de décharger les enseignants
      chercheurs autant que possible et améliorer les conditions de travail
      des agents administratifs confrontés à l’alourdissement de leur charge
      de travail et à l’intensification de celui-ci.

      Nous sommes début mai, il reste le temps, comme en 1968, de déclencher
      un plan d’urgence pour la rentrée prochaine en créant les places
      (c’est-à-dire les postes et les mètres carrés) permettant d’affecter un
      maximum de bacheliers sur leur premier vœu.

      /Amélioration des conditions matérielles des salariés de l’université : /

      Nous demandons la revalorisation de nos rémunérations qui doit passer
      par l’augmentation du point d’indice pour tous les fonctionnaires, et
      aussi par une augmentation de la rémunération des jeunes chercheurs.

      Outre l’augmentation du nombre de postes, qui doit passer par un dégel
      des postes de fonctionnaires, nous demandons la titularisation ou la
      CDIsation des personnels en CDD.

      Nous nous opposons à toute remise en cause du statut des enseignants
      chercheurs dont nous savons que le ministère de l’ESR n’a pas renoncé à
      sa transformation, malgré sa défaite partielle de 2009.

      /Revendications spécifiques aux doctorants et aux enseignants non
      titulaires/

      Nous soutenons les revendications portées par le mouvement de
      mobilisation des doctorants, et en particulier la mensualisation du
      traitement des vacataires ; l’élargissement de l’exonération des frais
      d’inscription pour les doctorants de Paris 1 qui sont aussi vacataires
      de l’université et l’exonération pour les doctorants sur critères
      sociaux ; le remboursement des frais de transport pour les vacataires et
      sur critères sociaux pour les autres doctorants ; amélioration des
      conditions matérielles de travail ; augmentation des financements de
      thèse (contrats doctoraux et postes d’ATER pour que les doctorants
      soient rémunérés pour le travail.

      /Plan licence à venir/

      Nous exigeons le maintien de la licence comme examen national et
      qualifiant, d’un contenu disciplinaire en présentiel de 1500 heures
      minimum.

      Nous demandons le respect des statuts des enseignants chercheurs :
      comptabilisation des heures sur la base du présentiel (avec maintien de
      la distinction CM/TD), modulation seulement sur demande de
      l’enseignant-chercheur (cette demande expresse restant le seul acquis
      obtenu lors des négociations de 2009 sur le statut des EC). »

      /L’assemblée générale des enseignants non titulaires de l’UFR d’histoire
      de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne réunie le 11 mai 2018./

      1
      <https://mail.google.com/mail/u/1/#m_-1151261675030741013_m_1533638842899132911_m_5854701268593517903_sdf
      s’agit de compétences budgétaires et de gestion des ressources humaines
      (recrutement d’agents contractuels et gestion des primes, répartition
      des obligations de services et création de dispositifs d’intéressement)

      2
      <https://mail.google.com/mail/u/1/#m_-1151261675030741013_m_1533638842899132911_m_5854701268593517903_sdf
      2017, 7 315 postes étaient ouverts pour l’ensemble des CAPES dont 680 en
      histoire-géographie et 1920 postes pour toutes les agrégations, dont 90
      en histoire. En 2018, 5 833 postes étaient ouverts pour l’ensemble des
      CAPES, dont 540 en histoire ; pour l’agrégation les chiffres étaient de
      1 555 dont 72 en histoire.

    • Où va le train des réformes de l’université ?

      Edith GALY, Enseignante-Chercheure à l’Université Nice Sophia-Antipolis et Bruno DAUVIER, Enseignant-Chercheur à Aix-Marseille Université vous livrent leur analyse concernant la mutation importante que subit le paysage universitaire depuis quelques mois, participant d’un changement radical de vision de l’université.

      https://blogs.mediapart.fr/edith-galy/blog/120518/ou-va-le-train-des-reformes-de-luniversite

    • Universités : non à l’éviction politique des professeurs non-titulaires !

      Les professeur.e.s « non-titulaires » (précaires aux statuts divers) sont plus d’un tiers des enseignant.e.s dans les universités. Plus mobilisé.e.s que les titulaires contre Parcoursup et la loi ORE, elles/ils sont tenu.e.s à l’écart des consultations internes. La motion des professeur.e.s non titulaires de l’UFR d’histoire de Paris 1 Panthéon-Sorbonne évoque ce problème dans un texte magnifique.

      https://blogs.mediapart.fr/jerome-valluy/blog/130518/universites-non-leviction-politique-des-professeurs-non-titulaires

    • Parcoursup, le niveau qui baisse et la théorie des mariages stables (Partie 1/2).

      Le moment est propice à un mouvement offensif de refondation de l’Université, dans un retour aux sources [1]. Comment, à partir de nos pratiques, repenser l’institution sociale dédiée à la production, à la transmission, à la critique et à la conservation des savoirs ? Comment reprendre possession de nos métiers et, simplement, faire ? Ce point de vue, stratégique et fondateur, à l’opposé de toute tentation réactionnaire faisant miroiter un âge d’or auquel il s’agirait de revenir, nous avait jusqu’à présent retenus de formuler une analyse des réformes du baccalauréat et de la licence. Pourquoi s’opposer à une loi sur le mode du “non à…” quand il y a pareille nécessité à tout recommencer, à tout reconstruire, à tout ré-instituer à partir de l’idée même d’Université ? N’est-il pas temps qu’une coordination des universitaires voie le jour, qui porte les exigences d’une pareille auto-institution ?

      Les textes critiques consacrés à ParcourSup et à la loi Vidal [2] laissent pendantes plusieurs questions importantes, auxquelles nous consacrerons un billet en deux parties — mais trois points :

      Les algorithmes qui sous-tendent les systèmes APB et ParcourSup sont radicalement différents. Que nous apprend leur comparaison sur l’idéologie des hauts-fonctionnaires qui ont conçu ParcourSup et sur leurs capacités de mise en œuvre ? Que va-t-il se passer lors du crash-test en conditions réelles, la dernière semaine de mai ?
      La loi Vidal suscite l’adhésion d’une partie significative des universitaires, insoupçonnables de croire aux éléments de langage indigents propagés du ministère aux militants d’En Marche en passant par les bureaucraties universitaires [3]. Dès lors, à quels problèmes réels pensent-ils que cette loi répond ? Comment poser correctement les problèmes du niveau des étudiants et des rapports entre Université et grandes écoles ?
      Les réformes en cours ne sont pas des mesures techniques puisqu’elles ont été théorisées dès le rapport Aghion-Cohen de 2004 [4]. Dès lors, il devient primordial de remettre ces mesures en perspective par rapport au projet global de mutation du système universitaire, d’essence néolibérale.

      Ce qui a buggé dans APB, ce n’est pas le logiciel, mais bien l’Etat. — Cédric Villani

      Le passage du système APB [5] au système ParcourSup traduit une tentative de plateformisation gestionnaire de l’Etat, ici pour orienter les bacheliers dans les filières d’enseignement supérieur. De prime abord, il s’agit d’affecter au mieux 887 681 étudiants dans 13 200 formations, ce qui constitue un problème d’optimisation bien posé en théorie des jeux : le “problème des mariages stables”. Sa résolution nécessite d’avoir posé au préalable les critères en vertu de quoi l’optimisation est opérée, c’est-à-dire le choix politique, l’idéologie. Dans le système APB, les candidats formulaient des vœux ordonnés. L’affectation y était faite de sorte à optimiser globalement les formations proposées aux étudiants selon l’ordre de préférence qu’ils avaient au préalable spécifié, en suivant le meilleur algorithme connu pour le problème des mariages stables : celui conçu par Gale et Shapley en 1962. Ainsi, APB a pu réussir à attribuer un vœu à 4 étudiants sur 5 dès le premier tour, témoignant de la puissance de l’algorithme pour remplir l’objectif politique assigné.

      A l’évidence, la plateforme ParcourSup ne vise pas le même objectif puisqu’elle repose sur les règles suivantes :

      Les candidats ne classent plus leurs vœux mais fournissent des éléments d’appréciation de leur “capital humain” (notes scolaires, lettres de motivation, CV, lycée d’origine, hobbies, etc., ce qui fournit des indications claires sur leur milieu social). [6]
      Les universités sont dotées d’outils de classement des candidats, locaux et opaques, permettant de contourner la loi Informatique & Liberté, qui prohibe toute décision fondée sur un algorithme aveugle.
      Les résultats seront donnés de manière synchrone et les choix des candidats se feront “au fil de l’eau”.

      ParcourSup est en premier lieu une entreprise de contrôle des subjectivités, conforme à la théorie du capital humain [7]. Ce contrôle passe par un système de normes produites par la techno-bureaucratie et qu’il s’agit de faire intégrer aux universitaires, aux étudiants et à leurs familles : il s’agit de les occuper — au sens commun comme au sens militaire. En imaginant que l’on puisse classer un candidat en passant 5 minutes sur son dossier, le classement des 7 millions de vœux déposés sur ParcourSup consommerait en pure perte deux siècles de travail — 80 000 journées de 7 h. On réalise alors que le CV et les lettres de motivation ne serviront pas à classer les candidatures : elles ne sont exigées que pour imposer l’image d’un recrutement professionnel et faire disparaître le baccalauréat comme certification nationale ouvrant droit aux études universitaires. L’anxiété que ces éléments aussi absurdes qu’inutiles ont générée dans les familles des lycéens a donc été pensée pour marquer les esprits.

      Si la plateforme ParcourSup ne repose plus, à l’évidence, sur la maximisation du niveau de satisfaction des bacheliers vis-à-vis de leurs vœux, puisque les vœux n’y sont plus ordonnés, elle ne repose pas plus sur une optimisation du niveau de satisfaction des formations — qui eût permis l’utilisation du même algorithme de Gale et Shapley. La raison est fort simple : toutes les formations ont intérêt, pour leur propre logique d’appréciation, à attirer les mêmes étudiants. Dès lors, la probabilité est forte qu’un candidat en tête d’un classement réalisé pour une formation le soit également dans les classements de toutes les autres formations dans lesquelles il aura déposé des voeux. La pondération de différents critères entre les formations n’affectera que marginalement ce fait. Le jour où les candidats recevront leurs réponses, l’élite scolairement et socialement dominante sera donc mécaniquement sélectionnée pour la quasi totalité des places disponibles : winners take all. Parions, en vertu du principe de Pareto, que 20% des candidats monopoliseront 80% des places disponibles au soir du 22 mai, provoquant un mouvement d’angoisse à quelques semaines du bac et un mouvement de fuite des mieux dotés en “capital humain” vers les formations privées, chères et de très mauvaise qualité. Les candidats non retenus seront placés dans des files d’attente qui seront résorbées avec des temps de réponse de 7 jours du 22 mai au 25 juin, de 3 jours du 26 juin au 20 août et de 1 jour à partir du 21 août. Selon toute probabilité, un candidat moyen devra attendre longtemps pour se voir proposer un de ses vœux, qui n’a qu’une faible chance d’être la formation la plus désirée, le conduisant à un choix par défaut.

      Il existe un palliatif risqué pour atténuer la taille des files d’attente : surbooker les filières en pariant sur le nombre de candidats qui refuseront la proposition. En vertu du principe de Murphy — tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera mal — plus les responsables du tri sélectif se croiront astucieux et pratiqueront la spéculation et plus le chaos s’installera. Si les commissions de tri visent trop bas, elles risquent le “sousbooking” et si elles visent trop haut, le surbooking.

      En résumé, la plateforme ParcourSup a remplacé l’algorithme APB d’optimisation de la satisfaction des étudiants vis-à-vis de leurs vœux par une usine à gaz bureaucratique et chronophage. Elle agit comme un révélateur de l’idéologie hégémonique : l’ensemble du dispositif se focalise sur les “meilleurs étudiants” qu’il s’agit d’attirer dans les “meilleurs formations”. Cette fiction du “premium” est obtenue en dégradant ce qui est proposé au plus grand nombre : explosion des délais d’attente, encouragement à fuire vers les formations médiocres du privé, rejet de l’idée d’un optimum de satisfaction collective, solution de “mariage” étudiant/formation sous-optimale. Elle agit également comme révélateur de l’absence de formation à la recherche des hauts-fonctionnaires ministériels, qui ignorent manifestement tout des conditions d’expérimentation qui eussent permis à la plateforme de ne pas optimiser… le mécontentement général et la dégradation de l’Université.

      [1] Des grandes écoles se vantant d’être sélectives mais souffrant de demeurer invisibles dans l’inepte classement de Shanghai opèrent le mouvement inverse, se contentant d’usurper le label “université”, comme si ce changement cosmétique pouvait leur conférer la grandeur de celle-là…

      [2] Les enjeux cachés de la réforme du bac. Stéphane Beaud
      La réforme Macron de l’université. Stéphane Beaud et Mathias Millet
      ParcoursUp, une réforme conservatrice.Romuald Bodin et Sophie Orange
      Sélection à l’université : idées fausses et convergences inattendues. Philippe Coulangeon
      "En marche" vers la destruction de l’université. Eric Berr et Léonard Moulin
      Les étudiants livrés au marché de l’anxiété. Annabelle Allouch
      Tribune-pétition de soutien aux étudiants. Collectif
      Diaporama de réponse de Sauvons l’Université. Laurence Giavarini, Élie Haddad et Valérie Robert

      [3] Dans un premier temps, les éléments de langage à répéter en boucle étaient : “Etre contre ParcoursUp, c’est être pour le tirage au sort.”, “Nous investissons un milliard dans l’Université.”, “Ce n’est pas une sélection, c’est une orientation qui met l’étudiant au cœur du système.”, “Les examens, c’est la sélection par l’échec.”, “Il faut arrêter la désinformation.”, etc. Le perroquet doit maintenant disqualifier le mouvement étudiant : “Le mouvement est minoritaire et vient d’agitateurs professionnels politisés.” “Cette minorité prend en otage pour planter les partiels.”, “Des éléments violents”, “Rien de commun avec 68 où il y avait un vrai rêve ; en 2018, il y a une véritable angoisse à laquelle il faut répondre par plus de pédagogie”.
      Contredire ces mots d’ordre nécessiterait un travail à temps plein. Prenons un exemple. Pour connaître le budget de l’Université, il convient de regarder dans les jaunes budgétaires jaunes budgétaires, non l’enveloppe budgétaire globale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (qui augmente pour financer le déplafonnement du Crédit d’Impôts Recherche) mais les programmes 150 et 231. Il apparaît alors que ce budget est passé de 13,01 milliards € à 13,19 milliards € entre 2017 et 2018, sans prendre en compte de possibles annulations de crédits en fin d’année. Cette différence correspond exactement à l’inflation. Du milliard annoncé il n’existe pas le plus petit centime. Pour plus d’information, on pourra se reporter au diaporama de réponse de Sauvons l’Université.

      [4] www.groupejeanpierrevernant.info/RapportCohenAghion.pdf
      voir aussi
      www.groupejeanpierrevernant.info/SlidesAghion.pdf

      [5] Dossier de presse d’APB

      [6] Cette règle a fait la fortune d’officines douteuses de coaching en orientation.

      [7] Nous allons consacrer le troisième volet de notre synthèse sur le néolibéralisme à la théorie du capital humain.

      http://www.groupejeanpierrevernant.info/#Parcoursup1

      #APB #algorithme

    • Quand Parcoursup généralise l’#arbitraire social, les étudiants ont raison de se révolter

      Ils pérorent sur la faible mobilisation contre Parcoursup et ses « agitateurs professionnels ». Mais ils n’en sont pas moins inquiets. Certes, toutes les universités ne voient pas leur fonctionnement régulier scandé par des assemblées générales, des cours alternatifs, des blocages bien pacifiques et des déblocages souvent violents. Certes, ce sont davantage dans les départements de lettres et de sciences sociales que les étudiants se mobilisent. Il n’en reste pas moins que cette mobilisation est significative, et la stratégie du gouvernement pour l’endiguer en témoigne.

      L’heure est à la disqualification du mouvement. Tantôt en l’infantilisant, les « examens en chocolat » que réclameraient les étudiants mobilisés ont les mêmes accents que ceux qu’utilisait le gaullisme finissant il y a cinquante ans (le mouvement décrit à ses débuts comme le prurit d’étudiants oisifs). Tantôt en activant les peurs que peut susciter, lors de toute effervescence sociale, la vision de « dégradations » dans des locaux universitaires dont on oublie qu’ils étaient avant le mouvement souvent dégradés (cf. Tolbiac).

      Au-delà de la répression dont il est l’objet, le mouvement contre Parcoursup est significatif aussi parce qu’il témoigne d’une #prise_de_conscience de la grande transformation de l’enseignement supérieur à l’œuvre. Car, derrière Parcoursup, il y a un train de réformes délétères que le gouvernement veut faire passer dans la foulée : redéfinition de la licence, qui la videra d’une partie de ses contenus disciplinaires, limitation de l’accès au master pour les étudiants qui obtiendront ces peaux d’âne dans des « universités Potemkine », dualisation accrue de l’enseignement supérieur avec l’émergence de dix universités d’#excellence et la transformation subséquente des autres en quasi-collèges universitaires, augmentation massive des #droits_d’inscription.

      Mais, dans l’immédiat, il y a cette mobilisation contre Parcoursup. Une mobilisation solidaire des étudiants… pour les lycéens qu’ils ont été. Parce que ce sont bien d’abord les lycéens qui seront victimes de ce nouveau dispositif indûment présenté comme d’orientation et de réussite. Les ratés du dispositif Admission post-bac (APB) – le tirage au sort (marginal, puisqu’il concernait bien moins de 1 % des candidats) – ont été instrumentalisés pour mettre en place Parcoursup, qui généralise l’arbitraire, non plus celui du hasard, mais celui de l’origine sociale. Car Parcoursup est bien un dispositif de sélection sociale, derrière les apparences d’une orientation « rationalisée ».

