• http://www.theguardian.com/us-news/ng-interactive/2015/jun/01/the-counted-police-killings-us-database#
    Plutôt pas mal cette page, avec toutes sortes de manières de lire les stats.
    708 morts sous les balles de la police étasunienne pendant cette demi-année donc. Avec 2.5 fois plus de chances d’y passer pour un noir que pour un blanc, mais de manière intéressante il y a très peu de différence entre « blancs » et hispanos (tandis que socio-économiquement les hispanos sont beaucoup plus proches des noirs que des « blancs », avec des revenus médians environ 10 fois plus faibles dans les deux cas).
    ... « De manière intéressante » ça veut dire qu’il est difficile de trouver d’autres explications que le racisme des policiers vis-à-vis d’une race facilement identifiable de visu.

    • Ca serait nettement moins instructif parce que le nombre de gens tués par la Police en France et en Europe est négligeable par rapport à ceux des USA. Aucun chiffre officiel mais selon les estimations, on est entre moins d’un par an et une grosse douzaine par an (une forte variation d’une source à l’autre qui je pense vient du fait qu’il s’agit en général de cas sans arme à feux et moins caricaturaux que le cas des gros flics yankees qui tirent sur le premier noir qu’ils voient). A comparer je le rappelle à un gros millier par an aux Etats-Unis (pour une population seulement 4,8 fois plus nombreuse).
      Même si c’est une douzaine ça reste un peu léger pour faire des infographies et des statistiques.

    • D’une part, il n’est pas négligeable, même s’il est plus faible. Il est de l’ordre de 5 à 20 par an (en moyenne une à deux par mois contre une à trois par jour aux USA), pour un pays 5 fois moins peuplé :

      LISTE DES VICTIMES DE LA POLICE DE 2005 A 2015 en France
      http://www.urgence-notre-police-assassine.fr/123663553

      D’autre part, ce qui n’est statistiquement pas négligeable non plus, en corrélation avec les chiffres américains, c’est la couleur de peau des victimes. Tabou en France... sauf quand il s’agit de parler des victimes des flics américains !

    • Il me semble qu’on est largement à trois par jour aux USA, presque quatre (en ne comptant que les morts reportées à Washington, sans tenir compte des sous-déclarations). Je sais pas en quelle année exceptionnelle ce nombre était réduit à un par jour.
      Si on compare la fourchette basse des estimations de morts US avec la fourchette haute des morts français, les deux chiffres me paraissant très exagérés, forcément ça réduit l’écart.
      Par ailleurs on pourrait aussi prendre en compte que la police ne représente qu’une petite partie des meurtres racistes, et avec la NRA et le « Stand your ground » il y a aussi pas mal de civils qui sévissent en toute impunité. Plus encore le fait que les noirs, vivant toujours dans des ghettos, sont plus touchés par les fusillades de gangs ; phénomène là encore sans doute plus massif que pour nos noirs et arabes de chez nous. Aux Etats-Unis il y a une violence généralisée qui va bien au-delà de la question des violences policières et c’est surtout ça qui gonfle les chiffres, plus qu’une différence entre le niveau de racisme des flics yankees et des flics français (différence qui doit pas être bien marquée, on connait tous les études sur le contrôle au faciès et on l’a tous remarqué de visu).

  • J’ai écrit ce texte il y a 10 ans, en juillet 2005, et, sans modestie, je trouve qu’il a bien vieilli, alors je lui donne une deuxième jeunesse en le publiant ici. Pour la nostalgie, mais aussi pour les leçons à tirer d’une expérience de gentrification observée presque en direct...

    La Fable de l’Atmosphère
    Dror, Entre Les Oreilles, le 2 juillet 2005
    http://entrelesoreilles.blogspot.fr/2015/07/elo201-la-fable-de-latmosphere.html

    Le café « L’Atmosphère » a beaucoup changé en 10 ans. Situé au coin des rues Lucien Sampaix, de la rue des Récollets et du Quai de Valmy, le long du canal Saint Martin il est, à mon avis, un beau témoin de l’évolution de ce quartier et de ses habitants, en particulier de ses nouveaux habitants souvent appelés bobos parisiens...

