provinceorstate:auvergne

  • Pour Laurent Wauquiez, il y a « trop d’immigration en France »
    https://www.latribune.fr/economie/france/pour-laurent-wauquiez-il-y-a-trop-d-immigration-en-france-766194.html

    Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, élu le mois dernier à la tête de son parti, s’est présenté lors de L’Emission politique, sur France 2, comme un adversaire du « consensus mou », revendiquant par là le droit de tenir un discours franchement à droite au risque de heurter les plus modérés au sein de son camp.

    «  Je pense (...) qu’il y a trop d’immigration en France et que, aujourd’hui, nos capacités d’intégration sont saturées  », a-t-il déclaré.

    «  Je considère qu’il faut diminuer au moins de moitié le niveau de l’immigration actuelle et la ramener en-dessous de la barre des 100.000  » par an dont «  20.000 à 30.000  » étudiants étrangers, a poursuivi l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy.

    Il a également plaidé pour une remise à plat de «  la totalité de notre politique d’immigration  », avec une nouvelle approche du droit du sol et l’instauration d’une obligation de résidence de trois ans sur le sol français avant de pouvoir bénéficier de prestations sociales.

    Ça me remet en mémoire un vieux slogan #La_France_aux_Français ! et quand j’en cherche des illustrations je tombe sur Sidos et sa Jeune nation https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeune_Nation, ce qui ne me rajeunit pas.

    btw, le contraire de #consensus_mou, c’est quoi ? sectaire dur ?

  • Invité de la mi-journée - « Mike Pence est dans une situation inconfortable » selon Frédéric Charillon
    Par Chantal Lorho | Diffusion : dimanche 21 janvier 2018
    http://www.rfi.fr/emission/20180121-mike-pence-situation-inconfortable-frederic-charillon

    Le vice-président des Etats-Unis Mike Pence est en tournée au Proche-Orient : après l’Egypte hier, il est aujourd’hui en Jordanie et en Israël. Une tournée qui ne se déroule pas sous les meilleurs auspices. Frédéric Charillon, professeur en science politique à l’Université d’Auvergne, Cofondateur et ancien directeur de l’IRSEM, l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire, répond aux questions de Chantal Lorho.

  • Malaise à France 3 : Wauquiez dément toute pression, les journalistes adoptent une motion de défiance
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/14403-malaise-a-france-3-wauquiez-dement-toute-pression-les-journalistes-

    Laurent Wauquiez le jure, il n’a pas passé une soufflante à la direction de France 3 : "Je ne l’ai jamais fait, et

    je ne vais pas commencer" - KONRAD K./SIPA

    La direction de France 3 Auvergne-Rhônes-Alpes a étrangement interrompu la diffusion d’une enquête en cinq volets sur Laurent Wauquiez qu’elle jugeait "déséquilibrée", avant de se raviser face au tollé. Certains évoquent une censure, d’autres un bogue dans la chaîne de commande... Les journalistes ont voté une motion de défiance le 12 janvier.

    Décision précipitée ou tentative de censure ? Le climat est de plus en plus électrique à la rédaction de France 3 Auvergne-Rhônes-Alpes, depuis le passage à la trappe, cette semaine, d’une série de reportages consacrés à Laurent Wauquiez, président Les Républicains (LR) (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Le martinet de la vérité : de Jean-Léon Gérôme à The Undisputed Truth
    http://lacelluledecoute.blogspot.fr/2018/01/le-martinet-de-la-verite-de-jean-leon.htm

    Le dernier texte de Frédéric Lordon est intéressant à de nombreux titres, comme bien souvent. Mais, moi, ce qui m’a marqué, au-delà de la pertinence du propos de l’article, c’est l’illustration qui lui a été associée. Il s’agit d’un tableau du grand pompier en chef, Jean-Léon Gérôme, qui s’intitule : La Vérité sortant du puits armée de son martinet pour châtier l’humanité. Il date de 1896 et est conservé au Musée Anne-de-Beaujeu à Moulins. En Auvergne. Le choix est absolument excellent et, comme en outre, dans ma grande inculture, je ne le connaissais pas, j’ai été ravi de cette découverte. Par ailleurs il colle parfaitement à la situation politique actuelle où les dogmatiques de l’économicisme n’ont de cesse de nous fustiger avec leur idée indiscutable de la vérité...

    Mais venons-en à la partie musicale de ce post qui concerne un groupe soul américain, lui aussi extraordinaire, The Undisputed Truth (sans doute le plus baroque des groupes du label Motown), qui nous rappelle que derrière les visages souriants peuvent se cacher les pensées les plus perverses.
    https://youtu.be/8CJZcVi5BA4

  • Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce vendredi 12 janvier 2018
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/14394-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    Bonjour chèr(e)s ami(e), nous sommes le vendredi 12 janvier 2018 et j’espère que vous allez bien, veuillez trouver ci-dessous notre Revue de presse quotidienne... En complément, la Defcon Room (toute relookée) se tient à votre disposition 24h/24 et 7j/7 ; )))

    Bonne lecture, bonne journée, et merci de votre confiance.

    Amitiés,

    L’Amourfou / Contributeur anonyme / Chalouette

    Actualités françaises :

    12.01.2018

    France 3 Auvergne-Rhône-Alpes fait volte-face sur les sujets sur le bilan de Wauquiez (Le Monde.fr)

    LuxLeaks : la condamnation du lanceur d’alerte Antoine Deltour annulée en cassation (France24.com)

    FN : Collard a « l’honneur de vous informer » de sa mise en examen (Le Point.fr)

    Le Conseil Constitutionnel censure un nouvel article de la loi sur l’état d’urgence (Les (...)

  • #France 3 soupçonnée d’avoir cédé au coup de pression de #Laurent_Wauquiez
    https://www.mediapart.fr/journal/france/110118/france-3-soupconnee-d-avoir-cede-au-coup-de-pression-de-laurent-wauquiez

    La rédaction en chef de #France_3 Auvergne-Rhône-Alpes a brutalement suspendu la diffusion d’une série d’enquêtes sur le bilan de Laurent Wauquiez à la région. Les journalistes dénoncent une capitulation face à la colère du président de région.

    #Censure #Journalisme #Les_Républicains #région_Auvergne-Rhône-Alpes

  • #France 3 soupçonné d’avoir cédé au coup de pression de #Laurent_Wauquiez
    https://www.mediapart.fr/journal/france/110118/france-3-soupconne-d-avoir-cede-au-coup-de-pression-de-laurent-wauquiez

    La rédaction en chef de #France_3 Auvergne-Rhône-Alpes a brutalement suspendu la diffusion d’une série d’enquêtes sur le bilan de Laurent Wauquiez à la région. Les journalistes dénoncent une capitulation face à la colère du président de région.

    #Censure #Journalisme #Les_Républicains #région_Auvergne-Rhône-Alpes

  • #France 3 soupçonné d’avoir cédé au coup de pression de #Laurent_Wauquiez
    https://www.mediapart.fr/journal/france/110118/france-3-soupconne-davoir-cede-au-coup-de-pression-de-laurent-wauquiez

    La rédaction en chef de #France_3 Auvergne-Rhône-Alpes a brutalement suspendu la diffusion d’une série d’enquêtes sur le bilan de Laurent Wauquiez à la région. Les journalistes dénoncent une capitulation face à la colère du président de région.

    #Censure #Journalisme #Les_Républicains #région_Auvergne-Rhône-Alpes

  • De l’École Maternelle aux jardins d’enfants ?

    Il y a quelques années l’école Maternelle, présentée comme une spécificité française, était reconnue comme un point fort de notre système éducatif.

    Ces dernières années, elle a servi de variable d’ajustement lors des suppressions de postes (les effectifs de certaines classes ne permettant plus d’atteindre les objectifs annoncés), elle a subi un recul de l’âge de la scolarisation (avec la disparition des classes de 2 ans ou TPS, préjudiciable notamment pour les élèves les plus fragiles) et elle a été isolée du reste de l’école primaire lors de la dernière réforme des programmes (rattachement de la GS au cycle 1, programmes spécifiques publiés symboliquement à part de ceux de l’élémentaire et du collège).
    Néanmoins ses objectifs, son rôle et son importance ont été réaffirmée.

    Jean-Michel Blanquer a annoncé lors de son arrivée au Ministère qu’il ne réformerait rien, c’est donc assez logiquement que depuis 6 mois, il a défait ce qui avait été mis en place lors du précédent quinquennat et que tous les dossiers imaginables sont aujourd’hui sur la table pour des changements en profondeur du système éducatif, changements qui orienteront durablement celui-ci pour les décennies à venir (à mon avis…).
    Il était donc prévisible qu’il s’attaque à l’école maternelle…

    Jean-Michel Blanquer veut transformer l’école maternelle
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/01/06/01016-20180106ARTFIG00055-jean-michel-blanquer-veut-transformer-l-ecole-mat

    Le ministre de l’Éducation nationale annonce samedi envisager une réforme des formations des enseignants afin notamment de développer le langage des enfants.

    Il a confié la réflexion au neuropsychiatre Boris Cyrulnik en axant la réforme sur l’épanouissement des élèves et de l’apprentissage du langage.

    Le ministre de l’Education s’appuie sur un neuropsychiatre pour « penser la maternelle de demain » (Ouest France)
    https://www.ouest-france.fr/education/ecole/entretien-blanquer-s-appuie-sur-un-neuropsychiatre-pour-penser-la-mater

    Jean-Michel Blanquer veut transformer l’école maternelle. Le ministre de l’Éducation nationale va s’appuyer sur l’expertise du neuropsychiatre Boris Cyrulnik, spécialiste de la petite enfance pour « penser la maternelle de demain ». Des assises réunissant les principaux acteurs de l’école maternelle se tiendront en mars prochain. Objectif : faire en sorte que la maternelle française soit, plus encore, l’école de l’épanouissement et de l’apprentissage du langage.

    Or, Boris Cyrulnik, qui peut tenir des propos très pertinents sur l’école et l’apprentissage (les notes, la bienveillance, les rythmes…), est pour retarder l’âge de scolarisation. Pourtant, les études disponibles montrent l’influence d’une scolarisation précoce sur les inégalités scolaires, notamment dans les quartiers populaires, notamment en langage.

    Boris Cyrulnik : « Peu d’enseignants ont conscience de leur impact affectif sur les enfants » (VousNousIls)
    http://www.vousnousils.fr/2015/06/08/boris-cyrulnik-peu-denseignants-ont-conscience-de-leur-impact-affectif-s

    Nous serions toutefois bien inspirés de prendre exemple sur les pays nordiques. Comme eux, il nous faudrait nous intéresser à la sécurisation des tout petits, retarder leur entrée à l’école, ne pas attribuer de notes en primaire, raccourcir la durée des cours, confier des activités éducatives à des tiers issus du monde de la culture ou du sport, etc.

    Retarder l’âge de scolarisation signifie par ailleurs concrètement la fin de l’école maternelle (publique) au profit de "jardin d’enfants" (privés). Cette idée est déjà dans les esprits voire dans les tuyaux de l’institution ministérielle.

