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  • « Gilets jaunes » : paroles d’un peuple divers
    15 DÉCEMBRE 2018 PAR YANN LÉVY / HANS LUCAS (PHOTOS) ET MATHILDE MATHIEU (TEXTE)

    Des « gilets jaunes » ont de nouveau manifesté par dizaines de milliers, ce samedi 15 décembre. « Le mouvement ne doit pas s’arrêter ! » Il y a ceux qui promettent de revenir pour le réveillon, ceux qui se tâtent, qui veulent renouveler les modes d’action. Et puis toujours « la haine » contre Macron. Rencontres au gré des places de Paris.

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    Jordan, 25 ans, agent dans un parc automobile de l’Ain. « Regardez mon solde bancaire : il me reste 70 centimes pour aller jusqu’au 5 janvier et j’ai pas droit au découvert. J’attends un enfant… Ma première revendication, c’est le RIC, le référendum d’initiative citoyenne : que le peuple retrouve le pouvoir de décider au lieu d’une minorité déjà bien aisée. Il faut aussi penser aux SDF, aux handicapés… J’aimerais pouvoir aider davantage mon père malade du cœur et des poumons, invalide, qui touche seulement 800 euros d’allocation. Ce qu’on veut, c’est quelque chose de décent, qu’on arrête surtout de parler de nous “aider”. Pourquoi je me mets à genoux comme les lycéens de Mantes-la-Jolie ? Parce qu’il y a d’autres moyens de canaliser les jeunes sans humilier. Ça me fait penser à des exécutions. »

    Pauline, 46 ans, infirmière de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), syndiquée chez Sud. « Avec certains gilets jaunes, on n’a pas les mêmes références culturelles. Ils chantent la Marseillaise, j’ai plutôt envie de reprendre L’Internationale. En 2017, j’ai voté Poutou [le candidat du NPA à la présidentielle – ndlr]. Mais ici tout le monde discute, y a plein de gens qui venaient jamais aux manifs. C’est plus intéressant que Nuit debout, par exemple : beaucoup plus social, avec des gens davantage de la base. Ma revendication première ? Le Smic à 2 000 euros, des vies décentes pour tous. Moi, je gagne enfin cette somme après 20 ans de carrière, et je suis seule, à Paris, à élever ma gamine. Heureusement que j’ai un logement social… Il faut se battre aussi pour les services publics : on va encore supprimer des centaines de postes par an à l’AP-HP. Même s’il y a un risque de flottement avec Noël, le mouvement doit pas s’arrêter là. »

    Lina, étudiante franco-syrienne de 21 ans en « langues étrangères appliquées » à la fac de Saint-Denis. « S’il y a un essoufflement, c’est les forces de l’ordre qui l’ont provoqué ! Je suis allée à l’Élysée deux fois : y a jamais eu d’agressivité de notre part, mais ils provoquent avec leurs boucliers, ils prennent nos masques contre les lacrymos. Le blocage à la fac, à la base, ça ne m’arrange pas, mais il faut absolument dénoncer l’augmentation des frais d’inscription réservée aux étudiants étrangers. Alors, on a déjà bloqué quelques heures et on veut bloquer à nouveau après les partiels. Et puis, moi aussi je trouve qu’on paye trop de taxes. [Après une enfance en France,] j’ai vécu dix ans en Syrie, avant de revenir fin 2012. Ma famille commerçante paye beaucoup d’impôts… Il faut continuer le mouvement ! Nous devons être là pour les gilets jaunes, et eux pour nous. »

    Damien, 25 ans, maçon dans l’Yonne. « C’est le quatrième samedi que je viens à Paris. J’étais jamais venu avant, j’avais jamais manifesté de ma vie. Je suis un campagnard. Je ne vois pas plus loin que la campagne. D’ailleurs, je fais aussi de l’ensilage, pour aider. En 2017, j’ai voté Marine. Au deuxième tour en 2012 ? Pour celui qui a gagné, là, Hollande. À la base, pour les gilets jaunes, je me suis mobilisé pour les heures supplémentaires : travailler plus pour gagner plus. C’est sorti lundi dans le discours de Macron : le seul truc de bien. Mais on continue pour le pouvoir d’achat ! »

    Didier, 60 ans, fraîchement retraité de chez Safran et venu des Yvelines avec sa compagne Valérie, caissière. « En ce moment, je regarde pour m’expatrier en Espagne. On est trop ponctionnés en France. Pourtant, je ne fais pas partie des plus à plaindre : après 40 ans de maison, j’ai touché une prime de départ et je vais gagner plus de 2 000 euros de retraite. Mais avec les annonces de Macron, je paierai toujours la CSG, alors qu’en Espagne, y en a pas ! Ça fait déjà 150 euros net dans la poche. Et le coût de la vie est 30 % moins cher là-bas : la première fois que tu fais tes courses, tu te dis qu’ils ont oublié quelque chose. On irait au bord de la mer, vers Alicante… En 2017, j’ai voté Fillon [tandis que sa compagne optait pour Asselineau], parce que le seul qui n’a pas fait grimper mes impôts, c’est Sarko. Après 40 ans d’engagement chez Safran [grand groupe de défense – ndlr], au service de la France, c’est pas évident de m’expatrier. Mais je m’y retrouve plus aujourd’hui. »

    Mariam, 20 ans, étudiante en sociologie à Paris et membre du collectif Justice pour Adama (créé après la mort d’Adama Traoré dans une gendarmerie du Val-d’Oise). « On se rallie à la cause des Gilets jaunes, pour combattre l’injustice sociale et contre toutes les violences policières. On ne pourra changer les choses que s’il y a une convergence des luttes. »
    Meïween, 22 ans, en master de droit. « On a tous des opinions politiques différentes. L’essentiel, c’est de se rassembler. La suite ? Il faut soutenir la mobilisation contre Parcoursup (qui est encore un outil de discrimination), celle des lycéens aussi, après que ceux de Mantes-la-Jolie se sont fait mettre à terre et humilier. Mardi, on était à Ivry : des mineurs du lycée Romain-Rolland ont été interpellés [après la découverte d’un tag “Macron démission” notamment dans l’établissement] et ils dénoncent des violences en garde à vue. La proviseure est allée jusqu’à déposer plainte pour “dégradation” ! Non, on ne lâchera pas. J’ai vu qu’un prochain “acte” était prévu sur les Champs-Elysées pour le réveillon, j’irai sûrement. »

    Jean*, 34 ans, venu de Normandie. « J’ai un statut de militaire donc je suis interdit de manifester, je peux pas vous donner mon nom. Appelez-moi Jean, comme Jean Valjean [le personnage des Misérables de Victor Hugo]. Les annonces de Macron, c’était de la poudre de perlimpinpin. Augmenter le Smic via la prime d’activité je veux bien, mais ma femme, par exemple, n’y a pas le droit parce que je gagne trop. Donc faut mettre l’“acte VI” sur Facebook, continuer à gêner les commerces – sans casser, hein, on n’est pas des casseurs. La seule chose que je cautionne pour casser, c’est les banques, parce qu’elles volent aux pauvres. Moi qui suis à découvert tous les mois, mes agios se montent à 300 ou 400 euros par an ! Bref, faut continuer. J’ai jamais participé à des mouvements sociaux avant, mais je sais parfaitement que Mai-68 a commencé en mars. »

    Vincent, Kanak, 53 ans et résident de Seine-et-Marne. « Ce mouvement, ça ne m’évoque pas Mai-68, ça me rappelle plutôt 1985 en Nouvelle-Calédonie, trois ans avant la prise d’otages à la grotte d’Ouvéa [par des indépendantistes]. Quand j’ai vu le ministre Castaner sortir les blindés la semaine dernière, ça m’a fait penser à Pisani en 1985 : trois ans plus tard, ça s’est fini avec des morts. »

