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  • Les capitalistes, leurs paradis terrestres et leur apôtre Macron | #editorial de #LO
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/les-capitalistes-leurs-paradis-terrestres-et-leur-apotre-macron-9875
    #Paradise_Papers #Capitalisme_Normal #Paradis_Fiscaux #Evasion_Fiscale #capitalisme #Macron

    Les Paradise papers, divulgués par la presse la semaine dernière, lèvent un petit coin du voile qui recouvre d’ordinaire les pratiques des capitalistes. Toujours prompts à faire la morale aux travailleurs sur les nécessaires sacrifices, ils organisent l’évasion fiscale de façon industrielle.

    Bernard Arnault a ainsi placé des biens dans au moins six paradis fiscaux. Première fortune française, grâce au travail des petites mains du luxe, il possède au nord de Londres une propriété de 4300 mètres carrés sur un terrain de 129 hectares. S’y ajoute un yacht de 101 mètres avec héliport et piscine à fond de verre, valant 130 millions. Tout cela par l’intermédiaire de sociétés écrans basées à Jersey ou aux îles Caïmans, qui permettent au patron de LVMH de dissimuler ces signes extérieurs de richesse au fisc et aux médias.

    Avec des placements aux îles Caïmans, la reine d’Angleterre fraude carrément son propre fisc ! Une entreprise richissime comme Nike ne paye que 2 % d’impôts sur ses 7,5 milliards de recettes européennes. Dassault, qui vit notamment grâce aux commandes de l’État français, aide ses clients à ne pas payer la TVA sur les jets qu’ils lui achètent, par le biais de sociétés écran à l’île de Man, où l’impôt est à 0 %. Et on pourrait multiplier les exemples, aussi écœurants les uns que les autres.

    « Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est terminé », jurait Sarkozy en 2009. Quelle sinistre blague ! Chaque année apporte son lot de nouvelles révélations. Moscovici et l’Union européenne s’indignent de ces pratiques. Quels hypocrites ! Les paradis fiscaux sont y compris au cœur de l’Europe, en Belgique, en Irlande ou aux Pays-Bas.

    Quant au gouvernement français, il supprime l’impôt sur la fortune et réduit celui sur les sociétés. Autrement dit, il vise à rendre la France aussi attirante fiscalement que les paradis fiscaux qu’il dénonce. Il organise le transfert des richesses produites par les travailleurs vers le grand capital.

    Les grandes firmes n’ont jamais autant gagné ; les grands bourgeois n’ont jamais été aussi riches. Et les uns comme les autres n’ont jamais payé aussi peu d’impôts. Non seulement ils amassent des fortunes au travers de l’exploitation de millions de salariés, mais ils rechignent à contribuer ne serait-ce qu’un minimum au fonctionnement de la société.

    350 milliards d’euros échapperaient chaque année à la fiscalité des États ; pour la France, 20 milliards. Ce sont autant que les classes populaires doivent acquitter. Les cinq euros de baisse des APL que le gouvernement a imposés représentent un demi-milliard. On voit combien de sacrifices pour les familles populaires, combien de services publics dégradés et d’emplois supprimés, représentent ces 20 milliards. Et ce n’est que la partie émergée de l’immense iceberg de l’évasion fiscale.

    Le véritable scandale, au-delà de Jersey ou de l’île de Man, est que toute la société capitaliste est un paradis pour les exploiteurs, un enfer pour les exploités. Ce sont les travailleurs qui font tout fonctionner, y compris dans les demeures de luxe, les yachts et les jets privés. Et pour augmenter leurs profits, ceux qui possèdent le capital exigent toujours plus. Les grandes entreprises dégageant déjà des milliards de bénéfices sont prêtes à rogner sur des pauses, à augmenter des cadences, à supprimer des postes. Combien de travailleurs en subissent les conséquences par des horaires allongés, par des troubles musculo-squelettiques ou autres ? Combien sont licenciés, pour inaptitude ou pour quelque autre raison ?

    Toutes ces richesses accumulées ne servent pas à faire fonctionner l’économie dans l’intérêt de tous. Elles sont orientées vers la spéculation, qui mobilise des sommes cent fois supérieures au train de vie luxueux des plus riches. Cette frénésie spéculative, propre au capitalisme, conduit aux crises économiques et détruit périodiquement des milliers d’usines et des millions d’emplois.

    Les capitalistes mènent la lutte de classe. Alors, il faut saisir toutes les occasions de protester. Ce jeudi 16 novembre, la CGT, Solidaires, FO, la FSU et des organisations de jeunesse appellent à manifester contre les ordonnances Macron et la politique de ce gouvernement.

    Cette journée ne suffira pas à mettre un coup d’arrêt à l’offensive du patronat et du gouvernement. Mais elle permet de dire notre refus des nouvelles régressions que Macron, l’homme des banquiers, veut imposer au monde du travail. Faisons entendre notre colère contre cette politique qui vise à faire les poches des classes populaires, pour enrichir encore les parasites qui dirigent la société.

    • Étrange semaine qui vient de s’écouler. Car les révélations des Paradise Papers sont une chose. Le silence ouaté des dirigeants sur le sujet tandis que l’écoeurement populaire confine à la nausée en est une autre. Constater le hiatus, c’est regarder deux mondes que plus rien ne relie.

      Si Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise ont réagi dès les premières heures en mettant sur la table des propositions concrètes et immédiatement applicables pour couper court à l’évasion fiscale, ils furent bien seuls. Il ne s’est guère trouvé dans les sphères du pouvoir que le ministre de l’économie et des finances M. Le Maire, et le commissaire européen aux affaires économiques et à la fiscalité M. Moscovici, lui-même ancien ministre de l’économie et des finances de François Hollande, pour aborder le sujet. Mais l’indignation théâtrale du premier n’est pas crédible au regard de ses engagements passés et présents pour valoriser « l’optimisation fiscale » ; le maintien du verrou de Bercy durant l’été alors qu’il était ministre en est le dernier avatar en date. Le second quant à lui ne craint pas le grotesque lorsqu’il feint sur Twitter de découvrir le phénomène et son ampleur : « Les révélations sont vertigineuses. Le monde opaque de l’évasion fiscale apparaît soudain au grand jour. »

      Sinon ? Rien ou si peu. M.Macron et son premier ministre ont été durant toute la semaine aux abonnés absents. Pendant ce temps, les révélations passaient et déjà la poussière retombe. Nike, Total, Bernard Arnault, Xavier Niel, Jean-Jacques Annaud et les autres ont mangé leur pain noir durant une semaine, ils peuvent retourner vaquer à leurs occupations.

      Les détourneurs professionnels d’attention ont bien cherché à nous vendre que « l’optimisation fiscale » serait légale et poserait donc davantage un problème de morale. Méfions-nous tout d’abord, comme nous y invite le doyen du pôle financier du tribunal de Paris le juge Van Ruymbeke, que l’épisode ne soit pas utilisé pour entériner l’idée que « l’optimisation fiscale » relève automatiquement d’un caractère légal. Mais quand bien même ? Là où la morale est individuelle, les Paradise Papers ont donné à voir un phénomène systémique qui impacte donc la sphère de l’autorité politique. L’évasion fiscale organisée ne se contente pas de spolier la société toute entière. Elle fragilise la communauté des citoyens en remettant en cause le consentement du grand nombre à l’impôt dès lors que les premiers de cordée peuvent allègrement s’y soustraire, refusant en cela le contrat social, tout en recevant le satisfecit de l’Elysée. Par l’inertie et l’inaction et désormais le silence qu’ils manifestent, les exécutifs français et européens laissent dériver ce doute du consentement vers la représentation politique et donc vers le politique lui-même en tant que rapport aux affaires publiques.

      Il y a aujourd’hui deux mondes qui marchent côte à côte, celui des premiers de cordée et le nôtre. Quant aux représentants, pour beaucoup –trop- d’entre eux, ils ont choisi d’être ceux des premiers de cordée, basculant avec eux dans le monde qui va avec.

      François Cocq

      https://lafranceinsoumise.fr/2017/11/13/leur-monde-et-le-notre

  • [Paradise Papers] Comment les clients de Dassault Aviation échappent à la TVA sur l’achat de jets L’usine_nouvelle - Léna Corot - 07/11/2017

    Dassault Aviation aurait mis en place un système de fraude à la TVA en passant par l’île de Man, révêle le journal Le Monde dans le cadre de l’enquête des « Paradise Papers » menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Les clients de l’avionneur français évitent ainsi de payer les 20% de TVA à l’Etat français ou à tout autre pays membre de l’Union européenne.


    L’enquête des « Paradise Papers », dont les premiers éléments ont été rendus publics lundi, éclabousse également les entreprises. Ce mardi 7 novembre, c’est #Dassault_Aviation qui est pointé du doigt. L’avionneur d’affaire participerait à un vaste système de fraude à la TVA. Selon le journal Le Monde, membre du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), Dassault aurait aidé des clients à ne pas payer la TVA de 20% sur l’achat de jets privés. A l’aide de deux sociétés, l’une basée à l’île de Man et l’autre aux îles Vierges britanniques, les acheteurs évitent de payer la TVA, alors que ceux-ci sont immatriculés dans l’Union européenne.

    Le quotidien du soir prend l’exemple d’un homme d’affaires russe, Oleg Tinkoff, ayant acheté successivement un Falcon 2000LX pour 28 millions de dollars en 2013, un Falcon 900LX pour 38 millions de dollars en 2014 et un Falcon 7X en 2016 pour 48 millions de dollars. A ces trois achats le même schéma aurait été appliqué.

    Une société basée à l’île de Man et l’autre aux îles Vierges britanniques
    Les factures, estampillée Dassault Aviation, mentionnent l’article 262ter-1 du code général des impôts qui permet à l’acheteur de ne pas payer la TVA en France mais dans un autre pays de l’Union européenne. Or, à chaque fois, la TVA n’est pas payée. Comment les acheteurs évitent-ils de payer cette taxe ? Le quotidien détaille l’achat du premier Falcon. Oleg Tinkoff a dissimulé l’achat de ce jet derrière une série de sociétés écrans appartenant à sa holding Beckett Group.

    Une première société, Stark Limited, basée à l’île de Man a acheté et immatriculé le jet dans l’Union européenne. Cette société, qui aurait dû s’acquitter des 4,1 millions d’euros de TVA, a argué d’une utilisation commerciale de l’avion afin de se faire rembourser immédiatement de cette somme. En effet, chaque location de ce jet à un client pour 3 500 dollars de l’heure serait taxée et justifie donc l’exonération de la TVA lors de l’achat, explique Le Monde.

    Mais, le client à qui l’avion a été loué est la société Moonfields Trading, basée aux îles Vierges britanniques, et appartenant elle aussi à Oleg Tinkoff. Et ce client n’a jamais payé de TVA, affirme encore le quotidien. Au final l’acheteur russe se louait donc son propre Falcon afin de faire croire que la société Stark Limited produisait une activité commerciale.

    Dassault peut-il être inquiété par la justice ?
    Le groupe aéronautique français peut être inquiété par la justice si elle estime que celui-ci savait que l’acheteur n’avait pas d’activité réelle et ne paierait donc pas de TVA. Or, Le Monde affirme que les documents consultés montrent que l’avionneur ne pouvait pas ignorer l’immatriculation fictive des jets à l’île de Man. Reste à savoir si la justice va se saisir de cette affaire, surtout que d’autres groupes français seraient concernés par ces systèmes d’optimisation fiscale révélés dans le cadre des « Paradise Papers ».

    Source : https://www.usinenouvelle.com/editorial/paradise-papers-comment-les-clients-de-dassault-aviation-echappent-a-
    fraude_à_la_TVA #fraude #TVA #Dassault #code_général_des_impôts #union_européenne #location #hors_taxe

  • Bruxelles lance une enquête fiscale sur #Malte et l’île de Man
    https://www.mediapart.fr/journal/international/081117/bruxelles-lance-une-enquete-fiscale-sur-malte-et-l-ile-de-man

    À la suite des révélations de Mediapart et du réseau EIC, Bruxelles a demandé des explications sur les avantages en matière de TVA de Malte et de l’île de Man, qui pourraient déboucher sur des procédures d’infraction.