    Haute-Loire : l’Education Nationale propose des jardins d’enfants pour soulager les classes uniques (France 3 Auvergne-Rhône-Alpes)
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/haute-loire/haute-loire-education-nationale-propose-jardins-enfants

    Dans les plus petites communes de Haute-Loire, il ne subsiste souvent qu’une école à classe unique. Difficile pour les enseignants d’y faire la classe de la maternelle au CM2 pour des enfants de 2 à 11 ans. L’inspection académique propose aux maires de créer des jardins d’enfants

    Les mauvais esprits diront que les économies de postes en maternelle financeront les promesses de Macron de dédoubler les CP et CE1… ou juste une réduction des postes dans un contexte d’économies budgétaires. D’autres esprit chagrins remarqueront, une nouvelle fois, que J.-M. Blanquer, cheville ouvrière des sombres années Darcos… fait du Darcos.

    X. Darcos va supprimer l’école maternelle ? (Sébastien Rome)
    https://blogs.mediapart.fr/sebastien-rome/blog/110708/x-darcos-va-supprimer-l-ecole-maternelle

    Le gouvernement va mettre en place un large plan d’économie dans l’Education nationale en réduisant la scolarité des élèves. Progressivement, les élèves de deux ans puis de trois ans et enfin de quatre ans ne seront plus accueillis à l’école maternelle. Le plan en préparation depuis plusieurs mois à Bercy sera bientôt mis en œuvre. En effet, la Caisse d’allocations familiales de Montpellier vient d’annoncer aux crèches et aux PMI qu’elles devraient s’apprêter à accueillir (ou plutôt garder en leur sein) les enfants de 2/3 ans à la rentrée 2009 puis, à terme, les enfants de 3/4 ans.

    #éducation #école_maternelle #cycle1 #réforme #jardin_d'enfants #privatisation

  • Pas la plus petite queue
    D’anguille à se mettre
    Sous la dent ce matin

    Petit déjeuner avec Zoé
    Je l’emmène au collège
    Tous les deux cossards. Râleries

    Au travail, c’est vendredi
    Ennui. Je me distrais
    En regardant les Sillons sur Désordre

    C’est assez dépaysant
    De voir sa vie défiler
    Tout en étant en open space

    Enième café
    Et c’est enfin l’heure
    Du déjeuner avec J.

    Nos gentilles moqueries
    Nos marques d’amitié
    Nos seiches poivre et sel

    Ce sont de tels rituels
    Qui font le sel
    De ma vie finalement

    Fut un temps
    Ce que je préférais
    Travailler dans le garage

    Désormais
    Bavarder avec amis
    Dans des cafés

    Ai-je
    Fini
    De travailler ?

    En chemin, une femme apeurée
    Sort de chez elle poursuivie
    Par son mari, tentative d’interposition

    Je n’en mène pas large
    Mais je tiens bon
    Parce qu’il le faut

    Est-ce parce que je viens d’échanger avec J.
    Je me dis que ferait J. à ma place ?
    Elle aurait peur mais cela ne se verrait pas

    Que ferait J. à ma place ?
    Elle resterait calme
    Et parlerait doucement

    Je me fais traiter de tous les noms
    Notre agresseur n’a pas beaucoup
    De vocabulaire, ça va

    Il m’accuse d’être le vieux
    Qui baise sa femme
    Je tente de faire valoir qu’avec l’andropause…

    Mon ironie est mal comprise
    Il me pousse, je ne bouge pas (un peu)
    Il doit être en train de calculer ma masse

    La femme voudrait que je monte l’aider
    À rassembler ses affaires et appeler le 17
    Le mari me soupçonne d’être un tueur en série

    Et dire que tout à l’heure
    Il faudra que je m’intéresse
    À des trucs d’ingénieur informatique

    J’ironise auprès du mari
    Sa femme a peur de lui
    Et pas d’un inconnu (moi)

    Il est vexé et il s’en va
    Je n’en reviens pas
    La femme ne veut plus que j’appelle

    Vous êtes sûre Madame ?
    Oui, il est parti
    Mais il va revenir ?

    Si vous voulez j’appelle
    J’attends l’arrivée de la police
    Et je témoigne du peu que j’ai vu

    Et
    Elle
    S’en va

    Des voisins passent
    Presque hilares
    Suis seul à ne pas rire ?

    En bon anarchiste propriétaire
    Je me demande
    Si je ne devrais pas appeler le 17

    J’ai une réunion dans 15 minutes
    Pour définir une stratégie de sauvegarde
    Des items obsolètes d’une application

    J’ai le temps non ?
    J’appelle
    Vous avez demandé la police

    Je décris la situation
    D’une façon très claire
    Qui me surprend moi-même

    Je suis mis en relation
    Avec un gardien de la paix
    Quand on y pense

    Le gardien de la paix
    Me géolocalise et d’après mes coordonnées
    Décrit la dame et son mari, apparemment connus

    Je demande si c’est une blague
    Non, Monsieur et il me complimente
    Sur mon sens civique. S’il savait…

    J’arrive juste à temps pour la réunion
    « Philippe, quelles sont tes préconisations
    De Maîtrise d’Ouvrage ? » me demande-t-on

    De retour en open space
    Les sillons du Désordre
    Poursuivent leur course infinie

    La voix de Jack Kerouac
    Se mélange avec le bruit
    De ma vaisselle et …

    Ma vaisselle, de la flute, Jean-Luc
    Bruits de café, un train siffle
    Et de nouveau les roaches de Kerouac

    Un éléphant barrit
    Michele et Dominique s’accordent
    On entend Marie Richeux puis …

    Une sirène dans le port de Portsmouth
    Un orchestre s’échauffe
    Marie s’interroge, Kerouac répond

    Up you go
    Little Smoke
    Up you go

    Un téléphone sonne
    Je reprends pied, c’est l’heure
    De l’exode hebdomadaire au temple

    J’ai quand même réussi à voler
    Une caisse de vin, deux cartouches
    D’encre, un DVD et des pignons de pin

    Je dépose Zoé au théâtre
    Je fais des pâtes
    Pour Emile et moi

    On file au multiplexe
    Souhait d’Emile
    Comportements invraisemblables

    Les seuls au monde
    Prennent le pouvoir
    Émile se tient, lui, à carreau

    Je me demande
    Si Charlotte Gainsbourg
    N’est pas la plus pitoyable des actrices

    Même boire un verre d’eau
    Naturellement semble
    Au-delà de ses compétences

    En sortant nous tombons nez-à-nez
    Avec un pauvre mendiant dans le froid
    Sur son visage, je jurerais lire la mort

    Il me demande d’appeler les secours
    Je donne deux euros à Émile
    Va chercher un café pour le monsieur

    Je compose le 115
    Par habitude, pendant l’attente
    Je questionne le monsieur

    Vous savez, ils vont me demander
    De vous passer le téléphone
    Ça va prendre du temps

    Le monsieur ne parle pas bien français
    Il s’appelle Stephano, Phil, je lui réponds
    On se serre la main, présentations faites

    Emile revient avec le café
    En faisant attention
    De ne pas en renverser

    Tiens Emile, prends la clef de la voiture
    Il y a une grosse couverture
    Dans le coffre, tu la prends et tu refermes

    Messages d’attente interminables
    Je m’excuse auprès de Stephano
    Il sait, il me remercie

    Passent devant nous les amateurs de cinéma
    C’est bien ce que vous faites monsieur
    Me disent des jeunes qui sortent d’une comédie

    Je leur mendie une cigarette
    Ils me donnent ce qui leur reste de paquet
    Stephano est ravi

    Émile revient avec la couverture
    Du coup c’est presque une chaîne
    Qui s’organise, on donne du popcorn

    Le 155
    Comme le Manitoba
    Ne répond pas

    Le 155
    Comme le Manitoba
    Ne répond toujours pas

    Le 155
    Comme le Manitoba
    Promet mais ne répond pas

    Émile et moi sommes gelés
    Mais on ne voudrait pas se plaindre
    Emile retourne à la voiture

    Le 115
    Comme le Manitoba
    Ne répond pas

    Le 115
    Comme le Manitoba
    Ne répond toujours pas

    Le 115
    Comme le Manitoba
    Promet mais ne répond pas

    Je retourne voir Émile
    Émile, tu sais je crois
    Qu’on va héberge Stephano

    Le 115
    Comme le Manitoba
    Ne répond pas

    Le 115
    Comme le Manitoba
    Ne répond toujours pas

    Le 155
    Comme le Manitoba
    Promet mais ne répond pas

    Je retourne voir Stephano
    Qui est en train de plier ses gaules
    Stephano, ils ne répondent pas

    Je retourne voir Stephano
    Qui est en train de plier ses gaules
    Venez, vous allez dormir à la maison

    Tête de Stephano
    Qui prend peur
    C’est chauffé chez moi

    Tête de Stephano
    Qui prend peur
    Je ne vous veux aucun mal

    Stephano m’explique
    Qu’ici c’est un peu chez lui
    Et que chez moi c’est trop loin

    Mais si vous voulez demain matin
    Je vous raccompagne
    Chez vous allais-je dire

    Il me remercie
    Prend ma main
    Et la baise

    Je m’accroupis
    Il voudrait m’étreindre
    J’accepte volontiers

    Vous êtes sûr
    Dormir au moins cette nuit
    Dans une maison chauffée ?

    C’est apparemment l’heure
    Du rassemblement
    Des compagnons viennent le chercher

    Je comprends
    Que c’est le moment
    De lui foutre la paix

    Une dernière poignée de main
    Une dernière étreinte (décidément)
    Et je retrouve Émile

    Dans le rétroviseur
    Je regarde Stephano s’éloigner
    Enveloppé dans notre couverture

    C’était une très bonne couverture
    Cela fait une douzaine d’années
    Que cette couverture est dans le coffre

    Je me suis souvent servi
    De cette couverture pour la sieste
    En Auvergne

    Quand les enfants étaient petits
    Je les recouvrais entièrement avec
    Pour les voyages nocturnes hivernaux

    Avant cela cette couverture
    M’a longtemps servi de couvre-lit
    A Portsmouth

    Avant cela elle faisait
    Le couvre-lit
    Avenue Daumesnil

    Avant cela elle servait
    A recouvrir un vieux canapé
    Récupéré avec Cynthia

    Désormais
    C’est la couverture
    De Stephano

    J’explique à Émile
    Que Stephano a préféré
    Rester avec ses amis

    Émile :
    « Il doit avoir ses repères
    Avec nous il n’a plus ses repères »

    Émile
    Des
    Fois

    Émile
    C’est toi qui as raison
    Bien sûr

    Nous conduisons
    Silencieusement
    Je suis tellement fier

    Les pouvoirs d’Émile
    Sont invisibles
    Mais ils sont immenses

    En rentrant
    Je trouve le courriel
    D’Hélène : Hamish Fulton !

    Morts hérisson renard, écureuil fouine
    Rat oiseau souris chauve-souris
    Serpent papillon grenouille libellule

    Souris hérisson oiseau souris oiseau
    Chauve-souris écureuil renard serpent
    Hérisson oiseau fouine souris oiseau

    Serpent souris hérisson oiseau
    Papillon grenouille souris
    Libellule oiseau hérisson

    Zones blanches
    Je préférais
    Perdre le Nord

    Gardons l’idée
    De déplacements
    Et ne perdons pas le Nord

    Hâte-toi lentement
    Ne pas foncer sur la première idée
    Hamish Fulton, tout de même

    #mon_oiseau_bleu

  • Une centaine d’élèves mobilisés pour soutenir les personnels du lycée Lafayette de Clermont-Ferrand - France 3 Auvergne-Rhône-Alpes
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/puy-de-dome/clermont-ferrand/centaine-eleves-mobilises-soutenir-personnels-du-lycee-

    Des poubelles devant les grilles et un barrage filtrant. Voici ce qu’ont trouvé les élèves du lycée Lafayette de Clermont-Ferrand en arrivant ce jeudi matin. Une centaine d’entre eux ont pris cette initiative pour soutenir le personnel du restaurant scolaire en grève.