    Soumia, 35 ans, éducatrice spécialisée à Paris. « Ce qui me conduit là, c’est le ras-le-bol de toute la pression qu’on reçoit en tant que salariés, comme professionnels du social y compris. Notre métier, c’est d’aider les gens fragilisés mais quand on commence la carrière à 1 320 euros, on se retrouve à être nous-mêmes des personnes fragilisées. Dans le secteur, le manque de moyens est criant. À Paris, je pense à la suppression en cours des contrats “jeunes majeurs” [pour les jeunes pris en charge jusque-là par l’Aide sociale à l’enfance]. On va les laisser sans rien à 18 ans. Bref, je suis là pour la défense des services publics et pour qu’on vive sans peur des fins de mois. »

    Jonas, 40 ans, ancien de la Légion étrangère. « Le meilleur slogan que j’ai vu aujourd’hui c’est : “Vivre debout !” Ça pourrait remplacer la devise française. Si le mouvement s’essouffle ? Certainement pas ! Mais il y a eu beaucoup plus de filtrages, des interpellations préventives, des gens condamnés à de la prison pour la détention de lunettes de piscine. Il s’est surtout transformé : au départ, c’était contre les taxes, c’est devenu un combat pour la dignité, ce n’est même plus une question de classe. On se bat pour la cohésion sociale et la survie du pays. Vous avez vu ? Des généraux et un amiral ont commencé à se manifester contre le “Pacte de Marrakech” [le Pacte mondial des migrations de l’ONU], dans une lettre ouverte au président [en allant jusqu’à dénoncer une “trahison”]. C’est une convention qui a pour objectif de modifier considérablement la société. Je suis pour des référendums citoyens comme en Suisse, parce que la République aujourd’hui nous est confisquée. Par des gens qui criminalisent tout débat sur ces sujets [les migrants], en nous traitant de fachos. Ce que j’ai voté en 2017 ? Je n’ai pas voté en 2017, je refuse de participer à cette mascarade. »

    Alexandre, ancien professeur et Insoumis parisien, 66 ans. « On a reçu un mail des Insoumis : “Venez nombreux !” Mais je n’ai pas encore vu grand monde… Au début, ce mouvement spontané des gilets jaunes, je ne le sentais pas trop, j’hésitais, je le pensais un peu poujadiste, pour dire vite. En fait, il y a toute une série de revendications qui collent bien avec les Insoumis, sur la justice sociale et un système plus démocratique de consultation directe. Pour la suite, je ne sais pas trop comment faire : ça tourne un peu en boucle, les manifs comme ça du samedi. On est un peu coincés par les mouvements violents… Faut trouver des idées. »

    Sarah, 30 ans, en formation d’éducatrice spécialisée à Reims. « Je suis là pour l’urgence sociale et climatique, comme la semaine dernière déjà. Je suis revenue dès hier pour une action contre la Société générale montée par Les amis de la Terre et Action non-violente COP21, contre le financement des énergies fossiles. L’articulation entre ça et les gilets jaunes ? C’est le même fond : la surexploitation des ressources humaines et terriennes. En soi, taxer le carbone est une bonne idée, à condition que des alternatives soient offertes, sinon c’est une prise d’otages. La suite ? Il faut encore trouver d’autres modes d’action, manifestement, sinon on va avoir du mal à passer les vacances. »

    Jannick, 63 ans, ancienne femme de ménage, descendue du Nord avec son compagnon retraité de la SNCF. « Nous on ne souffre pas, mais on est solidaires. Cela dit, je dois toucher 100 euros de retraite depuis décembre dernier [elle a très peu travaillé, ndlr] et j’attends toujours… Et puis, on est en accession à la propriété, avec 14 ans encore à payer. J’aurai fini à 76 ans ! Surtout, j’ai un petit-fils qui vient d’avoir le bac et qui trouve pas de job parce qu’il n’a “pas de formation”… Il suffit donc pas de traverser la rue, comme dit Macron ! En 2017, moi, j’ai voté Le Pen, parce qu’on n’a pas encore essayé, mais on ne parle jamais de politique avec les gilets jaunes : on est tous dans le même bain, et y en a qu’un qu’est visé : Macron. C’est la haine, on le déteste. On en est à notre quatrième manifestation. Avant, la seule fois où j’étais venue à Paris, c’était pour Charlie Hebdo. Mais on n’en a pas fini avec lui : je veux qu’il remette l’ISF, et le référendum citoyen pour avoir la démocratie dans ce pays. Je me demande encore comment il est arrivé là. Enfin, je sais : propulsé par ses amis financiers. »

    https://www.mediapart.fr/studio/portfolios/gilets-jaunes-paroles-d-un-peuple-divers

    #giletsjaunes #gilets_jaunes #témoignages

  • Loin de la terre promise

    Venus d’#Amérique_latine, des milliers de travailleurs et travailleuses récoltent les #fruits et #légumes de #Provence. Parfois confrontés à des employeurs malhonnêtes, certains ouvriers s’organisent.

    « En France, plus personne veut bosser dans l’#agriculture ! » Appuyé contre son tracteur sous le soleil écrasant de la fin d’été, L., maraîcher bio entre #Arles et #Avignon, se désole de la #pénurie de #main-d’œuvre française. Dans cette plaine fertile des #Bouches_du_Rhône, c’est le constat amer que font la plupart des agriculteurs. « Les Français, ils ne tiennent pas le coup ! » renchérit un de ses collègues. La solution : des #ouvriers_étrangers, bosseurs et pas exigeants.

    Après les Espagnols, les Portugais et les Marocains, ce sont des milliers de #travailleurs_sud-américains qui viennent dans le Sud de la France via des entreprises d’#intérim espagnoles comme #Terra_Fecundis, #Laboral_Terra ou #Eurofirm. Créées par des notables de la région de Murcia, Alicante ou Valence, dans le sillage de la crise du BTP de 2008 en Espagne qui a mis des milliers d’ouvriers sur le carreau, elles envoient dans toute l’Europe des travailleurs « en provenance de pays à faible coût », comme elles le mettent en avant auprès des agriculteurs.

    Des nouveaux travailleurs pas chers

    Côté agriculteurs, tout est facilité : même si le salaire horaire doit être désormais le même que celui des Français (lire ci-dessous), les boîtes d’intérim payent les cotisations sociales espagnoles, moins chères d’environ 10%. Entre l’exploitant et les travailleurs, aucun contrat individuel, mais une « commande » collective est passée auprès des entreprises espagnoles qui leur « livrent » les travailleurs en bus. L’agriculteur n’a plus qu’à régler la facture. Leur période d’embauche est calquée sur les besoins et les aléas de la production : ils sont donc révocables à tout moment.

