provinceorstate:washington

  • Syrie : la Turquie bombarde des zones kurdes, Washington proteste
    https://www.crashdebug.fr/international/11308-syrie-la-turquie-bombarde-des-zones-kurdes-washington-proteste

    La banqueroute passera relativement inaperçu ou moins grave que la Guerre au Moyen Orient...

    Contributeur anonyme

    Base aérienne de Minnigh, province d’Alep (Syrie), le 10 août 2013. Les bombardements turcs auraient visé

    cet l’aéroport militaire, repris le 10 février par les forces kurdes des YPG. (AFP/Zein Al-Rifai.)

    L’armée turque a bombardé ce samedi des secteurs contrôlés par les forces kurdes dans la province d’Alep, dans le nord de la Syrie, rapportent l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et une source kurde. Les Turcs redoutent qu’un soutien étranger permette aux Kurdes syriens, qui occupent déjà une grande partie du nord de la Syrie, d’étendre encore leur influence et de contrôler ainsi la quasi-totalité de la zone frontalière avec la Turquie.

    Les YPG soutenues par l’aviation (...)

  • Ondes Gravitationnelles : ça, c’est fait

    Ce jeudi 11/02/2016 un papier[1] a été publié prouvant qu’Einstein avait une fois de plus raison. Cette fois-ci en ce qui concerne les ondes gravitationnelles décrites dans sa théorie de relativité générale (1915). Sur terre une expérience américaine a maintenant démontré l’existence de ces ondes, en septembre 2015, à travers une détection directe et non pas une déduction comme préalablement.

    La “force de gravité” n’est pas vraiment une force mais ce sont des rides, des distorsions dans la structure de l’espace-temps, causées par la présence d’objets massifs tel les planètes ou trous noirs. (En réalité par chaque objet, mais l’effet de petits objets est négligeable / imperceptible). Les ondes gravitationnelles sont produites par la distorsion de l’espace-temps quand une masse accélère. Elles étirent l’espace dans une direction, et la compriment dans une autre direction (orthogonale).

    Comment visualiser cela ? On dit qu’un satellite gravite autour de la terre ; c’est la masse de la terre qui crée une distortion dans l’espace-temps, un peu comme un tourbillon dans la mer. Il faut alors imaginer la terre au centre du tourbillon, et que le satellite soit suffisamment près du tourbillon pour être attiré dans ce mouvement qui la fait tourner autour de la terre.


    Comment détecter les ondes ?
    Pour qu’on puisse détecter ces déformations dans l’espace-temps, il faut avoir affaire à des énormes masses tel un trou noir. C’est en mesurant le temps que met la lumière pour parcourir une distance (plus ou moins de temps) qu’on a pu détecter l’existence de ces ondes gravitationnelles ; vu que la vitesse de la lumière est constante, quand l’espace se déforme (plus “grand” ou plus “petit”), la lumière mettra plus ou moins de temps à parcourir la distance.

    Grâce aux interféromètres des deux LIGO (Laser Interferometer Gravitational-Wave Observatory, subventionné par le NSF – National Science Foundation),

    [2]
    dont les “bras” ont une longueur de 4km chaque, des physiciens ont découvert des ondes gravitationnelles produites il y a très très longtemps (1.3 milliard d’années), une fraction de seconde avant que deux trous noirs massifs (diamètre de +/- 150km, masse 29x et 36x celle de notre soleil) tournant l’un autour de l’autre

    à une vitesse de 0.5x celle de la lumière. Ces deux trous noirs se sont fusionnés (se mangent l’un l’autre) en un trou noir encore plus grand. La masse de ce nouveau trou noir est de 62 soleils. Or 29+36= 65, ce qui veut dire qu’une masse de 3 soleils a été dépensée pour produire (un petit rot de digestion) ces ondes gravitationnelles !

    La communication officielle de la NSF, avec une (longue) vidéo qui explique quasi tout :

    https://www.youtube.com/watch?v=aEPIwEJmZyE

    • Pour une animation de comment c’est détecté dans un LIGO, voir la vidéo ci-dessus à la minute 26’53”)

    • Ce genre de collision avait été prédit mais jamais observée. C’est cette collision qui a produit les ondes qu’on vient de détecter. Ils ont été détectés parce qu’en “traversant” la terre elles étirent et compressent celle-ci… (et donc aussi les bras du LIGO).
    (On peut même “entendre” cette onde qui nous a traversé, dans la vidéo ci-dessus à la minute 19’09”)

    • Ce qui a prouvé la chose , c’est ce graphique ci-dessous, qui montre le même phénomène se produisant dans 2 LIGO différents l’un très loin de l’autre : en gros ça montre que pendant un lapse de 0.15 secondes on a pu observer que l’espace-temps sur terre a vécu une distorsion ; la même à deux endroits différents


    Strain = distortion espace-temps

    • Une très belle animation de la collision des deux trous noirs, et la relation avec ce qui a été détecté, peut être vu dans la vidéo ci-dessus à 34’05”
    (Et je doute que la cravate que porte Kip Thorne dans la vidéo soit vraiment accidentelle…)

    • Le moment même de la collision des deux trous noirs et son effet sur les ondes peut être imaginé comme celle d’une goutte d’eau ou d’un caillou qui vient de tomber dans l’eau

    Voici une vidéo qui résume les points les plus importants (si vous arrivez à supporter la présentatrice) :
    https://www.youtube.com/watch?v=72AQsQ2v5cA

    Une chouette animation expliquant ce que sont les ondes gravitationnelles :
    https://www.youtube.com/watch?v=4GbWfNHtHRg

    Article dans le Guardian :

    Gravitational waves: breakthrough discovery after a century of expectation
    https://www.theguardian.com/science/2016/feb/11/gravitational-waves-discovery-hailed-as-breakthrough-of-the-century

    Site du LIGO :

    http://www.ligo.org/science/GW-Detecting.php

    Pour ceux qui veulent en savoir encore plus, il y a l’excellent et bien écrit livre de Pierre Binétruy, "A la poursuite des ondes gravitationnelles" sorti en 2015


    http://www.amazon.fr/poursuite-ondes-gravitationnelles-Pierre-Bin%C3%A9truy/dp/2100721852
    (il va pouvoir sortir une nouvelle version maintenant ;-))

    ___

    [1] Observation of Gravitational Waves from a Binary Black Hole Merger
    http://authors.library.caltech.edu/64405/1/PhysRevLett.116.061102.pdf

    [2] Un des LIGO (celui à Hanford dans l’état du Washington. L’autre est à Livingston, Louisiana)
    En Europe nous avons le Virgo. Il y a aussi le GEO600 en Allemagne, le LIGO en Inde, et puis le KARGA au Japon.
    L’espoir est de pouvoir trianguler l’endroit précis où s’est produite la collision des deux trous noirs, en réunissant les mesures des autres interféromètres.

    #ondes_gravitationnelles #gravitational_waves
    #LIGO

  • Review Article
    Organic agriculture in the twenty-first century
    John P. Reganold & Jonathan M. Wachter
    http://www.nature.com/articles/nplants2015221

    #Agriculture: le tout #bio, c’est possible
    http://www.journaldelenvironnement.net/article/agriculture-le-tout-bio-c-est-possible,66750

    C’est l’un des arguments favoris des tenants de l’agriculture conventionnelle : celle-ci obtient de meilleurs rendements que l’agriculture bio, et sera la seule à pouvoir nourrir les 9 milliards de personnes que portera la Terre en 2050. Fermez le ban ? Pas si vite, leur répondent John Reganold et Jonathan Wachter, agronomes à la Washington State University à Pullman (Etat de Washington), dans la revue Nature Plants.

    Analysant 40 ans de littérature scientifique comparant les deux types de production, les chercheurs montrent que cette idée a vécu. Certes, la plupart des études révèlent des rendements inférieurs en bio, allant de 8% à 25% selon le type de culture. Avec la polyculture bio, il peut ainsi être réduit à 9%, et avec une rotation accrue des cultures, à seulement 8%.

    Selon les chercheurs, il est encore possible de faire mieux. Par exemple en cas de #sécheresse sévère, situation qui devrait devenir plus fréquente avec le réchauffement : dans ce cas, plusieurs études ont montré que l’agriculture bio, qui préserve mieux ses #sols et leur capacité à retenir l’#eau, fait mieux que la conventionnelle. Et rien n’empêche de chercher des #semences plus adaptées au bio, qui réduiront encore l’écart.

  • Les #Etats-Unis sont de retour en #Amérique_centrale
    https://www.mediapart.fr/journal/international/250116/les-etats-unis-sont-de-retour-en-amerique-centrale

    Depuis la crise des enfants migrants à l’été 2014, Washington réinvestit la région centraméricaine. Militarisation, lutte contre la #Corruption, capitaux étrangers et accords de libre-échange : pour le géant américain, tout est bon pour protéger ses frontières du narcotrafic et de l’immigration.

    #International #CICIG #Guatemala #Honduras #Salvador #Amériques

  • Entre Téhéran et Washington, de faibles attentes
    Le Monde.fr | 17.01.2016 à 07h41 | Par Gilles Paris (Washington, correspondant)
    http://www.lemonde.fr/international/article/2016/01/17/entre-teheran-et-washington-de-faibles-attentes_4848661_3210.html

    Le #carcan américain
    Le climat nouveau qui règne entre les deux capitales depuis juillet n’est cependant pas l’élément précurseur d’une relance historique des relations bilatérales. L’accord du 14 juillet se limite en effet au dossier #nucléaire. Il ne concerne pas les autres contentieux qui éloignent Téhéran de Washington, notamment les accusations américaines visant la situation des droits de l’homme, les essais balistiques conduits par l’Iran, ou le soutien de ce pays à des organisations classées par Washington comme des groupes terroristes. Ces accusations sont à l’origine de sanctions antérieures à celles adoptées pour contraindre Téhéran à négocier sur le nucléaire.

    A de rares exceptions près, ces sanctions vont en effet rester en place. Côté américain, des dérogations vont notamment être accordées pour le transport aérien. Compte tenu des besoins importants de l’Iran, Washington ne souhaite visiblement pas affaiblir le constructeur #Boeing face à l’européen #Airbus. De même, Les #Etats-Unis pourront importer certains produits alimentaires iraniens comme les pistaches ou des tapis. Enfin, l’administration américaine devrait permettre à des filiales étrangères d’entreprises américaines de faire des #affaires en #Iran.

    Mais pour les entités américaines, la situation ne va pas être diamétralement modifiée par la levée des sanctions prévues compte tenu des avancées constatées par l’AIEA. Ce carcan américain reste en place et empêchera encore longtemps tout investissement massif dans un pays qui compte toujours parmi les adversaires les plus résolus de Washington.

    • Missiles balistiques : nouvelles sanctions américaines contre l’Iran
      http://www.rfi.fr/moyen-orient/20160117-missiles-balistiques-nouvelles-sanctions-americaines-contre-iran-rohani

      Ces sanctions risquent de créer de nouvelles tensions entre l’Iran et les Etats-Unis. Hassan Rohani a en effet déclaré que l’Iran réagirait à toute nouvelle mesure adoptée par les Etats-Unis contre son pays. « L’accord nucléaire ne signifie pas que nous avons confiance envers les Etats-Unis », a-t-il déclaré.

      Le 31 décembre dernier, le président iranien avait déjà réagi alors que les médias américains avaient seulement évoqué de nouvelles sanctions à cause de ces tests de missiles. Il avait ordonné au ministre de la Défense de prendre des mesures pour accélérer le programme balistique et renforcer les capacités des missiles iraniens.