    A l’intérieur, les 41 agents du lycée (qui dépendent de la région) ont cessé le travail pour demander des effectifs supplémentaires, une amélioration de leurs conditions de travail et un alignement de leur pouvoir d’achat sur celui de leurs voisins de l’ex région Rhône-Alpes. Selon les grévistes, la différence de salaire s’élève à prés de 1.600 euros par an.

    #lycéens #lycéennes #grève #solidarité

  • SONDAGE. Pour 76% des Français, notre société est inégalitaire
    https://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20171213.OBS9234/sondage-pour-76-des-francais-notre-societe-est-inegalitaire.htm

    Selon une étude Kantar, les inégalités les plus graves concernent l’accès aux soins, l’emploi et le logement.

    Les Français, dont on dit qu’ils éprouvent une véritable « passion de l’égalité », jugent sévèrement leur pays sur ce sujet.

    Selon la 4e édition du Baromètre annuel PEP/Kantar sur les inégalités en France et en régions, que « l’Obs » révèle en exclusivité ce jeudi 14 décembre, 76% des Français considèrent que la société française est inégalitaire, dont 22% affirment qu’elle est même « très inégalitaire ». Seuls 20% des personnes sollicitées qualifient la société française de « plutôt égalitaire » ou « très égalitaire ».

    Ce sentiment varie selon les régions. Ce sont les Français résidant en Ile-de-France qui jugent le moins sévèrement la France en la matière. « Seulement » 71% des Franciliens interrogés considèrent la société française comme inégalitaire, contre 81% des Français qui vivent au sein de la région Centre-Val-de-Loire, ou encore 80% des Français qui résident en Auvergne-Rhône-Alpes, les deux régions où ce sentiment est le plus fort.

    Cette perception est tout particulièrement vive dans trois principaux domaines, souligne cette étude. C’est en matière d’accès aux soins, d’emploi et de logement que les inégalités sont jugées par les Français les plus graves mais aussi les plus répandues.

    Des Français pessimistes
    Conséquence de ces inégalités jugées bien trop importantes, une majorité écrasante des Français interrogés partagent une vision pessimiste des possibilités d’accomplissement personnel : à peine 1 sur 4 considère en effet que chaque individu peut trouver sa place dans cette société et correspond à une société dite « inclusive ».

    Sur ce point, les Corses et les habitants d’outre-mer se distinguent quelque peu en affichant une vision un peu moins pessimiste que les autres régions françaises.

    Alors que l’égalité reste de loin le principe républicain le plus important aux yeux des Français, les mesures de lutte contre les inégalités sont approuvées par la majorité d’entre eux... à deux exceptions près toutefois, démontre par ailleurs l’étude menée par Kantar.

    Seulement 45% des personnes interrogées approuvent ainsi le principe de mise à disposition de documents administratifs en langue étrangère, et 39% la mise à disposition de logements vacants pour les migrants. Cette dernière mesure est fortement rejetée dans deux régions : les Hauts-de-France (73% sont contre) et en Paca (68%).

    Une perception paradoxale

    En matière d’éducation, les Français interrogés se montrent pour le moins dubitatifs quant à l’efficacité des mesures récemment annoncées par le ministère de l’Education nationale pour réduire les inégalités scolaires : ils sont 63% à penser qu’elles ne permettront pas de les diminuer.

    Kantar souligne néanmoins un paradoxe entre la perception générale de l’impact des mesures annoncées par le ministère de l’Education et la perception plus détaillée de chacune de ces mesures. Prise une par une, le développement du langage écrit et oral en maternelle, la mise en place d’études dirigées après la classe dans tous les collèges, le dédoublement des classes de CP dans le réseau d’éducation prioritaire et les évaluations en CP et en 6e en français et en mathématiques sont approuvées par une majorité des personnes interrogées.

    Dernier enseignement de cette étude : la lutte contre les inégalités et pour les droits de l’homme reste la cause prioritaire pour laquelle les Français souhaiteraient s’engager (31%). Elle est suivie de la lutte contre la maladie et le handicap (16%) et la lutte pour la cause animale, qui prend de l’importance cette année (16%, +6 points).

    _ Méthodologie de l’étude :
    – Enquête réalisée en France métropolitaine par internet auprès d’un échantillon de 2.602 personnes, par téléphone en Corse auprès d’un échantillon de 164 personnes, et par téléphone en Guyane, à Mayotte et à La Réunion auprès d’un échantillon de 525 personnes.

    – Représentativité assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne de référence).

    – L’échantillon global a été constitué de manière à pouvoir analyser les résultats par région et par département et région d’outre-mer avec un nombre d’interviews minimum (300 en Ile de France et 250 en Rhône-Alpes-Auvergne, 200 pour les autres régions métropolitaines et département et région d’outre-mer). Chaque région a ensuite
    été ramenée à son poids réel (résultats d’ensemble).

    – L’enquête s’est déroulée du 9 au 23 octobre 2017. _

    • Pour rappel, notre constitution n’est censée assurer que l’égalité de droits.

      Or nous vivons dans une société où l’accès à l’éducation, à la santé, à la culture, au travail, etc, qui sont autant de droits, est clairement de plus en plus inégalitaire. L’exemple le plus flagrant est l’accès aux soins.

  • Pourquoi les Chinois grignotent-ils les champs français ?

    Grâce à un montage financier, fin novembre, l’entreprise #Hongyang a racheté 900 hectares de #terres_agricoles dans la région de l’#Allier, en #Auvergne. Aucun organisme de contrôle n’a pu empêcher la transaction, au grand dam des politiciens locaux. Et il y a un précédent : le même groupe chinois avait acquis 1700 hectares dans l’#Indre l’an passé. Un scandale local, et une question nationale. Qu’est-ce qui motive les Chinois à investir sur les terres françaises ?


    https://www.lacite.info/politiquetxt/chinois-champs-france

    #France #Chine #terres #Franchine (?) #agriculture #accaparement_des_terres
    cc @odilon

  • Enquête. Les écoles d’Espérance banlieues, un danger public
    https://humanite.fr/enquete-les-ecoles-desperance-banlieues-un-danger-public-646259

    Ces établissements portent une conception réactionnaire et rigoriste de l’éducation.

    C’est un courriel de professeurs du Rhône qui a levé le lièvre : « Le numéro deux de la région Rhône-Alpes, Étienne Blanc (“Les Républicains” — NDLR), a assisté le 6 novembre à la cérémonie de remise des uniformes aux élèves d’Espérance banlieues Pierre-Bénite. » Suivaient quelques lignes décrivant ces écoles hors contrat, « fer de lance de la mouvance réac-républicaine », qui, « sous couvert de lutte contre le décrochage scolaire », privilégieraient une approche « néocoloniale » de l’éducation avec « lever des couleurs » hebdomadaire au son de la Marseillaise et inscription dans le règlement intérieur de l’« interdiction de parler la langue des parents ». Des établissements gérés par « la droite catholique et réactionnaire », qui cherchent à s’implanter en banlieue, ciblant un public pour partie d’origine immigrée et/ ou de confession musulmane, du moment qu’il paie. Un réseau dont la gestion va « à l’encontre de (leur) vision d’une école émancipatrice », alertaient ces enseignants. Le ton grave du message, les mots alarmants sont partagés par toutes les personnes que nous avons interrogées sur le fonctionnement de ces écoles hors contrat. De Montfermeil (Seine-Saint-Denis) à Marseille (Bouches-du-Rhône), en passant par Pierre- Bénite (Rhône), la fondation Espérance banlieues, parfois appuyée au plus haut sommet de l’État, organise son réseau dans le but – officieux mais dénoncé par de nombreux enseignants – de « dynamiter l’école publique ».

    • « Espérance banlieue » : quand la #privatisation (rampante) récupère la désespérance des familles à l’encontre de l’incurie du service public d’éducation, incurie provoquée par l’abandon de l’état des fameux « quartiers pourris »

      https://www.humanite.fr/sous-le-masque-social-une-machine-broyer-lecole-republicaine-646233

      Éducation. Dans les écoles du réseau Espérance banlieues, on affiche les valeurs de la République comme un refuge pour des enfants de quartiers populaires en mal de repères. Mais entre lacunes éducatives et rigorisme nationaliste, un drame éducatif se joue avec la complicité passive de l’État.

      Dans la galaxie réactionnaire, le soutien à ces écoles va de soi : Radio Courtoisie, le site Internet catholique traditionaliste le Salon beige… Logique. Après tout, la fondation a été créée par une des futures têtes de la Manif pour tous, Anne Coffinier. Dans son numéro du 15 septembre dernier, le Figaro Magazine consacre un dossier vantant les « nouvelles pédagogies » qui seraient appliquées dans ces établissements (1)… Sans surprise, l’hebdomadaire conservateur est enthousiaste, avançant la « liberté d’éducation », de ces « laboratoires » que sont les écoles hors contrat. Comme Causeur, autre titre de la même eau, dans les colonnes duquel Élisabeth Lévy s’extasiait en septembre sur la façon d’enseigner l’éducation civique : « Quand même, entendre des petits Alioune et Sanaa brailler l’hymne national avec tant de cœur, ça rend optimiste… »
      Les filles balayent la cour, font la vaisselle... pendant que les garçons jouent au football

      La palme revient à ce documentaire de la série Infrarouge produit par Mélissa Theuriau et diffusé sur France 2 en novembre 2016. Là encore sans commentaires ni analyse, le ton mielleux laisse pourtant percevoir d’inquiétantes fractures. Le cours Alexandre-Dumas de Montfermeil y est présenté comme une « école privée laïque », sans que la pertinence des enseignements y soit interrogée. À peine y entend-on des échanges entre le directeur et des élèves, certes intéressants, sur le sentiment d’appartenance à la nation. Ou des recadrages de professeurs sur la discipline. En matière d’éducation, on appréciera aussi de voir les filles balayer la cour, faire la vaisselle collective, nettoyer les tables à grande eau… pendant que les garçons jouent au football. Pour le reste, on s’étonne que le creusement d’une tranchée derrière les préfabriqués de l’école tienne lieu de cours sur l’histoire de la Première Guerre mondiale. Ou que la fin de l’Empire carolingien, si on lit bien le cahier de cet élève de primaire que la caméra saisit au vol, ne soit imputée qu’aux « barbares » qui « lancèrent des raids contre l’occident chrétien : les Arabes remontèrent le Rhônes, à l’Oest les Wikings vinrent de Norvège et du Danemark à bort de leurs drakkars et les Hongrois vinrent de l’Est. Ils pillèrent les villes, les églises et les monastères »… Passons sur les fautes oubliées par les corrections en rouge. Le seul fait de présenter « l’Occident chrétien » – en fait le royaume franc de Charlemagne divisé en trois à sa mort – comme la France assiégée conjointement par les Vikings, les Sarrasins et les Hongrois (des invasions qui ont eu lieu avec parfois soixante ans d’écart !) offre une vision pour le moins particulière de l’histoire…
      « Il s’agit d’enseigner les connaissances fondamentales »