    « Ce système arrange tout le monde ! constate Béatrice Mesini, sociologue. A la fois les agriculteurs qui ont tout à y gagner mais aussi les travailleurs eux-mêmes, qui sont très contents de pouvoir toucher 7,50 euros de l’heure pour vivre et rembourser leurs dettes au lieu de 3,50 à 5,50 euros en Espagne et encore moins chez eux en Amérique du Sud. »

    Des #abus et de la #surexploitation

    « Ils ne nous déclaraient que huit jours par mois alors qu’on travaillait tous les jours. » Sifrid

    Mais à quel prix ? Sous-déclaration des heures de travail, conditions de #logement déplorables, retenues démesurées sur le #salaire (la nourriture, les frais de santé, etc.)… Les accusations sont nombreuses. Rencontré à Beaucaire, Sifrid, Equatorien, raconte son arrivée en France en 2006, via Terra Fecundis (TF) : « Ils ne nous déclaraient que huit jours par mois alors qu’on travaillait tous les jours et parfois on n’était payés que plusieurs mois plus tard, dénonce le quadragénaire, le visage tanné par le soleil. En plus, ils prélèvent une somme pour les transports, pour le logement, pour tout ! Ils ne payent pas ­légalement ! »

    André Fadda, du syndicat CGT intérim 13, le confirme : « Dans le #travail_détaché, la première infraction qu’on note, tous secteurs confondus, c’est les amplitudes #horaires qui ne sont jamais respectées, dénonce-t-il. Ils peuvent parfois travailler jusqu’à 200, voire 250 heures par mois. »

    Des pratiques épinglées par la #justice

    La justice française s’est penchée sur le cas de ces entreprises espagnoles. En 2011, une information judiciaire pour #homicide involontaire est ouverte au Tribunal de Tarascon, à la suite de la #mort par #déshydratation d’#Iban_Elio_Granda_Maldonado, un travailleur TF. Aucune mesure n’a été prise à ce jour et la procédure s’éternise.

    A l’été 2017, la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille ouvre une #enquête pour « #dissimulation_d’activité » et « #fraude_au_détachement ». Rien n’en est encore ressorti. D’ailleurs, sur les 3000 contrôles effectués en 2016 dans des #exploitations_agricoles, seules 329 entreprises ont été déclarées en #infraction. TF brouille les pistes : elle reste injoignable à son siège espagnol de Murcia et son adresse française à Châteaurenard nous mène vers l’appartement d’un de ses salariés, qui confirme qu’il n’y a plus de bureaux ici depuis trois ans.

    Les pratiques douteuses de ces entreprises ont attiré l’œil de la Mutuelle sociale agricole (MSA) et de l’Inspection du travail dont les contrôles sont de plus en plus fréquents. Sont ciblés ceux faisant appel aux prestations de TF, Laboral Terra, etc. Ennuyés par ces contrôles, les agriculteurs commencent à se montrer réticents aux services de ces sociétés. Un exploitant ayant souhaité rester anonyme témoigne : « Parfois, j’embauche quelques Equatoriens. Avant, je le faisais via Terra Fecundis mais maintenant, je passe par un groupement d’employeurs de droit français : au moins, on ne risque plus une descente de gendarmes. »

    Lassés d’être considérés comme des « négriers » et des « esclavagistes », des exploitants visités en viennent à mettre dehors les journalistes de manière musclée : « Vous voyez la porte là ? Eh ben, vous la prenez. Basta, on en a marre de lire des conneries sur notre dos. » D’autres, un peu plus enclins à la discussion, finissent par confier leur désarroi : « On sait qu’il y a des pratiques anormales, mais nous on est réglo et ça se passe très bien. Et puis ils sont là pour bosser ! » Ceux-ci ont cessé de « se faire livrer » par Terra Fecundis et recrutent désormais leurs #saisonniers en direct.

    S’organiser pour se faire respecter

    Petit à petit, les Sud-Américains qui ont acquis la nationalité espagnole contournent le détachement et passent par #Réagir, un groupement d’employeurs agricoles départemental. Sous la serre, Manuel, Johana, Maula, Rolando et Gloria, en pleine plantation du fenouil, ne regrettent pas d’avoir quitté TF : « Ici au moins, nos heures supplémentaires sont payées et les jours fériés et les dimanches majorés. » Un cadre qui plaît aussi à leur employeur qui souligne que « le paiement des charges en France ouvre le droit à une couverture sociale et à une #mutuelle ».

    Pourtant, même là, la situation est loin d’être idéale et ne garantit pas toujours de meilleurs traitements au quotidien… Blanca (le prénom a été changé à la demande de la personne ndlr ) travaille dans une entreprise française de conditionnement de fruits et légumes dans la région d’Avignon : « Je travaille trois jours et demi par semaine mais entre 5h du matin et 19h, avec des pauses. Dans l’entreprise, on nous a dit qu’on ne pouvait pas travailler plus de 48h par semaine ! lance cette mère de famille en riant un peu jaune. Mais bon, moi ça m’arrange pour les enfants. »

    Même si très peu d’entre eux parlent le français, ces travailleurs commencent à connaître leurs droits et des formes d’organisation collective émergent. La #solidarité est forte : des #cagnottes sont montées pour aider certains à payer des frais médicaux, des tournois de volley sont organisés pour souffler, se retrouver… Et en profiter pour s’échanger des contacts de boulot. Lassé de se « faire voler par les entreprises espagnoles », Peters, ancien saisonnier de TF, a monté sa propre entreprise pour mettre directement les travailleurs et les agriculteurs en lien : « Comme je parle bien français, à force je connaissais les employeurs et ils faisaient directement appel à moi. Je me suis lancé. »

    De leur côté, Santiago et Nelly sont cofondateurs d’une toute récente association, #Latinos_Sin_Fronteras, à Beaucaire : « On ne veut pas être vus que comme des machines à travailler. On est aussi des musiciens, des peintres, et on veut promouvoir notre culture, explique Santiago. « On voudrait aussi proposer des cours de français », rajoute Nelly. Julien Sanchez, le maire (FN) de #Beaucaire, n’a pas l’air très disposé à les aider dans leurs démarches. Mais la dynamique est lancée et entre deux matches de volley, certains soufflent que malgré les pressions, ils aimeraient monter un syndicat…

    Le #détachement : une politique européenne

    Pensé à l’origine pour favoriser la circulation des travailleurs au sein de l’Union européenne, le détachement est mis en place en 1996 à travers une directive qui précise qu’un travailleur détaché est « tout travailleur qui, pendant une période limitée, exécute son travail sur le territoire d’un Etat membre autre que l’Etat sur le territoire duquel il travaille habituellement ». Accusé de favoriser le « #dumping_social », le texte est amendé en 2017 en proposant d’établir l’égalité de rémunération et de règles salariales entre travailleurs détachés et locaux, tout en maintenant le règlement des #cotisations_sociales dans le pays d’origine. Il limite aussi la durée du détachement à douze mois et compte « protéger les travailleurs de la fraude et de l’exploitation ».

    Ces règles ont été entérinées en juillet 2018 par une nouvelle directive. « Pour l’Europe, c’est un système de win win win ! explique la sociologue Béatrice Mesini. A la fois pour le pays d’origine, pour le pays récepteur et pour le pays de mise à disposition. Tout le monde est gagnant et c’est pour ça que ça marche. »

    En Europe, le nombre de #travailleurs_détachés a augmenté de 45% entre 2010 et 2014, passant de 1,3 à 1,9 million, contre 600 000 en 2007. Le Ministère du travail français en recensait 516 101 en 2017, soit deux fois plus qu’en 2016, alors qu’en PACA, dans le secteur agricole, ils étaient 67 357 à venir ramasser des fruits et légumes, soit 7,4% de l’emploi salarié régional


    https://lecourrier.ch/2018/10/07/loindelaterrepromise-france
    #travailleurs_étrangers #travail #exploitation #maraîchage
    cc @isskein

  • Les feux de forêt en Méditerranée : un faux procès contre Nature | Cairn.info
    http://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2005-4-page-289.htm
    Pas tout lu