      Si la prise en compte des résultats scolaires antérieurs est déjà le cas pour la partie sélective de l’enseignement supérieur, la spécificité de l’université, qui en fait aussi sa grandeur, est de ne pas tenir compte du « casier scolaire » des étudiants, ni des notes, ni du type de baccalauréat obtenu. On ne niera pas que les bacheliers technologiques et plus encore professionnels rencontrent dans un premier temps plus de difficultés que les autres à l’université, surtout dans les conditions matérielles dégradées que l’on sait. Mais il reste qu’un nombre significatif d’entre eux, avec un peu plus de temps, vont pleinement réussir, faisant oublier leur origine scolaire, aujourd’hui si stigmatisée.

      Voici l’une des raisons pour lesquelles les sociologues, à qui l’on fait pourtant régulièrement le procès d’être « déterministes », s’opposent majoritairement à Parcoursup. Le regard sociologique conduit aussi forcément à dévoiler, derrière la #sélection_scolaire en amont de l’université, une sélection sociale. En 2016, selon les statistiques du ministère de l’Éducation nationale (« Repères et références statistiques 2017 »), les enfants d’ouvriers ou d’employés représentent 54,7 % des élèves de bac pro, 45,4 % des bacheliers technologiques, 31,6 % des lycéens de terminale générale.

      Mais Parcoursup va bien au-delà d’une sélection au faciès de bac ou au profil de notes. Les critères sociaux sont prépondérants derrière la neutralité apparente de l’algorithme. Les élèves doivent ainsi rédiger un « projet de formation motivé ». Les élèves ? Ou plutôt leurs parents, ceux d’entre eux qui ont les capitaux nécessaires (économiques, sociaux, culturels) pour décrypter les « attendus » (souvent flous dans leur généralité) des filières universitaires, et y ajuster ensuite la lettre de motivation étayée et le CV associé.

      Des officines privées proposent d’ailleurs déjà ce type de prestations. C’est dire dans tous les cas le caractère artificiel de la motivation de ce projet « personnel ». Mais, en amont, il y a aussi cette évaluation par le lycée d’origine des « compétences » sociales (comme telles socialement discriminées) de l’élève. Dans la « #fiche_avenir », les professeurs principaux doivent se prononcer sur l’engagement et l’esprit d’initiative des élèves !

      On est loin de critères scolaires et sera ainsi valorisé un « savoir-être » davantage cultivé dans les milieux favorisés. Le proviseur, quant à lui, comme s’il connaissait individuellement chaque élève, est appelé à évaluer sa capacité à réussir dans la formation visée. Il vaudra mieux avoir été un élève docile, ne pas s’être fait remarquer par son comportement ou ses prises de position. Mais les proviseurs développeront également des stratégies d’établissement, notamment dans l’enseignement privé. Les universitaires, présidents de jury de bac, puisqu’il s’agit là du premier grade universitaire, les voient déjà à l’œuvre : la distribution des « #avis » (très favorable, favorable, assez favorable, doit faire ses preuves) est toujours très généreuse (et assez largement déconnectée des résultats chiffrés) dans ces établissements engagés dans des rapports de clientèle avec les familles socialement plus aisées (38 % des élèves du privé étaient issus de milieux sociaux favorisés, contre 20,5 % pour le public). Or ces avis sont déterminants au moment des délibérations pour l’obtention des mentions ou pour que les notes du candidat soient relevées afin d’obtenir le diplôme ou d’accéder au rattrapage.

      On le voit, Parcoursup est bien un dispositif, politiquement assumé, de #sélection_sociale.

      https://www.humanite.fr/quand-parcoursup-generalise-larbitraire-social-les-etudiants-ont-raison-de-
      #taxes_universitaires

    • Parcoursup : « Il y a un côté hyperviolent à opérer un classement »

      Plus de 6 000 dossiers à trier, suivant des critères variables et discutables… Alors que les premiers résultats tombent ce mardi, une enseignante raconte à « Libération » ses cinq semaines de dilemmes.

      Montée d’adrénaline en perspective. Quelque 800 000 élèves de terminale et étudiants en réorientation connaîtront ce mardi les premiers résultats de leurs souhaits d’affectation dans le supérieur pour la rentrée prochaine. Le vrai changement concerne l’entrée à l’université. Ces dernières semaines, les enseignants-chercheurs ont été invités à classer les candidatures des élèves. Certains se sont pliés à l’exercice avec goût, voyant là une chance de choisir les meilleurs profils et faire grimper les taux de réussite en licence. D’autres ont refusé catégoriquement, furieux de ce qu’ils considèrent comme une sélection à peine déguisée. D’autres encore y sont allés à tâtons, partagés entre souci de mettre les mains dans le cambouis pour ne pas léser les futurs bacheliers et frustration face à une réforme menée sans les moyens ni le temps nécessaire pour la mettre en place comme ils le voudraient. L’enseignante à qui nous donnons la parole fait partie de ceux-là. Elle ne souhaite pas que son nom apparaisse, tant cette réforme crispe et divise au sein de la communauté universitaire. Avec quatre collègues volontaires, elle s’est retrouvée à trier plus de 6000 dossiers en cinq semaines. En septembre, environ 800 élèves rejoindront les bancs de sa fac.
      « YouTube, à côté, c’est rien »

      « On en a fini avec ce Parcoursup. Je ne dirai pas encore que je suis soulagée, mais du moins contente qu’on s’en soit sortis. On a fait le boulot, classé les candidatures. Désormais, c’est au dessus que cela se passe. Les élèves n’ont pas idée de nos dilemmes depuis un mois et demi… Heureusement qu’ils ne savent pas, cela dit.

      « Ma tâche consistait à classer plus de 6000 dossiers. Ce n’était pas de dire si tel ou tel élève a bien travaillé. Ou si on aime tel ou tel profil. Spontanément, c’est ce qu’on a envie de faire. Surtout quand on se retrouve face à une somme gigantesque d’informations. C’est très addictif. YouTube, à côté, c’est rien. On sait tout sur leur vie scolaire et même plus : identité, sexe. Le nom de leur lycée figure dans le dossier. La consigne était de ne pas en tenir compte, mais techniquement, il reste possible de classer avec ce critère. Il y a aussi les bulletins scolaires, avec toutes les notes, les moyennes de la classe, les appréciations des professeurs… Les lettres de motivation aussi. Beaucoup se ressemblent. Mais dans le lot, certaines sont sincères et touchantes. J’ai en tête cet élève : "J’ai changé, je jouais trop aux jeux vidéo. Là, j’ai arrêté, je suis très motivé." Trop mignon. Cela pourrait prêter à sourire. Mais je peux vous dire qu’on n’a pas ri. Il y a un côté hyperviolent à opérer un classement en entrant dans le détail des candidatures. Il faut arriver à se détacher de leurs histoires personnelles. J’ai parfois été prise de vertiges.

      « Rassurer l’ordinateur »

      « Tous les responsables de formation ont joué aux apprentis sorciers. Je ne comprends pas que le ministère n’ait pas imposé dès le début des critères uniformes. Depuis le départ, on confond autonomie et pouvoir d’expertise des équipes. Il y a un gros contresens. Pour moi, il était essentiel que les critères, "les attendus" [c’est le terme officiel, ndlr], soient les mêmes par discipline. Que la définition de ce qu’on estime être un bon élève pour des études de droit, par exemple, soit identique dans toutes les facs. Au début, j’ai cru que l’uniformisation des attendus au niveau national serait une garantie… jusqu’à ce qu’on nous annonce a posteriori qu’attendus et paramètres informatiques étaient deux choses différentes et que chacun déterminerait librement ses paramètres de classement. Quelle transparence ! Comment traduire "bonne qualité rédactionnelle" ? Ou "esprit logique" ?

      « Dans ma commission d’examen des vœux, nous avons débattu des heures et des heures. Comme nous avions plus de 6 000 dossiers à trier, il était inenvisageable de les classer manuellement. Le risque d’aléa était trop grand. On a donc décidé de recourir à un préclassement par ordinateur, à partir d’une moyenne de différentes notes. C’est un peu compliqué à expliquer, mais en gros on a appliqué aux notes des coefficients semblables à ceux du bac. Si l’élève est en scientifique option physique-chimie, il aura investi plus de temps sur cette matière à fort coefficient, donc il nous semble logique d’en tenir compte. En revanche, on a écarté la note de sport. C’est contestable, mais c’était l’avis majoritaire.

      « J’oubliais. Dans la masse d’informations, nous avions aussi la fameuse fiche avenir, remplie par l’équipe de professeurs du lycée… Ils ont évalué la méthode de travail, l’autonomie, l’engagement, l’esprit d’initiative et la capacité à s’investir de chaque élève. On s’est vite aperçu que ces appréciations étaient très variables et subjectives, surtout faites dans l’urgence. Comment les profs peuvent savoir avec certitude comment vont évoluer leurs jeunes élèves ? On a beaucoup, beaucoup débattu entre nous. Finalement, on en a un peu tenu compte, surtout par respect pour le travail des collègues du secondaire. En revanche, nous n’avons pas retenu les commentaires du chef d’établissement. Il devait se prononcer sur "la capacité à réussir" et "la cohérence du projet" de l’élève. Qu’en sait-il ?

      « Une fois nos critères paramétrés, quand on a appuyé sur le bouton pour avoir notre classement, on s’est retrouvé face à un os : sur l’ensemble des dossiers, on en avait des milliers ex æquo, au millième près. C’était logique et prévisible. Pas besoin d’avoir fait une licence de maths pour comprendre qu’un classement sur la base d’une note sur 20 engendre de nombreux ex æquo. En soi, ce n’est pas un problème : que je me retrouve demain avec un amphi rempli d’élèves ex æquo n’est pas un souci. Sauf que la machine, elle, ne peut pas le supporter. Le logiciel Parcoursup refuse de traiter un classement de ce type… On s’est donc retrouvés à chercher un moyen de les départager. C’était absurde et cela a pris un temps fou aux collègues qui ont essayé de le faire manuellement. Une solution technique n’a été diffusée que début mai pour départager sur une seule note, le plus souvent celle de français ou de mathématiques, parce qu’il fallait une matière présente dans tous les dossiers. Tout ça pour rassurer l’ordinateur…
      « Humiliant »

      Une fois le gros du classement fait avec la machine, on s’est réparti les dossiers pour vérifier à la main qu’il n’y avait pas d’anomalie. Pour ma part, je n’en ai pas détecté. On devait aussi classer manuellement une partie des dossiers, par exemple ceux des élèves venant de l’étranger ou reprenant leurs études. Nous avions, de mémoire, un chasseur alpin qui voulait faire du droit, une Anglaise qui expliquait dans sa lettre s’être très impliquée dans la lutte contre la prostitution infantile et désirant reprendre des études en France. Des Grecs aussi, l’un d’eux expliquant vouloir fuir la crise économique de son pays. Pourquoi les en empêcher ? Nous avons décidé collectivement de les mettre en haut du classement pour être sûrs que la machine Parcoursup leur donne leur chance. Espérons maintenant que les élèves ne vont pas connaître notre cuisine interne et leur rang, sinon certains vont prendre la grosse tête !

      « Quand je discute de cette réforme à droite et à gauche, je me rends compte que beaucoup d’enseignants ont finalement joué le jeu : à ne pas compter leurs heures, à essayer tant bien que mal de faire le travail dans les temps et avec le plus de rigueur possible. Mais au bout du compte, pour quel résultat ? Quel changement ? Demain, beaucoup vont déchanter, en se rendant compte qu’ils ont travaillé pour rien. En réalité, de nombreuses filières ne sont pas prisées. Cette année, elles ont l’impression d’avoir reçu beaucoup de candidatures, mais c’est mécanique, à cause de la non-hiérarchisation des vœux. Au bout du compte, les facs seront obligées de prendre tous les candidats qui voudront venir… même si le collègue en a mis certains tout en bas du classement en estimant qu’ils n’ont pas le niveau. Il y a un côté humiliant pour notre travail. Autre chose, paradoxale : l’autonomie des universités mise en avant est très relative, les éléments les plus importants nous ont échappé. Par exemple, nous avons appris le taux de sectorisation seulement le 14 mai : ce qui veut dire que beaucoup de dossiers que nous avons épluchés et pris soin de classer seront écartés automatiquement car ils sont hors secteur… Les élèves ignoraient ce critère au moment de faire leurs vœux. C’est honteux ! En définitive, je n’ai aucune idée des élèves qui seront dans mon amphi à la rentrée. Est-ce ceux qui sont en haut de mon classement ? Ou, au contraire, ceux qui sont tout en bas, car les autres auront préféré aller ailleurs ? On lance nationalement des grandes réformes, en demandant à tous les fonctionnaires de se plier en quatre, mais pourquoi au bout du compte ? Cela me met en colère. »

      http://www.liberation.fr/france/2018/05/21/parcoursup-il-y-a-un-cote-hyperviolent-a-operer-un-classement_1651672?xto

    • La FSU dénonce le fiasco de Parcoursup :

      400 000 lycéen.ne.s mis dans l’angoisse juste avant le bac !

      Communiqué du mardi 22 mai 2018

      Les premiers chiffres sont vertigineux : selon la ministre, 400 000 lycéen.ne.s sont "en attente" ou “refusé.e.s” sur l’ensemble de leurs vœux (soit 50% des inscrits).

      La FSU constate avec affliction que ces premiers chiffres dépassent les analyses les plus pessimistes quant à l’usage de la plate-forme "Parcoursup" pour affecter les bacheliers .

      Depuis des mois, la FSU a dénoncé la méthode choisie par le gouvernement qui institutionnalise une forme de tri social des bacheliers pour leur inscription en premier cycle universitaire.

      Plus de la moitié des futurs bacheliers reçoivent un premier signal décourageant à quelques jours du baccalauréat. C’est inacceptable !

      Le gouvernement a fait le choix de refuser d’entendre l’expression de la jeunesse à accéder à une formation et un diplôme de l’enseignement supérieur. Depuis des mois, un mouvement social conteste les fondements de la politique de sélection à l’entrée de l’université. Le gouvernement s’enferme dans le déni et choisit la répression comme seule réponse.

      La FSU exige que tous les lycéens lauréats du baccalauréat puissent choisir leurs études. Ce qui nécessite :

      un renforcement de l’orientation scolaire comme mission de l’éducation nationale et un renoncement du transfert de cette mission aux régions et aux opérateurs privés,
      une augmentation des moyens dans l’enseignement supérieur pour accroître le nombre de place afin d’accueillir toutes les bachelières et tous les bacheliers qui le souhaitent dans de bonnes conditions d’encadrement et d’études.
      Pour la FSU, l’avenir des jeunes ne peut se réduire à des visions de court terme, et certainement pas à une logique de tri.

      La FSU exige que les MEN et MESRI ouvrent sans tarder des négociations pour construire une autre politique pour l’enseignement supérieur et un système d’affectation national, transparent, juste et respectueux des aspirations des lycéennes et des lycéens.

      Reçu par email, le 23.05.2018

    • Parcoursup : « Sept refus et trois "en attente", j’ai encore rien dit à mes parents »

      Élèves, profs, enseignants-chercheurs… Tous sont en première ligne face à la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur, qui se met en place à toute vitesse. « Libération » leur donne la parole pour qu’ils racontent les bouleversements en cours. Aujourd’hui, Salem, 17 ans.

      Quelque 810 000 élèves de terminale et étudiants en réorientation ont découvert mardi soir les premiers résultats de leurs souhaits d’affectation dans le supérieur pour la rentrée prochaine. Les règles du jeu ont changé cette année, avec le classement des dossiers opérés par les universités et la nouvelle plateforme Parcoursup.

      Elèves de terminale, étudiants en réorientation, profs, parents… Depuis le début de l’année, Libération donne la parole à tous ceux qui sont en première ligne dans l’application de cette réforme d’ampleur. Pour que chacun raconte, avec ses mots et son ressenti, les changements vécus de l’intérieur. Le 22 mai, les premiers résultats ont été publiés.

      Aujourd’hui, Salem, 17 ans, en terminale ES au lycée Jean Dautet, à La Rochelle

      « Sur dix vœux, j’ai sept refus et on m’a mis sur liste d’attente pour les trois autres vœux dans des universités. J’avais demandé des DUT d’informatique et de techniques de commercialisation. Et l’université, en droit et en informatique. Etre sur liste d’attente pour des facs, c’est quand même affolant.

      Je ne suis pas un élève très mauvais, ni très bon, je suis un élève moyen qui donne de lui-même, ma moyenne générale tourne autour de 10-12. J’ai de bonnes notes en maths et mes appréciations sont bonnes. J’ai juste raté un trimestre sur deux ans.

      Je n’appréhendais pas vraiment l’arrivée des réponses, d’ailleurs je ne me suis pas précipité à 18 heures pour voir ce qu’il en était, puisque je m’étais dit que j’allais être accepté au moins dans une université sans difficulté. J’espérais même avoir une chance d’être sur liste d’attente pour les DUT, même si je ne suis pas prioritaire pour ces formations. Là, c’est un « non » catégorique. J’aurais aimé avoir un entretien au moins pour montrer ma motivation et qu’ils se basent sur autre chose que des notes et des appréciations.