      Hormis en épluchant ces reportages bienveillants, il est assez difficile d’obtenir des informations de première main sur le contenu des cours dispensés dans les écoles labellisées EB (Espérance banlieues). Professeur au collège Pablo-Picasso de Montfermeil, Jordi Le Cointe a « récupéré » plusieurs élèves que leurs parents, « déçus », « soucieux », voire « alarmés », ont retirés du cours Alexandre-Dumas. « On n’a aucune trace de leur vie scolaire passée », soupire-t-il. La direction de Dumas inciterait, selon les membres du collectif Pour l’école de la République, dont il fait partie, à « cacher ou à détruire les cahiers » même après avoir quitté l’établissement. Ce que l’on connaît, c’est « le niveau catastrophique » de ces élèves : « Ils sont arrivés en 3e, mais on a été obligés de les inscrire en 5e pour qu’ils rattrapent leur retard. Je leur parlais de génétique, ils me répondaient que “Dieu a tout créé”… Les collègues de français disaient qu’ils n’avaient aucun esprit critique, prenant les écrits au premier degré. Aujourd’hui ils sont en 3e avec un niveau convenable, mais, chez nous, on ne fait pas de miracle. On avait demandé un accueil spécifique pour ces enfants, mais on n’a pas eu de réponse du rectorat… » Dominique Dellac, conseillère départementale communiste de Seine-Saint-Denis, affirme avoir rencontré à Montfermeil une mère de famille qui elle aussi a retiré sa fille d’Alexandre-Dumas car « au bout d’un an en CP elle ne savait pas lire ». Les chiffres de réussite au brevet des collèges eux aussi en disent long : « Trois élèves sur cinq présentés » l’ont validé, soit « 60 % », contre 83 % dans les des établissements publics du département. Au temps pour l’excellence… Il faut dire que, selon les fiches de recrutement des professeurs visibles sur le site de la fondation, aucun diplôme n’est requis pour diriger un de ses établissements, ou pour enseigner, quel que soit le niveau. Il ressort que l’attachement aux « valeurs » est plus important que les capacités à transmettre le savoir.

      Espérance banlieues le reconnaît d’ailleurs sur son site, sa « mission fondamentale » n’est pas l’enseignement au sens où il se pratique dans le public, mais « l’instruction. Il s’agit d’enseigner les connaissances fondamentales : lire, écrire, compter, calculer, ainsi que les fondements de la culture occidentale (repères historiques, géographiques, littéraires, spirituels) » et de donner « le goût et la recherche du vrai en toute chose ». Repères historiques désuets, repères « spirituels » orientés, à base de chants catholiques, voire de prières, rapportent les observateurs… En décembre 2015, le Figaro assistait, au cours Saint-Exupéry d’Asnières (Hauts-de-Seine), à un cours de mathématiques consacré à la lecture d’un texte de… Madeleine de Jessey, égérie de la Manif pour tous, alors porte-parole de Sens commun : « Notre société devra réaffirmer l’amour de sa culture et de ses grands penseurs, la fierté de toute son histoire, des Gaulois à notre République, et l’attachement aux racines judéo-chrétiennes qui lui donnent sa stabilité et ses ressources spirituelles. » La charte des écoles d’Espérance banlieues a beau proclamer qu’elles « n’affichent ni ne conduisent aucun enseignement religieux » – même si « les appartenances religieuses des élèves (et des professeurs – NDLR) ne sauraient être mises “entre parenthèses” » –, voilà « un arrière-plan idéologique assez inquiétant pour une association qui se présente comme “aconfessionnelle” », explique à l’Humanité l’inspecteur de l’éducation nationale Paul Devin, secrétaire général du Syndicat des personnels d’inspection FSU.

      Le développement du réseau s’appuie sur des élus de droite dure, voire extrême. Les maires des communes où il s’implante, comme Xavier Lemoine (Parti chrétien-démocrate) à Montfermeil, ou « les Républicains » Jérôme Moroge à Pierre-Bénite ou Manuel Aeschlimann à Asnières, appuient sans réserve son action. À Pierre-Bénite, sous l’impulsion d’un maire « de droite droite », l’école bénéficie d’un « bâtiment avec un bail emphytéotique (au minimum 99 ans – NDLR), l’ancien hôtel de ville de la jeunesse », déplore le conseiller municipal PCF Daniel Deleaz. L’opposition a dénoncé cette aide, et la municipalité a renoncé à verser en prime une subvention. Mais la région Auvergne-Rhône-Alpes a pris le relais, et pris en charge la construction d’une salle d’activités à 250 000 euros, « au nom de la politique de la ville ! » s’étrangle Daniel Deleaz. À Montfermeil, le terrain où s’élève l’école EB a été acquis par la ville dirigée par « un fou de Dieu », selon ses opposants, pour 2 millions d’euros, plus 1,25 million de travaux, « pour un prix de location dérisoire », s’étonne l’opposition : 1 500 euros pour 1 500 mètres carrés. À Béziers, Robert Ménard aimerait verser son obole, mais son projet n’a pas été retenu parmi la vingtaine qu’Espérance banlieues compte ajouter aux onze existants, dans des villes reconquises par la droite en 2014 (Le Blanc-Mesnil, Saint-Ouen), des villes de gauche (Nantes, Trappes), voire à direction communiste (Nanterre).

      Pour Paul Devin, le soutien plus ou moins discret à ces écoles prépare une « libéralisation du marché de l’école » (voir encadré). Le faisceau des soutiens à Espérance banlieues et à la Fondation pour l’école le laisse craindre. "Dès 2007, Nicolas Sarkozy écrivait dans une lettre de cadrage à son ministre de l’Éducation nationale, Xavier Darcos : « Vous ne dissuaderez pas les établissements privés de s’installer dans des quartiers en difficulté et, au contraire, vous soutiendrez, lorsqu’ils existent, de tels projets d’installation. » Le plan Espoir banlieues était né. L’année suivante, la Fondation pour l’école, qui pilote Espérance banlieues, est reconnue d’utilité publique. En 2016, lorsque le président LR du Sénat, Gérard Larcher, visite l’école la Boussole de Mantes-la-Jolie (Yvelines), il y voit « la réalisation de l’école telle que la décrivait son rapport sénatorial de 2015  : basée sur l’autorité et débarrassée du pédagogisme », analyse Paul Devin." Durant la campagne présidentielle, François Fillon, dont une des porte-parole, l’ex-déléguée à l’éducation des « Républicains » Annie Genevard (sa fille est chargée de projet à Espérance banlieues), reprenait les mots de Sarkozy dans son discours de Besançon du 9 mars 2017 : « L’État ne devra plus s’opposer à cette nouvelle offre éducative issue de la société civile ; il devra leur faciliter la tâche et les aider. » Depuis, les réseaux LR sont mobilisés : Laurent Wauquiez et François Baroin ont pu « apprécier les vertus » du cours la Passerelle de Pierre-Bénite (le Progrès du 15 mars 2017), et la région Île-de-France, dirigée par Valérie Pécresse, a octroyé l’an dernier 35 000 euros à la Fondation pour l’école. Logique, pour Céline Malaisé, présidente du groupe Front de gauche au conseil régional : « Il y a trois élus de Sens commun dans notre assemblée, qui ont une influence démesurée. » Même le très consensuel Jean-Louis Borloo s’était affiché, en 2016, aux côtés de la journaliste Natacha Polony au colloque annuel d’EB. Il n’est pas le seul à être là où on ne l’attend pas…
      Le ministre de l’éducation nationale est resté discret sur son attachement à « l’école libre »

      Qu’Éric Zemmour dise le plus grand bien de ce système éducatif est compréhensible, mais nombre de stars ont prêté leur concours à la fondation. Le journaliste de TF1 Harry Roselmack a signé en 2015 la préface du livre Espérance banlieues, en réalité écrit par Anne Coffinier, nous apprend le rapport d’activité de la Fondation pour l’école. L’acteur Jamel Debbouze en a fait la promotion, avec sa compagne Mélissa Theuriau, sur le plateau de Michel Drucker (Vivement dimanche) la même année. Mais le soutien le plus inattendu, bien qu’officieux, reste celui… du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer ! Aujourd’hui, déplore Paul Devin, qui affirme n’avoir eu accès à aucune des enquêtes de l’inspection, « on ne sait pas trop quelle est la position du gouvernement ». Depuis sa nomination, Blanquer est resté relativement discret sur son attachement à « l’école libre », dans ou hors contrat avec l’éducation nationale. Mais, en 2016, il avait fait passer un message vidéo diffusé lors du colloque d’Espérance banlieues pour dire « (s)on soutien » sans ambiguïté : « À mes yeux elle rassemble les ingrédients de ce qui réussit le mieux dans un système scolaire », notamment « l’engagement des professeurs » avec « une formation appropriée pour chacun d’entre eux » (sic). Et de vanter ces « convergences » qu’il a mises en œuvre en tant que recteur de l’académie de Créteil entre 2007 et 2009 avec « les internats d’excellence ». Il avait pris position à l’avance.

      (1) L’Humanité a cherché à contacter la fondation, via son site Internet, sans résultat.

      Grégory Marin

    • L’abandon de la population ouvrière des banlieues (voir la politique de Levallois entre 1995 et 2000) avec la nécessité de construire un ennemi/bouc émissaire, a aussi permis l’instauration d’une soumission au préceptes religieux à la place d’un accueil libre et ouvert pour tout·es. Les imams comme les curés ont senti l’aubaine que les politiques leurs ont offerte, se retrouvant les seuls à proposer un accueil aux enfants. Honte à tous ces crevards.

      Aujourd’hui ils sont en 3e avec un niveau convenable, mais, chez nous, on ne fait pas de miracle. On avait demandé un accueil spécifique pour ces enfants, mais on n’a pas eu de réponse du rectorat…

      #montfermeil
      #école_alexandre_dumas

  • Nuit agitée à Vienne, en Isère, le bureau du maire de Pont-Evêque partiellement incendié - France 3 Auvergne-Rhône-Alpes
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/vienne-38/nuit-agitee-vienne-isere-bureau-du-maire-pont-eveque-pa

    Troisième nuit de violences urbaines à Vienne, en Isère, après le décès d’un homme de 19 ans, mardi 21 novembre, qui fuyait un contrôle de police municipale. Malgré l’appel au calme lancé par le maire et la conférence de presse du parquet, plusieurs incidents ont éclaté durant la nuit.

    #police

  • Malgré la loi SRU, de plus en plus de communes refusent les HLM - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/11/07/malgre-la-loi-sru-de-plus-en-plus-de-communes-refusent-les-hlm_1608397

    Le premier rapport de la commission nationale SRU, présidée par Thierry Repentin, demande aux préfets de sanctionner une cinquantaine de municipalités supplémentaires. Et au ministre Jacques Mézard d’être plus ferme.

    Le nombre des communes qui refusent de se soumettre à leurs obligations de construction de logements sociaux ne cesse de croître, malgré une loi « solidarités et renouvellement urbain » (SRU) qui remonte à 2000, et malgré l’arsenal de sanctions qui les menace. Telle est la conclusion du premier rapport de la commission nationale SRU, créée par la loi Egalité et citoyenneté de janvier 2017. Au vu de ce qu’elle a trouvé, la création de cette commission n’était pas du luxe.

