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  • Heureux qui comme « Moi, Je »
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/heureux-qui-comme-moi-je


    De plus en plus d’ouvrages surfent aujourd’hui sur cette « injonction au bonheur ». Leurs auteurs sont psychiatres, philosophes, sociologues, managers... ils ont la recette d’un bonheur sans illusions, les clés d’un Narcisse retrouvé. Une injonction permanente et une invitation à trouver la voie du #bonheur, en cas d’impasse prolongée.

    Devenu grande cause nationale aux Etats-Unis, dont la figure du « #self_made_man » est la corollaire emblématique, le phénomène s’est mondialisé, au point que les Emirats Arabes Unis aient nommé une ministre du bonheur en 2016.

    Il s’agit de voir ses expériences comme des opportunités pour renforcer notre structure psychique et faire preuve de positivité là où il n’y aurait que de la négativité, comme dans un monde de guerre.
    (Eva Illouz)

    Plus encore, l’injonction au bonheur est le pilier d’une véritable #industrie. Marchandise intangible, le bonheur est une bonne affaire, ce qu’avaient déjà compris des groupes comme Coca-Cola, fort de son Coca-Cola Happiness Institute. Les entreprises actuelles, start-up en tête, se développent de plus en plus dans ce sens, smiley et Chief Happiness Officer à l’appui.

    Nous voyons une affinité entre le #néolibéralisme et cette quête du bonheur. (…) Les individus sont seuls face à eux-mêmes et ne doivent donc demander de comptes qu’à eux-mêmes.
    (Eva Illouz)

  • Eric Fassin : « L’#appropriation_culturelle, c’est lorsqu’un emprunt entre les cultures s’inscrit dans un contexte de #domination »

    Dans un entretien au « Monde », le sociologue Eric Fassin revient sur ce concept né dans les années 1990, au cœur de nombre de polémiques récentes.

    Des internautes se sont empoignés sur ces deux mots tout l’été : « appropriation culturelle ». Le concept, né bien avant Twitter, connaît un regain de popularité. Dernièrement, il a été utilisé pour décrire aussi bien le look berbère de Madonna lors des MTV Video Music Awards, la dernière recette de riz jamaïcain du très médiatique chef anglais #Jamie_Oliver, ou l’absence de comédien autochtone dans la dernière pièce du dramaturge québécois #Robert_Lepage, #Kanata, portant justement sur « l’histoire du Canada à travers le prisme des rapports entre Blancs et Autochtones ».

    Qu’ont en commun ces trois exemples ? Retour sur la définition et sur l’histoire de l’« appropriation culturelle » avec Eric Fassin, sociologue au laboratoire d’études de genre et de sexualité de l’université Paris-VIII et coauteur de l’ouvrage De la question sociale à la question raciale ? (La Découverte).
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    D’où vient le concept d’« appropriation culturelle » ?

    Eric Fassin : L’expression apparaît d’abord en anglais, à la fin du XXe siècle, dans le domaine artistique, pour parler de « #colonialisme_culturel ». Au début des années 1990, la critique #bell_hooks, figure importante du #Black_feminism, développe par exemple ce concept, qu’elle résume d’une métaphore : « manger l’Autre. » C’est une approche intersectionnelle, qui articule les dimensions raciale et sexuelle interprétées dans le cadre d’une exploitation capitaliste.

    Un regard « exotisant »

    Cette notion est aussi au cœur de la controverse autour de #Paris_Is_Burning, un film #documentaire de 1990 sur la culture des bals travestis à New York. Une autre critique noire, Coco Fusco, reprochait à la réalisatrice #Jennie_Livingston, une lesbienne blanche, son regard « exotisant » sur ces minorités sexuelles et raciales. Pour elle, il s’agissait d’une forme d’#appropriation_symbolique mais aussi matérielle, puisque les sujets du film se sont sentis floués, dépossédés de leur image.

    Comment définir ce concept ?

    E. F. : Ce qui définit l’appropriation culturelle, comme le montre cet exemple, ce n’est pas seulement la circulation. Après tout, l’emprunt est la règle de l’art, qui ne connaît pas de frontières. Il s’agit de #récupération quand la #circulation s’inscrit dans un contexte de #domination auquel on s’aveugle. L’enjeu n’est certes pas nouveau : l’appropriation culturelle, au sens le plus littéral, remplit nos #musées occidentaux d’objets « empruntés », et souvent pillés, en Grèce, en Afrique et ailleurs. La dimension symbolique est aujourd’hui très importante : on relit le #primitivisme_artistique d’un Picasso à la lumière de ce concept.

    Ce concept a-t-il été intégré dans le corpus intellectuel de certaines sphères militantes ?

    E. F. : Ces références théoriques ne doivent pas le faire oublier : si l’appropriation culturelle est souvent au cœur de polémiques, c’est que l’outil conceptuel est inséparablement une arme militante. Ces batailles peuvent donc se livrer sur les réseaux sociaux : l’enjeu a beau être symbolique, il n’est pas réservé aux figures intellectuelles. Beaucoup se transforment en critiques culturels en reprenant à leur compte l’expression « appropriation culturelle ».

    En quoi les polémiques nées ces derniers jours relèvent-elles de l’appropriation culturelle ?

    E. F. : Ce n’est pas la première fois que Madonna est au cœur d’une telle polémique. En 1990, avec sa chanson Vogue, elle était déjà taxée de récupération : le #voguing, musique et danse, participe en effet d’une subculture noire et hispanique de femmes trans et de gays. Non seulement l’artiste en retirait les bénéfices, mais les paroles prétendaient s’abstraire de tout contexte (« peu importe que tu sois blanc ou noir, fille ou garçon »). Aujourd’hui, son look de « #reine_berbère » est d’autant plus mal passé qu’elle est accusée d’avoir « récupéré » l’hommage à la « reine » noire Aretha Franklin pour parler… de Madonna : il s’agit bien d’appropriation.

    La controverse autour de la pièce Kanata, de Robert Lepage, n’est pas la première non plus — et ces répétitions éclairent l’intensité des réactions : son spectacle sur les chants d’esclaves avait également été accusé d’appropriation culturelle, car il faisait la part belle aux interprètes blancs. Aujourd’hui, c’est le même enjeu : alors qu’il propose une « relecture de l’histoire du Canada à travers le prisme des rapports entre Blancs et Autochtones », la distribution oublie les « autochtones » — même quand ils se rappellent au bon souvenir du metteur en scène. C’est encore un choix revendiqué : la culture artistique transcenderait les cultures « ethniques ».

    Par comparaison, l’affaire du « #riz_jamaïcain » commercialisé par Jamie Oliver, chef britannique médiatique, peut paraître mineure ; elle rappelle toutefois comment l’ethnicité peut être utilisée pour « épicer » la consommation. Bien sûr, la #nourriture aussi voyage. Reste qu’aujourd’hui cette #mondialisation marchande du symbolique devient un enjeu.

    Pourquoi ce concept fait-il autant polémique ?

    E. F. : En France, on dénonce volontiers le #communautarisme… des « autres » : le terme est curieusement réservé aux minorités, comme si le repli sur soi ne pouvait pas concerner la majorité ! C’est nier l’importance des rapports de domination qui sont à l’origine de ce clivage : on parle de culture, en oubliant qu’il s’agit aussi de pouvoir. Et c’est particulièrement vrai, justement, dans le domaine culturel.

    Songeons aux polémiques sur l’incarnation des minorités au théâtre : faut-il être arabe ou noir pour jouer les Noirs et les Arabes, comme l’exigeait déjà #Bernard-Marie_Koltès, en opposition à #Patrice_Chéreau ? Un artiste blanc peut-il donner en spectacle les corps noirs victimes de racisme, comme dans l’affaire « #Exhibit_B » ? La réponse même est un enjeu de pouvoir.

    En tout cas, l’#esthétique n’est pas extérieure à la #politique. La création artistique doit revendiquer sa liberté ; mais elle ne saurait s’autoriser d’une exception culturelle transcendant les #rapports_de_pouvoir pour s’aveugler à la sous-représentation des #femmes et des #minorités raciales. L’illusion redouble quand l’artiste, fort de ses bonnes intentions, veut parler pour (en faveur de) au risque de parler pour (à la place de).

    Le monde universitaire n’est pas épargné par ces dilemmes : comment parler des questions minoritaires, quand on occupe (comme moi) une position « majoritaire », sans parler à la place des minorités ? Avec Marta Segarra, nous avons essayé d’y faire face dans un numéro de la revue Sociétés & Représentations sur la (non-)représentation des Roms : comment ne pas redoubler l’exclusion qu’on dénonce ? Dans notre dossier, la juriste rom Anina Ciuciu l’affirme avec force : être parlé, représenté par d’autres ne suffit pas ; il est temps, proclame cette militante, de « nous représenter ». Ce n’est d’ailleurs pas si difficile à comprendre : que dirait-on si les seules représentations de la société française nous venaient d’Hollywood ?


    https://mobile.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2018/08/24/eric-fassin-l-appropriation-culturelle-c-est-lorsqu-un-emprunt-entre-
    #géographie_culturelle #pouvoir #culture #Madonna #exotisme #peuples_autochtones #film #musique #cuisine #intersectionnalité #Eric_Fassin

    • Cité dans l’article, ce numéro spécial d’une #revue :
      #Représentation et #non-représentation des #Roms en #Espagne et en #France

      Les populations roms ou gitanes, en France comme en Espagne, sont l’objet à la fois d’un excès et d’un défaut de représentation. D’une part, elles sont surreprésentées : si la vision romantique des Bohémiens semble passée de mode, les clichés les plus éculés de l’antitsiganisme sont abondamment recyclés par le racisme contemporain. D’autre part, les Roms sont sous-représentés en un double sens. Le sort qui leur est réservé est invisibilisé et leur parole est inaudible : ils sont parlés plus qu’ils ne parlent.

      Ce dossier porte sur la (non-) représentation, autant politique qu’artistique et médiatique, des Roms en France et en Espagne des Gitanxs (ou Gitan·e·s) ; et cela non seulement dans le contenu des articles, mais aussi dans la forme de leur écriture, souvent à la première personne, qu’il s’agisse de sociologie, d’anthropologie ou d’études littéraires, de photographie ou de littérature, ou de discours militants. Ce dossier veut donner à voir ce qui est exhibé ou masqué, affiché ou effacé, et surtout contribuer à faire entendre la voix de celles et ceux dont on parle. L’enjeu, c’est de parler de, pour et parfois avec les Gitan·e·s et les Roms, mais aussi de leur laisser la parole.

      https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2018-1.htm

    • Au #Canada, la notion d’« appropriation culturelle » déchire le monde littéraire

      Tout est parti d’un éditorial dans Write, revue trimestrielle de la Writers’ Union of Canada (l’association nationale des écrivains professionnels) consacrée pour l’occasion aux auteurs autochtones du Canada, sous-représentés dans le panthéon littéraire national. Parmi les textes, l’éditorial d’un rédacteur en chef de la revue, Hal Niedzviecki, qui disait ne pas croire au concept d’« appropriation culturelle » dans les textes littéraires. Cette affirmation a suscité une polémique et une vague de fureur en ligne.

      On parle d’appropriation culturelle lorsqu’un membre d’une communauté « dominante » utilise un élément d’une culture « dominée » pour en tirer un profit, artistique ou commercial. C’est ici le cas pour les autochtones du Canada, appellation sous laquelle on regroupe les Premières Nations, les Inuits et les Métis, peuples ayant subi une conquête coloniale.
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      Des polémiques, plus ou moins importantes, liées à l’appropriation culturelle ont eu lieu ces derniers mois de manière récurrente, par exemple sur l’usage par la marque Urban Outfitters de savoir-faire traditionnels des Indiens Navajos ou la commercialisation par Chanel d’un boomerang de luxe, considéré comme une insulte par certains aborigènes d’Australie.
      Le « prix de l’appropriation »

      La notion est moins usitée pour la création littéraire, où l’on parle plus volontiers « d’orientalisme » pour l’appropriation par un auteur occidental de motifs issus d’une autre culture. Mais c’est bien cette expression qu’a choisie Hal Niedzviecki dans son plaidoyer intitulé « Gagner le prix de l’appropriation ». L’éditorial n’est pas disponible en ligne mais des photos de la page imprimée circulent :

      « A mon avis, n’importe qui, n’importe où, devrait être encouragé à imaginer d’autres peuples, d’autres cultures, d’autres identités. J’irais même jusqu’à dire qu’il devrait y avoir un prix pour récompenser cela – le prix de l’appropriation, pour le meilleur livre d’un auteur qui écrit au sujet de gens qui n’ont aucun point commun, même lointain, avec lui ».

      Il y voit surtout une chance pour débarrasser la littérature canadienne de sa dominante « blanche et classes moyennes », dénonçant la crainte de « l’appropriation culturelle » comme un frein qui « décourage les écrivains de relever ce défi ».

      Le fait que cette prise de position ait été publiée dans un numéro précisément consacré aux auteurs autochtones a été perçu comme un manque de respect pour les participants. L’un des membres du comité éditorial, Nikki Reimer, s’en est pris sur son blog à un article « au mieux, irréfléchi et idiot, au pire (…) insultant pour tous les auteurs qui ont signé dans les pages de la revue ».

      « Il détruit toutes les tentatives pour donner un espace et célébrer les auteurs présents, et montre que la revue “Write” n’est pas un endroit où l’on doit se sentir accueilli en tant qu’auteur indigène ou racisé. »

      La Writers’ Union a rapidement présenté des excuses dans un communiqué. Hal Niedzviecki a lui aussi fini par s’excuser et a démissionné de son poste, qu’il occupait depuis cinq ans.
      Un débat sur la diversité dans les médias

      Son argumentaire a cependant dépassé les colonnes du magazine lorsque plusieurs journalistes ont offert de l’argent pour doter le fameux « prix ». Ken Whyte, ancien rédacteur en chef de plusieurs publications nationales, a lancé sur Twitter :

      « Je donnerai 500 dollars pour doter le prix de l’appropriation, si quelqu’un veut l’organiser. »

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      D’autres figures de la presse canadienne, comme Anne Marie Owens (rédactrice en chef du National Post), Alison Uncles (rédactrice en chef de Maclean’s Magazine), deux éditorialistes du Maclean’s et du National Post, entre autres, se sont dits prêts à faire de même. Quelques heures plus tard, une poignée d’entre eux se sont excusés, dont Anne-Marie Owens, qui a déclaré qu’elle voulait simplement défendre « la liberté d’expression ».

      Comme le débat a débordé sur les réseaux sociaux, des lecteurs anonymes s’y sont invités pour dénoncer l’attitude de ces pontes du journalisme. « Imaginez, vous êtes une personne de couleur qui étudie le journalisme, et vous voyez les trois quarts de vos potentiels futurs chefs tweeter au sujet d’un prix de l’appropriation culturelle », grince une internaute.

      Pour les journalistes issus des minorités, l’affaire a également rappelé à quel point les médias manquent de diversité. Sur Buzzfeed, Scaachi Koul écrit : « Je n’en reviens pas d’avoir à dire ça, mais personne, dans l’histoire de l’écriture littéraire, n’a jamais laissé entendre que les Blancs n’avaient pas le droit de faire le portrait d’autochtones ou de gens de couleurs, en particulier dans la fiction. Franchement, on l’encourage plutôt. » Elle poursuit :

      « S’abstenir de pratiquer l’appropriation culturelle ne vous empêche pas d’écrire de manière réfléchie sur les non blancs. Mais cela vous empêche, en revanche, de déposséder les gens de couleur, ou de prétendre que vous connaissez leurs histoires intimement. Cela vous empêche de prendre une culture qui n’a jamais été à vous – une culture qui rend la vie plus difficile pour ceux qui sont nés avec dans le Canada d’aujourd’hui à majorité blanche – et d’en tirer profit. »

      sur le même sujet Les coiffes amérindiennes dans les défilés font-elles du tort à une culture menacée ?
      « Faire son numéro »

      Helen Knott, l’une des auteurs d’origine indigène dont le travail était publié dans la revue Write a raconté sur Facebook, quelques jours après, une étrange histoire. Contactée par la radio CBC pour une interview à ce sujet, elle est transférée vers quelqu’un qui doit lui poser quelques questions avant l’antenne. Elle entend alors les journalistes se passer le téléphone en disant, selon elle :

      « Helen Knott, c’est l’une de ceux qui sont super énervés par cette histoire. »

      « Précisément, la veille, dans une autre interview, raconte Helen Knott, j’ai rigolé avec le journaliste en lui disant que, contrairement à une idée largement répandue, les autochtones ne sont pas “super énervés” en permanence. »

      Au cours de cette pré-interview, elle dit avoir eu a le sentiment grandissant qu’on lui demandait de « faire son numéro » pour alimenter un « débat-divertissement-scandale ». « Je suis quelqu’un d’heureux et mon droit à être en colère quand la situation mérite de l’être ne me définit pas en tant qu’individu », explique-t-elle.