      Dans ces conditions, Hassan Rohani devait réagir même si la portée de ces sanctions est sans commune mesure avec celles qui ont été annulées après l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire.

  • Un missile américain désactivé et égaré en Europe se retrouve... à Cuba
    Ca sent pas bon, c’est le bordel, comme à la bourse.

    Un missile américain Hellfire désactivé à des fins de formation a été égaré en Europe à l’été 2014 et s’est retrouvé à Cuba, où Washington cherche à le récupérer, a confié vendredi une source proche du dossier, confirmant une information du Wall Street Journal.


    C’est, a priori, en raison d’une succession d’erreurs logistiques en Europe que le missile Hellfire, sans armement ni système de mise à feu, a échoué sur l’île communiste il y a 18 mois, soit avant la normalisation diplomatique historique amorcée en décembre 2014 entre Washington et La Havane.

    Le gouvernement américain a pour habitude de convoyer ces missiles désactivés et incomplets, équipements fabriqués par le groupe Lockheed Martin -avant de vendre des armes opérationnelles- à des fins d’entraînement et de formation, comme ce fut le cas très récemment avec l’Irak, a expliqué à l’AFP une source proche du dossier.
    Les diplomates et militaires américains n’ont juridiquement pas le droit de s’exprimer publiquement sur les contrats commerciaux de ventes d’armes.

    A l’été 2014, le missile avait été envoyé en Espagne par son constructeur avec le feu vert du département d’Etat pour des exercices militaires de l’Otan.

    L’arme devait ensuite être renvoyée par avion-cargo commercial en Floride via Francfort en Allemagne, selon la source proche du dossier.
    C’est là que plusieurs erreurs logistiques sur la cargaison sont survenues et que le missile s’est retrouvé d’abord chargé dans un camion affrété par Air France en direction de l’aéroport de Roissy, puis sur un vol cargo de la compagnie aérienne française vers La Havane, selon le WSJ, citant des sources anonymes.

    La source de l’AFP évoque elle simplement un vol Air France parti d’Allemagne et arrivé à Cuba. D’après elle, il s’agit d’un accident et non d’une possible activité criminelle, même si le ministère américain de la Justice a ouvert une enquête.

    Lockheed Martin avait rapidement signalé au département d’Etat la disparition de son missile et Washington cherche depuis des mois à le récupérer auprès des autorités cubaines.

    Les Américains, qui viennent de se rapprocher des Cubains, n’aiment guère par principe que leur technologie tombe entre les mains de pays étrangers, a fortiori proches de puissances concurrentes comme la Russie et la Chine.
    http://www.rtbf.be/info/monde/detail_un-missile-americain-desactive-et-egare-en-europe-se-retrouve-a-cuba?id=

  • Petite synthèse à propos de la récente occupation d’un bâtiment fédéral par une #milice d’#extrême-droite en Oregon
    https://reason.com/blog/2016/01/03/armed-protesters-occupy-remote-federal-o
    (vu sur twitter https://twitter.com/CorentinSellin/status/683593205183574016 )

    Les événements d’#Oregon (occupation d’un bâtiment fédéral par une milice armée) sont liés à l’affaire #Bundy qui secoue l’Ouest depuis 2014.
    Depuis 1993, le fermier Bundy du Nevada fait paître ses troupeaux illégalement sur des terres fédérales. En 2013, il est condamné par un juge. En avril 2014, des US rangers vinrent appliquer ce jugement fédéral, confisquer le troupeau de Bundy. Ils sont repoussés par des miliciens. L’affrontement en avril 2014 entre les forces de l’ordre fédérales et les miliciens armés de Bundy est retransmis sur #FoxNews.
    Bundy, républicain père de 14 enfants, devient l’icône des conservateurs radicaux : Rand Paul, Bachmann lui apportent leur soutien. Sauf que Bundy livre vite à la TV son opinion raffinée sur les Afro-Américains « mieux dans l’esclavage ». https://www.youtube.com/watch?v=1Bf-AxkBp-0


    Le fermier est vite lâché par les élus républicains « ultras » mais sa ferme devient le « Fort Chabrol » de milices sécessionnistes armées et il coagule autour de lui tous ceux refusant la souveraineté de l’Etat fédéral comme la milice « Oath Keepers ».
    http://www.nytimes.com/2014/04/24/us/politics/rancher-proudly-breaks-the-law-becoming-a-hero-in-the-west.html
    Depuis 2014, il faisait paître son troupeau sous la protection de miliciens, appelant à la désobéissance.
    http://www.theguardian.com/us-news/2015/jun/01/cliven-bundy-standoff-grazing-rights-nevada-ranch
    Quand les Hammond de l’Oregon sont condamnés par un juge à 5 ans de prison pour incendie de terres fédérales, il voit l’opportunité.
    L’occupation du bâtiment fédéral de l’Oregon par les Oath Keepers et deux de ses fils est l’occasion de « dupliquer » la « rébellion ».
    L’occupation armée en Oregon est un acte clair de défiance/sécession de Bundy et des milices face à l’#Etat fédéral
    http://edition.cnn.com/2016/01/03/us/oregon-wildlife-refuge-protest
    et s’inscrit dans une mouvance des « Citoyens Souverains » rangée par le FBI/DHS 1ère menace #terroriste intérieure.
    http://edition.cnn.com/2015/02/19/politics/terror-threat-homeland-security
    Les « citoyens souverains » vénèrent le second amendement donnant le droit individuel de s’armer comme une protection face à l’Etat.

    #terrorisme #racisme #mafia #armes #armement #manche_de_pioche

  • Des Etats-Unis socialistes d’Europe ?
    http://www.dedefensa.org/article/des-etats-unis-socialistes-deurope

    Des Etats-Unis socialistes d’Europe ?

    Un article paru sur le site internationaliste trotskyste World Socialist Web Site (version française le 29 décembre 2015) fait le constat que le projet d’union politique et économique des Etats européens, sous le nom d’Union européenne (UE) est en train de s’effondrer. Nous ne pouvons que partager ce diagnostic.

    Peut-être cet effondrement laissera place à une Europe des nationalismes et des militarismes. Peut-être parallèlement transformera-t-il ce qui reste d’institutions européennes, Commission, Parlement, monnaie unique en ectoplasmes politiques plus que jamais soumis aux intérêts de Washington et de Wall Street. Washington continuera à utiliser les pays européens comme des machine de guerre contre la Russie et demain contre la Chine. (...)

  • Etats-Unis. Malgré ses promesses, la Maison-Blanche a continué d’espionner Nétanyahou |Publié le 30/12/2015
    http://www.courrierinternational.com/article/etats-unis-malgre-ses-promesses-la-maison-blanche-continue-de

    C’est The Wall Street Journal qui révèle l’information. Après avoir promis en 2013 de mettre un terme aux écoutes réalisées par l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), la Maison-Blanche a continué de surveiller ses alliés, notamment le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

    Octobre 2013. Les documents révélés par le lanceur d’alerte Edward Snowden montrent que la NSA a écouté les conversations téléphoniques de 35 chefs d’Etat du monde, notamment au profit de la Maison-Blanche. Janvier 2014. Dans un discours très attendu, Barack Obama annonce la fin de la surveillance des dirigeants des pays alliés.

    Mais, “en coulisses, la Maison-Blanche a décidé de garder certains alliés sous surveillance”, écrit The Wall Street Journal qui a révélé, le mardi 29 décembre, que Washington avait en fait poursuivi certaines de ses écoutes.

    “En haut de la liste : le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou”, indique le quotidien new-yorkais, citant d’anciens et actuels responsables du gouvernement américain. Et de raconter comment, au moment des pourparlers sur le nucléaire iranien, Washington a capté des échanges entre Nétanyahou et ses conseillers qui ont creusé la méfiance entre les deux pays et créé un véritable “champ de mine” lorsque le Premier ministre israélien a critiqué ce projet d’accord avec l’Iran lors de son discours devant le Congrès américain.

    Pas de démenti de la Maison-Blanche

    The Wall Street Journal détaille :

    “Les écoutes réalisées par la NSA ont révélé à la Maison-Blanche comment M. Nétanyahou et ses conseillers ont fait fuiter des détails sur les pourparlers entre les Etats-Unis et l’Iran – informations obtenues par espionnage des services israéliens – pour saper les négociations, mais aussi comment le Premier ministre israélien a organisé des discussions avec des groupes juifs-américains pour critiquer le projet d’accord, et a demandé à des législateurs indécis en échange de quoi ils seraient prêts à voter contre l’accord.”

    Les responsables de la Maison-Blanche étaient convaincus que ces informations interceptées grâce aux écoutes auraient permis de contrer la campagne de Nétanyahou contre l’accord sur le nucléaire iranien. “Mais ils étaient aussi conscients que c’était politiquement risqué”, précise le journal.

  • L’intox, arme de destruction massive de Netanyahou | 25 décembre 2015 | Par René Backmann
    https://www.mediapart.fr/journal/international/251215/l-intox-arme-de-destruction-massive-de-netanyahou?onglet=full

    (...) Pendant plusieurs mois, Netanyahou, qui considère depuis longtemps Obama comme un désastre pour l’Amérique et un ennemi d’Israël, n’a donc cessé de rappeler la menace que le régime de Téhéran, fort de cet accord international, continue à faire peser sur la sécurité d’Israël, d’insister sur la responsabilité de Washington dans cette situation et de mettre en demeure les États-Unis de donner à Israël les moyens de se défendre. Contrairement à ses principaux chefs militaires, qui approuvent l’accord sur le nucléaire iranien et ne jugent pas l’Iran comme une menace majeure pour Israël (voir ici sur Mediapart), le premier ministre israélien a continué de proclamer que la République islamique n’était pas digne de confiance, qu’elle voulait toujours la destruction d’Israël et qu’il était de la responsabilité stratégique et morale de Washington d’assurer la protection de son allié israélien.

    En termes clairs, cela signifiait que Netanyahou et son ministre de la défense Moshe Ya’alon entendaient obtenir que le montant de l’aide militaire américaine, qui a atteint 124 milliards de dollars depuis 1962, soit portée de 3 à 5 milliards de dollars par an pour les dix prochaines années. La partie est d’autant plus facile à jouer, estimaient les dirigeants israéliens, qu’Obama, qui considère l’accord avec l’Iran comme un objectif majeur de son second mandat, est confronté à un Congrès rétif où les républicains l’accusent d’avoir « jeté Israël sous le train » dans la négociation avec l’Iran. Et où les amis d’Israël sont assez nombreux et influents parmi les démocrates pour le mettre en difficulté.

    Ils n’avaient pas tort. Selon les commentaires de Moshe Ya’alon, au retour de Washington, la Maison Blanche a accepté la quasi-totalité des demandes israéliennes. En plus de la revalorisation de l’aide qui pourrait atteindre au moins 4 milliards de dollars par an, Israël a obtenu, invoquant le caractère existentiel du danger iranien et la situation chaotique de la région, la livraison d’une escadrille supplémentaire du nouvel avion de combat furtif américain F-35, un renforcement de son armada actuelle de 83 F-15, et la fourniture de plusieurs avions à moteurs pivotants V-22, capables de décoller et d’atterrir verticalement, comme des hélicoptères.