    En France, 1 152 communes sont tenues d’avoir, dans leur parc, 25% de logements sociaux, dont au moins un tiers de « très sociaux » et pas plus d’un autre tiers de PLS, les HLM aux loyers les plus élevés. Entre 2011 et 2013, 387 communes n’avaient pas atteint cet objectif. Or, dans les deux ans qui ont suivi, entre 2014 et 2016, ce sont 649 villes qui n’ont pas accompli leurs objectifs. 56% de l’effectif. 76 de ces communes récalcitrantes étaient en Ile-de-France, 64 en région Paca et 32 en Auvergne-Rhône-Alpes.

    Faiblesse des sanctions
    Au-delà des égoïsmes locaux, c’est la faiblesse des sanctions qui explique aussi cette croissance. La loi permet aux préfets de majorer l’amende par logement non réalisé de 400%. Mais cette multiplication par cinq de la sanction est rarissime. « Pour 90% des collectivités carencées, le niveau de majoration n’excède pas 200% », lit-on dans le rapport. Et dans le lot, un tiers n’est frappé que par l’amende minimum.

    Les préfets disposent pourtant de l’arme fatale : ils peuvent décider d’assurer « les délivrances des autorisations d’urbanisme » (les permis de construire) à la place des maires. Une mesure qui « fait vraiment bouger les choses », estime Thierry Repentin, président de la commission nationale SRU. Mais rare. Pour le rapporteur, les sanctions appliquées aujourd’hui ne correspondent pas à « la totalité de l’éventail à disposition des préfets ».

    « Bras d’honneur à la République »
    Pour Thierry Repentin, c’est désormais à Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, d’agir. Il lui recommande de rajouter chez les sanctionnés « une grosse cinquantaine de communes qui auraient pu faire mieux », dont Nice, Toulon, Aix-en-Provence et Marseille. Sur France Inter, Repentin a clairement résumé le problème : « Si beaucoup de maires ont mis en place des actions pour rattraper leur retard, il en reste une partie qui ne souhaite pas accueillir sur leurs territoires – pour des raisons qui leur sont propres – des habitants dont les revenus leur semblent trop faibles pour qu’ils soient dignes. » Et de conclure : « On ne peut pas permettre qu’un certain nombre de maires fassent un bras d’honneur à la République. »

    Et pour couronner le tout, l’impunité totale pour les communes les + peuplées qui ne respectent pas la loi SRU sur le pourcentage de HLM à respecter. Mais finalement tout ceci est d’une grande cohérence.

    #logement #hlm #sru


  • https://www.humanite.fr/ils-nont-pas-honte-les-deputes-lr-veulent-taxer-les-detenus-644934

    Des proches de #Wauquiez ont proposé, lors des discussions budgétaires, d’appliquer la #taxe_d’habitation aux cellules de prison.

    Quelle sera la droite Wauquiez ? L’examen du projet de la loi de finances, à l’Assemblée nationale, a permis de comprendre jusqu’où pouvaient aller ses soutiens. Huit députés #LR, dont six qui ont parrainé le président de la région Auvergne-Rhônes-Alpes à la présidence du parti, ont déposé un amendement pour soumettre les personnes détenues au paiement de la taxe d’habitation.

    L es « cellules au sein de prisons » doivent, selon eux, être considérées comme des lieux d’habitation comme les autres, et donc soumises à cet impôt. Cela instaurerait « une parfaite égalité de traitement entre tous les contribuables », arguent les cosignataires du texte, Aurélien Pradié, député LR du Lot, Damien Abad (Ain), Valérie Boyer (Bouches-du-Rhône), Arnaud Viala (Aveyron), Michel Vialay (Yvelines), Émilie Bonnivard (Savoie), Jean-François Parigi (Seine-et-Marne) et Thibault Bazin (Meurthe-et-Moselle). Mieux, cela aurait une vertu salvatrice pour les personnes incarcérées. « Le paiement de l’impôt marque l’appartenance, pleine et entière à la vie sociale. C’est donc un amendement qui vise à éviter la rupture sociale du détenu », osent ces députés qui ne savent plus quoi inventer pour mettre en scène leur délire répressif. Rappelons que les détenus travaillant en #prison gagnent en moyenne 337 euros par mois… à temps plein. Bien loin du seuil d’imposition de la taxe d’habitation à laquelle devraient échapper 80 % de la population, selon les projets du gouvernement. Mais c’est une obsession, dans cette frange de la droite, de matraquer les individus privés de liberté. En 2015, un amendement du député de l’Hérault élie Aboud, rappelle LCI, souhaitait faire porter le coût de la détention sur les détenus. Cette année, l’amendement n’a pas été défendu en commission par les huit députés signataires. Peut-être n’osent-ils pas aller au bout de leur logique inique… jusqu’à la victoire de Laurent Wauquiez ?

    « Ont-ils testé les cellules à quatre, avec matelas par terre ?
    Et, pour le mitard, ils prévoient une taxe sur les résidences secondaires ? » dixit *Le Canard Enchaîné* 8/11/2017

    Arrivé à un tel degré de connerie, ils en sont bien capable !

  • « Si la liberté de navigation est bafouée en mer de Chine, elle le sera partout »
    http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/10/31/si-la-liberte-de-navigation-est-bafouee-en-mer-de-chine-elle-le-sera-partout

    Le droit de la mer est remis en question par les politiques du fait accompli, selon l’amiral Denis Bertrand, commandant de la zone maritime Pacifique et des forces armées en Polynésie française.

    La frégate Auvergne vient d’effectuer une mission de huit jours en mer de Chine du Sud, passant par les îles Spratleys, mais également, ce qui est plus nouveau pour la marine française, à proximité des îles Paracel, qui sont aussi revendiquées par la Chine. Pourquoi cette navigation ?
    L’importance de cette navigation dans la région est illustrée dans la revue stratégique de la défense nationale qui vient d’être adoptée par le président de la République : elle souligne l’affirmation de la puissance chinoise, son influence régionale, et le développement considérable de ses capacités militaires. Nous avons un point de préoccupation, qu’a rappelé la ministre des armées en juin au Shangri-La Dialogue [le grand rendez-vous des ministres de la défense de la zone Asie-Pacifique] : la défense d’un ordre international fondé sur le droit. Cela vaut pour la piraterie, la prolifération avec la Corée du Nord, les pêches illégales, ou les entraves à la liberté de navigation. L’application de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer est remise en question par les politiques du fait accompli.

    Pour conserver son autonomie stratégique, la France doit préserver sa capacité d’appréciation de la situation. Il nous faut entretenir nos connaissances sur l’évolution des équilibres internationaux et régionaux, les comportements des uns et des autres. Depuis fin 2014, plus d’une dizaine de bateaux français ont ainsi transité dans la région, là où le droit de la mer nous y autorise, y compris dans ces zones contestées. Avec trois mots-clés : lisibilité, constance, équilibre.

    Quel est le bilan de ces transits ?
    Quand on navigue dans de telles zones, on apprend énormément des réactions, comme de l’absence de réactions observée. Nos transits nous montrent que la Chine a des réactions de plus en plus professionnelles, qu’elle est attentive à ce qu’il se…

    #paywall

    La France se met aussi aux mission #FoN #Freedom_of_Navigation

    • L’article de la journaliste embarquée (également sous #paywall, on ne connait pas le détail du passage près des Paracels ou Spratleys (dans les eaux territoriales revendiquées ou pas)

      A bord de l’« Auvergne », en mer de Chine du Sud
      http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/10/31/a-bord-de-l-auvergne-en-mer-de-chine-du-sud_5208107_3216.html

      La frégate française a effectué une mission inédite dans les îles Spratleys et Paracel, revendiquées par Pékin.

      #mer_de_Chine_méridionale

    • A bord de l’« Auvergne », en mer de Chine du Sud

      La frégate française a effectué une mission inédite dans les îles Spratleys et Paracel, revendiquées par Pékin.

      Un typhon sévit au nord, le vent dépasse les 75 km/h. Derrière les trombes d’eau qui s’abattent sur le port militaire malaisien de Kota Kinabalu, on devine avec peine les îles ceinturant les eaux chaudes et boueuses de la baie. Le navire de guerre s’arrache du quai entre deux bourrasques, sous un brouillard laiteux. Vendredi 20 octobre, l’Auvergne, la dernière née des frégates de la marine française, file sur la mer de Chine méridionale vers les îles Spratleys.

      Ces récifs proches des Philippines sont convoités par tous les pays de la région, au premier rang desquels la Chine, qui y bâtit des installations en dur. Dans les prochains jours, le bateau poussera jusqu’aux Paracel, au large du Vietnam. Là aussi, Pékin militarise cet archipel disputé qui forme la ligne de défense primordiale de son flanc sud.

      La lutte anti-sous-marine pour priorité

      Les cartes – britanniques – sont sorties sur la table de navigation de l’Auvergne. Les marins français ont tout à apprendre de la mer de Chine méridionale, de ses hauts-fonds plongeant jusqu’à 4 000 mètres. Ici transite la moitié du trafic commercial mondial. Les tensions régionales et internationales montent sous l’effet de la politique d’extension territoriale menée par Pékin, que les Occidentaux qualifient de « fait accompli ». La marine française mène là sa première mission opérationnelle complète jusqu’au nord de la zone. La frégate a pour priorité la lutte anti-sous-marine.

      Les nations qui comptent dans le Pacifique (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Australie) assurent toutes ici une présence militaire visible en mer. Ce vendredi, trois frégates russes anti-sous-marines viennent d’arriver à Manille, à la veille d’une réunion des ministres de la défense de l’Asie du Sud-Est.

      « Il y a du monde sous l’eau », convient le commandant Xavier Breitel. Dont, bien sûr, des bâtiments chinois, y compris les sous-marins nucléaires les plus récents de l’Armée populaire de libération. Pékin a justement annoncé le 28 octobre qu’en prévision de déploiements plus nombreux, il allait créer au sein de sa flotte du Sud une unité de sauvetage sous-marine. Si l’Auvergne et son hélicoptère Caïman, avec leurs sonars, détectent un de ces navires, ce serait une autre première. « Un américain, c’est surfait ! », ironise un premier-maître du bord.

      A bord de l’Auvergne, l’on s’interroge : comment les Chinois vont-ils réagir ? Depuis 2015, une dizaine de bateaux français ont navigué près des Spratleys. La marine française a des moyens limités, mais ses passages en mer de Chine se systématisent, avec des missions de renseignement. Bien qu’ils croisent toujours dans les eaux internationales, soit au-delà de 12 milles nautiques (22,2 km) des îles disputées, la moitié des navires français ont été « marqués » par la marine de Pékin : simplement interrogés à la radio ou, plus brutalement, suivis de près par des frégates.

      « Un transit sans agressivité »

      La Chine n’est « pas une menace », rappelle toutefois le commandant à l’équipage. « Il s’agit simplement de passer, comme n’importe quel navire, dans les eaux internationales. Un transit sans agressivité pour faire valoir le droit de navigation », annonce-t-il. La France veut se distinguer des Etats-Unis, qui pratiquent des « opérations de liberté de navigation » en bonne et due forme.