      Je n’ai pas encore annoncé la nouvelle à mes parents. Ils vont percevoir ça comme un échec scolaire et j’ai peur qu’ils soient déçus. On se projette dans le futur et quand on n’a rien, le retour à la réalité est plutôt désagréable. Je garde l’espoir de remonter dans la liste d’attente et d’être accepté dans une des universités. Beaucoup ont demandé des facs en roue de secours, donc des places vont se libérer, mais ça m’énerve de savoir que même si je suis accepté, c’est par défaut.

      J’ai vu qu’on pouvait voir sa place sur les listes d’attente. Pour la fac de droit, je suis 598e sur 1040 (pour 300 places), pour celle d’informatique 355e sur 532 (pour 140 places disponibles) et la troisième en informatique à Pau 236e sur 251 (pour 30 places disponibles). Cela donne une idée, mais finalement ça m’inquiète encore plus. Le système est d’autant plus pervers que les réponses arrivent avant le bac. J’ai déjà un ami qui m’a dit que ça le décourageait. Ceux qui ont été acceptés, ça les motive bien sûr à décrocher le diplôme, mais quand on essuie des refus, qu’on est en attente, c’est plutôt l’inverse.

      Ça perturbe également nos révisions. Je trouve ça complètement ridicule de regarder sans cesse sur Parcoursup pour voir si on a gagné des places ou non. Certains ont envie de réviser, de se débarrasser de ça et d’avoir l’esprit tranquille. En plus, c’est contraignant, si on est accepté, mais qu’on n’a pas validé notre choix [dans les 7 jours, ndlr], on peut se retrouver sans rien. Du coup, on va être obligé de regarder tous les jours.

      Le plus angoissant est de se dire : "Si je n’ai rien à la fin de la semaine, qu’est-ce que je fais l’an prochain ?" Je sais qu’on peut avoir des réponses jusqu’en septembre, mais c’est angoissant. J’aimerais passer un été tranquille. »

      http://www.liberation.fr/france/2018/05/23/parcoursup-sept-refus-et-trois-en-attente-j-ai-encore-rien-dit-a-mes-pare

    • La FSU dénonce le fiasco de Parcoursup : 400 000 lycéen·ne·s mis dans l’angoisse juste avant le bac !

      Les premiers chiffres sont vertigineux : selon la ministre, 400 000 lycéen.ne.s sont "en attente" ou “refusé.e.s” sur l’ensemble de leurs vœux (soit 50% des inscrits).

      La FSU constate avec affliction que ces premiers chiffres dépassent les analyses les plus pessimistes quant à l’usage de la plate-forme "Parcoursup" pour affecter les bacheliers .

      Depuis des mois, la FSU a dénoncé la méthode choisie par le gouvernement qui institutionnalise une forme de tri social des bacheliers pour leur inscription en premier cycle universitaire.

      Plus de la moitié des futurs bacheliers reçoivent un premier signal décourageant à quelques jours du baccalauréat. C’est inacceptable !

      Le gouvernement a fait le choix de refuser d’entendre l’expression de la jeunesse à accéder à une formation et un diplôme de l’enseignement supérieur. Depuis des mois, un mouvement social conteste les fondements de la politique de sélection à l’entrée de l’université. Le gouvernement s’enferme dans le déni et choisit la répression comme seule réponse.

      La FSU exige que tous les lycéens lauréats du baccalauréat puissent choisir leurs études. Ce qui nécessite :

      un renforcement de l’orientation scolaire comme mission de l’éducation nationale et un renoncement du transfert de cette mission aux régions et aux opérateurs privés,

      une augmentation des moyens dans l’enseignement supérieur pour accroître le nombre de place afin d’accueillir toutes les bachelières et tous les bacheliers qui le souhaitent dans de bonnes conditions d’encadrement et d’études.

      Pour la FSU, l’avenir des jeunes ne peut se réduire à des visions de court terme, et certainement pas à une logique de tri.

      La FSU exige que les MEN et MESRI ouvrent sans tarder des négociations pour construire une autre politique pour l’enseignement supérieur et un système d’affectation national, transparent, juste et respectueux des aspirations des lycéennes et des lycéens.

      http://fsu.fr/La-FSU-denonce-le-fiasco-de-Parcoursup-400-000-lyceen-ne-s-mis-dans-l-angoisse.h

    • « Parcoursup laisse explicitement un "système" administrer, classer, ordonner les rêves d’une génération »

      Dans la procédure elle-même, dans son autorité et sa technicité, il manque un respect fondamental de la liberté et du potentiel de chacun, qui se trouve au contraire réduit de façon opaque à un passé scolaire et bien souvent à un territoire d’origine, déplore la sociologue Cécile Van de Velde dans une tribune au « Monde ».

      Tribune. Parcoursup pose, de façon limpide, la question de la place relative de l’« être » et du « système » dans notre société. A l’heure où les consciences s’aiguisent contre certaines dérives de la gestion de masse des données personnelles ( big data , Facebook, intelligence artificielle...), nous sommes paradoxalement en train d’expérimenter une allocation automatisée des places et des chemins de vie.

      La question n’est point ici de trancher le débat sur la sélection universitaire, mais de constater que, dans son opérationnalisation même, Parcoursup pose désormais une question philosophique plus large et fondamentale : celle de ces « petits aménagements », anodins en apparence, destinés à une « gestion optimale » des ressources, mais qui touchent en réalité de façon profonde les fondements mêmes de nos libertés individuelles et de notre démocratie. Cette même démarche pourrait concerner demain l’allocation des soins ou le placement des individus en recherche d’emploi par exemple.

      Car de façon concrète, Parcoursup c’est laisser explicitement un « système » administrer, classer, ordonner les rêvesd’une génération. C’est laisser symboliquement une organisation centralisée trier les choix et les possibles d’unindividu.

      Colère des jeunes

      Dans la procédure elle-même, dans son autorité et sa technicité, il manque un respect fondamental et affiché de la liberté et du potentiel de chacun, qui se trouve ici au contraire réduit de façon opaque à un passé scolaire et bien souvent à un territoire d’origine.

      Ce dispositif ne fera qu’augmenter la colère sourde des jeunes contre un « système » qui leur fait mal, dans uncontexte français où cette période post-bac constitue justement un moment charnière de la vie d’une génération : plus qu’ailleurs, elle est considérée comme déterminante et décisive pour tout l’avenir professionnel de l’individu, et génère du stress personnel, familial et social.

      Le critère d’optimalité recherché est de maximiser le nombre de personnes inscrites, et non pas la satisfaction réelle des étudiants

      Même si le système de gestion était « parfait », la question est de savoir si nous trouvons normal que des individus aient explicitement leurs aspirations menacées voire oblitérées par une autorité centrale, allouant les places et lesavenirs.

      Nous sommes en train de soumettre les jeunes Français à une expérimentation incertaine, qui plus est à grande échelle, tout en trahissant notre propre promesse sociale d’une université ouverte. Or, sans être idéales, lesexpériences des autres pays nous montrent qu’il peut en être autrement.

      Pas moins cruel que le tirage au sort

      Parcoursup nous place devant une dérive techniciste de la recherche de l’optimalité. On nous propose unerencontre des attentes et des places, mais le « contrat » est en réalité bien asymétrique : le mode opératoire interdit l’expression même des préférences individuelles et met à plat dix choix, alors même que les universités doivent classer chacune des candidatures.

      Le critère d’optimalité recherché est de maximiser le nombre de personnes inscrites, et non pas la satisfaction réelle des étudiants : sans classement des voeux, celle-ci ne peut être prise en compte dans la procédure. Comment défendre un système si implacable dans un monde où la communication directe d’institution à individu est devenue si aisée ?

      Ce dispositif, même s’il promeut dans l’absolu une meilleure allocation des places, n’est symboliquement pas moins cruel que le tirage au sort. De plus, une telle organisation ne donne pas les garanties de protection du règlement européen sur la protection des données (RGDP), entré en vigueur le 25 mai 2018, quant à l’acceptation libre du service ou des traitements automatisés.

      Une entrave de plus

      Parcoursup constitue en quelque sorte une mauvaise réponse technique à l’enjeu réel du manque de ressources universitaires. Il ne fera pas l’économie d’un vrai débat sur ce que nous voulons vraiment pour nos universités, et quelle que soit la réponse politique donnée à la question de la sélection, à une prise en compte plus humanisée des aspirations des jeunes adultes.

      Parcoursup, c’est aussi une entrave de plus posée dans l’espace des possibles de ces jeunes générations, déjà touchées par des perspectives assombries. Que dire par exemple des lycéens initialement en difficulté, mais qui se sont révélés ensuite d’excellents étudiants à l’Université ? Dans Parcoursup, ils n’auront sans doute pas cette seconde chance, et cela ne fera que renforcer le déterminisme français classant les individus en fonction de la réussite scolaire initiale.

      Les sociétés de demain devraient plutôt refuser de réduire systématiquement les individus à leur seul parcours antérieur, et soutenir le droit à un nouveau départ. Cette « petite réduction » de la liberté de choix est en réalité unebrèche majeure dans nos valeurs et notre culture, ainsi que dans le contrat social et générationnel. Pouvons-nous nous satisfaire d’un système dont nous ne voudrions ni pour nous-mêmes ni pour nos enfants ?

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/30/parcoursup-laisse-explicitement-un-systeme-administrer-classer-ordonner-les-

    • #Saint-Denis : le #lycée_Paul-Eluard engage la lutte contre Parcoursup

      Les élèves de l’établissement dyonisien ont bloqué leur lycée ce jeudi matin, avant de se rassembler sous les fenêtres de la mairie. C’est la première mobilisation d’ampleur contre Parcoursup dans le département.


      http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/saint-denis-le-lycee-paul-eluard-engage-la-lutte-contre-parcoursup-31-05-

    • « Cette réforme renforce l’exclusion territoriale, je le mesure dans ma ville »

      Depuis le début de l’année, « Libération » donne la parole à ceux qui sont en première ligne dans l’application de cette réforme. Aujourd’hui, la maire d’Aubervilliers (93), inquiète pour « ses » jeunes.

      http://www.liberation.fr/france/2018/06/04/cette-reforme-renforce-l-exclusion-territoriale-je-le-mesure-dans-ma-vill

      Avec ce commentaire sur twitter :

      Les interfaces d’inscription dans le supérieur sont un vrai feuilleton ! Pourtant, #APB et #Parcoursup ne sont que des variantes d’une même logique – l’arbre qui cache la forêt de la paupérisation de l’université. Les médias vont-ils un jour soulever le capot ?

      https://twitter.com/gunthert/status/1003943051645992961

    • Parcoursup : l’ire des profs de #Paris-Diderot

      Le directeur de l’UFR chimie de l’université est particulièrement « agacé ». Le rectorat, via son nouveau logiciel, favorise les bacheliers parisiens médiocres.

      Rémi Losno, le directeur de l’UFR chimie de l’université Paris-Diderot, fait partie de ces professeurs « très agacés ». L’an dernier, sur les 110 places offertes en première année de chimie au sein de cette université parisienne prisée, « environ 40 % étaient occupées par des lycéens venus de banlieue ou de province ». Cette année, le rectorat, via le logiciel Parcoursup, n’autorise pas la filière à prendre plus de 3 % de bacheliers non parisiens.

      http://etudiant.lefigaro.fr/article/parcoursup-l-ire-des-profs-de-paris-diderot_57d4384c-6ccb-11e8-9dc

    • Parcoursup : quand le reportage tourne à la conférence de presse

      A #Strasbourg, le rectorat a rondement verrouillé ce qui était censé être un aperçu concret du travail fait par la commission qui travaille sur les dossiers qui n’ont récolté que des « non ».

      Le ministère de l’Enseignement supérieur semblait jouer enfin la transparence sur Parcoursup. En fait, il jouait la comédie. La demande de reportage maintes fois formulée pour avoir accès aux coulisses avait abouti : oui, il serait possible d’assister à une commission d’accès à l’enseignement supérieur. Et là, on verrait le sort réservé à ces lycéens ou étudiants dans l’impasse, à ceux dont la machine n’a opposé que des « non » aux vœux de formation. Formidable. Le service presse à Paris avait indiqué la porte qu’il était permis de pousser : celle du rectorat de Strasbourg où une commission, rendez-vous hebdomadaire, avait lieu vendredi matin.

      8h20 sur le perron. Mais qui est ce groupe ? Salut les confrères ! Ils sont tous là, et rient jaune. Car chacun pensait être seul, et on est une dizaine. Direction une salle de réunion toute en boiseries. Instant logistique, les télés ici, les radios là, les membres de la commission en face, en demi-cercle c’est mieux. Faudrait pas tout gâcher, que les images soient mauvaises. Mais attention, ce n’est pas une conférence de presse, il s’agit bien d’un reportage. On aura le privilège d’observer discrètement une tranche de réel, un moment confidentiel de l’administration où des acteurs de l’éducation, proviseurs, directeurs de formations universitaires, spécialistes de l’enseignement vont statuer sur des cas individuels. Des dossiers de presse ont néanmoins été préparés. Juste au cas où, sans doute.

      Les membres de la commission s’installent silencieusement devant leurs beaux chevalets nominatifs. Ils ont sûrement le trac. La rectrice, Sophie Béjean, entre en scène, fait le tour pour serrer la main des journalistes. Avec elle, tout est toujours sous contrôle. Elle a cette réputation. Trois coups, lever de rideau. Elle explique d’un ton pédagogue le fonctionnement du dispositif. Juste histoire de rappeler les règles du jeu aux participants. Des fois qu’ils les aient oubliées. L’occasion aussi de nous faire bien comprendre que c’est un travail de fond remarquable qui est conduit, de l’accompagnement individualisé, minutieux, du cousu main qui rassemble largement sur le terrain. Un monde merveilleux où aucun jeune ne sera oublié.

      Cinq cas ce matin, sur un total de 221 saisies pour l’académie de Strasbourg. Des jeunes sans solution qui ont cliqué sur le site pour saisir cette commission. L’histoire ne dit pas ce qu’il advient des autres. Des décrocheurs de Parcoursup qui n’ont essuyé que des refus et n’ont pas cliqué pour demander de l’aide, un plan B. Voilà qu’on nous distribue des fiches anonymisées, avec vœux, résultats scolaires, motivation. Le chef de l’information et de l’orientation résume chacun. Ton monocorde, la rectrice conduit la séance, se tourne vers les uns, les autres, en fonction des « pistes » envisagées. En gros, on corrige les vœux. Et curieusement, il y en a pour tout le monde : une fois elle se renseigne auprès de l’IUT ou l’université sur les formations en tension, une autre auprès du Crous pour trouver un logement à une jeune fille qui aura une place mais en Lorraine, ou encore vers le conseiller d’orientation parce qu’il faudra affiner un projet professionnel. C’est vraiment super quand le hasard fait bien les choses.

      Tous ces cas d’école, bien différents, bien complémentaires donnent l’opportunité à chacun, autour de la table, de faire de la retape pour sa formation ou son dispositif. Pas de débat. Ont-ils assez répété leur texte ? L’ensemble, ronronnant, manque un peu de naturel. Et voilà que l’audiovisuel veut faire des interviews. Ce n’était pas prévu dans la séquence. Faudrait pas qu’on croit que c’est un point presse. Minauderies de circonstances. Puisque c’est une demande des journalistes… Après, il faut partir. La commission poursuit son travail hors presse indique la rectrice. Pauvre Sophie Béjean, elle doit y passer un temps fou, à éplucher les bulletins scolaires de ces ados qui, s’ils n’avaient pas rempli Parcoursup avec leurs pieds, n’en seraient pas là.

      http://www.liberation.fr/france/2018/06/10/parcoursup-quand-le-reportage-tourne-a-la-conference-de-presse_1657997

    • #Nanterre : la dernière université débloquée

      Après deux mois d’occupation et de blocage, les étudiants de l’université de Nanterre ont évacué les lieux mercredi soir.

      Le déblocage de l’université de Nanterre marque donc la fin du mouvement étudiant contre la réforme de l’entrée dans l’enseignement supérieur. Après deux mois de protestation contre cette réforme jugée sélective et contraire à l’égalité des chances, les quelques étudiants qui occupaient l’un des bâtiments de l’université de Nanterre ont quitté les lieux « dans le calme » mercredi 13 juin en fin de journée.

      Débuté en février dernier, la mobilisation des étudiants s’était propagée dans une quinzaine de facs, dont celle de Nanterre. Plusieurs fois fermée et perturbée, l’université est la dernière à avoir été évacuée.
      Deux mois d’occupation

      Deux mois que le bâtiment E de l’université de Nanterre était occupé par une dizaine d’étudiants. Le 9 avril, le président de l’établissement avait demandé l’intervention des forces de l’ordre pour déloger les perturbateurs. Réfugiés sur le toit, sept étudiants avaient été interpellés pour rébellion. Une intervention qui ne les a pas empêchés de reconduire le blocage dès le lendemain.

      A quelques jours des examens, les professeurs de Nanterre avaient aussi apporté leur soutien en votant un 20/20 politique. Les partiels ont d’ailleurs dû être reportés suite au blocage, puis délocalisés à cause des perturbations dans les centres d’examens.
      Lire aussi :Les examens des étudiants de Nanterre reportés
      Des négociations entre les étudiants et l’université

      Finalement, c’est une négociation entre les étudiants et l’université qui a mis fin à l’occupation. Cette fois, pas de forces de l’ordre pour venir les déloger. « Les étudiants sont partis d’eux-mêmes », confirme l’administration à l’AFP.