    À cela s’ajoutent des fournitures de munitions guidées, de bombes de 2 tonnes anti-bunkers, des engagements américains à participer au développement des systèmes anti-missiles Arrow, Magic wand et Iron dome, ainsi qu’aux recherches sur la cyber-guerre et la technologie de localisation des tunnels. Le montant définitif des budgets engagés, le nombre exact d’avions à fournir et les délais de livraison seront arrêtés lors des conversations entre experts qui viennent de s’engager et qui pourraient se poursuivre jusqu’à l’entrée en fonction du successeur d’Obama, en janvier 2017.(...)

    repris sur http://www.france-palestine.org/L-intox-arme-de-destruction-massive-de-Netanyahou

  • Etats-Unis : tempêtes meurtrières et records de chaleur pour Noël | Courrier international
    http://www.courrierinternational.com/depeche/etats-unis-tempetes-meurtrieres-et-records-de-chaleur-pour-no

    Le sud des Etats-Unis se relevait difficilement jeudi d’une déferlante de tornades meurtrières nourries par des températures particulièrement douces, qui ont atteint des records à New York et Washington à la veille de Noël.

    #état_d'urgence_climatique #réchauffement_climatique #global_warming #climate_change

  • Destroying Syria to Create Sunnistan
    http://www.counterpunch.org/2015/12/09/destroying-syria-to-create-sunnistan

    Commentaires par l’ultra-gauche US d’un édito assez fracassant de John Bolton, ex ambass de Bush en Irak si ma mémoire est bonne... En gros, l’idée de redessiner la carte du Moyen-Orient est toujours là, avec des forces « sunnites » pour remplacer celles de l’Etat islamique.... On en parle aussi dans la presse arabe, là http://www.raialyoum.com/?p=358192 par exemple .

    The message the US military is sending with these lethal attacks is that it wants to control the air-space over east Syria where it plans to remove ISIS and establish a de facto Sunni state consistent with its scheme to break Syria and Iraq into smaller cantons governed by local warlords, Islamic fanatics, and US puppets. A great deal has been written about this topic already, so we won’t spend too much time on it here. A recent op-ed in the New York Times by neocon John Bolton sums up the basic concept which appears to be supported by virtually the entire US political establishment. Here’s an excerpt from the article:

    “Today’s reality is that Iraq and Syria as we have known them are gone. ….. Rather than striving to recreate the post-World War I map, Washington should recognize the new geopolitics. The best alternative to the Islamic State in northeastern Syria and western Iraq is a new, independent Sunni state….

    This Sunni state proposal differs sharply from the vision of the Russian-Iranian axis and its proxies (Hezbollah, Mr. Assad and Tehran-backed Baghdad). Their aim of restoring Iraqi and Syrian governments to their former borders is a goal fundamentally contrary to American, Israeli and friendly Arab state interests….

    The new “Sunni-stan” may not be Switzerland. This is not a democracy initiative, but cold power politics. It is consistent with the strategic objective of obliterating the Islamic State that we share with our allies, and it is achievable.” (“John Bolton: To Defeat ISIS, Create a Sunni State“, New York Times)

    Like we said, the Bolton piece is just one of many articles and policy papers that support the partitioning of Iraq and Syria and the redrawing of the map of the Middle East. ISIS, which is largely an invention of western Intel agencies and their Gulf counterparts, is a critical component in this overall plan.

  • Three years and 90,000 gun deaths since Sandy Hook, appetite for change builds | US news | The Guardian
    http://www.theguardian.com/us-news/2015/dec/10/us-gun-control-vigil-three-years-and-90000-gun-deaths-since-sandy-hook-

    Holding candles aloft and singing This Little Light of Mine with verve, about 500 people held a national vigil for victims of gun violence on Wednesday and spoke of a social movement gathering momentum across America.

    There was standing room only at the St Mark’s Episcopal church on Capitol Hill, Washington, for the biggest of hundreds of vigils planned across the US this week, spurred by recent deadly shootings from Colorado to California.

    #états-unis #armes #armement #meurtres

  • Isis: In a borderless world, the days when we could fight foreign wars and be safe at home may be long gone

    Isis was quick to understand a truth the West must now confront: that the national borders imposed by colonial powers 100 years go are becoming meaningless, says Robert Fisk

    What really manifested itself that year, I now believe, was a much more deeply held Arab conviction; that the very institutions that we in the West had built for these people 100 years ago were worthless, that the statehood which we had later awarded to artificial nations within equally artificial borders was meaningless. They were rejecting the whole construct that we had foisted upon them. That Egypt regressed back into military patriarchy – and the subsequent and utterly predictable Western acqiescence in this – after a brief period of elected Muslim Brotherhood government, does not change this equation. While the revolutions largely stayed within national boundaries – at least at the start – the borders began to lose their meaning.

    Isis has weirdly replicated this gruesome policy. However many atrocities in Europe have been committed by men who have supposedly been “radicalised” in Syria, the killers have usually been local proxies; British Muslims in the UK, French Muslims who were citizens of France or residents of Belgium. The significance of this – that Isis clearly intends to provoke a civil war within Europe, especially between France’s huge Algerian-origin Muslims and the police and political elite of France – has been spoken of in whispers. Indeed, much of the media coverage of the Paris massacres has often avoided the very word Muslim.

    But that’s what George W Bush and Tony Blair told us before marching into the graveyard of Iraq in 2003. We are always declaring ourselves “at war”. We are told to be merciless. We must invade “their” territory to stop them invading ours. But the days are long gone when we can have foreign adventures and expect to be safe at home. New York, Washington, Madrid, London, Paris all tell us that. Perhaps if we spoke more of “justice” – courts, legal process for killers, however morally repugnant they may be, sentences, prisons, redemption for those who may retrieve their lost souls from the Isis midden – we would be a little safer in our sceptered continent. There should be justice not just for ourselves or our enemies, but for the peoples of the Middle East who have suffered this past century from the theatre of dictatorships and cardboard institutions we created for them – and which have helped Isis to thrive.

    http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/isis-in-a-borderless-world-the-days-when-we-could-fight-foreign-wars-
    #Etat-nation #ISIS #EI #Etat_islamique #Etat_national #frontières #post-colonialisme #colonialisme #nations_imaginaires #justice
    cc @reka

    • Pourvu qu’il n’ait pas raison...

      The significance of this – that Isis clearly intends to provoke a civil war within Europe, especially between France’s huge Algerian-origin Muslims and the police and political elite of France – has been spoken of in whispers

      #guerre_civile

  • Les tensions entre la Russie et la Turquie sont utiles pour Obama
    Par M. K. Bhadrakumar on November 28, 2015 in Asia Times | traduction JFG QuestionsCritiques 30 nov
    http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/tensions_entre_la_turquie_et_la_russie_obama_281115.htm

    La Turquie a peut-être réussi à saborder l’idée d’une coalition internationale, sous les auspices des Nations Unies, pour combattre l’Etat Islamique (EI). Les discussions qui se sont déroulées vendredi à Moscou entre Vladimir Poutine et François Hollande laissent une drôle d’impression.

    Bien sûr, Hollande a présenté ses condoléances pour la mort, mardi dernier, du pilote russe. C’est un geste important qui contraste nettement avec le choix calculé du Président américain Barack Obama d’exprimer sa solidarité avec la Turquie. Hollande a ouvertement soutenu la détermination de la Russie à perturber les liens entre la Turquie et l’EI dans le commerce [illégal] de pétrole. Il a juré de faire ce que la Russie est elle-même en train de faire, à savoir, bombarder sans relâche les convois transportant le pétrole de l’EI qui se dirigent vers la frontière turque.
    (...)
    Dit simplement, Washington peut trouver autant d’alibis que possibles pour maintenir les Russes à l’extérieur de la structure, en observateurs. Les tensions entre la Turquie et la Russie qui ont éclaté la semaine dernière se présentent comme une formidable occasion d’enterrer, d’une façon ou d’une autre, la proposition russe d’une coalition internationale pour combattre l’EI sous les auspices des Nations Unies.

    Inutile de dire qu’il y a même une théorie de la conspiration selon laquelle la Turquie s’est sentie obligée de descendre l’avion russe, pour la simple raison qu’elle était sûre que frapper Moscou satisferait le programme américain en Syrie. Bien qu’Erdogan ne soit pas exactement un personnage populaire à Washington, Obama s’est démené pour exprimer sa solidarité avec lui et a même cherché à légitimer l’action de la Turquie, mardi dernier, après avoir été informé que l’avion russe avait été en realité abattu dans l’espace aérien syrien.

    Poutine a fait remarquer lors de sa conférence de presse conjointe avec Hollande que le camp russe avait partagé avec les Américains, de façon confidentielle, les coordonnées de leur vol fatal de mardi dernier (ainsi que le récent protocole bilatéral avec le Pentagone le prévoyait). Poutine a minutieusement choisi ses mots :

    « Nous échangeons des informations avec eux [les Etats-Unis], mais nous sommes très préoccupés par la nature des échanges et des résultats de notre travail conjoint. Voyez un peu : nous avons prévenu nos partenaires américains à l’avance sur la localisation des opérations de nos pilotes, quand [elles auraient lieu] et à quelle altitude. Le camp américain, qui dirige la coalition incluant la Turquie, connaissait l’heure et la localisation de ces vols. Et c’est précisément là et à ce moment que nous avons été frappés.

    « Soit ils [les Etats-Unis] ne peuvent pas contrôler ce que font leurs alliés, soit ils ont passé cette information à droite et à gauche, sans en mesurer les conséquences. Naturellement, nous devrons avoir des consultations sérieuses avec nos partenaires à ce sujet. » (...)

  • La globalisation “qui fait pschitt”
    http://www.dedefensa.org/article/la-globalisation-qui-fait-pschitt

    La globalisation “qui fait pschitt”

    28 novembre 2015 – Au départ, c’est donc un texte de Robert Parry qui nous a mis la puce à l’oreille. Cet excellent journaliste s’est de plus en plus concentré, ces derniers temps sur son site ConsortiumNews, sur le phénomène de groupthinking à Washington. (Comme l’on sait, l’expression n’est pas neuve.) Pour la première fois, le 21 novembre, dans un texte sur les narrative dont se nourrissent les politiques et les élites-Système de Washington, il a employé le mot “bulle” (“bubble”) : « One way to view Official Washington is to envision a giant bubble that serves as a hothouse for growing genetically modified “group thinks.” »

    Le mot “bulle” n’est pas seulement utile à cette marque de soda “qui fait pschitt” ; bien plus sérieusement, l’image qu’il véhicule venue en bonne (...)

  • Les défis opérationnels d’une coalition unique contre Daech
    http://www.lefigaro.fr/international/2015/11/23/01003-20151123ARTFIG00316-daech-les-defis-operationnels-d-une-coalition-uni

    Ce sont les services de renseignements jordaniens - proches de la CIA, mais acceptés par Moscou - qui ont reçu, dans le cadre des négociations de Vienne sur une transition politique en Syrie, la mission de définir quels groupes armés anti-Assad peuvent être ou non acceptés à la fois par Moscou, Téhéran, Washington, Paris et les monarchies du Golfe. Tâche hautement délicate étant donné l’émiettement de l’insurrection et l’omniprésence en son sein des islamistes, des salafistes et des djihadistes. « Les Jordaniens vont faire des propositions au Conseil de sécurité de l’ONU », affirme au Figaro une source onusienne proche du dossier. « Ils ne vont pas dire clairement quel groupe est terroriste et peut donc être frappé, mais se baser sur des critères ...

    même avec seulement 19% de lecture de l’article, on imagine bien que ça va être coton pour les Jordaniens.