    1993. Le canal Saint Martin est « infréquentable ». On parle de drogue et de prostitution masculine, c’est dangereux. De toute façon, on ne voit pas trop bien ce qu’on pourrait y faire. C’est moche, y a pas un café d’ouvert. Enfin, si, il y a l’Atmosphère. Tenu par une Algérienne qui raconte son parcours dans le film « Mémoires d’Immigrés » de Yamina Benguigui. C’est un café « quelconque » comme il y en a des tonnes à Paris, peu luxueux, peu cher, fréquenté par des ouvriers, des chômeurs, des classes défavorisées, beaucoup d’immigrés... Il est au rez de chaussée d’un immeuble délabré, habité par le même genre de population... Au même moment, la rue Oberkampf est tout aussi triste et peu fréquentée.

    1995. La rue Oberkampf commence à faire parler d’elle : le café Charbon, la boite le Cithéa où on entre même en jeans/basket, la Favela Chic (la première), le restau brésilien pas cher, avec des bancs en bois pourri... D’abord de jeunes étudiants branchés et sympas, puis petit à petit toute la population branchée parisienne. Mais tout ça n’est pas encore arrivé jusqu’au Canal...

    1998. Ouverture de Chez Prune, au coin de la rue Beaurepaire et du Quai de Valmy. Ca y est, la « hype » a rejoint le canal. Ce bar tabac est réaménagé avec des couleurs vives et jeunes. On y voit en terrasse Elodie Bouchez ou Romain Duris, acteurs cultes du moment. L’Atmosphère reste un café plus discret, qui garde son mobilier de bar traditionnel, connu de quelques jeunes étudiants qui profitent de ses prix bas et de sa simplicité. Ils arrivent facilement à convaincre la patronne de les laisser mettre leur musique, l’un d’entre eux se fait embaucher comme barman et commence a concocter des caïpirinhas et de fameux petits rhums arrangés. Souvent les soirées durent bien au delà du couvre feu officiel d’1h du mat, tous les soirs de la semaine et débordent sur le trottoir, voire même sur le quai. C’est sympa, le 21 juin pour la fête de la musique, de mélanger la musique arabe et la techno. Certains entendent parler d’appartements qui se libèrent au dessus et y emménagent. D’autres rejoignent juste à côté le squat de l’ancien couvent des Récollets qui résiste pour ne pas devenir un projet immobilier de merde.

    2000. Victoire. Le projet immobilier est annulé. Le jardin va être rénové, le couvent va être transformé en logements sociaux avec des ateliers d’artistes. Des associations de quartier se sont constituées et les réunions se passent souvent à l’Atmosphère, qu’on commence à appeler « L’Atmo ». Le café n’est plus fréquenté que par des jeunes rebelles, étudiants, de gauche, décidés à faire de ce quartier LEUR quartier, qu’ils protègeront des bourgeois mais aussi de l’atmosphère « rue Oberkampf », qui n’est déjà « plus comme avant ». Ils sont solidaires des indiens du Chiapas et des paysans sans terre du Brésil. Ils sont de tous les combats à la mode : le mariage homo, la protection de l’environnement etc... Ils sont aussi, théoriquement, pour les sans papiers et les ouvriers, mais pas au point de manifester pour et surtout pas au point de se rendre compte qu’ils les ont viré de leur quartier sans retour possible. Ils arrivent, entre autre, à obtenir que l’immeuble de l’Atmosphère soit déclaré insalubre et remis à neuf par la Mairie de Paris. Ce quartier votera PS, Vert et extrême gauche en masse l’année prochaine aux municipales. Lors de ces réunions animées, musicales, alcoolisées et enfumées, des couples se font. En plus de boire, les jeunes apprennent l’importance de l’engagement et de la confrontation avec le pouvoir pour améliorer leurs conditions de vie. Ils terminent leurs études et commencent à travailler...

