• À propos de l’enseignante tuée en classe par un élève de 16 ans à Saint-Jean-de-Luz.

    Le procureur annonce « qu’une enquête a été ouverte pour assassinat, c’est à dire de meurtre avec préméditation » :
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/gironde/bordeaux/une-enseignante-poignardee-par-un-eleve-dans-son-lycee-

    Ici ou là, on évoque le meurtre de Samuel Paty. Les ministres s’agitent et se posent devant la caméra pour réagir à chaud.

    Politiques et syndicalistes surenchérissent sur les réseaux sociaux pour savoir qui sera le plus apte à se mettre en valeur, tout en sachant faire vibrer de la corde de l’émotion.

    On apprend que l’élève est passé à l’acte parce qu’il entendait des voix. Il s’agit d’un symptôme parfaitement identifié et très connu de troubles psychiatriques. La tragédie qui touche l’enseignante, ses proches et sa famille ne doit pas faire oublier qu’un adolescent malade n’a, visiblement, pas été détecté ni pris en charge sur le plan médical. Les personnes souffrant de troubles psychiatriques mettent en danger leur entourage ainsi qu’eux-mêmes.

    Il suffirait juste de le rappeler.

    Nulle part je n’ai vu, aujourd’hui, dans cette presse putassière, de rappel sur l’alarmante augmentation des problèmes de santé mentale des mineur·es ni sur l’état de délabrement préoccupant des structures psychiatriques.

    « Face à la hausse des troubles psychiatriques chez les enfants, développer une politique de prévention est une priorité »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/08/02/face-a-la-hausse-des-troubles-psychiatriques-chez-les-enfants-developper-une

    « Effondrement » et « crise d’attractivité » de la psychiatrie publique
    https://www.santementale.fr/2021/06/le-risque-deffondrement-de-la-psychiatrie-publique

    • Les personnes souffrant de troubles psychiatriques mettent en danger leur entourage ainsi qu’eux-mêmes.

      sorry mais non. le danger pour l’entourage, c’est la fatigue, le désespoir, l’impuissance à y faire quelque chose, éventuellement quelques passages à l’acte qui le vise directement, mais pour l’essentiel sans ce degré de gravité que revêtent l’agression physique invalidante ou le meurtre !
      je n’ai pas la patience de chercher des données, pardon, mais la souffrance psychique fait se mettre en danger les personnes qui l’éprouve, par eux-mêmes et par d’autres (elles sont plus souvent victimes d’agressions, etc. que la moyenne). en revanche ces personnes sont moins que la moyenne de la population susceptibles de nuire dangereusement aux autres.
      sauf si on veut subito intégrer aux « personnes souffrant de troubles psychiatriques » la normopathie exaspérée qui travaille le grand nombre ou des pathologies plus particulières que l’on a du mal à ne pas attribuer à bon nombre de dominants (à quel point faut-il être psychopathe, pervers narcissique, pour être un dirigeant, à n’importe quel niveau, sachant que plus c’est haut plus cela peut devenir voyant ? ou comment dominer - les enfants, entre pairs, ou sur l’animal, femme sur enfant, mari sur femme, petit chef sur employé, etc. - suscite des dispositions « pathologiques »).

      si on ne sait pas parler depuis la folie (dit en binaire, ce n’est donné ni aux fous ni aux autres...) faut arrêter de dire (trop) des conneries à son sujet, puisque comme disait grosso modo Bonaffé (?) c’est à la manière dont les fous sont traités que l’on juge une société

      oui, il y a une destruction continue de la psychiatrie (ni lits, ni soignants, cf. suppression de la qualif infirmier psy) par l’État (et les psychiatres eux-mêmes...) depuis des décennies, c’est très voyant chez les mineurs. notre société d’abandon fabrique des fous (vivre à la rue), notre société punitive fabrique des fous (la violence de l’incarcération de masse en produit son lot). et oui, aussi, la folie n’est pas réductible à ces fabrications. mais chaque fois que des troubles psys sont mis en cause dans des crimes, c’est, encore, les fous qui en pâtissent (établissement fermés, contention).

      edit d’ailleurs, si les fous étaient dangereux, on y consacrerait du blé et du monde...
      à défaut de retrouver de la bonne doc, voilà un truc de la HAS qui dit

      La personne souffrant de troubles mentaux n’est que rarement impliquée dans une violence faite aux tiers.

      Dangerosité psychiatrique : étude et évaluation des facteurs de risque de violence hétéro-agressive chez les personnes ayant des troubles schizophréniques ou des troubles de l’humeur
      https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2011-07/evaluation_de_la_dangerosite_psychiatrique_-_rapport_dorientation.pdf

      pour le reste, c’est un point d’appui récurent pour des politique du bouc émissaire censées nous unifier et nous rassurer (on est normaux, ensemble, gouvernés)

      Psychiatrie : Sarkozy veut « sécuriser »
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2008/12/02/sarkozy-promet-70-millions-d-euros-aux-hopitaux-psychiatriques_1126055_3224.

      Nous refusons encore une fois la politique de la peur, Union syndicale de la psychiatrie

      https://printempsdelapsychiatrie.org/author/humapsy

      #folie #psychiatrie

    • Crime et folie, un rapprochement trop tentant
      https://www.cairn.info/magazine-les-grands-dossiers-des-sciences-humaines-2011-12-page-2.html

      La part des violences homicides directement imputables aux troubles mentaux et au terreau biologique, à défaut d’être inexistante, s’avère manifestement marginale.

      edit en entendant la nouvelle du jour je m’attendais à des déclarations sur la dangerosité des fous, mais c’est un lycéen (?) et pas un psychiatrisé, il semble qu’il n’y en ait pas encore eu. et plus simplement, la confirmation du stéréotype infuse en sous texte.

    • Développement Matérialiste des Contradictions
      du Concept de Maladie (Krankheitsbegriff)
      http://www.spkpfh.de/Developpement_Materialiste_des_Contradictions.htm
      Ces textes ne sont pas récents et n’ont jamais fait partie des discours politiques publiés à grande échelle, mais on peut y trouver une richesse de mises en question et de réflexions dialectiques profondes.

      Si nous voulons comprendre pourquoi une pierre tombe sur le sol, nous ne pouvons pas nous contenter de déclarer que d’autre corps tombent aussi, mais nous devons saisir l’essence du phénomène (la chute), c’est-à-dire la gravitation en tant que loi générale de la matière sous la détermination de la masse.

      Il en est de même pour la maladie. Pour nous, de prime abord, il était clair qu’il ne suffit pas d’y chercher des causes univoques dans le physique, selon les modèles de la médecine scientifique. Nous sommes très rapidement devenus conscients du fait qu’il est aussi insuffisant de parler simplement des causes sociales de la maladie et de simplifier le problème en imputant la « faute » de la maladie et de la souffrance au « méchant » capitalisme ; nous avons compris que, dire simplement que la société est malade, est une affirmation complètement abstraite et sans effet.

      Empiriquement nous sommes partis uniquement de trois faits :

      Il y a la société capitaliste, le travail salarié et le capital.
      Il y a la maladie et les besoins insatisfaits, c’est-à-dire l’état de manque réel et de souffrance de l’individu.
      Il y a la catégorie de l’historicité, la catégorie de la production, ou bien de manière plus générale, la catégorie du temps, de la tranformation et du devenir.

      Simplement formulé le SPK a été la plus grande concrétisation possible, dans les années 1970-1971, des contradictions du concept de maladie portées à leur plus haute généralisation possible. Or, il est nécessaire à la dialectique de s’élever à un haut niveau de généralisation pour pouvoir résoudre des problèmes concrets, puisque la généralisation théorique est en même temps la condition et le résultat du travail pratique. Il s’agissait alors pour nous dès le début de saisir les symptômes en tant que phénomènes de l’essence de la maladie.

      #maladie #iatrocratie #folie #médecine #SPK

    • @colporteur
      Tout d’abord merci pour ta contribution :-)
      Tu l’écris toi-même : « la fatigue, le désespoir, l’impuissance à y faire quelque chose » ça c’est pour l’entourage direct et intime de la personne. Généralement cet entourage a connaissance du problème. Je suis d’accord que, de ce fait, les possibilités de mise en danger telles que les agressions physiques directes sont beaucoup plus rares.

      Mais ce n’est pas ça que j’évoquais :

      L’entourage auquel je pense c’est aussi et surtout toutes les instances de socialisation (travail, scolarité, transports, loisirs, commerces, etc.) qui mettent en relation la personne malade avec d’autres qui ne savent pas forcément qu’il y a un problème psy et, de ce fait, ça peut très rapidement dégénérer de façon très violente avec un accident comme dans n’importe quelle baston. Voilà pourquoi la notion de préméditation évoquée par le juge (ci-dessus) me semble révoltante.

      Ceci étant, une personne qui entend des voix peut tout à fait être conduite à commettre le pire et c’est là qu’il faut faire attention à ce qu’on raconte. La personne ne partage pas la « rationalité sociale ordinaire » et cela peut être préjudiciable à elle comme aux autres.

      C’est tout ce qu’il faut garder à l’esprit.

      Je ne porte pas de jugement sur la normalité ; c’est pas du tout mon propos. Je demande juste qu’on prenne en compte la maladie quand on atterri sur le terrain judiciaire et là je dois reconnaître que j’entends souvent des choses avec lesquelles je suis en désaccord, dès que ça vient sur le devant de la scène médiatique, surtout quand il y a des explications politiques ou idéologiques à trouver derrière des troubles de comportement (même si ces derniers sont totalement des problèmes politiques de santé publique, mais ce ne sont généralement pas ceux-là qui sont évoqué s dans ces cas-là).

      Sinon je suis d’accord avec toi que la principale concernée par la violence reste la personne en souffrance elle-même. Son malaise psy et sa difficile socialisation.