  • Jacques-Marie Bourget (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Marie_Bourget) publie sur Mondafrique une longue enquête qui éclaire les liens passés entre le gouvernement français et al-Nusra.
    L’article se concentre sur le contexte entourant la fameuse phrase de Fabius sur le « bon boulot » d’al-Nusra, et révèle jusqu’où est allé Fabius pour tenter, en accord avec les Saoudiens et les Qataris, d’empêcher qu’al-Nusra ne soit inscrit sur la liste des organisations terroristes à l’ONU.
    Il s’appuie sur une lettre de l’ambassadeur marocain à l’ONU à Rabat qui relate ce qui s’y joue, et que Bourget détiendrait.
    Al Nosra, l’étrange allié de la diplomatie française
    http://www.mondafrique.com/al-nusra-letrange-allie-de-la-diplomatie-francaise

    Au grand dam de Fabius, Washington, qui ne peut faire moins dans un pays marqué par les attentats du 11 septembre, décide unilatéralement de déclarer terroristes ces djihadistes pourtant si utiles. En coulisse le Quai d’Orsay mobilise afin d’épargner l’infamie à cette composante « rebelle ». La preuve ? Nous la détenons par un courrier envoyé par la délégation marocaine à l’ONU à son ministère de tutelle à Rabat. La lettre du 29 avril 2013 est classée « Confidentiel/Très urgent », elle est signée de Mohamed Loulichki, l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations Unies.

    Le courrier fait état d’une demande de la Syrie auprès de l’ONU, intervention qui met visiblement la France dans tous ses émois : Damas vient de sommer l’ONU de placer Al-Nosra sur la liste des organisations terroristes… Le courrier diplomatique marocain rapporte l’embarras de Paris qui « considère politiquement inconcevable de s’opposer à l’inscription d’Al-Nosra sur la liste des sanctions. Toutefois il est important pour la France qu’une telle inscription s’opère à travers des canaux autres que la Mission syrienne et de couper l’herbe sous les pieds de la Syrie qui a toujours assimilé l’opposition syrienne à des groupes terroristes ».

    Que faire pour éviter l’opprobre à Al-Nosra-Al-Qaïda, organisation bien vue de Fabius ? Toujours selon le courrier marocain, Paris a imaginé une réplique qui est le « résultat de plusieurs semaines de négociations ». La ruse, qui a été approuvée par le Royaume Uni, consiste à ajouter discrètement le nom d’Al-Nosra à la liste des sanctions qui frappe Al-Qaïda en Irak. Ainsi l’initiative de Bachar serait contrée et les « rebelles » aimés de Paris moins stigmatisés…

    Cette lettre de l’ambassadeur du Maroc continue d’être instructive quand on li sous la plume de l’excellence la position de Riyad face à une mise au pilori d’Al-Nosra : « L’Arabie Saoudite nous a déjà communiqué ses craintes quant à la perspective de l’inscription d’Al-Nosra et son instrumentalisation pour établir un lien entre le terrorisme et les pays qui soutiennent les groupes armés de l’opposition syrienne ». Cette phrase mérite une traduction un peu plus brutale, avec des circonvolutions Riyad dit la chose suivante : « Impossible de stigmatiser Al-Nosra alors que nous soutenons, armons et finançons ce groupe. Impossible qu’il soit dit et écrit que nous sommes des alliés du terrorisme ».

    Petits arrangements

    Finalement, le 31 mai 2013, La France de Fabius va perdre le match, l’ONU couche Al-Nosra sur sa liste noire. Avec des sursauts encouragés par Paris les « rebelles » tentent en permanence d’en être rayés. Ainsi, en septembre 2014, quand Al-Nosra libère 45 Casques bleus qu’il détient en otage, le Quai d’Orsay appuie discrètement la demande des élèves de Ben Laden qui exigent, en échange, d’être retirés de la « Liste des sanctions ».

    Le « deal » n’a pas marché. Mais le même John Kerry, bien longtemps après Fabius et le ministre des Affaires étrangères du Qatar, va finir à son tour par approuver « le bon travail d’Al-Qaïda en Syrie. Oublions donc tous ces moments d’égarement, Fabius comme le Secrétaire US a une ligne politique en béton. Ce ne sont pas les girouettes qui tournent. C’est le vent.

    En attendant, comme on ne change pas une équipe qui gagne, Hollande a reçu ce mardi 17 novembre l’excellent premier ministre du Qatar, un homme qui connait parfaitement le terrorisme. Puisque son pays le finance.

    • Ok là dessus.
      Mais il y en a d’autres qui essaient de blanchir Bachar El Assad, actuellement. C’est quand même, je pense, le premier responsable de la tragédie en Syrie. Les autres en ont profité pour, en se présentant comme opposés au dictateur, accroitre le chaos.

    • #stephane_M : il n’y a pas de "vérité là-dessus, et tu introduis très justement par « je pense ». Perso, je pense que Bachar n’est qu’un pion dans un sytème maffieux familial, et que le personnage - on revient à l’article signalé - était honoré par la république chiraquienne il y a peu encore... Pourquoi ést-il devenu en quelques mois un nouvel Hitler ? Ma lecture à moi, c’est qu’il y a eu tentative de renversement dès le départ, la période pacifique - j’en étais le témoin à l’époque - n’a jamais existé vraiment. Dès la fin février, début mars 2011, les gus de l’armée, de malheureux conscrits et non pas les sbires du régime, se faisaient dégommer. A l’époque, on expliquait que c’étaient des déserteurs tués par les officiers alouites de l’encadrement. La suite a montré que cette explication était aussi inventée que le reste.

    • Que ce soit un système mafieux familial certes, mais Assad est au sommet de cette mafia.
      Moi je me souviens que lorsqu’il a succédé à son dictateur de père, Hafez, on a espéré qu’Assad démocratise le régime et il y a eu des libérations de prisonniers politiques et la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1963 (!). Ensuite il est revenu aux pratiques de son père.
      Chirac a honoré tellement de dictateurs (tout comme Hollande) que ce n’est pas un critère.

      Si tu as séjourné en Syrie tu as des informations plus directes que les miennes.

      Mais je n’ai jamais vu personne défendre son régime, même Adeline Chenon Ramlat qui a un blog sur Mediapart, et qui, ayant des proches parmi les chrétiens de Syrie, dénonce la volonté occidentale de déstabiliser Bachar.

      Quelqu’un m’a demandé par mail qui je visais.

      Je vise la Russie (et tous ceux qui voient Poutine comme un gentil garçon), qui est prête à défendre n’importe quel régime qui lui garantisse sa base militaire sur la Méditerranée.

      Je pense que cela fait des années que les Etats-Unis (Obama) auraient dû négocier avec Poutine : accepter cette base russe (qui est la seule base russe dans un Moyen-Orient truffé de bases américaines), en contrepartie d’une très forte pression russe sur Bachar El Assad pour qu’il démocratise son régime (comme c’est la Russie qui arme Bachar, cela lui donne les moyens de tordre le bras au régime ...).

      Bon mais on a tous compris que les Etats-Unis n’étaient pas des humanistes, même habillés du charmant sourire d’Obama.
      Il n’y a pas des bons et des mauvais, il n’y a que des assassins de masse et des vendeurs d’armes à très grande échelle, dans notre histoire contemporaine.

  • Hollande a conduit une politique aventureuse au Proche-Orient

    Le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle et son groupe aéronaval quitteront leur base de Toulon mercredi 18 novembre pour la Méditerranée orientale où ils arriveront à la mi-décembre pour participer aux opérations contre Daech (acronyme de l’État islamique en Irak et au Levant, autoproclamé) et ses groupes affiliés. Annoncé il y a une quinzaine de jours par un communiqué de l’Élysée, cet appareillage est sans rapport avec les attentats de vendredi dernier à Paris. Il répond en revanche à la volonté de renforcer à la fois le potentiel de frappe français dans la région et la visibilité de l’implication militaire de Paris, au moment où l’engagement russe sur le terrain bouleverse les rapports de force et les données diplomatiques.

    Les 12 Rafale, les 9 Super-Étendard et l’avion de surveillance Hawkeye, embarqués à bord du Charles-de-Gaulle, s’ajouteront aux 6 Rafale basés aux Émirats arabes unis et aux 6 Mirage 2000 déployés en Jordanie, pour porter à 33 le nombre d’appareils de combat à la disposition de l’Élysée aux frontières de l’Irak et de la Syrie. C’est modeste, comparé à l’énorme armada (près de 500 appareils) déployée par les États-Unis dans la région. Suffisant, pour donner à Paris une voix dans le débat diplomatique et stratégique. Insuffisant pour disposer de l’autorité que revendiquent les dirigeants français.

    Engagée depuis septembre 2014 au sein de la coalition d’une soixantaine de pays réunie par les États-Unis, la France participe – modestement – aux opérations destinées à endiguer l’expansion de l’État islamique. Selon les statistiques de la coalition, la part de l’aviation française dans les frappes lancées depuis un an est d’environ 5 % ; l’armée de l’air américaine, forte de ses bases dans la région et de ses porte-avions, assumant la majorité (67 %) des bombardements contre les installations et les troupes de l’État islamique.

    Dans un premier temps, ainsi que l’avait précisé François Hollande en annonçant qu’il avait décidé de répondre à la demande d’appui aérien du gouvernement de Bagdad, les frappes françaises ont été concentrées sur des cibles irakiennes. « Nous ne pouvons pas intervenir [en Syrie], affirmait le chef de l’État en février 2015, car nous ne voulons pas courir le risque que notre intervention puisse aider Assad ou Daech. » Les Rafale et les Mirage limitent alors leur horizon au ciel irakien. Selon l’état-major français, plus de 450 objectifs de l’EI en Irak auraient été atteints et détruits en un an.

    Mais le 8 septembre dernier, changement de stratégie. Deux Rafale, basés aux Émirats arabes unis, entreprennent un premier « vol de reconnaissance » au-dessus de la Syrie pour identifier des cibles éventuelles. « L’Élysée et la Défense, expliquait alors à Mediapart une source informée, ont décidé de constituer et de tenir à jour une liste d’objectifs qui pourraient être frappés en représailles après un attentat de Daech contre la France, ou qui peuvent être frappés préventivement, pour empêcher des attentats en préparation ou pour désorganiser l’infrastructure politico-militaire de Daech, conformément au principe de légitime défense mentionné dans la charte des Nations unies.

    « L’une des difficultés majeures est que les installations de Daech sont dispersées sur un vaste territoire et souvent au sein de la population civile, ce qui implique une préparation et une exécution minutieuse des frappes. En plus d’être moralement difficiles à défendre, des dégâts collatéraux seraient exploités par l’appareil de propagande de l’État islamique et seraient totalement contre-productifs. »

    Moins de trois semaines plus tard, 6 appareils français dont 5 Rafale frappent un camp d’entraînement de Daech près de Deir Ez-Zor, à l’est de la Syrie. Avant les frappes de représailles déclenchées dans la nuit du 15 au 16 novembre sur Raqqa, moins d’une demi-douzaine d’autres raids avaient été lancés, notamment contre des installations pétrolières exploitées par Daech. Comment s’explique cette volte-face de François Hollande ? Officiellement, pour Paris, les enjeux ont changé sur le terrain : Daech est devenu l’ennemi principal, devant Assad. « C’est Daech qui fait fuir, par les massacres qu’il commet, des milliers de familles », avance François Hollande lors de sa conférence de presse du 7 septembre. « Notre ennemi, c’est Daech, Bachar al-Assad, c’est l’ennemi de son peuple », précise même le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian lors d’une interview à France Inter, le 16 septembre.