      En échange, les étudiants ont demandé à l’université de leur transmettre les attendus et les algorithmes de Parcoursup, la plateforme d’admission post-bac, pour plus de transparence. La présidence a également affirmé qu’une large consultation sur l’avenir de l’enseignement supérieur serait organisée comme l’ont exigés les étudiants.
      Une nouvelle mobilisation dès la rentrée

      Même si l’université a retrouvé son calme, la mobilisation ne devrait pas s’arrêter là. « Le combat contre la loi ORE va recommencer en septembre avec la question des ‘sans-fac’ », a précisé un étudiant. Actuellement, 22 500 lycéens n’ont reçu que des réponses négatives sur Parcoursup et 139 700 candidats sont encore en attente, sans savoir s’ils pourront poursuivre leurs études à la rentrée.


      https://www.orientation-education.com/article/nanterre-la-derniere-universite-debloquee

    • Les #quotas_géographiques dans Parcoursup nourrissent les craintes de #discriminations

      Les rectorats ont dû fixer un taux de candidats extra-académiques, qui varie de 1 % à 70 %. La plate-forme d’admission dans le supérieur rouvre ce mardi.


      https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/06/26/les-quotas-geographiques-dans-parcoursup-nourrissent-les-craintes-de-discrim

    • Peut-on refuser parcoursup ?

      Enseignant en philosophie, l’arrivée de la #loi_ORE et de parcoursup cette année ont été un véritable calvaire pour le professeur principal que j’étais en terminale littéraire. Au début personne ne savait vraiment ce qu’il adviendrait mais peu à peu les choses sont devenues très claires. Cette réforme est une des plus importantes que j’ai eu à vivre depuis 30 ans. La sélection qu’elle induit à l’entrée de l’Université et les bouleversements que vont produire les critères sur lesquels elle se fonde sont fondamentaux pour les élèves, mais le silence quasi général des enseignant-e-s et des parents dans mon établissement est peut-être ma plus grande sidération. J’ai malgré tout décidé de continuer la lutte avec les moyens modestes du combat isolé, en refusant la charge de professeur principal à travers une lettre ouverte au proviseur de mon lycée. La publication de ce courrier ici sera peut-être ressentie comme une démarche narcissique plutôt que comme un appui sérieux pour changer les choses mais il m’a semblé nécessaire de le faire, pour ne pas rester seul.

      –-------------------

      Monsieur le Proviseur,

      Comme l’heure des vœux pour la prochaine année scolaire est arrivée, je me permets de vous préciser par ce courrier plus officiel et précis ce que j’ai déjà pu dire succinctement en votre présence en conseil de classe.

      Professeur principal de terminale depuis presque 30 ans et souvent en série littéraire comme la philosophie que j’enseigne m’y prédispose (au vu du nombre d’heures partagées avec les élèves de cette filière), j’ai toujours essayé de guider les futur-e-s bachelier-e-s dans leurs choix d’études supérieures avec la conviction que personne n’est figé dans son être et que toute personne peut changer. « L’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons en faire. » disait Bergson et j’ai toujours considéré que le déterminisme statistique n’est vrai que si on l’applique et que la volonté de quiconque peut permettre d’inventer son avenir. Ce principe philosophique me semble découler des valeurs humanistes qui doivent nous guider dans notre tâche. Dans ce cadre j’ai cependant toujours intégré que certaines filières particulières et techniques nécessitent un minimum d’acquis spécifiques et que le type d’enseignement qu’on y pratique impose des classes à effectif réduit donc des choix précis. Mais j’ai toujours pensé que la connaissance universitaire devait rester ouverte à tou-te-s sans quoi le sens même de toute éducation serait perdu, à savoir le goût pour la connaissance sans fin, le risque admis de commettre des erreurs pour les redresser, la construction d’un esprit critique nécessaire à la liberté de penser, l’apprentissage de l’autonomie réelle, la rencontre avec l’autre, … socle de la construction de tout être humain émancipé.

      La loi ORE et Parcoursup, en instituant de fait une sélection à l’entrée de l’Université, ne permettent plus d’ouvrir à chaque élève les mêmes horizons. Bien sûr, on nous assène que c’est pour ne plus procéder à d’injustes tirages au sort des bachelier-e-s qu’on a fait cette loi et qu’on l’a mise en œuvre avant même qu’elle soit adoptée par nos élu-e-s. Mais on peut tout de même se demander comment on a réussi, en si peu de temps, à mettre un dispositif comme celui-là en place alors qu’on a été incapable, depuis 1998, de voir venir l’afflux d’étudiant-e-s lié à un surcroît de naissance ? Le tirage au sort est donc bien lié à cette surnatalité connue et non anticipée et pas à APB.

      Quoi qu’il en soit, cette réforme disruptive est certainement la plus importante que j’ai eu à subir dans ma carrière et, ne pouvant l’assumer, je ne souhaite donc plus être professeur principal.

      Je ne me sens pas capable d’expliquer à mes élèves, le jour de l’élection des délégué-e-s de classe, qu’être élu-e leur donnera un avantage au titre d’un engagement que d’autres n’ont pas pu avoir parce qu’ils n’ont pas rassemblé assez de voix.

      Je ne me vois pas dire à ces autres d’aller prendre une carte de membre dans une association humanitaire (tant qu’à faire), juste pour avoir une attestation qui prouvera leur engagement extérieur.

      Je ne me sens pas de dire aux élèves dont la vie intime est si lourde qu’ils préfèrent la taire et qui n’ont pas la force de faire mieux que de venir en cours chaque jour, qu’ils perdront des points dans la grande répartition des places.

      Je ne me sens pas capable de dire à mes élèves qu’ils doivent renoncer à la vérité pour se plier à une rationalité algorithmique qui préférera les lettres de motivations formatées à 1500 signes plutôt qu’un courrier sincère.

      Je ne me vois pas conseiller à mes élèves de faire croire qu’ils ont fait des voyages à l’étranger pour qu’un calculateur leur octroie un supplément de points.

      Je ne pourrais pas continuer de leur laisser croire que le baccalauréat est le premier grade universitaire, comme le dit pourtant la loi, alors que c’est dorénavant faux.

      Enfin plus égoïstement, je ne pourrai pas me résoudre à abandonner les principes philosophiques et professionnels qui m’ont guidé depuis ces 30 dernières années, à savoir que je suis seulement là pour donner le goût du doute, l’envie de penser par soi-même et sûrement pas que pour soi-même, pour susciter la remise en cause de ce qu’on nous présente comme « inéluctable », pour que chacun ne pense pas qu’il faut finir avant l’autre dans un quelconque classement pour avoir plus de chance de trouver une place dans la société, pour donner accès à des valeurs dégagées de la simple utilité, pour permettre que ces valeurs et principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité ne soient pas que des mots posés au fronton des lycées mais résonnent dans les intentions de chacun-e. Je ne peux donc pas conseiller à mes élèves d’aller faire la queue devant des écoles dans lesquelles on laisse d’abord entrer une certaine « aristocratie scolaire » pour qu’elle choisisse de prendre ce qui l’intéresse, et d’attendre leur tour pour prendre ce qu’il restera.

      Elève de terminale désintéressé, fils de mineur « n’ayant obtenu qu’un bac G2 » (comptabilité), je crois qu’avec Parcoursup j’aurais été loin dans la queue pour entrer dans les facs de psychologie et philosophie que je voulais faire et dans lesquelles j’ai pourtant été diplômé. Mes profs m’auraient certainement et fortement conseillé, pour mon bien, de demander un BTS « facile » sans quoi je n’aurais pas d’avis favorable… Voilà pourquoi je ne veux pas avoir à devenir celui que je n’aurais pas voulu rencontrer quand j’étais en terminale.

      J’ai conscience de vos obligations quant à la nécessité de mettre deux professeurs principaux dans chaque terminale mais je ne doute pas que vous trouverez des volontaires bien plus compétent-e-s que moi. Pour ma part je ne veux pas scier la branche sur laquelle je suis assis et dévaloriser le baccalauréat qui ne garantit plus rien, encore moins avec l’annonce de sa réforme qui va faire de la philosophie la tâche noire qu’il faudra rapidement nettoyer.

      J’ai tenu à formuler ma position par écrit car je pense qu’elle concerne tout-e-s celles et ceux que l’avenir de l’Education intéresse et je tiens à leur faire connaître ouvertement tellement le silence autour de cette question du sens de notre métier m’effraie.

      En espérant que, quand bien même vous ne puissiez accéder à ma demande vous la comprendrez, je vous prie, Monsieur le Proviseur, d’accepter mes sincères et libres salutations.

      Didier Thévenieau

      https://dthevenieau.wordpress.com/2018/06/27/peut-on-refuser-parcoursup

    • #Nantes : suspension de fonctions validée pour le sociologue opposé à la loi ORE

      La juge des référés a finalement rejeté la requête de #Gildas_Loirand. Le maître de conférences à l’université de Nantes reste suspendu de fonctions jusqu’au 1er octobre, après avoir « harangué » des étudiants opposés à la loi ORE.


      http://www.liberation.fr/france/2018/07/10/nantes-suspension-de-fonctions-validee-pour-le-sociologue-oppose-a-la-loi

    • Parcoursup : les syndicats saisissent le #Défenseur_des_droits

      Ils exigent la publication des critères utilisés par les universités pour classer les candidatures des élèves, alors que plus de 100 000 jeunes n’ont aucune solution pour la rentrée.

      Voilà que le Défenseur des droits est invité à mettre son nez dans Parcoursup. Ce mardi, plusieurs organisations syndicales ont déposé une saisine sur son bureau, pour plus de transparence et au nom de la lutte contre les discriminations. L’appel, qui se veut « unitaire », est en effet assez cosmopolite : il est signé par l’Unef (étudiants), la FCPE (parents d’élèves), l’UNL (lycéens), le Snuep-FSU (enseignants-chercheurs), le Sneptes (personnel technique des universités), la CGT-éducation, mais aussi le SAF (avocats). « Alors que plus de 70 000 jeunes se retrouvent toujours sans aucune solution d’inscription dans l’enseignement supérieur, le gouvernement refuse de transmettre les critères de sélection utilisés par les établissements universitaires », dénoncent-ils d’une seule voix.

      À lire aussi :Parcoursup : « Il y a un côté hyperviolent à opérer un classement »

      Ils réclament la publication des « algorithmes locaux ». Au printemps, quand les universités ont reçu les dossiers des élèves, il leur a été demandé de classer les candidatures. Dans les UFR, chaque équipe a trié les dossiers comme elle a voulu (ou pu), en fonction de critères de leur choix. Certaines se sont pris la tête des heures pour s’entendre sur les critères les « plus justes » possible, d’autres moins. Quand le nombre de candidature était très élevé pour trier dossier par dossier, les enseignants-chercheurs ont utilisé des « modules d’aide à la décision ». Que l’on appelle aussi les algorithmes locaux.
      « Limites de ce système »

      Les organisations syndicales réclament la publication des paramétrages de ces algorithmes. « Ces critères ont eu un impact plus que déterminant sur la possibilité des jeunes de pouvoir étudier dans la filière de leur choix, disent-ils. Les témoignages démontrant les limites de ce système se multiplient : un pourcentage de boursiers inégalement réparti entre académies, une surreprésentation des jeunes d’origine sociale modeste parmi celles∙ceux se retrouvant sans solution d’inscription, des pratiques de pondération des notes en fonction du classement des lycées, une mise au ban des candidats issus de baccalauréats professionnels ou technologiques. »

      Le communiqué parle de 70 000 jeunes toujours sans rien pour la rentrée. En réalité, ils sont 102 000 sans aucune solution, selon les derniers chiffres ministériels. Auxquels viennent s’ajouter les 149 000 qui sont toujours dans l’angoisse, car « en attente de mieux » : ceux-là ont certes reçu une proposition mais dans une filière demandée par défaut et dans laquelle ils ne veulent pas aller… Ils espèrent remonter sur les listes d’attente qui patinent.

      http://www.liberation.fr/france/2018/07/17/parcoursup-les-syndicats-saisissent-le-defenseur-des-droits_1667087

    • Très inquiétant...

      #Nantes : deux enseignants sanctionnés après les blocages à l’université

      La direction de l’université de Nantes reproche à deux enseignants-chercheurs leur présence au côté d’étudiants ayant empêché la tenue d’examens dans le cadre des manifestations contre Parcoursup. Les enseignants réaffirment, quant à eux, leur rôle de médiateurs.

      Du jamais vu, selon le syndicat Snesup-FSU. L’université de Nantes a sanctionné, ce mardi 31 juillet, deux de ses enseignants-chercheurs, en raison de leur présence aux côtés d’étudiants lors du blocage d’examens dans le cadre des manifestations contre la loi ORE (orientation et réussite des étudiants) qui a mis en place la plateforme controversée Parcoursup. Le premier, le sociologue #Gildas_Loirand, a écopé de six mois de retard sur l’avancement d’échelon ; sa collègue, qui souhaite garder l’anonymat, a pris un blâme. Des sanctions administratives symboliques, mais que le syndicat Snesup-FSU dénonce dans un communiqué comme une « restriction inédite des droits des enseignants-chercheurs à manifester » d’une « extrême gravité ».

      Les faits reprochés aux deux enseignants remontent au 18 mai. Ce jour-là, les étudiants nantais doivent passer des examens. Depuis le mois de mars, nombre d’entre eux organisent des actions contre la sélection à l’université amenée par la loi ORE et Parcoursup. Mary David, enseignante et cosecrétaire du Snesup-FSU à Nantes, insiste sur le contexte tendu. « Les collègues qui voulaient se mettre en grève ont fait face à des mesures d’intimidation, affirme-t-elle. Et aux examens, les cadres de la présidence prenaient des photographies d’étudiants. Plusieurs d’entre eux ont témoigné de menaces comme "on connaît ton nom", "tu ne pourras pas t’inscrire dans une autre université"… »
      Tentative de médiation

      Les syndicats Sud et Snesup-FSU décident alors d’installer une « présence syndicale » sur les lieux d’examens pour jouer un « rôle collectif de médiation », explique Mary David. Dans une salle où certains jeunes refusent de composer, des cadres de l’université récupèrent les cartes de tous les étudiants et « menacent de ne plus les rendre ». L’examen est annulé. Les syndicats interviennent, le dialogue s’apaise. Les cadres quittent la salle, suivis par des étudiants qui, selon la syndicaliste, « les questionnent vivement sur les cartes, mais sans bousculades ni violences : d’ailleurs la sécurité n’a pas bronché ». Seuls Gildas Loirand et sa collègue s’attardent. Le sociologue explique : « Nous nous sommes interposés entre les étudiants et le personnel administratif, suite à la rétention des cartes servant à repérer ceux ayant perturbé les examens. » Mais les deux collègues assurent n’avoir pas eu à intervenir physiquement.

      Le jour même, le président de l’université, Olivier Laboux, donne une conférence de presse, au cours de laquelle il affirme que « des personnels administratifs de l’université ont été poursuivis sur environ 300 mètres, insultés, menacés, entravés, bousculés physiquement par des dizaines d’étudiants et deux enseignants de l’université ». Il promet des sanctions. Gildas Loirand sera suspendu de ses fonctions pour avoir répondu dans un mail interne à cette accusation (suspension qui a été annulée par la nouvelle décision). « Ce qui nous est reproché ne correspond pas à ce que nous sommes, ni à ce que nous avons fait. Ce sont des propos mensongers. On aurait dû nous dire merci, et on se retrouve sanctionnés », estime le sociologue.
      « On ne se mobilise pas impunément »

      Très vite, une commission disciplinaire est convoquée. Elle se réunit le 20 juillet et sanctionne Gildas Loirand et sa collègue : respectivement six mois de retard sur l’avancement d’échelon et blâme. « Un dossier monté entièrement à charge », juge la syndicaliste Mary David, remarquant que la commission ne comportait « que des représentants de la liste du président ». Le verdict rendu pour la collègue de Gildas Loirand mentionne que cette dernière s’est associée « par ses paroles et sa posture » à la démarche des manifestants. Et qu’elle n’a tenu un rôle de médiatrice « qu’à la fin ». Ces considérations ne sont pas étayées d’exemples précis de propos ou de gestes violents. « J’ai sollicité l’audition de plusieurs témoins à décharge, mais ils n’ont pas été entendus », regrette de son côté le sociologue. Les deux enseignants-chercheurs, épaulés par un avocat, ont fait appel auprès du Cneser (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche).

      Lors de sa conférence de presse, Olivier Laboux avait annoncé que des plaintes avaient été déposées : les enseignants en ont eu cinq entre les mains, dont quatre leur sont adressées de manière nominative. « Ce sont des dénonciations calomnieuses, que nous allons donc poursuivre en justice, et j’ai confiance », assure, à leur propos, Gildas Loirand. Il ne néglige pas la teneur « politique et médiatique » du feuilleton lancé le 18 mai par Olivier Laboux : « Il s’est trouvé emporté dans un tourbillon qu’il n’a pas contrôlé, et la commission a suivi. » Mary David considère que l’affaire est moins locale que nationale : « Au-delà d’eux, le message donné aux enseignants c’est qu’on ne se mobilise pas impunément, on le fait au risque de sa carrière. C’est dans l’air du temps, et c’est inquiétant. »

      http://www.liberation.fr/france/2018/08/02/nantes-deux-enseignants-sanctionnes-apres-les-blocages-a-l-universite_167
      #sanctions

    • Parcoursup : les jeunes doivent maintenant répondre dans la journée

      Depuis lundi, les bacheliers en attente sont sommés d’accepter ou de refuser une proposition dans la journée. Le coup d’envoi du sprint final de la plateforme.