      Sur le plan social plus global, institutionnel, c’est une catastrophe complète et je reste très dubitatif sur les théories alternatives du type anti psychiatrie qui avaient pourtant toute ma sympathie.

    • @klaus merci pour cette citation du SPK qui est, si je me souviens bien ce groupe de psy radicaux des années 70 qui theorisaient qu’il fallait faire de la maladie une arme (contre le capitalisme). Merci de confirmer.
      Voilà qui nous mettra tous d’accord, n’est-ce pas @colporteur ?

    • d’accord avec toi sur ma mauvaise reprise du terme entourage alors qu’il s’agit d’un lieu de socialisation, disciplinaire, pas de l’espacé public, ni d’une relation personnelle.
      je souscris d’autant plus à cette distinction et que les deux dernières fois que je me suis pris des pains c’était à tenter de maintenir le contact avec des personnes en crise, pour elles et pour essayer d’éviter que la violence physique dont ils faisaient montre persiste et s’aggrave (l’un d’eux a décompensé plusieurs fois depuis, à suivre le fil de telles histoires, on vérifie fort bien et de façon répétée les carences massives des institutions de soins...). c’était violent, mais il y avait même à ce moment comme une retenue pour laquelle le fait que l’on se connaisse, que ce soit dans un contexte collectif, pas assez contenant pour faire le job (aider à aller suffisamment bien) mais réel, ça a certainement joué et ils sont sont resté bien en deçà de ce qu’ils pouvaient depuis l’avantage physique et les objets dont ils disposaient. aliénés mais pas tout à fait déliés. modalité dont il ne saurait être question d’exiger des institutions en place qu’elles l’assurent à elles seules.

      amère victoire de l’anti-psychiatrie, une destruction de la psychiatrie qui s’est opérée à rebours de ce à quoi elle prétendait. comme théorie critique, l’anti psychiatrie se discute (...). mais dans les faits c’est une transformation éthique, et socio politique contre l’autre. l’anti-psychiatrie se divise en deux : avec et pour les patients (controverses et expérimentations à la clé), ou contre les patients (particularité : la logique comptable qui prévaut ne prend même pas la peine de fabriquer un discours sur le bien du patient pour couvrir ses agissements).
      pour ma part j’aime plutôt un autre vivre avec la folie qui a été porté par des courant de critiques plus internes à la psychiatrie (désaliénisme et sectorisation, l’ancrage territorial plutôt que l’asile, Bonaffé, là aussi retourné pour partie avec la suppression de dizaine de milliers de lits en institution ; psychothérapie institutionnelle, Tosquelles, Oury, etc - soigner l’hôpital disaient-ils, puis Oury formulera la notion de normopathie, mais entre emprise technocratique en constante extension, argent comme critère de réussite lucre des cliniques privée autrefois fondées pour réinventer le soin, et scléroses internes ça ne tient que bien mal).

      cet élève de lycée catho sur fonds publics (l’état persiste à entendre la voix de Dieu, en continu, il y a peu des données sont sorties sur le coût public plus élevé des places dans le privé...) avec 100% de réussite au bac a fait rater quelque chose, à tout le moins, la « communauté scolaire » (si ce n’est l’"éducation spirituelle" https://stthomasdaquin.fr/etablissement/projet-etablissement). et ça a été plus que moche.
      ça a pour effet immédiat une distribution de sucreries verbales destinées aux profs, fallacieuse compensation d’un mépris général qui ne cessera pas. faudrait qu’ils s’en occupent mais ils ont trop à faire avec pronote, l’évaluation, l’obéissance, l’inculcation, la digestion de leur dévalorisation, de leurs défaites consenties (on se souviendra de l’évitement répété de la gréve du bac), la vie privée.

      ici, ce n’est pas comme tu en évoques la possibilité, un accident, une situation qui dégénère. plutôt un épisode délirant, pour parler gros, dont on ne sait depuis combien de temps et comment il se manifestait, qui débouche sur ce passage à l’acte là.
      et oui, comme tu le dis, il aurait pu (dû, ça je ne sais pas) trouver quelqu’un à qui parler (des mois d’attente pour une consultation en CMP, peut-être ce jeune est-il d’un milieu social qui aurait pu avoir accès à de la psychiatre ou psychothérapie en libéral ? là aussi ça peut-être long).
      il n’en reste pas moins que le refus de soin, ça fonctionne des deux côtés.

      pour la justice, d’un gars venu avec un couteau, disant avoir entendu des voix, sans doute avant d’arriver, en tout cas avant de fermer la porte de la classe et de poignarder, il est logique (sauf protection, privilège) de ne pas écarter à priori la préméditation. la qualification pénale a vocation à se modifier en fonction de l’enquête, de la procédure, etc. c’est pas bien parti puisqu’il est dit en état de subir la g-à-v et a semble-t-il (enfin ?) trouvé des oreilles pour un dire qui en ces circonstances ne pourra que l’incriminer (les jeux sont faits : au mieux la justice statuera sur une « responsabilité atténuée »).

      ...

      dommage que les lycéens ne soient pas (pour l’instant ?) plus sortis sur les retraites. le gars aurait peut-être été s’enjailler avec d’autres, plutôt que de s’enfermer dans une classe pour faire un boutonnière à cette professeure.

      #école #lycée

    • Tu fais bien de me reprendre @colporteur, j’ai formulé avec mes mots maladroits (« entourage ») quelque chose qui m’a mit hors de moi. Il est parfois difficile d’exprimer avec justesse ce que l’on ressent. En me relisant dans tes messages, je me suis d’ailleurs rendu compte que j’avais laissé passé une faute d’accord impardonnable. Plus essentiellement en te lisant, non seulement, je ne pense pas que nous soyons en désaccord sur le fond (ce qui ne serait en fait pas très important si ce n’était pas le cas) mais surtout, le plus important, tes explications apportent beaucoup d’éclairages enrichissants.

      Je te remercie encore pour ces apports qui montrent que tu as une réflexion très poussée sur la problématique psychiatrique, laquelle, pour peu qu’on ne dispose pas de ressources permettant de s’enfermer pas dans un univers surprotégé, nous touche tôt ou tard par toute sa violence. Surtout si, comme c’est mon cas, on a travaillé dans des situations d’accueil du public (tout public).

      Ce matin en écoutant la radio, ça m’a – comme qui dirait - remis une pièce dans la machine. On évoquait le fait que l’adolescent de Saint-Jean-de-Luz « ne faisait l’objet d’aucun signalement », comme si la solution à mettre en place pour… pour quoi, au fait ???
      Comme si la solution consistait à ficher et à répertorier « les cas » et anticiper « les risques ». On retrouve bien là la logique policière et carcérale (enfer me ment) qui contamine l’institution psychiatrique. Pouah !

      J’aurais mieux fait, comme hier, de ne pas ALLUMER la radio et d’écouter directement de la musique pour me mettre en forme, par exemple De la Soul / My writes (hier) et, ce matin (après le flux radiophonique), Lulu / Iced honey .

      Et avec Lou Reed (qui a été confronté à la violence psy) et Metallica de te rejoindre à penser que la jeunesse aurait toutes les meilleures raisons du monde de se révolter.

      See if the ice will melt for you
      Iced honey

      https://youtu.be/6sf5euJJx6o

    • L’édito du Télégramme du jour détonne dans l’ambiance médiatique générale (évitez d’aller voir les commentaires de la dépêche AFP sur Twitter…)

      [Édito] Une professeure est morte - Débats - Le Télégramme
      https://www.letelegramme.fr/debats/edito-une-professeure-est-morte-22-02-2023-13284057.php

      Notre éditorialiste Stéphane Bugat donne son point de vue sur ce que révèle de notre société le meurtre de la professeure de Saint-Jean-de-Luz.

      La professeure d’espagnol de 52 ans, du collège privé de Saint-Jean-de-Luz, est morte après avoir été agressée à coups de couteau par un élève de 16 ans. Cette tragédie ne fait malheureusement pas exception. D’autres faits, plus ou moins similaires, furent imputés à des jeunes dont le comportement relevait évidemment de la psychiatrie.

      Mais les chaînes dites d’information, le nez sur les sondages, et les réseaux sociaux, sous le régime de l’émotion permanente, déterminent l’opinion autant qu’elles la suivent. Elles n’ont donc eu nul besoin d’en savoir davantage sur les causes, ni même sur les circonstances, pour nous abreuver de commentaires alarmistes. C’est leur pitance.

      Comment les professeurs et les parents ne sonneraient-ils pas l’alarme ? Et les politiques vont s’en mêler promptement. La pondération pouvant être interprétée comme de l’indifférence, quelques mâles déclarations et l’annonce de nouvelles lois feront office de placebo. Avant que la machine médiatique s’intéresse à autre chose. L’information sanglante se consomme fraîche.

      Un tel fait divers, s’ajoutant à d’autres, nous pourrions pourtant le considérer comme le révélateur de profonds dérèglements sociétaux. Le terrible passage à l’acte traduisant une souffrance que l’on n’a su ni saisir, ni traiter. C’est en cela que les victimes le sont d’abord de défaillances systémiques.

      La médecine psychiatrique a certes fait des progrès considérables depuis cette époque maudite où elle traitait tout, ou presque, par les électrochocs et la mise à l’écart des patients. Cependant, ce sont ses moyens qui, à elle aussi, manquent cruellement.

      Une professeure est morte. Un adolescent est devenu un meurtrier. On peut s’en indigner. Mais, au-delà de l’effroi et des effluves de notre société du spectacle médiatique, qu’avons-nous d’autre à proposer que de la compassion ?