    Il est clair que l’État islamique, par sa pratique quotidienne de la terreur dans les zones qu’il contrôle, et par la mise en scène constante, sur les réseaux sociaux, de sa propre violence, incite à la fois les Syriens à fuir en masse et propage, à l’extérieur, l’image d’une barbarie de nature à nourrir un exode. De là à négliger la sauvagerie du régime d’Assad, le largage de barils d’explosifs sur les zones civiles, le recours permanent à la terreur et à la torture, il y a un pas. Que François Hollande et Laurent Fabius, pourtant ardents partisans du « dégagement » de Bachar, ont franchi.

    La pression du ministère de la défense

    Pourquoi, avant même le carnage organisé par Daech à Paris, François Hollande et son ministre des affaires étrangères ont-ils tout à coup changé d’avis ? Parce que depuis un an au moins, l’état-major et le ministère de la défense, qui disposaient de renseignements précis, demandaient, parfois contre l’avis du Quai d’Orsay, l’autorisation de mener des frappes sur la Syrie. Là se trouvent, expliquaient-ils, la tête, le gros de l’infrastructure et les camps d’entraînement de l’EI qui nous menace. Mais aussi parce que trois événements, de nature différente, mais tous liés à la perception que le public, en France, peut avoir de la crise du Proche-Orient, se sont succédé en moins de deux semaines. Et ont convaincu le président français – et ses conseillers en communication – de changer de ligne sur la Syrie.

    Le premier a été l’attentat avorté, grâce à l’intervention de passagers courageux, à bord du train Thalys, le 21 août 2015, dans le nord de la France. Le terroriste, Ayoub el-Khazzani, un citoyen marocain, qui était armé d’une kalachnikov, d’un pistolet automatique et de neuf chargeurs, n’était à première vue pas lié au conflit syrien mais membre de la mouvance islamiste radicale et incarnait la menace du djihadisme international sur la vie quotidienne, la liberté de mouvement, la sécurité des Européens et en particulier des Français. Il a ravivé, dans le public, la conviction que le terrorisme était, aussi, à nos portes.

    Le deuxième événement a été la découverte, le 2 septembre, sur une plage de Bodrum en Turquie, du cadavre du petit Aylan, mort noyé, comme son frère et sa mère, après le naufrage de l’embarcation qui devait leur permettre de rejoindre l’île grecque de Kos. Alors que l’Europe entière était confrontée à l’exode des Syriens fuyant la terreur et à un constat cruel sur les limites de sa compassion et de son hospitalité, la photo du petit cadavre, diffusée en quelques heures dans le monde entier par les réseaux sociaux, est aussi apparue comme une interrogation sur la responsabilité et l’indifférence des Européens face à la tragédie qui broie leurs voisins du Sud.

    Le troisième événement a été la destruction, le 31 août 2015, du temple de Bêl à Palmyre, rasé au bulldozer par les combattants de l’État islamique, suivi quelques jours plus tard par le dynamitage des tours funéraires sur le même site. Revendiqué avec une jubilation tapageuse par les djihadistes, ce crime contre l’héritage culturel mondial inestimable que représentait Palmyre illustrait jusqu’à la caricature l’intolérance fanatique des dirigeants de Daech et leur volonté aveugle de détruire tout ce qui a précédé l’islam tel qu’ils le conçoivent et d’interdire toute autre célébration que celle de leur Dieu.

    Aux yeux des communicants de l’Élysée et du Quai d’Orsay, il y avait là une convergence de facteurs qui ne pouvait être négligée et qui incitait à décider un changement d’attitude face à la Syrie. L’émotion, l’inquiétude et l’indignation permettaient de le « vendre » à l’opinion publique française, faute de le rendre lisible à nos alliés et cohérent aux yeux des observateurs avertis. Est-ce ainsi, en faisant converger l’actualité et la communication, qu’on définit et met en œuvre une politique étrangère ? Beaucoup en doutent parmi les diplomates, en fonction ou mués en experts et consultants par la retraite.

    Invité début octobre à tirer les conclusions d’un colloque intitulé « La France a-t-elle encore une politique au Moyen-Orient ? », l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine a pris la parole en prévenant : « J’espère ne désespérer personne », avant d’admettre qu’il « y a bien une politique étrangère française de facto », mais qu’elle se résume au Proche-Orient à des « morceaux de politique française juxtaposés ». « La France n’a pas de véritable vision », déplorent des personnalités aussi différentes que Bertrand Badie, professeur de relations internationales à Sciences Po, Yves Aubin de La Messuzière, ancien diplomate, excellent connaisseur du monde arabe, ou Marc Trévidic, ancien juge d’instruction au pôle antiterroriste de Paris.

    Pourquoi ? D’abord, peut-être parce que la définition de la politique française, en particulier dans cette partie du monde est partagée, voire parfois disputée, entre l’Élysée et le Quai d’Orsay, avec dans le dossier syro-irakien, une forte présence de la Défense. Ensuite parce que les équations personnelles des principaux responsables, l’influence de leurs principaux conseillers, le poids et l’héritage des différentes administrations n’aident pas à construire une cohérence. Ensuite parce que, comme le relève un diplomate « notre politique actuelle au Proche-Orient est plutôt de réaction que d’action. Elle manque cruellement de réflexion sur la longue durée ».

    Si au Maghreb, la politique de la France, selon Hubert Védrine, consiste à « s’entendre le moins mal possible simultanément avec l’Algérie et le Maroc », au Machrek, elle est peu cohérente, déséquilibrée, au point de faire redouter à certains diplomates de ne plus correspondre aux intérêts fondamentaux, à long terme, de notre pays.

    L’exemple des relations entre la France et l’Arabie saoudite illustre parfaitement ce travers. Sur quoi sont-elles fondées ? Sur l’examen pragmatique des forces et faiblesses de ce pays ? Sur son respect des valeurs auxquelles la France est, en principe, attachée ? Sur son influence positive et stabilisatrice dans la région ? Sur l’évaluation à long terme de nos intérêts respectifs ? On peut en douter.

    En choisissant de faire de cette monarchie absolue wahhabite, qui a déjà exécuté 146 condamnés depuis le début de l’année, notre partenaire privilégié au Moyen-Orient, François Hollande et Laurent Fabius, efficacement aidés par le précieux Jean-Yves Le Drian, ont donné la priorité à leur chère « diplomatie économique », sacrifié quelques principes et dilapidé quelques cartes diplomatiques de valeur.

    L’alliance privilégiée avec le camp sunnite

    Le régime saoudien nous a acheté des hélicoptères de combat, des navires de patrouille, des systèmes de surveillance. Des centrales nucléaires EPR et une vingtaine d’autres projets sont en discussion. L’Arabie saoudite nous a aussi commandé 3 milliards de dollars d’armement destinés à l’armée libanaise et a réglé la facture des deux navires Mistral, vendus à l’Égypte. Les princes saoudiens ont-ils été guidés dans ces choix par leur seule confiance dans la technologie française ? Non.

    Les faveurs faites depuis quelques années à Paris sont surtout pour Riyad une manière de manifester sa mauvaise humeur à Washington et de rétribuer la France pour son zèle. Les princes reprochent à Obama d’avoir renié son engagement en refusant de frapper Damas à l’automne 2013, lorsque le régime syrien a utilisé des gaz chimiques contre son propre peuple, alors que les avions français étaient prêts à décoller pour participer à des représailles internationales. Ils lui reprochent aussi le rôle majeur joué par Washington dans la négociation de l’accord sur le nucléaire iranien, qui a rouvert à Téhéran les portes du concert des nations. Là encore, ils opposent l’attitude de Washington, jugée exagérément complaisante à l’égard des mollahs, à celle de Paris, longtemps réticent à la normalisation des relations avec l’Iran.

    En demeurant silencieux sur le caractère médiéval du régime saoudien, sur le statut quasi esclavagiste de la femme, sur les violations innombrables des droits de l’homme, en oubliant que la doctrine religieuse du royaume, le wahhabisme, a servi de terreau à tous les djihadistes ou que de nombreux princes ou personnalités ont été – ou demeurent ? – de généreux mécènes pour les mouvements islamistes radicaux, à commencer par celui d’Oussama Ben Laden, Paris ne manque pas seulement à ses devoirs moraux – la diplomatie a pris l’habitude de s’en affranchir – mais apparaît, aux yeux de toute la région, comme l’allié privilégié des régimes sunnites. D’autant que ces bonnes dispositions à l’égard du royaume saoudien s’étendent aussi aux monarchies du Golfe, wahhabites également, à commencer par le richissime Qatar, qui a commandé 24 Rafale.

    Témoignage suprême des bonnes dispositions des émirs à son égard, François Hollande a été invité en mai dernier, hommage exceptionnel, à participer à une réunion du Conseil de coopération du Golfe, qui réunit autour de l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et Oman. Difficile après cela, pour les diplomates français, de critiquer l’écrasement des revendications démocratiques à Bahreïn ou de reprocher à l’aviation saoudienne, engagée aux côtés du régime dans la guerre civile du Yémen, de bombarder sans scrupule, en plus des populations civiles, les trésors du patrimoine architectural. Difficile aussi de dénoncer le rôle de certaines familles ou institutions wahhabites du Golfe dans le financement des groupes djihadistes…

    Discutable sur le plan diplomatique, ce choix de l’alliance privilégiée avec le camp sunnite est aussi contestable sur le plan stratégique, notamment au regard du rôle que Paris entend jouer dans la lutte contre Daech et la résolution de la crise syrienne. Surtout au moment où l’Iran, de retour sur la scène diplomatique internationale après la conclusion de l’accord sur le nucléaire et sur le point de disposer de nouveau des revenus de ses hydrocarbures, entend retrouver son rang et disputer à Riyad le rôle de première puissance de la région.

    « En s’enfermant dans le rôle de “bad cop”, pendant les négociations sur le nucléaire iranien, la France s’est trompée, estime François Nicoulaud, ancien ambassadeur en Iran. Son choix était d’autant moins judicieux qu’elle a assez peu pesé dans la négociation, écrasée par le rouleau compresseur américain. »

    En Irak, il est clair aujourd’hui qu’aucune solution ne peut être trouvée, pour la stabilisation du régime comme pour la lutte contre Daech, sans la contribution de l’Iran, majeure à ce jour, et de la Russie. Paris semble en avoir pris son parti en poursuivant sa modeste contribution à la coalition militaire internationale. En Syrie, où Moscou et Téhéran participent à la défense du régime de Bachar al-Assad contre son opposition et dans une moindre mesure contre l’État islamique, Paris, après avoir cru à la chute de Bachar puis soutenu, sans grand succès, les composantes non djihadistes de l’opposition qui combattaient le régime, est en train d’évoluer, sous la pression des faits, c’est-à-dire du rapport de force sur le terrain.

    Alors qu’il proclamait, depuis le début de la crise, comme son ministre des affaires étrangères, que « Bachar ne fait pas partie de la solution » à la crise syrienne, François Hollande admettait, début septembre, que le départ du dictateur syrien sera « à un moment ou à un autre posé dans la transition ». L’entrée en scène, sur le plan militaire, de la Russie aux côtés du régime syrien, l’admission à la mi-septembre par le secrétaire d’État américain John Kerry que « le départ [d’Assad] ne doit pas forcément avoir lieu le premier jour du premier mois de la transition », ont dilué, de fait, le poids de la position française dans les discussions sur la recherche d’une sortie de crise. Au point qu’à l’assemblée générale de l’ONU, fin septembre, Ban Ki-moon n’a même pas mentionné la France parmi les pays (États-Unis, Russie, Arabie saoudite, Iran, Turquie) qui pouvaient jouer un rôle dans la résolution du conflit syrien.