    #International #Economie #évasion_fiscale #île_de_Man #Malta_Files #paradis_fiscaux #Paradise_Papers #Pierre_Moscovici #union_européenne

  • Chaâba, du bled au bidonville

    Dans le dialecte sétifien, le mot #Chaâba signifie « endroit perdu, nulle part, no man’s land… » Mais le Chaâba a été le lieu de vie de 1949 à 1967 d’une trentaine de familles algériennes venues en #France métropolitaine au sortir de la seconde guerre mondiale pour travailler, participer à la reconstruction du pays. Il s’agira pour nous de retracer l’histoire de ces primo-arrivants, de leur implantation dans la cité villeurbannaise pour mieux connaître de l’intérieur l’histoire de ce #bidonville.


    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/48745_1

    Je signale ici car le film me semble intéressant, mais je ne l’ai pas encore vu...
    #Villeurbanne #Algérie #histoire #film #documentaire #migrations

  • A Queer Exhibition
    http://www.nova-cinema.org/prog/2017/163-pink-screens-festival/pink-screens/article/a-queer-exhibition

    Diana Blok est une photographe uruguayenne vivant à Amsterdam qui, à travers son art, exprime ses diverses expériences de culture et d’identité. Avec "Eu te Desafio a me Amar" ("Je te défie de m’aimer"), elle dénonce le niveau de plus en plus élevé des violences et discriminations subies par les LGBTQ+ dans le Brésil contemporain. Gurshad Shaheman est comédien, Français d’origine iranienne, vivant à Bruxelles. A côté de son travail théâtral, il fait des collages autour la fluidité des genres. Avec sa série PUSSY PUNCH, il nous fait voir neuf oeuvres très puissantes. “Every man needs a pussy. I just gave this men what they needed." Rose Butch est une artiste peintre bruxelloise, une artisane et une militante aux inspirations tantôt kitsch, tantôt trash et jamais sages. Elle s’intéresse (...)

  • Ces 570 #bidonvilles que la #France ne veut pas voir

    En 2017, 16 000 hommes, femmes et enfants vivent dans l’Hexagone dans des #cabanes de fortunes ou dans des #squats insalubres. Avant la trêve hivernale, la course aux démantèlements s’accélère.

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/10/19/la-france-compte-plus-de-500-bidonvilles_5203014_3224.html
    #chiffres #statistiques #habitat #logement #hébergement #démantèlement

    • La saison des expulsions bat son plein dans les bidonvilles. A moins de deux semaines du début de la trêve hivernale, une cinquantaine de personnes voient chaque matin leur refuge détruit. Depuis juillet, un quart des habitants des campements a déjà été délogé et « sur ces 4 600 expulsés, une moitié à peine a bénéficié de quelques nuits d’hôtel avant de se réinstaller un peu plus loin », explique Manon Fillonneau, déléguée générale du Collectif Romeurope.

      Pour la première fois cet hiver, les bidonvilles vont être protégés des évacuations, grâce à une mesure de la loi Egalité et citoyenneté, adoptée le 27 janvier. Mais d’ici au 1er novembre, date à partir de laquelle les expulsions sont interdites, la course au démantèlement des baraquements et des campements de fortune à la suite de décisions de justice ou de la prise d’arrêtés municipaux s’accélère. Et ce, dans un silence assourdissant ; cette misère-là n’intéresse guère dans un pays qui croyait que ses bidonvilles avaient été éradiqués depuis longtemps.

      Valérie Pécresse a pourtant tenté de ramener le sujet sur le devant de la scène. Aux manettes depuis décembre 2015, la présidente (Les Républicains) d’Ile-de-France a tout à coup découvert « 100 bidonvilles dans la région » et estimé sur la chaîne CNews, le 26 septembre, qu’en la matière, « la cote d’alerte [était] clairement dépassée ». Là encore, le sujet n’a pas trouvé de résonance. Comme si les quelque 16 000 personnes recensées en avril dans 571 campements illicites, dont 113 en Ile-de-France, n’intéressaient personne. Même avec leurs 36 % de mineurs.

      Et pourtant, difficile de ne pas voir ces excroissances urbaines. De l’alignement de cabanes le long des autoroutes qui irriguent l’agglomération parisienne aux installations dans un pré vacant ou au fond d’une forêt, tous ces campements sont des bidonvilles. S’y ajoutent les grands squats installés dans des bâtiments le plus souvent insalubres. Selon le relevé officiel de la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), la répartition est d’ailleurs quasi équitable entre ces deux types de bidonvilles. Ceux qui vivent dans leur voiture ou sous une tente isolée n’entrent, en revanche, pas dans le comptage.

      « On vit en France sur le mythe que les bidonvilles ont disparu. C’est faux ! Et sur le sujet, on s’inscrit dans une approche cyclique, pose l’historien Yvan Gastaut, de l’université Nice-Sophia-Antipolis, qui s’est intéressé aux bidonvilles en se penchant sur les différentes vagues migratoires qui ont peuplé la France. D’abord, il faut un élément déclencheur pour que la société civile s’émeuve. Ensuite, le politique s’en saisit et éradique cet habitat précaire, en faisant croire que le problème est définitivement réglé… Exactement de la même manière qu’il a vidé la “jungle” de Calais fin 2016. »

      Encore a-t-il fallu aux associations gagner le droit d’appeler ces lieux par leur nom, alors que Nicolas Sarkozy puis Manuel Valls, avaient privilégié le terme « campements illicites », ce qui laissait entendre que seuls des Roms y vivaient.



      « Aujourd’hui les habitants des bidonvilles sont dans leur très grande majorité des ressortissants des pays de l’Est, essentiellement des Roumains et des Bulgares, même si on y croise de plus en plus d’autres populations », explique Olivier Peyroux, l’un des meilleurs connaisseurs en la matière, à la tête de son association Trajectoires.
      Mais le sociologue ajoute que le grand campement de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), évacué le 28 septembre, rassemblait des Moldaves et des Ukrainiens ; que celui de la Cité de l’air, à Athis-Mons (Essonne), héberge, lui, des Syriens et des Maghrébins, et que de très rares Français d’origine vivent dans ce type d’habitat organisé. « Parce qu’on ne s’installe pas comme ça dans un bidonville. En général, il y a un droit d’entrée à payer et on y rejoint des membres de sa famille au sens large », ajoute Olivier Peyroux.

      « Pour les pouvoirs publics, le bidonville, c’est simplement le royaume des Roms, une façon commode de voir les choses, puisqu’ils y sont très majoritaires, et peu importe que tous ne se reconnaissent pas dans cette catégorie », note Florian Huyghe, de la Fondation Abbé Pierre. « Cet étiquetage, politique », pose quand même un problème puisqu’il « vise à limiter l’empathie et même à faire accepter à l’opinion les destructions d’habitat sans relogement », estime le chargé de mission à l’association.

      D’ailleurs, le campement de #Calais, un temps agrégé à la très officielle liste des bidonvilles de la Dihal, en a été sorti. Parce qu’il faisait exploser les statistiques ? Parce que ses habitants, massivement des réfugiés, faussaient cette assimilation commode entre Roms et bidonvilles ? Les autres campements de fortune de migrants de la région des Hauts-de-France – Grande-Synthe (Nord) en son temps ou Norrent-Fontes (Pas-de-Calais) –, eux, n’y ont jamais figuré.

      « Un lieu de désintégration »

      Une prévention étrange puisque au fil du XXe siècle, le bidonville a toujours abrité les derniers arrivés. Thomas Aguilera et Tommaso Vitale, tous deux chercheurs en sciences politiques, font d’ailleurs remonter ces premières constructions de fortune aux années 1930, lorsque l’Etat faisait appel à une main-d’œuvre espagnole, portugaise et italienne, sans politique du logement. Aux lendemains de la seconde guerre mondiale, les Algériens s’y installent à leur tour ; si bien qu’à l’aube des années 1960, 10 % des immigrés, soit 45 000 personnes, y trouvent refuge. Il y a alors 14 000 Algériens rien qu’à Nanterre (Hauts-de-Seine), 15 000 Portugais à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne)…

      La différence avec aujourd’hui, c’est que « dans les années 1960, le bidonville est un espace de transition. Aujourd’hui, c’est un lieu de désintégration », déplore Thibaut Besozzi, chercheur à l’université de Lorraine. C’est devenu une sorte de no man’s land que les instances étatiques font tout pour passer sous silence.

      Sollicités par nos soins, d’ailleurs, ni la Dihal, ni le ministère de la cohésion des territoires, ni même la préfecture d’Ile-de-France n’ont donné suite, comme si leur politique de démantèlement massif n’était pas vraiment assumée. Evacuation, éparpillement, reconstruction… Un cycle infernal est effectivement à l’œuvre, face à ces ressortissants communautaires, qui doivent justifier d’un moyen de subsistance s’ils veulent rester en France au-delà de trois mois

      On déplace la misère sans la traiter

      La circulaire interministérielle du 26 août 2012, qui préconise une évaluation des situations des familles avant une évacuation, « n’est plus à l’ordre du jour », déplore Manon Fillonneau. Et lorsqu’elle faisait encore un peu foi, son application « variait en fonction des rapports de force locaux », rapporte la mission d’évaluation du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement, de novembre 2016. Autant dire que si personne ne plaidait le dossier, les cabanes étaient broyées et les habitants non relogés.

      En revanche, même si un œil sagace veillait, les familles les moins éloignées de l’intégration pouvaient escompter une prise en charge pour les aider à sortir de la précarité ; ce que le rapport qualifie d’application « hétérogène et sélective, en définissant implicitement un public cible ».

      Il serait injuste de dire que rien n’a été fait : depuis 2013, 5 000 personnes issues de l’habitat précaire ont été logées, soit un peu plus de 1 000 par an. Cela reste très insuffisant : en moyenne, on vit près de sept ans dans un bidonville en France, avant d’obtenir un toit. « On devrait se demander pourquoi, avec une évacuation tous les trois jours en moyenne depuis quelques années dans ce pays, et une par jour en ce moment, on a toujours le même nombre d’habitants en bidonvilles », interroge Manon Fillonneau, pour laquelle c’est bien la preuve qu’on déplace la misère sans la traiter.

      Enfants sans école

      D’ailleurs, les statistiques de la Dihal confessent en creux cette chasse à l’homme quand elles rappellent que 44 % des bidonvilles ont moins d’un an et qu’en dépit d’une constance du nombre d’habitants global (autour de 6 000) dans les camps d’Ile-de-France, la répartition départementale, elle, évolue beaucoup.

      Cette politique a forcément un coût caché, en plus des 320 000 euros moyens d’un démantèlement (selon les données compilées par Olivier Peyroux), puisque « à chaque évacuation les familles se précarisent un peu plus, perdent confiance dans les institutions, se cachent un peu plus loin. Les travailleurs sociaux qui les suivaient les perdent, et le travail devra repartir de zéro avec d’autres, là où ils reconstruiront », déplore Florian Huyghe.

      Difficile sans doute d’assumer qu’en France des zones laissent la moitié des enfants sans école… Or, « 49 % des enfants ne sont effectivement pas scolarisés dans les bidonvilles et 30 % ne l’ont jamais été, ni en France ni en Roumanie » , rappelle Olivier Peyroux à partir de son recensement mené sur 899 personnes – soit 5 % de tous les Roms de France – dont 462 enfants.

      Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a, pour sa part, mis en avant le sujet dans son rapport annuel 2016 présenté en février ; mais cela n’empêche pas des maires de trouver des stratagèmes destinés à empêcher des enfants de se rendre en classe ; des chauffeurs de bus d’interdire la montée, même avec titres de transport… Dans la France de 2017.

      Oui, le nombre d’expulsions locatives augmente, mais ce n’est pas ce qui alimente les bidonvilles où sont plutôt ceux qui n’ont jamais eu de logement. Les expulsions, ça donne des hébergements précaires institutionnels mais aussi informels, et manières de survivre hors des logement, inaccessibles, des gens qui dorment dans des voitures, caravanes, garages, caves, etc. Une dispersion qui rend ces pratiques moins faciles à quantifier, identifier. Comme dans le cas des foyers, en restructuration continue, on fragmente l’habitat groupé, collectif.