    Le caractère pyrophile de la végétation méditerranéenne est le résultat d’une longue évolution qui remonte au moins au Néolithique. L’intensification des #incendies, liée au développement des #cultures et à la nécessité d’ouvrir des espaces de #pâturage pour les #troupeaux_domestiques, a largement contribué à diffuser les chênes sempervirents et les pins méditerranéens, au détriment parfois de forêts caducifoliées préexistantes comme l’a démontré A. Durand (1998) pour le Languedoc. En Espagne, parmi les nombreux gisements anthracologiques analysés par J.-L. Vernet (1997, p. 129), celui de la Cova de Cendres (province d’Alicante) est l’un des plus représentatifs de la transformation ancienne des #paysages_forestiers_méditerranéens par le feu. Vers 7 500 BP, la végétation de cette région ibérique se composait d’une chênaie verte, accompagnée par un chêne caducifolié (probablement le chêne faginé). L’exploitation de la chênaie, ainsi que la pratique de l’élevage et de l’agriculture, se sont traduites par une première phase d’ouverture des peuplements vers 6 000 BP. L’utilisation du feu est signée par l’apparition de bio-indicateurs pyrophiles comme le #pin_d’Alep. La substitution de la chênaie par une pinède à pin d’Alep n’apparaît qu’au début du #Néolithique, entre 6 000 et 4 500 BP. Elle est liée en grande partie à la multiplication des incendies d’origine humaine. La répétition des feux durant le #Chalcolithique et l’âge du Bronze, entre 4 000 et 3 000 BP, a provoqué l’expansion d’un matorral composé de #pyrophytes (ciste, romarin, lavande, bruyère multiflore) au détriment de la #pinède.

    #incendies #forêt #Méditerranée #agriculture #climat

    • À Elda, province d’Alicante, en 1889, l’industrie de la chaussure est en pleine expansion. Manuel Sirvent, fils de paysans, y quitte l’école à sept ans pour devenir cordonnier. Dans une Espagne où l’alliance de la monarchie, du patronat et de l’Église est omnipotente, il en vient très vite à l’anarchisme et au syndicalisme. Non par la théorie mais par la pratique, celle d’un autodidacte pour qui la seule école est « la rue et le travail ».

      Manuel nous offre avec ses Mémoires une œuvre de littérature populaire. De la conspiration contre la monarchie à la révolution libertaire de 1936, des prisons espagnoles à la déportation et l’exil en Bretagne, de l’amour pour sa compagne Dolores à son engagement au sein de la CNT et de la FAI, son manuscrit couvre un demi-siècle d’expériences individuelles et collectives.

  • Cérémonie en hommage à Manuel Lozano
    http://www.cnt-f.org/ceremonie-en-hommage-a-manuel-lozano.html

    Aujourd’hui, jeudi 14 avril, se déroulait la cérémonie de dévoilement de la plaque en hommage à Manuel Lozano dans le XIXe au 34, rue des bois. Cette cérémonie s’est déroulée en présence des camarades de la CNT espagnole en exil ainsi que de l’association 24 août 1944. Catherine Vieu-Charier a prononcé (...) — allocution-24-aout-1944.jpg, allocution-cnt-1.jpg, allocution-cnt-2.jpg, allocution-cnt-3.jpg, allocution-lyceens-vitry-1.jpg, allocution-lyceens-vitry-2.jpg, ceremonie.jpg, devoilement-plaque-1.jpg, plaque-lozano.jpg, Communiqués des syndicats de la CNT , album , 1, 2

    • #Manuel_Lozano, fut l’un des premiers soldats de la Deuxième division blindée (2e DB) du général Leclerc, à entrer dans Paris occupé, le soir du 24 août 1944.

      " Né le 14 avril 1916, à Jerez de la Frontera, en Andalousie, Manuel est le fils d’un ouvrier coiffeur. Suite au décès de sa mère, il commence à travailler très jeune dans une distillerie puis comme ouvrier agricole dans les vignes de Jerez.
      En 1932, il adhère à la Fédération Ibérique des Jeunesses Libertaires (#FIJL) et à la Confédération Nationale du Travail (#CNT), où pour son plus grand bonheur, il apprend à lire et écrire. À l’été 1936, il s’engage dans les milices et part combattre les militaires factieux sur les fronts de Malaga, Grenade, Marbella, Murcia. La fin de la #guerre le surprend à Alicante où des milliers de républicains sont bloqués sur le port, dans l’attente désespérée d’un hypothétique navire pour quitter l’Espagne.
      Le 28 mars 1939, il parvient à quitter l’Espagne à bord de La Joven María et à gagner Oran où à peine débarqué, il est arrêté par la police française, comme des milliers d’autres réfugiés. Ils sont enfermés dans un grand hangar, sans aucune installation sanitaire, parqués dans un camp de concentration pour clandestins.
      Interné, successivement dans cinq camps en #Algérie et au #Maroc, il est soumis, avec ses compagnons d’infortune à des #travaux_forcés sous la surveillance de gardiens français et allemands d’une grande cruauté. D’ailleurs il raconte qu’un jour, perché sur une hauteur, il déverse toute une brouette chargée de pierres sur un de ses gardiens allemands particulièrement cruel. Heureusement pour lui, personne ne l’a vu faire hormis deux Espagnols qui jubilaient et le bourreau en question meurt au grand soulagement de ses victimes.
      Manuel reste enfermé dans ces camps, contraint à des travaux inhumains jusqu’au #débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942. Là, il s’engage dans les Corps Francs d’Afrique, nouvellement créés et composés d’étrangers #antifascistes. En avril 1943, il participe à la prise de Bizerte (#Tunisie) contre l’Afrikakorps commandé par le général Von Arnim à ce moment-là et les troupes Italiennes du général Messe. Après cette campagne, il intègre le Régiment de Marche du Tchad (RMT) qui appartient aux Forces Française Libres commandées par le #général_Leclerc. Il est à Temara au Maroc, le 24 août 1943, jour où est créée officiellement la #2e_DB.
      Manuel fait partie de la neuvième compagnie du troisième régiment de marche du Tchad, surnommée la Nueve parce qu’elle est presque exclusivement constituée d’Espagnols. « Une compagnie qui faisait peur à tout le monde » dit Manuel, mais composée d’hommes valeureux selon son Capitaine Raymond Dronne qui note dans ses carnets : « Ils n’avaient pas l’esprit militaire. Ils étaient presque tous #antimilitaristes, mais c’étaient de magnifiques soldats, vaillants et expérimentés. S’ils avaient embrassé spontanément et volontairement notre cause, c’était parce que c’était la cause de la #liberté. Oui, en vérité, c’étaient des champions de la liberté ».
      En mai 1944, Manuel et toute la division sont transférés en Angleterre, en vue de préparer le débarquement des #forces_alliées. Il posera pour la première fois le pied en France, le 4 août 1944, où il participe à la bataille de Normandie. #La_Nueve perd beaucoup de bons compagnons dans cette campagne.
      Malgré cela, ils se dirigent vers Paris, toujours en éclaireurs de la 2e DB. Le soir du 24 août 1944, Manuel Lozano entre dans Paris insurgé et arrive à l’Hôtel de Ville, à bord du Guadalajara. Il participe avec sa compagnie, dans la liesse parisienne, à la reddition des forces d’occupation en réduisant les derniers bastions tenus par les troupes allemandes dans la capitale. C’est lui encore qui donnera l’alerte contre les tireurs isolés lors du défilé aux Champs Élysée le 26 août où les hommes de la Nueve sont choisis pour escorter et protéger le #général_de_Gaulle.
      Puis il est à nouveau de tous les combats. Avec la libération de Strasbourg le 23 septembre 1944, le général Leclerc accompli enfin son engagement : le serment de Koufra (Lybie, le 2 mars 1941) de ne pas déposer les armes jusqu’à la libération de Strasbourg .Peu après cette victoire éclatante, les troupes, Manuel compris, filent vers l’Allemagne. Ils participent à la libération du camp de concentration de #Dachau et la prise du « nid d’aigle » d’Hitler, à Berchtesgaden. Le combat s’arrête là, c’est la fin de la #Seconde_Guerre_mondiale sans qu’aucune autorité n’évoque la possibilité de chasser Franco d’Espagne.