    L’offensive terroriste internationale de Daech – attentats meurtriers en Turquie, explosion en vol revendiquée de l’avion russe qui survolait le Sinaï, carnage de la semaine dernière à Paris – semble avoir provoqué un consensus au moins provisoire contre l’EI. Au cours de la conférence internationale qui réunissait samedi dernier à Vienne les représentants de 17 pays – dont la Russie, les États-Unis, la France, l’Iran, la Turquie, les pays arabes –, des divergences persistaient sur le destin de Bachar al-Assad et sur la liste des groupes syriens qui doivent être acceptés comme mouvements d’opposition ou sont rejetés comme terroristes.

    Mais selon Laurent Fabius, l’accord était presque total sur la nécessité de « coordonner la lutte internationale contre le terrorisme » et une feuille de route définissant un calendrier de transition politique en Syrie a été adoptée. « Au cours des discussions, a constaté un diplomate étranger, il était clair que la France, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie partageaient des positions communes, ou très voisines, sur les groupes rebelles syriens qui doivent participer à la transition. »

    Le tropisme pro-israélien mal maîtrisé de Hollande

    La priorité donnée à la « diplomatie économique », c’est-à-dire aux contrats spectaculaires, est si décisive qu’elle assourdit les jugements, voire les mises en garde des diplomates sur le terrain. La vente des navires Mistral à l’Égypte, payée par l’Arabie saoudite, a ainsi été décidée en tenant compte du poids majeur de Riyad dans l’économie égyptienne – qui permet au Caire d’affirmer à l’étranger sa légitimité – mais en négligeant les faiblesses de l’alliance égypto-saoudienne, pourtant relevées dans une note à diffusion restreinte de l’ambassadeur de France, André Parant, du 9 juillet dernier.

    « Il est […] clair, notait le diplomate, que la volonté affichée des nouvelles autorités saoudiennes de donner en politique étrangère la priorité au rassemblement du camp sunnite pour faire face à l’Iran nourrit certaines inquiétudes au Caire. […] La solidité de cette alliance […] n’exclut pas une forme de rivalité traditionnelle entre ces deux poids lourds du monde arabe ni des divergences parfois significatives sur le fond. »

    Cette politique aventureuse, dictée par les gros contrats, les coups de cœur et les coups de sang plutôt que par les visions stratégiques à long terme, caractérise de larges pans de l’action diplomatique française au Proche-Orient. Ils ne suffisent pas à expliquer les choix de l’Élysée et du Quai d’Orsay dans un autre dossier régional majeur, celui du conflit israélo-palestinien.

    Sans doute la France reste-t-elle fidèle à sa position traditionnelle en faveur de la création d’un État palestinien viable et indépendant, aux côtés de l’État d’Israël. Sans doute, Laurent Fabius a-t-il multiplié récemment, sans grand succès il est vrai, les initiatives, notamment au sein du Conseil de sécurité, pour faire adopter des résolutions condamnant l’occupation et la colonisation israéliennes. Mais l’Élysée, depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, n’a cessé d’être en retrait sur ce dossier, voire d’adopter des positions pro-israéliennes qui constituent un véritable virage par rapport à la politique française traditionnelle.

    « J’ai découvert ce penchant de Hollande, confie un diplomate, pendant son premier voyage officiel en Israël, en novembre 2013, lorsqu’il est apparu que dans la version originelle de son discours devant la Knesset, il avait oublié de mentionner l’attachement de la France à la création d’un État palestinien. L’oubli a été réparé, mais c’était un signe. »

    Signe confirmé par les témoignages d’amitié prodigués, au-delà du protocole, par le président de la République à son hôte, lors du dîner officiel offert par Benjamin Netanyahou. Après avoir entendu le récital d’une chanteuse israélienne, François Hollande, se tournant, visiblement ému, vers le premier ministre israélien, a déclaré : « Je voudrais avoir la voix de cette chanteuse pour dire tout l’amour que je porte à Israël et à ses dirigeants. »

    Cet amour va parfois jusqu’à rendre le président de la République amnésique. Répondant, le 14 juillet dernier, aux questions des journalistes sur l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, François Hollande a avancé cette explication – selon le texte disponible sur le site de l’Élysée : « Qu’est-ce qu’était ma préoccupation ? Éviter la prolifération nucléaire. Cela veut dire quoi, la prolifération nucléaire ? Cela voulait dire que l’Iran puisse accéder à l’arme nucléaire. Si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, l’Arabie saoudite, Israël, d’autres pays voudraient également accéder à l’arme nucléaire. Ce serait un risque pour la planète tout entière. » Comment pouvait-il avoir oublié qu’Israël dispose depuis près de 50 ans – en partie grâce à la France – de l’arme nucléaire, au point de détenir aujourd’hui au moins 80 ogives, qui peuvent équiper des bombes, des missiles air-sol, des missiles balistiques sol-sol ou des missiles mer-sol, embarqués à bord de ses sous-marins ?

    Le tropisme pro-israélien si mal maîtrisé de François Hollande va parfois jusqu’à provoquer des accrochages avec le Quai d’Orsay. Ce fut le cas en juillet 2014, lors du déclenchement de l’opération militaire israélienne contre la bande de Gaza, lorsque le président de la République a affirmé qu’il appartenait à Israël de « prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces », et que « la France était solidaire [d’Israël] face aux tirs de roquettes ». Il fallut 48 heures de bombardements israéliens et de nombreuses victimes palestiniennes pour que François Hollande accepte, sous la pression de Laurent Fabius et de plusieurs dirigeants du PS, d’appeler le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour lui dire « son inquiétude sur la situation à Gaza » et déplorer que « les opérations militaires en cours aient déjà fait de nombreuses victimes palestiniennes ».

    Israël-Palestine : « La France pourrait faire beaucoup, elle ne fait pas

    Comment s’explique cette attitude constante de François Hollande ? Le poids, dans son entourage, des admirateurs des « néo-conservateurs » américains, comme son conseiller diplomatique Jacques Audibert, très écouté dans la gestion des négociations sur le nucléaire iranien où il avait dirigé la délégation française pendant 5 ans, n’est pas décisif sur ce point.

    « Pour moi, estime un ancien diplomate, François Hollande est dans une posture de néo-molletisme. Il tient Israël pour un allié naturel et inconditionnel de la France. C’est une des sources de ses conflits avec Fabius, qui relève d’un autre héritage parmi les socialistes. Le résultat, hélas, c’est que la France est très loin de jouer le rôle qui pourrait être le sien dans ce dossier. Lorsque Fabius, manquant de soutien à Paris et d’appuis diplomatiques chez nos partenaires, renonce à présenter à l’ONU sa résolution condamnant la colonisation de la Cisjordanie, parce qu’elle serait confrontée à un veto américain, il manque l’occasion de faire un éclat qui n’aurait pas nui à l’image internationale de la France. »

    Le fantôme de Guy Mollet rôdant au-dessus des contrats de vente d’armes conclus avec des despotes, tandis que le président de la République bombe le torse en jouant au chef de guerre : on pourrait rêver d’une allégorie plus exaltante de la politique extérieure de la France au Moyen-Orient. Il faudra s’en contenter. C’est un ancien collaborateur de François Mitterrand et ministre des affaires étrangères de Lionel Jospin, Hubert Védrine, qui le constate : « L’écart entre l’idée que la France se fait de son rôle, de ses responsabilités et sa capacité d’action réelle est à la fois ridicule et attristant. »

    René Backmann

    http://www.mediapart.fr/journal/international/171115/pourquoi-hollande-conduit-une-politique-aventureuse-au-proche-orient?page_

  • Hollande a conduit une politique aventureuse au Proche-Orient | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/international/171115/hollande-conduit-une-politique-aventureuse-au-proche-orient?onglet=full
    article de René Backmann
    « L’écart entre l’idée que la France se fait de son rôle, de ses responsabilités et sa capacité d’action réelle est à la fois ridicule et attristant. »

    Le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle et son groupe aéronaval quitteront leur base de Toulon mercredi 18 novembre pour la Méditerranée orientale où ils arriveront à la mi-décembre pour participer aux opérations contre #Daech (acronyme de l’État islamique en Irak et au Levant, autoproclamé) et ses groupes affiliés. Annoncé il y a une quinzaine de jours par un communiqué de l’Élysée, cet appareillage est sans rapport avec les #attentats de vendredi dernier à Paris. Il répond en revanche à la volonté de renforcer à la fois le potentiel de frappe français dans la région et la visibilité de l’implication militaire de Paris, au moment où l’engagement russe sur le terrain bouleverse les rapports de force et les données diplomatiques.
    Les 12 Rafale, les 9 Super-Étendard et l’avion de surveillance Hawkeye, embarqués à bord du Charles-de-Gaulle, s’ajouteront aux 6 Rafale basés aux Émirats arabes unis et aux 6 Mirage 2000 déployés en Jordanie, pour porter à 33 le nombre d’appareils de combat à la disposition de l’Élysée aux frontières de l’Irak et de la Syrie. C’est modeste, comparé à l’énorme armada (près de 500 appareils) déployée par les États-Unis dans la région. Suffisant, pour donner à Paris une voix dans le débat diplomatique et stratégique. Insuffisant pour disposer de l’autorité que revendiquent les dirigeants français.

    Engagée depuis septembre 2014 au sein de la coalition d’une soixantaine de pays réunie par les États-Unis, la France participe – modestement – aux opérations destinées à endiguer l’expansion de l’#État_islamique. Selon les statistiques de la coalition, la part de l’aviation française dans les frappes lancées depuis un an est d’environ 5 % ; l’armée de l’air américaine, forte de ses bases dans la région et de ses porte-avions, assumant la majorité (67 %) des bombardements contre les installations et les troupes de l’État islamique.

    Dans un premier temps, ainsi que l’avait précisé François Hollande en annonçant qu’il avait décidé de répondre à la demande d’appui aérien du gouvernement de Bagdad, les frappes françaises ont été concentrées sur des cibles irakiennes. « Nous ne pouvons pas intervenir [en Syrie], affirmait le chef de l’État en février 2015, car nous ne voulons pas courir le risque que notre intervention puisse aider Assad ou Daech. » Les Rafale et les Mirage limitent alors leur horizon au ciel irakien. Selon l’état-major français, plus de 450 objectifs de l’EI en Irak auraient été atteints et détruits en un an.

    Mais le 8 septembre dernier, changement de stratégie. Deux Rafale, basés aux Émirats arabes unis, entreprennent un premier « vol de reconnaissance » au-dessus de la Syrie pour identifier des cibles éventuelles. « L’Élysée et la Défense, expliquait alors à Mediapart une source informée, ont décidé de constituer et de tenir à jour une liste d’objectifs qui pourraient être frappés en représailles après un attentat de Daech contre la France, ou qui peuvent être frappés préventivement, pour empêcher des attentats en préparation ou pour désorganiser l’infrastructure politico-militaire de Daech, conformément au principe de légitime défense mentionné dans la charte des Nations unies.