      Les bateaux de guerre américains, en effet, effectuent des tours complets des îlots contestés, sillonnent en profondeur les atolls, dessinent de vastes huits sur les eaux… En août, le USS McCain s’est approché à 6 milles de Mischief (Meiji en chinois), dans les Paracel, pour la troisième « opération » en mer de Chine méridionale menée depuis l’élection de Donald Trump, qui a régulièrement reproché à Pékin ses annexions de fait. Un « acte portant gravement atteinte à la souveraineté de la Chine », a aussitôt réagi Pékin en affirmant avoir « expulsé » le navire.


      La frégate multimissions Auvergne au cours de sa mission en octobre 2017

      L’Auvergne a prévu de naviguer à une distance de 30 et 13 milles des îlots contestés. La frégate commence par progresser discrètement jusqu’au 10e parallèle. Radars et système d’identification coupés, sonars éteints, hélicoptère au hangar, elle n’apparaîtra pas plus grosse qu’un modeste chalutier dans les capteurs adverses. Mais dans un second temps, son attitude sera bien celle, ostensible, d’un bateau de guerre vaquant à ses activités.

      Ce vendredi, les marins sont appelés au poste de combat dès 20 heures. A l’issue de la nuit, fanions, projecteurs et appareils photo sont en place pour d’éventuels échanges avec les militaires chinois. Les mitrailleuses 12,7 mm ont été armées sur les flancs de la passerelle. L’Auvergne se tient prête à une approche. « Je m’attends à être marqué », souligne le commandant. Il faudra alors tout enregistrer. « Derrière, il y a aussi une guerre de l’information. » La subtilité consistera à réagir au nom de la sécurité maritime plutôt que selon les lois de la guerre, sans jamais donner l’impression de se plier à un ordre militaire chinois. « Je resterai sur la même route, à la même vitesse. »

      Marins las

      Samedi 21, le récif de Commodore s’inscrit à gauche de la route sur les écrans de navigation. Dehors, dans la chaleur pesante, seuls des pêcheurs dispersés occupent les eaux. Mais plus haut, à l’approche du récif de Mischief, deux radars chinois sont repérés. Actifs. Puis, à la mi-journée, un troisième. Des échanges de données sont captés. A l’est, un ravitailleur militaire chinois fait également route vers Mischief.

      Le 10e parallèle franchi, comme prévu, la frégate se dévoile. « French warship ! French warship ! », crie le chef du quart sur la radio. Les radars sont de nouveau branchés – les instruments de guerre électroniques chinois ne pourront manquer de les repérer. L’hélicoptère se prépare à décoller, lui aussi avec son sonar, une bouée largable redoutée des sous-marins.

      Mais en retour, nul appel. Nul bateau en route vers l’Auvergne. L’esquive. Depuis la passerelle, on scrute la dizaine de bateaux de bois multicolores qui sillonnent le coin. Ils ressemblent à de vrais pêcheurs, non à des « sonnettes », ces milices armées déguisées en civils qui font office de force avancée chinoise dans les Paracel. Dans l’attente, la frégate s’oblige à garder une route régulière, s’offrant à la houle forte. Changer d’allure, se retourner, virer, sont des manœuvres militaires agressives en mer. « Le problème, à vouloir éviter les pêcheurs, c’est qu’on finit par être radial [perpendiculaire] vers les eaux territoriales ! », remarque un officier de quart.

      Partis depuis deux mois, les marins de l’Auvergne sont las. Cette nouvelle frégate « multimissions », conçue pour un équipage réduit de moitié, use les hommes, et voilà que la veille interminable achève d’éprouver leurs nerfs. L’action se dérobe. Toute la nuit, le sonar actif de l’Auvergne va fouiller la mer, réveillant l’équipage de son sifflement strident.

      « Tremblez dans vos boîtes de conserve ! »

      Dimanche 22 au petit jour, sortie des Spratleys. L’hélicoptère s’envole, sous un ciel plombé, s’assurer que la frégate n’est pas suivie. Quand il a pris son quart en ce début de journée, le « midship » (le cadet des officiers) a promis une belle journée aux sous-marins qui pisteraient l’Auvergne : « Tremblez dans vos boîtes de conserve ! »

      A l’approche de Scarborough, récif que la Chine dispute aux Philippines, un garde-côte chinois est identifié, qui ignore la frégate. Tandis que l’on guette un rendez-vous plus ou moins courtois en surface, les sonars continuent de balayer sans complexe de larges espaces sous l’eau, avec l’espoir d’attirer des adversaires et d’en dévoiler la signature sonore. « Nous faisons le pari qu’en allant à tel endroit, le sous-marin qui se trouve possiblement dans la zone ira à tel autre », explique un officier au poste central des opérations. « Une marine présente ici ne peut pas nous ignorer », précise le commandant. A 19 heures, on pense tenir un sous-marin. Un contact sérieux, classé possible submarine, est enregistré. Furtif, lui aussi.


      La frégate multimissions « Auvergne », en octobre.

      Sur la mer continuellement agitée, la frégate roule, cap vers les Paracel. Lundi, l’hélicoptère est revenu de sa dernière patrouille avec un nouveau contact possible sous la surface. Il en attrape un autre au matin du quatrième jour, mardi. « En matière de lutte anti-sous-marine, ne rien ramener n’est pas forcément un échec. On fait naître le doute chez l’adversaire. Et s’il y avait quelqu’un dans la zone, on l’aura bien embêté », souligne le pilote, A. « Pas de contact direct avec les Chinois, c’est aussi une info ! », lâche l’officier opérations R.

      Pékin compte vingt avant-postes dans les Paracel et renforce ses installations militaires sur huit de ces îles. Le jour suivant, au large de l’île Lincoln, sur l’eau devenue bleu-gris, la frégate dessine une boucle en vue de redescendre vers Singapour, escortée d’une nuée de mouettes chasseuses d’exocets. Au passage du récif de Bombay, dans l’après-midi blanc du mercredi, des radars chinois sont de nouveau repérés.

      Retarder l’échéance

      La réaction chinoise survient soudain quand le bateau, laissant sur son arrière droite la principale base de l’Armée populaire sur l’île de Woody, longe les hauts-fonds Macclesfield. Un avion de patrouille maritime chinois surgit dans les radars, venu du nord-est. La preuve, s’il en était encore besoin, que Pékin envoie ses moyens militaires de surveillance loin de ses eaux territoriales reconnues.

      L’avion vient reconnaître la frégate. « Très professionnel. Le bateau ne s’est jamais senti menacé », juge le commandant Breitel. Dans les airs, le patrouilleur est resté à 12 milles, dessinant un cercle pour contourner l’Auvergne. Puis il a filé vers le sud, avant de remonter plein nord. Et quand, par deux fois, la frégate a modifié son mouvement, par deux fois l’avion a amendé sa trajectoire.

      Bien que restée muette, il se pourrait que la marine chinoise ait suivi l’Auvergne depuis le début de son périple. Et qu’elle ait appliqué un principe du stratège Sun Tzu : « Quand vous agissez, feignez l’inactivité. Quand vous êtes proche, feignez l’éloignement. Quand vous êtes loin, feignez la proximité. » La Chine adapte son attitude aux différentes nations qui sillonnent la zone, souligne l’état-major français.

      Mais entre l’esquive et l’action de force, Pékin exprime sa volonté inébranlable de consolider ses positions sur les Paracel et les Spratleys. « Si la liberté de navigation est bafouée ici, elle le sera partout à court terme », souligne Denis Bertrand, l’amiral commandant la zone maritime française Pacifique. Le risque est de voir un jour la mer de Chine du Sud se fermer comme un lac, prenant en otage les intérêts des autres puissances. En naviguant dans ces eaux chaudes et lointaines, les marins espèrent retarder l’échéance.

    • « Si la liberté de navigation est bafouée en mer de Chine, elle le sera partout »

      Le droit de la mer est remis en question par les politiques du fait accompli, selon l’amiral Denis Bertrand, commandant de la zone maritime Pacifique et des forces armées en Polynésie française.

      La frégate Auvergne vient d’effectuer une mission de huit jours en mer de Chine du Sud, passant par les îles Spratleys, mais également, ce qui est plus nouveau pour la marine française, à proximité des îles Paracel, qui sont aussi revendiquées par la Chine. Pourquoi cette navigation ?

      L’importance de cette navigation dans la région est illustrée dans la revue stratégique de la défense nationale qui vient d’être adoptée par le président de la République : elle souligne l’affirmation de la puissance chinoise, son influence régionale, et le développement considérable de ses capacités militaires. Nous avons un point de préoccupation, qu’a rappelé la ministre des armées en juin au Shangri-La Dialogue [le grand rendez-vous des ministres de la défense de la zone Asie-Pacifique] : la défense d’un ordre international fondé sur le droit. Cela vaut pour la piraterie, la prolifération avec la Corée du Nord, les pêches illégales, ou les entraves à la liberté de navigation. L’application de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer est remise en question par les politiques du fait accompli.

      Pour conserver son autonomie stratégique, la France doit préserver sa capacité d’appréciation de la situation. Il nous faut entretenir nos connaissances sur l’évolution des équilibres internationaux et régionaux, les comportements des uns et des autres. Depuis fin 2014, plus d’une dizaine de bateaux français ont ainsi transité dans la région, là où le droit de la mer nous y autorise, y compris dans ces zones contestées. Avec trois mots-clés : lisibilité, constance, équilibre.

      Quel est le bilan de ces transits ?

      Quand on navigue dans de telles zones, on apprend énormément des réactions, comme de l’absence de réactions observée. Nos transits nous montrent que la Chine a des réactions de plus en plus professionnelles, qu’elle est attentive à ce qu’il se passe, qu’elle surveille.

      Par ailleurs, la plupart de nos déploiements comportent des escales en Chine. Notre attitude s’inscrit dans une relation de grand pays à grand pays. Nous sommes capables de nous dire les choses franchement, tout en ayant une bonne relation de dialogue. Je me déplace dans tout le Pacifique plusieurs fois par an. J’ai des entretiens bilatéraux réguliers avec des responsables chinois de l’Armée populaire de libération (armée de terre, marine, armée de l’air), des garde-côtes, et de la coopération internationale. Le message de la France est compris.

      Faut-il déployer plus de navires en mer de Chine, sachant que les moyens français sont limités ?

      Nous faisons déjà beaucoup. La France est le seul pays européen du Pacifique. Le seul à y maintenir en permanence des forces, et à y déployer chaque année des bateaux militaires de premier rang. Envoyer l’Auvergne, l’un des meilleurs bâtiments de lutte anti-sous-marine du monde, est un investissement pour affirmer notre présence et entretenir notre autonomie stratégique. Le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian avait incité les Européens à faire de même. Si la liberté de navigation est bafouée ici, elle le sera partout à court terme.

      Nous ne sommes pas du tout dans une logique d’escalade. Mais nous sommes attachés à suivre les équilibres d’une région où quatre nations membres du Conseil de sécurité de l’ONU voisinent : la France, les Etats-Unis, la Chine et la Russie.

      Dans le même temps, deux frégates chinoises ont fait escale à Toulon ces derniers jours. Pourquoi ?

      La Chine a fait la démonstration de ses capacités océaniques acquises ces dernières années. Ses groupes navals déployés en Europe, dans l’océan Indien ou dans le Pacifique témoignent de cette accélération. La présence de navires chinois en France traduit une relation mature entre deux grands pays liés par un partenariat stratégique fondé sur un principe de réciprocité.