      #misère #logement #guerre_aux_pauvres

  • Ce que cache Martin Shkreli, l’homme qu’il faut haïr, par Guillaume Lachenal
    http://www.liberation.fr/debats/2017/10/18/ce-que-cache-martin-shkreli-l-homme-qu-il-faut-hair_1604026

    Sa carrière renvoie l’univers des #start-up à ses #illusions : il a fait des études médiocres, il a appris la biologie à la bibliothèque municipale, il prend ses infos sur Twitter, et pourtant ses performances d’investisseur furent souvent exceptionnelles. Il ne cache pas non plus que les start-up qu’il a fondées n’ont jamais fait de recherche, mais fonctionnaient plutôt comme des produits financiers, tentant de créer la hype avec des promesses plus ou moins sérieuses. Il semblait chuchoter, avec sa petite voix désagréable : « Et si tout ceci n’était que du vent ? ». Sa success-story devenait embarrassante : elle suggérait que toute la bulle #biotech tenait d’une pyramide de Ponzi à la Madoff. Pour que l’on continue de croire au canular, il fallait que le self-made-man redevienne une anomalie.

    #financiarisation #pharma #bouc_émissaire #troll

  • Harvey Weinstein et les hommes qui savent. - Crêpe Georgette
    http://www.crepegeorgette.com/2017/10/13/harvey-weinstein

    Hier sur twitter, des avocats, des médecins ont dit, tout tranquillement connaître des hommes se comportant comme Weinstein. Et ils ont reconnu tout aussi tranquillement ne rien faire.
    Cela se passe dans tous les milieux. Des femmes parlent, des hommes ne font rien.
    J’ai parlé ; il ne s’est rien passé. Des collègues ont porté plainte, il ne s’est rien passé.
    Partout des femmes parlent et il ne se passe rien. (ah si pardon elles sont traînées dans la boue).

    Certains, que la décence n’étouffera pas, me diront que des femmes aussi savaient. C’est exact. Peut-on admettre qu’hommes et femmes ne sont pas égaux face à un homme qui agresse sexuellement des femmes ? Peut-on admettre que lorsque les femmes parlent on ne les croit pas ?
    Tristane Banon a parlé. Elle a été traitée de salope absolument partout et des photos d’elle sont ressorties pour montrer qu’elle n’était pas crédible.
    Nafissatou Diallo a parlé. Son physique a été utilisé pour démontrer qu’elle était trop laide pour être violée.
    Samantha Geimer a parlé. On a expliqué qu’elle faisait plus vieux que son âge.
    Les victimes de Baupin ont parlé. On a jugé que c’était tardif.
    Des dizaines de victimes de Weinstein parlent et ont parlé. On a moqué et moque encore leur physique/leur chirurgie esthétique/ leur besoin de buzz/leur lâcheté/leur poids/leur carrière ratée/leur nombre d’amants.
    Je vous invite à lire ou relire cette BD de Mirion Malle qui égrène les hommes célèbres et l’impunité qui les entoure. Impunité qui existe tout autant pour les hommes inconnus.

    #culture_du_viol

  • Augustin Cournot, découvreur de la posthistoire
    http://www.dedefensa.org/article/augustin-cournot-decouvreur-de-la-posthistoire

    Augustin Cournot, découvreur de la posthistoire

    « …Il doit aussi venir un temps où les nations auront plutôt des gazettes que des histoires… »

    Henri de Man a pertinemment souligné l’importance du mathématicien, épistémologue et philosophe français Augustin Cournot, un génie méconnu qui a inventé au milieu du XIXème siècle la notion de posthistoire. Je suis allé voir ses œuvres sur archive.org et y ai trouvé quelques remarques écrites vers 1850. Cournot a été un grand mathématicien, un historien des sciences, un économiste chevronné, un philosophe, mais un modeste inspecteur de l’instruction publique ! Il fait penser à Kojève qui a fini fonctionnaire européen à Bruxelles…

    Cournot incarne parfaitement ce génie médiocre, petit-bourgeois à la française, qui depuis Descartes ou Pascal jusqu’aux intellectuels du siècle (...)

  • Au #Niger, la vie radioactive dans l’ombre des mines d’Areva
    https://www.mediapart.fr/journal/international/111017/au-niger-la-vie-radioactive-dans-lombre-des-mines-dareva

    L’uranium extrait avec de l’acide sulfurique à #Arlit en septembre 2013. © Reuters Depuis les années 1970, le groupe public exploite des mines d’uranium au Niger dans des conditions accablantes. Eau, air, sol, tout est pollué aux alentours de ses sites miniers. Les populations, ignorantes du danger, sont exposées à des taux de radioactivité dépassant toutes les limites légales, dénonce #Almoustapha_Alhacen, président de l’ONG nigérienne Aghirin’man.

    #International #Economie #Areva #Criirad #Greenpeace #nucléaire #radioactivité #Sherpa #uranium

  • Rêve de pissotière
    Électronique qui dénonce
    Ceux qui pissent debout

    Sarah
    Part
    À la fac !

    What
    A
    Man !

    Contrecoup d’hier soir
    Je pense à elle
    Et je sais qu’elle n’est pas seule

    Elle serait seule
    Je penserais
    Que je ne peux pas la rejoindre

    J’emmène
    Exceptionnellement
    Zoé au collège

    Mon nouvel embrayage
    Couine risiblement
    Crises de rire inextinguibles avec Zoé

    Nettement moins drôle
    La première réunion
    De la journée

    Encore moins drôle
    La conférence téléphonique
    Qui lui fait suite

    S’entendre dire
    Des phrases comme
    Nous devons l’exiger d’eux

    Au café, croiser Baptiste
    Le saxophoniste du Surnat’
    Longue conversation

    On parle de Profondo rosso
    On parle d’Esquif
    On n’est pas d’accord, on rit

    Baptiste me révèle que dans Esquif
    Les spectateurs tirent sur le filin de la funambule
    À hauteur de leur sens des responsabilités

    Je me souviens
    Des courbatures
    Du lendemain d’Esquif

    Étonnant aussi
    De voir comment on est rapidement
    De plain-pied au centre de nous-mêmes

    Récit des grandeurs
    Trompeuses des grands hommes
    Plus grands qu’eux-mêmes

    Et il faut une volonté toute particulière
    Pour s’arracher à une telle conversation
    En sachant qu’on repart vers l’open space

    Je remarque que le café
    Fourmille d’énergies et de projets en cours
    À la différence de là d’où je viens, pourtant

    Première fois en dix jours
    Que je rentre directement sans rendez-vous
    Rien, un soir à la maison avec les enfants !

    Je lis une critique d’Une fuite en Égypte
    J’y lis un extrait qui parle du personnage
    De Suzanne, j’aimerais bien rencontrer Suzanne

    PDJ, n’a sans doute pas lu les recommandations
    Du Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale
    Concernant le point-virgule

    « On doit éviter d’en faire un emploi excessif
    Et notamment de l’utiliser là où il faudrait
    Une virgule ou un point. »

    Non
    Sans doute
    Pas

    Dans les biographies fantaisistes
    Pour la quatrième de couverture
    D’Une Fuite en Égypte

    Philippe De Jonckheere
    Découvre, à 52 ans
    Le Traité de la ponctuation française

    Je pose mon clavier cinq minutes
    Sarah rentre de l’université
    Et un sac plein de questions

    On a bien du mal à se parler
    Avec Sarah ce soir
    Elle grandit, je vieillis

    Une bonne heure
    Des litres de pleurs
    Elle et moi, surtout moi

    Un jour, aurais-je le courage
    De regarder les sept dernières années
    Et n’en pas trop souffrir ?

    Pommes de terre sautées à l’ail
    Omelette au parmesan
    Soupirs d’aise des enfants

    Mais déjà en arrière-plan
    La pensée triste
    Nous quatre, c’est presque fini

    Combien, encore
    De dîners comme celui-là
    En semaine ?

    Sarah et Zoé qui chambrent
    Emile qui songe
    Et moi qui enregistre, pour plus tard

    Homme de 52 ans
    Constamment chahuté
    Par ses émotions

    Deux parties d’échecs
    Avec Emile
    Qui m’achève, même si

    Mi-septembre
    Et déjà aussi peu de forces
    Qu’en mai-juin ?

    Quelques échanges de messages avec elle
    C’est gentil de sa part, mais c’est étonnant
    À quel point c’est en deçà de mes fictions !

    Un funambule dont on élèverait sans cesse le filin
    On exigerait qu’il danse et qu’il jongle et on finirait
    Par agiter le filin. C’est moi. Et le funambule finit par tomber non ?

    #mon_oiseau_bleu

  • Paradis pourri : « Smart islands » en Polynésie
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=983

    Parution du Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme, début septembre 2017. Voir ici

    En janvier 2017, une étonnante nouvelle surgit brièvement du flot de l’information permanente. Les Siliconiens du Seasteading Institute et le gouvernement de la Polynésie française ont signé un accord pour coloniser les lagons de plateformes de survie high tech. Scientifiques et industriels, entrepreneurs et politiciens, les mêmes technocrates qui en 200 ans de « progrès » emballé ont ravagé la Terre, nous poussent maintenant à la migration vers une autre planète : la Mer. Ce qu’il en reste du moins, une fois qu’ils l’ont vidée de ses poissons et remplie de leurs déchets. De l’eau à dessaler, des minerais, du pétrole, du vent, des courants pour faire tourner des myriades d’éoliennes et (...)

    « https://chimpanzesdufutur.wordpress.com »
    « http://hors-sol.herbesfolles.org » #Nécrotechnologies
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/paradis_pourri_.pdf

    • Pour le magazine Wired , porte - voix des techies , les villes flottantes seraient « le rêve ultime des entrepreneurs de la Silicon Valley : aucun signe de terre ni de civilisation à l’horizon ». Se ule une connexion haut débit les rattacherait au continent. Un tel attrait pour les régions reculées , de la part d’entrepreneurs de la high tech, a de quoi surprendre les Européens. Mais il faut voir, tous les matins, les salariés de Google, Microsoft, Moz illa, Facebook ou la NASA emprunter l’ Interstate 280 depuis San Francisco, longer les Monts Santa Clara, traverser parcs et réserves naturelles, et rejoindre leurs campus de Mountain View où ils se déplacent à vélo. Il faut les voir, partir le week - end en camping sauvage, soit dans les forêts de séquoias, soit aux portes de la Vallée de la Mort, au risque d’une rencontre avec un ours noir – le même qui orne le drapeau californien. On peut être ingénieur informatique la semaine, et aimer la nature sauvage le week - end. Tout techies qu’ils soient, les tâcherons de la Silicon Valley habitent le pays d’ Into the Wild et Captain Fantastic, des romans d’Henry David Thoreau et de Jack London (né à San Francisco), des courants primitivistes à la John Zerzan. Ils sont fascinés par les grands espaces qui ceinturent leur open space . En 2014, Macintosh nommait son système d’exploitation Yosémite, d’après le célèbre parc naturel californien. Alors le Pacifique sud... c’est un « rêve ultime » d’amateurs de nature. Ils l’aime nt, oui, comme les asticots aiment la viande. C’est-à-dire qu’ils la consomment et la détruisent.

      Depuis 2012, les Seasteaders organisent un festival nommé Ephemerisle. C’est l’équivalent aquatique de Burning Man, ce festival pseudo - tribal, autogéré, atti rant 70 000 personnes dans une véritable cité éphémère construite dans le désert du Nevada. Imaginez une sorte de rave party, mais sur l’eau. La bande - son en serait une musique régressive et répétitive, pseudo - chamanique, produite par ordinateur. L’esthéti que serait « tribale », l’organisation « nomade », et les drogues de synthèse. Chaque été, quelques centaines de jeunes ingénieurs de la Silicon Valley, viennent jouer à l’autogestion sur des bâtiments flottants, le plus souvent bâtis de leur main. Ils y l isent de la littérature prétendument anarchiste, font la fête jour et nuit, séjournent dans des maisons flottantes. L’initiateur de l’événement est Patri Friedman, ingénieur chez Google, porte - parole du Seasteading. Il est aussi petit - fils et continuateur de l’économiste ultra-libéral Milton Friedman – petit-fils à grand-papa.