      « C’est tout le problème de l’appropriation culturelle. Les gens utilisent notre culture pour leur propre profit mais peuvent se désintéresser ensuite de nos difficultés à faire partie de la communauté autochtone, de la politisation continuelle de nos vies, des événements et des institutions qui viennent tirer sur la corde de notre intégrité et de notre sens moral, et qui exigent que nous répondions. Aujourd’hui, j’ai refusé de faire mon numéro. »

      En 2011, les autochtones du Canada représentaient 4,3 % de la population. Ils concentrent le taux de pauvreté le plus élevé du Canada et sont les premières victimes des violences, addictions et incarcérations. En 2016, une série de suicides dans des communautés autochtones de l’Ontario et du Manitoba avaient forcé le premier ministre, Justin Trudeau, à réagir. Sa volonté affichée d’instaurer une « nouvelle relation » avec la population autochtone est critiquée par certains comme n’ayant pas été suivie d’effet.

      https://mobile.lemonde.fr/big-browser/article/2017/05/16/au-canada-la-notion-d-appropriation-culturelle-suscite-la-polemique-d

  • Du féminisme à la française
    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/du-feminisme-a-la-francaise-207061

    Traquer les cartes postales montrant des femmes dénudées : c’est le dernier combat en date des féministes françaises. Mais cette ridicule occupation estivale n’est pas exempte d’enjeux sociaux et politiques.

    Le féminisme actuel n’a plus rien à voir avec le féminisme historique des années 60-70, dont les exigences étaient alors parfaitement justifiées, dont la voix se joignait à d’autres mouvements de libération pour une plus grande justice sociale . Comment encore avoir un débat constructif sur les questions de société communes aux femmes et aux hommes ? Désolée, les filles, mais moi je ne m’y retrouve plus de ce féminisme de plus en plus institutionnalisé où le but ultime n’est plus l’égalité entre les sexes , mais une forme désespérée de domination dans la société.
    #féminisme #ridicule #cartes_postales #justice_sociale

    • Quant aux amateurs de pétanque, ils ont encore en tête les représentations de Fanny qui offrait son cul à baiser à ceux qui, paradoxalement, avaient perdu la partie sans marquer un seul point. Rien de bien inquiétant dans ces productions du folklore local, on en conviendra aisément.

      En 2018 il faut juste oser. Sinon, on pourra juste noter la subtile élégance de pensée et de l’approche de l’auteur.

      Jacques Lucchesi rejoint désormais le clan des #petits_hommes qui osent parce que ce n’est pas un #grand_homme

    • Il n’y a pas de « le féminisme » ni dans les années 1960-70 ni aujourd’hui. Pas grand chose de commun entre le féminisme dit « du choix » et le féminisme intersectionnel aujourd’hui et même chose pour le féminisme radical ou les tendances essentialistes comme psychépo des années 1970. Que tu ne t’y retrouve pas dans le féminisme institutionnel est très compréhensible, mais c’est dommage que tu ne connaisse que celui là.

      Sinon par rapport à ces cartes postales, tu utilise ton temps pour ridiculisé des femmes qui luttent contre ce qui leur semble important (la sexualistation et objectivation des femmes fait parti du continuum de l’oppression des femmes) en te servant d’un texte écrit par un macho pourrave et en réduisant tout les féminisme et cela plutot que de faire les choses pour les femmes qui te semble utile. Niveau débat constructif on peu faire mieux.
      #mansplanning

      Ces cartes ca me semble pas très important, c’est les journalistes qui montent ca en épingle parceque ca permet d’illustré avec des culs de femmes, exactement le même manière que les Femen ont eu beaucoup de visibilité. Si c’est pas interessant autant ne pas s’y interesser.

    • @mad_meg @reka D’abord, je ne ridiculise personne.
      Toutefois, après une deuxième lecture, et ne connaissant pas l’auteur, ceci peut être mal approprié, je l’admets. Cela dit, si j’ai réagi c’est sur le fond. Cette façon désespérée de pointer continuellement l’autre sexe me dérange de plus en plus. Tous les hommes ne sont pas sexistes. Je suis féministe dans l’âme et très favorable à la lutte contre toute forme de discriminations et oppressions, la liste serait trop longue à nommer ici. Mais je n’adhère pas à ce féminisme-là et je ne pense pas qu’en suivant cette voie nous pouvons élaborer quelque chose de constructif sur les rapports hommes,femmes à l’avenir dans notre société. Au contraire, cela ne fait qu’attiser les tensions et maintenir le statu quo.

    • Le « Tous les hommes ne sont pas sexistes. » c’est un stéréotype anti-féministe que tu ressort. On appel ca #not_all_man
      Le féminisme est une lutte contre un système et non contre des personnes. C’est une lutte contre des modes de pensé, des traditions, des idées toutes faites, par exemple la culture du viol. c’est pas une question de donner des médailles de non sexiste aux hommes que tu apprécie. Il y a des femmes sexistes aussi, on s’en fout. Tant mieux si tu connait des hommes pas sexistes, mais ils sont clairement pas assez nombreux vu l’état des choses et on va pas passé 9 ans à les congratulé. Les féministes ont autre chose à faire que de flatter l’égo des hommes que tu juge pas sexistes.
      Lutter contre les représentations objectivantes des femmes ca peut très bien se faire avec des hommes, je voie pas ce qui serait non constrictif. Surtout si il existe des hommes pas sexistes comme tu le dit, je voie pas pourquoi ca les chiffonnerait ce genre de sujets. Et pour les tensions c’est la moindre des choses, on parle du pouvoir et ceux qui l’ont ne le donne jamais, il faut le leur prendre et ca c’est pas possible sans tensions.

    • @david2 , comme je l’ai écrit si j’ai posté cet article et cette photo de mauvais gout, c’était en réaction sur le fond (lire mes autres commentaires) même si d’une certaine façon cela en fait partie. C’était inapproprié. Amicalement, Marie-Lou.

      @mad_meg avec plaisir. Nous lutons toutes les deux pour une cause commune avec visiblement quelques approches différentes, merci bonne soirée aussi.

    • Une des difficultés dans ce combat comme dans d’autres (mais celui-ci est parmi les quelques essentiels) c’est qu’on ne convainc pas les gens, les machos non plus, en les engueulant... Du coup, je comprends aussi l’approche révolutionnaire mais celle-là m’empêche de participer au combat puisque je suis « dans le mauvais camp », outre que je suis plutôt réformiste même si ce n’est vraiment pas tendance... Dans la vie sociale, je sais que je peux être un homme féministe en réagissant, argumentant et convainquant des hommes non féministes et en manifestant ma différence face aux machos.
      #mes_deux_sous_de_reflexion
      Je retourne derrière mon écran, réfléchir encore (et encore)...

    • @marie_lou Je reconnais que mon approche est assez particulière. Je te conseil mon tag #mégèrisme :)
      En tout cas je suis plus proche des féministes des années 1970 que du féminisme institutionnel actuel que tu dénonce. Il me semble que les féministes de cette époque s’organisaient en non mixité et que c’est plutot le féminisme institutionnel que tu dénonce qui est très inclusif avec les hommes.

      @suske Je sais pas ce que tu appel des machos à convaincre. Jusqu’à quel point on doit accepter de débattre avec des gens qui nous traitent en inférieurs et qui ne sont pas là pour débattre mai seulement te faire taire ? En tant que blanche je peu discuter avec des racistes blancs probablement de manière plus détachée et moins perdre patience et souffrir intérieurement qu’une personne racialisée et victime des discriminations raciales. Parler aux hommes misogynes pour un allié c’est votre boulot, mais demandé aux femmes de pas perdre leur calme avec des misogynes : je dit non. Ca culpabilise encor toujours les mêmes. Il y a des femmes capable de garder leur calme avec des machistes, et ca m’arrive certains jours, tant mieux, mais on va pas faire des histoires à celles on céder à la colère quant il y a de bonnes raisons de le faire. C’est aux hommes de convaincre leurs paires ; les machos n’écoutent qu’eux. C’est pas aux femmes de prendre soin des hommes pour leur rendre le féminisme agréable et relaxant. Ca fait plusieurs millénaires que les femmes sont conditionnées à s’occuper des hommes, à les flatter, les détendre, leur donner le sentiment d’être supérieurs, que leurs problèmes, leur temps et leur bien-être est plus important que celui des femmes. Je trouve salutaire que des femmes arrêtent de faire ca et les prennent à rebrousse poile quant ils se comportent de manière machistes. On refuse la colère aux femmes or il y a de quoi se facher. Garder sa colère en soi ca provoque des maladies, on va pas demander aux femmes de se rendre malade pour le bien-être des machos. Ca fait presque deux siècle que les féministes parlent et écrivent avec douceur et patience et c’est pas les hommes qui se bousculent au portillon.

    • C’est aux hommes de convaincre leurs paires ; les machos n’écoutent qu’eux.

      C’est ce que je tente de faire quand cela se présente.

      Dans la vie sociale, je sais que je peux être un homme féministe en réagissant, argumentant et convainquant des hommes non féministes et en manifestant ma différence face aux machos.

  • l’histgeobox : « Respect » ou comment transformer une chanson machiste en un hymne féministe.
    http://lhistgeobox.blogspot.com/2018/08/respect-ou-comment-aretha-francklin-fit.html

    Sur l’album I never loved a man figure une reprise du titre Respect composé et enregistré par Otis Redding en 1965. A cette date, Big O est devenu la superstar du label Stax. Sans cesse en tournée, le chanteur a l’impression que sa famille lui échappe et qu’il perd de son autorité de mari. Son batteur Al Jackson le rassure : « Tout ce que tu peux espérer chez toi, c’est un peu de respect. » De cette discussion naît l’histoire de ce musicien qui rentre chez lui et réclame le respect dû - selon lui - au pater familias. « Tout ce que je te demande ma chérie / c’est un petit peu de respect quand je rentre à la maison. » La mélodie survitaminée et l’interprétation toute en puissance font oublier le texte machiste.
    Le 14 février 1967, Aretha enregistre à New York sa version de Respect. Secondée brillamment par la section rythmique de Muscle Shoals, le saxophone de King Curtis, les chœurs assurés par ses soeurs Carolyn et Erma, la chanteuse délivre une déclaration d’indépendance soul à la puissance phénoménale. Mieux qu’une reprise, il s’agit bien d’une recréation.

  • Le meilleur album de tous les temps. Pas un morceau, pas une note, pas un mot d’Aretha n’est en trop ici.

    I Never Loved a Man the Way I Love You
    Aretha Franklin, mars 1967
    https://en.wikipedia.org/wiki/I_Never_Loved_a_Man_the_Way_I_Love_You

    https://www.youtube.com/watch?v=9tKKsqI919g

    1. Respect (chanson écrite par Otis Redding) - 0:00
    2. Drown in my own tears (chanson popularisée par Ray Charles) - 2:27
    3. I never loved a man (the way I love you) (chanson écrite pour l’occasion par Ronnie Shannon) - 6:34
    4. Soul serenade (chanson écrite par King Curtis, saxophoniste du groupe et chef d’orchestre en tournée) - 9:26
    5. Don’t let me lose this dream (chanson écrite par Aretha et son mari) - 12:05
    6. Baby, baby, baby (chanson écrite par Aretha et sa soeur) - 14:28
    7. Dr. Feelgood (Love is a serious business) (chanson écrite par Aretha et son mari) - 17:22
    8. Good times (chanson écrite par Sam Cooke) - 20:45
    9. Do right woman, do right man (chanson écrite pour l’occasion par Dan Penn et Chips Moman, leur premier grand succès) - 22:55
    10. Save me (chanson écrite par Aretha et sa soeur, et King Curtis) - 26:11
    11. A change is gonna come (chanson écrite par Sam Cooke) - 28:32

    Le disque, son premier pour la marque Atlantic, devait être enregistré aux studios FAME de Muscle Shoals, Alabama en janvier 1967, avec Aretha Franklin au chant et au piano et les musiciens locaux, c’était l’idée de Jerry Wexler, le producteur.

    Le premier jour, seule la chanson titre fut enregistrée et, en fin de soirée, un trompettiste blanc (Ken Laxton) fit une remarque raciste. Exigeant des excuses et ne trouvant pas de solution satisfaisante, Aretha Franklin annula la session et rentra à New-York.

    Le disque fut donc terminé à New-York, mais avec les musiciens (sauf Laxton, bien sûr) d’Alabama que Wexler fit venir sans le dire à Rick Hall, le directeur des studios FAME.

    On y retrouve les influences majeures d’Aretha Franklin : Sam Cooke, Ray Charles, mais aussi un hommage à la jeune star montante du sud des Etats-Unis, Otis Redding. On y trouve aussi 4 titres co-écrits par Aretha elle-même.

    De retour à Muscle Shoals, et avec l’aide de Wexler, les musiciens ouvrirent leur propre studio d’enregistrement, Muscle Shoals Sound Studio...

    #Aretha_Franklin #Musique #Soul

    • Aretha Franklin, respect éternel
      Jacques Denis, Libération, le 16 août 2018
      http://next.liberation.fr/culture/2018/08/16/aretha-franklin-respect-eternel_1672542

      La reine de la soul est morte ce jeudi à 76 ans. De l’église de son père au sommet des charts, sa voix a inscrit dans la légende des dizaines de tubes et porté haut les causes du féminisme et des droits civiques.

      « J’ai perdu ma chanson, cette fille me l’a prise. » Quand il découvre Respect, une ballade qu’il a écrite pour son tour manager Speedo Sims, Otis Redding ne peut que constater les faits face à Jerry Wexler, le pape de la soul music au label Atlantic. Ce jour-là, le chanteur sait que le titre paru deux ans plus tôt, en 1965 sur l’imparable Otis Blue, lui échappe. Pas sûr en revanche qu’il puisse se douter alors que ce hit fera danser des générations entières, porté par la voix de la papesse soul. Combien de soirées où cet hymne au féminisme débridé aura fait se lever toutes les femmes et filles, prises d’un doux délire  ! « La chanson en elle-même est passée d’une revendication de droits conjugaux à un vibrant appel à la liberté. Alors qu’Otis parle spécifiquement de questions domestiques, Aretha en appelle ni plus ni moins à la transcendance extatique de l’imagination », analysera Peter Guralnick, l’auteur de la bible Sweet Soul Music.

      Enregistrée le jour de la Saint-Valentin, la version d’Aretha Franklin, morte jeudi à 76 ans, est effectivement bien différente de celle du « Soul Father », qui vantait les mérites de l’homme allant au turbin et méritant de fait un peu de respect en retour. La jeune femme se permet d’y glisser quelques saillies bien senties  : « Je ne te ferai pas d’enfant dans le dos, mais ce que j’attends de toi, c’est du respect. » Le tout boosté par un chœur composé de ses sœurs Erma et Carolyn qui ponctue de « Ooh  ! » et « Just a little bit », donnant à l’histoire les faux airs d’une conversation complice entre femmes. Et de conclure par un tranchant  : « Je n’ai besoin de personne et je me débrouille comme une grande. » La suite, tout du moins d’un point de vue artistique, donnera raison à celle qui devint ainsi pour la postérité tout à la fois l’une des égéries des droits civiques et la visionnaire pythie d’une libération des mœurs.
      Dix-huit Grammy Awards

      « Cette chanson répondait au besoin du pays, au besoin de l’homme et la femme de la rue, l’homme d’affaires, la mère de famille, le pompier, le professeur – tout le monde aspire au respect. La chanson a pris une signification monumentale. Elle est devenue l’incarnation du "respect" que les femmes attendent des hommes et les hommes des femmes, le droit inhérent de tous les êtres humains », analysera-t-elle a posteriori dans son autobiographie, Aretha : From These Roots.

      Sa reprise de Respect n’était pas le premier succès de la native de Memphis. D’ailleurs, à l’époque, ce ne sera que le deuxième 45-tours de son premier album sous pavillon Atlantic, précédé par I Never Loved a Man (the Way I Love You) qui donne son titre à ce disque. Mais avec ce tube, bientôt suivi d’une quantité d’autres, elle se hisse vers des sommets à hauteur des mâles blancs qui dominaient l’époque. Coup double aux Grammy 1968 – les premiers d’une très longue série, dix-huit au total –, la chanson truste les charts pop, quatorze semaines au top des ventes afro-américaines où la concurrence est alors plutôt sévère, et intronise la « Soul Sister » (surnom emprunté à son précédent disque) en reine du genre  : « Queen of Soul », pas moins. Elle ne sera jamais détrônée.

      Pourtant l’album enregistré entre Muscle Shoals, l’usine à tubes d’Alabama, et New York, où elle dut se replier avec quelques musiciens sudistes, fut accouché dans la douleur, tel que relaté par un autre biographe émérite d’Aretha Franklin, le Français Sebastian Danchin (Portrait d’une natural woman, aux éditions Buchet Chastel). Toujours est-il que le 28 juin 1968, elle fait la une de l’hebdomadaire Time  : un simple portrait dessiné d’elle, discrètement barré d’un explicite The Sound of Soul. Cette année-là, elle est juste derrière Martin Luther King en termes de ­notoriété.

      Atteinte d’un cancer et officiellement rangée des hits depuis début 2017, la grande prêcheuse du respect est morte cinquante ans plus tard à Détroit, à 76 ans, devenue pour l’éternité celle dont un président des Etats-Unis (pas le moins mélomane, Barack Obama) a pu dire  : « L’histoire américaine monte en flèche quand Aretha chante. Personne n’incarne plus pleinement la connexion entre le spirituel afro-américain, le blues, le r’n’b, le rock’n’roll – la façon dont les difficultés et le chagrin se sont transformés en quelque chose de beau, de vitalité et d’espoir. »
      Premier disque

      Avant d’en arriver là, tout n’était pas écrit d’avance pour cette fille de pasteur, née le 25 mars 1942 dans le Sud profond, où la ségrégation fait force de loi. Grandie dans le giron de ce père homme de foi, Aretha Louise Franklin trouve sa voix à l’église, comme souvent. Elle a pour premier modèle son paternel, personnalité aussi sombre à la maison qu’auréolée de lumière sur l’estrade  : le pasteur Clarence LaVaughn Franklin enregistre et publie ses gospels sur la firme Chess, fréquente les stars (Sam Cooke, Jackie Wilson, Art Tatum…), enchaîne les tournées, au risque de délaisser le foyer où les enfants se débrouillent comme ils peuvent. D’autant que leur mère, Barbara Siggers, « immense chanteuse gospel » selon la diva Mahalia Jackson, a quitté le foyer au lendemain des 6 ans d’Aretha.