    2001. Certains jeunes commencent à gagner pas mal d’argent et le steak haché purée de l’Atmo, y’en a marre. Ca tombe bien, une nouvelle boutique a ouvert juste à côté : Antoine et Lili. Boutique d’objets très mignons, ethniques ou « de récup’ », vendus 10 fois le prix qu’on les trouve aux puces. Il y a aussi un restau nettement plus cher mais nettement meilleur, bio, et c’est d’autant plus important que... madame est enceinte. Il va falloir déménager dans plus grand alors on achète des taudis une bouchée de pain et on retape le tout, on installe des ascenseurs, le prix des charges augmente, tant pis s’il y en a qui ne peuvent pas suivre et qui déménagent. De temps en temps, ils culpabilisent de leurs contradictions et, par nostalgie, le soir, ils se retrouvent à l’Atmo pour un dernier verre. Mais pas trop tard parce que le lendemain matin, on a une réunion importante au boulot, il faut être sage maintenant, on n’a plus 20 ans... Fin de l’année, naissance du petit. Il ne fait pas ses nuits, c’est crevant. Et c’est encore plus dur parce qu’il y a encore des « inconscients » qui jouent de la musique à fond, juste à côté, à l’Atmo jusqu’à minuit, voire même minuit et demi, en pleine semaine ! On ne peut plus dormir. Un soir, on craque, on appelle les flics. Non mais c’est vrai quoi, y en a qui exagèrent. D’ailleurs, c’est pas un mal que le prix des loyers augmente et que la population soit un peu plus « responsable ».

    2002. Ca y est, les poussettes commencent à faire leur apparition le long du canal. On a bien fait de réclamer la rénovation du jardin, c’est sympa avec les enfants. Les attentats du 11 Septembre nous on fait réfléchir. Y’en a marre de culpabiliser. On vit dans un mode capitaliste, il faut arrêter de rêver, Strauss-Kahn le dit aussi. Le Chiapas c’est loin, les sans papiers font le jeu des terroristes et la musique arabe n’est plus à la mode. Ce qui est important c’est les pistes cyclables et le manque de places en crèche. Mais pour ça, pas la peine de voter LCR. En Avril, on votera PS et Vert en masse. Mais a cause du reste du pays (quels beaufs...) c’est Le Pen qui sera au second tour. Pendant une après midi de manifestation, le 1er Mai, on retrouvera l’atmosphère rebelle de notre jeunesse : « c’est hyper grave, le fascisme est à nos portes, nos potes européens se moquent de nous, Le Pen va couper toutes les subventions dans les quartiers pauvres comme le nôtre, on n’aura plus de places en crèche, le salop... » Ouf, c’est Chirac qui passe. On a réussi à obtenir que le canal soit fermé à la circulation automobile le dimanche après midi. C’est le royaume des rollers, trottinettes et poussettes. D’ailleurs, maintenant, c’est le Dimanche que l’Atmo est le plus animé. Les autres soirs, c’est redevenu juste un bar comme un autre, qui n’a toujours pas changé de look, contrairement aux clients (ce n’est plus très rare d’y voir des cravates), mais surtout il y en a moins qu’avant parce qu’ils ne s’y sentent plus aussi bien.

    2003. C’est la fin d’une époque. La fin des travaux du jardin et du couvent des Récollets. Dernier bâtiment inauguré : la Crèche Valmy, rue des Récollets, attenant à l’Atmo. Victoire politique digne de 1789 pour ce qui restera probablement leur dernier combat... Un nouveau bar a ouvert en face : le Sporting. Look ultra moderne, il est prêt à accueillir cette nouvelle clientèle. Bouffe et cocktails sophistiqués, prix très élevés, musique lounge d’ambiance, portes insonorisées pour ne pas indisposer le voisinage mais aussi pour se couper de la plèbe... L’Atmo essaye de s’adapter. Avec l’argent gagné il achète la petite boutique à côté et agrandit le café, mais toujours avec le même look. Cela reste un café sympa, mais l’ambiance a disparu de ce quartier...