  • Lab chimps successfully treated with anti-depressants
    https://www.bbc.com/news/science-environment-21299657


    Je ne crois pas que les animaux ont une âme, ni les hommes d’ailleurs. Méphistopélès fut perdant dès le début quand il conclut son pacte notoire avec le docteur Faust. Pourtant le sort des milliers de singes de laboratoire m’émeut davantage que celui des trois tristes tigres. Leur destin rappelle celui des prolétaires humains. Quand ils arrivent à l’age de la retraite ils sont usés au point où ils ne constituent plus qu’une affaire pour les médecins et producteurs de drogues qu’on refuse aux jeunes. Le capitalisme s’en fout de la question si nous et nos confrères primates sommes équipés d’une âme mais il nous abaisse tous au niveau de bêtes à exploiter jusqu’au dernier souffle.

    14.2.2023 by Pallab Ghosh - A study has shown that anti-depressants can be used to help former lab chimps combat depression and trauma.

    Researchers say that the treatment should be considered for hundreds of other chimps that have been used in scientific research.

    The finding comes as a US funding body thinks about retiring the more than 300 chimps it uses for medical research.

    Dr Godelieve Kranendonk, a behavioural biologist leading the study at AAP, a rescue centre for animals in the Netherlands, told BBC News that the results had been astonishing.

    “Suddenly, [the chimps] woke up. It was as if they were zombies in their enclosures and now they are happy, playing with each other. They are chimps again - that was really nice to see,” she told me.

    Many animals emerge from their time in laboratories depressed and traumatised. Having been confined for 15 to 20 years as lab animals, they have lost their ability to play or relate to other chimps. Instead, they spend their time in brooding isolation and sometimes eat their own vomit.

    The chimps often repeatedly rock back and forth, pace back and forth and pull their own hair.

    Playfulness restored

    Staff at the AAP sanctuary care for the animals until they die. They try to rehabilitate them so that they can live out their remaining years happily.

    The chimps are fed a good diet of vegetables, have toys and plenty of space in which to play. But Dr Kranendonk found that the abnormal behaviour actually increased. It was as if the animals did not know how to cope with their new found freedom.

    Dr Kranendonk decided to consult Martin Bruene, a professor of human psychiatric disorders at the University of Bochum, Germany. He prescribed a course of anti-depressants for five of the chimps.

    All the animals had been used in medical experiments and were infected with Hepatitis C. “Willy” showed the least abnormal behaviour. “Tomas” and “Zorro”, on the other hand, would spend a third of their waking hours eating their own vomit.

    “Iris” had lost so much weight from vomiting when she first came to the sanctuary that the staff thought she would die.

    The most troubled though was “Kenny”, a small chimp who was constantly anxious that the others would attack him and spent much of his time screaming in terror.

    The chimps were given SSRI (Selective Serotonin Reuptake Inhibitors), which is a class of anti-depressant similar to Prozac and is used to treat human patients for depression, anxiety disorder and obsessive compulsive disorder.

    After six to eight weeks, the animals behaviour started improving. The abnormal behaviour declined and the chimps began to play together. After seven months, there was a vast difference.

    Kenny responded best of all to the treatment. He is now the clown of the group, entertaining the others and initiating play.
    Media caption,

    Pallab Ghosh reports from a retirement home for chimps used in research

    Prof Bruene said that the results were “quite amazing”.

    He said: “I didn’t expect this to work this well. These chimps have served as laboratory chimps for many, many years and suffered psychological trauma. I wouldn’t expect a human [to recover] that has suffered a similar condition.”

    After decades of being research animals, the chimps unsurprisingly looked weary and dishevelled, even after their anti-depressant treatment.

    Gone was the energy and playfulness that one sees in wild chimps. But they had an engagement that was absent from other chimps in the sanctuary that had not received the medication.

    Kenny, for example, came to the front of his cage to show me the carrots he was about to eat. Then, after noticing that I was taking what he may have though to be too great an interest in his dinner, he scuttled off quickly, flashing a suspicious glance as he clutched his carrots tightly to his chest.

    And after dinner, Iris and Zorro played together affectionately, even exchanging a kiss.

    The big question though is whether the effect lasts when the chimps are taken off the medication. The early indications are promising. The medication has been steadily reduced and there has been no adverse effect on the chimps’ behaviour.

    Kenny himself decided that he did not want to take the anti-depressants anymore. His clownish behaviour has continued.

    “It seems that while on the medication, the chimps learn to be chimps again,” said Dr Kranendonk. “And once they have learned that, they don’t need the medication any more.”

    American decision

    The result comes at a time when the world’s largest user of chimps in medical research is considering retiring more than 300 of its animals.

    A recent scientific review for the US National Institutes of Health concluded that there were alternatives to using chimps in many cases, and that the greater suffering these higher animals experienced dictated that nearly all the animals in NIH-sponsored research should be retired.

    An expert group of scientists has suggested that the chimps should be sent to a national sanctuary which has been dubbed “Chimp Haven”. The 80-hectare (200-acre) site in Louisiana was opened in 2005 as a retirement home for research chimps that were no longer needed.

    The proposal from the NIH committee is the latest step in a shift away from using chimps for medical research in the US.

    But the experience of Dr Kranendonk and Prof Bruene suggests that simply releasing the chimps into a large open air sanctuary will not be enough. Unless the animals are properly supported, Chimp Haven may well turn out to be Chimp Asylum.

    Prof Bruene believes that the NIH should consider giving their animals anti-depressants if they show symptoms of depression before releasing them. He thinks their conditions are treatable and that, as our closest relatives in the animal kingdom, they deserve proper psychiatric care.

    “It could be a good model for other facilities to at least try and improve their conditions,” he said.

    Research on great apes in the UK was banned in 1986.

    #animaux #psychiatrie #iatrocratie #wtf

  • Dr Alice Tryphon (pseudo dans le 99 de la revue Pratiques)

    Faire deux gardes de 24 heures en un grand week-end de trois jours, c’est saisissant. Quand on ne travaille plus en unité d’hospitalisation, mais seulement en ambulatoire, cette immersion totale vous fait sauter à la gueule à quel point l’institution est malade et les soins devenus impossibles. Ça m’est arrivé.
    Bien sûr, croiser toute souffrance humaine, c’est fatigant, voire éprouvant. Mais ça, c’est mon travail. Je suis là pour cela, formée pour cela, j’ai appris le métier et l’apprends encore. C’est un métier passionnant.
    L’activité clinique d’un psychiatre de garde dans un hôpital spécialisé consiste à faire les admissions et à prendre en charge les urgences intra-muros. Dans un cas comme dans l’autre, on est dans le dur de la souffrance psychique : tentatives de suicides, graves ou moins graves, décompensations délirantes, angoisses qui peuvent amener de l’agitation, parfois une agression, dépression, alcoolisme… se traduisant par des symptômes suffisamment bruyants ou envahissants pour que la personne soit hospitalisée. Il s’agit de rencontrer le patient pour l’interroger sur le fait qu’il se passe quelque chose pour lui. Ces rencontres sont des moments ponctuels dans le parcours d’un patient, mais importantes.
    Mais encore faut-il être disponible pour cela. Or l’institution est devenue tellement folle que tout revient à essayer de tenir le choc et ne pas perdre la tête soi-même. Non seulement les procédures légales envahissent le quotidien (trois heures passées devant l’ordinateur à renouveler les « décisions d’isolement ») sans bénéfice pour les patients, le matériel ne fonctionne pas, mais surtout les relations entre les individus, administratifs, soignants et soignés sont extrêmement dégradées. Les uns exercent leurs petits pouvoirs sur les autres, y compris à l’intérieur de chacun de ces groupes et les disqualifications s’empilent. L’administrateur de garde qui prend une décision d’admission à ma place, sans considération clinique, mettant les soignants en grande difficulté pour l’accueil du patient. Les psychiatres des urgences qui mentent sur l’état clinique des patients pour les faire admettre quoi qu’il en coûte. Des infirmiers qui ne veillent plus aux conditions minimales de sécurité des patients, mais seulement au respect de leur propre tranquillité. Des personnels qui ne supportent plus les patients.

    Jean Oury avait dit : « Qu’est-ce que je fous là ? ». Question essentielle qui revient à interroger la place que l’on occupe auprès d’un patient psychotique souffrant.
    Mais là, c’est à un autre niveau que cela se joue. Qu’est-ce je fous là, dans ce merdier, dans ce système qui ne soigne plus, qui ne réfléchit plus, avec des professionnels dans le passage à l’acte ? Des personnels qui confondent leurs missions, qui jouent de leur pouvoir, qui viennent tout juste gagner leur paye…
    Des professionnels qui démissionnent, qui sont sans cesse ailleurs, souvent dans leur portable, ou dans leurs pensées, pas auprès ni du côté des patients.
    Tout cela est beaucoup plus fatigant à se coltiner que la folie des patients et est très inquiétant en raison du renoncement de beaucoup à occuper une fonction soignante.

    Alors que faire face à cela ? Des rapports ? Écrire à la direction ? Aux chefs de pôle concernés ? Pfff… Même la messagerie interne ne fonctionnait plus ce jour-là !
    Surtout s’en remettre à nos capacités à créer les conditions des soins. S’asseoir autour d’une table, administratifs, personnels et patients et questionner l’institution, la réinventer dans l’unique but de soigner ces derniers. « Soigner l’hôpital » pour pouvoir « soigner les malades ». Herman Simon, psychiatre allemand, l’a dit en 1929. D’autres l’ont mis en pratique : Bonnafé, Tosquelles, Daumézon, Oury et bien d’autres îlots ici et là continuent d’y travailler… Ça s’appelle la psychothérapie institutionnelle.
    C’est possible, ça dépend de nous.

  • #Suisse : Hausse sans précédent des troubles mentaux chez les jeunes filles ats/vajo - RTS
    https://www.rts.ch/info/suisse/13620818-hausse-sans-precedent-des-troubles-mentaux-chez-les-jeunes-filles.html

    La santé mentale des jeunes a beaucoup souffert durant les années de pandémie, surtout côté féminin. Entre 2020 et 2021, les hospitalisations des filles et jeunes femmes de 10 à 24 ans pour troubles mentaux et du comportement a bondi de 26%.