      Sept années plus tard, l’adolescente grave son premier disque, avec le chœur de la New Bethel Baptist Church, le sanctuaire au cœur du ghetto de Detroit où son père célèbre sa mission sur Terre. L’année qui suit, elle accouche d’un premier enfant, suivant là encore les traces du prédicateur, par ailleurs fornicateur à ses heures  : une des demi-sœurs de la jeune Aretha est le fruit de relations illicites avec une paroissienne de 13 ans  !
      Ferveur inégalée

      Avant 18 ans, Aretha a déjà deux enfants. Autant dire un sérieux handicap pour qui entend faire carrière en musique. C’est pourtant la même, certes délestée des bambins qui se retrouvent chez mère-grand Rachel, qui est castée par le talent-scout John Hammond. Elle a 19 ans quand elle débarque à New York pour intégrer l’écurie Columbia, où la future Lady Soul – autre surnom absolument pas usurpé – est censée suivre le sillon creusé par Lady Day, la femme au chihuahua Billie Holiday. Las, l’histoire ne se répète jamais, et malgré d’indéniables talents et de petits succès dont un bel hommage à Dinah Washington, une de ses références avouées, et un recommandable Yeah où elle tente déjà de faire siennes quelques rengaines empruntées à d’autres, celle qui sera plus tard la première femme à rejoindre le Rock’n’roll Hall of Fame ne parvient pas à se distinguer dans le jazz. Jusqu’à ce qu’elle franchisse le Rubicon, en passant chez Atlantic où, outre Jerry Wexler, elle trouve en Arif Mardin un directeur musical à son écoute.

      « Quand je suis allée chez Atlantic Records, ils m’ont juste assise près du piano et les tubes ont commencé à naître. » Il ne faudra jamais oublier qu’à l’instar d’une Nina Simone, Aretha Franklin était aussi une formidable pianiste. La liste des classiques enregistrés en moins de dix ans donne le tournis  : Baby I Love You, (You Make Me Feel Like) A Natural Woman, Think, (Sweet Sweet Baby) Since You’ve Been Gone, Chain of Fools, Until You Come Back to Me… Entre 1967 et 1974, la porte-voix d’une communauté chante ou déchante l’amour, en mode énervé ou sur le ton de la confidence sur oreiller, portée par des arrangements luxuriants ou dans ce dénuement propre à magnifier les plus belles voix sudistes (de Wilson Pickett à Sam & Dave). Dans cette série qui ressemble à une irrésistible ascension, chacun a ses favoris  : Call Me, par exemple, pas forcément le plus gros succès, demeure une ballade pour l’éternité où elle fait valoir toute la classe de son toucher sur les noires et ivoire. A moins que ce ne soit I Say a Little Prayer, le cantique écrit par Burt Bacharach et Hal David pour Dionne Warwick (qui se le fera chiper), tout en légèreté laidback. Qu’elle flirte volontiers avec la pop, reste fidèle à l’esprit de la soul ou mette le feu au temple frisco rock Fillmore West dans un live mémorable avec le terrible saxophoniste r’n’b King Curtis, son directeur musical assassiné quelques mois plus tard, la voix d’Aretha Franklin transcende toujours les sacro-saintes chapelles avec une ferveur inégalée. Celle héritée du gospel, la genèse de tout, auquel elle rend un vibrant hommage en 1972 avec Amazing Grace, un office avec le révérend James Cleveland qui devient le premier disque du genre à réussir la jonction avec le public profane.

      La série va pourtant s’arrêter au mitan des années 70, alors que Jerry Wexler s’apprête à quitter la maison mère pour rejoindre Warner Bros. A Change Is Gonna Come, pour paraphraser la superbe complainte qu’elle a empruntée à Sam Cooke dès 1967. Le disco triomphe, et bientôt le rap qui saura lui rendre hommage, à l’image de Mos Def revisitant One Step Ahead ou de Lauryn Hill s’investissant dans The Rose Is Still a Rose. Orpheline de son mentor, Franklin elle-même quitte en 1980 Atlantic pour Arista. La chanteuse ne s’en remettra pas, alors même qu’elle parvient à toucher un public rajeuni en étant au générique des Blues Brothers. Elle y chante en femme de ménage (mais chaussée de mules en éponge roses  !) Think, hymne à la liberté et à la féminité affirmée haut et fort (encore).

      Ombre d’elle-même

      La scène d’anthologie marque les esprits, mais dans la vraie vie, Aretha Franklin n’aspire qu’à des productions de plus en plus pompières, qui masquent par leur outrance l’essentiel  : ses exceptionnelles qualités d’interprète. Les interventions de jeunes musiciens comme Marcus Miller ou Narada Michael Walden n’y font rien, même si avec ce dernier elle parvient une nouvelle fois à toucher furtivement la place de numéro 1 des charts r’n’b.

      Si elle se fait rare en studio, si elle ne marque plus l’histoire de la musique, elle n’en demeure pas moins une icône pour les nouvelles générations. George Michael s’adonne ainsi à un duo – une spécialité de la diva, qui sans doute trahissait déjà un réel manque de renouvellement – avec celle qu’il considère comme une influence majeure. Toutes les chanteuses de nu soul prêtent allégeance à la première dame, qui de son côté s’illustre dans la rubrique mondanités. Elle traverse ainsi les années 90 en ombre d’elle-même, caricature de ses grands millésimes, qu’elle fructifie. Elle n’en reste alors pas moins une figure que l’on met aisément en couverture, affichant des looks pas toujours raccords, et au premier rang des chanteurs de tous les temps selon Rolling Stone.

      De come-backs avortés en retours guettés par des fans toujours en demande, rien n’y fait. La star, rentrée vivre à Detroit, attise pourtant les désirs et envies des jeunes producteurs : André 3000 d’Outkast et Babyface mettent même un album en chantier, alors que l’année d’après, en 2014, le festival de jazz de Montréal la fait remonter sur scène. Longue robe blanche, cheveux blonds, elle assure le show.

      Trois ans plus tard, elle est encore en blanc, mais considérablement amaigrie, pour un gala au profit de la fondation Elton John, à New York. Plus que de résurrection, cela sonne comme un concert d’adieux. Néanmoins, on gardera plutôt en souvenir le dernier grand moment d’une carrière hors norme de cette chanteuse  : le 6 décembre 2015 lors des prestigieux Kennedy Center Honors, elle entre en scène en manteau de fourrure, voix aussi sûre que son doigté au piano, pour interpréter (You Make Me Feel Like) A Natural Woman devant le couple Obama, auquel elle avait déjà fait l’honneur de chanter lors de son investiture en 2009. Comme la révérence d’une voix pas ordinaire, en tout point populaire.

      Jacques Denis

    • « Aretha Franklin a chanté son époque, avec son époque, et pour son époque »
      Isabelle Hanne, Libération, le 16 août 2018
      http://www.liberation.fr/planete/2018/08/16/aretha-franklin-a-chante-son-epoque-avec-son-epoque-et-pour-son-epoque_16

      Daphne Brooks, professeure d’études Afro-américaines à l’université Yale, revient sur la figure d’Aretha Franklin et sa place dans l’histoire musicale et nationale.

      Daphne Brooks, 49 ans, professeure d’études afro-américaines à l’université Yale, écrit sur la question raciale, le genre et la musique populaire. Elle a ­notamment travaillé sur le parcours d’Aretha Franklin pour son ­livre Subterranean Blues  : Black Women and Sound Subcultures (à paraître) et a donné plusieurs conférences sur la Queen of Soul, qu’elle a rencontrée à l’occasion d’une lecture à Princeton qui lui était dédiée. Elle s’intéresse ­particulièrement aux moments où les artistes Afro-Américaines se retrouvent à la croisée entre les ­révolutions musicales et la grande histoire nationale, Aretha Franklin étant la figure ty­pique de ces intersections.
      Que représente Aretha Franklin pour vous  ? Quels sont vos ­premiers souvenirs d’elle  ?

      J’ai grandi dans les années 70 en Californie, dans une famille qui écoutait de la musique en permanence alors qu’elle avait déjà acquis le statut de « Queen of Soul ». Elle a toujours été omniprésente dans mon monde.
      Comment est-elle devenue l’un des objets de vos recherches  ?

      La musique d’Aretha Franklin, c’est le son de la conquête des droits ­civiques, du Black Power, ce ­mélange de joie, de blackness, ce sens de la fierté, notre héritage afro-amé­ricain. Elle a su trans­mettre cette beauté intérieure dans ses chansons.
      Quels sont les liens entre Aretha Franklin et le mouvement de lutte pour les droits civiques  ?

      Ils sont nombreux. Son père, C.L. Franklin, était ce pasteur très célèbre à Detroit et son église, la New Bethel Baptist Church, un haut lieu du combat pour les droits civiques. Il galvanisait un public noir à travers ses sermons diffusés à la radio pendant les années 50 [puis commercialisés sur disque, ndlr]. Il accueillait Martin Luther King lors de ses séjours à Detroit. Aretha Franklin a d’ailleurs accompagné ce dernier à plusieurs manifestations et chanté lors de ses funérailles. Mais cette connexion ne se limite pas à ces liens familiaux. Sa musique, elle aussi, s’inscrit dans ce contexte historique. Il y a, bien sûr, son ADN gospel. Et pas seulement  : Respect, la chanson écrite par ­Otis Redding mais réinterprétée par Franklin en 1967, une année pivot [l’année du « Long, Hot Summer », une série d’émeutes raciales], est devenue instantanément un hymne des droits civiques, de l’émancipation des Noirs, du Black Power et du mouvement féministe. Trois ans plus tôt, en 1964, elle avait déjà ­enregistré Take a Look, dont les paroles avaient fortement résonné lors du « Freedom Summer », cet été où des centaines d’étudiants ont risqué leur vie pour inscrire des Noirs sur les listes élec­torales du Mississippi [« Lord, what’s happening / To this human race  ? / I can’t even see / One friendly face / Brothers fight brothers / And sisters wink their eyes […] / Just take a look at your children / Born innocent / Every boy and every girl / Denying themselves a real chance / To build a better world. »] Dans sa musique elle-même, elle a su articuler ce chagrin et ce regard sur l’humanité si propre à la soul music.
      Vous dites qu’elle n’a pas seulement été une voix des droits ci­viques, comme Nina Simone, mais qu’elle a également eu un impact sur le féminisme afro-américain  ?

      Aretha a chanté son époque, avec son époque, et pour son époque. Avec des chansons comme Natural Woman, elle s’est aussi exonérée d’une certaine image pour se ­connecter au mouvement féministe moderne, au féminisme noir. Très tôt dans sa carrière, elle s’est donné le droit de chanter les tourments émotionnels des Afro-Américaines avec tellement de genres musicaux différents  : c’était son appel à l’action, à l’émancipation des Noires aux Etats-Unis. Elle a chanté la ­bande-son complexe de la femme noire qui se réinventait. Elle montre que cette dernière peut être un ­sujet doué d’émotions complexes, d’une volonté d’indépendance… Toutes ces choses qui ont été si longtemps refusées aux Afro-Américains aux Etats-Unis. Elle a vraiment été dans la droite ligne du Black Power  : désormais, les Noirs montrent qu’ils n’ont pas besoin de s’excuser d’exister.
      Elle a aussi été cette icône aux tenues extravagantes, luxueuses, en perruque et fourrure. Peut-on dire qu’elle a participé à façonner une certaine féminité noire  ?

      Oui, mais comme d’autres activistes ou artistes noires, telle Diana Ross par exemple, qui ont en effet développé cette image de la beauté noire glamour, somptueuse. Mais elle a également montré, dans les années 70, une image plus afrocentriste, avec des tenues plus sobres et une coiffure afro.
      A bien des égards, Aretha Franklin est une synthèse des Afro-Américains...

      Elle est née dans le Sud, à Memphis (Tennessee), mais elle a grandi dans le Nord, à Detroit, dans le Michigan. Sa famille a fait comme des millions d’Afro-Américains au milieu du XXe siècle  : ils ont déménagé du Sud vers le Nord, ce phénomène qu’on appelle la Grande Migration [de 1910 à 1970, six millions d’Afro-Américains ont émigré du sud des Etats-Unis vers le Midwest, le Nord-Est et l’Ouest, pour échapper au racisme et tenter de trouver du travail dans les villes indus­trielles]. Elle a aussi su faire la synthèse ­entre tous les genres musicaux afro-américains, de la soul au r’n’b, de la pop au jazz. Aretha Franklin fait partie, fondamentalement, de l’histoire des Noirs américains. Elle appartenait à cette génération d’Afro-Américains qui a sondé l’identité noire, qui venaient du Nord comme du Sud, urbains comme ruraux, passionnés de jazz, de blues, de r’n’b et de pop. Le tout en se battant pour faire tomber les murs de la ­culture Jim Crow [les lois qui organisaient la ségrégation raciale] à travers l’agitation sociale et la performance artistique.
      Isabelle Hanne correspondante à New York

  • Missing Link: Der Angriff auf das offene Internet und die Ethik des Netzes
    https://www.heise.de/newsticker/meldung/Missing-Link-Der-Angriff-auf-das-offene-Internet-und-die-Ethik-des-Netzes-4129

    Anstatt ein einzelnes Gesetz herauszugreifen, lassen Sie uns lieber über die grassierende Idee reden, dass verschlüsselte Netze knackbar sein müssen, um eine legitime Strafverfolgung zu erlauben. Die Strafverfolger haben hier ein echtes Problem. Ich bin selbst sehr dafür, dass Gesetze auch durchgesetzt werden können. Die meisten Gesetze sind sinnvoll und übrigens wollen die allermeisten Leute nicht, dass Dinge in die Luft gesprengt werden oder ähnliche schlimme Dinge passieren.

    Das Problem dabei ist, es geht nicht, und wir weisen immer wieder auf die technischen Gründe dafür hin. Wenn man die Möglichkeit sabotiert, sich im Netz über einen verschlüsselten Kanal zu verbinden, sodass ich sicher bin, dass ich auch mit der gewünschten Person kommuniziere, untergräbt man den Grundsatz eines sicheren, vertrauenswürdigen Netzes. Ohne diese Vertrauenswürdigkeit können wir die Vorteile, die das Netz zu bieten hat, nicht nutzen. Natürlich kann man sagen, ich nutze diese Vorteile immer dann, wenn ich sie nutzen will. Genau das funktioniert aber eben nicht. Weil man nicht weiß, ob man dann diese Vorteile dann noch kriegen kann. Das ist etwas, was wir sehr klar machen müssen.

    Traduction DeepL

    Au lieu de choisir une seule loi, parlons de l’idée répandue selon laquelle les réseaux cryptés doivent pouvoir être piratés pour permettre des poursuites légitimes. Les procureurs ont un vrai problème ici. Je suis moi-même très favorable à l’application des lois. La plupart des lois ont du sens, et la plupart des gens ne veulent pas que les choses explosent ou qu’il se passe quelque chose de mal.

    Le problème, c’est que ce n’est pas possible, et nous ne cessons d’en souligner les raisons techniques. Si vous sabotez la capacité de se connecter au réseau par un canal crypté pour que je sois sûr de pouvoir communiquer avec la personne que vous voulez, vous ébranlez le principe d’un réseau sécurisé et fiable. Sans cette confiance, nous ne pouvons pas profiter des avantages qu’offre le réseau. Bien sûr, vous pouvez dire que j’utilise toujours ces avantages quand je veux les utiliser. Mais c’est exactement ce qui ne fonctionne pas. Parce que vous ne savez pas si vous pouvez encore obtenir ces prestations à ce moment-là. C’est un point sur lequel nous devons être très clairs.
    #internet #politique #censure

  • 1er mai : deux nouvelles vidéos montrent l’implication de Benalla et Crase dans une autre interpellation
    Mediapart - 30 juillet 2018 Par Pascale Pascariello
    https://www.mediapart.fr/journal/france/300718/1er-mai-deux-nouvelles-videos-montrent-limplication-de-benalla-et-crase-da

    Mardi 31 juillet, Mediapart a reçu une seconde vidéo. Elle a été tournée à 16 h 53, soit une minute après la précédente, par un autre témoin qui souhaite garder l’anonymat. Il s’agit de la même interpellation réalisée par Alexandre Benalla et Vincent Crase. Le premier prend soin de remettre sa capuche sur la tête.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=zAKnCWT1iCA

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    Paris France 1 May 2018 Riot police arrests a man during a demonstration on the sidelines of the march for the annual May Day workers’ rally, in Paris, on May 1, 2018.


    https://www.alamy.com/paris-france-1-may-2018-riot-police-arrests-a-man-during-a-demonstration-on-t

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    Nicolas Offenstadt
    ‏ @Offenstadt

    L’exercice de la violence physique contre les opposants politiques sans mandat légal, ou avec le soutien implicite des institutions, est un des traits marquants du fascisme. Même si ce n’est pas la situation contemporaine, on ne voit pas en quoi il faudrait "passer à autre chose"
    https://twitter.com/Offenstadt/status/1023901823688761344

    cité par Par Edwy Plenel, 31 juillet 2018
    L’affaire Benalla est bien une affaire Macron
    https://www.mediapart.fr/journal/france/310718/l-affaire-benalla-est-bien-une-affaire-macron?onglet=full
    #Benalla

  • La république des « Fils de… » (1re partie) – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/07/29/la-republique-des-fils-de-1re-partie

    Frasques, voracité, prédation, succession… Rejetons conçus dans le dos de la République égalitaire, les enfants terribles de la nomenklatura sont les nouveaux seigneurs de cette« Algérie de papa », la version bâtarde de l’« Etat algérien restauré ». Pour désigner les fils de généraux et hauts gradés de l’armée, des services de sécurité, ministres, pontes de la haute administration…, l’humour populaire est intarissable de génie créatif : ouled al qiada, meqla, qaloi, chouaker, ouled douk douk, qemqoum, les rejetons des pontes font valoir chaque jour leur droit de cuissage sur les ressources du pays. De Toufik Benjedid à Saïd Bouteflika, de Adel Gaïd à Sid Ali Mediene, de Abdelmoumen Khalifa à Farid Bedjaoui, de Rym et Farès Sellal à Amine Zerhouni, de Réda Habour à Khaled Tebboune, des fils de Meziane au fils Ould Kaddour, des fille et fils de Saadani au fils Ould Abbès, de Amel Bouchouareb à Khaldoun et Sina Khelil…, des échantillons représentatifs de la caste de compradores et de fabricants d’hégémonie qui réécrit l’histoire d’un « seul héros, le pouvoir ». Plongée dans les dessous putrides de la reproduction en marche de la classe des dirigeants.