      #hors-sol #enquête #Polynésie #transhumanisme #Seasteading #mer #critique_techno

  • Belgique. Sur les campus, une campagne publicitaire invite les étudiantes à se prostituer | Courrier international
    http://www.courrierinternational.com/article/belgique-sur-les-campus-une-campagne-publicitaire-invite-les-

    Un site de rencontre norvégien d’un genre particulier a lancé une campagne sur le campus de plusieurs universités belges. Il s’adresse spécifiquement aux étudiantes, auxquelles il propose de rencontrer des “sugar daddies”, c’est-à-dire des hommes aisés et plus âgés, afin de subvenir à leurs besoins.

    Extraordinaire (extraordinairement honteux !) la récupération d’une revendication féministe (le mariage, c’est la prostitution légale) par le PDG du site norvégien

    De son côté, reprend Le Soir, le PDG Sigurd Vedal s’est défendu : “On ne promeut pas la prostitution, mais l’aspect financier fait partie de toute relation.”

    Heureusement qu’il y a des sociologues (des professionnels de l’excuse comme disait le regretté clown Manuel Valls)

    Le quotidien de la capitale s’est entretenu avec le sociologue Renaud Maes, qui a enquêté sur la prostitution étudiante en Belgique. Il insiste :

    Ce qui me paraît le plus important à pointer, c’est que la prostitution étudiante s’appuie sur la précarisation grandissante des étudiants. Si l’on veut réellement endiguer cette prostitution, il ne suffit pas d’empêcher que la publicité arrive aux étudiants, il faut faire en sorte qu’elle ne soit pas pertinente et il faut lutter contre la précarité !”

    #Féminisme #Prostitution_étudiante #Honte #Sites_rencontre

  • L’escalade verbale s’intensifie entre la Corée du Nord et Donald Trump
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2017/09/23/la-coree-du-nord-denonce-a-l-onu-un-trump-megalomane_5190306_3210.ht

    Tout va bien, dormez braves gens, les sérieux s’occupent de tout....

    Mais quand va-t-on recréer un mouvement mondial anti-guerre ?

    Le président américain a l’art de la surenchère. Après avoir été qualifié de « mégalomane » par Ri Yong-ho, le chef de la diplomatie nord-coréenne, Donald Trump l’a directement menacé samedi 24 septembre sur Twitter. « Je viens d’entendre le ministre des affaires étrangères de la Corée du Nord s’exprimer aux Nations unies. S’il se fait l’écho des pensées de “Little Rocket Man” [alias Kim Jong-un], ils ne seront plus là pour très longtemps », a-t-il écrit.

    Le ministre nord-coréen des affaires étrangères avait déclaré, plus tôt, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies (ONU) que « l’objectif ultime » de la Corée du Nord était de parvenir à un équilibre des forces avec les Etats-Unis. Donald Trump a commis une « faute irréversible » en surnommant « rocket man » Kim Jong-un, a ajouté Ri Yong-ho, et rendu « encore plus inévitable » la « venue de nos fusées sur l’ensemble du territoire continental des Etats-Unis ».

    Qualifié aussi de « gangster », « personne dérangée », et « roi menteur », le chef d’Etat américain a « entaché cette enceinte de mots violents et imprudents », et représente aujourd’hui « une des plus grandes menaces pour la paix », a ajouté le ministre.

    Mardi, Donald Trump avait menacé de « détruire totalement » la Corée du Nord si cette dernière attaquait les Etats-Unis ou leurs alliés, et la joute verbale n’a pas cessé depuis entre lui et Kim Jong-un. Vendredi, le président américain a qualifié son homologue de « fou qui ne craint pas d’affamer et de tuer son peuple », affirmant qu’il allait être mis à l’épreuve « comme jamais ».
    Bombardiers américains

    Après l’escalade verbale, la démonstration de force est arrivée samedi, quelques heures avant la tirade de Ri Yong-ho à l’ONU. Alors que la communauté internationale redoute un nouvel essai nucléaire de Pyongyang, des bombardiers américains ont volé près des côtes nord-coréennes, pour envoyer un « message clair » à Pyongyang. « Nous sommes prêts à utiliser toute la gamme de nos capacités militaires pour défendre les Etats-Unis et nos alliés », a affirmé dans un communiqué la porte-parole du Pentagone, Dana White.

    Pendant ce temps, à Pyongyang, des dizaines de milliers de Nord-Coréens manifestaient sur la place Kim Il-sung en soutien à leur dirigeant et pour dénoncer les propos de M. Trump. Le leader nord-coréen estime que le président américain l’« ’a insulté, [lui] et [son] pays, sous les yeux du monde entier, et a livré la plus féroce déclaration de guerre de l’histoire », selon une dépêche de l’agence officielle nord-coréenne KCNA. « Je disciplinerai par le feu le gâteux américain mentalement dérangé », a-t-il ajouté.

  • Kathryn Bigelow, une guerrière à Hollywood

    http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2017/09/22/kathryn-bigelow-une-guerriere-a-hollywood_5189747_4497186.html

    La réalisatrice revendique un cinéma sous testostérone, qui lui a valu plus d’un procès en légitimité. Avec « Detroit », récit des émeutes raciales de 1967, c’est sa couleur de peau qui a été au cœur du débat.

    Kathryn Bigelow n’attendait qu’une chose : filmer ce moment. Depuis qu’elle s’était lancée dans le projet de Detroit (en salle le 11 octobre), un film sur les émeutes qui mirent à feu et à sang la ville du Michigan en 1967, la réalisatrice l’avait en tête. Elle avait retrouvé la trace de Larry Reed. Un homme dont la voix suave et délicate aurait dû, en 1967, en faire le chanteur de sa génération. Le jour de leur première rencontre il y a trois ans, il avait désormais près de 70 ans, vivait seul, tenait à peine sur ses deux jambes. « Impossible d’imaginer la vitalité qui l’habitait autrefois », soupire Kathryn Bigelow. Encore moins de déceler le charisme dont il était détenteur.

    A 18 ans, Larry Reed était le chanteur d’un groupe de soul, The Dramatics, et venait de signer un contrat avec Motown, le label de Détroit qui produisait Marvin Gaye, The Temptations ou Stevie Wonder. Dans la nuit du 22 au 23 juillet 1967, au Fox Theatre, dans le centre-ville de Détroit, une salle comble l’attendait. Larry Reed allait monter sur scène lorsque l’Histoire l’a rattrapé.

    Les émeutes de Détroit venaient d’éclater à la suite d’un raid de la police contre un bar clandestin d’un quartier noir, et la salle du Fox Theatre allait être évacuée. S’ensuivirent cinq jours de violences qui engloutirent dans un gigantesque trou noir le grand soir et les ambitions artistiques de Larry Reed et de sa formation. Quand celui-ci a chanté à nouveau, ce fut dans l’enceinte d’une église. Pour remercier le Ciel d’être encore vivant. Et ne plus rien lui demander d’autre.

    Pendant la préparation de Detroit, Larry Reed est retourné sur la scène du Fox Theatre en compagnie de Kathryn Bigelow. C’était la première fois, depuis cette nuit maudite où il était écrit qu’il côtoierait les étoiles. La cinéaste recherchait des détails, une façon de bouger, l’atmosphère d’un lieu pour lui redonner sa vérité lorsque viendrait le moment de le reconstituer.

    « Nous nous sommes avancés sur la scène, se souvient-elle. Il y avait seulement lui et moi. Il s’est souvenu de l’énergie du public. Deux ou trois visages de jeunes filles, près de la sortie de secours, l’avaient marqué tant elles étaient jolies. Il lisait l’excitation sur leur visage. » Un bref moment, Larry Reed a eu l’impression de les revoir sur cette même scène. En vrai. Comme des fantômes. Qui se sont évanouis.

    Il y a ceux qui essaient, et les autres

    Kathryn Bigelow a trouvé sa propre manière de les ressusciter. Dans Detroit, Algee Smith, l’acteur qui incarne Larry Reed, s’avance seul sur scène après l’évacuation de l’assistance. Il se met à chanter, a cappella, devant des fauteuils vides, décidé à ne pas se faire voler ce moment tant attendu. C’est l’instant que la réalisatrice de Point Break et Démineurs préfère dans Detroit. La toute petite histoire à l’intérieur de la reconstitution des émeutes qu’elle propose. Il ne s’agit pas de la scène la plus spectaculaire, ni de la plus complexe à tourner.

    Elle s’est contentée de laisser aller sa respiration. Pour se dire que certaines choses vont de soi, et qu’elle les comprend mieux qu’un autre. Algee Smith fredonne quelques notes. Se met à esquisser un ou deux pas de danse. Puis s’arrête aussitôt. « Le tapis lui est retiré sous les pieds. Il n’accomplira jamais son destin. N’exprimera plus son talent à la mesure de son extraordinaire potentiel. »

    La réalisatrice américaine est obsédée par cette tragédie, cette carrière artistique ratée. L’idée d’une existence inaboutie, d’un destin avorté, d’un potentiel gâché, la rend malade. La ramène à son adolescence. Cette fille unique, élevée dans les années 1950 à San Carlos, au sud de San Francisco, dans un foyer libéral, par une mère professeure d’anglais et un père chef d’une entreprise de peinture en bâtiment, a très tôt perçu que la volonté était une vertu cardinale, et ce, quel que fût votre talent. Sa professeure de piano, affligée par le manque d’aptitude de son élève, lui avait, par dépit, écrasé la main après un concert raté. A la place, la jeune fille choisit le dessin, pour ne plus jamais l’abandonner. Au nom d’un sacro-saint principe où il reste interdit de lâcher.

    Le père de la future cinéaste possédait, lui aussi, un talent certain pour le dessin. « C’était un caricaturiste très doué, passionné. Mais il existait comme un problème de géométrie chez lui, l’incapacité de relier son talent à une fonction capable de l’exprimer, faire de sa passion un métier. Il n’arrivait pas à se rendre du point A au point B. Il s’est perdu en chemin. Et sa vie, du moins ce qu’elle aurait dû être, n’est devenue qu’un souvenir. »

    Ses dessins restaient destinés à sa fille. Avec le temps, son sens de la caricature s’affinait, trouvait sa voie dans l’exagération, devenait un style. Tandis qu’il restait frappé par son propre manque de talent, sa fille en remarquait toute l’évidence. « Il n’en a rien fait », conclut sèchement la réalisatrice, dans un mélange de tristesse et de désespoir. Kathryn Bigelow a décidé d’étudier la peinture pour son père. Non pour lui faire plaisir. Mais pour devenir ce qu’il n’avait pas eu le courage d’être.

    Son monde idéal, reconnaît-elle, ressemblerait à la scène finale de son quatrième film, Point Break (1991). Le surfeur-braqueur de banque incarné par Patrick Swayze a rejoint l’Australie pour se mesurer à la vague du siècle lors de la tempête la plus violente jamais rencontrée par ce pays. Il l’affronte et disparaît. « Sauf qu’il a essayé, et cette volonté est sublime », assène la cinéaste sans ciller, tant il est clair pour elle que le monde se divise en deux catégories : ceux qui essaient et les autres.

    Bain de sang fondateur

    En arrivant à New York, à 19 ans, au début des années 1970, dans le cadre d’un programme organisé par le Whitney Museum of American Art, Kathryn Bigelow voyait les choses en grand. En matière de peinture s’entend. La jeune fille affichait un goût prononcé pour les toiles de Willem De ­Kooning : les coups brossés à la hâte, les lignes fuyantes et enchevêtrées, les couleurs dégoulinantes. Mais, au-delà de cette passion pour le peintre américain, son attirance pour le gigantisme avait fixé très tôt, et une fois pour toutes, son goût et son ambition d’artiste.

    Elle adorait la peinture à l’huile, surtout pas l’acrylique. C’était pour elle une question d’odeur et de consistance. « Je dessinais des toiles gigantesques, une fusion entre l’expressionnisme abstrait et l’art de la Renaissance. Je prenais un minuscule détail d’une toile de Raphaël pour le gonfler et lui donner une teinte expressionniste. » Du studio prêté par le Whitney Museum – en fait le coffre-fort d’une banque désaffectée dans le quartier de Tribeca –, elle se souvient du froid intense new-yorkais. Sa veste en jean, ses bottes de cow-boy étaient en complet décalage avec le climat de la Côte est.

