Les milices chiites irakiennes, ces autres acteurs de la lutte contre l’EI - Jean-Baptiste ASSOUAD - L’Orient-Le Jour
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Séparée très tôt de l’Armée du mahdi, celle dont le nom signifie « Ligue des vertueux » en français a vite fait son trou dans le milieu milicien grâce à la supervision poussée de l’Iran.
Considérée dans la lutte contre l’EI comme plus importante que les Brigades de la paix, Assaïb Ahl al-haq (AAH) est à l’origine un résidu de la milice sadriste, qui a ensuite fait sécession définitive après que son leader, Qais al-Khazali, en 2006, eut été recruté par le corps des gardiens de la révolution islamique pour diriger la nouvelle milice que ces derniers avaient commencé à former en Iran. Selon le site spécialisé de la Stanford University, AAH a donc d’abord commencé ses opérations militaires aux côtés du Hezbollah libanais pendant le conflit contre Israël durant l’été 2006 avant de revenir en Irak avec pour mission d’attaquer les forces de la coalition américaine.
De fait, si l’on peut considérer presque toutes les milices « comme des "proxys" directs de l’Iran », selon les termes de Phillip Smyth, chercheur à l’Université du Maryland et auteur du blog Hizballah Cavalcade, AAH est de celles qui remplissent le mieux ce rôle tant ses liens avec l’Iran sont serrés. Un des meilleurs exemples est l’influence du commandant des forces al-Qods, Qassem Suleimani, qui serait à l’origine de la création de l’AAH et qui aurait supervisé ses activités. Après l’évacuation des Américains, la Ligue des vertueux s’est lancée en politique, tentant d’éliminer ses rivaux sadristes, promouvant les idéaux de la révolution islamique iranienne, et surtout étant « très proche de Maliki » selon M. Mansour. Comme la plupart des milices irakiennes, l’AAH a été accusée de nombreuses exactions, entre kidnappings, assassinats et massacres, que ce soit contre des milices chiites rivales ou des civils de confessions variées. Contre l’EI, elle s’est également battue en Syrie, et l’aide de l’Iran lui as permis de participer aux batailles les plus ardues comme à Amerli. Sur le plan géographique et comptable, son quartier général est basé à Bagdad, et la milice possède également des bureaux dans plusieurs villes du sud et du centre de l’Irak comme à al-Khalis, Bassora ou Najaf, pour un effectif total d’environ 4 000 miliciens.