    Ils sont dans l’import-import (60 milliards de factures d’importation), dans l’immobilier (?), dans les « services » (12 milliards/an), dans la com’ et l’événementiel, les bureaux d’études, le consulting, les centres commerciaux et grandes surfaces, le catering, le contrôle et concessions automobiles, les franchises, les sociétés de gardiennage et de sécurité, 7 milliards de dollars que se partagent quelques sociétés appartenant à des généraux à la retraite et/ou en activité, comme celle d’un des fils de Gaïd Salah, Adel, et à des personnalités du gouvernement et de la haute administration, à l’image de Vigie Plus, société à 50 000 agents, apparentée au fils de l’ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Aucun créneau juteux, aucune opportunité d’affaires, aucun business florissant n’échappe à leur appétit vorace.

    Shootés à l’argent public, addicts aux privilèges et rente de « l’Etat pompeur », les « fils de » ont un « couloir vert » dans les ports, les tapis rouges des salons d’honneur, occupent des postes (fictifs de préférence, mais rémunérés en devises) dans les grandes compagnies (Air Algérie, Sonatrach…), postés dans les grandes capitales mondiales. Ils sont dans la diplomatie, dans les agences et organismes internationaux. Ils ont des ports secs pour cocaïne pure (fils du général Hamel) et quincaillerie de luxe, des flottes (navires de la Cnan rachetés en partie par Réda Habour).

    Ils sont dans le négoce des matières premières (Sina Khelil…), dans la distribution, souvent en situation de monopole (Mouloud Djebbar, fils du général M’henna Djebbar), « bien nés » et as du trafic d’influence, ils ont les clés des coffres-forts de l’Etat social, dépecés, en bandes organisées, lors des soirées banquet. D’affriolantes saisons algériennes pour une jet-set fâchée avec le Projet national et le principe d’égalité des chances.

    Boucherie du peuple vs caudillo du régime

    Kouba. « Marché des 13 salopards ». « La boucherie du peuple ». Il porte bien son nom, le très « modeste » magasin de Kamel « Le Boucher », gros sous-traitant présumé des cartels de la cocaïne, scellé depuis plus d’un mois. L’homme aux 701 kg de coke a entraîné dans sa chute spectaculaire deux caudillos du régime : Abdelghani Hamel et Menad Nouba, tout puissants patrons de la police et de la gendarmerie.

    Au ministère de la Défense, gros client de la viande importée par « le Boucher », deux généraux-majors, Boudouaour Boudjemaa, le directeur des finances, et Mokdad Benziane, directeur du personnel du MDN, sont éjectés, « admis à la retraite ». Le menu fretin (26 inculpés-1, le fils de l’ex-Premier ministre Tebboune) est envoyé au cachot. L’Algérie, ses attributs de pouvoir, ses autorités régaliennes, flirte dangereusement avec narco-Etat.

    Dans le Vieux Kouba, c’est encore la consternation. La colère. De l’incompréhension aussi. « Kouba, ce sont toutes ces personnalités qui ont fait l’histoire. De Ferhat Abbas qui y a vécu (en résidence surveillée) au colonel Mohamedi Saïd, de Cheikh Soltani à Ali Benhadj et j’en passe. Mais des ”cavés” comme ça, on en avait pas. » Yazid, spécimen de cette petite bourgeoisie de Kouba qui se sent « salie » par l’érection dans son paysage de ce sulfureux personnage. « Ce berani (étranger) qui a débarqué ici presque avec son seul vélo et qui s’achètera, en un temps record, pas moins de 26 villas. »

    A Alger, les gendarmes de la section de recherches ont mis au jour 22 promotions immobilières, dont les appartements de standing sont cédés à des hauts fonctionnaires de l’Etat. « L’homme aurait juré de raser toute la ville et de ne laisser au peuple de Kouba que l’Hôtel de la mairie pour ses papiers d’identité. » Au chemin Calvaire, dans le bas Kouba, il aurait offert quelque 130 milliards pour s’adjuger un djenane de 6000 m2. « La famille, une grande famille de militants nationalistes qui y résidait depuis plusieurs générations, voulait préserver la valeur patrimoniale de la résidence.

    Le Boucher ne voulait rien savoir. ”Dites-moi plutôt combien elle fait en longueur, combien en largueur et combien vous en voulez !” » Le Boucher a, selon ce riverain, mis tout le monde dans sa poche, « distribuant des cadeaux et liasses de billets par-ci, des kilos de viande par-là, offrant une voiture au commissaire, de petits pécules pour les fonctionnaires des mairies, de la daïra et de la wilaya et même des omra aux fidèles de la mosquée ».

    Le « gueux » quadra, fils d’un boucher venu de sa « gueuse » province de Palestro (Lakhdaria), s’est blanchi sous le harnais du pouvoir et de ses camorra. Sa résidence à Kouba, située en face du commissariat de police (qui n’a rien vu) ; les bureaux de ses sociétés à La Croix et à Aïn Naâdja ne désemplissaient pas de visiteurs de haut rang qui lui mangeaient avidement dans la main. « Les magistrats sont en train de compiler les écoutes téléphoniques et quelque 3 ans de vidéo-surveillance », rapporte la journaliste Salima Tlemçani, qui enquête sur l’affaire.

    Des enregistrements « compromettants pour la longue liste de personnalités civiles et militaires qui y apparaissent ». 30 ans après le scandale impliquant un des fils du président Chadli – en association avec un roturier du quartier La Montagne (Bourrouba) – dans la ruine d’une banque publique, l’affaire dite « Testosa » – du nom de la célèbre Ferrari Testarossa – a fait des « petits ». Beaucoup de « petits ».

    La patri Mohand Aziri e pour les riches, le patriotisme pour les pauvres

    Portrait d’un fils de… De l’élevage ovin dans les Hauts-Plateaux à la technologie de pointe, Lotfi Nezar est un entrepreneur aussi polyvalent que coriace. « Il est impitoyable en affaires », témoigne HKM*, un employé de SLC (Smart Link Communication), la « petite » boîte familiale devenue grande (plus de 150 employés), nichée au chemin Gadouche (Ben Aknoun) sur le domaine d’une ancienne coopérative militaire.

    PDG de la société, Lotfi, l’aîné, y est actionnaire au même titre que sa fratrie et son généralisme paternel, aussi président de son conseil d’administration. Pionniers dans la technologie wimax (solution internet haut débit par ondes hertziennes), les fils du général affichaient un carnet de commandes plein.

    Ses abonnés clients allant des ministères de la Défense, de la Santé, de l’Enseignement supérieur aux compagnies pétrolières (Becker, Schlumberger, Sonatrach…), les banques (BNP Paris Bas…), Alstom, Peugeot. « Une véritable machine à cash dont une partie des revenus générés est perçue en devise, en Espagne, notamment », décrit la gorge profonde. Le pouvoir, la réputation du père, le général Khaled Nezzar (sauveur de la République ou fossoyeur de son peuple, c’est

    selon), parmi les premiers promus sous Chadli au grade d’officier général, a fait exploser littéralement le plan de charge de la SPA, créée en 1997. « Aujourd’hui, les affaires tournent de moins en moins bien. A cause de la concurrence soutenue par deux autres fournisseurs de services, Anwar Net et Icosnet, tout aussi puissants et adossés à des pontes mais surtout à cause des déboires de la famille avec le clan présidentiel. » Le général a dû, selon la même source, rembourser quelque 40 milliards de crédits alors que d’autres ont vu leurs ardoises effacées. La patrie pour les riches, le patriotisme pour les pauvres.

    « Hna fi hna, el barani yasamhna »

    Déclinaison locale de « Entrepreneurs de progrès », la devise chère au FCE, le cercle des bonnes affaires sis à El Mouradia, au fond d’une impasse, rue Sylvain Fourastier, du nom du maire de Bir Mourad Raïs dans les années 1940. C’est ici, dans la proximité charnelle du pouvoir et de l’argent, à quelques centaines de mètres du Palais présidentiel, que se trouve la fine fleur du CAC 40 algérien, les Kouninef, Bairi, Mazouz, Benabdeslam, Benamar, Tahkout et consorts, empires biberonnés aux marchés publics.

    « 150 millions pour réserver sa place à la table du Premier ministre. » H. Imad*, témoin ulcéré par les turpitudes de cette business class « made in bladi », jeune loup de la finance, a été dans le staff de Ali Haddad, le président du Forum des chefs d’entreprise, le FCE. « Self made man » comme sait en « fabriquer » à la chaîne le cercle présidentiel, le patron du groupe ETRHB, petite société de BTP fondée en 1997, est propulsé, 20 ans après, à la tête d’un empire engrangeant quelque 400 millions de dollars de revenus annuel (Forbes). « Rebrab ? C’est rien. Mon chiffre d’affaires à moi, c’est 5 à 6 fois plus », se vanterait Ali Haddad.

    Le groupe Cevital, propriété d’Issad Rebrab, affiche un chiffre d’affaires de 3,5 milliards de dollars. Agence parapublique orientée vers la captation des contrats publics, le FCE possède sa version « fils de ». Jil FCE, ce pouls de jeunes entrepreneurs connectés aux centres de décisions. Comme Allégories, la boîte de com’ et événementiel, drivée par le tandem Lourari/Marhoun Rougab, fils de Mohamed Rougab, secrétaire particulier du président Bouteflika.

    C’est Allégorie qui, le 3 décembre 2016, a organisé, pour le compte du FCE, le Forum africain d’investissements et d’affaires au Centre international de conférences (CIC) et qui a tourné au fiasco. Ce jour-là, le gouvernement Sellal, arguant les « entorses au protocole », se retira, sous les regards médusés de centaines d’invités étrangers. « Tout n’a pas été dit sur cette affaire du CIC, raconte Imad. Il y avait une forme de mise en scène, puisque le gouvernement était la veille en possession du programme des interventions et aurait pu décliner sa participation. »

    Les enjeux se superposaient, selon lui. Dans les coulisses du CIC, aux manettes, ce fut Saïd Bouteflika, tout puissant frère et conseiller plénipotentiaire du Président. « Il fallait à la fois happer le destin de Lamamra, le MAE qui était présidentiable, saper l’autorité du gouvernement au profit d’un patronat paraissant tout puissant, et troisio, renverser la table des négociations des contrats qui s’amorçaient dans la salle (…). »

    Jeunesse dorée, jeunesse offshore

    De SwissLeaks à Panama Papers, une orgie à coups de centaines de millions de dollars. Les listings des propriétaires algériens de comptes dans les banques suisses (HSBC) et de sociétés offshore au Panama renseignent sur la fraude à grande échelle et sur les pratiques des faunes au pouvoir. Le scandale planétaire des Panama Papers est aussi celui de cette caste d’Algériens dont les fortunes mal acquises transhument à travers les paradis fiscaux, lavées, blanchies, « réinvesties ».

    Des Îles Vierges britanniques au Panama, des îles Caïman à la République suisse, de la Barbade à Maurice, de Hong Kong à Dubaï, la toute nouvelle plaque tournante du blanchiment de l’argent algérien. Aux Emirats, une société offshore, c’est 30 000 dollars de capital avec droit de succession garanti pour les ayants droit en cas de décès du propriétaire.

    Dans les Panama Papers, les Algériens y sont souvent en famille : les Khelil (Chakib), père, épouse et fils, les Sellal (père et fille), les Bouchouareb, les Habour, les Chadli, les frères Bedjaoui, les Zerhouni – entre autres cités –, paraissant en qualité de propriétaires, bénéficiaires et/ou ayants droit de sociétés offshore. Journaliste d’investigation, membre du réseau ICIJ – le Consortium international des journalistes d’investigation qui révéla le scandale Panama Papers –, Lyès Hallas a eu accès à certains documents fuités de la société fiduciaire panaméenne Mossack Fonseca.

    Ne se distinguant ni par des « compétences reconnues » ni par un « savoir-faire particulier », les « fils de », observe le journaliste, excellent par contre dans la « fructification des carnets d’adresses » de leurs parents, dans la mise en relation d’affaires d’entreprises étrangères intéressées par le marché algérien. Ils sont dans « l’intermédiation internationale ».

    Farid Bedjaoui, neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères, est de ceux-là. « Ce ne sont certainement pas les 75 000 dollars canadiens de revenus annuels générés par son ancienne société de négoce qui ont permis à Bedjaoui de s’offrir des tableaux de Salvador Dali ou des biens immobiliers à Montréal et à New York, mais, les placements de Sonatrach.

    Pourquoi n’a-t-il pas pu décrocher la gestion des portefeuilles de BP ou ExxonMobil, génie en placements financiers qu’il est ? » Impliqué dans les affaires Saipem, Sonatrach, SNC Lavalin (suit une longue liste), Farid Bedjaoui passe pour celui qui sait ouvrir les portes blindées des décideurs algériens, sécurisant, via un système de commissions/rétro-commissions, les gros contrats de compagnies étrangères.

    « Le drame de ce pays est que son élite dirigeante n’imagine pas son avenir, l’avenir de ses enfants, en Algérie. Son principal souci est de trouver des alternatives pour financer l’éducation, les soins ou s’offrir une douce retraite à l’étranger, parce que les salaires perçus ne sont pas en mesure de prendre en charge son train de vie. Comment un Pdg de Sonatrach qui touche 300 000 DA de salaire mensuel pourrait s’acheter une résidence à Neuilly-sur-Seine ? »

    Les Gated communities du Mont Sidi Yaya

    Mont Sidi Yaya… Hydra. Le « Beverly Hills » algérois, une houma branchée au grille-pain et à la compteuse à billets, n’a rien d’un quartier pour ouled bouchia. Gosses de riches, gosses de maqla (pontes) et résidus du lumpenprolétariat s’y côtoient intimement dans ce lit d’oued (oued Hydra) où la jet-set s’est offert, par flots d’argent ininterrompus, son quartier de « luxe »…

    Enfant de la cité Sellier, populace suspendue aux flancs des Crêtes, Nadir a vu le quartier se transfigurer. En seulement quelques années d’économie de bazar. « Vous voyez ce pâté de villas, désigne-t-il de la main. Elles appartiennent toutes à des généraux. Le terrain sur lequel elles sont construites devait accueillir à l’origine une coopérative pour enseignants. » Banques étrangères, restaurants sélects, magasins de grandes marques, Sidi Yahia est le quartier des affranchis du pouvoir et des franchises qui prolifèrent.

    Malgré les nombreux interdits dressés par la Banque d’Algérie qui proscrit le transfert des royalties au franchiseur (la maison mère détentrice de la marque). Comment s’y prennent-elles ? « D’abord, elles appartiennent toutes à de hauts responsables et/ou à leurs enfants, ensuite, elles contournent les obstacles de la BA en gonflant le prix d’achat ou en transférant les devises sous le prétexte de l’assistance technique. »

    Tout autour du quartier chic, des résidences gardées. Un phénomène urbanistique en pleine expansion. Des Gated Communities où gent aisée et gent du pouvoir s’inventent un « entre-soi », loin des masses qui menacent. Safar Zitoun Madani, spécialiste en sociologie urbaine, ne hurle pas au loin pour autant. Les Gated Communities sont un phénomène « universel ». De la Chine « communiste » à l’Afrique du Sud, du Maroc aux Etats de l’Amérique latine. Une tendance mondiale. L’implantation de ces bunkers hautement sécurisés renseigne toutefois sur les inégalités qui s’accroissent dans un pays. Des inégalités qui ne sont pas toujours justifiées d’un point de vue économique.

    Des « inégalités un peu honteuses » et un « enrichissement pas très transparent ». « Dans le cas algérien, dit le sociologue, il faut un peu le relativiser. Car ce qui le caractérise, c’est qu’avant l’indépendance, nos villes étaient extrêmement inégalitaires du point de vue de la répartition des populations dans l’espace. Il y avait d’un côté les quartiers européens, les quartiers mixtes et les quartiers musulmans où résidaient la majorité des Algériens.