    « L’une des difficultés majeures est que les installations de Daech sont dispersées sur un vaste territoire et souvent au sein de la population civile, ce qui implique une préparation et une exécution minutieuse des frappes. En plus d’être moralement difficiles à défendre, des dégâts collatéraux seraient exploités par l’appareil de propagande de l’État islamique et seraient totalement contre-productifs. »

    Moins de trois semaines plus tard, 6 appareils français dont 5 Rafale frappent un camp d’entraînement de Daech près de Deir Ez-Zor, à l’est de la Syrie. Avant les frappes de représailles déclenchées dans la nuit du 15 au 16 novembre sur Raqqa, moins d’une demi-douzaine d’autres raids avaient été lancés, notamment contre des installations pétrolières exploitées par Daech. Comment s’explique cette volte-face de François Hollande ? Officiellement, pour Paris, les enjeux ont changé sur le terrain : Daech est devenu l’ennemi principal, devant Assad. « C’est Daech qui fait fuir, par les massacres qu’il commet, des milliers de familles », avance François Hollande lors de sa conférence de presse du 7 septembre. « Notre ennemi, c’est Daech, Bachar al-Assad, c’est l’ennemi de son peuple », précise même le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian lors d’une interview à France Inter, le 16 septembre.

    Il est clair que l’État islamique, par sa pratique quotidienne de la terreur dans les zones qu’il contrôle, et par la mise en scène constante, sur les réseaux sociaux, de sa propre violence, incite à la fois les Syriens à fuir en masse et propage, à l’extérieur, l’image d’une barbarie de nature à nourrir un exode. De là à négliger la sauvagerie du régime d’Assad, le largage de barils d’explosifs sur les zones civiles, le recours permanent à la terreur et à la torture, il y a un pas. Que François Hollande et Laurent Fabius, pourtant ardents partisans du « dégagement » de Bachar, ont franchi.

    La pression du ministère de la défense

    Pourquoi, avant même le carnage organisé par Daech à Paris, François Hollande et son ministre des affaires étrangères ont-ils tout à coup changé d’avis ? Parce que depuis un an au moins, l’état-major et le ministère de la défense, qui disposaient de renseignements précis, demandaient, parfois contre l’avis du Quai d’Orsay, l’autorisation de mener des frappes sur la Syrie. Là se trouvent, expliquaient-ils, la tête, le gros de l’infrastructure et les camps d’entraînement de l’EI qui nous menace. Mais aussi parce que trois événements, de nature différente, mais tous liés à la perception que le public, en France, peut avoir de la crise du Proche-Orient, se sont succédé en moins de deux semaines. Et ont convaincu le président français – et ses conseillers en communication – de changer de ligne sur la Syrie.

    Le premier a été l’attentat avorté, grâce à l’intervention de passagers courageux, à bord du train Thalys, le 21 août 2015, dans le nord de la France. Le terroriste, Ayoub el-Khazzani, un citoyen marocain, qui était armé d’une kalachnikov, d’un pistolet automatique et de neuf chargeurs, n’était à première vue pas lié au conflit syrien mais membre de la mouvance islamiste radicale et incarnait la menace du #djihadisme international sur la vie quotidienne, la liberté de mouvement, la sécurité des Européens et en particulier des Français. Il a ravivé, dans le public, la conviction que le terrorisme était, aussi, à nos portes.

    Le deuxième événement a été la découverte, le 2 septembre, sur une plage de Bodrum en Turquie, du cadavre du petit Aylan, mort noyé, comme son frère et sa mère, après le naufrage de l’embarcation qui devait leur permettre de rejoindre l’île grecque de Kos. Alors que l’Europe entière était confrontée à l’exode des Syriens fuyant la terreur et à un constat cruel sur les limites de sa compassion et de son hospitalité, la photo du petit cadavre, diffusée en quelques heures dans le monde entier par les #réseaux_sociaux, est aussi apparue comme une interrogation sur la responsabilité et l’indifférence des Européens face à la tragédie qui broie leurs voisins du Sud.

    Le troisième événement a été la destruction, le 31 août 2015, du temple de Bêl à Palmyre, rasé au bulldozer par les combattants de l’État islamique, suivi quelques jours plus tard par le dynamitage des tours funéraires sur le même site. Revendiqué avec une jubilation tapageuse par les djihadistes, ce crime contre l’héritage culturel mondial inestimable que représentait Palmyre illustrait jusqu’à la caricature l’intolérance fanatique des dirigeants de Daech et leur volonté aveugle de détruire tout ce qui a précédé l’islam tel qu’ils le conçoivent et d’interdire toute autre célébration que celle de leur Dieu.

    Aux yeux des communicants de l’Élysée et du Quai d’Orsay, il y avait là une convergence de facteurs qui ne pouvait être négligée et qui incitait à décider un changement d’attitude face à la Syrie. L’émotion, l’inquiétude et l’indignation permettaient de le « vendre » à l’opinion publique française, faute de le rendre lisible à nos alliés et cohérent aux yeux des observateurs avertis. Est-ce ainsi, en faisant converger l’actualité et la communication, qu’on définit et met en œuvre une politique étrangère ? Beaucoup en doutent parmi les diplomates, en fonction ou mués en experts et consultants par la retraite.

    Invité début octobre à tirer les conclusions d’un colloque intitulé « La France a-t-elle encore une politique au Moyen-Orient ? », l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine a pris la parole en prévenant : « J’espère ne désespérer personne », avant d’admettre qu’il « y a bien une politique étrangère française de facto », mais qu’elle se résume au Proche-Orient à des « morceaux de politique française juxtaposés ». « La France n’a pas de véritable vision », déplorent des personnalités aussi différentes que Bertrand Badie, professeur de relations internationales à Sciences Po, Yves Aubin de La Messuzière, ancien diplomate, excellent connaisseur du monde arabe, ou Marc Trévidic, ancien juge d’instruction au pôle antiterroriste de Paris.

    Pourquoi ? D’abord, peut-être parce que la définition de la politique française, en particulier dans cette partie du monde est partagée, voire parfois disputée, entre l’Élysée et le Quai d’Orsay, avec dans le dossier syro-irakien, une forte présence de la Défense. Ensuite parce que les équations personnelles des principaux responsables, l’influence de leurs principaux conseillers, le poids et l’héritage des différentes administrations n’aident pas à construire une cohérence. Ensuite parce que, comme le relève un diplomate « notre politique actuelle au Proche-Orient est plutôt de réaction que d’action. Elle manque cruellement de réflexion sur la longue durée ».

    Si au Maghreb, la politique de la France, selon Hubert Védrine, consiste à « s’entendre le moins mal possible simultanément avec l’Algérie et le Maroc », au Machrek, elle est peu cohérente, déséquilibrée, au point de faire redouter à certains diplomates de ne plus correspondre aux intérêts fondamentaux, à long terme, de notre pays.

    L’exemple des relations entre la France et l’Arabie saoudite illustre parfaitement ce travers. Sur quoi sont-elles fondées ? Sur l’examen pragmatique des forces et faiblesses de ce pays ? Sur son respect des valeurs auxquelles la France est, en principe, attachée ? Sur son influence positive et stabilisatrice dans la région ? Sur l’évaluation à long terme de nos intérêts respectifs ? On peut en douter.

    En choisissant de faire de cette monarchie absolue wahhabite, qui a déjà exécuté 146 condamnés depuis le début de l’année, notre partenaire privilégié au Moyen-Orient, François Hollande et Laurent Fabius, efficacement aidés par le précieux Jean-Yves Le Drian, ont donné la priorité à leur chère « diplomatie économique », sacrifié quelques principes et dilapidé quelques cartes diplomatiques de valeur.

    L’alliance privilégiée avec le camp sunnite

    Le régime saoudien nous a acheté des hélicoptères de combat, des navires de patrouille, des systèmes de surveillance. Des centrales nucléaires EPR et une vingtaine d’autres projets sont en discussion. L’Arabie saoudite nous a aussi commandé 3 milliards de dollars d’armement destinés à l’armée libanaise et a réglé la facture des deux navires Mistral, vendus à l’Égypte. Les princes saoudiens ont-ils été guidés dans ces choix par leur seule confiance dans la technologie française ? Non.

    Les faveurs faites depuis quelques années à Paris sont surtout pour Riyad une manière de manifester sa mauvaise humeur à Washington et de rétribuer la France pour son zèle. Les princes reprochent à Obama d’avoir renié son engagement en refusant de frapper Damas à l’automne 2013, lorsque le régime syrien a utilisé des gaz chimiques contre son propre peuple, alors que les avions français étaient prêts à décoller pour participer à des représailles internationales. Ils lui reprochent aussi le rôle majeur joué par Washington dans la négociation de l’accord sur le nucléaire iranien, qui a rouvert à Téhéran les portes du concert des nations. Là encore, ils opposent l’attitude de Washington, jugée exagérément complaisante à l’égard des mollahs, à celle de Paris, longtemps réticent à la normalisation des relations avec l’Iran.

    En demeurant silencieux sur le caractère médiéval du régime saoudien, sur le statut quasi esclavagiste de la femme, sur les violations innombrables des droits de l’homme, en oubliant que la doctrine religieuse du royaume, le wahhabisme, a servi de terreau à tous les djihadistes ou que de nombreux princes ou personnalités ont été – ou demeurent ? – de généreux mécènes pour les mouvements islamistes radicaux, à commencer par celui d’Oussama Ben Laden, Paris ne manque pas seulement à ses devoirs moraux – la diplomatie a pris l’habitude de s’en affranchir – mais apparaît, aux yeux de toute la région, comme l’allié privilégié des régimes sunnites. D’autant que ces bonnes dispositions à l’égard du royaume saoudien s’étendent aussi aux monarchies du Golfe, wahhabites également, à commencer par le richissime Qatar, qui a commandé 24 Rafale.

    Témoignage suprême des bonnes dispositions des émirs à son égard, François Hollande a été invité en mai dernier, hommage exceptionnel, à participer à une réunion du Conseil de coopération du Golfe, qui réunit autour de l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et Oman. Difficile après cela, pour les diplomates français, de critiquer l’écrasement des revendications démocratiques à Bahreïn ou de reprocher à l’aviation saoudienne, engagée aux côtés du régime dans la guerre civile du Yémen, de bombarder sans scrupule, en plus des populations civiles, les trésors du patrimoine architectural. Difficile aussi de dénoncer le rôle de certaines familles ou institutions wahhabites du Golfe dans le financement des groupes djihadistes…

    Discutable sur le plan diplomatique, ce choix de l’alliance privilégiée avec le camp sunnite est aussi contestable sur le plan stratégique, notamment au regard du rôle que Paris entend jouer dans la lutte contre Daech et la résolution de la crise syrienne. Surtout au moment où l’Iran, de retour sur la scène diplomatique internationale après la conclusion de l’accord sur le nucléaire et sur le point de disposer de nouveau des revenus de ses hydrocarbures, entend retrouver son rang et disputer à Riyad le rôle de première puissance de la région.

    « En s’enfermant dans le rôle de “bad cop”, pendant les négociations sur le nucléaire iranien, la France s’est trompée, estime François Nicoulaud, ancien ambassadeur en Iran. Son choix était d’autant moins judicieux qu’elle a assez peu pesé dans la négociation, écrasée par le rouleau compresseur américain. »

    En Irak, il est clair aujourd’hui qu’aucune solution ne peut être trouvée, pour la stabilisation du régime comme pour la lutte contre Daech, sans la contribution de l’Iran, majeure à ce jour, et de la Russie. Paris semble en avoir pris son parti en poursuivant sa modeste contribution à la coalition militaire internationale. En Syrie, où Moscou et Téhéran participent à la défense du régime de Bachar al-Assad contre son opposition et dans une moindre mesure contre l’État islamique, Paris, après avoir cru à la chute de Bachar puis soutenu, sans grand succès, les composantes non djihadistes de l’opposition qui combattaient le régime, est en train d’évoluer, sous la pression des faits, c’est-à-dire du rapport de force sur le terrain.