      Si vous ne savez pas encore où vous allez étudier à la rentrée, on vous déconseille de vous couper du monde pour évacuer le stress. À partir de ce lundi, Parcoursup passe à la vitesse supérieure et change ses règles du jeu.

      Désormais, les jeunes encore en attente sur la plateforme devront répondre le jour même. Jusqu’à samedi, ils avaient trois jours plein pour entériner leur choix, délai déjà ramené à 48 heures dimanche.

      But de ce changement de calendrier, annoncé dès le début de la procédure : accélérer le traitement des dossiers dans la dernière ligne droite de Parcoursup, dont la procédure principale se termine mercredi. Et permettre de continuer de vider la colonne des jeunes « en attente », dont le chiffre a bougé au ralenti une bonne partie de l’été. La rentrée d’une partie des formations, qui pourront actualiser leur liste en fonction des éventuels absents, à traiter d’autres dossiers.
      « Je ne veux pas risquer de perdre une année »

      Ce lundi, ils sont encore 10 222 à patienter selon les données fournies par Parcoursup. Il faut aussi prendre en compte les 41 806 candidats inactifs, c’est-à-dire les recalés qui n’ont pas lancé la procédure complémentaire ou n’ont pas saisi leur commission rectorale régionale, chargée de proposer des solutions aux laissés pour compte. Ce qui porte le nombre de candidats en stand-by à un peu plus de 50 000.

      Placée en attente pour trois BTS en région parisienne, Johanna* est rivée sur son téléphone depuis quelques jours. « Dès que l’un d’eux m’accepte, je dis tout de suite oui, explique la jeune femme, installée à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis). Je ne veux pas risquer de perdre une année et je vais regarder souvent mon application Parcoursup pour ne rien louper. »

      La plateforme termine sa phase principale. Cela ne signifie pas que les étudiants sans affectation sont condamnés à une année blanche s’ils n’ont rien d’ici là. Une procédure complémentaire, lancée depuis le 26 juin, permet à ceux qui n’ont essuyé que des refus de candidater à des formations où il reste des places vacantes. Un petit « rab » de temps qui prend fin le 21 septembre.

      http://www.leparisien.fr/societe/parcoursup-les-jeunes-doivent-maintenant-repondre-dans-la-journee-03-09-2

    • 300 étudiants attendent toujours leur inscription à la fac de #Nanterre

      Une centaine d’étudiants et quelques syndicalistes venus les soutenir ce mardi après-midi, au pied de la présidence de l’Université Paris Nanterre, ont demandé l’examen de 300 étudiants en attente d’inscription.

      « Et la fac elle est à qui ? », « Elle est à nous ! », « A qui, à qui, à qui ? », « A nous, à nous, à nous ! ». Les slogans du mouvement universitaire ont de nouveau résonné dans les allées de la faculté de Nanterre, scandés par le leader de la contestation étudiante d’avril et mai 2018, Victor Mendez, membre de l’Unef. Cette fois-ci, ce n’est pas la loi ORE qui est dans le viseur mais la situation d’étudiants sans affectation pour cette rentrée…

      « Nous avons les dossiers de plus de 300 étudiants de licence 1 (L 1) à master 2 (M 2) qui n’ont pas pu s’inscrire, c’est trois fois plus que les autres années », explique Elsa, étudiante en L 3 Humanités à Nanterre et nouvelle adhérente de l’Unef. « Sur Parcoursup, certains se retrouvent aujourd’hui en attente ou refusés sur tous leurs vœux, reprend-elle. Mais ce qui est incompréhensible, c’est qu’il y ait aussi des gens en attente pour les arts du spectacle, par exemple, alors que les enseignants nous disaient qu’il y avait plus de places que de demandes ! »
      « Parce qu’on vient de banlieue, on a aucune chance d’être inscrit dans une bonne fac »

      Au pied du bâtiment B, Louis, un lycéen du Val-de-Marne, accepté à l’université Paris-Est Créteil - son vœu de « sécurité » - espère toujours que l’un de ses autres vœux à Nanterre et dans des universités parisiennes soient acceptés. « Parce qu’on vient de banlieue, on a aucune chance d’être inscrit dans une bonne fac car elles sont toutes à Paris », déplore-t-il.

      « Pour les inscriptions en L 1, on n’a pas la main, c’est fait au niveau national, il faut voir avec l’académie », a répété en boucle Baptiste Bondu, directeur de cabinet du président, qui a répondu aux sollicitations des étudiants faisant la queue sur les marches pour l’interroger sur leur dossier.

      « Au 31 août, mais les chiffres évoluent tous les jours, il nous restait 388 places vacantes sur 6 118 places en première année de licence, pour 3 800 candidats en attente sur Parcoursup ayant émis un vœu pour Nanterre, sachant que les filières où il reste des places, comme l’allemand, ne sont pas demandées », insiste le directeur de cabinet.
      Surbooking sur les filières en tension

      « En première année, 97 % des filières sont remplies, pour d’autres, nous avons dû faire du surbooking, détaille Baptiste Bondu. Les filières en tension sont les Staps (sports), où nous avons près de 400 inscrits en L 1 et où nous avons dû en accueillir 20 supplémentaires, la psycho et le droit. Mais aussi l’éco-gestion, AES (administration économique et sociale), les arts du spectacle, l’anthropologie, les sciences politiques et les filières de langue comprenant de l’anglais… Autant de licences où nous avons dû ouvrir cinq à dix places supplémentaires. »

      Mais ces places ne suffiront pas à satisfaire la demande, loin de là. En attendant, le directeur de cabinet a assuré aux manifestants qu’il recevrait une délégation vendredi et que les quelque 250 dossiers remis par les syndicats seraient examinés.

      http://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/300-etudiants-attendent-toujours-leur-inscription-a-la-fac-de-nanterre-04

    • Parcoursup : un bilan jugé désastreux par les syndicats

      Huit syndicats et associations d’enseignants, de parents d’élèves, d’étudiants et de lycéens, dressent un bilan alternatif et bien plus sombre que celui présenté à la rentrée par Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur. L’année universitaire démarre dans une grande confusion.

      « Un peu moins de 2500 ». C’est le nombre de candidats toujours sans aucune affectation à l’issue de la procédure normale de Parcoursup, selon les chiffres donnés par la ministre de l’Enseignement supérieur le 14 septembre sur l’antenne de France Info. Le dernier tableau de bord publié par le ministère en date du 5 septembre indique pour sa part : 7745 postulants, dont 3674 nouveaux bacheliers à qui aucune proposition dans l’enseignement supérieur n’a été faite. Sur un total de 812 047 inscrits. Un décompte définitif sera fourni d’ici mardi prochain, après la clôture le 21 septembre de la période complémentaire devant proposer aux étudiants non admis des places dans les formations non saturées.

      En ne retenant que les nouveaux bacheliers dans son chiffre de 2500 jeunes sans aucune admission, la ministre triche, au moins un peu. « C’est clairement un mensonge. Ils veulent présenter comme un progrès social quelque chose qui relève de la sélection et qui défavorise les classes populaires », tranche Brendan Chabannes du syndicat Sud-éducation. Ainsi, 2500 étudiants sans formation dans le supérieur peut paraître dérisoire comparé à la totalité des inscrits. Mais un chiffre peut en cacher un autre. Même plusieurs autres.

      Au cours d’une conférence de presse commune, les syndicats enseignants du supérieur (FSU, Sud-éducation, CGT et FO), les représentants de parents d’élèves de la FCPE et ceux des étudiants et lycéens (UNEF et UNL) ont présenté un bilan très éloigné du satisfecit de la ministre de l’Enseignement supérieur. Ils soulignent que parmi les 583 032 candidats ayant accepté une proposition dans Parcoursup, 71 804 conservent d’autres vœux en attente. Une situation tendant à confirmer les critiques formulées par les syndicats opposés à la loi « orientation et réussite des étudiants » et à Parcoursup. À savoir, un dispositif ne permettant pas aux étudiants de sélectionner la formation de leur choix.

      Galèresup pour des dizaines de milliers d’étudiants

      En plus d’une insatisfaction sur les études proposées pour au moins 71 000 étudiants, 39 500 autres candidats sont devenus « inactifs » mi-juillet par un simple changement de dénomination des catégories répertoriées par le ministère. Initialement considérés pour la plupart comme étant sur liste d’attente, ils sont maintenant « contactés par les équipes de Parcoursup pour identifier leurs souhaits ». Mais une autre catégorie se détache, celle de ceux ayant « quitté la procédure ». Ils sont 181 757, un chiffre considérable. Même en soustrayant les lycéens qui ont raté leur baccalauréat, cela représente encore près de 100 000 jeunes qui sont sortis du système en cours de route.

      Pas vraiment une réussite pour la plateforme d’admission dans l’enseignement supérieur. Depuis la fin des épreuves du baccalauréat, le système est grippé. Les vœux conservés correspondant aux souhaits réels des étudiants bloquent les admissions dans de nombreuses filières. « Ils n’ont pas fait leur rentrée et sont dans la nature en attendant une place », constate Brendan Chabannes de Sud-éducation qui observe des universités vides et des filières peinant à faire le plein. Avec pour corollaire « un flou le plus total » sur l’organisation des enseignements comme sur les dispositifs de mise à niveau prévus dans la réforme. « Au lieu d’une prétendue sélection au mérite, nous assistons à une sélection par le fric », ironise le syndicaliste en annonçant une forte augmentation des inscriptions dans les établissements privés.

      « Pour les étudiants, c’est beaucoup d’angoisse et d’incompréhensions depuis le début d’été », souligne Marie Buisson responsable de la fédération CGT de l’éducation. Avec en prime pour elle une aberration : « ce sont les jeunes les moins bien classés, ceux ayant le plus de difficultés à accéder aux études post-bac qui ont eu les réponses les plus tardives. Et plus de rater la rentrée, ils ont du retard sur les bourses et le logement par les Crous ». Une situation censée rentrer dans l’ordre pour tous les étudiants le 21 septembre, date de la fin de la période complémentaire de Parcoursup. Mais rien n’est moins sûr. Des contractuels auraient été recrutés par l’académie de Créteil jusqu’à la mi-octobre pour aider les étudiants en attente d’affectation selon Brendan Chabannes.

      https://rapportsdeforce.fr/classes-en-lutte/parcoursup-un-bilan-juge-desastreux-par-les-syndicats-09212221

    • Lycéens contre le #tri_sélectif

      Le monde de l’éducation aura vécu une fin d’année agitée. À la protestation contre la hausse des frais de scolarité pour les étudiants étrangers non européens s’est greffée une mobilisation lycéenne inédite, apparue dans la France périurbaine.

      Un courriel suffit parfois pour saisir l’affolement d’un ministère en butte à la contestation. Ce 12 décembre, voilà deux semaines que l’agitation se répand dans les lycées français. Un directeur des services de l’éducation nationale écrit aux chefs d’établissement de son académie : « Afin d’éviter que ne s’installent chez nos élèves et leurs parents des éléments d’information relatifs à la réforme du lycée et du baccalauréat tronqués, incomplets, voire fallacieux, je vous demanderai de bien vouloir veiller à ce que nos établissements ne puissent accueillir des temps de réunion communs entre enseignants, parents d’élèves et élèves (1). » Interdire la discussion pour étouffer l’opposition : cette méthode illustre le pouvoir démesuré gagné par les proviseurs, devenus « managers de la République (2) », au détriment des enseignants — une évolution que la réforme du lycée et de l’accès à l’enseignement supérieur ne fera qu’amplifier.

      Tout a commencé le 30 novembre, à l’appel de l’Union nationale lycéenne (UNL). Souhaitant faire savoir que « la jeunesse aussi est en colère », le syndicat a exhorté les élèves à bloquer leurs établissements pour dénoncer, pêle-mêle, le lycée à la carte, la sélection à l’université, les suppressions de postes, la réduction des enseignements généraux dans les filières professionnelles, mais aussi la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG), la réforme de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), le service national universel… Au printemps dernier, l’UNL avait échoué à mobiliser contre Parcoursup, la nouvelle plate-forme d’inscription en ligne dans l’enseignement supérieur. Les problèmes soulevés par le syndicat demeuraient abstraits aux yeux de nombreux élèves ; les organisations d’enseignants, dont l’engagement aux côtés des lycéens joue souvent un rôle moteur, étaient divisées. Quelques mois plus tard, une génération de bacheliers a essuyé les plâtres, et l’histoire va se dérouler autrement.

      Au jour dit, plus de cent lycées sont totalement bloqués. Non pas dans les grands centres urbains, comme il est de coutume dans ce type de mouvement, mais dans des zones rurales et périurbaines, dans des villes petites et moyennes — à Gien, Ingré, Laval, Beaugency, Pithiviers, Saint-Priest, Givors, Neuville-sur-Saône, Guérande, Tours, Sète, Vitré, Blagnac… La protestation continue les jours suivants et s’étend bientôt aux banlieues populaires et aux grandes métropoles. Le 11 décembre, plus de 450 établissements sont bloqués ou fortement perturbés ; des manifestations rassemblent des milliers d’élèves.
      Le souvenir de la désastreuse première campagne Parcoursup

      Cette cartographie particulière ne s’explique pas seulement par l’effet d’entraînement du mouvement des « gilets jaunes ». Les territoires périurbains pourraient être les premiers à pâtir des réformes en cours. Celle du lycée prévoit de substituer aux filières actuelles (scientifique, littéraire…) un système « à la carte », où les élèves pourront choisir entre douze « enseignements de spécialité » selon le parcours qu’ils veulent suivre à l’université. Si plusieurs enseignements (mathématiques, histoire-géographie, physique-chimie…) seront a priori disponibles partout, d’autres (numérique et sciences informatiques, sciences de l’ingénieur, arts…) ne le seront que dans certains établissements — la décision appartient aux rectorats, après demande des proviseurs —, au risque de créer une logique de spécialisation. Pour les élèves des grandes villes, celle-ci sera peu préjudiciable : il y aura bien, dans les environs, un établissement proposant le bon cocktail. Mais, dans les petites villes, les lycéens devront-ils renoncer à la formation de leur choix ? Ou parcourir des dizaines de kilomètres ?

      À cette crainte s’ajoute le souvenir de la désastreuse première campagne Parcoursup : des dossiers d’inscription pléthoriques, des listes d’attente interminables, l’angoisse des réponses négatives, l’opacité de la procédure… Tout le monde connaît quelqu’un qui voulait s’inscrire dans une discipline mais s’est retrouvé dans une autre ; ou qui a pu rejoindre la filière désirée, mais à trois cents kilomètres de chez lui. Lors de sa conférence de presse de rentrée, la ministre de l’enseignement supérieur, Mme Frédérique Vidal, avait minimisé ces difficultés. Selon elle, Parcoursup a été une « vraie réussite » qui, loin d’avoir instauré la sélection, a « favorisé la démocratisation de l’enseignement supérieur », tous les candidats ayant reçu des propositions « au plus près de leurs vœux ».

      En réalité, il est très difficile de mesurer le niveau de satisfaction des élèves, un élément rarement pris en compte dans le discours institutionnel — sans même parler de leur niveau d’anxiété. Chaque candidat de terminale était invité, en mars, à émettre dix vœux, sans les hiérarchiser (3). On pouvait donc « accepter une proposition d’admission », mais par défaut, car on jugeait sa place trop incertaine sur la liste d’attente de la filière désirée. Parmi les 583 000 candidats ayant accepté une proposition (sur 812 000 inscrits en mars 2018), plus de 71 000 conservaient à la fin de la procédure principale (le 5 septembre) d’autres vœux en attente ; on peut supposer qu’ils espéraient mieux (4). À ces insatisfaits il faut ajouter près de 40 000 « inactifs » — les radiés du système, restés trop longtemps passifs — et les quelque 180 000 candidats ayant « quitté la procédure ». Soit parce qu’ils n’ont pas obtenu le baccalauréat (la moitié), soit parce qu’ils ont disparu des radars. Ont-ils renoncé aux études supérieures ? Se sont-ils inscrits dans un établissement privé ? Le ministère ne donne aucun détail. Mais nombre d’écoles privées se sont félicitées d’une explosion des demandes.

      L’angoisse générée par Parcoursup a particulièrement frappé les élèves des établissements accueillant une population défavorisée, où les premiers résultats ont fait l’effet d’une douche froide. À Nanterre, 76 % des élèves d’une classe de filière littéraire n’ont alors eu que des réponses négatives ou « en attente ». La proportion s’élevait à 82 % dans une terminale technologique de Beauvais, et même à 92 % dans une classe technologique d’Asnières-sur-Seine (5). En moyenne, 71 % des élèves de série générale ont reçu une réponse positive dès le premier jour, contre 50 % dans les séries technologiques et 45 % dans les séries professionnelles (6). Si ces résultats ne valaient pas rejet définitif, ils furent source de frustration et de découragement pour de nombreux élèves, poussés à sauter sur le premier accord en sous-estimant leurs chances d’obtenir mieux. Parcoursup a ainsi pénalisé les bacheliers des filières professionnelles, dont les inscriptions à l’université ont chuté de 13,7 % entre 2017 et 2018. « Nous ferons en sorte que l’on arrête, par exemple, de faire croire à tout le monde que l’université est la solution pour tout le monde », avait annoncé le président Emmanuel Macron peu après son élection. En ce sens, la plate-forme a effectivement été une « vraie réussite ».