    A l’indépendance, cette structure ségrégationniste, inégalitaire, a complètement explosé. Nos villes se sont mélangées, des populations d’origines modeste, moyenne, ont occupé des habitations situées dans les quartiers européens. Aujourd’hui, ce que l’on constate, c’est que les élites, notamment celles qui disposent des ressources, ne se retrouvent plus dans ce mélange. Alors, elles inventent des espaces d’entre-soi.

    On revient, en quelque sorte, contre l’absence de ségrégation, et par des formes inédites, à une nouvelle façon de ségréguer, de se séparer des autres. » Loin du Fahs algérois, la proche campagne d’Alger, naguère prisée par les bourgeoisies coloniales, ottomane et française, les quartiers de l’ancienne plaine de la capitale sont en plein dans le processus de « gentrification », mot désignant ces quartiers de la noblesse anglaise qui étaient à l’origine des quartiers populaires d’origine sociale modeste.

    Les opérations de relogement, de résorption de l’habitat précaire, menées au pas de charge, sur fond de spéculation foncière, immobilière, vident le Vieil Alger de sa population, au profit d’une autre. « Ce sont des processus sociologiques très courants. Ces quartiers, pour des raisons pratiques, leurs positions dans la ville, la présence d’opportunités, attirent une clientèle qui prend une coloration sociale bien particulière (…).

    Progressivement donc, il y a un remplacement de population. » Dans ce processus, précise le spécialiste, l’Etat n’y est pour rien : « Il n’y a pas de volonté derrière, pas de deus ex machina, pour délimiter les quartiers des riches des quartiers pauvres. Ce sont des processus objectifs. » Dans le plan d’urbanisme d’Alger, explique-t-il, qui n’est pas « ségrégatif », la volonté de vider les quartiers populaires n’y est pas.

    « Même si derrière un certain vocabulaire très technique, il y a la possibilité de comprendre que telle zone, par exemple, est destinée à une population fortunée. Mais il n’y a pas de volonté de déloger les gens du centre-ville, les populations pauvres et modestes pour la périphérie. Dans les plans, il n’y a rien de cela, dans la pratique, avec les opérations de relogement en cours. Effectivement, pour certains bidonvilles du centre-ville d’Alger, les populations sont relogées en périphérie. Est-ce qu’il y a une volonté de déportation de ces populations ? (…) »                                                                                                    Mohand Aziri                                                                                                                                                               https://www.elwatan.com/edition/actualite/la-republique-des-fils-de-1re-partie-28-07-2018

  • Suite aux belles chansons d’hier soir :
    Sur les stéréotypes masculins, on peut écouter Reinhart Mey : « Männer im Baumarkt » (« Hommes au supermarché de bricolage »)
    https://www.youtube.com/watch?v=QjiA1LCX3VM


    qui dit en résumé :
    Pendant que leurs compagnes garent dehors la voiture, les hommes dans les supermarchés de bricolage, subjugués par l’offre d’outils et accessoires en tout genre, perdent les pédales, et avec leur regard qui dit « rien n’est impossible » (« geht nicht gibts nicht »-Blick) finissent par tout percer et massacrer. C’est une vraie pulsion qui les pousse à acheter les objets les plus farfelus, même à les offrir à leurs femmes.

    Selbst ist die Frau !
    Quand ces bricoleurs posent une étagère ou une plinthe, ils se sentent donc mâles, moi, quand je coule des dalles en béton armé, monte des murs en agglos, pose des parois en BA13, du carrelage ou du plancher, je me sens tout simplement… moi.
    Il y a dix ans, quand j’ai apporté ma perceuse, une grosse metabo, à réparer le vendeur s’est tordu de rire. Aujourd’hui, en Allemagne, les supermarchés Obi, Bauhaus, Toom, etc. ont découvert les femmes comme cibles marketing et proposent même des workshops pour femmes… La marque nord-américaine Tomboy s’est spécialisée sur ce secteur avec des outils ridiculement rose barbie. En Europe, plus en phase avec l’attente de sérieux des clientes, les fabricants développent des outils plus légers, ou, par exemple, des plaques de plâtre de format compact.
    Car, n’oublions jamais : outre notre maternité potentielle ou effective et leur organe sexuel extériorisé, c’est leur force physique que les hommes instrumentalisent pour perpétuer leur domination sur les femmes.
    Aujourd’hui, j’ai une petite metabo, plus maniable et tout aussi efficace, et je l’aime beaucoup ;)

    #stéréotypes #non_émancipation_masculine #bricolage

    • Merci @nepthys pour cette découvert, traduction et commentaires sur cette #chanson , la #virilité et le #bricolage
      Pour le BTP le fait que ça soit une prérogative masculine correspond à la répartition des taches expliqué par Paola Tabet. Les hommes gardent les postes clés (ici construction) et les femmes exécutent les taches intermédiaires (le ménage, invisible et nécessaire a la préservation de l’habitat).

    • Si je comprends bien, entre Tabet (couple=échange économico-sexuel) et Kant (couple=acte par lequel deux personnes s’accordent la propriété réciproque de leurs organes sexuels), il faut choisir...
      Pour le bricolage, on peut aussi parler de création : avec ses outils, l’homme crée (le toit, le nid, l’abri)/la femme ne crée rien (l’irresponsable !)

    • MÄNNER IM BAUMARKT

      Sie hasten suchend durch die Enge
      Endloser, düsterer Gänge,
      Gehn verloren im Gedränge.
      Wie Hänsel und Gretel im Walde verirrt,
      Ihr Blick voller Zweifel, ihr Sinn verwirrt.
      Sind sie ganz der Welt Entrückte,
      Sind sie traurige Bedrückte,
      Verzweifelte, Gramgebückte?
      Sind sie stumm verzückt Beglückte,
      Oder einfach nur Verrückte?

      Männer im Baumarkt,
      Während draußen die Frau parkt,
      Stehn vor kleinen Monitoren
      Mit offnem Mund und roten Ohren,
      Lernen Fräsen, Schleifen, Bohren.
      Folgen wachsam der Belehrung,
      Wie man Winkelholz auf Gehrung
      Sägt und wie man Zargen genau zargt -
      Männer im Baumarkt.

      Sie schieben große Einkaufswagen,
      Müssen viele Tüten tragen,
      Müssen viele Fragen fragen.
      Sind stets auf der Suche nach dem nächsten Kick
      Mit diesem verwegnen „geht nicht gibts nicht"-Blick
      Bohrn sie furchtlos und behende
      Löcher in Tische und Wände,
      Überschwemmen, legen Brände,
      Und bringen nie etwas zu Ende -
      Sind so kleine Hände!

      Männer im Baumarkt,
      Während draußen die Frau parkt,
      Treibt ein unbänd’ges Verlangen,
      Gierig mit glühenden Wangen
      Zu Kneif-, Flach- und zu Rohrzangen.
      Kuscheln mit Gartengeräten,
      Träumen vom Hacken und Jäten
      Und daß den Rasen die Frau harkt.
      Männer im Baumarkt.

      Sie sind Säger, sie sind Sammler,
      Einsame Jäger und Rammler,
      Sie sind Schräger, sie sind Stammler.
      Heimwerker sind sanfte Träumer,
      Stille Steckenpferdaufzäumer,
      Nie den Arbeitsplatz Aufräumer.
      Selten gelobt und bis heut nie besungen,
      Fragen nicht nach Risiken und Nebenwirkungen,
      Belächelt, verspottet, verhöhnt von vielen.
      Aber sie tun doch nichts - sie wolln doch nur spielen.

      Männer im Baumarkt - cha cha cha -
      Während draußen die Frau parkt,
      Können es einfach nicht lassen,
      An den Schlangen vor den Kassen
      All die Schnäppchen anzufassen.
      Und da kauft Klaus für Malene
      Noch einen Klappstuhl ohne Lehne.
      Jürgen kauft sich für Ina
      Den bill’gen Werkzeugsatz aus China.
      Marco kauft für Maria
      Diesen schicken Schraubenzieher.
      Helge kauft für Nicole
      Die große Isolierbandrolle.
      Bodo kauft für Belinda
      Ein Sortiment Kabelbinder.
      Reinhard kauft für Hella
      Einen Winkelschleifervorsatzteller
      (den wünscht sie sich so sehr!)

      Männer im Baumarkt
      Muß die Freiheit wohl grenzenlos sein -
      Alle Nägel, alle Schrauben, sagt man,
      Man muß nur ganz fest dran glauben und dann
      Würde, was uns klein und wacklig erscheint,
      Riesengroß und bricht ein!

      http://www.songtexte.com/songtext/reinhard-mey/manner-im-baumarkt-13e3e941.html

    • #Geht_nicht_gibt's_nicht
      est le titre de la traduction allemande du livre de Richard Branson, Screw it, let’s do it. Lessons in life., 2006
      (apparemment, pas de traduction française)

      La clé de la réussite : « S’en foutre et le faire ! » (Richard Branson - dyslexique, mauvais élève, et entrepreneur milliardaire)
      http://www.gautier-girard.com/dossiers-entrepreneurs-et-managers/lentrepreneur-le-manager-et-la-reussite/cle-reussite-entreprise-richard-branson

      De passage à Paris, Richard Branson a multiplié les interviews pour assurer la promotion d’une nouvelle offre de Virgin Mobile. L’entrepreneur milliardaire a également livré la devise qui l’a guidé toute sa vie : “Screw it. Let’s do it !” (traduction : “On s’en fout. Fais le !” ).

      Son idée est simple : ne pas tenir compte des obstacles réels ou supposés et foncer pour faire ce que l’on a envie de faire. Il ne s’agit pas d’être inconscient mais simplement d’oser aller de l’avant et prendre des risques (calculés). Quitte à connaître parfois des déconvenues.

      Richard Branson sait de quoi il parle. Il est dyslexique et il a été un très mauvais élève (il a d’ailleurs arrêté ses études à 16 ans).

      A 13 ans, il a quand même créé sa première entreprise : il tente de créer une plantation de sapins qu’il veut ensuite revendre à Noël. Premier échec.

      Il continue en essayant d’élever des perruches ondulées. Deuxième échec.

  • Henri Tachan - Les Z’hommes (1975) - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=M39-eHQIi5w

    Font leur pipi contre les murs, Quelquefois mêm’ sur leurs chaussures, Pisser debout ça les rassure, Les z’hommes, Z’ont leur p’tit jet horizontal, Leur p’tit syphon, leurs deux baballes, Peuv’ jouer à la bataill’ navale, Les z’hommes, Z’ont leur p’tit sceptre dans leur culotte, Leur p’tit périscop’ sous la flotte, Z’ont le bâton et la carotte, Les z’hommes, Et au nom de ce bout d’bidoche Qui leur pendouille sous la brioche, Ils font des guerres, ils font des mioches, Les z’hommes... Ils se racontent leurs conquêtes, Leurs péripéties de braguette, Dans des gros rir’ à la buvette, Les z’hommes, Ils se racontent leur guéguerre, Leurs nostalgies de militaires, Une lalarme à la paupière, Les z’hommes, Virilité en bandoulière, Orgueil roulé en band’ moll’tières, Agressivité en œillères, Les z’hommes, Ils te traiteront de pédé, De gonzesse et de dégonflé, A moins qu’tu n’sort’ dehors si t’es Un homme... Z’aiment les femmes comme des fous, C’est si pervers mais c’est si doux, « Enfin quoi ! c’est pas comm’ nous, Les z’hommes », Z’aiment les femmes à la folie, Passives, muett’ mais jolies De préférence dans le lit, Des z’hommes, Au baby-room ou au boudoir, A la tortore ou au trottoir, Z’aiment les femmes sans espoir, Les z’hommes, Prostituées ou Pénélopes, Apprivoisées ou antilopes, « Toutes les femm’ sont des salopes » Pour les z’hommes... C’est en quatre vingt treiz’, je crois, Qu’ils ont tué la femme du roi Et la déclaration des Droits De l’Homme, C’est depuis deux mille ans, je pense, Qu’ils décapitent en silence Les femmes d’ailleurs et de France, Les z’hommes, Z’ont abattu les Thibétaines, Z’ont fricassé les Africaines, Z’ont indigné les Indiennes, Les z’hommes, Z’ont mis le voile aux Algériennes, La chasteté aux châtelaines Et le tablier à Mémène Les z’hommes... Excusez-moi, mais ell’ me gratte, Ma pauvre peau de phallocrate, Dans la région de la prostate Des z’hommes, Excusez-moi, mais je me tire, Sans un regret, sans un soupir, De votre maffia, votre empire Des z’hommes, A chacun sa révolution, Aurais-je seul’ment des compagnons Qui partagent l’indignation D’un homme ? A chacun sa révolution, Aurais-je seul’ment trois compagnons Qui partagent l’indignation D’un homme ?

    VIA https://www.binge.audio/victoire-repond-a-vos-questions

  • “I Was Devastated”: Tim Berners-Lee, the Man Who Created the World Wide #Web, Has Some Regrets | Vanity Fair
    https://www.vanityfair.com/news/2018/07/the-man-who-created-the-world-wide-web-has-some-regrets

    Tim Berners-Lee déplore les dérives du Web mais ne baisse pas les bras
    https://www.lesnumeriques.com/vie-du-net/tim-berners-lee-deplore-derives-web-mais-ne-baisse-pas-bras-n75959.ht

    Sir Tim Berners-Lee est triste, et il vient de le faire savoir à l’occasion d’une interview accordée à Vanity Fair. Reconnu comme « l’inventeur d’#Internet », il reconnaît avoir eu très tôt des doutes quant au potentiel néfaste de sa création, et ne peut que constater aujourd’hui que ses craintes étaient fondées. « Le Web était censé servir l’humanité, mais c’est un #échec sur de nombreux points », regrette-t-il. Alors que plus de la moitié des êtres humains devraient avoir accès à Internet d’ici à la fin de l’année, ce qui devrait être un motif de satisfaction immense pour Tim Berners-Lee, il déplore que son invention ne soit plus synonyme de partage de connaissances et de relations humaines.

    En début d’année, il s’interrogeait déjà : « Sommes-nous sûrs que le reste du monde veuille réellement avoir accès à Internet, tel qu’il est aujourd’hui, synonyme de #surveillance et d’#abus en tous genres, avec des internautes pris en otages du bon vouloir d’une poignée d’acteurs qui contrôlent tout ». Le scandale Cambridge Analytica, la prolifération des fake news, la mainmise de plus en plus forte des #GAFAM sur l’économie du Web sont autant de paramètres qui ne font qu’accentuer son indignation.

    Une impasse ? « Non », répond Tim Berners-Lee, qui ne rend pas les armes et espère que — pour le bien commun — il soit encore possible de modifier la trajectoire d’Internet, en le « réparant », tout simplement. « Les problèmes que doit affronter le Web sont complexes et immenses, mais il faut que nous regardions cela comme s’il s’agissait de simples bugs. Les problèmes et erreurs créés par les hommes peuvent être réparés par les hommes, avec de la bonne volonté », estime-t-il. Pour réparer Internet, il n’est pas nécessaire que tout le monde maîtrise le code informatique, et donc comprenne techniquement les problèmes évoqués par Tim Berners-Lee dans son analogie. « Il faut juste savoir s’interposer quand les choses vont trop loin. Si les gens pensent que la dérive du Web est trop forte, alors je les encourage à descendre dans la rue avec leurs pancartes [...] Peu importe comment, il faut agir », invite-t-il.

    Précisons que depuis un peu plus d’un an, Tim Berners-Lee travaille avec une équipe sur Solid, une palette d’outils en développement au MIT qui permettraient aux internautes de mieux contrôler leurs données personnelles en maîtrisant leur stockage et les droits qui y sont associés. « Le but du projet est de changer radicalement la manière dont les applications Web fonctionnent aujourd’hui, débouchant sur une vraie possession de leurs données par les utilisateurs ainsi qu’une meilleure maîtrise de leur #vie_privée », peut-on lire sur le site dédié.

  • Build an E-Commerce Progressive Web App with GatsbyJS
    https://hackernoon.com/build-an-e-commerce-progressive-web-app-with-gatsbyjs-dc811ec2b9d4?sourc

    Photo by Yiran Ding on UnsplashI tried buying a t-shirt on my phone the other day.First, I get redirected to a http://m.thatsite.com URL.Mobile site loads…Content finally appears, along with a fullscreen pop-up:Download our mobile app for a better shopping experience!I tap the link. App store loads…Bad reviews, blurred screenshots, 50 MB. SighI close both app store and browser.This familiar, sketchy shopping experience could have been avoided.How? With progressive web app e-commerce.Progressive Web Applications (PWAs) have been on the rise these last years. Solid PWA examples are popping up everywhere, and for good reasons.They encourage an inclusive, global, adaptative approach to web development. They make sense both from a user AND a business POV, as we’ll see in this piece. Frameworks like (...)

    #ecommerce #javascript #app-development #progressive-web-app #web-development

  • Le loser magnifique
    https://blog.monolecte.fr/2018/07/15/le-loser-magnifique

    Je ne sais pas pour vous, mais j’en ai un peu marre des superhéros. En fait, j’en ai même marre tout court du monde superlatif dans lequel on nous force à cavaler comme le hamster dans sa roue. On se croirait dans une fausse pub pour de la lessive qui lave toujours plus blanc.