  • Le « cancer » de l’assistanat : origine d’un préjugé

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/26/les-procureurs-de-l-assistanat_5206354_3232.html

    Quelque 71 % des Français estiment que la lutte contre l’« assistanat » est une priorité. Comment cette peur du « profiteur » a-t-elle envahi l’esprit des politiques et des citoyens ?

    Deux petites lettres ont suffi pour ­jeter l’opprobre sur le monde fragile des déshérités. En préférant le néologisme « assistanat » au mot traditionnel d’« assistance », Laurent Wauquiez, qui brigue la présidence des Républicains (LR), ­remet en cause la légitimité des politiques ­sociales qui viennent en aide depuis plus d’un siècle aux démunis. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes instruit jour après jour le procès de la solidarité nationale : il dénonce inlassablement les « dérives », voire le « cancer » de l’assistanat.

    Au fil des ans, le mot s’est imposé dans le discours d’autres élus de droite – Nicolas Sarkozy juge la République « incompatible avec l’assistanat » et l’ancien député LR Hervé Mariton regrette que la France plébiscite « la culture de l’assistanat ». Avec un indéniable succès : selon une enquête Ipsos Sopra-Steria réalisée en mars, 71 % des Français estiment que la lutte contre l’« assistanat » est une priorité. Inusité il y a une vingtaine d’années, le terme semble désormais banal, évident, presque incontournable.

    Parasites sociaux

    Né au début des années 2000, le mot assistanat appartient pourtant au registre du vocabulaire politique de combat. « Au XIXe siècle et jusqu’en 1953, l’assistance était un terme juridique neutre, utilisé pour désigner l’aide sociale, rappelle Axelle Brodiez-Dolino, chargée de recherche CNRS en histoire au Centre Norbert-Elias, à Marseille. S’il a pu être valorisé au XXe siècle, il est devenu un peu vieillot après les années 1950 mais n’avait pas de connotation péjorative. Ce n’est pas le cas du mot assistanat, un terme un peu nauséabond et répréhensible. »

    Nul besoin de faire parler longtemps les pourfendeurs de l’assistanat pour comprendre en effet que ce mot n’est pas le synonyme, mais le dévoiement de l’assistance. Leurs discours évoquent plus ou moins explicitement une cohorte de parasites sociaux qui vivent indûment de la solidarité nationale alors que d’autres s’échinent à travailler. Ces propos ne visent pas uniquement les fraudeurs : bien qu’ils vivent dans le dénuement – pour une personne seule, le RSA s’élève à 545 euros par mois –, tous les allocataires des minima ­sociaux sont, à leurs yeux, des privilégiés qui profitent du système.

    Selon le philosophe Frédéric Worms, cette « idéologie » repose sur un double soupçon : celui de la passivité et celui de la ruse. « L’assisté est conçu soit comme un être entièrement passif, soit comme un être instrumentalisant l’assistance, expliquait-il en 2012. C’est une ­ambivalence aussi ancienne que la philosophie du soin, du secours ou même de l’éducation. Si vous ouvrez l’Emile, de Jean-Jacques Rousseau [1762], vous comprenez que le nourrisson est à la fois un être passif qui ne peut rien faire et un être qui peut, dès la naissance, devenir un tyran en abusant du pouvoir paradoxal que lui ­donnent sa faiblesse et le dévouement de ceux qui le secourent. »

    Accents moraux

    Dans la France de 2017, le discours politique sur l’assistanat se caractérise avant tout par ses accents moraux : au lieu d’analyser les ­mécanismes économiques et sociaux qui précipitent certains dans la pauvreté, il emprunte le vocabulaire de l’opprobre et de l’infamie pour montrer du doigt les paresseux. S’il les condamne, c’est au nom de l’amour du labeur, du sens de l’effort, du devoir de la volonté. « Le discours sur l’assistanat néglige les questions qui touchent au droit, à la citoyenneté et à l’égalité », résume le sociologue Nicolas Duvoux, professeur de sociologie à l’université Paris-VIII-Saint-Denis.

    Parce qu’ils s’inscrivent dans ce registre moral, les procureurs de l’assistanat distinguent volontiers les « bons pauvres » des « mauvais pauvres ». Les premiers sont les personnes âgées ou handicapées victimes de l’âge ou de la maladie ; les seconds, les chômeurs qui pourraient travailler s’ils s’en donnaient la peine. Les premiers ne sont pas responsables de leur mauvaise fortune ; les seconds doivent leur malheur à eux-mêmes. Les premiers reçoivent légitimement le minimum vieillesse ou l’allocation handicapé ; les seconds profitent indûment du RSA. Les premiers méritent notre compassion, les seconds, nos reproches.

    Ces discours puisent dans une imagerie très ancienne. Depuis plus de sept cents ans, la ­figure du mauvais pauvre traverse en effet l’histoire de France – et c’est sans doute pour cette raison qu’elle est parvenue, dans les ­années 2000, à s’imposer aussi rapidement dans le débat public. « L’idée du “mauvais ­pauvre” est ancrée au plus profond de notre histoire politique, religieuse et économique, analyse l’historienne Axelle Brodiez-Dolino. Elle repose sur des préjugés concernant la ­sédentarité et le labeur qui se sont installés dans nos mentalités au Moyen Age. »

    Les bons et les mauvais pauvres

    La première pierre de cet édifice est posée dès la fin du XIIIe siècle, à une époque où la croissance démographique, les disettes, les guerres et les épidémies jettent sur les routes des ruraux à la recherche de travail. « Redoutant ces errances, les autorités prennent peur et instaurent une dichotomie entre les bons et les mauvais pauvres », raconte Axelle Brodiez-Dolino. Les bons pauvres sont les « gens contre­faits, aveugles, impotents et autres misérables personnes » qui méritent l’aumône, estime le roi de France, Jean II le Bon, dans une ordonnance de 1351. Les mauvais sont les « gens sains de corps et de membres qui puissent besogne faire dont ils puissent gagner leur vie », proclame-t-il.

    Face à la pauvreté, le monde médiéval ­oscille entre la potence et la pitié, analyse l’historien Bronislaw Geremek : les vieillards, les veuves, les malades et les femmes en ­couches bénéficient de la charité chrétienne alors que les vagabonds sont durement persécutés. « On les marque au fer rouge, on les cloue au pilori, on les envoie aux galères et, surtout, on les enferme, comme l’ont notamment montré les travaux de Michel Foucault, raconte Axelle Brodiez-Dolino. Nous sommes les héritiers de cette violence qui imprègne ­depuis des siècles les mentalités et le droit : il a fallu attendre 1994 pour que la France abroge le délit de vagabondage ! »

    A la faveur de la Révolution française, la ­figure du mauvais pauvre, cependant, se transforme. Pour lutter contre le dénuement, les hommes de 1789 préfèrent l’arme du droit au geste de la charité chrétienne : en 1790, le Comité de mendicité proclame que tout homme a droit aux secours de la société et, en 1793, la Constitution affirme que l’aide publique constitue une « dette sacrée ». L’émergence du droit ne fait pas pour autant disparaître la figure du « mauvais pauvre » : si la société doit porter secours aux miséreux, l’oisiveté reste sévèrement condamnée. « Le droit individuel de protection trouve son symétrique dans le devoir de travailler », résume, en 2012, Colette Bec, professeure à l’université Paris-Descartes.

    « Pauvrophobie »

    Cette figure du mauvais pauvre change de ­visage un siècle plus tard, au début de la IIIe République, au moment où apparaît une politique d’assistance envers les déshérités. Sous l’influence de la doctrine solidariste du député radical Léon Bourgeois, qui plaide en faveur de la mutualisation des risques dans son ouvrage Solidarité (1896), les républicains de la fin du XIXe et du début du XXe siècle ­instaurent l’assistance médicale gratuite, le placement des orphelins, l’aide aux vieillards, aux infirmes et aux incurables, les secours aux femmes en couches sans ressources et l’aide aux familles nombreuses nécessiteuses.

    Dans ce paysage politique radicalement nouveau, le visage du mauvais pauvre évolue : il n’est plus un citoyen oisif qui refuse de travailler, mais un profiteur qui abuse ­indûment de la solidarité nationale. « Avec l’instauration du droit arrive la terreur de la corruption et du détournement, explique ­Nicolas Duvoux. C’est une forme de pessimisme anthropologique : on craint que les ­parasites ne jouent pas le jeu de la solidarité qui est au fondement de l’assistance, et qu’ils bénéficient sans contribuer. »

    Aujourd’hui, cette peur du profiteur semble plus vivante que jamais. Multiplication des arrêtés anti-mendicité, mobilier urbain anti-sans-abris, discours politiques stigmatisant le « piège » de l’assistanat, selon la formule de François Fillon lors de la campagne prési­dentielle : certaines associations caritatives dénoncent, dans la France de 2017, une « pauvrophobie » qui s’exprime sans détours dans les sondages d’opinion – en juin 2016, 36 % des personnes interrogées considéraient que les personnes pauvres « ne faisaient pas ­d’effort pour s’en sortir ».

    « Lassitude compassionnelle »

    Si la hantise du mauvais pauvre semble si forte, c’est parce que la France est atteinte, ­depuis le début des années 2000, d’une forme de « lassitude compassionnelle », analyse Julien Damon, professeur associé à Sciences Po. « A la fin des années 1980, au ­moment de la création du revenu minimum d’insertion (RMI), les deux tiers des Français estimaient que la pauvreté n’était pas liée au comportement individuel des gens mais aux défaillances du marché du travail. Dans les ­années 1990 et surtout 2000, ils se sont cependant montrés de plus en plus critiques envers les allocataires du RMI, puis du revenu de solidarité active, le RSA. »

    Nulle surprise, dans ce climat, à ce que les discours sur l’assistanat s’imposent avec tant de facilité dans le débat public. Quand ­Laurent Wauquiez somme les allocataires du RSA de faire « des efforts », il convoque l’antique ­figure du mauvais pauvre qui se complaît dans l’oisiveté au lieu de retrousser ses manches. Ce plaidoyer, qui semble convaincre nombre de Français, colle pourtant mal aux réalités : tous ceux qui côtoient le monde des déshérités savent qu’il ne suffit pas de faire des efforts pour s’extraire de la misère.

    Dans une société qui compte 3,7 millions de chômeurs, la pauvreté n’a en effet pas grand-chose à voir avec l’absence de courage ou la faiblesse de la volonté. « Quand on a commencé à réfléchir au RSA, dans les années 2005-2007, le marché du travail était beaucoup moins dégradé qu’aujourd’hui, raconte Julien Damon, qui était à l’époque chef du ­département Questions sociales au Centre d’analyse stratégique. Notre ambition d’aider les allocataires à retrouver le chemin de l’emploi paraissait donc réaliste. Mais la crise de 2008 a fait brutalement remonter le chômage. Cet effet de conjoncture a rendu la politique de retour à l’emploi extrêmement difficile. »

    Si la détermination ne permet pas, à elle seule, de quitter le monde de la pauvreté, c’est aussi parce qu’elle est le fruit d’une longue liste de handicaps – absence de formation et de qualification, problèmes de logement, ­difficultés de transport, conséquences d’un divorce, rareté des modes de garde, fréquence des maladies… « Même l’entrée sur le marché du travail n’est plus une garantie de sortir de la précarité, pourraient témoigner un million de travailleurs pauvres », constatait, en mars, le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE).