      La gestion du temps s’est imposée comme un critère central de l’accès à l’enseignement supérieur. En 2018, la procédure s’étalait sur près de neuf mois, de janvier à septembre. Pendant l’été, environ 66 000 candidats se trouvaient toujours sur liste d’attente. Cela a désorganisé les filières du supérieur, qui se voyaient dans l’impossibilité de dresser la liste de leurs inscrits, et retardé l’accès au logement des étudiants : difficile de postuler pour une place dans une résidence universitaire sans connaître son lieu d’études… « La durée de la procédure a entretenu un sentiment d’insécurité », a reconnu Mme Vidal, qui a décidé d’écourter l’anxiété de deux mois pour la session 2019.
      L’élève devient le produit d’une série d’opérations qu’il ne contrôle pas

      Cet ajustement n’est pas seulement technique. Le dispositif Parcoursup saucissonne le jugement scolaire — le processus de classement, d’appréciation, de notation des élèves — en une suite de phases auxquelles le lycéen doit se conformer. Il structure l’orientation et la candidature selon un parcours linéaire qui ne souffre aucun accroc : de décembre à avril, l’information et la formulation des vœux ; d’avril à mai, l’attente des résultats ; de mai à juillet, le choix. La plate-forme s’impose ainsi comme un levier proprement « disciplinaire », au sens où elle contraint chaque famille et chaque élève à des cycles et à des tâches ritualisées face auxquels tous ne sont pas égaux : aller chercher l’information sur les filières, préparer les lettres de motivation… Pendant de longs mois, le lycéen devient le produit d’une série d’opérations de tri, de classement et de calcul qu’il ne contrôle pas. Son avenir se joue à coups d’algorithmes fondés sur des critères dont il ne connaît rien, ou presque.

      Dans un tel système, le droit à l’erreur ou le droit de « ne pas savoir quoi faire » n’existe pas. Tout déraillement, tout ralentissement est sanctionné par un rappel à l’ordre. On pense aux mises en garde adressées par l’administration aux lycéens demeurant « en attente » d’une réponse alors qu’une formation leur avait déjà donné un accord. « On encourage tous ceux qui ont eu une proposition à aller s’inscrire », n’a cessé de répéter le ministère. Pour faire plier les hésitants, les règles ont même changé en cours de route. À partir de juillet, les inscrits n’avaient plus que trois jours pour confirmer un vœu, faute de quoi toutes les propositions étaient annulées. Ces candidats indécis espéraient sans doute une meilleure proposition, mais on les accusait de ne pas libérer les places assez vite. Ils étaient rendus responsables non seulement de leur propre attente, mais aussi de celle des autres.

      Traditionnellement, les sociologues considèrent que la légitimité du jugement scolaire relève de l’organisation de sa procédure. Son caractère acceptable dépend de la transparence des critères, de l’équité de leur usage, mais aussi de la publication des résultats dans un délai raisonnable. Or les élèves des filières professionnelles, souvent issus des milieux populaires, ont patienté en moyenne dix-sept jours pour recevoir une première réponse positive, contre quatre pour les titulaires d’un bac général. L’attente est devenue le reflet des inégalités sociales, incarnant et redoublant la violence du classement.

      Avec Parcoursup, des dizaines de milliers de jeunes sont restés dans l’#incertitude durant des mois, pour des raisons qui leur paraissaient obscures et parfois injustes. En procédant ainsi, l’institution les a poussés à perdre confiance en eux, mais également à douter du système scolaire, social et politique qui produit le classement — un constat également valable pour l’enseignant qui prépare l’élève et pour la famille qui l’accompagne. Voilà, pour le moment, le principal acquis des réformes éducatives de la présidence de M. Macron.

      https://www.monde-diplomatique.fr/2019/01/ALLOUCH/59445

    • Parcoursup : réponse du #Défenseur_des_droits

      Le SNPTES se félicite de la réponse et des recommandations faites par le Défenseur des droits concernant la plateforme Parcoursup.

      En effet, face à un manque de transparence de la procédure d’affectation dans le premier cycle supérieur des candidats, le SNPTES, conjointement à un collectif d’organisations syndicales et d’associations, avait décidé de saisir le Défenseur des droits.

      Pour le SNPTES, chaque candidate et candidat doit pouvoir connaître et comprendre l’ensemble de la procédure et des critères que les établissements utilisent pour évaluer leur dossier. Le SNPTES est convaincu également que les personnels qui ont la charge d’étudier ces candidatures n’ont aucune volonté de cacher ces critères et, que surtout, ceux-ci n’ont aucune volonté discriminatoire.

      Ainsi donc, le SNPTES s’était grandement étonné de la volonté de la ministre de ne pas laisser les établissements communiquer l’ensemble des éléments et protocoles utilisés lors de la lecture des candidatures. Le Défenseur des droits nous donne raison et recommande donc à la ministre de prendre toutes les mesures nécessaires afin « de rendre publiques toutes les informations relatives au traitement, y compris algorithmique, et à l’évaluation des dossiers des candidats par les commissions locales ».

      En outre, le Défenseur des droits incite la ministre de rendre effective la mobilité géographique des candidats, d’harmoniser les pratiques d’accueil des boursiers et favoriser l’accès aux études supérieures des candidats issus de baccalauréats technologiques et professionnels. Tous ces points sont directement corrélés aux capacités d’accueils insuffisantes de notre enseignement supérieur. Le SNPTES ne cesse de le clamer, ces problèmes d’ordre organisationnels ne perdurent que parce que l’État ne consent pas à mettre les moyens nécessaires à la formation de sa jeunesse… et aucun quota ni aucune procédure d’affectation ne pourra compenser ça !

      http://www.snptes.fr/Parcoursup-reponse-du-Defenseur.html

  • Nuit de maraude et d’errance en Ile-de-France - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/02/14/nuit-de-maraude-et-d-errance-en-ile-de-france_1629802

    Dehors ou en centre d’accueil, à Paris et dans le Val-de-Marne, « Libération » a rencontré des hommes et des femmes confrontés à la rue. Ils racontent les appels au 115, l’instabilité, préservant leur dignité entre retenue pudique et humour acide.

    Le gouvernement a beaucoup cafouillé sur sa politique relative aux sans-abri, accumulant maladresses et déclarations approximatives sur le nombre de personnes dormant dans la rue. Par « choix », ont soutenu Christophe Castaner, délégué général de LREM, et le député marcheur de Paris Sylvain Maillard, suscitant une avalanche de réactions indignées. Le secrétaire d’Etat à la Cohésion des territoires, Julien Denormandie, a contribué à la confusion, en énonçant des chiffres contestés sur le nombre de SDF dormant dehors en Ile-de-France. Tout ça, alors que le candidat Macron avait promis qu’il n’y aurait plus personne à la rue avant la fin de 2017.

    « Nous n’avons pas réussi », a admis mardi soir le chef de l’Etat, qui s’exprimait devant la presse. Selon lui, la « pression migratoire forte en fin de trimestre » explique cet échec. Effectivement, les centres parisiens ouverts dans le cadre du plan grand froid hébergent de nombreux réfugiés arrivés récemment de zones de guerre. Fait curieux : alors que la Mairie de Paris organise dans la nuit de jeudi à vendredi un recensement inédit du nombre de #sans-abri pour mieux ajuster les politiques publiques, la préfecture (et donc l’Etat) s’est retirée de cette opération, sous prétexte de problèmes méthodologiques et de mobilisation des services étatiques pour le plan grand froid. Libération est allé à la rencontre de ces personnes sans abri : celles qui continuent à dormir dehors même en hiver, et celles qui acceptent d’aller dans les centres. Même pour quelques nuits.

    Dans le Val-de-Marne, avec la Croix-Rouge

    On tombe sur un « château » de SDF, mardi, vers 22 heures, à Nogent-sur-Marne, à l’est de Paris : un banc public, un sac de couchage pas trop vieux, deux épaisseurs de couvertures, le tout sous un kiosque à musique, place de l’Ancien-Marché. C’est lui qui pose les questions : « Ça va, vous ? » Ou qui les renvoie à l’expéditeur : « Un toit ? Vous voyez bien que j’en ai un. Un café chaud ? Ah non, pas à cette heure. Si j’ai chaud ? Oui, je m’en sors bien. Comment ils font, sans chauffage, les animaux dans la forêt ? » Alors que souffle un vent mouillé, que l’air est encore à la neige après une averse de flocons, il demande simplement un paquet de biscuits et un caleçon propre à l’équipe de la Croix-Rouge qui effectue une maraude. Pas question d’aller dans un centre d’accueil d’urgence. Il n’y est jamais allé. Cette nuit-là, il est content de discuter. Il dit, comme pour se rassurer : « En Sibérie, les gens n’ont pas peur du froid. Et c’est pas à cause de la vodka. D’ailleurs, un vrai Russe ne boit que de l’eau… » Au bout d’un quart d’heure, les quatre secouristes bénévoles s’en vont poursuivre leur maraude. « Bon courage ! » C’est le SDF qui le dit.

    Le refus d’une place d’hébergement n’est pas complètement un choix. Le premier obstacle vient de la procédure d’inscription hors d’atteinte : il faut disposer d’un téléphone pour appeler le 115, le numéro d’urgence, et les lignes sont souvent saturées. Quand le contact est établi, la Croix-Rouge vient chercher le sans-abri en camionnette. Autre frein, les centres n’ont pas toujours bonne réputation, même si leur état s’est amélioré dans l’ensemble, avec des dortoirs abritant jusqu’à 250 transats. Les peurs : chiens non admis, vols fréquents de portables, bagarres, nourriture qui détraque l’estomac. Ils sont nombreux à décliner un lit. « On ne peut pas forcer les sans-abri, souligne l’équipe de la Croix-Rouge, qui est passée de deux maraudes par semaine à une par jour depuis le 5 février avec le déclenchement du plan grand froid. Tout ce qu’on peut faire, c’est de leur donner la température extérieure. On leur dit que s’ils passent la nuit dehors, ils risquent de… » Mardi, sur dix SDF rencontrés par les secouristes bénévoles en Val-de-Marne, six n’ont pas voulu aller dans un centre.

    Gare RER de Maisons-Alfort : un homme avec une béquille dit qu’il fait « vraiment trop froid ». Il reçoit une soupe à la tomate. « C’est la gare qui a appelé le #115 pour moi. » Il s’inquiète : « Au fait, comment je reviens ici demain ? » Comme le centre d’hébergement d’urgence de Villiers-sur-Marne ne garde pas les SDF en journée, il devra marcher plus d’une quinzaine de kilomètres vers son lieu de campement, ou trouver un bus, un train. Et s’il veut à nouveau dormir au sec, il devra recommencer la procédure du 115 à zéro… Sur le chemin, il fait causette : « Johnny est mort, vous en aviez entendu parler ? Bon, moi, j’ai perdu tout le monde, ma mère, ma mère adoptive, mon père, mon grand frère, des copains. Pourquoi je suis encore là, moi ? Je pense que Dieu ne veut pas des alcooliques. » Il voudrait qu’on lui mette l’autoradio, alors il commence à chanter : « Non, rien de rien. Non, je ne regrette rien… »

    Au gymnase Paradis, dans le Xe arrondissement de Paris

    Ali Erfanullah repousse fébrilement sa barquette alimentaire et déplie sur la table une ordonnance médicale. Signée le jour même, avec le tampon de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Ali « a subi un traumatisme physique et mental », indique le papier. Les yeux dans le vague, le migrant évoque son passé. L’Afghanistan, les bombes… Comme les nombreux sans-abri qui peuplent le gymnase Paradis (Xe arrondissement de Paris), ce trentenaire a fui la guerre. « J’ai laissé derrière moi mes deux sœurs et ma mère. Je n’ai aucun contact avec elles. Je n’ai aucun contact avec personne », raconte-t-il dans un anglais hésitant. Sa voix tremble, comme ses doigts gourds. Le poisson pané distribué par l’Armée du salut - qui gère le gymnase mis à disposition par la Ville de Paris -n’a pas suffi à le réchauffer. Derrière lui, une centaine de lits de camp grincent quand les hébergés s’y allongent, épuisés.

    Dans ce centre d’accueil éphémère, tous sont arrivés le 5 février, au lancement du plan grand froid. Jusqu’alors, ils dormaient sous les ponts du canal Saint-Martin. Ils devront quitter le gymnase dès que la température remontera. Tous les migrants présents craignent d’être expulsés de France. Ils ont le visage fermé, parfois barré par une cicatrice. Ils viennent du Soudan et d’Afghanistan, principalement. « Ils sont très respectueux », affirme un gardien chargé d’effectuer le pointage à l’entrée du bâtiment. Le règlement est strict. « Les gars du 115 [le numéro du Samu social] nous préviennent : tant de personnes arrivent à telle heure. Puis, une fois le pointage fini, on envoie la liste des hébergés à la préfecture. A 23 heures, plus personne ne rentre », explique Camara, agent de l’Armée du salut. Après avoir grillé une cigarette dans la nuit glaciale, trois hommes originaires du Darfour se présentent à l’entrée. D’un geste de la main, le gardien les laisse accéder au bâtiment après avoir vérifié leurs cartes. Demain matin, ils devront avoir quitté les lieux avant 11 heures pour quitter les lieux. Certains, comme Osman, se rendront à la médiathèque Françoise-Sagan, en face du gymnase, pour apprendre les bases de la langue française.

    Au centre d’accueil pour femmes de l’Hôtel-Dieu

    Une autre histoire d’ordonnance : Mme Abdoun, 55 ans, douze médicaments en tout, pour une grippe, mais aussi pour le diabète et l’hypertension. « L’autre jour, j’ai fait une crise. Je suis restée trois semaines à l’hôpital Saint-Antoine. J’avais vingt de tension. » Avant l’ouverture du centre, Mme Abdoun vivait « dans la rue près de la gare du Nord ». De temps en temps, elle faisait des petits boulots au noir : garde d’enfant, ménage… « En échange, on me fichait la paix, je dormais sur le canapé. » Elle raconte ça dans un couloir de l’Hôtel-Dieu, un hôpital partiellement désaffecté, où les chambres portent des noms de fleurs. Une aile de ce bâtiment a été transformée en centre d’hébergement géré par l’association Aurore. Il est dédié aux femmes sans domicile fixe. Certaines sont enceintes. Maguette vient seulement de passer sa première échographie après huit mois de grossesse. C’est une fille. Elle n’a pas encore réfléchi au prénom.

    Dans une autre partie du centre, où des places supplémentaires ont été ouvertes dans le cadre du plan grand froid, changement d’ambiance. Les pompiers sont en pleine intervention : une femme est au plus mal. Fini les noms de fleurs, on dort sur des lits pliants dans des chambres numérotées. L’hébergement est sommaire. Les femmes, rencontrées dans la rue lors des maraudes, arrivent au fur et à mesure de la soirée. Elles passent en moyenne trois nuits dans cette halte, le temps d’être réorientées vers d’autres centres d’hébergement plus pérennes. La règle est simple, affichée noir sur blanc sur la porte d’entrée : s’absenter une nuit, c’est perdre sa place. Gina, passée par un centre d’hébergement de Nanterre (Hauts-de-Seine) après avoir vécu dans la rue à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), vient de faire son premier jour comme bénévole dans une association d’aide à l’enfance à l’extérieur. Quitte à ne pas être payée, elle préfère être active et se « rendre utile auprès des enfants, les aider à faire des activités, quelque chose ». Sa sœur, qui a un travail et un logement, lui prête sa carte de transport.

    Soumaya insiste pour ne pas être prise en photo : ses frères la recherchent après qu’elle a fui l’Algérie où sa famille voulait la marier à un homme beaucoup plus âgé. Ils l’ont déjà rattrapée une fois en Tunisie. En France, elle s’occupait d’une femme de 37 ans en fauteuil roulant, contre un bout de canapé. Quand ce boulot a cessé à la suite d’un conflit avec la famille, ses économies ont vite fondu. Et elle s’est retrouvée à la rue.

    Dans le tunnel sous le quartier des Halles

    Sous terre, les plus désespérés se créent un espoir. Creusé sous le quartier du centre Pompidou, le tunnel des Halles compte près d’une dizaine de lieux d’habitation de fortune. Les voitures qui passent font des bruits de train. L’obscurité, les lampes froides : rien ne distingue le jour de la nuit. Ici viennent ceux qui n’attendent plus rien de la société ou de ces hébergements d’urgence guère plus durables que la vie en sac de couchage. Dans ce lieu où tout le monde se rejette, on enlève aux pauvres leur liberté de s’effacer : des grilles hautes de deux mètres, brillante démonstration des dispositifs « anti-SDF », empêchent de déplier un duvet sous les sources de chaleur. Les sans-abri doivent se cacher encore plus dans le noir. On finit par en trouver dans les niches de sécurité qui servent aux automobilistes à se protéger en cas d’incendie. L’un(e) d’eux a mis des rideaux à sa cabine. Un(e) autre s’est glissé(e) dans un sarcophage de cartons. Aucun murmure. On dirait un colis abandonné. A vingt mètres de là, un parking souterrain à 9 euros de l’heure, interdit aux #SDF, diffuse une lumière douce et une mazurka de Chopin.
    Pierre Carrey , Paul Leboulanger , Nicolas Massol

    Article qui fout les boules… Le parking avec la mazurka de Chopin ça m’a tuée.
    #pauvreté #hébergement_d_urgence

  • Une centaine de travailleurs sans papiers en grève en Ile-de-France, Maryline Baumard, LE MONDE | 12.02.2018
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/02/12/une-centaine-de-travailleurs-sans-papiers-en-greve-en-ile-de-france_5255455_

    Ils s’opposent au projet de loi migration qui veut pénaliser le travail sous une autre identité, et réclament d’être régularisés.