  • https://mrairplaneman.bandcamp.com/track/slippery

    Margaret Garrett (chant-guitare) et Tara McManus (batterie-claviers) forment leur duo en 1996 à Boston. Un nom mystérieux qui fait référence à un titre de Howlin’ Wolf . Un clin d’œil appuyé à leur obsession pour le #rock’n’roll, obsession entretenue depuis leurs années de collégiennes. Elles commencent à jouer dans la rue et enregistrent leur premier album dès 2001. Vite repérées par John Peel (les fameuses Sessions), elles partagent la scène avec les White Stripes, The Strokes, tournent avec Morphine et travaillent avec Greg « Oblivian » Cartwright. Leur musique est adoptée par de multiples programmes TV (dont « The L World ») mais aussi par le cinéma.

    http://beastrecords.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=281&Itemid=47
    https://mrairplaneman.bandcamp.com/track/cmon-dj


    https://mrairplaneman.bandcamp.com
    http://www.mrairplaneman.com
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=191&v=sWH1wKQ2_WQ

    #Mr.Airplane_Man #bandcamp #Beast_rds

  • L’animal qui s’auto-illusionne
    http://www.dedefensa.org/article/lanimal-qui-sauto-illusionne

    L’animal qui s’auto-illusionne

    « Je ne suis pas un animal, je suis un être humain ! », est une phrase célèbre du film de David Lynch, The Elephant Man, encensé par la critique, qui raconte l’histoire de Joseph Merrick, un homme gravement déformé atteint du syndrome de Protée au XIXesiècle à Londres. Ce film était basé en partie sur une étude de l’anthropologue Ashley Montagu, L’homme éléphant : Une étude sur la dignité humaine(1971). Cette fameuse citation a ensuite donné naissance au titre de la comédie noire I Am Not An Animal de Peter Baynham, sortie en 2004, sur des animaux qui se sont échappés d’un laboratoire de vivisection et ont tenté de survivre aux côtés des humains dans le grand monde cruel.

    Chaque fois que les humains sont réduits à un état animal, c’est la porte ouverte à la tragédie. Chaque fois (...)

  • #Grèce. Victoire pour des cueilleurs de fraises victimes de #traite, contraints au #travail_forcé et visés par des tirs

    Après la victoire remportée à la Cour européenne des droits de l’homme aujourd’hui, jeudi 30 mars, par un groupe d’ouvriers bangladais, employés à la cueillette des fraises, sur lesquels leurs employeurs avaient ouvert le feu parce qu’ils réclamaient le versement de leurs salaires impayés, la directrice adjointe du programme Europe d’Amnesty International, Gauri van Gulik, a déclaré :

    « La décision rendue aujourd’hui est importante pour ces personnes et pour leur famille en ce qu’elle reconnaît la légitimité de leur action. Elle contribuera, nous l’espérons, à prévenir de futures atteintes aux droits fondamentaux. »

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2017/03/greece-victory-for-strawberry-pickers-trafficked-into-forced-labour-and-sho

    –-> c’était mars 2017. Signalé par @isskein via la mailing-list Migreurop

    #exploitation #travail #fraises #traite_d'être_humains #esclavage_moderne #migrations #agriculture

    • Sur le même sujet, dans le New York Times...

      Greek Foremen Sought in Attack on Migrant Workers

      The police in the southern Peloponnese region of Greece on Thursday were seeking three supervisors of a strawberry farm accused of firing on a large group of Bangladeshi workers who had demanded unpaid wages, wounding 28.

      http://www.nytimes.com/2013/04/19/world/europe/greek-foremen-sought-in-attack-on-bangladeshi-migrant-workers.html?ref=worl

      Avec la photo d’un ami photographe grec, Giorgos Moutafis :

    • Fraises de saison

      Notre société émiettée, et sur la voie étroite de l’anthropophagie structurelle et structurante, remplira bientôt tous les critères de l’âge nouveau. C’est ainsi qu’à Manolada dans le Péloponnèse, des immigrés travaillant dans la production de la fraise... décidément de saison, qui ont osé réclamer leurs salaires impayés depuis six moins à leur patron néo-esclavagiste, ont été blessés, dont quatre grièvement. Les faits se sont déroulés mercredi 17 avril au soir, lorsque des hommes armés et chargés de superviser le travail des immigrés, ont ouvert le feu sur ces derniers. Les surveillants, ont utilisé des carabines pour disperser les travailleurs immigrés, deux cent personnes environ ainsi rassemblés réclamant leurs soldes. Temps de crise, aussi vécu et pratiqué via ses... authentiques rapports entre le capital et le travail, en passant par le racisme récurent, ce dernier, notons-le, n’aura pas attendu la crise pour agir... comme un grand.

      Car il faut souligner que l’esclavagisme et donc le racisme ordinaire ne sont pas à leurs débuts à Manolada, des faits avérés allant dans ce très mauvais sens, datent déjà de plusieurs années. Depuis jeudi matin, l’affaire de Manolada occupe tous les médias. Il y a eu même des appels, grecs et internationaux, pour enfin boycotter ces “fraises ensanglantées”. D’après le reportage du jour, à travers le quotidien Elefterotypia par exemple, “Des scènes de tentative d’assassinat en masse se sont déroulées mercredi, dans un champ pour esclaves à Manolada, dans la région d’Ilia, lorsque trois surveillants-argousins, pour le compte d’un propriétaire-producteur des fraise de la région, ont ouvert le feu sur des dizaines de travailleurs originaires du Bangladesh, ces derniers, exigeaient le versement de leurs salaires qui n’ont pas été versées depuis de six mois. Au moins 34 travailleurs ont été hospitalisés, tandis que deux hommes ont été arrêtés ce matin dans le village d’Ilia Pineias, pour avoir abrité et ainsi leur fournir une cachette, à deux des gardiens recherchés et auteurs présumés des faits. Sept travailleurs étrangers restent hospitalisés dans les hôpitaux de Pyrgos et de Patras, portant des blessures causées par de coups de feu qui étaient hier, dont un, en état critique mais stable. Trois immigrés légèrement blessés, restent sous observation à l’hôpital universitaire de Patras pour des raisons purement préventives. Ces ouvriers agricoles, n’avaient pas été payés pendant six mois exigé, c’est ainsi qu’ils ont exigé leurs soldes auprès de leur employeur mercredi après-midi, sur le lieu de leur travail, près de la rocade entre Pyrgos et Patras. Mais au lieu d’argent, ils ont essuyé les tirs des fusils de chasse surveillants. Les journalistes de la presse locale ont rapporté que les sommes réclamées par les travailleurs immigrés, iraient de 150.000 à 200.000 euros pour 200 personnes, ou plus exactement, elles correspondent à 750 à 1000 euros par travailleur. Selon un communiqué de la police, le propriétaire de l’exploitation a été arrêté, mais les trois auteurs présumés des coups de feu, lesquels d’après certains témoignages auraient pris la fuite à bord d’un véhicule en direction de Patras, sont toujours recherchés”.

      Pourtant, et dans la capitale certaines facettes de la vie courante trahissent bien cette normalité apparente, présumée précaire ou alors “définitive” d’après les gouvernants, c’est selon ! On remarque aussi, que par ce beau temps, bien que relativement frisquet de ces derniers jours, nos sans-abri, s’absentent parfois de leurs “demeures”, plus souvent qu’autrefois paraît-il. Ce qui est également le cas des petits vendeurs ou des cireurs de chaussures ambulants, disons-nous qu’au moins ces derniers conservent encore un certain statut social... économiquement reconnaissable aux yeux (fatigués) de tous. Puis, c’était à l’entrée du métro Monastiraki ce midi, qu’un nouveau (?) mendiant âgé faisait fuir tous nos regards visiblement gênés : “Au nom de Dieu, pourquoi vous ne m’aidez pas ?” Sans doute, encore “un riche habitant du Sud de l’Europe” qui scandalise tant les éditorialistes de la presse allemande ces derniers jours. Ce qui ne veut pas dire que “nos” classes aisées n’existent plus, bien au contraire. C’est par exemple récemment, lors d’une... expédition ethnographique en voiture dans les quartiers Nord de l’agglomération d’Athènes, c’est un ami venu en visiteur depuis la France qui avait souhaité redécouvrir les endroits de son enfance, que nous avons pu constater combien certaines tavernes résolument estampillées... de la classe moyenne-haute, ne désemplissent pas. L’ironie de l’histoire économique, c’est que devant ces oasis de l’ostentatoire et bien d’autres pratiques diverses et variées, on dénombre une quantité surreprésentée en ces grosses cylindrées de fabrication allemande. Ce qui a changé n’est pas tant la richesse affichée de cette composante (?) de la population que j’estime à environ 20%, mais surtout le fait que cette dernière devient désormais si visible pour cause d’effondrement de l’essentiel de l’immense ex-classe moyenne, “c’est comme du temps de mon enfance, ou comme dans les vieux films du cinéma grec des années 1960”, a fait remarquer mon ami Pavlos de Paris.

      Sur la Place de la Constitution mercredi après-midi, les passants et les animaux profitèrent du soleil ou de l’ombre, tandis qu’à l’intérieur de la station centrale du métro, deux micro-événements ont attiré un peu l’attention des passants : une vente d’objets hétéroclites ainsi que de sucreries, puis une exposition de photos sous le thème des visages humains à travers la ville. Au même moment, dans toutes les facultés du pays c’était un jour de vote, comme à la faculté d’Économie, pour certains étudiants, ce fut l’occasion de manifester également un certain mécontentement légitime, suite à la fermeture du site d’Athens Indymedia. Au centre-ville, on achète encore de la pacotille de Pâques, car Pâques orthodoxe c’est en début mai, on marchande si possible et surtout on compte partout les sous. Les passants, jettent parfois un regard intrigué, aux slogans révélateurs d’un certain temps présent qui s’éternise alors trop et pour cause : “Fuck the police” mais en caractères grecques, une petite bizarrerie pour cette raison précisément, ou encore ce slogan qui se répète parfois : “Le sex et la grève exigent de la durée”, on peut comprendre mais cela ne fait plus tellement rire grand monde désormais ; nous serions en train de perdre notre sens de l’humour (?), voilà ce qui peut être lourd de conséquences !

      Près des Halles d’Athènes, des affiches incitent à manifester, c’est pour le 19 avril, journée d’action et de mobilisation des retraités du pays, dans une marche de protestation qui se veut nationale.

      Sous l’Acropole et ses touristes, et sous certains regards inévitables, comme les fraises et leur saison décidément.


      http://www.greekcrisis.fr/2013/04/Fr0230.html

    • Immigration en Grèce : les damnés du Péloponnèse

      En Grèce, des immigrés clandestins ont trimé dans des champs durant des mois... sans être payés. Leur grève a fini dans un bain de sang, qui a ému l’opinion. Mais, quelques semaines plus tard, leur situation n’a guère changé.

      La balle s’est logée entre deux côtes, à quelques centimètres du coeur. D’un geste pudique, Abdul Rahaer lève un pan de sa chemise pour montrer la plaie. « Elle est entrée si profondément que le chirurgien n’a pu la retirer », murmure-t-il. Son regard file vers les champs de fraises, là où le drame a eu lieu, il y a plus d’un mois : « Je n’arrive toujours pas à croire qu’ils ont tiré sur nous... »

      Venu du Bangladesh, Abdul est entré illégalement en Grèce, comme tous les autres ouvriers migrants qui travaillent dans cette exploitation, située à Nea Manolada, dans l’ouest du Péloponnèse. Pour survivre, il a accepté ce job éreintant : ramasser des fraises cultivées sous des serres immenses huit heures d’affilée par jour.

      La région compte plus d’une centaine de fermes semblables ; plus de 10 000 hectares de cette terre aride et écrasée de soleil sont couverts de fraisiers. L’essentiel de la production est exporté en Russie et dans les pays Baltes. Pour la cueillette, qui s’étire entre janvier et juin, les producteurs font appel à des immigrés clandestins. « Chacun d’entre nous doit remplir 200 cagettes de 1 kilo, raconte Abdul. La chaleur est épuisante et nous sommes constamment courbés en deux. Lorsque nous arrêtons, à 14 heures, nous avons le dos cassé... » Cette main-d’oeuvre docile et corvéable à merci, la plupart des producteurs la rétribue 22 euros la journée par tête de pipe. Tous, sauf Nikos Vangelatos, l’employeur d’Abdul, qui avait décidé de ne pas payer ses ouvriers.

      Leurs témoignages rappelleraient presque l’esclavage de la Grèce antique : « Lorsque nous avons réclamé nos salaires, il nous a demandé d’être patients, raconte Abdul. Nous ne nous sommes pas méfiés. Partout, ici, les fermiers paient avec retard. Les mois ont passé. Nous avions juste le droit d’aller chercher de la nourriture dans un supermarché, une fois par semaine, où Vangelatos disposait d’un crédit. Et encore, c’était le strict nécessaire. A plusieurs reprises, nous sommes revenus à la charge. En vain. »

      Le 17 avril, les forçats de Nea Manolada votent la grève. « Nous avions besoin de cet argent », intervient Rifat. Né à Sylhet, dans le nord du Bangladesh, ce jeune homme de 32 ans illustre le sort de ces milliers de migrants, partis en Europe pour nourrir leur famille. Son père, invalide, ne pouvait plus subvenir aux besoins de ses six enfants. Il vend le champ familial et confie l’argent à son fils aîné. Parti à la fin de 2008, Rifat met un an pour atteindre la Grèce. Arrêté en Iran, il passe six mois dans une cellule sans fenêtre. Une fois libéré, il parvient en Turquie, qu’il traverse dans une cuve de camion-citerne. A Istanbul, il déjoue la surveillance des gardes-frontières grecs qui patrouillent sur le fleuve Evros, lieu de passage privilégié des clandestins. Pris en charge, à Athènes, par des compatriotes bangladais, il trouve un boulot de ferrailleur. Une chance : rares sont les « illégaux » qui parviennent à gagner leur vie dans la cité dévastée par la crise. Durant trois ans, il envoie 200 euros, tous les mois, à ses parents. Jusqu’à l’été dernier, où des policiers l’arrêtent en pleine rue. L’opération « Zeus hospitalier » bat alors son plein.

      Lancée par le gouvernement (centre droit) d’Antonis Samaras, qui veut mettre fin à des années de laxisme en matière d’immigration, elle vise à « nettoyer » les quartiers chauds de la capitale. Chassés, les migrants cherchent partout dans le pays des emplois de fortune. A Nea Manolada, les Bangladais affluent par milliers, car la nouvelle se répand de bouche à oreille : les exploitants agricoles ont besoin d’ouvriers. Rifat tente sa chance. Le jour de son arrivée, il suit les conseils d’un compatriote : « Va chez Vangelatos, il cherche des bras. » Mais il découvre vite à qui il a affaire. « Les contremaîtres nous insultaient sans cesse, raconte-t-il. Nous n’avions pas le droit de prendre de pause. » Jusqu’à ce fameux 17 avril...
      Coups de feu, trois Bangladais s’effondrent. C’est la panique

      La confrontation aurait dû rester pacifique. Mais les grévistes apprennent qu’une poignée de Bangladais a décidé, contre l’avis des autres, d’aller travailler. Les esprits s’échauffent. Les « jaunes » sont bousculés ; des bâtons, brandis. Les contremaîtres interviennent. « Fige re malaka ! [Barrez-vous !] » crient-ils aux mutins. La suite est confuse. L’un des surveillants, surnommé « Kaskadas » en raison de son amour immodéré pour les voitures de sport, va chercher une carabine. Il la braque sur les frondeurs. Coups de feu, trois Bangladais s’effondrent. Une seconde arme surgit, nouvelles détonations. C’est la panique. Profitant du désordre, les contremaîtres prennent la fuite. « Nous les avons cueillis à Amaliada, chez leur avocat, le lendemain matin », précise un officier de police. Dans le camp, c’est le chaos. 35 blessés gisent au sol. L’un d’eux a reçu plus de 40 projectiles sur le torse. Mohamad Hanief filme la scène avec son téléphone. « Pour avoir des preuves », explique-t-il.

      Postées sur Internet, les vidéos suscitent une vague d’émotion sans précédent. A Athènes, des manifestations de soutien sont organisées, tandis qu’un appel à boycotter les « fraises de sang » (#bloodstrawberries) est lancé sur les réseaux sociaux. Deux jours plus tard, le ministre de l’Ordre public et de la Protection du citoyen, Nikos Dendias, se rend sur place. L’affaire tombe mal : le Conseil de l’Europe vient juste de publier un rapport très critique sur l’augmentation des crimes xénophobes en Grèce. Régulièrement épinglé pour violation des droits des migrants, l’Etat grec peine à montrer sa bonne volonté. Le parti néonazi Aube dorée a nié l’existence des chambres à gaz pendant la Seconde Guerre mondiale, sans être inquiété par la justice. Et le projet de loi contre le racisme s’enlise : le texte en est à sa troisième mouture en quatre ans, tant il suscite de vives polémiques... Dendias doit donner des gages aux Européens. Devant les caméras, il promet que les migrants de Nea Manolada ne seront jamais chassés du pays.
      Leur régularisation ? « C’est extrêmement complexe »...

      De belles déclarations... rapidement balayées par le vent sec du Péloponnèse. Depuis que l’émotion médiatique est retombée, plus personne ne se soucie des grévistes de Nea Manolada. Leur régularisation ? « C’est extrêmement complexe », répond-on, un peu gêné, au siège de la Gauche démocratique, à Athènes. Seuls les 35 Bangladais qui ont eu la « chance » d’être blessés ont, à ce jour, reçu un papier officiel. Il y est reconnu qu’ils ont été « victimes d’esclavage », mais ce document n’a aucune valeur juridique. Quant aux autres... « Rien n’est prévu », avoue-t-on au ministère de l’Ordre public et de la Protection du citoyen.