    #gentrification #Paris #shameless_autopromo

    (je l’avais proposé au #Psikopat aussi, mais trop long)

  • Vingt ans après : les révélations d’un agent des services secrets français
    Dror, décembre 2014
    http://entrelesoreilles.blogspot.fr/2014/12/elo185-les-revelations-dun-agent-des.html

    (Texte inédit soumis au #Psikopat mais refusé ! Je me vois donc dans l’obligation de préciser que, bien que les suicides qui y sont relatés sont parfaitement exacts, le texte qui suit est un délire à vocation humoristique...)

    Pris de remords, un agent de la Direction générale de la sécurité intérieure française a éprouvé le besoin de se confier...

    En 1993, le deuxième mandat de François Mitterrand commence à sentir le soufre, la corruption, la françafrique, la mafia et le sexe. Trop de personnes savent trop de choses et Mitterrand établit alors une liste de témoins gênants à éliminer. La mission m’est confiée et elle doit être discrète puisqu’elle n’est pas approuvée par le gouvernement de cohabitation d’Edouard Balladur. Vingt ans après, je décide de lever le voile sur ces éliminations extra judiciaires, et sur le mode opératoire employé alors : le suicide, dont je suis devenu l’expert en France suite à ces sept « opérations ».

    La première victime est l’ancien Premier ministre Pierre Bérégovoy, qui gérait la double comptabilité du président, et que nous suicidons de deux balles dans la tête en mai 1993. C’est ensuite les deux principaux témoins et organisateurs des séances sadomasochistes de Mitterrand qui doivent être éliminés, et c’est le plus grand scoop que je vous livre, puisqu’il s’agit de Kurt Cobain, le chanteur de Nirvana, suicidé le 5 avril 1994, et de François de Grossouvre, le « conseiller personnel du président », suicidé deux jours plus tard. Le chanteur américain avait tenté de révéler la vie dissolue de François Mitterrand en message codé dans sa chanson Smells Like Teen Spirit (« A mullato, an albino, a mosquito, my libido… »), ce que le président français n’avait pas apprécié.

    Mitterrand apprend alors que l’écrivain Guy Debord travaille sur un livre intitulé Des Contrats, et il est persuadé que ce texte va révéler le rôle qu’ils ont joué ensemble dans le meurtre du petit Grégory, considéré alors comme une « œuvre situationniste ». J’essaye de l’en dissuader, mais il insiste et je fais donc assassiner toute la bande, Guy Debord, Gérard Voitey et Roger Stéphane, par suicides, entre le 30 novembre et le 4 décembre 1994. Dans un manque de professionnalisme déplorable, l’un de mes collègues, Pierre-Yves Guézou, trouve ces meurtres « immoraux » et veut tout balancer à la presse. Aujourd’hui, je le comprends, mais à l’époque je suis un bon petit soldat de la Raison d’Etat et je me vois donc dans l’obligation de « suicider » le capitaine Guézou, le 12 décembre 1994.

    Une fois élu président, Jacques Chirac me confiera une dernière mission avant de me faire prendre une retraite bien méritée : éliminer François Mitterrand. J’inaugurais donc en janvier 1996 une technique que je ne peux dévoiler ici, mais qui a servi depuis à Ariel Sharon pour éliminer Yasser Arafat, à Ehud Olmert pour éliminer Ariel Sharon et à Barack Obama pour éliminer Hugo Chavez. Je vous raconterai ça une autre fois...

    #humour #shameless_autopromo