    Chez les plus jeunes filles de 10 à 14 ans, la hausse a même atteint 52% entre 2020 et 2021, a annoncé lundi l’Office fédéral de la statistique. La poussée a été plus contenue côté masculin. Chez les hommes âgés entre 10 et 24 ans, elle a atteint 6%.

    Les troubles mentaux constituent pour la première fois la première cause des hospitalisations des 10 à 24 ans, avec 19’532 cas, devant les blessures (19’243 cas), précise l’OFS.

    Troubles dépressifs en forte hausse
    En 2020, lors de la première année de pandémie de Covid-19, les troubles qui ont le plus fortement émergé sont les troubles de l’humeur (dépressions essentiellement) chez les jeunes femmes (+14%) et ceux liés à l’utilisation de substances psychoactives chez les jeunes hommes (+8%).

    En 2021, les jeunes hommes ont à leur tour connu une augmentation importante des troubles de l’humeur (+14%), tandis que les jeunes femmes enregistraient pour le même diagnostic une hausse exceptionnelle de 42%.

    Les cas de troubles névrotiques, survenant en présence d’un facteur de stress, ont surtout augmenté en 2021 (+22% chez les jeunes femmes, +13% chez les jeunes hommes). La catégorie regroupant les autres troubles, comprenant les troubles de la personnalité et ceux de l’alimentation, a crû en 2021 de 24% chez les jeunes femmes.

    Les jeunes femmes davantage concernées
    En 2021, on a enregistré 3124 hospitalisations de jeunes de 10-24 ans dues à des lésions auto-infligées ou tentatives de suicide, ce qui représente une hausse de 26% par rapport à 2020.

    Et 70% de ces hospitalisations sont attribuées à des patientes de sexe féminin. Les jeunes femmes de 15 à 19 ans ont été les plus nombreuses à avoir commis un acte auto-agressif (1240 cas en 2021), mais ce sont les filles de 10 à 14 ans qui ont connu la plus forte augmentation (+60%). Avec 458 cas en 2021, les filles de 10 à 14 ans ont été onze fois plus souvent hospitalisées pour ce motif que les garçons du même âge.

    Record de nouveaux cas
    Les 20’000 hospitalisations pour troubles mentaux recensées en 2021 sont attribuées à 12’923 personnes de 10 à 24 ans, dont 30% ont effectué plus d’un séjour en cours d’année. Parmi ces quelque 13’000 personnes, presque la moitié d’entre elles (6465) n’avaient jamais été hospitalisées auparavant en raison de troubles psychiques.

    Ce nombre de premières hospitalisations est de 29% supérieur à celui enregistré en 2020, soit très en dessus de la progression annuelle moyenne de 6% pour les années 2016 à 2020.

    Une intervention de crise, correspondant à une prise en charge rapide du patient ou de la patiente en proie à une souffrance psychique aiguë, a été nécessaire dans 34% des cas. Les séjours hospitaliers ont duré 27 jours en moyenne.

    Traitements ambulatoires aussi en augmentation
    Le nombre de traitements ambulatoires psychiatriques, prodigués à l’hôpital mais sans hospitalisation, a également connu chez les 10-24 ans une hausse soutenue, de 4% en 2020, puis de 16% en 2021.

    Au total, 55’825 jeunes de 10 à 24 ans ont eu recours auprès d’un hôpital à au moins une prestation ambulatoire en psychiatrie en 2021. Ils ont occasionné 27% de toutes les consultations psychiatriques ambulatoires dans les hôpitaux.

    Dans le domaine ambulatoire comme dans le stationnaire, ce sont parmi la population en général les jeunes femmes de 15 à 19 ans qui ont le plus sollicité de soins psychiatriques en 2021.

    #Jeunes_filles #soins_psychiatriques #psychiatrie #confinement #enfermement #Covid-19, #santé_mentale #hospitalisations #souffrance_psychique #Hôpitaux #suicide

  • « Oui, par manque de moyens, la pédopsychiatrie doit depuis des années trier les enfants »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/11/24/oui-par-manque-de-moyens-la-pedopsychiatrie-doit-depuis-des-annees-trier-les

    « Oui, par manque de moyens, la pédopsychiatrie doit depuis des années trier les enfants »
    Tribune

    Collectif

    Le collectif Pédopsy 93, qui regroupe l’ensemble des chefs de service de pédopsychiatrie et des médecins de centres médico-psychologiques de Seine-Saint-Denis, sonne l’alarme.

    Publié aujourd’hui à 05h37, mis à jour à 07h30 Temps de Lecture 4 min.

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    Qui prendre en soins lorsque l’on ne peut pas prendre tout le monde en soins ? Les enfants les plus gravement atteints, car ils n’ont pas d’autre lieu de soins que les nôtres ? Les adolescents suicidaires, car leurs vies sont menacées ? Les plus petits, car on aura plus de chances d’infléchir leur trajectoire développementale ? Les cas les plus « légers », car ils prendront moins de temps pour être soignés ? Bébés, enfants, ados ?

    Telles sont les questions auxquelles se heurtent chaque jour les soignants en pédopsychiatrie. Est-ce humain ? Alors que la pédiatrie alerte sur son manque de moyens amenant les médecins à des stratégies de « tri » pour prendre en soins le maximum d’enfants, François Braun, ministre de la santé et des solidarités, s’est dit choqué. C’est le manque de moyens qui oblige les soignants à trier des enfants. C’est la France qui trie ses enfants.

    La pédopsychiatrie est confrontée à ce constat depuis des années. En effet, par manque de moyens pour répondre aux multiples sollicitations, les services doivent, malgré eux, réaliser un « tri » des patients, car ils ne peuvent pas répondre à toutes les demandes. Les urgences et les situations graves, de plus en plus graves, car ayant eu à attendre longtemps un premier rendez-vous, augmentent sans cesse. Les professionnels sont débordés et doivent s’infliger ce « tri ».
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    L’attente pour un premier rendez-vous atteint dix-huit mois dans les villes de Seine-Saint-Denis. Au rythme du développement de l’enfant, ces délais sont insupportables, et la plupart du temps, les difficultés se seront aggravées.
    Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « En France, en 2022, des enfants et adolescents meurent de souffrance psychique par manque de soins et de prise en compte sociétale »

    L’empêchement de remplir les missions premières – accueillir, soigner et, si possible, prévenir – est la cause de l’épuisement des professionnels et d’une crise des vocations. Il est de plus en plus difficile de recruter des soignants pour la santé mentale des mineurs.
    Une génération sacrifiée

    La Seine-Saint-Denis (93), département de 1,6 million d’habitants, dont un tiers d’enfants et d’adolescents avec un rythme de naissances soutenu, est un des plus mal pourvus en moyens de soins psychiques pour ses plus jeunes. Les familles sont souvent pauvres et précaires, beaucoup de mères élèvent seules leurs enfants et sont isolées.

    Tour à tour, le tribunal de Bobigny, l’éducation nationale, le département, les services de protection de l’enfance et la pédopsychiatrie alertent, malgré leur devoir de réserve. Tous sombrent avec la population.
    Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Face à la hausse des troubles psychiatriques chez les enfants, développer une politique de prévention est une priorité »

    Le 93 et ses enfants sont mis de côté par les politiques publiques et c’est une génération entière qui est sacrifiée du fait de l’abandon de l’Etat. La France trie ses enfants ; reconnaître et réparer cette inégalité d’accès à l’éducation, à la protection et aux soins est une urgence.
    Lire la tribune : Article réservé à nos abonnés « La majorité des problèmes de santé mentale débute avant l’âge de 14 ans »

    La pédopsychiatrie en France alerte depuis plusieurs années, dans tous les territoires de la République. Celle du 93 lance un cri d’alarme. Toutes les communes construisent de nouveaux logements, écoles, collèges et lycées…. Mais aucune n’édifie de centres médico-psychologiques (CMP) ou médico-psycholo-pédagogiques (CMPP) pour la prise en charge des troubles psychiques des enfants et adolescents. Verrous administratifs, municipalités qui refusent l’octroi de locaux pour des structures de soins ou médico-éducatives, manque de moyens et difficultés de recrutement, complexité des prises en charge qui cumulent les facteurs sociaux aggravant les troubles psychiques : tous les indicateurs sont au rouge, et particulièrement pour la santé mentale des enfants de ce département.
    Une place pour sept enfants

    Les acteurs libéraux du soin ne s’installent pas en Seine-Saint-Denis, car la charge de travail est immense, et le département est devenu un désert médical. Alors même qu’une majorité d’enfants a des difficultés particulières d’accès au langage oral et écrit du fait des parcours migratoires et d’exil, il n’y a pas de soins orthophoniques.
    Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « La situation des urgences pédopsychiatriques est un drame »

    Ici plus qu’ailleurs, beaucoup sont touchés par l’autisme. Les services de pédopsychiatrie comptent 20 % d’enfants autistes dans leurs files actives [patients vus au moins une fois dans l’année], 550 enfants pour un seul service. Les moyens alloués à la pédopsychiatrie pour exercer sa mission complémentaire des écoles et des établissements spécialisés, et prendre en soins les enfants autistes, sont limités : cinq hôpitaux de jour pour tout le département. Pour une place disponible, sept enfants sont adressés. Comment s’effectue ce « tri », au nom de quelle éthique ? Admettrait-on qu’une seule chimiothérapie disponible oblige à choisir entre trois enfants cancéreux ?
    Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés Santé mentale : « Qui soigner quand il n’y a pas la possibilité de le faire pour tout le monde ? »

    Aucun moyen suffisant non plus pour créer des places en établissement spécialisé, dont le nombre est très faible. Si tout le monde est d’accord pour favoriser l’inclusion de ces enfants à l’école de la République, les moyens ne sont pas là pour le permettre : trop peu d’aides à la scolarisation, temps de scolarité réduit à quelques heures par semaine, beaucoup d’enfants déscolarisés. Les enseignants sont si peu aidés pour les accueillir qu’ils jettent l’éponge, et envisager l’aide de soignants au sein des classes est empêché par des verrous administratifs, des manques de moyens humains et des positions idéologiques qu’il est devenu urgent de lever afin de travailler pour le bien des enfants.
    Une goutte d’eau

    1 750 enfants sont en attente de places en établissement spécialisé, et certains sont « sans solution », c’est-à-dire sans scolarité, sans soins, sans éducation autre que la famille à la maison. En plus d’être un constat terrible, c’est un très mauvais calcul. Que vont devenir nos enfants « lestés » de pathologies non soignées ? Et leurs familles ?