    « Aujourd’hui, on vous parle de Tribeca ou de SoHo pour désigner cette partie basse de Manhattan très chic. Mais au début des années 1970, c’était différent. Un taxi refusait de se rendre là-bas. De ma fenêtre, vous entendiez des coups de feu presque tous les soirs. Me voilà donc dans un sac de couchage, dans un no man’s land, et une atmosphère de guerre en bas de chez moi. Et vous savez quoi ? J’ai adoré ! Il règne une solidarité entre artistes plasticiens qui n’existe pas chez les cinéastes. Du moins, je ne l’ai pas trouvée. »

    Sur le modèle des ateliers de la Renaissance, la recherche d’un maître est devenue la quête d’une vie. Elle fut l’élève d’une des figures centrales de l’art conceptuel, Lawrence Weiner, apparaissant dans plusieurs de ses vidéos, ou en assurant parfois le montage. Puis celle de Robert Rauschenberg et de Richard Serra. Un autre mentor, Andy Warhol, lui aussi passé des arts plastiques au cinéma, avait fait remarquer à la jeune étudiante que le cinéma était l’art populaire par excellence. Moins élitiste, à ses yeux, que la peinture ou la sculpture.

    « Cela m’a frappée. Je suis allée au Museum of Modern Art pour regarder l’huile sur toile de Kazimir Malevitch, Composition suprématiste : carré blanc sur fond blanc, qui consiste en un carré de couleur blanche, peint sur un fond blanc légèrement différent. J’ai aussi pensé aux compositions en rouge, jaune, bleu et noir réalisées par Mondrian. Vous ne pouviez pas spontanément prendre la mesure du génie de ces deux pièces. Il fallait connaître l’histoire de l’art. Le cinéma, c’est différent. C’est plus viscéral, plus accessible. »

    La réalisatrice Kathryn Bigelow, en juillet 2017 à New York.
    Elle s’est rendue dans les salles de cinéma avec la même assiduité que dans les musées, en gardant son regard de plasticienne, afin d’y découvrir un modèle, d’élire ses maîtres. Tout s’est joué dans une salle de Times Square qui proposait un double programme avec Mean Streets de Martin Scorsese et La Horde sauvage de Sam Peckinpah. Il y faisait froid, mais toujours plus chaud que chez elle. Il lui a bien fallu enjamber les corps inertes de plusieurs junkies pour atteindre son siège. Le temps de repérer le fauteuil approprié, face à l’écran, loin des différents trafics dont cette salle restait le théâtre, elle avait acquis la concentration nécessaire.

    À la fin de la séance, sa vie avait changé. Le bain de sang final de La Horde sauvage, cet opéra sanglant, ce tourbillon affolé, filmé en partie au ralenti, où les jets d’hémoglobine offrent une impressionnante conclusion à la cavale de plusieurs malfrats dans le Mexique du début du XXe siècle, était devenu son idéal. L’expression la plus sublime de ce média. Ce vers quoi devraient tendre ses futurs films. Ce à quoi ils échapperaient aussi, loin de tout intellectualisme, pour une conception viscérale, instinctive, animale de cet art.

    « Le bain de sang de La Horde sauvage renvoyait à celui commis par nos troupes au Vietnam. Il ressemblait aussi à une gigantesque peinture de De Kooning. Ou à ­Guernica de Picasso. C’était absolument extraordinaire. C’était un cinéma physique, bodybuildé, sous testostérone. » Un cinéma qu’elle pratiquerait, que ce soit avec les vampires dans Aux frontières de l’aube, avec les surfeurs dans Point Break ou sur la guerre en Irak dans Démineurs.

    Seule réalisatrice à avoir décroché un Oscar

    Devenue réalisatrice, elle s’est installée dans l’ombre d’un autre maître, Douglas Sirk, cinéaste allemand auteur des plus grands mélodrames hollywoodiens des années 1950, Écrit sur vent, Le Temps d’aimer et le temps de mourir et Mirage de la vie. Elle lui a rendu visite en Suisse à plusieurs reprises, a projeté à son attention son premier long-métrage, The Loveless (1982), et noté la moindre de ses remarques.

    Sirk était presque aveugle, se souvient-elle, mais voyait tout à travers les descriptions que lui faisait son épouse. Bien plus tard, Kathryn Bigelow agira dans le même esprit de transmission, au début des années 1990, durant son bref mariage de deux ans avec James Cameron, l’homme qui sait si bien mettre en avant les personnages ­féminins dans ses films d’action – Linda Hamilton dans Terminator, Sigourney Weaver dans Aliens, Kate Winslet dans Titanic.

    Un détail dans La Horde sauvage chiffonnait Kathryn ­Bigelow. Le moment précis où le personnage principal du film, le cow-boy crépusculaire incarné par William Holden, est abattu dans le dos par une femme et se retourne vers elle pour la traiter de « salope ». D’un coup surgissaient synthétisés les apparents paradoxes de sa future carrière : admiratrice d’un cinéaste misogyne – Sam Peckinpah – et réalisatrice de films d’action, un genre qui restait l’apanage des hommes. Un club fermé où même elle, avec son mètre quatre-vingt-cinq, n’était pas la bienvenue.

    L’Oscar de la meilleure réalisatrice reçu en 2010 pour Démineurs – le premier remis à une femme dans cette catégorie –, sur une équipe de déminage de l’armée américaine en Irak, n’a rien arrangé. Il y a d’abord eu la fierté d’être la première à hériter de cette récompense. Puis la lassitude de demeurer la seule. « S’il existe une résistance aux femmes décidées à passer derrière la caméra, ce n’est pas mon problème. J’ai décidé de passer outre. Et ce pour deux raisons : je ne vais pas changer de sexe et je ne vais pas non plus cesser de faire du cinéma. Je me moque de savoir si c’est un homme ou une femme qui a réalisé un film. La seule chose qui me préoccupe reste de comprendre comment je réagis devant celui-ci. »

    Sa méthode, sa volonté, la réalisatrice les exprime aussi avec la rigueur martiale de son uniforme de tournage : jean, tee-shirt uni, casquette sur la tête, pour laisser dépasser ses longs cheveux par la fente arrière. Et par un rituel immuable : avant chaque scène, elle sort de sa poche arrière un papier avec le plan à tourner et les mouvements de caméra à effectuer, le regarde brièvement, et le range. Cela ne lui apprend rien. Elle a de toute façon son film en tête. Mais cette gestuelle la rassure. C’est sa manière de montrer les muscles sur un plateau.

    Le 7 mars 2010, Kathryn Bigelow, ici aux côtés de l’acteur Guy Pearce (à gauche) et du producteur Greg Shapiro, entrait dans l’histoire du cinéma américain en devenant la première femme à décrocher l’Oscar du meilleur réalisateur, pour « Démineurs ».
    Récemment, ce n’est plus son genre qui a posé problème, mais sa couleur de peau. Après la sortie, début août, de Detroit aux États-Unis, plusieurs éditorialistes dans la presse se demandaient si un ou une Noire ne seraient pas davantage qualifiés pour mettre en scène les émeutes de Détroit. La polémique l’a laissée bouche bée. Kathryn Bigelow lui oppose l’intensité de son travail, et la volonté.

    « Nous retournons à ce débat imbécile sur les femmes cinéastes. Je crois qu’un metteur en scène est un metteur en scène. Cela ne signifie pas qu’il n’existe pas une sensibilité masculine ou féminine. Des hommes peuvent diriger une scène d’une intense émotion, et une femme saura s’atteler à des séquences d’une inhabituelle violence. Vous savez, j’ai deux yeux, je regarde le monde en trois dimensions, et dispose de toutes les teintes disponibles. Pourquoi serais-je donc ontologiquement incapable de filmer la violence ? Et au nom de quelle étrange disposition de mon cerveau, liée à ma couleur de peau, serais-je incapable de comprendre les émeutes de Détroit en 1967 et, surtout, de comprendre que le racisme aux États-Unis reste ininterrompu comme le montrent les récentes manifestations de Charlottesville ? »

    Le sens du détail

    Elle revendique sa méthode, et son ­statut d’artiste. Grâce à certains gestes, à son attention à certains détails, elle est sûre d’avoir redonné une vérité et une authenticité à ces événements, et à l’épisode particulier de l’Algiers Motel, devenu le cœur de son film. Situé dans le quartier noir de Virginia Park, ce motel avait été investi par la police après que la présence d’un supposé sniper avait été signalée dans l’établissement. Le résultat a été une nuit de terreur entre le 25 et le 26 juillet : trois adolescents noirs tués par des policiers, neuf autres, dont deux jeunes filles blanches, battus et humiliés par les forces de l’ordre, et le chanteur des Dramatics, Larry Reed, qui y avait trouvé refuge après le couvre-feu.

    En plus de Larry Reed, Kathryn Bigelow a rencontré d’autres témoins de l’époque, longuement, plusieurs heures… Comme Julie Hysell, une jeune femme blanche âgée de 18 ans au moment des émeutes, venue visiter Détroit avec une amie et qui avait terminé sa soirée au Algiers Motel. Ou Melvin ­Dismukes, le policier noir présent sur les lieux lorsque la police a abattu trois adolescents au nom d’une prétendue légitime défense.

    « Un détail m’avait frappée dans le récit de Julie Hysell. Elle tenait la main de son amie alors que la police les tenait en joue. Dans le film, je me suis concentrée sur leurs deux mains. Cette métonymie racontait tout de leur détresse. Comme, autrefois, le détail d’une peinture de Raphaël me permettait de développer une nouvelle toile. Melvin Dismukes était, lui, entré par la porte arrière du bâtiment, puis passé par la cuisine et le salon où gisait un premier cadavre dans une mare de sang qui n’avait pas encore coagulé. Ce détail aussi m’a impressionnée. » Un moment entre chien et loup, entre la vie et la mort, plastiquement aussi marquant qu’une toile de De Kooning, qui place le spectateur dans la situation inconfortable du témoin impuissant, en train de regarder un homme mourir.

    La comédienne Jessica Chastain dans « Zero Dark Thirty », un film sur la traque de Ben Laden, réalisé par Kathryn Bigelow.
    Ces détails qui créent le tableau ou la scène, Kathryn Bigelow peut en citer dans chacun de ses films. L’épilogue de Zero Dark Thirty – qui retrace la traque d’Oussama Ben Laden, depuis les caves de Tora Bora en Afghanistan jusqu’au Pakistan –, Kathryn Bigelow l’a trouvé à la fin de son tournage : Maya, l’agent de la CIA incarnée par Jessica Chastain, monte à bord d’un avion spécialement affrété pour elle, après l’élimination de Ben Laden, et s’effondre en larmes.

    Le prix à payer pour son professionnalisme, la rançon de sa volonté et de son obsession, et une vie placée entre parenthèses, où rien n’a été bâti. Kathryn Bigelow a tourné la scène en une prise, en s’en débarrassant presque, consciente du miroir tendu. Cette vie, c’est la sienne, et elle l’a choisie.

  • Les photomontages de Lauren Marsolier
    http://www.foxylounge.com/Les-photomontages-de-Lauren-Marsolier

    Les no man’s lands imaginaires de de la photographe Lauren Marsolier. La photographe Lauren Marsolier compose des images dépourvues de vie aux accents surréalistes. Elle recrée un monde imaginaire où l’homme n’a plus sa place. On y croise plastique, bitume et parpaings, murs aveugles, graviers joliment ratissés et pelouses immaculées. Ainsi ses séries de photographies Transition et Dislocation nous racontent la solitude et la déshumanisation péri-urbaine. Constituées à partir de prises de vue issues (...)

    #Dirt_Noze

    / #Art, #Brèves, #Imageries_numériques, #photographie

    http://www.laurenmarsolier.com



  • Les photomontages de Lauren Marsolier
    http://www.foxylounge.com/Lauren-Marsolier

    Les no man’s lands imaginaires de de la photographe Lauren Marsolier. La photographe Lauren Marsolier compose des images dépourvues de vie aux accents surréalistes. Elle recrée un monde imaginaire où l’homme n’a plus sa place. On y croise plastique, bitume et parpaings, murs aveugles, graviers joliment ratissés et pelouses immaculées. Ainsi ses séries de photographies Transition et Dislocation nous racontent la solitude et la déshumanisation péri-urbaine. Constituées à partir de prises de vue issues (...)