    Abdoulaye sort le reçu des 624 euros qu’il vient d’envoyer à sa famille au Sénégal. « Je ne sais pas du tout quand je pourrai faire le prochain envoi », commente-t-il, après avoir précisé qu’« au pays la famille est d’accord pour la grève ». La décision n’a pas été facile à prendre pour ce travailleur immigré de 31 ans qui fait vivre épouse, enfants et parents en Afrique. Mais, après cinq ans de vie sans papiers en France, il refuse d’être davantage exploité, évoquant « les mois à 700 ou 800 euros alors que je travaille tous les jours, qu’on ne me paie qu’une partie des heures et que je dois me taire, parce que le patron sait que je travaille sous une autre identité ».

    L’histoire d’Abdoulaye ressemble à celle de la centaine de Subsahariens présents dimanche 11 février au soir au siège de la CGT. Là, les grévistes de six entreprises d’Ile-de-France préparaient les piquets de grève qui se sont mis en place lundi au matin, remplissaient les caisses de solidarité avec l’argent collecté, euro après euro. « On part en grève pour être régularisés, puisqu’on travaille depuis des années ici, et qu’on gagne moins que ceux qui ont des papiers, en faisant des travaux plus durs. Mais on arrête aussi le travail à cause du projet de loi qui va rendre encore plus difficile de signer un contrat sous une autre identité, ce qu’on fait tous ici », explique ­Robert,salarié de GLS à Roissy.

    « On est cassé au bout de quelques mois »

    Les sans-papiers se font souvent prêter un passeport et un numéro de Sécurité sociale pour signer un contrat. Pour éviter les ennuis, les entreprises les font en général embaucher par des sociétés d’intérim, qui servent d’écran. Mais le projet de loi asile et immigration, qui sera présenté en conseil des ministres le 21 février, annonce dans son article 16-II que le salarié risquera cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende, puisqu’il tombera sous le coup de l’article 441-8 du code pénal.

    Le texte qui est à l’étude au ­Conseil d’Etat espère ainsi « renforcer l’effectivité et la crédibilité de la lutte contre l’immigration irrégulière ». « En fait, on veut se débarrasser de nous, commente Abdoulaye, mais c’est illusoire et aucune personne qui a des papiers ne tiendrait deux mois à porter des frigos, des roues de tracteurs… On est cassé au bout de quelques mois de manutention, mais on reste », insiste-t-il à l’unisson avec Lossemy, un camarade de travail ivoirien.

    Alors qu’Abdoulaye et Lossemy devaient rejoindre le piquet de grève à 5 heures à Roissy, cinq autres entreprises devaient elles aussi être concernées, à Paris, dans le Val-de-Marne et dans l’Essonne. « Ce mouvement concerne pour l’heure une centaine de salariés de six entreprises très représentatives des secteurs dans lesquels travaillent les plus précaires : le bâtiment, avec Défi Technology ; la cuisine avec Event Thaï ; les déchets avec STLG et Sepur, la logistique et le transport avec Chronopost et GLS », observe Marilyne Poulain, du collectif migrants de la CGT.

    Cesystème de régularisation (par le travail) qui ne dit pas son nom permet de donner des titres de séjour à quelque 6 000 personnes tous les ans. Ilfonctionne plus ou moins selon les départements et les entreprises. " Les patrons peuvent signer une demande d’admission exceptionnelle au séjour. Et même un certificat de concordance qui reconnaît la véritable identité de la personne travaillant sous un nom d’emprunt ", rappelleRaymond Chauveau, qui a mené la grève des sans-papiers de 2008.

    Reste que les salariés en grève travaillent dans des entreprises qui acceptent peu ou pas du tout de régularisation. De plus, le système s’est enrayé dans certains départements depuis l’élection d’Emmanuel Macron, les préfets étant davantage incités à renvoyer qu’à régulariser. " En Seine-Saint-Denis, par exemple, la préfecture a mis en place un système de prise de rendez-vous qui dissuade de déposer des demandes de régularisation ", regrette Jean-Albert Guidou, du collectif migrants de la CGT. Face à cette situation disparate, le syndicat demande l’ouverture de négociations avec le ministère de l’intérieur, pour la centaine de grévistes, et non avec les préfectures, et demande la suppression de l’article 16 de la loi migration.

    Dans la salle dimanche soir, la centaine de visages jeunes, à la peau foncée, restaient graves face aux explications des syndicalistes. Bonnets, vêtements sombres, tous écoutaient les explications, applaudissant à l’idée de faire partie d’un collectif pour ne plus galérer seul. Le plus applaudi aura été l’Adama de la grève de 2008 qui milite à la CGT et était venu raconter que " la lutte paye si on la mène à terme ". Mardi 13 février, le secrétaire général, Philippe Martinez, tiendra une conférence de presse afin de montrer que la Confédération porte haut ce sujet.

    #sans_papiers #grève #régularisation #loi_asile_et_immigration

    • DES TRAVAILLEURS SANS-PAPIERS OCCUPENT LES LOCAUX DE SIX ENTREPRISES D’ÎLE-DE-FRANCE
      https://www.streetpress.com/sujet/1518430204-travailleurs-sans-papiers-occupation-greve-roissy

      À Roissy, ils sont arrivés à 5h30 pétantes, avant le lever du soleil. Une quinzaine de travailleurs sans-papiers et leurs collègues de la CGT occupent depuis ce matin les locaux de la société GLS, une entreprise d’acheminement de colis basée à quelques encablures de l’aéroport Charles-de-Gaulle. Ils ne sont pas les seuls. Six entreprises d’Île-de-France sont actuellement squattées par des travailleurs sans-papiers. Le tout pour une durée indéterminée. « C’est une grève que l’on prépare depuis six mois », précise Jules, militant de la CGT Logistique. Pour le jeune homme, le piquet de grève pourrait durer de longues semaines :
      « On veut mettre la pression sur les entreprises pour qu’elles mettent à leur tour la pression à l’Etat. »

  • La police confrontée à des difficultés de recrutement, Julia Pascual, LE MONDE | 09.02.2018
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/02/09/la-police-confrontee-a-des-difficultes-de-recrutement_5254237_1653578.html

    Alors que les renforts en effectifs ont été multipliés par dix en l’espace de cinq ans, l’institution peine de plus en plus à attirer des profils de qualité.

    Réclamés à tous les échelons de la police nationale, de la base au commandement, les renforts en effectifs sont un des piliers de la réforme de la sécurité publique, lancée jeudi 8 février par le ministère de l’intérieur. Pour remettre les forces de l’ordre sur le terrain, Gérard Collomb a déclaré que, « dans les cinq ans qui viennent, nous allons créer 10 000 postes » dans la police et la gendarmerie.

    Dans un contexte de menace terroriste, les recrutements étaient déjà repartis à la hausse sous le précédent quinquennat avec près de 9 000 créations de postes. Un changement de braquet radical, après les années de rigueur de la RGPP (Révision générale des politiques publiques). « Alors qu’on a recruté moins de 500 élèves gardiens de la paix en 2012, on en a pris 4 800 en 2016 et 4 700 en 2017 », témoigne Philippe Lutz, ‎directeur central du recrutement et de la formation de la police nationale. Cette année, un concours exceptionnel, en plus de la session ordinaire, doit se tenir en mars, comme ce fut le cas déjà en 2016, après les attentats.

    Cette montée en puissance ne se fait pas sans difficultés. « Les gouvernements n’ont pas recruté de façon régulière et, maintenant, ils veulent massivement combler les trous, quitte à prendre des policiers qui ne savent pas réfléchir, s’alarme un fonctionnaire qui intervient en école de formation. Devant les élèves, on lutte. Au niveau de l’expression, du vocabulaire, de l’orthographe… Il y a aussi des choses qu’ils n’intègrent pas au niveau procédural, sur ce qu’ils peuvent faire ou pas. Ils ont besoin d’être encadrés en permanence. S’ils sont livrés à eux-mêmes sur la voie publique, ça va être compliqué. » « On ne peut pas impunément multiplier par dix le nombre d’élèves recrutés. Il est logique que la qualité soit plus diffuse », concède M. Lutz.

    Tensions plus fortes sur le deuxième concours

    Actuellement, le recrutement de gardiens de la paix se fait par deux voies, à peu près à parts égales : un concours externe ouvert à partir du niveau bac et un concours interne, auquel se présentent principalement des adjoints de sécurité, les anciens emplois jeunes de la police, accessible sans condition de diplôme. C’est notamment sur ce dernier concours, au niveau de l’Ile-de-France, que les tensions les plus fortes se font sentir. Plusieurs sources syndicales assurent que le niveau d’admission a été abaissé. « L’an dernier, ils ont pris des candidats en dessous de 8 de moyenne au concours », rapporte l’une d’elles. Malgré cela, en 2017, environ 400 postes n’ont pas été pourvus.

    « LE CONCOURS N’ATTIRE PAS DES PERSONNES AYANT LE NIVEAU DE LE PASSER », LE SYNDICAT VIGI
    M. Lutz se dit « vigilant » et reconnaît avoir dû, l’an passé, « repousser les dates limites de dépôt de candidature, car nous étions en retrait par rapport au nombre attendu ». Près de 24 000 personnes se sont portées candidates en 2017. L’engouement massif qui s’était manifesté après les attentats a fait long feu. « En 2016, lors du concours exceptionnel, nous avions eu 35 000 candidats, mais c’est un pic qu’on n’a jamais retrouvé », dit M. Lutz. Il tempère en outre le succès de cette moisson : « Les candidats n’avaient pas forcément le profil qu’on attendait. Ils étaient surtout dans la réaction aux événements terroristes. Or, on ne va pas à la DGSI en sortant de l’école. Le quotidien, c’est la police secours, les cambriolages, les troubles de voisinage, les violences conjugales… »

    « Un métier dangereux et difficile »

    « Le concours n’attire pas des personnes ayant le niveau de le passer », tranchait jeudi dans un communiqué le syndicat Vigi (ex-CGT Police). Plusieurs facteurs peuvent contribuer à tarir le vivier de recrutement, en particulier le système d’affectation des policiers. Alors que la majorité des élèves gardiens de la paix sont des jeunes originaires de villes de moins de 5 000 habitants – la région Hauts-de-France fournit le plus important contingent –, ils sont pour 70 à 80 % d’entre eux affectés en région parisienne, notamment dans des quartiers difficiles, contraints d’y demeurer cinq à huit ans avant de demander une mutation. Un aspect qui peut rebuter. « C’est un métier dangereux et difficile », ajoute Philippe Capon, secrétaire général du syndicat de gardiens de la paix UNSA Police. Il évoque, pêle-mêle, les suicides de fonctionnaires, les heures supplémentaires, le manque de moyens, l’affaire Théo, la mort de Xavier Jugelé, tué lors d’une attaque terroriste sur les Champs-Elysées…

    La police nationale est aussi concurrencée par d’autres recruteurs tels que la gendarmerie nationale, la police municipale ou encore la sécurité privée. Pour remédier au manque d’attractivité des postes en Ile-de-France, le directeur général de la police nationale, Eric Morvan, a annoncé jeudi réfléchir à des aides au logement et au transport ainsi qu’à ouvrir le concours interne aux agents de la fonction publique. Le ministère de l’intérieur envisage aussi de réformer les épreuves du concours externe, pour donner plus de poids à l’entretien oral par rapport à l’étude de texte ou au test de questions/réponses. Un chantier qui n’est pas sans risque. « Le but, ce n’est pas de faire la dictée de Bernard Pivot, résume M. Lutz. D’un autre côté, il faut se rappeler que ces fonctionnaires vont faire de la procédure, prendre des plaintes… »

    La formation, enjeu de la police de sécurité quotidienne , Julia Pascual, LE MONDE | 09.02.2018

    Avec le lancement de la police de sécurité du quotidien, le ministère de l’intérieur a ouvert un chantier sur l’apprentissage du métier de policier.

    Le gouvernement veut professionnaliser le tutorat dès la prise de poste des gardiens de la paix.
    Une « refonte totale de la formation des gardiens de la paix ». En lançant la police de sécurité du quotidien, jeudi 8 février, le ministère de l’intérieur a ouvert un chantier sur la formation. Il est question de modules densifiés ou nouveaux, relatifs à la « connaissance de l’environnement local » ou aux « échanges avec la population ». « Beaucoup de choses sont déjà en place », prévient Philippe Lutz, le directeur central de la formation et du recrutement de la police nationale. « Les policiers sont déjà sensibilisés à la relation police/population, confirme un formateur. On l’aborde dans plusieurs cas, le contrôle routier, le différend familial, la victime d’un vol… Et puis, discuter avec quelqu’un d’autre, ça fait partie de l’éducation. »
    Lire aussi : Police de sécurité du quotidien : « 30 quartiers bénéficieront de moyens supplémentaires », déclare Gérard Collomb au « Monde »

    Ancien policier devenu sociologue – il écrit une thèse sur la formation des policiers –, Jean-Michel Schlosser estime au contraire que les nouveaux fonctionnaires « sont très peu, voire pas du tout, formés à la connaissance des problèmes socio-économiques qu’on va leur demander de gérer ». « Des choses existent dans la mallette pédagogique, reconnaît-il, mais la réalité, c’est que c’est plutôt de la présentation et pas de la formation véritable. Elle est faite par des policiers, ce qui, malgré leur professionnalisme, ne suffit pas. Le ministère de l’intérieur est très fermé au monde des sciences humaines. Il y a des tentatives, avec des psychologues ou des sociologues, mais ça reste la portion congrue. »
    Muscler la formation initiale
    Quid, par ailleurs, du travail de police en banlieue, où la majorité des gardiens de la paix sont parachutés à la sortie de l’école ? Aujourd’hui, son appréhension se résume à un module sur les violences urbaines. Pour muscler la formation initiale des élèves policiers, deux mesures principales ont été annoncées jeudi. Des modules d’« adaptation au premier emploi » d’une durée de trois semaines devraient voir le jour, pour préparer les gardiens à la spécificité de leur futur poste. « La formation initiale ne permet pas de voir toutes les facettes du métier, justifie M. Lutz. Des modules sur la police aux frontières et les CRS fonctionnaient, mais on n’avait quasiment rien pour la sécurité publique et pour l’investigation, qui nécessite de comprendre la complexité de la réflexion juridique. »
    Le gouvernement veut aussi « professionnaliser » le tutorat des gardiens de la paix lors de leur prise de poste. « Cela permettra de leur présenter le quartier, ses spécificités, les différentes communautés… », a esquissé, jeudi, Rachel Costard, directrice de la formation et du recrutement en Ile-de-France. L’enjeu des chantiers ouverts, selon M. Lutz, « c’est que l’intégration de quelqu’un de Rodez qui se retrouve en poste à La Courneuve se passe le mieux possible ».
    Lire aussi : La police confrontée à des difficultés de recrutement

    « Aujourd’hui, lorsque l’élève policier arrive en service, c’est un peu le “sac de sable”, résume Damien Cassan, professeur à l’université de Suffolk (Grande-Bretagne), qui a réalisé sa thèse sur la socialisation professionnelle des policiers en France et au Royaume-Uni. Il reste à l’arrière de la voiture. Il y a l’idée que c’est l’expérience qui fait l’expertise. L’apprentissage du métier est très diffus. » Pour M. Lutz, il faut une meilleure continuité entre la sortie d’école et les premiers pas en commissariat, « sinon, ce qui a été appris en école peut être remis en cause par la culture du terrain ».

    #police

  • M. le secrétaire d’État, il y a bien plus de 50 sans-abris en Île-de-France !
    https://la-bas.org/4923

    Julien Denormandie, secrétaire d’État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, en charge du logement, a affirmé – contre l’évidence – qu’il n’y avait qu’une cinquantaine d’hommes isolés à dormir dans la rue dans la nuit du 30 au 31 janvier dans toute l’Île-de-France. Un déni de réalité, qui en révèle un autre…Continuer la lecture…

    #Usage_de_faux #Vidéo

  • Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce jeudi 8 février 2018
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/14494-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    Bonjour chèr(e)s ami(e)s, ce matin les routes sont dégagés, (enfin on espère) donc retour à une activité normal, pour ma part j’ai payé Yiannis le développeur Chypriote qui est intervenu sur le Blog pour notre passage en 3.8.3, 100€ c’est peut comparé au 5h qu’il a passé sur le blog, mais ça reste une somme conséquente, aussi nous faisons appel à votre solidarité.

    En attendant, veuillez trouver ci-dessous, comme d’habitude, notre tour du monde de l’actualité en 10mn, en complément, la Defcon Room (toute relookée) se tient à votre disposition 24h/24 et 7j/7 ; )))

    Bonne lecture, bonne journée, et merci de votre confiance.

    Amitiés,

    L’Amourfou / Contributeur anonyme / Chalouette

    Actualités françaises :

    08.02.2018

    Île-de-France : après la neige, le gel (Le Point.fr)

    La France va (...)

  • Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce mercredi 7 février 2018
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/14490-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    Bonjour à toutes et à tous, ce matin un air de Noël dans mon jardin avec 2 mois de retard, si vous êtes comme ma femme bloqué chez vous, tout ce que je peut vous conseiller c’est de profitez de ce décor de carte postale.

    Et pour cela rien de tel qu’une bonne Revue de presse bien au chaud.

    En attendant, veuillez trouver ci-dessous, comme d’habitude, notre tour du mond de l’actualité en 10mn, en complément, la Defcon Room (toute relookée) se tient à votre disposition 24h/24 et 7j/7 ; )))

    Bonne lecture, bonne journée, et merci de votre confiance.