      Décoré par le général Leclerc, de la #Croix_de_Guerre pour la Campagne de France, Manuel Lozano, qui avait cru comme beaucoup de compagnons espagnols que la libération de la France serait suivie de celle de l’Espagne, explique ainsi son engagement : « Nous nous étions engagés dans la Division Leclerc, car nous pensions qu’après la France, nous irions libérer l’Espagne. Dans ma compagnie, la Nueve, tout le monde était prêt à déserter avec tout le matériel. Campos, le chef de la 3e section, prit contact avec les guérilleros espagnols de l’Union nationale qui combattaient dans les Pyrénées. Nous avions tout étudié. Avec les camions chargés de matériel, d’essence, nous serions allés jusqu’à Barcelone. Alors, qui sait, si l’histoire de l’Espagne n’aurait pas été changée... » (cf. Témoignage Chrétien).

      Après sa démobilisation, M. Lozano mène une vie modeste d’ouvrier et de #militant_anarchiste, à l’instar de la plupart de ses compagnons qui considèrent qu’ils ont simplement fait ce qu’ils devaient faire, en toute simplicité. Il s’est également fait poète pour dire avec ses propres mots ses émotions face à l’Histoire. Mais c’est une autre histoire … Merci "

      http://www.24-aout-1944.org/spip.php?page=recherche&recherche=manuel+lozano


      Faire connaître et cultiver la #mémoire_historique de la Libération de Paris en 1944, commencée le 19 juillet 1936 en Espagne, continuée sur différents fronts en Europe et en Afrique ou dans les #maquis en France et qui se prolongea dans le combat contre le franquisme.
      http://www.24-aout-1944.org

  • A la frontière gréco-macédonienne, le « #tri » des migrants profite aux #réseaux_mafieux

    Alors qu’un froid polaire règne depuis la mi-janvier sur l’Europe du Sud-Est, 1 000 à 3 000 réfugiés s’engagent tous les jours sur la « route des Balkans » pour gagner l’Europe occidentale. Les gouvernements et les ONG redoutent une nouvelle augmentation de ces flux dès le retour de températures plus clémentes, alors que des milliers de « migrants économiques », désormais illégaux, errent dans la région.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/010216/la-frontiere-greco-macedonienne-le-tri-des-migrants-profite-aux-reseaux-ma
    #Grèce #asile #migrations #réfugiés #Macédoine #passeurs

    • L’article complet:

      Alors qu’un froid polaire règne depuis la mi-janvier sur l’Europe du Sud-Est, 1 000 à 3 000 réfugiés s’engagent tous les jours sur la « route des Balkans » pour gagner l’Europe occidentale. Les gouvernements et les ONG redoutent une nouvelle augmentation de ces flux dès le retour de températures plus clémentes, alors que des milliers de « migrants économiques », désormais illégaux, errent dans la région.

      Macédoine, de nos envoyés spéciaux.- La flamme d’une bougie vacille dans l’obscurité, quelques morceaux de tissus ont été tendus pour voiler une fenêtre brisée par laquelle s’engouffre le vent glacial qui descend des montagnes de la Macédoine voisine. Pour tenter d’endiguer le flux de candidats à l’exil, les autorités de Skopje ont posé des barbelés tout le long de la frontière méridionale du pays et, depuis le 18 novembre, seuls les ressortissants d’Afghanistan, d’Irak et de Syrie ont la permission de s’engager dans le « corridor » qui conduit vers la Serbie, la Croatie, la Slovénie puis l’Autriche. Le statut de réfugiés est systématiquement refusé aux citoyens de toutes les autres nationalités, désormais considérés comme des « illégaux ». Chaque nuit, des dizaines de personnes campent donc dans les chambres en ruine d’un hôtel désaffecté, dont la carcasse se dresse au bout du parking de la station-service d’Evzoni, sur l’autoroute qui file vers Thessalonique, à un kilomètre de la frontière. « Nous ne pouvons pas faire de feu, sinon la police arrive et nous renvoie à Athènes », explique un homme engoncé dans un sac de couchage, au milieu d’un monceau de détritus, de conserves éventrées et de bouteilles en plastique.

      Des taxis déposent sans cesse de petits groupes de migrants sur le parking, d’autres arrivent à pied. Ici, tous ou presque viennent d’Algérie ou du Maroc. En contrebas, de l’autre côté de l’autoroute, se cache un autre hôtel, le Hara. Il propose des chambres à 40 euros la nuit, mais les migrants qui n’ont pas suffisamment d’argent s’allongent sur la terrasse, derrière une bâche, pour prendre un peu de repos. D’autres partagent du pain dans la salle de restaurant. Ici, tout se paie, mais il y a Internet, une ressource vitale pour contacter les passeurs, étudier les itinéraires qui permettent de forcer les barbelés dressés par la Macédoine le long de ses frontières avec la Grèce, ou simplement pour parler avec la famille restée au pays. Omar, un jeune Marocain d’une vingtaine d’années, porte une vilaine cicatrice sur la joue : il a été agressé il y a quelques jours par d’autres réfugiés, qui lui ont volé son argent et son téléphone portable. Ces violences sont fréquentes. Le 25 janvier, un Pakistanais est mort dans une bagarre avec des Afghans, deux autres, blessés, ont été hospitalisés.

      Larbi a déjà tenté deux fois de passer en Macédoine, les deux fois il a été arrêté. « Il y a des trous dans le grillage », explique cet homme de 33 ans, originaire du sud du Maroc. « Mais souvent ce sont des pièges : les Macédoniens te laissent entrer, mais quelques centaines de mètres plus loin, l’armée arrive. » Le « tarif » est bien établi : un tabassage en règle, puis la remise à la police grecque. Chaque jour, celle-ci remplit des autocars de « refoulés », qui sont ensuite abandonnés à leur sort dans des stations-services de la périphérie d’Athènes, à 600 kilomètres de là.

      Dans son pays, Larbi était guide de montagne et sa famille possède un petit hôtel. Depuis deux ans, il n’y a plus de touristes ou presque, aussi s’est-il résolu à partir. Il s’est rendu en avion à Istanbul, a payé 700 euros son passage vers l’île grecque de Lesbos, puis s’est caché dans un camion pour monter dans un ferry vers le port du Pirée. « Depuis Athènes, le trajet jusqu’à Belgrade coûte de nouveau 700 euros. Nous avons confié l’argent à un ami qui remettra la somme quand nous serons rendus à destination. » Son rêve, rejoindre son frère aîné installé à Alicante, dans le sud de l’Espagne. « Là-bas, les salaires ne sont pas mauvais, même pour les clandestins. Au minimum, on est payés 50 euros la journée. Et puis au bout de trois ans, tu es sûr d’être régularisé. » Parti du Maroc, Larbi a donc décidé de faire le tour du Bassin méditerranéen pour arriver en Europe ; pour lui, la « route des Balkans » est désormais la voie de passage la plus sûre. De toute façon, il a aussi de la famille en Belgique et aux Pays-Bas. Si ça ne marche pas en Espagne, il tentera sa chance plus au nord. « Moi, si je viens en Europe, c’est pour travailler », clame-t-il, la capuche de sa parka rabattue sur le crâne pour se protéger du froid. Autour de lui, tout le monde acquiesce.