    #Dirt_Noze

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  • Le Cercle démocratique : quand l’histoire nous parle d’aujourd’hui

    [Mail de C&F éditions ]

    Bonjour,

    Avant de vous parler des nouveautés de C&F éditions qui vous attendent cet automne, je voudrais revenir sur les évènements qui ont marqué l’été qui vient de s’écouler.

    Le monde a été surpris par la mobilisation fasciste de l’extrême droite américaine, notamment la démonstration de force de Charlottesville. Et plus encore par la réaction de Donald Trump qui s’est refusé à condamner les néo-nazis armés qui défilaient.

    Mais pourtant, un regard historique nous aurais aidé à penser que ce n’est pas la première fois que les nazis se rassemblent aux États Unis. Fred Turner, l’auteur du livre « Le cercle démocratique » nous le rappelle : en 1939, 22 000 citoyens américains se sont retrouvés au Madison Square Garden pour y proférer les messages de haine du nazisme.

    Retrouvez Fred Turner en vidéo sous-titrée :
    https://youtu.be/0hJay3eprmI

    Mais à la différence de la période actuelle, le gouvernement de Franklin D. Roosevelt a su résister au fascisme. Il a été accompagné pour cela par des intellectuels et des artistes regroupés dans le "Comittee for national morale". C’est par l’histoire et les réflexions de ce comité que débute « Le cercle démocratique ».

    Toujours en vidéo sous-titrée :
    https://youtu.be/672wX13AZcQ

    De leurs idées vont naître les premières conception du "multimédia" : encercler le spectateur dans un ensemble de documents et d’images afin de lui laisser le libre-arbitre... le choix de s’engager contre les nazis, et plus tard de considérer la planète comme le lieu de la « family of man », titre d’une des expositions les plus célèbres des années cinquante.

    Malheureusement, ce rêve de l’autonomie organisée par le multimédia, s’il a perduré aux débuts de l’internet (voir l’autre ouvrage de Fred Turner : « Aux sources de l’utopie numérique ») est aujourd’hui caduc. Le modèle devenu dominant est selon Fred Turner celui de "l’individualisme autoritaire". Nous en voyons les effets dans les mobilisations de l’extrême droite aux États Unis.

    Le regard historique nous aide à comprendre aujourd’hui. Les développements de Fred Turner sur la naissance du multimédia et sur les formes de mobilisation des artistes et des intellectuels sont à cet égard d’une grande utilité. Y compris dans l’analyse des détournements que leurs idées peuvent subir quand les propagandes d’état s’en emparent.

    Retrouvez « Le Cercle démocratique : Le design multimédia de la Seconde Guerre mondiale aux années psychédéliques » de Fred Turner
    http://cfeditions.com/cercleDemocratique

    (Sur cette page de présentation, des liens vers les nombreux articles et interviews sur ce livre et la situation du multimédia à l’ère "au delà de la vérité" que nous connaissons).

    Bonne lecture

    Hervé Le Crosnier

    #C&Féditions #Cercle_démocratique #Fred_Turner

  • Inondations : « Ce qui arrive était exactement prévu »
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/09/01/climat-ce-qui-arrive-etait-exactement-prevu_5179536_3244.html

    Le secrétaire général du PNUE se focalise sur le changement climatique, que je ne nie pas. Mais comment peut-on ne pas parler, à Houston comme à Mumbai ou ailleurs, de l’étalement urbain qui aggrave considérablement les impacts par l’augmentation de l’imperméabilisation du sol, la multiplication des obstacles aux écoulements, etc.?

    Ce qui arrive aujourd’hui était exactement prévu et correspond aux projections du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) : alors que les températures augmentent, nous devons nous attendre à des événements climatiques extrêmes plus fréquents, accompagnés d’excès ou de manque d’eau. On ne l’observe pas seulement à Houston ou à Bombay, mais dans une large partie de l’Inde, du Népal, du Bangladesh, du Niger ou du Yémen, qui font face à de graves inondations, ou en Somalie, victime de sécheresses de plus en plus fréquentes.

    LM : La communauté internationale a peu réagi aux drames subis par les régions du Sud, comme si la situation indienne était moins dramatique que l’ouragan Harvey…

    Il faut certainement être plus attentif à ce qui se passe sur l’ensemble de la planète. Le dérèglement du climat est un problème global, nous devons être capables d’appréhender l’étendue de la situation. Il ne s’agit pas de faits isolés : pourquoi cela arrive-t-il et que pouvons-nous faire ? Nous devons aussi nous poser cette question-clé : s’agit-il de désastres naturels ou causés par l’homme ? Le consensus scientifique nous dit que le changement climatique n’est peut-être pas directement responsable de ces événements extrêmes, mais qu’il les aggrave et les multiplie.

    Peut-on hiérarchiser ces événements en fonction de critères tels que le nombre de victimes, le coût économique, l’impact environnemental ?

    Tous ces points sont importants. Nous devons évidemment prendre en compte leurs impacts humains, estimer la charge financière et la perte des moyens de subsistance, évaluer les conséquences sur l’environnement et sur notre cadre de vie. Mais il faut regarder aussi quels sont ceux qui payent le plus lourd tribut. Ce sont les catégories les plus vulnérables de nos sociétés, partout dans le monde, qui sont les plus touchées : les pauvres, les femmes, les personnes en situation de handicap.

    Les réponses du PNUE sont-elles identiques dans des situations aussi différentes que Houston ou Bombay ?

    Il n’y a pas de potion magique, de solution unique pour combattre le changement climatique, mais tout un éventail d’actions à mettre en œuvre, comme travailler avec les villes sur l’efficacité énergétique et la réduction de la pollution, stopper la déforestation, préserver la biodiversité, endiguer la dégradation de nos océans. Nous travaillons avec les marchés financiers et le secteur privé pour créer de l’investissement et de l’innovation et, bien sûr, avec les gouvernements pour garantir de bonnes politiques environnementales.

    #inondations #Houston #Mumbai #changement_climatique #environnement #sprawl

    • Un autre super intéressant sur le sujet :
      https://www.theatlantic.com/technology/archive/2017/08/why-cities-flood/538251
      Outre l’argument général sur l’imperméabilisation développé ci dessus, l’article cite un expert qui préconise d’organiser des écoulements plus lents, très localisés...

      One problem is that people care about flooding, because it’s dramatic and catastrophic. They don’t care about stormwater management, which is where the real issue lies. Even if it takes weeks or months, after Harvey subsides, public interest will decay too. Debo notes that traffic policy is an easier urban planning problem for ordinary folk, because it happens every day.

      So does stormwater—it just isn’t treated that way. Instead of looking for holistic answers, site-specific ones must be pursued instead. Rather than putting a straight channel through a subdivision, for example, Debo suggests designing one to meander through it, to decrease the velocity of the water as it exits.

  • L’oubli, mécanisme clé de la mémoire

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/08/21/l-oubli-mecanisme-cle-de-la-memoire_5174858_1650684.html

    C’est parce que les détails de nos souvenirs s’effacent que nous pouvons agir, nous adapter au quotidien, acquérir de nouvelles connaissances. Immersion dans les mécanismes de l’oubli qui, lorsqu’il se fait massif, peut être le symptôme d’une maladie ou d’une lésion cérébrale.

    « Dans sa chute, il avait perdu ­connaissance ; quand il était ­revenu à lui, le présent ainsi que les souvenirs les plus anciens et les plus banaux étaient devenus intolérables à force de richesse et de netteté. Il s’aperçut peu après qu’il était infirme. (…) Sa perception et sa mémoire étaient maintenant infaillibles. »

    Cette fiction de Jorge Luis Borges (1899-1986), Funes ou la ­mémoire (1942), est inspirée d’une histoire vraie : celle d’un patient, « S. », suivi par le psychologue russe Alexandre Luria (1902-1977). Funes ou l’impossible oubli. Peut-être ­enviez-vous ce jeune homme pour sa capacité quasi illimitée de stockage et de rappel de ses souvenirs ? Eh bien, vous avez tort. Le cadeau était empoisonné.

    Nous devrions bénir nos facultés d’oubli. Car une « bonne mémoire » doit certes nous permettre de retenir durablement l’essentiel de nos savoirs et de nos expériences. Mais elle doit aussi, et c’est primordial, parvenir à effacer ­l’accessoire, le superflu. Les Grecs anciens, déjà, l’avaient pressenti. Mnémosyne, déesse de la mémoire, n’a-t-elle pas enfanté les Muses, « qui procurent l’oubli des maux et la fin des douleurs », selon Hésiode dans La Théogonie ?

    « En dehors du contexte très particulier des maladies de la mémoire, les deux termes “mémoire”et “oubli” sont loin de représenter deux fonctions ­antagonistes. Ils répondent aux mêmes objectifs, car l’oubli est indispensable au bon fonctionnement de la mémoire », résume Francis Eustache, neuropsychologue, directeur d’une unité Inserm (université de Caen-Normandie) et directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), dans Mémoire et oubli (Le Pommier, 2014).

    « La condition même de l’action »

    Cet oubli « positif » rend notre mémoire performante, nous permet de forger des ­concepts et d’adapter nos comportements aux situations nouvelles. Bref, il nous rend plus intelligents !

    A première vue, c’est paradoxal. Pourtant, plusieurs philosophes et psychologues en ont eu l’intuition. « L’oubli, sauf dans certains cas, n’est pas une maladie de la mémoire, mais une condition de sa santé et de sa vie », écrivait Théodule Ribot, un des pères de la psychologie, dans Les Maladies de la mémoire (1882).

    « Pour Henri ­Bergson, l’oubli est la condition même de l’action. Son filtre ne laisse passer que les souvenirs utiles à l’action présente », notent le neurologue Antoine Lejeune et le psychiatre Michel Delage dans La Mémoire sans souvenir (Odile Jacob, 336 p., 25,90 euros).

    Publié dans Neuron le 21 juin, un article en ­offre une éclatante démonstration : il récapitule les données accumulées depuis près de cent cinquante ans. « Il est capital que le cerveau oublie les détails sans importance pour se focaliser sur ce qui compte vraiment dans nos prises de décision quotidiennes », résument Blake Richards et Paul Frankland, coauteurs, de l’université de ­Toronto (Canada).

    Ces chercheurs rendent d’abord hommage aux patients souffrant de divers troubles de la ­ mémoire, qui ont inspiré nombre de découvertes. Il y a, d’abord, ceux qui n’oublient pas. Dont le fameux « S. » : Solomon Cherechevski de son vrai nom.

    « C’était probablement un synesthète [un individu capable d’associer différents sens, par exemple un son à une couleur] et il utilisait spontanément la méthode des lieux [qui apparie les connaissances à retenir à des lieux bien ­connus] », précise le professeur Robert Jaffard, du Centre national de la recherche scientifique, à l’université de Bordeaux.

    Les ravages d’une mémoire insatiable

    Destin funeste, en vérité, que celui de ce Funes, alias « S. ». Voici ce qu’en dit Borges : « Non seulement il lui était difficile de comprendre que le symbole générique chien embrassât tant d’individus dissemblables et de formes diverses ; cela le gênait que le chien de trois heures quatorze (vu de profil) eût le même nom que le chien de trois ­heures un quart (vu de face). (…) Il avait appris sans effort l’anglais, le français, le portugais, le ­latin. Je soupçonne cependant qu’il n’était pas très capable de penser. Penser, c’est oublier des différences, c’est généraliser, abstraire. »

    La nouvelle illustre bien les ravages d’une mémoire ­insatiable, absorbant et retenant tout – monstrueuse et paralysante. « Les cas d’hypermnésie sont rarissimes et très ­intrigants. Ce sont sans doute des troubles neuro-développementaux. Personnellement, je n’en ai ­jamais rencontré », ­témoigne Francis Eustache.