      Fin d’après-midi, au campement des insurgés, trois tentes rudimentaires constituées de bâches et de bambous. Dans l’une d’elles, une dizaine d’hommes dorment sur des cartons. Des vêtements fatigués sèchent sur un fil. Près de l’entrée, sous un auvent, un Bangladais s’active au-dessus d’un fourneau. Sur le sol, posées sur un plastique, des cuisses de poulet dégèlent lentement. « Ce sont les dernières », s’inquiète Salam, l’un des rares, ici, à parler anglais. Quelques jours après le drame, l’ambassadeur du Bangladesh est venu livrer de la nourriture. Il n’en reste plus rien.

      Voilà deux semaines, un homme aux cheveux blancs et à la voix bourrue leur a rendu visite : Dimitri Vamvakas. « Je suis le nouveau patron, je n’ai rien à voir avec l’an-cienne équipe, leur a-t-il dit. Reprenez le travail, je vous promets que vous serez payés. » Mais Salam se méfie : « Et s’il était pire que l’autre ? Et nos salaires ? Ils nous doivent au total 180 000 euros ! »

      Le voici, justement, au volant de son camion, au milieu des serres. Tandis que nous approchons, un gardien, treillis et coupe militaire, surgit à moto. « Vous n’avez rien à faire ici, partez ! » éructe-t-il. Immédiatement, Vamvakas calme le jeu. Il tente un sourire. « Vous voulez des fraises ? Tenez, prenez tous les cageots que vous voulez ! » Puis : « Cette histoire est terrible, mais c’est un cas isolé, prétend-il. Les migrants sont bien traités, car nous avons besoin d’eux. Les Grecs ne veulent pas faire ce travail, ils n’ont plus le goût de l’effort. Quand je pense que je me suis engagé dans la marine à 12 ans... » Va-t-il payer les arriérés de salaires ? Il élude la question, part précipitamment. Avec toutes ces histoires, les fraises sont en train de pourrir, il faut sauver la récolte. « Vangelatos n’est pas un mauvais bougre, lâche-t-il en démarrant son moteur. Mais quand l’équipage commet des erreurs, c’est le capitaine qui trinque. »

      Nea Manolada, vers 22 heures. Des dizaines de Bangladais arpentent la rue principale, sous l’oeil impavide de vieux Grecs attablés. « Pour l’instant, il n’y a jamais eu de heurts entre habitants et migrants, commente Kostas Panagiotopoulos, en dégustant son café frappé. Mais les illégaux affluent sans cesse. Ils sont plus de 5000, alors qu’il n’y a que 2000 postes dans les plantations. La situation risque de devenir explosive. » Peau tannée et regard métal, Kostas possède une petite exploitation de 5 hectares. Il emploie une quinzaine de Bangladais, qu’il appelle tous par leurs prénoms. Et il n’a pas besoin de contremaître pour les gérer. Vangelatos ? « C’est un opportuniste, tranche-t-il. Il s’est fait un nom en vendant des fruits exotiques sur le marché d’Athènes, alors il a voulu se lancer dans la fraise. Il s’est imaginé qu’il suffirait de deux ou trois hommes de main costauds pour faire tourner l’affaire. Quelle erreur ! Les hommes, il faut les gérer, surtout les Bangladais : il y a des clans, des hiérarchies invisibles, de la violence... Ça peut vite dégénérer. Vangelatos s’est fait déborder. Par sa négligence, il a fait du mal à toute la profession. Le cours de la fraise a chuté et de nombreuses commandes ont été annulées. »

      Il faudra du temps pour que la « fraise du Péloponnèse » retrouve grâce aux yeux des consommateurs. D’autant que ce scandale n’est pas le premier, contrairement à ce qu’affirment les producteurs locaux.

      En 2009, un Egyptien avait été traîné sur plusieurs dizaines de mètres, la tête coincée dans la vitre d’une voiture, parce qu’il avait demandé une augmentation de salaire à son patron. Cette affaire avait déjà suscité une vive émotion, avant de sombrer dans l’oubli.

      Retour au camp. Salam prolonge la discussion sous la nuit étoilée. Il n’en peut plus de cette promiscuité. Sa femme, qu’il n’a pas vue depuis cinq ans, menace de divorcer s’il ne rentre pas au pays. Pourquoi rester en Europe s’il n’envoie plus d’argent ? lui demande-t-elle. Mais, un jour prochain, juré, Salam partira d’ici. Il a compris qu’il n’aurait pas de papiers. Clandestin il restera, à la merci de l’Aube dorée et de tous les Vangelatos qui profitent de cette main-d’oeuvre payée au noir. A Thèbes, la récolte des tomates va commencer. Salam va continuer à vivre au rythme des saisons. Il n’a pas d’autre issue. Le piège grec s’est refermé sur lui.


      https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/immigration-en-grece-les-damnes-du-peloponnese_1255380.html
      #migrants_bangladais

    • Bloodstrawberries in #Manolada

      When immigrant workers from Bangladesh demanded their wages after going unpaid for six months, in Manolada, Greece, their supervisors shot at them. Over 20 were injured and had to be treated in hospital.

      x-pressed reports that police are going into the hospital to arrest and deport them, and journalists are being chased off the farm when trying to cover the story.

      The working conditions on the strawberry farm are compared to modern slavery, and it’s not the first time Manolada made the news with violent attacks against non-Greeks: Last year, a man’s head was jammed in the window of a car and he was dragged along for a kilometer as Ekathermini reports.

      Eleftherotypia English quotes Justice Minister Antonis Roupakiotis: “The barbarous attack … conjures up images of a slavery-based South that have no place in our country,”

      This is not my country tracks the violence back to Golden Dawn and their racist and xenophobic politics and actions:

      We have seen the rising xenophobia and racist rhetoric sweeping the country. It has become so commonplace to hear or read about foreigners being “filth”, “sun-human” “invaders”, “scum” that people are seeing them as such. The rise of Chrysi Avgi (Golden Dawn) has given racism and xenophobia a voice. A legitimacy. We have an “MP” that calls immigrants “sub-human” sitting on the Council of Europe’s Anti-discrimination committee !

      For more on this story, see Asteris Masouras Storify and Bloodstrawberries, a blog set up to cover the story. English content will come soon.

      http://intothefire.org/bloodstrawberries

    • Publication de la brochure “L’agriculture, laboratoire d’exploitation des travailleurs migrants”

      La Confédération Paysanne vient de publier, en supplément à son magazine Campagnes Solidaires, une brochure de 28 pages sur le thème des conditions de travail des saisonnier-e-s migrant-e-s dans l’agriculture industrielle en Europe. Réalisée grâce à l’appui de l’association Échanges & Partenariats par les volontaires partis en 2014 et 2015 auprès d’organisations paysannes dans différents pays d’Europe, elle rassemble nos observations et analyses recueillies auprès de travailleur-se-s, paysan-ne-s, militant-e-s syndicaux et associatifs.

      Ces observations dressent un constat alarmant sur les situations que connaissent les migrant-e-s travaillant dans l’agriculture industrielle, où l’exploitation, les atteintes à la dignité, au droit du travail, aux droits de l’homme sont monnaie courante, et s’intensifient avec la généralisation du recours à des intermédiaires : sous-traitants, agences de recrutement, prestataires de services, détachement international de travailleurs…

      La partie finale évoque enfin des pistes d’action pour enrayer ces dynamiques, en s’appuyant sur 10 années de travail de recherche, d’information, de plaidoyer et de mobilisation mené par les organisations membres de la Coordination Européenne Via Campesina et leurs partenaires.

      http://www.agricultures-migrations.org/publication-de-la-brochure-lagriculture-laboratoire-dexploi

      Pour télécharger la #brochure :
      http://www.agricultures-migrations.org/wp-content/uploads/2015/09/brochure.conf-v3.pdf

  • Tenir l’affiche, épisode #34 - Humaginaire.net : pour un nouvel imaginaire politique (chantier)

    http://www.humaginaire.net/post/Tenir-l-affiche%2C-%C3%A9pisode-Spark-Poster

    Collectif Spark Poster, Dépassons les frontières, Canada

    L’Humanité du 20 juin 2018, page 7.

    Spark Poster, Poste frontière Post frontier
    Collectif Spark Poster, Dépassons les frontières
    Ce collectif basé à Winnipeg dans le Manitoba (Canada) développe une approche du graphisme comme arme anti-impérialiste et anticapitaliste. Avec cette affiche réalisée pour cette série dans l’Humanité, il appelle au débordement du néocolonialisme à l’œuvre des deux côtés de l’Atlantique.

    #affiche #frontière

  • #Meghan_Murphy : L’extrême gauche doit cesser de dénigrer les femmes qui ont recours au système de justice lors de situations d’agression
    https://tradfem.wordpress.com/2018/06/15/lextreme-gauche-doit-cesser-de-denigrer-les-femmes-qui-ont-recour


    (...) À la lumière du mouvement #MeToo, bien des gens ont appelé à des méthodes alternatives pour contrer la violence sexuelle. Lors de la cérémonie des Golden Globes 2018, Laura Dern a utilisé son temps de parole pour réclamer une « justice réparatrice » ; en effet, le propos habituel en matière de solutions de rechange au système policier est cette notion de « modèles de justice réparatrice ». Même si les femmes devraient certainement avoir accès à toute forme de justice où elles trouveront un sentiment de sécurité et de confort, la situation n’est pas tranchée au point que la justice pénale est le Mal et la justice réparatrice, le Bien. En effet, les choses se compliquent lorsque nous tenons compte des déséquilibres de pouvoir et des agressions.

    Même si plusieurs défenseurs blancs des modèles de justice réparatrice attribuent souvent leurs origines à des cultures autochtones, c’est en fait de communautés chrétiennes comme les quakers et les mennonites que nous viennent ces modèles. Selon un rapport publié en 2001 par AWAN, de telles mesures ont été promues par le gouvernement de la Colombie-Britannique comme un modèle de justice plus « culturellement sensible » à l’intention des communautés autochtones, et aussi comme un moyen de répondre aux « préoccupations concernant le nombre croissant de personnes autochtones incarcérées ». Le document cite Emma Larocque, professeure au Département des études autochtones de l’Université du Manitoba, qui conclut, dans son article intitulé « Réétudier les modèles culturellement appropriés dans les applications de la justice pénale », que « le concept collectif de ces réformes relève plus d’un a priori socialiste erroné découlant d’idées occidentales, libérales et coloniales, que d’une quelconque tradition autochtone ».

    Fay Blaney, une femme Xwemalhkwu de la nation salish de la Côte, lui fait écho en me disant : « Ce modèle de justice réparatrice ne vient pas de nous. Nous aimons le croire, mais ce n’est pas le cas. »

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.feministcurrent.com/2018/05/26/leftists-need-stop-shaming-women-engaging-criminal-justice-system-s
    #Feminist_current #justice_réparatrice #Autochtones #extrême_gauche #police #agressions_masculines

  • Les « commentaires racistes et xénophobes » d’Albert Einstein | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/163142/albert-einstein-racisme

    Quand on évoque Albert Einstein, on pense « théorie de la relativité », « E=mc2 » ou à la célèbre photo où il tire la langue. La publication en mai dernier des carnets de voyage du physicien théoricien par la Princeton University Press nous en apprend un peu plus sur la « personnalité du siècle » : Einstein était raciste.

    Les journaux d’Einstein documentent ses cinq mois et demi de voyage en Chine, à Singapour, Hong Kong, au Japon et en Espagne entre 1922 et 1923. C’est la première fois que ces écrits sont mis à disposition du grand public. Le scientifique parle de science, de philosophie, d’art et de ses rencontres : « Les Chinois sont des personnes industrieuses, sales et obtuses. Ils ne s’assoient pas sur les bancs pour manger, ils s’accroupissent comme les Européens qui se soulagent dans les bois. Tout ça se passe dans le silence et la pudeur. Même les enfants sont sans âmes et obtus », lit-on dans un des extraits de ses carnets de voyage.

    À LIRE AUSSI Le vol du cerveau d’Einstein
    Une personnalité en inadéquation avec son image publique

    Albert Einstein était connu pour ses actions humanitaires : prix Nobel de physique en 1921, il s’est notamment investi en faveur de la paix et de la coopération internationale. En 1946, lors d’un discours à l’université de Lincoln, ce défenseur des droits civiques avait aussi décrit le racisme comme la « maladie de l’homme blanc ». Pourtant, lui aussi, semble souffrir de cette maladie.

    « Les commentaires racistes et xénophobes dans ses récits sont à l’opposé de son image d’icône humaniste. C’est un choc de lire ses pensées et de les comparer à ses déclarations publiques. Il ne s’attendait pas à ce qu’on les publie », explique Ze’ev Rosenkranz, éditeur et traducteur des carnets de voyage et rédacteur en chef du Einstein Papers Project (système d’archivage qui vise à rassembler tous les écrits du scientifique).

    Ewan Palmer de Newsweek renchérit : « Ces publications nous permettent d’en savoir un peu plus sur la personnalité des célébrités. Pour Einstein, c’est vraiment intéressant de voir une telle différence entre l’image publique et la réalité historique ».

    autres sources cités dans l’article :

    http://www.newsweek.com/albert-einsteins-racist-views-chinese-revealed-previously-unseen-travel-97

    https://www.theguardian.com/books/2018/jun/12/einsteins-travel-diaries-reveal-shocking-xenophobia

    #grand_homme #racisme #imposteur
    Pour le pacifisme d’Einstein voici la lettre qu’il ecrivit à Roosvelt avant l’utilisation des bombes sur Hiroshima et Nagazaki.

    Monsieur,

    Un travail récent d’E. Fermi et L. Szilard, dont on m’a communiqué le manuscrit, me conduit à penser que l’uranium va pouvoir être converti en une nouvelle et importante source d’énergie dans un futur proche. Certains aspects de cette situation nouvelle demandent une grande vigilance et, si nécessaire, une action rapide du gouvernement. Je considère qu’il est donc de mon devoir d’attirer votre attention sur les faits et recommandations suivantes :

    Au cours des quatre derniers mois, grâce aux travaux de Joliot en France et ceux de Fermi et Szilard en Amérique, il est devenu possible d’envisager une réaction nucléaire en chaîne dans une grande quantité d’uranium, laquelle permettrait de générer beaucoup d’énergie et de très nombreux nouveaux éléments de type radium. Aujourd’hui, il est pratiquement certain que cela peut être obtenu dans un futur proche.

    Ce fait nouveau pourrait aussi conduire à la réalisation de bombes, et l’on peut concevoir – même si ici il y a moins de certitudes – que des bombes d’un genre nouveau et d’une extrême puissance pourraient être construites. Une seule bombe de ce type, transportée par un navire et explosant dans un port pourrait en détruire toutes les installations ainsi qu’une partie du territoire environnant. On estime néanmoins que des bombes de cette nature seraient trop pesantes pour être transportées par avion.

    Les Etats-Unis n’ont que de faibles ressources en uranium. Le Canada est assez bien pourvu, ainsi que l’ancienne Tchécoslovaquie, mais les principaux gisements sont au Congo belge.
    Devant cette situation, vous souhaiterez peut-être disposer d’un contact permanent entre le gouvernement et le groupe des physiciens qui travaillent en Amérique sur la réaction en chaîne. Une des possibilités serait de donner cette tâche à une personne qui a votre confiance et pourrait le faire à titre officieux. Cette personne devrait être chargée des missions suivantes.

    a) Prendre l’attache des différents ministères, les tenir informés des développements à venir, faire des propositions d’action au gouvernement, en accordant une attention particulière à la question de l’approvisionnement américain en uranium.

    b) Accélérer les travaux expérimentaux qui sont actuellement menés sur des budgets universitaires limités, en leur apportant un financement complémentaire, si besoin est, grâce à des contacts avec des personnes privées désireuses d’aider cette cause et en obtenant peut-être la
    collaboration de laboratoires industriels disposant des équipements requis.

    J’ai appris que l’Allemagne vient d’arrêter toute vente d’uranium extrait des mines de Tchécoslovaquie dont elle s’est emparée. Le fils du vice-ministre des Affaires étrangères allemand, von Weizsäcker, travaille à l’Institut Kaiser Wilhelm de Berlin, où l’on a entrepris de répéter des expériences américaines sur l’uranium. Voilà ce qui explique peut-être la rapidité de cette décision.

    Sincèrement vôtre.

    https://www.deslettres.fr/lettre-dalbert-einstein-au-president-franklin-d-roosevelt-des-bombes-dun-

    Pour sa misogynie il y a quelques infos en cherchant Mileva Marić

    Ici une lettre qu’il a adressé à Mileva :

    le 18 juillet 1914

    A. Assure-toi

    1) que mes vêtements et mon linge soient tenus en bon ordre et en bon état.

    2) que je reçoive régulièrement mes trois repas dans ma chambre.

    3) que ma chambre et mon bureau soient toujours tenus propres, en particulier, que le bureau ne soit accessible qu’à moi seul.

    B. Tu renonces à toutes relations personnelles avec moi tant qu’elles ne sont pas absolument indispensables à des fins sociales. Plus précisément, fais sans

    1) ma présence à tes côtés à la maison.

    2) mes sorties ou voyages avec toi.

    C. Dans tes relations avec moi, engage-toi explicitement à adhérer aux points suivants :

    1) tu ne dois ni espérer de l’intimité de ma part ni me reprocher quoi que ce soit.

    2) tu dois cesser immédiatement de t’adresser à moi si je le demande.

    3) tu dois quitter ma chambre ou mon bureau immédiatement sans protester si je te le demande.