    Si les allocataires du RSA étaient vraiment les profiteurs que décrivent les discours sur l’assistanat, ils vivraient en outre leur oisiveté avec légèreté – ce qui n’est pas le cas. « Les études montrent qu’il y a une immense souffrance et un énorme déni de dignité à vivre des minima sociaux, souligne Axelle Brodiez-Dolino. La pauvreté est une source de stigmatisation et d’isolement extraordinaire : on survit plus qu’on ne vit. » Depuis des siècles, la pauvreté est – parfois volontairement – associée à l’indignité : pour l’économiste britannique Thomas Malthus (1766-1834), l’assistance doit toujours s’accompagner d’« un peu de honte ».

    Contrairement à ce que disent les procureurs de l’assistanat, l’aide sociale, encore aujour­­d’hui, est une épreuve, dont l’importance du taux de non-recours est devenu le symbole. Ce terme quelque peu abscons désigne la part des citoyens qui ne touchent pas le RSA alors qu’ils y ont droit. Et il est incroyablement élevé : selon une enquête quantitative de la Dares, le service des études du ministère du travail, menée en 2011, il atteint 35 % pour le RSA-socle et 68 % pour le RSA-activité. Nombreux sont donc les citoyens qui, loin de leur image de profiteurs, renoncent à toucher les prestations d’assistance qui leur sont pourtant destinées.

    « Etiquette infamante »

    Certains sont mal informés, d’autres se découragent à l’idée de remplir d’épais dossiers aux guichets de l’aide sociale, mais plus d’un quart d’entre eux disent ne pas avoir envie « de dépendre de l’aide sociale, de devoir ­quelque chose à l’Etat ». Deux grandes idées ressortent de l’examen de ce non-recours, ­estimait en 2010 Pierre Mazet, ingénieur d’études au laboratoire Pacte-CNRS-Sciences Po Grenoble, dans un article du magazine La Vie des idées : les individus précaires sont capables de choix et d’autonomie ; la non-demande montre ce qu’il en coûte de requérir des protections et d’être protégé.

    De la même manière, certains allocataires du RSA choisissent de reprendre le travail alors qu’ils y perdent financièrement. « Le RSA équivaut, grosso modo, à un demi-smic, souligne Julien Damon. Sur le papier, beaucoup d’allocataires du RSA n’ont aucun intérêt à travailler à mi-temps – d’autant que le travail engendre parfois des coûts de garde d’enfants ou de transports. Pourtant, beaucoup le font parce que le travail leur est essentiel. Cela concerne une proportion substantielle des allocataires du RSA. Ils veulent se défaire de cette étiquette infamante et subvenir à leurs besoins. »

    Dans un article publié en 2002 dans la Revue française de sociologie, François Dubet et ­Antoine Vérétout décryptaient cette perte – apparente – de la « rationalité » en écoutant la voix de RMIstes qui avaient repris le travail. « Même s’ils se sentent exploités et fatigués le soir, c’est une autre fatigue que celle de l’inactivité qui les clouait dans l’apathie et la solitude. (…) Ils parlent beaucoup moins de l’activité proprement dite que de la sociabilité du travail, des collègues, de la fierté retrouvée, de ce que l’on appelait l’éthique du travail, celle qui ­permet de “se regarder en face” parce que les autres vous regardent “en face”, enfants, ­famille, voisins, collègues. »

    Avec ces regards, on est loin, très loin, des ­discours de tous ceux qui, en dénonçant l’assistanat, renvoient les déshérités à une forme d’inutilité sociale – une notion qui déplaît profondément au philosophe Patrick Savidan. « On accuse les pauvres d’être des parasites mais, au fond, comment mesurer la contribution de chacun à la coopération ? Un pauvre qui s’investit dans une association ou qui s’occupe d’une personne âgée a une utilité sociale, même si elle n’est pas mesurée en termes ­économiques. Les perspectives utilitaristes mal comprises nous rendent aveugles à la contri­bution de ceux qui ne sont pas inscrits dans le marché du travail. »

    Patrick Savidan va plus loin. « Les vrais assistés ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Si l’on mesurait la part des budgets publics qui va aux pauvres et celle qui va aux privilégiés, on aurait sans doute des surprises. Les citoyens les plus riches mobilisent une part importante des subsides de l’Etat : ils vivent dans des quartiers bien entretenus, ils profitent presque exclusivement de certains investissements publics et leurs enfants suivent des études longues, en grande partie financées par l’Etat, ce qui n’est pas le cas des pauvres. » Laurent Wauquiez n’apprécierait sans doute pas ce renversement de perspective, qui fait du pourfendeur de l’assistanat… un assisté qui s’ignore.

  • Pour Laurent Wauquiez, les agents Pôle Emploi conseillent aux chômeurs de « profiter de la vie » plutôt que de chercher un travail - Le Lab Europe 1
    http://lelab.europe1.fr/pour-laurent-wauquiez-les-agents-pole-emploi-suggerent-aux-chomeurs-de

    FAITS ALTERNATIFS - Le « cancer » de l’assistanat, Laurent Wauquiez connaît ça. Non pas parce qu’il a continué à cumuler ses points de retraite au Conseil d’État après n’y avoir travaillé que deux mois. Non. Si le président d’Auvergne-Rhône-Alpes connaît si bien, c’est parce qu’il est un fin observateur. 

    Mercredi 25 octobre, à Mandelieu-la-Napoule, le candidat à la présidence de Les Républicains a fait une brève présentation de ses observations. Et ce qu’il a vu n’était pas bon. Il a ainsi parlé de ces satanés assistés qui, en cumulant les aides, gagnent plus, en ne faisant rien chez eux, que les honnêtes travailleurs. Laurent Wauquiez répète cette histoire depuis des années. Tout le monde sait que c’est faux, lui y compris certainement, mais apparemment, les faits sont têtus mais guère importants.

    Et puis surtout, les faits sont peu de choses par rapport à ce que Laurent Wauquiez, lui, dit avoir vu de ses propres yeux. Il a donc raconté :

    Et j’ai vu, j’ai vu tout ce qui nous fait enrager en silence. […] J’ai vu ces situations qui nous révoltent, où un demandeur d’emploi pousse la porte de Pôle emploi pour trouver un emploi et on lui répond : ’vous avez deux ans d’assistance chômage, ne vous pressez pas. Profitez un peu de la vie’. Parce que cela, c’est la réalité.

    Des applaudissements se sont alors faits entendre dans la salle alors que Christophe Castaner, pour qui certains chômeurs se disent qu’ils vont « bénéficier des allocations-chômage pour partir deux ans en vacances », n’était même pas présent…

    Laurent Wauquiez connaît plutôt bien son sujet : il a été secrétaire d’État à l’Emploi. D’ailleurs, à l’époque, il trouvait ça bien, Pôle Emploi. « Un an et demi après sa création, deux tiers des demandeurs d’emploi valident Pôle emploi, estimant que c’est plus simple (69%) et plus rapide (67%) qu’avant », disait-il par exemple au JDD en 2010, ajoutant que les résultats de la consultation qu’il avait lancée étaient un « démenti très clair des caricatures ». Il défendait d’ailleurs les agents de Pôle Emploi, admettant que les conseillers sont parfois surchargés…

    #chômeurs #guerre_aux_pauvres

  • Wauquiez, roitelet en sa région : la hache et le spectacle
    https://www.mediapart.fr/journal/france/111017/wauquiez-roitelet-en-sa-region-la-hache-et-le-spectacle

    Autoritarisme, clientélisme et beaucoup de communication pour rien… La gestion de #Laurent_Wauquiez à la tête de la #région_Auvergne-Rhône-Alpes révèle un président obnubilé par son destin national et sans véritable projet. Il est grand favori pour la présidence des Républicains.

    #France #Emmanuel_Macron #Les_Républicains #Nicolas_Sarkozy

  • Le grand bluff régional de #Laurent_Wauquiez
    https://www.mediapart.fr/journal/france/111017/le-grand-bluff-regional-de-laurent-wauquiez

    Autoritarisme, clientélisme et beaucoup de communication pour rien… La gestion de Laurent Wauquiez à la tête de la #région_Auvergne-Rhône-Alpes révèle un président obnubilé par son destin national et sans véritable projet. Il est grand favori pour la présidence des Républicains.

    #France #Emmanuel_Macron #Les_Républicains #Nicolas_Sarkozy

  • On viendra vous faire la guerre avec la parole poudrière
    GAËL FAYE - IRRUPTION

    On sort en trombe, en nombre, on se déverse en plaine,
    En centaines, en millions, en milliards ou en millièmes
    De quelques simples gouttes à des marées humaines
    Des jaillissements d’aurore pour éclairer des emblèmes
    Des lanternes dans la tête si l’on plonge dans les ténèbres
    On nous appelle PD, blancos, bougnoules ou bien nègres
    On vit dans la riposte, on réfléchit après-coup
    On vit extra-muros donc on arrive par vos égouts
    Nous sommes des cargaisons de femmes voilées et des youyous stridents
    Des rastas, des casquettes tournées, des voyous prudents
    Des espoirs accrochés, des paradis assassinés
    Des parents épuisés enfantant des gosses méprisés
    De la marmaille bruyante, des petits morveux frisés
    Engraissés d’allocations qui donnent des prétextes à voter
    Trouver des bouc-émissaires, les égorger pour l’Aïd
    Mourir dans une clairière sans treillis pour ce pays
    L’affiche est couleur sang et Manouchian vient pas d’Auvergne
    Le tirailleur t’emmerde, il a fécondé ta grand-mère
    On investit Brongniart, le dos au mur comme Jean-Pierre Thorn
    On s’en fout du grand soir parce que la nuit, c’est bien trop morne
    On veut même pas de soleil mais des éclipses pour faire l’amour
    Pour que l’instant soit bref, intense comme un fruit qu’on savoure
    Aux armes miraculeuses on a lu Césaire et Prévert
    On viendra vous faire la guerre avec la parole poudrière
    On désigne plus l’ennemi parce qu’il est partout même en nous
    On va mourir debout parce qu’on a vécu à genoux
    On est sourds aux slogans élimés par trop de manifs
    On devient arrogants on veut rimer comme des canifs
    On n’a plus 20 ans mais on en n’aura jamais 60
    Car on bouffe du Bisphénol à l’heure d’une planète suffocante
    On fait de nous des enfants pour nous interdire des luttes
    Donc nous on pend Peter-Pan on va redevenir adultes
    On a coincé nos rages entre le mérite et l’héritage
    Et les puissants confisquent ce que les pauvres se partagent
    À leurs chaises musicales, personne ne joue, personne s’assoit
    On occupe du terrain, être indigné ça va de soi
    Angela ké fend’tchou aw pendant que ton papa est bien là
    On va ouvrir les portes de Soledad ou Attica
    Pharmaco-dépendants des OGM pour nous doper
    J’ai recraché l’assiette, monté le cheval et galopé
    Braqué un RER-dilligence. L’Apache de Belleville
    Viendra crier vengeance comme Balavoine arrive en ville
    Ils veulent nous assigner des places et nous faire saigner
    Les amoureux aux bancs publics n’arrêteront jamais de s’aimer
    Depuis que nos checks ressemblent à des poignées de main de Montoire
    On ne laissera personne parler au nom de nos espoirs
    On n’est pas des victimes, encore moins des condamnés
    On arrivera de l’aube en irruption spontanée.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=110&v=2CT2p4adHXA