    En 2006, le neurologue James McGauch, de l’université de Californie, a décrit le cas d’une jeune femme, Jill Price, qui considérait sa ­mémoire autobiographique exceptionnelle comme « un fardeau ». Une dizaine de cas similaires ont été rapportés.

    Paradoxalement, ces as de la mémoire autobiographique ont des performances médiocres dans des tests de mémoire. Ils se distinguent des champions de la mémoire, ces « mnémonistes » capables de retenir, à la suite d’un entraînement ­intense, une masse d’informations impersonnelles : par exemple, des dizaines de milliers de décimales de Pi. Certains, comme Raymond dans Rain Man, sont des « savants autistes ». Sur le plan neurobiologique, ces hypermnésies sont des mystères.

    Retombées pédagogiques

    Bien plus nombreux sont les patients qui oublient trop. Ainsi K. C., décédé en 2014, était ­ devenu amnésique à la suite d’un accident de vélomoteur à l’âge de 30 ans. Il pouvait évoquer des connaissances antérieures, y compris sur sa propre vie [« mémoire sémantique »], mais pas accéder à ses souvenirs personnels [« mémoire épisodique »]. « Ce patient a permis de faire la distinction entre ces deux formes de mémoire », note Francis Eustache. Plus étonnant encore : alors qu’il ne formait plus aucun souvenir personnel, K. C. pouvait apprendre de nouveaux concepts.

    Ce type d’études a des retombées pédagogiques. Les rééducateurs le savent : les amnésiques doivent éviter de faire des erreurs lors de l’apprentissage d’une procédure. « Si un amnésique fait une erreur, il va généralement la mémoriser et la reproduire », relève Francis Eustache.

    Autres cas étonnants : les enfants qui naissent avec des lésions de l’hippocampe. Alors qu’ils forment très peu de souvenirs, ils acquièrent le langage et engrangent des connaissances, comme n’importe quel autre enfant. Mais, de ­retour de l’école, ils sont incapables de raconter des anecdotes de leur journée. Cela conforte « l’hypothèse que des connaissances peuvent être formées sans accéder au statut de souvenir », une idée à contre-courant des dogmes passés.

    Les tours et détours du duo « mémoire-oubli » sont ainsi innombrables. « De récentes recherches ont montré que les mécanismes neuronaux à l’origine de l’effacement des souvenirs sont distincts de ceux qui en assurent le stockage », écrit Paul Frankland dans Neuron.

    Prenons d’abord le stockage. Comment se forme un souvenir dans le cerveau ? « C’est grâce à la mise en réseaux des neurones qui ont été activés, ensemble, par les données à mémoriser ou par un apprentissage, explique Robert ­Jaffard. Mais le premier encodage du souvenir est instable. Pour laisser une trace mnésique, ces ­réseaux doivent être consolidés. »

    Mécanismes d’effacement

    Cette consolidation peut résulter de la relecture d’une leçon, par exemple. Elle est liée au renforcement durable des ­connexions, ou « synapses », entre les neurones de ces réseaux. Une partie d’entre eux se trouve dans l’hippocampe, zone impliquée dans la formation de la mémoire.

    Quant aux mécanismes d’effacement, ils sont de deux types. Le premier est logique : il tient en l’affaiblissement des synapses, dans les réseaux de neurones qui matérialisent les traces mnésiques. Le processus est connu : c’est la « dépression synaptique à long terme (LTD) ». Quand un neurone A ne parvient pas à exciter un neurone B, alors la connexion – la synapse – entre A et B perd de son efficacité. D’où un déclin passif, quand le souvenir n’est pas consolidé.

    Le second mécanisme est contre-intuitif : il vient de la ­formation de nouveaux neurones, à partir de cellules souches du cerveau. Une découverte réalisée par Paul Frankland en 2013. En fait, précise Robert Jaffard, la formation de nouveaux neurones entraîne des effets opposés selon le moment où elle se produit. « Lors de l’encodage d’un souvenir, elle facilite grandement sa mémorisation. » Mais après, c’est le contraire : « Après un apprentissage, quand on provoque artificiellement la formation de nouveaux neurones, on entraîne son oubli. »

    Un troublant parallèle

    Pourquoi ? Parce que ces nouveaux neurones s’intègrent dans le circuit de l’hippocampe où la trace mnésique est stockée. Ils créent alors des interférences, polluant et affaiblissant ce ­ circuit. « Ce processus expliquerait pourquoi les enfants, qui forment beaucoup de nouveaux neurones, oublient si facilement », soulignent les auteurs dans Neuron.

    On peut s’étonner que le cerveau consacre tant d’énergie à créer des neurones aux seules fins d’affaiblir des souvenirs. C’est que l’enjeu est ­vital. Le texte publié dans Neuron le confirme par l’étude des réseaux de neurones artificiels.

    Troublant parallèle, en vérité : en intelligence ­artificielle aussi, l’oubli peut être une vertu ! Ainsi, dans « l’apprentissage machine », des algorithmes apprennent à des ordinateurs à effectuer une ­tâche – un classement, par exemple – à partir d’une série d’expériences, puis à améliorer leurs performances sur de nouvelles expériences.

    « L’objectif de l’apprentissage machine n’est pas de stocker toutes les données – ce qui se révèle impossible dans le cas des big data – pour s’en “souvenir”, mais d’en retenir quelque chose d’essentiel réutilisable dans des contextes différents de ceux qu’on a ­appris »,écrit Jean-Gabriel Ganascia, professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC, Paris), dans Mémoire et oubli. Lorsque l’ordinateur ­apprend trop de détails, ce « sur-apprentissage » est contre-productif.

    De l’importance du sommeil

    Revenons à l’humain. « Une fois le souvenir ­encodé, sa trace mnésique va migrer de l’hippocampe vers le cortex, dit Robert Jaffard. Cette ­migration s’accompagne d’une forme d’oubli : les informations stockées dans le cortex sont moins précises, plus schématiques », indépendantes du contexte. C’est le processus de « sémantisation ». L’oubli nous aide ainsi à généraliser, à conceptualiser.

    Ainsi une bonne mémoire est une mémoire qui hiérarchise et sélectionne. « Le sommeil lent joue un rôle-clé dans cette sélection. Il permet le tri entre ce qui sera archivé et ce qui sera effacé », rappelle Robert Jaffard. Mais il est aussi propice à la consolidation des savoirs acquis durant la journée.

    « Pendant le sommeil lent et paradoxal, le cerveau rejoue les activités neuronales correspondant au souvenir, ce qui le renforce. Cela a été montré chez le rongeur avec les “cellules de lieux”, ces neurones qui codent la carte de l’environnement spatial. Quand l’animal dort, ces cellules ­rejouent le trajet qu’il a suivi durant la journée », ­explique Serge Laroche, du CNRS (Institut des neurosciences Paris-Saclay).

    Une étude française, publiée le 8 août dans ­Nature Communications, révèle que le sommeil fait mieux : nous pouvons aussi apprendre de nouvelles choses en dormant.

    En exposant des volontaires humains à des stimuli sonores répétés, des chercheurs du CNRS à Paris (ENS/EHESS), avec le Centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu (AP-HP), montrent que le cerveau parvient à ­apprendre des sons pendant le sommeil paradoxal et le sommeil lent léger. Au réveil, les sujets testés reconnaissent les bruits qu’ils ont entendus durant ces deux phases. « On peut donc utiliser les siestes courtes du début de l’après-midi, riches en sommeil lent léger, pour favoriser l’apprentissage », noteThomas Andrillon, coauteur. Mais l’étude montre aussi que ces mêmes sons peuvent être oubliés durant le sommeil lent profond.

    Jaillit alors le souvenir

    L’oubli dépend de trois filtres, qui opèrent ­durant l’encodage, la consolidation ou le rappel du souvenir. « On peut penser qu’on oublie bien moins qu’on ne le croit. Une partie de l’oubli serait un déficit du rappel des détails, dont la trace pourrait rester présente dans le cerveau. Il faut alors trouver les éléments contextuels permettant de les réactiver », précise Serge Laroche.

    C’est là qu’entre en jeu une autre mémoire, plus souterraine, qui opère à notre insu. « Face à une mémoire explicite [consciente] toujours fragile, laborieuse, coûteuse en énergie, la mémoire implicite [inconsciente], solide, robuste, s’impose souvent », expliquent Antoine Lejeune et Michel ­Delage dans La Mémoire sans souvenir.

    Très liée aux émotions et aux perceptions, cette mémoire implicite peut bloquer ou au contraire ouvrir l’accès à certains éléments de notre passé. Elle est « d’abord la mémoire oubliée des premières ­empreintes de la vie. »

    « Une information du monde intérieur [le vécu, l’humeur, le plaisir ou la souffrance] rencontre une information du monde extérieur [l’autre, le paysage, une chanson…]. » Jaillit alors le souvenir, rassemblant les fragments épars des éléments du passé. « Le contrôle est un tout petit élément de la mémoire ! », souligne Francis Eustache.

    « Il existe de nombreux “faux oublis” : les souvenirs que l’on croit oubliés ressurgissent, à notre insu, dans le présent », notent Antoine Lejeune et Michel Delage. C’est Proust, bien sûr, et sa madeleine qui ressuscite le souvenir des dimanches de Combray…

    Distorsions

    Tout souvenir, cependant, est une ­reconstruction. Lors de sa consolidation, la mémoire est malléable, plus labile et fragile. Elle peut alors mêler, amalgamer des éléments nouveaux. Et ces « interférences » brouillent le souvenir originel. D’où les distorsions de notre mémoire.

    Prenons par exemple les enfants d’une même fratrie. Adultes, « ils confrontent leurs souvenirs et s’aperçoivent rapidement, avec inquiétude, humour ou agressivité, que le même événement familial fait l’objet de descriptions différentes », poursuivent nos deux auteurs.

    C’est que chacun ayant vécu le même événement, en stocke et en remodèle le souvenir selon ses humeurs du ­moment, ses connaissances nouvelles, son évolution, son système de valeurs… Au fil du temps, « le soi n’a plus les mêmes centres d’intérêt ni les mêmes projets ».

    D’où un aperçu vertigineux sur ce qui fait notre identité : « D’un certain côté, notre identité est ­extrêmement stable tout au long de notre vie : c’est la notion de “mêmeté” chère au philosophe Paul Ricœur [1913-2005]. Et ce, même chez des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer. Dans le même temps, toute une partie de notre identité est beaucoup plus changeante – c’est la notion d’“ipséité”. Etonnamment encore, même de grands amnésiques conservent cette capacité à changer »,analyse Francis Eustache.

    La révolution de l’optogénétique

    Mais une question nous taraude tous, à mesure que nous vieillissons : comment distinguer « l’oubli positif », vertueux, de l’oubli pathologique ? C’est le travail des neuropsychologues, dès qu’un patient franchit leur porte. Sa plainte mnésique est-elle bénigne ? Due à une dépression ? Un trouble de l’attention ? Un Alzheimer débutant ? Des tests cognitifs, complétés si besoin par une imagerie cérébrale, conduiront au diagnostic.

    Si notre mémoire est une reconstruction, une synthèse changeante sur le monde et nous-mêmes, elle peut aussi être manipulée. Chez l’homme, on peut induire de faux souvenirs. Mais c’est surtout chez le rongeur qu’une retentissante série d’expériences, depuis 2012, a montré à quel point on peut renforcer ou supprimer des souvenirs, voire en créer de faux.

    Ces expériences font appel à l’optogénétique, cette alliance révolutionnaire de génie génétique et d’optique. La technique permet d’activer ou d’inhiber à volonté des catégories bien identifiées de neurones.

    Dans ces manipulations, le principe est toujours le même. On repère d’abord les neurones activés par un apprentissage. Puis on fait ­fabriquer à ces seuls neurones, par manipulation génétique, des canaux ioniques sensibles à une lumière bleue ou jaune. Ensuite, en appliquant cette lumière bleue ou jaune sur le cerveau des rongeurs, on active ou inhibe, selon les cas, ces cellules chez l’animal vivant. C’est ainsi que le prix Nobel (1987) Susumu Tonegawa, à l’Institut Riken ­(Tokyo) et au MIT (Cambridge), est parvenu à ­modifier, par optogénétique, des souvenirs stockés dans l’hippocampe de rongeurs.