    D. Tu t’engages à ne pas me dénigrer, en mot ou en acte, devant mes enfants.

    https://www.deslettres.fr/lettre-deinstein-sa-femme-tu-renonces-toutes-relations-personnelles-avec-

    Sur les soupçons d’appropriation du travail scientifique de Mileva par Albert :

    By the end of their classes in 1900, Mileva and Albert had similar grades (4.7 and 4.6, respectively) except in applied physics where she got the top mark of 5 but he, only 1. She excelled at experimental work while he did not. But at the oral exam, Professor Minkowski gave 11 out of 12 to the four male students but only 5 to Mileva. Only Albert got his degree.

    Meanwhile, Albert’s family strongly opposed their relationship. His mother was adamant. “By the time you’re 30, she’ll already be an old hag!” as Albert reported to Mileva in a letter dated 27 July 1900, as well as « She cannot enter a respectable family ”. Mileva was neither Jewish, nor German. She had a limp and was too intellectual in his mother’s opinion, not to mention prejudices against foreign people. Moreover, Albert’s father insisted his son found work before getting married.

    In September 1900, Albert wrote to Mileva: “I look forward to resume our new common work. You must now continue with your research – how proud I will be to have a doctor for my spouse when I’ll only be an ordinary man.“ They both came back to Zurich in October 1900 to start their thesis work. The other three students all received assistant positions at the Institute, but Albert did not. He suspected that professor Weber was blocking him. Without a job, he refused to marry her. They made ends meet by giving private lessons and “continue[d] to live and work as before.“ as Mileva wrote to her friend Helene Savić.

    On 13 December 1900, they submitted a first article on capillarity signed only under Albert’s name. Nevertheless, both referred to this article in letters as their common article. Mileva wrote to Helene Savić on 20 December 1900. “We will send a private copy to Boltzmann to see what he thinks and I hope he will answer us.” Likewise, Albert wrote to Mileva on 4 April 1901, saying that his friend Michele Besso “visited his uncle on my behalf, Prof. Jung, one of the most influential physicists in Italy and gave him a copy of our article.”

    The decision to publish only under his name seems to have been taken jointly. Why? Radmila Milentijević, a former history professor at City College in New York, published in 2015 Mileva’s most comprehensive biography(1). She suggests that Mileva probably wanted to help Albert make a name for himself, such that he could find a job and marry her. Dord Krstić, a former physics professor at Ljubljana University, spent 50 years researching Mileva’s life. In his well-documented book(2), he suggests that given the prevalent bias against women at the time, a publication co-signed with a woman might have carried less weight.

    We will never know. But nobody made it clearer than Albert Einstein himself that they collaborated on special relativity when he wrote to Mileva on 27 March 1901: “How happy and proud I will be when the two of us together will have brought our work on relative motion to a victorious conclusion.”

    Then Mileva’s destiny changed abruptly. She became pregnant after a lovers’ escapade in Lake Como. Unemployed, Albert would still not marry her. With this uncertain future, Mileva took her second and last attempt at the oral exam in July 1901. This time, Prof. Weber, whom Albert suspected of blocking his career, failed her. Forced to abandon her studies, she went back to Serbia, but came back briefly to Zurich to try to persuade Albert to marry her. She gave birth to a girl named Liserl in January 1902. No one knows what happened to her. She was probably given to adoption. No birth or death certificates were ever found.

    https://blogs.scientificamerican.com/guest-blog/the-forgotten-life-of-einsteins-first-wife

  • Dans l’Utah, la bataille pour protéger le sommet Bears Ears, en territoire navajo

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/06/12/dans-l-utah-la-bataille-pour-proteger-bears-ears_5313295_3244.html

    Pour satisfaire les éleveurs locaux et l’industrie minière, Donald Trump a réduit de 85 % la zone protégée créée par Barack Obama à la demande des tribus indiennes.

    Difficile, quand on arrive dans le comté de San Juan, dans le sud-est de l’Utah, de ne pas songer à un scénario de western. D’un côté, les ranchers, mormons arrivés à la fin du XIXe siècle. De l’autre, les Indiens, héritiers des Pueblos qui peuplent le plateau du Colorado depuis plus d’un millénaire. Alliés modernes des tribus : les défenseurs de l’environnement. Ils sont détestés, selon un sondage, par 61 % des premiers.

    Décor ? L’Ouest américain mythologique, le paysage de canyons rouges immortalisé par John Wayne et John Ford. La région de Bears Ears compte l’une des plus grandes concentrations du monde de trésors archéologiques – à peine enfouis dans le sable – et de fossiles. En 2016, le paléontologue Robert Gay y a découvert des centaines d’os de phytosaures datant de quelque 220 millions d’années.

    Hors de l’Utah, personne n’avait entendu parler de Bears Ears jusqu’à ce que Barack Obama en fasse, en décembre 2016, un monument national (deuxième catégorie, dans la nomenclature des espaces protégés, derrière les parcs nationaux). Et que Donald Trump, à son habitude, s’empresse de défaire ce que son prédécesseur avait fait. Aujourd’hui, les visiteurs se bousculent pour apercevoir le sommet reconnaissable à ses deux buttes en forme d’oreilles d’ours (l’une à 2 721 m d’altitude, l’autre à 2 760 m). Les défenseurs de l’environnement s’installent, les journalistes accourent.

    Le « monument » est devenu l’enjeu d’une bataille majeure : entre « Anglos » et Amérindiens, entre éleveurs et écologistes, entre secteur du plein air et compagnies minières. Un affrontement qui pourrait aussi redéfinir l’Antiquities Act, la loi de 1906 sur les antiquités qui permet au président des Etats-Unis de protéger des régions dotées d’une richesse culturelle ou scientifique exceptionnelle.

    Six mois après la décision de Donald Trump, les tensions restent vives entre opposants et partisans du monument. Les écologistes trouvent leurs pneus lacérés. Les ranchers se disent harcelés dès qu’ils mettent le nez dehors, par exemple dans les canyons, avec leurs quads tout-terrain. « Le comté est poursuivi en justice trois fois par an », soupire l’élu républicain Phil Lyman. En 2014, lorsque les défenseurs de la nature ont obtenu l’interdiction des véhicules à moteur dans le Recapture Canyon, Phil Lyman y a conduit une armada d’une centaine de 4x4. La reconquête a tourné court. L’élu a été envoyé dix jours en prison au pénitencier de Purgatory, à 500 kilomètres de là.

    « Welcome home »

    La bataille de Bears Ears couve depuis des années. Depuis ce matin de 2009 où 140 agents fédéraux ont perquisitionné 26 domiciles dans le cours d’une enquête sur le vol d’objets indiens sacrés (ce que les locaux considéraient jusque-là comme un passe-temps sans conséquence : le « pot hunting » ou chasse aux poteries). L’investigation a connu des développements tragiques – deux figures du comté se sont suicidées. Et elle a créé des antagonismes majeurs. L’hostilité au gouvernement fédéral a gagné le fief mormon. La nécessité de protéger officiellement leur passé est apparue clairement aux Navajo.

    La première manche a été remportée par les tribus. En l’occurrence, le conseil intertribal des Navajo, Hopi, Zuni, Mountain Ute et Indian Ute, lorsque Barack Obama a protégé plus de 546 000 hectares, interdisant tout nouveau projet d’extraction minière ou pétrolière. Une victoire historique. Non seulement les Indiens avaient réussi à se mettre d’accord, surmontant leurs animosités ancestrales (les Hopi, dont le territoire est encerclé par la réserve des Navajo, ne leur ont jamais pardonné. Les Navajo, eux, en veulent encore aux Ute d’avoir accepté d’être recrutés par l’armée américaine pour les surveiller) ; mais ils avaient obtenu de Barack Obama une forme de reconnaissance. Ils seraient associés, consultés.

    « Et non pas à la manière habituelle, à savoir : le gouvernement informe les Indiens de ce qu’il compte faire », résume Alexander Tallchief Skibine, professeur à l’université de l’Utah et éminent spécialiste de droit indien. Cette fois, les agences fédérales seraient tenues de prendre en compte les recommandations formulées par les tribus, incluant le « savoir traditionnel ».

    « C’était historique, poursuit le professeur Skibine. Une reconnaissance du fait que les Indiens font partie de l’histoire de ces terres. Alors que souvent, avant la création d’un parc national, ils étaient écartés ; il fallait que la vision présentée soit juste, la vision de terres sauvages non peuplées. »

    Malcolm Lehi, du conseil tribal des Mountain Ute, était présent ce jour d’avril 2015, quand Mark Maryboy, le chef des Navajo, a accueilli les autres nations d’un « Welcome home », qui a tiré des larmes à plus d’un participant. Lui aussi le dit : « C’était historique. » En accueillant les autres tribus « à la maison », Mark Maryboy reconnaissait que les Hopi et les Zuni étaient installés dans la région avant les Navajo. Bears Ears est une montagne sacrée, « C’est là où on va prier pour vous tous », décrit Butch Russell, le medecine man des Mountain Ute.

    SI LES NAVAJO ONT – POUR L’INSTANT – « PERDU » BEARS EARS, LEUR MONTÉE EN PUISSANCE EST RÉELLE

    Mais le « grand » Bears Ears n’a pas duré longtemps. Le 4 décembre 2017, Donald Trump, pressé par les élus républicains de l’Utah, a réduit la taille du monument de 85 %. Courriels officiels à l’appui, le New York Times a montré que le ministère de l’intérieur avait travaillé en liaison avec l’industrie pétrolière et minière. Résultat : un tracé savamment découpé selon les desiderata des exploitants. Ici, le pétrole ; là, l’uranium, à la satisfaction de la compagnie canadienne Energy Fuels Resources, qui possède l’unique usine de concentration d’uranium des Etats-Unis. Elle se trouve à 3 kilomètres de la réserve des Mountain Ute. A l’entrée, une pancarte se veut rassurante : aucun incident n’a été enregistré « depuis 517 751 heures ».

    Phil Lyman, 53 ans, est le héros local de la rébellion antimonument. Ancien missionnaire mormon en Afrique du Sud, il reçoit dans son cabinet d’expert-comptable, au milieu des chèques du trésor public et des cartes topographiques. Son arrière-grand-père est arrivé avec la fameuse expédition dite du « Hole in the rock », le « trou » dans la montagne où a réussi à se glisser, en 1880, un convoi de 250 colons et 1 000 têtes de bétail, envoyés par l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours pour convertir les populations indigènes du sud de l’Utah. Après l’or, c’est l’uranium qui a fait les beaux jours du comté. « On l’expédiait à Marie Curie », se flatte-t-il.

    500 mines abandonnées

    Au nom de cette légitimité historique, Phil Lyman dénonce la prétention des tribus à vouloir soustraire à l’industrie une zone aussi vaste. Le comté avait commencé à négocier avec les élus indiens sur une zone plus réduite, explique-t-il. Mais les mouvements environnementaux sont arrivés et, avec eux, les géants des sports de plein air. « Ils ont mis 30 millions de dollars sur la table, accuse-t-il. Aucune de ces personnes n’est d’ici. Et elles prétendent être les sauveurs des Navajo. »

    Qui remportera la prochaine bataille ? Trois plaintes ont été déposées contre le président Trump, décrit Steve Bloch, le juriste de l’association Southern Utah Wilderness Alliance. Elles réunissent les tribus, les écologistes et la compagnie de vêtements de sport Patagonia. Même la Société américaine de paléontologie vertébrée s’est portée en justice. Le site de la découverte de Robert Gay n’est plus dans les limites du nouveau monument : il est vrai que la formation de Chinle, où se trouvent les fossiles, recèle aussi de l’uranium.

    Bears Ears est devenu « monument national » en 2016.
    Sans attendre la décision de la juge fédérale chargée du dossier à Washington, l’administration Trump a ouvert les zones contestées à l’exploitation du sous-sol. Aucun rush n’a été enregistré pour l’instant sur les hydrocarbures (la dernière ouverture de puits remonte à 1984). Quant à l’uranium, « le cours, heureusement, est au plus bas », souligne Alastair Lee Bitsoi, de l’association Utah Dine Bikeyah (Protect Bears Ears), fondée en 2012 pour la sauvegarde de la culture navajo (et financée par Patagonia). Les Navajo sont particulièrement sensibles à la question : plus de 500 mines abandonnées se trouvent sur leurs terres ou à proximité. Des puits sont toujours contaminés.

    « Bears Ears-Disneyland »

    Byron Clarke, 39 ans, est le directeur du système de santé navajo de l’Utah, un ensemble de quatre cliniques qui servent 13 000 patients. Petit-fils de medicine man, fils d’une enseignante et traductrice navajo et d’un professeur de Virginie, le juriste comprend mieux que quiconque les contradictions locales. En tant qu’Amérindien, il apprécie la signification historique de l’accord avec l’Etat fédéral.

    En tant que chasseur à l’arc, qui fabrique lui-même ses flèches avec le cèdre traditionnel, il est opposé au classement de Bears Ears. Il craint que les lieux sacrés, les tombes des ancêtres où les Navajo, par respect, ne pénètrent pas, ne deviennent un « Bears Ears-Disneyland » envahi de visiteurs à sacs à dos et VTT. C’est le modèle prôné par le secteur des activités de plein air, un mammouth en pleine expansion qui a généré 374 milliards de dollars de retombées en 2016, selon le Bureau des analyses économiques, soit 2 % du PIB.

    Si les Navajo ont – pour l’instant – « perdu » Bears Ears, leur montée en puissance est réelle. A la grande déconvenue de Phil Lyman, un juge fédéral, qui avait été saisi par la tribu pour discrimination, vient d’ordonner un nouveau redécoupage électoral. Lors des élections américaines de novembre 2018, le rapport de forces devrait s’inverser dans le comté de San Juan. Jusqu’à présent, deux des trois élus de la commission du comté étaient des Blancs, alors que les Navajo représentent plus de 50 % de la population. Pour la première fois, les « Anglos » risquent de perdre la majorité. Mais rien n’est joué. Un assesseur conteste les titres de créances du candidat navajo, qui risque d’être disqualifié. Au pied de Bears Ears, la bataille est loin d’être terminée…

  • Pourquoi le sport reste encore un truc de mecs – Binge Audio
    https://www.binge.audio/pourquoi-le-sport-reste-encore-un-truc-de-mecs

    Pourquoi le sport reste-il encore aujourd’hui largement une affaire de mecs ? En quoi la culture sportive dominante est-elle une culture viriliste ? Pourquoi ceux qui le pratiquent, ceux qui le regardent, ceux qui gagnent de l’argent avec, ceux qui le dirigent et ceux qui l’enseignent sont-ils encore si souvent des hommes ? Et quel rôle joue le sport dans la construction des masculinités contemporaines ?

    Réponses avec Thierry Terret, professeur des universités, historien du sport, auteur de « Sport, genre et vulnérabilité au XXème siècle. »

    Un épisode spécial, rencontre des podcasts « Les Couilles sur la Table » et « Du Sport », présenté par Victoire Tuaillon et produit par Binge Audio.

    “Le sport, inventé par des hommes et pensé initialement comme une activité exclusivité masculine, contribue historiquement et socialement à la construction d’un idéal de masculinité hégémonique* Par sa nature même, compétitive et spectaculaire, et il met en scène l’expression et le contrôle de la force physique. Il organise des contextes où s’installent des formes de violence physique (blessures, dopage) et morale (discrimination) et se valorisent des qualités associées idéalement à l’Homme : intelligence tactique, maîtrise technique et technologique, courage, abnégation, résistance à la douleur… Il est aussi idéalement lié à la réussite professionnelle, propulsant ses champions (plus que ses championnes) au rang de modèle. (…) Il est par ailleurs organisé et montré pour banaliser la norme hétérosexuelle, y compris même dans les formes polygames, hyperactives et agressives. Enfin le sport traduit dans ses institutions et ses pratiques la domination des hommes sur les femmes et le rejet des formes de masculinité les plus éloignées de l’idéal hégémonique.

    Extrait de l’article “Masculinité” de Thierry Terret, dans Dictionnaire culturel du sport (2010))

    *La “masculinité hégémonique” est un concept développé par Raewyn Connell (1995) : elle se définit comme la masculinité qui est provisoirement (car elle est sans cesse contestée ) en position dominante et dont les différents acteurs institutionnels ou individuels s’efforcent de maintenir le rang face à la féminité et aux autres formes de masculinité.

    RÉFÉRENCES

    Pratiques physiques ou sportives des femmes et des hommes : des rapprochements mais aussi des différences qui persistent (INSEE, novembre 2017)

    Homosexualité dans le football : perceptions des Français (IPSOS, avril 2018)

    Sport et Genre, Thierry Terret et co-auteur·es (4 volumes parus chez L’Harmattan, 2006)

    Sport, Men and the Gender Order (Messner, Sabo, 1990)

    Masculinities, Gender Relations and Sport (Mb Kay, Messner et Sabo, 2000)

    RECOMMANDATION DE L’INVITE

    … regarder tous les films de James Bond !

    SOURCES AUDIO

    – Denis Balbir sur W9, 13 avril 2018

    – “Quand des hommes catholiques suivent des stages pour réaffirmer leur masculinité”, Reportage au 20h de France 2, 30 mars 2017

    – Guy Lacombe, entraîneur de l’équipe de football de l’AS Monaco, pendant une conférence de presse, 7 décembre 2012

    – René Malleville, supporter de l’OM

    • 21% des ho pratiquent le sport pour « dépasé leurs limites » et 24% des femmes pour perdre du poids. (INSEE)
      Les ho pratiques le sport pour la compétition, les femmes pour la collégialité.
      Les violences sexuelles contre les femmes augmentent au moment des compétitions sportives prisées par les hommes (foot) - cf étude allemande.