    Le rapport du Sénat sur la psychiatrie des mineurs de 2017 dressait déjà le « constat d’une grande difficulté de la discipline, traversant une crise démographique ne lui permettant pas de répondre à ses besoins en évolution ». Cette situation a été de nouveau reconnue lors des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie en 2021. Des « mesures de rattrapage » se concrétisent dans des appels à projet, mais sont notoirement insuffisantes pour combler le retard pris. Leur montant est de 20 millions d’euros en 2022 pour l’ensemble de la France et de l’outre-mer. Une goutte d’eau en regard de l’aide nécessaire aux enfants et à la pédopsychiatrie, qui les soigne.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Santé : « La psychiatrie de secteur, publique ou associative, disparaît, en vérité »

    Oui, par manque de moyens, la pédiatrie doit maintenant « trier » les enfants. Oui, par manque de moyens, la pédopsychiatrie doit depuis des années « trier » les enfants. Oui, en Seine-Saint-Denis, les enfants souffrent davantage qu’ailleurs, et reçoivent moins de moyens qu’ailleurs. Oui, le constat est alarmant dans le département de Seine-Saint-Denis, qui a besoin d’une aide massive et urgente. Ce ne sont pas les professionnels qui « trient » mais la France qui trie ses enfants, et délaisse ceux du 93.

    Signataires :Thierry Baubet, chef du service de pédopsychiatrie du CHU Avicenne, Bobigny ; Jean-Pierre Benoit, chef du service de pédopsychiatrie du centre hospitalier Delafontaine, Saint-Denis, responsable de la commission de pédopsychiatrie de la communauté psychiatrique de territoire (CPT) 93 ; Assia Farhi, médecin directrice du centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) de la Courneuve ; Charlotte Flouest-Nguyen, médecin directrice du CMPP d’Aubervilliers ; Vincent Gaulin, médecin directeur du CMPP de Saint-Denis ; Ligia Gorini, chef de service de pédopsychiatrie à l’établissement public de santé (EPS) de Ville-Evrard, Neuilly-sur-Marne ; Noël Pommepuy, chef de service de pédopsychiatrie et président de la commission médicale d’établissement (CME) de l’EPS de Ville-Evrard, Neuilly-sur-Marne ; Clémentine Rappaport, chef du service de pédopsychiatrie du centre hospitalier intercommunal Robert Ballanger, Aulnay-sous-Bois ; Bertrand Welniarz, chef de service de pédopsychiatrie à l’EPS de Ville-Evrard, Neuilly-sur-Marne.

    Tous sont membres du Collectif Pédopsy93.

    L’institution psychiatrique est loin d’être la panacée mais quand elle est déficiente, voire absente en territoire socialement défavorisé c’est la cata.

    En complément :
    https://94.citoyens.com/2022/seine-saint-denis-le-regroupement-de-trois-centres-medico-psychologique
    https://www.sudeducation93.org/communique-dans-le-93-le-manque-daesh-met-en-danger-la-scolarite-des

    #Santé-Seine-Saint-Denis #psychiatrie #CMP #Centres-médico-psychologiques #AESH

  • Quand Lou Reed se faisait électrocuter pour homosexualité – #Gonzaï
    http://gonzai.com/quand-lou-reed-se-faisait-electrocuter-pour-homosexualite

    Près de dix ans après la mort de Lou Reed, le label Light In The Attic publie « Words & Music, May 1965 », un album de démos de ce qui deviendra le premier album du Velvet Underground. Derrière la découverte de ces premières émulations entre Lou Reed et John Cale, c’est aussi l’occasion de revenir sur la jeunesse chaotique du New-Yorkais et le traitement par électrochocs qu’il reçut à l’âge de dix-sept ans.

    • Lou Reed . https://lightintheattic.bandcamp.com/music

      https://loureed.bandcamp.com/album/words-music-may-1965

      Light in the Attic Records, in cooperation with #Laurie_Anderson, proudly announces the inaugural title in their ongoing #Lou_Reed Archive Series: Words & Music, May 1965. Released in tandem with the late artist’s 80th birthday celebrations, the album offers an extraordinary, unvarnished, and plainly poignant insight into one of America’s true poet-songwriters. Capturing Reed in his formative years, this previously unreleased collection of songs—penned by a young Lou Reed, recorded to tape with the help of future bandmate John Cale, and mailed to himself as a “poor man’s copyright”—remained sealed in its original envelope and unopened for nearly 50 years. Its contents embody some of the most vital, groundbreaking contributions to American popular music committed to tape in the 20th century. Through examination of these songs rooted firmly in the folk tradition, we see clearly Lou’s lasting influence on the development of modern American music – from punk to art-rock and everything in between. A true time capsule, these recordings not only memorialize the nascent sparks of what would become the seeds of the incredibly influential #Velvet_Underground; they also cement Reed as a true observer with an innate talent for synthesizing and distilling the world around him into pure sonic poetry.

  • La situation alarmante de la #pédopsychiatrie en France

    Le nombre d’adolescents et d’enfants arrivant aux urgences pédopsychiatriques connaît une hausse vertigineuse depuis le début de la crise due au Covid-19. L’hôpital a accueilli 900 mineurs en 2021. Avec des réponses parfois déficientes, faute de #soignants et de structures adaptées.


    La chambre d’une patiente suivie en pédopsychiatrie, dans le service pédiatrie du CHU de Nantes, le 17 août 2022. LOUISE QUIGNON POUR « LE MONDE »

    La crise a atteint son paroxysme en mars. Tout au long du mois, Laurence Dreno, pédopsychiatre au centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes, et son équipe ont fait face, chaque semaine, à l’arrivée aux urgences pédiatriques, en moyenne, de dix-sept jeunes en détresse psychologique. « Vous arrivez et, chaque matin, il y a au moins trois jeunes qui ont fait une tentative de suicide, expose, d’une voix blanche, Mme Dreno. A un moment, j’ai ressenti un immense vertige. Je me suis dit : “Mais comment je vais penser dix-sept projets de soins pour les patients ?” »

    La praticienne a vécu un nouveau moment d’abattement lorsque, trois mois plus tard, elle a vu plusieurs de ces jeunes revenir aux #urgences. « Ils n’avaient même pas décroché un rendez-vous dans un CMP [centre médico-psychologique] car toutes les structures sont complètement débordées. Là, je me suis dit que j’avais travaillé dans le vide. »

    Partout, dans les hôpitaux de France, le nombre d’adolescents et d’enfants « présentant un syndrome dépressif modéré à sévère » connaît une hausse vertigineuse depuis la fin du premier confinement dû à la crise liée au Covid-19. Le secteur de la pédopsychiatrie était déjà sous tension, le voici qui prend l’eau, faute de structures adaptées et de moyens humains.

    Près de 900 mineurs de moins de 16 ans sont passés par l’accueil des urgences pédiatriques du CHU de Nantes en 2021 pour des troubles psychologiques. « Quatre cent trente ont été hospitalisés, contre 250 à 280 avant l’épidémie, énonce la professeure Christèle Gras-Le Guen, cheffe du service des urgences pédiatriques et du service pédiatrique de l’hôpital de Nantes. On aurait dû en hospitaliser davantage, mais on n’avait aucune solution. » « Avant, on faisait du soin, souffle Mme Dreno. On voyait les patients, on les prenait en charge. Et puis on les orientait vers des consultations en CMP. Désormais, on fait du tri. »

    Des mineurs exprimant des idées suicidaires sont renvoyés chez eux avec une « simple » orientation vers des consultations. Or, les centres médico-psychologiques affichent des délais de prise en charge variant de quatre à six mois. « Ces structures enregistrent quinze demandes par semaine au bas mot quand, auparavant, elles assuraient quinze consultations par mois, développe Mme Dreno. Ce qui est insupportable, c’est que nous, professionnels, on sait qu’en six mois il se passe beaucoup de choses dans une vie et que les situations peuvent s’aggraver. »

    Au mieux, les mineurs en détresse sont pris en charge en service de pédiatrie. « On fait avec les moyens du bord, souligne Mme Gras-Le Guen. Sur les 36 lits du service de pédiatrie du CHU, il y en a régulièrement la moitié occupée par des patients qui ont des problèmes de santé mentale. »

    Au pire, des jeunes, trop agités, sont désormais transférés, parfois dès l’âge de 10 ans, en psychiatrie adulte à l’hôpital Saint-Jacques de Nantes, « dans des chambres d’isolement, soit des conditions relevant du milieu carcéral, pour les protéger de patients pouvant être dangereux », ainsi que le déplore Mme Gras-Le Guen. La situation, assène la professionnelle, qui préside la Société française de pédiatrie, relève de « la maltraitance institutionnelle. Pour un enfant qui va mal, c’est la double peine : on l’enferme dans un service où il va avoir des soins qui ne correspondent pas à son état de santé ». Plus de 250 mineurs de moins de 16 ans ont été hospitalisés en psychiatrie adulte en 2021 à Nantes. Un bilan qui menace d’être plus élevé en 2022.