      Si Larbi et ses compagnons parviennent à franchir la frontière macédonienne, d’autres épreuves les attendent sur la route : dans le nord de la Macédoine, les kidnappings ont repris. Les migrants sont enfermés dans des maisons des villages de Lojane et Vaksince, accolés à la frontière avec la Serbie et repaires connus de trafiquants, jusqu’à ce qu’ils s’acquittent d’une rançon. Les volontaires des réseaux de soutien aux migrants diffusent les cartes de routes alternatives qui passent par la montagne du Karadag, au-dessus de ces hameaux, mais il faut être en excellente condition physique pour les emprunter. Plus au nord, l’accès à la Croatie leur étant interdit, de plus en plus de « clandestins » passent à nouveau par la Hongrie, dont la frontière est également défendue par un mur de barbelés. Ces dernières semaines, 200 réfugiés campaient dans la « jungle » de Subotica, tout au nord de la Serbie, fréquentée par les migrants depuis 2011. C’est là que les passeurs viennent recruter leurs clients pour le franchissement de la frontière. Les obstacles posés par les États ont pour première conséquence de faire grimper les tarifs et de justifier les « prestations » offertes par ces bandes criminelles.

      Dans la boutique de la station-service d’Evzoni, les affaires se portent bien, on vend des chaussettes, des bonnets et des sacs de couchage. À la terrasse, deux hommes sirotent un café, indifférents au froid. « Ils sont pakistanais, souffle Kamel, un Algérien, ce sont eux qui contrôlent les passages. » De temps à autre, une camionnette de Médecins sans frontières (MSF) vient assurer une permanence médicale, distribuer un peu de vivres, des couvertures. Des voitures de la police passent sans s’arrêter. Les autorités grecques rapatrient plus au sud les migrants qui se font arrêter par les Macédoniens, elles laissent courir les autres, pas mécontentes de les voir continuer leur route vers le nord.

      « Les enfants représentent au moins un tiers des personnes qui arrivent ici »

      « Pour venir d’Athènes, les migrants doivent payer 25 euros », explique Andres Moret, le coordinateur de MSF pour le nord de la Grèce. « En théorie, le rapatriement forcé vers Athènes devrait être gratuit, mais certains de nos employés ont pris ces bus en se faisant passer pour des migrants. Les chauffeurs demandent de l’argent, souvent jusqu’à 50 euros. » Dans cette région pauvre touchée de plein fouet par la crise, les candidats à l’exil sont devenus une manne. « La police est en contact avec les propriétaires des bus qui sont toujours à côté de la frontière. Ils te disent, ou tu paies ou tu vas en prison. Ici, les gens profitent des migrants. Tout se paie au prix fort, la nourriture, les magasins, les hôtels », se plaint Larbi.

      À quelques kilomètres du poste-frontière, des travailleurs humanitaires affalent les tentes du camp de transit d’Eidomeni menacées par de fortes rafales de vent. Un peu plus loin, quelques toilettes mobiles posées en plein champ ont été renversées. De toute manière, le camp est pratiquement vide : depuis les graves incidents qui ont opposé, en novembre dernier, la police aux « migrants économiques » bloqués sur la frontière, les autorités grecques en interdisent l’accès à tous les réfugiés. Durant trois semaines, plusieurs milliers d’Iraniens, de Marocains et de Pakistanais ont « occupé » le camp d’Eidomeni, avant d’être évacués. De nombreux graffitis peints sur les immenses tentes vides témoignent encore de la longue épreuve de force : « Lebanon + Maroc + Pakistan + Iran + Ghana : they are starving. Let them cross the border. »

      Désormais, les autocars qui amènent les réfugiés depuis Athènes se garent dans des stations-services en amont : c’est là que s’effectue, en théorie, le tri entre nationalités. Les cars reprennent leur route jusqu’à Eidomeni seulement s’ils ont reçu l’assurance que la frontière macédonienne est ouverte et que les migrants peuvent passer sans s’arrêter. Pour pallier les besoins les plus urgents, Médecins sans frontières a installé quelques tentes à la station de Polykastro, à une vingtaine de kilomètres de la Macédoine. Le 1er janvier, près de 3 000 personnes y sont restées bloquées durant 48 heures, alors que les températures descendaient chaque nuit à dix degrés sous zéro. « Il n’y a pas de douches, pas de tentes chauffées », s’indigne Andres Moret. « Les responsables de la station nous empêchent de donner des vêtements chauds, car ils en vendent. Tout doit se négocier, même une simple distribution de soupe. Il ne nous appartient pas de critiquer les décisions politiques, comme celle de fermer la frontière aux ressortissants de certains pays, mais le devoir d’assistance humanitaire qui s’impose à tous n’est pas respecté en Grèce. Les enfants représentent au moins un tiers des personnes qui arrivent ici. Or le flux reste toujours très important, même en hiver. Entre 1 000 et 3 000 personnes par jour, parfois plus. »

      Aux abords du camp d’Eidomeni, un autre graffiti proclame : « Fuck the racket ! » La fermeture de la « route des Balkans » aux soi-disant « migrants économiques » a naturellement relancé l’activité des passeurs et des trafiquants. Dans le nord de la Grèce, un laissez-passer grec trafiqué, prêtant la nationalité irakienne ou syrienne à des ressortissants d’autres pays, se vend 200 euros, mais ces faux, grossièrement falsifiés, ne trompent personne. Pour un passeport d’un pays donnant droit au statut de réfugié, il faut débourser de 3 à 6 000 euros, suivant la qualité du document. Bien peu ont les moyens de s’offrir un tel sésame. « C’est du déjà-vu », s’indigne Andres Moret. « Nous en sommes revenus à la situation du printemps dernier, avant que le corridor humanitaire des Balkans ne se mette en place. »

      Fin janvier, la Macédoine a fermé pendant près de 48 heures sa frontière, suscitant la panique chez les autorités grecques ainsi que parmi les travailleurs humanitaires. Pour justifier cette interruption « temporaire », Skopje avait invoqué « une demande reçue de la Slovénie ». En réalité, les menaces de blocage sont devenues quotidiennes sur la route des Balkans. Comme aucun pays de la région n’a les capacités d’accueillir plusieurs milliers de personnes, tous essaient de stopper le flux en amont. « On ne sait jamais ce que va décider Skopje. Chaque jour, chaque heure même, la situation change. Toutes les six heures, il y a une relève de la police en Macédoine. Le nouveau chef peut décider de fermer la frontière ou de la rouvrir », se désole Antonis Rigas, officier de terrain de MSF en charge du camp d’Eidomeni. Il gratte sa longue barbe blanche : « Cela nous oblige à sans cesse remettre en cause nos plans d’action. Ce n’est pas sérieux. »

      Quand tout se passe sans accroc, des groupes d’une cinquantaine de personnes, c’est-à-dire la contenance d’un bus, passent toutes les demi-heures en direction du camp de Gevglija, à moins d’un kilomètre, le long de la voie de chemin de fer. Côté macédonien, le camp de transit fonctionne à plein régime. Depuis l’automne, de nouvelles tentes pouvant accueillir jusqu’à 300 personnes chacune ont été montées, ainsi que de nombreux petits baraquements. Des systèmes de chauffage y maintiennent une température acceptable. C’est là que les réfugiés doivent attendre avant de pouvoir monter dans les trains affrétés, irrégulièrement, par la compagnie nationale de chemin de fer macédonienne. « La situation dans le camp s’est nettement améliorée depuis l’été, désormais tout le monde travaille ensemble, les citoyens, les ONG et le gouvernement », explique Lence Zdravkin, une volontaire macédonienne qui coordonne bénévolement depuis des mois les dons des citoyens dans le sud du pays. « Mais depuis quelques semaines, je vois de nouveau des groupes de réfugiés “illégaux” qui remontent à pied vers le nord, ils passent devant chez moi. Ils ont froid, ils souffrent d’engelures, ils sont en danger. » Comme au printemps dernier, quand le « corridor » des Balkans n’avait pas été mis en place, la petite maison de Lence est devenu un havre où les migrants en errance peuvent trouver des vêtements chauds, un peu de nourriture, se reposer avant de reprendre la route. « Dès les vents se calmeront en mer Égée, les flux augmenteront de nouveau et nous serons totalement dépassés. »