    Un espoir balbutiant contre la maladie d’Alzheimer

    Dans un premier temps, son équipe a placé des souris dans un « contexte A ». Puis, les chercheurs ont mis ces rongeurs dans un ­« contexte B », en leur administrant systématiquement un petit choc électrique. En même temps, ils repéraient les neurones activés dans ce « contexte B ». Lorsqu’ils réactivaient ensuite, par optogénétique, ces mêmes neurones dans un autre contexte, la souris se comportait comme si elle était dans le « contexte B » : elle avait peur.

    Ensuite, les chercheurs ont apparié ce « contexte B » à un troisième « contexte C ». ­Résultat : ils sont parvenus à faire croire au rongeur que le « contexte C » était à redouter, alors que la souris n’avait jamais eu peur dans cette ­situation. Un vrai faux souvenir, donc.

    Poursuivant leur irrésistible avancée, ils se sont intéressés à des souris modèles d’Alzheimer. Résultat, publié en 2016 dans Nature : chez ces souris amnésiques, ils ont ressuscité un souvenir qui semblait perdu. Comment ? En réactivant, par optogénétique, le réseau de neurones qui avait été activé pendant un apprentissage – mais que l’on croyait non mémorisé. « C’est donc que malgré un hippocampe déficitaire, cette souris Alzheimer a pu former une trace mnésique », s’enthousiasme Robert Jaffard. Comment ? Probablement par des mécanismes cérébraux de compensation. Ce qui ouvre un espoir – balbutiant – face à cette maladie, même si l’optogénétique n’est pas un traitement envisageable.

    De nombreux labos s’intéressent maintenant à une autre forme d’oubli : le syndrome de stress post-traumatique (PTSD). Ce trouble associe à une hypermnésie des aspects émotionnels et sensoriels d’un traumatisme vécu, une amnésie de son contexte. Les sujets atteints sont envahis d’idées et d’images intrusives très handicapantes.

    Une équipe de l’université de Californie est parvenue à effacer, chez la souris, une mémoire de peur liée à un conditionnement – modèle imparfait de PTSD. Comment ? En affaiblissant, par ­optogénétique, les seules synapses du réseau de neurones qui permettent l’association entre un son et un choc électrique. Ces synapses se trouvent dans l’amygdale, une aire du cerveau très impliquée dans les émotions. Le résultat a été ­publié dans Neuron le 17 août.

    Les différentes formes de mémoire

    Episodique : c’est la « mémoire des souvenirs », la mémoire à long terme des événements que nous avons personnellement vécus, situés dans un contexte spatial et temporel précis. Elle n’apparaît que vers l’âge de 3 à 5 ans. Grâce à elle, nous prenons conscience de notre propre identité, avec un sentiment de continuité temporelle. Particulièrement fragile, elle dépend d’un réseau de neurones très distribué dans le cerveau. Elle s’appuie aussi sur la mémoire sémantique.

    Sémantique : c’est la « mémoire des connaissances », une mémoire à long terme des concepts, des mots, des savoirs généraux sur le monde et sur nous-mêmes. La plupart de nos souvenirs autobiographiques se transforment progressivement en connaissances générales : ils rejoignent la mémoire sémantique.

    Autobiographique : elle mêle notre mémoire épisodique à des éléments de notre mémoire sémantique [ceux qui concernent la connaissance sur nous-mêmes].

    Déclarative (explicite) : elle concerne le stockage et la récupération des données que nous pouvons faire émerger consciemment, puis exprimer par le langage.

    Procédurale : c’est la mémoire des savoir-faire et des habiletés motrices, verbales, cognitives, quand elles sont devenues automatiques [faire de la bicyclette sans y penser, par exemple]. Ce type de mémoire est relativement épargné dans les « maladies de la mémoire », comme Alzheimer.

    Implicite : c’est une mémoire inconsciente, très émotionnelle. Elle peut contrôler, à notre insu, le rappel de certains souvenirs : par exemple, en établissant un lien entre les affects du présent et ceux de la période d’acquisition du souvenir.

    Perceptive : elle s’appuie sur diverses modalités sensorielles (vue, ouïe…) pour, par exemple, reconnaître un parcours familier sans y prêter vraiment attention.

    De travail : c’est une mémoire à court terme. Elle nous offre un « espace de travail mental » qui nous permet de stocker et de manipuler des informations pendant une période de plusieurs secondes. Et, donc, de réaliser une tâche, raisonner, comprendre ce que nous lisons, suivre le fil d’un discours… Dans nos activités quotidiennes, elle est constamment sollicitée.

  • Man in Black
    https://loveliveminimal.tumblr.com/post/164334964505/man-in-black

    Être un militant d’extrême-droite c’est toujours faire des contorsions inimaginables (pour un esprit sain) avec la réalité. La dernière en date c’est celle de ces militants américains qui sont montés au charbon pour la la race blanche à Charlottesville avec des t-shit de Johnny Cash. Nul doute que l’homme en noir incarne l’Amérique blanche rurale mais de là à devenir une icône des nazis et suprémacistes blancs américains il y a un fossé que seul la distorsion constante de la réalité propre à …

    http://ift.tt/2v8v5VN

  • Ishi, the Last Yahi - Full Movie | Snagfilms - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=0ZB9oKQaCN4

    ISHI, THE LAST YAHI begins in 1492 when there were more than ten million Native Americans in North America. By 1910, their numbers had been reduced to fewer than 300,000. In California, massacres of Indians in the 1860s and 1870s had nearly exterminated the Native peoples in the state. Therefore the sudden appearance in northern California in 1911 of Ishi, “the last wild Indian in North America,” stunned the nation. For more than 40 years, Ishi had lived in hiding with a tiny band of survivors. When he walked into the white man’s world, he was the last Yahi Indian alive.

    Je viens de voir ce #documentaire très émouvant
    #Californie #Indiens #massacres #survivant #suprémacie_blanche #génocide

    • #Ishi (1862-1916) est connu comme « le dernier des #Yahi », sous-groupe de la tribu Yana en Californie. Il a été découvert effrayé et affamé à Oroville où il a été capturé et emprisonné. Alfred Kroeber demanda sa libération et le fit venir au musée d’anthropologie de l’université de Californie à San Francisco pour étude. Theodora Kroeber publia sa biographie : Ishi in Two Worlds.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Ishi

      Le film est : Ishi, the Last Yahi de Jed Riffe et Pamela Roberts (1992, SnagFilms, USA, anglais, 1 heure)

      Pas encore regardé, mais merci !

    • Être le dernier : Ishi, l’homme-archive
      https://amnis.revues.org/2209?lang=en

      Seul survivant d’une tribu indienne Yana exterminée à l’issue d’une politique de prédation et colonisation brutales de ses territoires, le dernier à parler la langue de cette tribu, à maîtriser des techniques (fabrication d’outils, chasse…) datant de l’âge de fer, Ishi entre dans la « civilisation » blanche en 1911. Accueilli au Museum d’Anthropologie de l’université de Californie, il s’efforce de transmettre tout ce qu’il connaît d’un savoir-faire et d’une culture annihilés. J’examinerai la façon dont, dans son ouvrage Ishi, le dernier Indien sauvage de l’Amérique du Nord témoigne, Theodora Krober montre comment, dans l’absence parfois presque complète de documents, c’est un homme qui se fait ici archive.

  • Piéger une voiture autonome
    Une équipe de chercheurs de l’Université de Washington a trompé un système de pilotage automatique avec de simples autocollants.
    http://www.lessentiel.lu/fr/hi_tech/story/Des-autocollants-piegent-une-voiture-autonome-30629111

    Appelés à écrire l’avenir de l’automobile, les véhicules autonomes doivent encore prouver leur fiabilité en matière de sécurité. En analysant la manière dont le système de reconnaissance d’images en temps réel de l’une de ces voitures fonctionnait, des chercheurs de l’Université de Washington ont découvert qu’il était facile de le piéger. Il suffit d’altérer des panneaux de signalisation avec de simples autocollants.

    Ce procédé peut amener les algorithmes à « se comporter de manière inattendue et potentiellement dangereuse », expliquent les chercheurs. Par exemple, en ajoutant les mots « Love » et « Hate » (amour et haine, en français) sur un panneau Stop, ce dernier a été interprété comme une limitation de vitesse. De quoi causer de potentiels accidents. Dans un autre cas, modifier la couleur de la flèche d’un panneau d’obligation de tourner à droite, avec des stickers, a provoqué son interprétation comme un Stop.

    Pour éviter ces attaques, l’équipe suggère que le système prenne en compte des infos contextuelles afin de s’assurer qu’un panneau est légitime ou pas, comme par exemple l’étrange présence d’un Stop sur une autoroute. Ce n’est pas la première fois que des chercheurs ont réussi à tromper les capteurs des véhicules autonomes. En 2015, en utilisant un pointeur laser et un micro-ordinateur, il a été possible de simuler de faux obstacles à éviter.

    (L’essentiel/man)

    #Voiture_autonome #signalisation #route

    https://arxiv.org/abs/1707.08945
    Robust Physical-World Attacks on Machine Learning Models
    Subjects: Cryptography and Security (cs.CR); Learning (cs.LG)

    Deep neural network-based classifiers are known to be vulnerable to adversarial examples that can fool them into misclassifying their input through the addition of small-magnitude perturbations. However, recent studies have demonstrated that such adversarial examples are not very effective in the physical world—they either completely fail to cause misclassification or only work in restricted cases where a relatively complex image is perturbed and printed on paper. In this paper we propose a new attack algorithm—Robust Physical Perturbations (RP2)— that generates perturbations by taking images under different conditions into account. Our algorithm can create spatially-constrained perturbations that mimic vandalism or art to reduce the likelihood of detection by a casual observer. We show that adversarial examples generated by RP2 achieve high success rates under various conditions for real road sign recognition by using an evaluation methodology that captures physical world conditions. We physically realized and evaluated two attacks, one that causes a Stop sign to be misclassified as a Speed Limit sign in 100% of the testing conditions, and one that causes a Right Turn sign to be misclassified as either a Stop or Added Lane sign in 100% of the testing conditions.

  • Transfiguration et Saint Amour
    http://www.dedefensa.org/article/transfiguration-et-saint-amour

    Transfiguration et Saint Amour

    Hiroshima, Nagasaki...

    Hiroshima avait beaucoup de catholiques. Le 6 août 1945 quand Little Boy est lâché sur la ville, c’est la fête de la Transfiguration du Christ. L’évangile de Matthieu relate la chose au chapitre 17-2). La scène a lieu sur le mont Thabor, montagne qui domine le lac de Tibériade, située au nord la ville actuelle de Nazareth :

    Et il fut transfiguré devant eux, sa face brilla comme le

    soleil, ses vêtements devinrent blancs comme la lumière.

    Trois jours plus tard, le 9 août, Truman, président des Usa (Homme vrai en anglais, Homme-trou en français) lâche Fat Man (l’homme gras) sur Nagasaki. Le 9 c’est la fête du Saint Amour. Entre le 6 et le 9, trois jours, entre le vendredi saint et le lundi de Pâques trois jours. Par ces rapprochements que (...)

  • Les journaux LinuxFr.org les mieux notés du mois de juillet 2017
    https://linuxfr.org/news/les-journaux-linuxfr-org-les-mieux-notes-du-mois-de-juillet-2017

    LinuxFr.org propose des dépêches et articles, soumis par tout un chacun, puis revus et corrigés par l’équipe de modération avant publication. C’est la partie la plus visible de LinuxFr.org, ce sont les dépêches qui sont les plus lues et suivies, sur le site, via Atom/RSS, ou bien via partage par messagerie instantanée, par courriel, ou encore via médias sociaux.

    Ce que l’on sait moins, c’est que LinuxFr.org vous propose également à tous de tenir vos propres articles directement publiables, sans validation a priori des modérateurs. Ceux-ci s’appellent des journaux. Voici un florilège d’une dizaine de ces journaux parmi les mieux notés par les utilisateurs… qui notent. Lumière sur ceux du mois de juillet passé.

    ça y est, je suis manager :( par octane  ;

    Scribus pour notre journal Oxygène ! par Space_e_man  ; (...)