    La patientèle passant aux urgences pédopsychiatriques est désormais majoritairement féminine. Et elle se rajeunit dangereusement, avec l’accueil de nombreux jeunes âgés de 12 ans. Les souffrances sont multiples : conflits familiaux, défaillances parentales, harcèlement, sentiment d’insécurité face au monde. Vincent Delaunay, chef du pôle psychiatrie et santé mentale au CHU de Nantes, note aussi « une augmentation des troubles du comportement alimentaire et des pathologies dépressives, ainsi que des pathologies mentales avérées ». A ce tableau clinique se greffe « une souffrance morbide s’accentuant autour des questionnements identitaires sur la sexualité et le genre », représentant « une hausse de 25 % des demandes » depuis la sortie des confinements.

    « Si on tarde, ça explose »

    La crise secoue aussi les professionnels. Certains jettent l’éponge, épuisés et vaincus par un sentiment d’impuissance. Cinq postes sont vacants dans l’unité dirigée par Mme Dreno. Qui alerte : « Comment on va garder nos jeunes praticiens si c’est pour faire du boulot qui n’a pas de sens ? » La praticienne appelle à recruter au plus vite une quinzaine de psychologues et souligne : « Un adolescent, dès lors qu’on s’en occupe, que l’on met de l’attention et du soin, il récupère et il repart. Si on tarde, ça explose. »

    La crise est nationale, mais, selon l’Observatoire régional de la santé des Pays de la Loire, l’offre de soins spécialisés dans la santé mentale des adolescents est particulièrement faible en Loire-Atlantique pour ce qui est des lits d’hospitalisation, le département ne comptant que 6,9 lits pour 100 000 habitants, contre 16,5 lits à l’échelle nationale.

    « Cela fait des années que l’on tire la sonnette d’alarme sur ce sujet », énonce M. Delaunay, qui évoque « une situation absolument catastrophique ». Le manque d’anticipation, par les pouvoirs publics, des évolutions sociétales et de l’essor démographique relève de « l’aveuglement » selon le professionnel, qui note : « Il y a un rattrapage phénoménal à accomplir. »

    L’agence régionale de santé (ARS) partage le constat, mais nuance le diagnostic. La #psychiatrie, dans son ensemble, « accuse un déficit historique en termes de moyens dans les Pays de la Loire », reconnaît le docteur Jean-Paul Boulé, chef de projet santé mentale au sein de l’ARS, qui précise : « On a longtemps été la dernière région métropolitaine pour les dotations par rapport au nombre d’habitants. » Mais la pénurie de lits d’hospitalisation, qui date d’une vingtaine d’années, est liée « à la volonté exprimée par les professionnels de soigner les patients au plus près de leur lieu de vie ». La Loire-Atlantique, fait valoir le médecin, a ainsi fait le choix de « privilégier le développement d’hôpitaux de jour, totalisant à ce jour 207 des 426 places recensées à l’échelle régionale ».

    « Miser sur l’ambulatoire »

    De nouveaux projets sont sur orbite. Huit lits pour enfants et adolescents pourraient être créés au sein de l’établissement psychiatrique de Blain, au nord de Nantes, en 2023. L’ARS a donné son feu vert pour l’extension du service d’hospitalisation intersectoriel de pédopsychiatrie, une unité située à Bouguenais, dans la banlieue sud, comptant quatorze lits, soit la perspective de seize lits supplémentaires d’ici cinq ans, note Julien Vallée, responsable de cette structure.

    La création d’un hôpital de jour « postcrise » consacré aux adolescents, affichant une capacité d’une quinzaine de places, est également espérée en 2023 dans la banlieue nantaise. « C’est vraiment une structure de soins d’aval dont on a besoin, souligne M. Delaunay. Ce qui est fondamental, c’est d’apporter une réponse en temps voulu, éviter les tris aberrants et les renvois à domicile faute de places. » « La priorité », souligne l’ARS, reste_« de soigner un jeune patient au plus près de son lieu de vie » et donc « de miser sur l’ambulatoire ».
    Depuis 2018, les mesures de rattrapage en matière de santé mentale dans les Pays de la Loire représentent une enveloppe de 18 millions d’euros par an, qui s’ajoutent à la dotation annuelle de 450 millions d’euros.
    « Les crédits sont enfin là, mais, maintenant, le goulet d’étranglement, ce sont les ressources humaines qui obèrent la capacité à mettre en œuvre des projets », énonce le docteur Bruno Meslet, conseiller médical au sein de l’ARS. Outre la pénurie de pédopsychiatres, l’agence sanitaire souligne les difficultés de recrutement de psychologues, d’infirmiers, d’aides-soignants ou d’éducateurs…

    « Au-delà de la question de la rémunération, insuffisante, on paye très cher le fait d’avoir mis les personnels en souffrance en réduisant les effectifs », se désole M. Meslet. « La volonté de financer des projets est là, mais, ce qui manque désormais, ce sont les bras_, appuie M. Delaunay. Ce qui est désolant, c’est d’avoir attendu d’être face à la #catastrophe pour réagir enfin. »

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/08/18/jeunes-en-detresse-psychologique-l-appel-au-secours-du-chu-de-nantes_6138320

    le même journal vient de publier plusieurs articles sur la gériatrie, « en crise » elle-aussi, pour un nombre de patients croissant, elle-aussi

    #santé_publique #enfance #souffrance_psychique #folie

  • « En France, en 2022, des enfants et adolescents meurent de souffrance psychique par manque de soins et de prise en compte sociétale »

    Le délitement des structures de soins empêche les soignants d’exercer leur fonction de dernier rempart contre les tentations suicidaires des jeunes, dont la hausse massive est attestée, alertent les pédopsychiatres Marion Robin et Pablo Votadoro, dans une tribune au « Monde » cosignée par plus de 700 professionnels du soin aux enfants et adolescents.

    Face à l’expansion massive des gestes suicidaires chez les adolescents et préadolescents, entre 2019 et 2021, attestée par Santé publique France (Analyse des indicateurs surveillés en continu, 7 février 2022), les services de pédiatrie et de pédopsychiatrie sont débordés. En France, en 2022, des enfants et adolescents, particulièrement des très jeunes filles, meurent de souffrance psychique par manque de soins et de prise en compte sociétale.

    Le silence qui a suivi l’objectivation de ce problème sanitaire majeur en dit long sur l’indifférence mêlée d’impuissance d’une société consciente d’exposer sa jeunesse au désespoir. L’impact du Covid est une explication souvent avancée de manière un peu simpliste. Mais la psychiatrie, lieu d’accueil des souffrances psychiques, offre un point de vue plus étendu.

    Pour nous qui soignons des adolescents, des causes complexes et cumulées étaient déjà identifiables avant la pandémie. Les tentatives de suicide des jeunes augmentaient déjà en France, et le taux de suicide dans la population générale était au-dessus de la plupart des pays européens (Santé publique France, Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 05/02/19http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2019/3-4/index.html).

    Les conséquences du Covid-19

    Multifactorielles, ces causes de la souffrance psychologique des jeunes se révèlent au cours des soins, tant au niveau individuel que familial et sociétal. Les restrictions liées au Covid ont entravé le besoin impérieux d’exploration extra-familiale des adolescents. Les symptômes liés à la peur et au contrôle (phobies, anorexie, somatisations…) ont particulièrement augmenté au cours de cette période de repli sur soi.

    La gestion du Covid a renforcé ainsi une trajectoire sociétale déjà bien engagée dans le sens de la réduction des occasions de rencontre avec un être humain , sous l’effet des algorithmes et de l’informatisation de masse des services à la personne, qui s’étendent aujourd’hui jusqu’aux soins.

    Or la faiblesse du tissu social (soutien familial et intégration sociale) est un facteur pronostique majeur dans les problématiques suicidaires. Sa fragilité en France ainsi que le sentiment d’isolement des jeunes étaient déjà bien identifiés dans les analyses sociologiques du suicide, notamment en comparaison avec les pays du sud de l’Europe, comme le montre l’étude « Les solitudes en France 2020 » de la Fondation de France. https://www.fondationdefrance.org/images/pdf/credoc_edition_2020_du_barometre_des_solitudes_vf_004_compressed.

    Les besoins fondamentaux autres que matériels

    Depuis 2010, les relations virtuelles ont pris le pas sur les relations sociales incarnées physiquement. Depuis 2020, parallèlement au renforcement de ces distanciations, les adolescents ont montré une nette recrudescence de symptômes de « déréalisation », signes de débordement d’un moi submergé par le stress jusqu’à ne plus habiter son corps ni le réel.

    Ce sont des symptômes graves, mais qui peuvent cesser grâce à des paroles, des soins corporels, des relations en présence, des actions partagées : autant de réponses qui peuvent aussi être développées à l’extérieur du champ médical. La nature de la souffrance des adolescents et la rythmicité de leurs symptômes, liée au calendrier scolaire, révèlent une pression scolaire majeure, ajoutée à des cas fréquents de harcèlement dans ce cadre.

    Leur sentiment de ne pas être à la hauteur montre la difficulté à composer avec un système compétitif, où la rencontre et la coopération n’ont pas assez de place et où l’exigence à se conformer s’emballe aux dépens de l’épanouissement. Aussi, la plupart des jeunes hospitalisés font face à une difficulté réelle de l’environnement à prendre en compte leurs besoins fondamentaux autres que matériels : besoins de temps partagé, d’attention, de soins affectifs, de règles et de soutien.

    Insuffisance du tissu social et du soutien associatif

    Cela vient s’ajouter à des actes ou abus qui nuisent à leur santé, comme en témoigne l’importance des cas de violences sexuelles (viols ou attouchements), qui concernent environ un quart des 13-18 ans hospitalisés en psychiatrie (selon les données de l’Institut mutualiste Montsouris), et dont les moyens de prévention et de prise en charge manquent cruellement. A défaut, ces situations sont aujourd’hui très médicalisées.