  • En Espagne, 800 € d’amende pour la photo de policiers garés sur une place handicapée

    http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/08/18/en-espagne-800-e-damende-pour-la-photo-de-policiers-gares-su

    En Espagne, ses détracteurs l’ont rebaptisée la "Ley Mordaza", la « loi bâillon ». Depuis le 1er juillet, la nouvelle législation de sécurité citoyenne, mesure phare du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, offre aux autorités un nouvel arsenal d’amendes visant à restaurer l’autorité de la police et restreindre les actions des collectifs qui s’opposent aux mesures d’austérité. Protester face au Sénat ou tout Parlement régional peut ainsi être puni de 30 000 euros d’amende, tout comme refuser de décliner son identité à un agent de police. L’organisation d’une activité festive dans un endroit interdit par les autorités pourra coûter jusqu’à 600 000 euros au contrevenant.

    Vendredi 14 août, une infraction a été sanctionnée en vertu de cette nouvelle disposition législative, rapporte le site d’informations Petrer al dia, qui couvre l’actualité de Petrer, une bourgade de 35 000 habitants sise dans la région d’Alicante, dans le sud-est de l’Espagne. Une femme a en effet reçu une amende de 800 € pour avoir posté sur le mur d’un groupe consacré à la ville une photographie d’une voiture de la police locale, garée sur une place réservée aux personnes handicapées. Un cliché assorti du commentaire « Gare-toi où tu veux et tu n’auras même pas d’amende. »

  • Manuella

    Elle habite une petite maison étroite comme un couloir, comme écrasée entre ses deux voisines encombrantes. Du coup, on la trouve régulièrement qui prend l’air et la température du monde sur le trottoir, juste entre la porte et la fenêtre de sa façade, assise sur une petite chaise de bistrot en bois. Ces yeux occupent toute la place dans ses petites lunettes rondes qui glissent souvent le long de son nez. Des fois, on a l’impression qu’ils descendent eux aussi sur ses joues fripées. Elle porte toujours des blouses de travail bleu plus ou moins clair, avec des petites fleurs et des manches qui s’allongent quand les jours raccourcissent.

    Elle est sans apprêt, sans âge et comme sans histoire, mais tout le monde la connaît dans le quartier. Souvent, tu fais un petit crochet en rentrant des courses pour passer dans sa ruelle, et immanquablement, elle est là. Parfois, tu penses la rater, mais le rideau de la fenêtre borgne bouge et l’instant d’après, elle écarte les franges de plastique qui protège son intérieur des mouches qui seraient assez minces pour s’y glisser. Elle a toujours une menthe à l’eau trop diluée ou un biscuit plus trop sec pour les enfants et surtout son sourire qui étirent ses lèvres mangées par les rides.

    Les saisons passent, les gens s’en vont et Manuella est toujours là, avec ses châles frangés et ses poupées aux costumes en crochet assortis ramenés de ses dernières vacances à Alicante qui datent de l’époque de la photo en noir et blanc de son mari mort depuis toujours.

  • Une campagne de boycott fait plier #Coca-Cola en #Espagne
    http://multinationales.org/Une-campagne-de-boycott-fait-plier

    C’est l’histoire d’une campagne de boycott réussie contre la filiale espagnole du géant états-unien Coca-Cola. En janvier 2014, Coca-Cola Iberian Partners annonce la fermeture de quatre de ses onze usines d’embouteillage à Madrid, Palma de Majorque, Alicante et Colloto (Asturies). Ces fermetures inattendues sont assorties d’un plan social qui prévoit le licenciement de 1 253 travailleurs sur 4 200 employés au total. Avec plus d’un quart de la population nationale au chômage, l’annonce suscite un (...)

    #Contre-pouvoirs

    / Espagne, #Agroalimentaire, Coca-Cola, #campagne_citoyenne, #emploi

  • Licenciements massifs : une campagne de boycott fait plier Coca Cola
    http://www.bastamag.net/Licenciements-massifs-une-campagne

    C’est l’histoire d’une campagne de boycott réussie contre la filiale espagnole du géant états-unien. En janvier 2014, Coca-Cola Iberian Partners annonce la fermeture de quatre de ses onze usines d’embouteillage à Madrid, Palma de Majorque, Alicante et Colloto (Asturies). Ces fermetures inattendues sont assorties d’un plan social qui prévoit le licenciement de 1 253 travailleurs sur 4 200 employés au total. Avec plus d’un quart de la population nationale au chômage, l’annonce suscite un véritable tollé (...)

    En bref

    / #Luttes_sociales, #Syndicalisme, #Multinationales, #Capitalisme

  • Licenciements massifs : une campagne de boycott fait plier Coca Cola
    http://www.bastamag.net/Plan-social-le-boycott-qui-fait

    C’est l’histoire d’une campagne de boycott réussie contre la filiale espagnole du géant états-unien. En janvier 2014, Coca-Cola Iberian Partners annonce la fermeture de quatre de ses onze usines d’embouteillage à Madrid, Palma de Majorque, Alicante et Colloto (Asturies). Ces fermetures inattendues sont assorties d’un plan social qui prévoit le licenciement de 1 253 travailleurs sur 4 200 employés au total. Avec plus d’un quart de la population nationale au chômage, l’annonce suscite un véritable tollé (...)

    En bref

    / #Luttes_sociales, #Syndicalisme, #Multinationales, #Capitalisme

  • Espagne : La Catalogne organise un referendum sur la sécession, le gouvernement envoie des chars
    http://www.brujitafr.fr/article-espagne-la-catalogne-organise-un-referendum-sur-la-secession-le-go

    Le parti grec néo-fasciste Aube dorée vient d’enregistrer officiellement sa branche espagnole comme parti politique sous le nom « Amanecer Dorado » (‘aube dorée’), a rapporté El Diario. Le ministère de l’Intérieur a enregistré le parti, qui a son siège à Alcoy, près d’Alicante, le 27 octobre, et le parti peut désormais se présenter à des élections. Amanecer Dorado sera dirigé par un ancien membre du parti de l’extrême droite espagnole, Alliance nationale, Vicedo Antonio Valdes. Cependant, le Los Angeles Times a rapporté quant à lui que le gouvernement de Madrid a préparé « des milliers de membres de la Guardia Civil » pour qu’ils soient prêts « à se rendre ce week-end en Catalogne, si c’est nécessaire ». En effet, le gouvernement catalan a décidé (...)