    Alors qu’il proclamait, depuis le début de la crise, comme son ministre des affaires étrangères, que « Bachar ne fait pas partie de la solution » à la crise syrienne, François Hollande admettait, début septembre, que le départ du dictateur syrien sera « à un moment ou à un autre posé dans la transition ». L’entrée en scène, sur le plan militaire, de la Russie aux côtés du régime syrien, l’admission à la mi-septembre par le secrétaire d’État américain John Kerry que « le départ [d’Assad] ne doit pas forcément avoir lieu le premier jour du premier mois de la transition », ont dilué, de fait, le poids de la position française dans les discussions sur la recherche d’une sortie de crise. Au point qu’à l’assemblée générale de l’ONU, fin septembre, Ban Ki-moon n’a même pas mentionné la France parmi les pays (États-Unis, Russie, Arabie saoudite, Iran, Turquie) qui pouvaient jouer un rôle dans la résolution du conflit syrien.

    L’offensive terroriste internationale de Daech – attentats meurtriers en Turquie, explosion en vol revendiquée de l’avion russe qui survolait le Sinaï, carnage de la semaine dernière à Paris – semble avoir provoqué un consensus au moins provisoire contre l’EI. Au cours de la conférence internationale qui réunissait samedi dernier à Vienne les représentants de 17 pays – dont la Russie, les États-Unis, la France, l’Iran, la Turquie, les pays arabes –, des divergences persistaient sur le destin de Bachar al-Assad et sur la liste des groupes syriens qui doivent être acceptés comme mouvements d’opposition ou sont rejetés comme terroristes.

    Mais selon Laurent Fabius, l’accord était presque total sur la nécessité de « coordonner la lutte internationale contre le terrorisme » et une feuille de route définissant un calendrier de transition politique en Syrie a été adoptée. « Au cours des discussions, a constaté un diplomate étranger, il était clair que la France, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie partageaient des positions communes, ou très voisines, sur les groupes rebelles syriens qui doivent participer à la transition. »

    Le tropisme pro-israélien mal maîtrisé de Hollande

    La priorité donnée à la « diplomatie économique », c’est-à-dire aux contrats spectaculaires, est si décisive qu’elle assourdit les jugements, voire les mises en garde des diplomates sur le terrain. La vente des navires Mistral à l’Égypte, payée par l’Arabie saoudite, a ainsi été décidée en tenant compte du poids majeur de Riyad dans l’économie égyptienne – qui permet au Caire d’affirmer à l’étranger sa légitimité – mais en négligeant les faiblesses de l’alliance égypto-saoudienne, pourtant relevées dans une note à diffusion restreinte de l’ambassadeur de France, André Parant, du 9 juillet dernier.

    « Il est […] clair, notait le diplomate, que la volonté affichée des nouvelles autorités saoudiennes de donner en politique étrangère la priorité au rassemblement du camp sunnite pour faire face à l’Iran nourrit certaines inquiétudes au Caire. […] La solidité de cette alliance […] n’exclut pas une forme de rivalité traditionnelle entre ces deux poids lourds du monde arabe ni des divergences parfois significatives sur le fond. »

    Cette politique aventureuse, dictée par les gros contrats, les coups de cœur et les coups de sang plutôt que par les visions stratégiques à long terme, caractérise de larges pans de l’action diplomatique française au Proche-Orient. Ils ne suffisent pas à expliquer les choix de l’Élysée et du Quai d’Orsay dans un autre dossier régional majeur, celui du conflit israélo-palestinien.

    Sans doute la France reste-t-elle fidèle à sa position traditionnelle en faveur de la création d’un État palestinien viable et indépendant, aux côtés de l’État d’Israël. Sans doute, Laurent Fabius a-t-il multiplié récemment, sans grand succès il est vrai, les initiatives, notamment au sein du Conseil de sécurité, pour faire adopter des résolutions condamnant l’occupation et la colonisation israéliennes. Mais l’Élysée, depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, n’a cessé d’être en retrait sur ce dossier, voire d’adopter des positions pro-israéliennes qui constituent un véritable virage par rapport à la politique française traditionnelle.

    « J’ai découvert ce penchant de Hollande, confie un diplomate, pendant son premier voyage officiel en Israël, en novembre 2013, lorsqu’il est apparu que dans la version originelle de son discours devant la Knesset, il avait oublié de mentionner l’attachement de la France à la création d’un État palestinien. L’oubli a été réparé, mais c’était un signe. »

    Signe confirmé par les témoignages d’amitié prodigués, au-delà du protocole, par le président de la République à son hôte, lors du dîner officiel offert par Benjamin Netanyahou. Après avoir entendu le récital d’une chanteuse israélienne, François Hollande, se tournant, visiblement ému, vers le premier ministre israélien, a déclaré : « Je voudrais avoir la voix de cette chanteuse pour dire tout l’amour que je porte à Israël et à ses dirigeants. »

    Cet amour va parfois jusqu’à rendre le président de la République amnésique. Répondant, le 14 juillet dernier, aux questions des journalistes sur l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, François Hollande a avancé cette explication – selon le texte disponible sur le site de l’Élysée : « Qu’est-ce qu’était ma préoccupation ? Éviter la prolifération nucléaire. Cela veut dire quoi, la prolifération nucléaire ? Cela voulait dire que l’Iran puisse accéder à l’arme nucléaire. Si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, l’Arabie saoudite, Israël, d’autres pays voudraient également accéder à l’arme nucléaire. Ce serait un risque pour la planète tout entière. » Comment pouvait-il avoir oublié qu’Israël dispose depuis près de 50 ans – en partie grâce à la France – de l’arme nucléaire, au point de détenir aujourd’hui au moins 80 ogives, qui peuvent équiper des bombes, des missiles air-sol, des missiles balistiques sol-sol ou des missiles mer-sol, embarqués à bord de ses sous-marins ?

    Le tropisme pro-israélien si mal maîtrisé de François Hollande va parfois jusqu’à provoquer des accrochages avec le Quai d’Orsay. Ce fut le cas en juillet 2014, lors du déclenchement de l’opération militaire israélienne contre la bande de Gaza, lorsque le président de la République a affirmé qu’il appartenait à Israël de « prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces », et que « la France était solidaire [d’Israël] face aux tirs de roquettes ». Il fallut 48 heures de bombardements israéliens et de nombreuses victimes palestiniennes pour que François Hollande accepte, sous la pression de Laurent Fabius et de plusieurs dirigeants du PS, d’appeler le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour lui dire « son inquiétude sur la situation à Gaza » et déplorer que « les opérations militaires en cours aient déjà fait de nombreuses victimes palestiniennes ».
    Comment s’explique cette attitude constante de François Hollande ? Le poids, dans son entourage, des admirateurs des « néo-conservateurs » américains, comme son conseiller diplomatique Jacques Audibert, très écouté dans la gestion des négociations sur le nucléaire iranien où il avait dirigé la délégation française pendant 5 ans, n’est pas décisif sur ce point.

    « Pour moi, estime un ancien diplomate, François Hollande est dans une posture de néo-molletisme. Il tient Israël pour un allié naturel et inconditionnel de la France. C’est une des sources de ses conflits avec Fabius, qui relève d’un autre héritage parmi les socialistes. Le résultat, hélas, c’est que la France est très loin de jouer le rôle qui pourrait être le sien dans ce dossier. Lorsque Fabius, manquant de soutien à Paris et d’appuis diplomatiques chez nos partenaires, renonce à présenter à l’ONU sa résolution condamnant la colonisation de la Cisjordanie, parce qu’elle serait confrontée à un veto américain, il manque l’occasion de faire un éclat qui n’aurait pas nui à l’image internationale de la France. »

    Le fantôme de Guy Mollet rôdant au-dessus des contrats de vente d’armes conclus avec des despotes, tandis que le président de la République bombe le torse en jouant au chef de #guerre : on pourrait rêver d’une allégorie plus exaltante de la politique extérieure de la France au Moyen-Orient. Il faudra s’en contenter. C’est un ancien collaborateur de François Mitterrand et ministre des affaires étrangères de Lionel Jospin, Hubert Védrine, qui le constate : « L’écart entre l’idée que la France se fait de son rôle, de ses responsabilités et sa capacité d’action réelle est à la fois ridicule et attristant. »

  • Pourquoi l’état d’urgence et les mesures de haute sécurité ne réussiront pas à arrêter ISIS
    Patrick Cockburn | 16 novembre 2015 - CounterPunch | Traduction : Info-Palestine.eu - Dominique Muselet
    http://www.info-palestine.eu/spip.php?article15728

    (...) Une autre erreur que font les dirigeants du G20 est de persister à sous-estimer ISIS.

    David Cameron a déclaré que le groupe n’était pas digne d’être appelé « État islamique », mais malheureusement, c’est bien un État et, de surcroît, plus puissant que la moitié des membres de l’ONU, avec son armée expérimentée, sa conscription, ses impôts et son contrôle sur tous les aspects de la vie dans la vaste région qu’il gouverne.

    Tant qu’il existera, il projettera sa puissance à travers des opérations-suicides comme celles que nous venons de voir à Paris. Parce que les cibles potentielles sont les populations civiles dans leur ensemble, on aura beau augmenter les contrôles de sécurité, cela ne changera pas grand-chose. Les kamikazes réussiront toujours à passer au travers.

    La seule vraie solution est la destruction d’ISISn : seule une campagne aérienne américaine et russe, coordonnée avec ceux qui combattent vraiment sur le terrain, peut y parvenir.

    L’US Air Force l’a fait très efficacement avec les UPP, ce qui a permis à ces derniers de vaincre ISIS à Kobani, et avec les Peshmergas kurdes irakiens, qui ont réussi à prendre la ville de Sinjar, la semaine dernière. Mais les États-Unis répugnent à attaquer ISIS quand le groupe se bat contre l’armée syrienne ou les milices chiites en Irak. Étant donné que ce sont les deux plus fortes formations militaires combattant ISIS, la force militaire étasunienne est bridée là où elle serait la plus utile.

    Compte tenu de la sympathie internationale pour les Français après le massacre à Paris, il est inévitable qu’il n’y ait presque pas de critiques de la politique brouillonne de la France dans le conflit syrien.

    Plus tôt dans l’année, lors d’une interview avec Aron Lund de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, un des principaux experts français sur la Syrie, Fabrice Balanche, qui est actuellement à l’Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient, a déclaré : « Nous avons en 2011-12 été victimes d’une sorte de maccarthysme intellectuel sur la question syrienne : si vous disiez qu’Assad n’était pas sur le point de tomber dans les trois mois, vous pouviez être soupçonné d’être à la solde du régime syrien ».

    Il a fait remarquer que le ministère français des Affaires étrangères avait pris fait et cause pour l’opposition syrienne, tandis que les médias refusaient de voir la révolte syrienne autrement que comme la poursuite des révolutions tunisienne et égyptienne. Ils refusaient de voir les divisions sectaires, politiques et sociales qui montraient que la guerre civile syrienne n’était pas aussi simple que cela.

    Du fait que l’administration, l’état-major de l’armée, et les services de sécurité de l’État regorgent d’Alaouites, il est presque impossible de se débarrasser de M. Assad et de son régime dont les dirigeants sont issus de la communauté alaouite, sans que l’État ne s’effondre, laissant un vide qui sera comblé par ISIS et ses homologues d’Al-Qaïda.

    Malgré les récentes attaques terroristes, il n’existe toujours pas de politique à long terme pour empêcher que cela ne se reproduise.