    Au niveau familial, le déploiement de la parentalité est altéré par le stress professionnel et personnel, renforcé par l’insuffisance du tissu social et du soutien associatif. Cela empêche l’accomplissement collectif de l’éducation d’un enfant, qui repose dès lors sur des adultes isolés et insuffisamment étayés : or ne faut-il pas « tout un village pour élever un enfant » ?

    L’omniprésence de l’angoisse de mort en période de pandémie a révélé l’importance fondamentale d’un projet social collectif du côté du vivant et de la prise de risque qui lui est inhérente, au-delà de la survie physique. En période d’adversité, comme dans la vie en général, la souffrance psychique générée par une situation est bien plus liée à l’impossibilité de faire advenir un sens (des valeurs et des objectifs partagés) que par la situation elle-même, sans quoi n’importe quelle réalité difficile peut devenir traumatique.

    Le délitement des structures de soins

    Les jeunes sont très lucides sur les enjeux climatiques et la protection du vivant, et l’inaction collective les laisse seuls en première ligne face à un avenir inquiétant. L’immobilisme et le déni créent une dissociation entre la perception d’une menace importante et le défaut de protection des adultes. A cela vient s’ajouter le dénigrement des actions menées par certains jeunes.

    Or l’implication dans l’action citoyenne est l’un des meilleurs garants de l’intégration sociale, et de la lutte contre l’angoisse et l’impuissance. Pour la société, la jeunesse représente la richesse d’un œil neuf, l’impulsion dans l’action et la créativité, ce qui constitue la principale potentialité transformatrice, à condition qu’elle ait le champ nécessaire pour exercer son rôle.

    Le délitement des structures de soins empêche aujourd’hui les soignants d’exercer leur fonction de dernier rempart contre le suicide. Ce rempart nécessite d’être accueillant, rassurant et présent, dans la durée et la continuité du lien, de bénéficier de temps et de disponibilité. Ces actes désespérés ne concernent pas uniquement la psychiatrie mais la société entière. A elle d’entendre ce message et d’y répondre par une nécessaire remise en question, par l’engagement au service du lien humain et du respect du vivant.

    Les signataires de cette tribune sont Marion Robin, pédopsychiatre, Paris ; Pablo Votadoro, pédopsychiatre, Paris, ainsi que plus de 700 cosignataires, professionnels du soin aux enfants et adolescents, dont la liste complète est accessible en cliquant sur ce lien. https://tribuneprotectado.wixsite.com/monsite

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/07/08/en-france-en-2022-des-enfants-et-adolescents-meurent-de-souffrance-psychique

    #soin #isolement #pression_scolaire #psychiatrie #enfance #suicide #souffrance_psychique

  • L’AP-HP situe le #covid_long dans le champ des « troubles somatiques fonctionnels »
    https://threadreaderapp.com/thread/1538433097850662912.html

    Comment en est-on arrivé, dans la gestion de la crise sanitaire, à ce que des personnes qui ont de hautes fonctions dans l’administration publique médicale française fassent, à total rebours de la littérature scientifique, la promotion du Covid long comme « maladie mentale » ?

    Le maître mot dans la prise en charge des malades dans le circuit CASPER-CovidLong de l’AP-HP est le champ des « troubles somatiques fonctionnels », une discipline qui refuse l’Evidence Based Medicine.
    Elle postule qu’il existe des symptômes sans le moindre substrat biologique.

    Des symptômes « sine materia », « sans substratum » ou anorganique.
    Concrètement, cela revient à poser l’hypothèse d’un symptôme de génération spontanée, exactement comme dans la pratique médicale qui eu cours jusqu’au début du 19e siècle.

    [Or] Face à des symptômes persistants après une infection de covid, comme un épuisement chronique, une dyspnée avec desaturation, des douleurs thoraciques, il existe des examens de première intention !
    NFS, glycémie, transaminases, ferritine, coefficient de saturation de la transferrine TSH, ionogramme, créatinine, calcémie, phosphorémie...
    Spirométrie, scanner thoracique, D-dimère, BNP, ECG, ETT...
    NFS, CRP, troponine, écho-coeur...

    La question est donc : quelle est la médecine à l’Hôtel-Dieu quand on classe le Covid long en maladie mentale ou « somatoforme » ?

    La médecine basée sur des preuves scientifiques (EBM), ou bien les croyances d’une branche de la #psychiatrie descriptive, popularisée en France par une école de pensée qui au mieux ignore, au pire méprise, le consensus scientifique établi par des études concordantes ?

    #troubles_somatiques_fonctionnels #AP-HP #santé_publique

  • Lecture d’un extrait du livre « Aby » de Marie de Quatrebarbes paru aux éditions P.O.L. en 2022.

    http://liminaire.fr/radio-marelle/article/aby-de-marie-de-quatrebarbes

    L’historien de l’art Aby Warburg accumule frénétiquement des documents de toutes espèces. Sa passion des archives se transforme en obsession. Après une expérience traumatisante de la Première Guerre Mondiale, « attelé à l’organisation névralgique du chaos » Warburg se sent pris au piège. Il est interné à la clinique Bellevue, en Suisse, où il est suivi par le psychanalyste Ludwig Biswanger. (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #Art, #En_lisant_en_écrivant, #Biographie, #Création, #Podcast, #Voix, #Littérature, #Psychiatrie, #Warburg, #Maladie (...)

    http://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_aby_marie_de_quatrebarbes.mp4

    https://www.pol-editeur.com/index.php?spec=livre&ISBN=978-2-8180-5506-9

  • Les Ami.e.s de La Chesnaie
    Le collectif soignant d’une clinique psychiatrique humaniste souhaite devenir une Société Coopérative (SCIC) afin de reprendre la clinique menacée de rachat
    https://www.lesamisdelachesnaie.fr/faire-un-don

    Depuis sa création en 1956 par le Dr Claude Jeangirard, la Clinique de la Chesnaie accompagne des personnes en souffrance psychique en appliquant et en réinventant au jour le jour les principes de la psychothérapie institutionnelle. En 1988, le Dr Jean-Louis Place a succédé au médecin-fondateur et a continué d’animer la clinique dans l’esprit humaniste et progressiste de ses débuts, tout en accompagnant les évolutions nécessaires pour conformer l’établissement à la réglementation et au Code de Santé Publique.
    Un changement de direction est aujourd’hui annoncé.

    Les soignants souhaitent sauvegarder le lieu unique qu’est la Clinique de La Chesnaie en reprenant la clinique pour en faire une Société coopérative d’intérêt collectif, c’est à dire une entreprise dont le Directoire est en parti élu, et dont les grandes orientations seront décidées de façon démocratique et collégiale en assemblée générale par les sociétaires : salariés, usagers bénéficiaires et partenaires extérieurs.
    Qui de mieux placé que l’équipe pluridisciplinaire déjà en place pour en assurer la continuité ?

    Un tournant majeur auquel vous pouvez prendre part

    Aujourd’hui nous cherchons à construire un avenir coopératif et citoyen pour reprendre la clinique sous forme de SCIC. A travers ce projet, nous nous engageons pour préserver notre spécificité de soins et continuerons à nous démarquer de la pratique des groupes privés, qui tendent à uniformiser les prises en charge psychiatriques et à satisfaire des objectifs de rentabilité qui vont à contresens de notre éthique.

    Un rachat par un groupe privé risquerait de mettre en péril l’organisation institutionnelle telle que nous souhaitons la préserver.
    Rejoignez-nous, adhérez, faites un don, participez !

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    Les Ami.e.s de La Chesnaie
    Clinique de la Chesnaie
    41120 Chailles

    La clinique psychiatrique de la Chesnaie, un symbole à vendre
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/05/26/la-clinique-psychiatrique-de-la-chesnaie-un-symbole-a-vendre_6127712_3224.ht

    La clinique psychiatrique de la Chesnaie, un symbole à vendre
    Une forêt de 55 hectares, un château, 101 lits d’hospitalisation, pas de blouses pour les soignants, pas d’enfermement pour les patients… L’établissement, près de Blois, est un des derniers bastions de la psychothérapie institutionnelle. Craignant l’arrivée d’un groupe privé, le personnel s’organise pour se porter acquéreur.
    Par Jordan Pouille( Correspondant régional)

    Dans la grande salle du Boissier, un chalet peinturluré de rose, une jeune femme vêtue d’un voile de mariée s’empare du piano et joue le concerto no 21 de Mozart. Le son mélodieux masque le cliquetis lointain des irrigateurs de champs céréaliers. Des pensionnaires vont et viennent, certains se dévisagent sans se parler, d’autres tendent la main au premier venu. Un solitaire au veston râpé vocifère de ne pas retrouver son briquet.

    Dans quelques jours, un appel d’offres officiel va être publié et le prix sera fixé : la clinique psychiatrique de la Chesnaie, en périphérie de Blois, va être mise en vente par le médecin-chef, Jean-Louis Place, son propriétaire depuis 1988, date à laquelle il avait pris la suite du neuropsychiatre Claude Jeangirard, qui avait créé l’établissement en 1956, à 31 ans. La Chesnaie, à Chailles, La Borde, à Cour-Cheverny, Saumery, à Huisseau-sur-Cosson : toutes ces cliniques du Loir-et-Cher ont été ouvertes après la seconde guerre mondiale par des médecins parisiens brillants, ravis de pouvoir acquérir à bon prix des châteaux entourés de verdure et de se substituer aux grandes unités psychiatriques franciliennes, où l’enfermement allait de soi.
    La Chesnaie est emblématique. Pour ne pas dire mythique. Cinquante-cinq hectares de forêts de feuillus et, au milieu, un château près duquel s’agrègent, au fil des ans, des bâtiments classés. La clinique compte aujourd’hui 101 lits d’hospitalisation, 20 lits en hôpital de jour et quelques lits de nuit. La quasi-totalité des patients souffrent de troubles graves et sont adressés par l’hôpital public. Tous participent à un panel d’activités importantes – ateliers, tâches hôtelières, restauration – avec le personnel soignant. Lequel ne porte ni blouse ni badge : rien ne le distingue, sauf le discret talkie-walkie posé sur la table quand vient l’heure de boire, ensemble, un coup.