    Amitiés,

    L’Amourfou / Contributeur anonyme / Chalouette

    Actualités françaises :

    07.02.2018

    La neige sème le chaos en Île-de-France (Les Echos.fr)

    Croissance française, emplois étrangers détachés, l’équation perdante de Macron (...)

  • Ce qu’il y a de bien, avec cette droite décomplexée, c’est qu’elle ressort les mêmes foutaises avec une régularité d’horloge suisse. SDF ? Parce que je le vaux bien.

    « L’immense majorité » des SDF dorment dans la rue « par choix », ose le député LREM Sylvain Maillard
    https://www.marianne.net/politique/video-pour-depute-lrem-syvlain-maillard-immense-majorite-sdf-dorment-dans-

    Sylvain Maillard ne s’arrête pas là dans l’audace argumentative. Faisant valoir qu’il est député de Paris, il assène cette leçon de terrain : « Je suis aussi un élu local parisien et ce qu’il faut savoir, c’est que même dans les cas de grand froid, certains SDF ne souhaitent pas être mis à l’abri (…), c’est leur choix ». Décrivant jusqu’ici une réalité en effet parfois rencontrée par les associations au cours de leurs maraudes. Sentant néanmoins venir un second enfumage, le journaliste de RFI lui demande de préciser : « Est-ce qu’il y a aujourd’hui selon vous plus de 50 SDF en Ile-de-France qui dorment dans la rue malgré eux ? » "Nous le chiffre que l’on a, c’est 50 SDF par jour dorment malgré eux dehors dans le froid", répond l’élu.

    « Les autres, c’est parce qu’ils le veulent ? Tous les autres, c’est leur choix de dormir dans la rue ? », relance encore le journaliste, histoire d’être bien sûr de l’argument avancé pour justifier que la promesse d’Emmanuel Macron n’ait pas été tenue. Car en décembre, cette réponse similaire du patron de LREM Christophe Castaner au micro de BFMTV avait déjà scandalisé les associations d’aide aux sans-abri, la jugeant « indécente » : « Il y a des hommes et des femmes qui refusent aussi, dans le cadre des maraudes, d’être logés ». Et Syvlain Maillard de maintenir sans sourciller, dans une surenchère par rapport à la castânerie initiale : « L’immense majorité, c’est leur choix, oui ».

    C’est quoi, ton hashtag pour ça, @philippe_de_jonckheere ? #foutriquet ? #jean-foutre ?

  • SDF : le gouvernement a-t-il rempli son objectif de loger tout le monde ?
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/14474-sdf-le-gouvernement-a-t-il-rempli-son-objectif-de-loger-tout-le-mon

    L’exécutif avance le chiffre de 50 hommes isolés dans les rues de Paris. Pour le SAMU social, les SDF seraient 60 fois plus nombreux dans la capitale

    En juillet dernier, Emmanuel Macron avait érigé en priorité l’objectif de ne plus avoir de SDF dans les rues de France. "La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois. C’est une question de dignité, c’est une question d’humanité et d’efficacité", avait indiqué le président.

    Bataille de chiffres

    Six mois plus tard, le gouvernement a-t-il rempli son objectif ? Julien Denormandie, secrétaire d’État à la Cohésion des territoires, estime à 50 le nombre d’hommes isolés en Ile-de-France. (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Femmes voilées recherchent jobs désespérément

    http://abonnes.lemonde.fr/religions/article/2018/02/03/femmes-voilees-recherchent-jobs-desesperement_5251214_1653130.html

    Femmes voilées recherchent jobs désespérément
    De jeunes diplômées racontent leur difficulté à trouver un emploi.

    LE MONDE | 03.02.2018 à 06h31 • Mis à jour le 03.02.2018 à 07h54 |
    Par Cécile Chambraud
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    Elles y vont le plus souvent avec la boule au ventre. Pour tout demandeur d’emploi, l’entretien d’embauche est une épreuve. Lorsqu’on est une femme et que l’on porte un voile, il devient vite un tourment. « Parfois, c’était plus le foulard que moi-même qu’on regardait », témoigne Myriam (les femmes interrogées ont souhaité préserver leur anonymat), une Parisienne de 23 ans titulaire d’un BTS d’assistant manageur.

    Il arrive que, pendant l’entretien, le recruteur glisse une question à ce sujet. « On m’a déjà demandé : lorsque vous viendrez travailler, enlèverez-vous votre voile ? », se souvient la Toulousaine Samira, 24 ans, titulaire d’un DUT de techniques de commercialisation. Mais souvent, il demeure un non-dit.

    Pourtant, c’est bien à ce moment-là que se referme, pour nombre de ces diplômées, la porte entre-ouverte de l’entreprise recruteuse que leur CV avait pourtant intéressée. Dans le huis clos de l’entretien d’embauche, les femmes voilées ressentent durement l’obstacle invisible qui leur est réservé sur la voie de l’emploi salarié, en particulier de l’emploi qualifié auxquels les ont préparées leurs diplômes.

    C’est une réalité impossible à quantifier, difficile à saisir. « Le refus d’embauche est assez peu visible car il est très difficile de le démontrer », souligne Lila Charef, directrice exécutive du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). C’est pourtant une pratique bien réelle, dont le caractère insidieux n’empêche pas qu’elle soit contraire à la loi, qui interdit aux entreprises de discriminer lors de l’embauche, que ce soit en fonction de la religion, du sexe, de l’âge ou de tout critère autre que les compétences. « Elle a pour conséquence que le secteur privé devient une peau de chagrin pour ces femmes », ajoute Lila Charef.

    « Vous correspondez au poste, mais... »

    De nombreuses femmes témoignent de cette difficulté par leur parcours. Elle surgit parfois avant même la fin de leurs études. A Angers, après de nombreux refus, en master d’économétrie, Sarah a dû faire son stage de fin d’étude au sein de l’université. Dans son mastère en systèmes d’information et d’aide à la décision, le directeur de formation et le coach en communication avaient prévenu Mina : avec son voile, elle aurait du mal à trouver un emploi qui corresponde à ses compétences d’ingénieure en informatique décisionnelle.

    Cette Toulousaine, âgée aujourd’hui de 26 ans, a eu un avant-goût de ce qui l’attendait au moment de trouver un stage. Elle avait postulé avec des CV sans photo. Le jour de l’entretien, elle avait un discret foulard noué en turban. Avec le recruteur, cela ne s’est pas bien passé. « L’attitude de cette personne, ses regards, montrait qu’elle n’était pas contente », témoigne-t-elle. Elle a finalement effectué un stage de six mois chez Orange, société qui avait déposé une offre dans son mastère.

    En Ile-de-France, Linda, 28 ans, a mesuré la différence quand elle a commencé à se voiler, en seconde année de mastère de management. « J’ai vu la différence entre avant et après, même lorsque je recherchais un job d’été, dit-elle. Je n’avais jamais eu de problème avant. » La différence a persisté lorsqu’il s’est agi de décrocher un emploi. « J’ai vite compris qu’il fallait mieux l’enlever lors des entretiens, même pour un simple turban, explique cette employée d’un cabinet de conseil. Pour un même poste, sans turban, ça passait mieux. Ce domaine recrute beaucoup, j’avais plein de propositions, mais j’ai compris que ce serait un frein. »

    A Paris, les entretiens se « passent bien » pour Myriam mais n’aboutissent pas pour autant à une embauche. « Vous correspondez au poste, mais avec votre foulard, ça ne passera pas », lui disent certains recruteurs. A Pôle emploi, un conseiller l’a « mise en garde » contre les conséquences du port du foulard. Cette incertitude sur les motifs profonds des refus qui leur sont opposés est déstabilisante.

    Dilemme

    Une fois qu’elle a eu fini son stage chez Orange, à Toulouse, Mina s’est mise en quête d’un emploi. « Là, je n’ai eu que des refus, raconte-t-elle. Je décrochais des entretiens, certaines entreprises me contactaient spontanément car elles recherchaient mon profil, mais quand j’arrivais, on me disait que finalement il n’y avait pas de place ou que je ne correspondais pas », dit la jeune ingénieure.

    Un jour, pendant un entretien, deux recruteuses lui demandent si elle a une idée de ce qui a pu motiver les refus précédents. Le voile, répond-elle. « Oui, pour nous, le voile ne peut pas passer. Il faudra le retirer, et on signera un contrat tout de suite. » Elle a refusé.

    Garder le voile, le retirer : devant les difficultés, ce dilemme s’impose à toutes un jour ou l’autre. Chacune le résout à sa façon, soit en tranchant une fois pour toutes, soit en hésitant, mais jamais simplement.

    La sociologue Fatiha Ajbli a étudié dans sa thèse, soutenue en 2011, les « stratégies variées » de ces femmes qui cherchent à concilier voile et emploi. « La nature de leur arbitrage entre le travail et le signe religieux déterminera leur trajectoire professionnelle », résume-t-elle.

    Même si, d’une manière générale, « plus le diplôme est important et professionnalisant, plus la place de la visibilité religieuse sera prête à être aménagée », Fatiha Ajbli observe que les nouvelles générations de femmes pratiquantes sont moins « complexées » que les précédentes et plus déterminées à concilier les deux. « Elles sont moins marquées par cette tension, plus à l’aise avec l’articulation des deux sphères », résume-t-elle.

    Parcours du combattant

    Myriam a tenu bon : « Dans ma famille, certains me disaient de le retirer pour l’entretien. J’ai été tentée, mais il fait tellement partie de moi. Je ne voulais pas l’ôter. J’ai étudié comme tout le monde, pourquoi serais-je désavantagée par un bout de tissu ? » Elle a fini par être embauchée dans une entreprise parisienne de services. D’abord à un poste de téléconseillère qui ne lui convenait pas. La perspective de recommencer ce parcours du combattant l’a dissuadée de chercher ailleurs. Finalement, à la faveur d’une mobilité interne, elle est devenue gestionnaire et « cela se passe très bien ».

    A Paris, après sa formation de comptable, Fatoumata, 26 ans, a elle aussi voulu conserver son voile. Conséquence, elle a dû se contenter dans un premier temps de garde d’enfant avant d’être embauchée – avec son voile – par l’association Coexister. « Je pouvais être moi-même », se souvient-elle. Puis elle a dû chercher ailleurs. Après des déconvenues, elle s’est résolue à aller tête nue à un entretien. « Ça m’a fait bizarre. Mais on me regardait enfin comme une personne lambda ! », se souvient-elle. Elle a été embauchée et se demande encore si ses collègues l’auraient considérée de la même manière si elle était venue voilée au début. « Les gens croient que parce qu’on est voilée, on ne parle que de religion ou qu’on ne sait pas rigoler », ironise-t-elle.

    Linda a fini par retirer son foulard. « Dès ce moment, ça s’est très bien passé. J’ai décroché un stage. Pour mon premier job, j’ai pris la décision d’y aller sans – j’avais un loyer à payer. On devient schizo : on a l’impression d’être deux personnes selon qu’on porte son voile ou non. » Son choix ne va pas sans interrogations : « L’enlever, c’est un déchirement pour nous, témoigne la jeune femme. On ne se sent pas nous-mêmes. Après, on s’y fait. Je l’enlève avant d’arriver au travail. J’ai l’impression d’être une hors-la-loi. » Elle se demande comment cela se passerait, si elle demandait à son employeur de pouvoir venir voilée. Avec la « peur que mes collègues changent de regard sur moi ».

    Découragement et perte de confiance

    Mina n’a pas voulu le retirer : « Il fait partie de moi », tranche-t-elle. Ses professeurs l’avaient prévenue qu’elle aurait du mal à trouver un emploi à Toulouse et lui conseillaient d’aller en région parisienne. Cette recherche sans aboutissement est usante. « A force de chercher, le moral en prend un gros coup », résume-t-elle. Toutes évoquent des périodes de découragement et de perte de confiance en soi.

    Certaines, qui n’ont pu trouver un emploi à la hauteur de leurs qualifications, se rabattent sur des pis-aller. Sarah, l’analyste de données, « envisage de partir au Royaume-Uni, où c’est plus souple ». Samira a intégré un centre de formation privé acceptant les femmes voilées, mais pour un emploi qui n’a « rien à voir avec [ses] qualifications » de commerciale. Elle réfléchit à la suite : « J’attends d’avoir la bonne idée pour monter une auto-entreprise », dit-elle.

    Mina a travaillé dans une association dont les bénévoles se sont révélés « intolérants », puis dans une école privée musulmane. « Malheureusement, cette intolérance nous pousse bien souvent à travailler “en communauté”, dans une entreprise dont le patron est musulman, alors que ce que j’aime, c’est le contact avec les gens de tous horizons », regrette Mina.

    Aujourd’hui, trois ans après avoir fini ses études, elle est télésecrétaire à domicile, avec le statut d’autoentrepreneuse. Tout en élevant son petit enfant, elle gère les plannings de médecins et d’entreprises. Elle est payée à l’appel et gagne « une misère ». Mais elle « préfère travailler seule plutôt que de prendre des refus ». Mina n’entend pas en rester là : « Garder le voile, ça ne me handicape pas du cerveau ! » Elle essaye de développer son activité d’autoentrepreneuse « pour les années à venir ».

    Une évolution vers l’entrepreneuriat

    La réorientation vers l’entrepreneuriat d’une partie de ces femmes qui ont trouvé close la porte du salariat, c’est ce que scrute la doctorante en sociologie Hanane Karimi. Initialement, elles sont allées en nombre vers des plates-formes d’appels téléphoniques et le télémarketing. La chercheuse observe que « ces stratégies d’évitement ne comblent plus ces femmes et elles trouvent dans l’entrepreneuriat un moyen de dépasser la limitation du marché de l’emploi ». D’où la croissance d’un entrepreneuriat musulman féminin dans des domaines très variés, de l’artisanat au coaching sportif en passant par les services numériques. « Sa particularité, souligne la chercheuse, c’est qu’il n’est pas un premier choix, mais une conséquence de cette limitation. »

    Ses recherches ont appris à Hanane Karimi qu’entre ces entreprises majoritairement individuelles, des réseaux d’entraide, de partage d’outils et de compétences se constituent et se diffusent. Il s’y fait aussi un gros travail de reconstruction de « l’estime de soi », écornée par les échecs rencontrés ailleurs. L’entrepreneuriat « permet à des femmes qui avaient renoncé de reprendre un parcours professionnel », explique la chercheuse.

    « Progressivement, de réseaux d’entre-soi subi, ils évoluent vers quelque chose de plus inclusif, avec plus de mixité [avec des non-musulmans], qui dépasse le réseau initial », décrypte-t-elle. Elle donne en exemple le réseau AKB, à l’origine (2011) destiné « à soutenir les femmes musulmanes » dans la création d’entreprise. Il s’adresse aujourd’hui « à toutes les femmes en difficulté professionnelle », explique le site de l’association. Le 5 février, il organisera le 6e « concours des entrepreneuses plurielles ».

  • LE CNDH ROMEUROPE ACCUEILLE AVEC INTÉRÊT ET VIGILANCE LA NOUVELLE INSTRUCTION POUR LA RÉSORPTION DES BIDONVILLES.
    http://www.medecinsdumonde.org/fr/actualites/presse/2018/02/01/le-cndh-romeurope-accueille-avec-interet-et-vigilance-la-nouvelle-i

    Ce mardi 30 janvier a été publiée une instruction « visant à donner une nouvelle impulsion à la résorption des campements illicites et des bidonvilles ». Signée par 8 ministres, cette instruction a pour vocation de prolonger celle d’août 2012, en privilégiant l’action publique dès l’installation des personnes, et non plus en mettant uniquement l’accent sur le temps de l’expulsion. Le CNDH Romeurope a participé à des groupes de travail sur l’élaboration de cette instruction, et y retrouve plusieurs de ses propositions.
    Un objectif de résorption des bidonvilles est fixé à 5 ans : cet objectif, ambitieux, ne pourra être tenu qu’avec une bonne dose de courage politique. Il implique en effet de rompre avec des politiques publiques qui pendant 25 ans n’ont fait que privilégier les expulsions, faisant prévaloir le droit de propriété sur les droits fondamentaux des enfants, femmes et hommes vivant dans ces bidonvilles. Cet objectif ne pourra sérieusement devenir réalisable que dans la mesure où, d’un part, les habitants des squats et bidonvilles seront respectés et non triés et sélectionnés, et d’autre part, à condition que les personnes concernées, collectifs et associations soient systématiquement et obligatoirement associés tant sur la conception de cette stratégie que sur sa mise en œuvre locale.

    La nouvelle instruction appelle les Préfets à mettre en place des stratégies globales à l’échelle intercommunale. Cette concertation locale est nécessaire et bienvenue, mais une stratégie ne suffit pas, si elle n’est pas suivie de moyens financiers et d’engagement politique. Toute stratégie doit par ailleurs être déclinée en mesures concrètes qui engagent les différents acteurs : personnes concernées avant tout, associations et collectifs, Etat, région, département, intercommunalités et municipalités.

    L’instruction appelle aussi les pouvoirs publics à agir en assurant le respect des lois de la République : nous espérons que parmi ces lois, les droits à la scolarisation et à la domiciliation ou au bénéfice de la trêve hivernale seront des priorités.

    Ce nouveau texte pourrait permettre de donner un nouveau souffle à l’action publique. Cependant il est important de se souvenir que la circulaire du 26 août 2012 a eu une application très partielle sur les territoires, quand elle n’a pas été piétinée dans certains départements. En 2017, ce sont plus de 11000 personnes qui ont été expulsées de leurs lieux de vie, dont 63% en Ile-de-France.