    #CONFLICTS_DANS_LE_MONDE

  • Justice à deux vitesses et sabotage de la paix - L’Espagne fête les 30 ans du #GAL | Enbata
    http://www.enbata.info/articles/lespagne-fete-les-30-ans-du-gal

    Enrique Rodriguez Galindo a laissé de son passage en #Pays_Basque un souvenir impérissable. Non seulement Lasa et Zabala sont morts durant ses années de service, mais également Mikel Zabaltza. Ce dernier, arrêté et torturé à Intxaurrondo, fut retrouvé, noyé dans la Bidassoa le 15 décembre 1985. Victime du supplice de la baignoire, l’enquête montra qu’”on” lui avait introduit artificiellement de l’eau de cette rivière dans ses poumons, pour faire croire à une noyade. “GALindo” est connu pour étant un des plus grands tortionnaires espagnol en activité en Euskal Herria. Mais il y a plus. Un rapport interne de la garde civile l’accusa le 17 octobre 1992, de tirer profit du trafic de drogue dans notre pays. Ustelkeria, une chanson de Negu Gorriak, immortalisa ses forfaits (1).
    Le général de la garde civile perd son statut de militaire en 2002. Sans doute faisait-il un peu tâche au sein de la “benemérita”. Mais ce héros de la “guerre sale” est bardé de décorations, douze au total (2). Ses hommes de main, les gardes civils Felipe Bayo et Enrique Dorado, ont été condamnés à 68 ans de prison, puis rapidement libérés. Toujours dans la même affaire, ce sont eux qui concrètement, ont enlevé à Bayonne, séquestré dans les caves du palais désaffecté de La Cumbre à Saint Sébastien, #torturé, assassiné, dissous les chairs dans 50 kg de chaux vive et enfin enterré près d’Alicante, les corps de Lasa et Zabala. Les deux policiers prirent la peine de revendiquer leur forfait en téléphonant le 20 janvier 1984 à la radio Cadena Ser d’Alicante : “A trois heures de l’après-midi, nous avons exécuté les membres d’ETA Lasa et Zabala. Avant de mourir, ils ont demandé un prêtre. Nous avons refusé, ils ne le méritaient pas”. Leurs squelettes réapparurent vingt ans plus tard. Lors de son procès, Rodriguez Galindo déclara : “Avec des hommes de cette trempe, nous aurions pu conquérir toute l’Amérique du Sud”. L’assassinat de Lasa et Zabala fut le premier d’une longue série, destinée à faire plier le gouvernement français considéré comme trop laxiste à l’égard des réfugiés basques présents en Iparralde. Révélée dans tous ses détails durant les années 90, cette affaire est significative de ce qu’un chroniqueur du quotidien El Mundo appela “l’#Espagne démosquelettique”.

    Le 17 octobre 2011 s’est tenue la Conférence internationale d’Aiete http://fr.wikipedia.org/wiki/Conférence_internationale_de_paix_de_Aiete demandant à l’ETA de déclarer publiquement l’arrêt définitif de toute action armée, et aux gouvernements d’Espagne et de France à consentir à l’ouverture d’un dialogue.
    Le 20 octobre 2011, 3 jours après la conférence internationale, ETA annonce la fin définitive de la lutte armée. Quant aux gouvernements...

    Le 27 septembre 2013, l’ancien preso Patxi Segurola assigné à résidence en Bourgogne, est extradé en Espagne. Trois jours plus tard, le 30 septembre, la police espagnole arrête 18 membres de Herrira, mouvement chargé de la défense des droits des #prisonniers_politiques_basques. L’association est interdite pendant deux ans, ses comptes sont bloqués, ses locaux à Hernani, Iruñea, Bilbo et Gasteiz sont fermés. Dans cette même affaire, Emilie, la sœur d’Aurore Martin, sera prochainement convoquée par l’Audiencia nacional. Si elle ne se rend pas à Madrid, la procédure du mandat d’arrêt européen lui sera appliquée. Le jour où l’opération policière contre Herrira bat son plein, la Garde des Sceaux française Christine Taubira reçoit à Paris le ministre de la Justice espagnol Alberto Ruiz Galardon. Cette femme de gauche qui fut, avant de faire carrière en France, militante indépendantiste guyanaise, signe avec son homologue espagnol une nième déclaration, pour “renforcer le dispositif de lutte contre le terrorisme” basque et islamiste. Sans l’ombre d’un état d’âme.
    Le 7 octobre, le tribunal correctionnel de Paris condamne Asier Eceiza à 8 ans de prison. Le 8 octobre la police belge, avec la collaboration de la Policia Nacional et des Services secrets espagnols, arrête Natividad Jauregi Espina, en fuite depuis 1979. Le 13 octobre, le secrétaire d’Etat à la Sécurité, Francisco Martinez annonce que l’objectif numéro 1 de la police nationale et de la garde civile est d’arrêter Josu Urrutikoetxea, militant historique d’#ETA. Elles y travaillent “nuit et jour”. Le 14 octobre, commence à l’Audiencia nacional le procès de 41 membres de l’organisation de jeunesse Segi. Le ministère public demande 7 à 9 ans de prison pour ces jeunes Basques accusés d’appartenir à une organisation terroriste. Aux yeux des Espagnols, “tout est ETA”, dès qu’il est question de mouvement indépendantiste.

    Justice pour vainqueur, #justice pour vaincu
    Le 17 octobre, Iñigo Vallejo, arrêté en France en 2003 est remis à la #police espagnole. Toujours le 17 octobre, débute à Madrid un méga-procès contre 36 dirigeants de Batasuna, impliqués dans le réseau des Herriko taberna, une centaine de sièges publics des organisations de la mouvance souverainiste. Parmi les accusés, plusieurs figures de proue du mouvement : Rufi Etxeberria, Joseba Permach, Joseba Alvarez, Floren Aoiz ou encore l’ancien député européen Karmelo Landa, artisans majeurs du #processus_de_paix actuel. Ils risquent entre 10 et 12 ans de prison. La Cour suprême espagnole, le 17 octobre, quelques dizaines d’heures avant que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ne remette en cause la “doctrine Parot”, l’inflige au preso Juan Maria Gabirondo. On attend désormais la contorsion juridique que mettront au point les juristes espagnols pour contourner ou largement diminuer les effets de la décision de la CEDH.
    Trente ans après le premier attentat du GAL, voilà la photographie de 20 jours de répression politique franco-espagnole en Pays Basque. Plus qu’un long discours, elle en dit long sur l’ampleur des moyens mis en œuvre et le nombre des fonctionnaires sollicités pour réduire une petite nation européenne qui réclame l’égalité.
    L’Espagne est une et indivisible. Elle applique le droit. Il est rédigé par d’éminents juristes, voté par des parlementaires élus démocratiquement. Mais, selon que vous soyez Basque ou Espagnol, vainqueur ou vaincu, dominant ou dominé, les juges n’appliquent pas le droit de la même façon. “Avec discernement”, comme dirait Manuel Valls à propos des expulsions. Sur notre continent, ils appellent cela l’Etat de droit. Dans l’indifférence générale.

    Une illustration parmi d’autres de ce deux poids, deux mesures
    https://pbs.twimg.com/media/BXMnHJ5CUAAXwG_.jpg:large

  • Les gares au miroir de l’urbain | LATTS

    http://www.latts.fr/operations/gares-au-miroir-de-lurbain

    Voilà un truc tout à fait pour moi et sans doute pour Jean-No aussi d’ailleurs

    Nous tenterons d’interroger comment les gares condensent l’urbain à travers un processus double : la gare « aspire » des fonctions et des symboliques urbaines et, dans le même temps, elle projette des visions et des pratiques dans le champ de l’urbain.

    Nous nous réunirons
    Salle Vicat 002
    Ecole des Ponts ParisTech
    6-8 avenue Blaise Pascal, F-77 455 Champs sur Marne
    RER A Noisy Champs (plan joint)

    pour écouter et débattre à partir des présentations de :
    Florent Castagnino Le statut de l’usager dans les dispositifs de surveillance des gares : du parcage au partage ?
    et du professeur Armando Ortuno Padilla, de l’Université d’Alicante,
    Medium cities ex-urbanized stations in Spain in tension

    #espace-public #espace-privé #dfs #gare #transports-publics