    C’est une psychothérapie institutionnelle qui se base sur le non-enfermement des patients, eux-mêmes victimes de leur enfermement mental, désocialisés par la maladie. « La prescription de médicaments ne suffit pas. Le malade a besoin d’échanges et de tâches pour retrouver confiance et se “renarcissiser” », entend-on. Les cinq médecins sont des libéraux. La clinique dispose aussi de 80 salariés, appelés ici moniteurs. Avec leurs diplômes d’infirmiers, d’art thérapie, de psychologie, ils tournent également sur les postes de restauration, de ménage, d’activités culturelles, etc.

    « Mise aux normes »

    « Il y a des pensionnaires qui vont tenter de tomber amoureux. Ou d’autres qui vont nourrir une peur d’être regardés plusieurs fois par une même personne, peur que cette personne leur veuille du mal. En changeant de tâche régulièrement, cela permet d’assainir les rapports car on vient remettre de la fluidité dans les choses qui déclenchent des angoisses », dit Gwenvael Loarer, moniteur et psychologue, actuellement en « secteur de chambre », accompagnant les pensionnaires à leurs consultations. Lui est très attaché à la gestuelle et la prosodie. « Je passe beaucoup de temps à dédramatiser des situations. Pour cela, il faut savoir montrer au quotidien qu’on n’est soi-même pas du tout inquiétant. » Une dame maigrelette nous croise, les yeux écarquillés : « Elle vit persuadée que des ciseaux vont venir la nuit découper son corps », chuchote Gwenvael.

    Les salariés expriment la crainte de voir arriver un groupe privé, qui menacerait la continuité de l’expérience. Comme ce qui est arrivé à la clinique de Freschines, à Villefrancœur (Loir-et-Cher), installée dans un château du XVIIe siècle, rachetée en 1993 par le groupe Générale de santé (alors filiale de Vivendi), et qui a fermé ses portes en janvier 2013, après quarante années d’activité. L’actuel propriétaire de La Chesnaie, qui n’a pas donné suite à nos sollicitations, a confié la mission de trouver un acquéreur à La Baume Finance, une banque d’affaires parisienne. Celle-là même qui a permis au groupe Korian de reprendre, en 2021, le centre de psychothérapie d’Osny (Val-d’Oise).

    « Nous n’arrivons pas encore à établir de contact avec La Baume Finance. Donc on ne sait pas quel va être le cahier des charges. On espère une clause contractuelle obligeant à garder le projet tel qu’il est…, dit Jean Gaillot, un moniteur pressé de faire découvrir, dans le parc, un empilement savant de wagons anciens, servant à héberger les stagiaires ou artistes de passage. En tout cas, le bien ne sera pas forcément facile à vendre. Il y a beaucoup de travaux à faire, comme, par exemple, une mise aux normes pour les personnes handicapées ou la rénovation des chambres. »

    « Même si le repreneur promet de continuer d’accueillir les malades, un fonctionnement avec moins de personnel fera disparaître la thérapie institutionnelle, estime Florent Persillet, moniteur infirmier. Les finances de La Chesnaie sont saines. Après une inspection en décembre [2021], l’ARS [agence régionale de santé] a fourni tous les agréments pour ces quatre prochaines années. Mais imaginez aussi que le repreneur se débrouille pour perdre son agrément dans quatre ans ! Alors il pourra transformer le tout en maison de retraite. »

    « Insuffler plus de démocratie »

    Des inquiétudes est né un projet : des salariés et sympathisants réunis sous le collectif Les amis de la Chesnaie désirent créer une société coopérative d’intérêt collectif, structure juridique qui leur permettrait de racheter l’établissement, si le prix sur la table le permet. Et de la gérer de façon collégiale, en assemblée générale, entre sociétaires : salariés, usagers bénéficiaires et partenaires extérieurs.

    « Qui de mieux placé que l’équipe pluridisciplinaire déjà en place pour en assurer la continuité ? », se demande Magalie Tostain, salariée du Club de la Chesnaie, la structure en charge des activités culturelles et de l’organisation de ses nombreux concerts, ouverts à tous et où se succèdent les artistes prestigieux – Jacques Higelin, Mano Solo, Yann Tiersen, entre autres, s’y sont produits. « Des scènes culturelles et une fac privée veulent déjà nous aider. Nous discutons avec des partenaires institutionnels comme le conseil régional. On pourrait imaginer que sa foncière rachète le bâti », espère-t-elle.

    « L’idée serait aussi, grâce à la reprise, d’insuffler toujours plus de démocratie dans la clinique. Nous proposons par exemple de réélire le médecin-directeur tous les cinq ans, soit la durée d’un projet d’établissement fixé avec l’ARS. On a trouvé un expert-comptable chez Finacoop, des gens spécialistes de l’économie sociale et solidaire », ajoute Gwenvael Loarer. L’association a déjà désigné un avocat pour l’accompagner : l’ancien député socialiste Denys Robiliard, auteur d’un rapport sur l’avenir de la psychiatrie en 2013. Un appel aux dons a été lancé sur le site Internet de l’association.

    Retour dans le grand hall du Boissier. Le piano s’est tu. Charles, 49 ans, yeux rieurs et chemise bleu azur, commande son deuxième café serré au bar associatif tenu par les autres pensionnaires, attentifs. « J’ai arrêté l’alcool il y a trois ans et demi mais j’ai compensé par des achats compulsifs. Me voici là depuis septembre. » Charles montre les panneaux d’affichage : atelier revue de presse, tournoi de football à Vendôme, collecte de dons pour l’Ukraine, graff et couture. « Ici, on rentre dans un collectif et on nous incite à avoir des activités à l’extérieur. Moi, j’aime bien aller à la “piscine tournesol” de Blois et au golf de Cheverny. Et puis, la clinique a des appartements en ville pour gagner en autonomie. Ça me tenterait bien. La Chesnaie m’a surtout appris à me sentir responsable non pas de ma maladie mais plutôt de mes soins. »

    #psychiatrie #privatisation #psychothérapie_institutionnelle

  • Utopie et soin psychiatrique
    https://laviedesidees.fr/Tosquelles-Soigner-les-institutions.html

    Au sujet de : François Tosquelles, Soigner les institutions, textes choisis et réunis par Joana Maso, L’Arachnéen. François Tosquelles est une figure mythique de la #psychiatrie. Il n’a cessé d’expérimenter de nouvelles manières de prodiguer des soins et de nouvelles façons de concevoir l’hôpital. Cette anthologie rassemble des textes majeurs d’un auteur original, convaincu que la médecine devait chercher dans la poésie ses ressources.

    #Philosophie #guerre #folie #hôpital
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220428_tosquelles.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220428_tosquelles.pdf

    • « J’ai eu une autre chance extraordinaire, la chance de monsieur Hitler, ce con de fasciste je ne peux pas m’en plaindre parce qu’une chose extraordinaire est arrivée, qui est qu’à partir de 1931 ont commencé à venir à Barcelone des juifs réfugiés, surtout d’Autriche. » Dans un entretien informel traduit du catalan (p. 76) datant de 1983 dont est extrait cette citation, Tosquelles ouvre une fenêtre sur le contexte qui a vu naître ! son projet de « foutre la psychanalyse dans les asiles psychiatriques » (p. 76). Né en Catalogne en 1912, Tosquelles était familier de la médecine et des questionnements du monde ouvrier. Avec un père trésorier de la coopérative santé des ouvriers et un oncle médecin qui écrivait sur Freud, deux de ses passions étaient déjà là. Durant ses études de médecine à Barcelone (1928-1934), il s’engage auprès du bloc ouvrier et paysan, commence une psychanalyse et lit Lacan qui vient de soutenir sa thèse en 1932. Le jeune catalan est polymathe. Il écrit sur l’anarchisme, le syndicalisme, le féminisme, la psychanalyse, la poésie et collabore déjà à diverses institutions médico-psychologiques.

      Les guerres sont pour lui (et pour le champ psy) une chance, comme il l’affirme à plusieurs reprises dans les textes glanés par Joana Maso. Une petite Vienne s’est constituée à Barcelone sous l’impulsion des Autrichiens fuyant le nazisme qui influence les conceptions thérapeutiques de Tosquelles. La guerre d’Espagne consolide son engagement anti autoritaire et son compagnonnage trotskiste, mais lui donne aussi ses premières positions institutionnelles : mobilisé en Aragon, il devient chef des services de santé des armées de l’Estrémadure. Mais les communistes ne veulent pas de psychiatrie dans l’armée (un soldat ce n’est pas fou !). La guerre encore. La République espagnole vaincue, Tosquelles se cache et passe les Pyrénées en septembre 1939. Au camp de réfugiés de Septfonds il organise une unité psychiatrique originale. La guerre toujours. En Janvier 1940 à la demande de Paul Balvet, alors à la recherche de praticiens, il rejoint l’hôpital de Saint-Alban qui va devenir dans les années suivantes la matrice d’un projet de réforme de la psychiatrie. Le rapport du commissaire de police de Mende sur « TOSQUELLAS » (1943) est un petit bijou d’archive qui montre l’embarras des autorités face à ce « professionnel qui donne toute satisfaction », mais soulève les interrogations de Vichy sur « un espagnol non rallié au régime » qui « se livre discrètement à une propagande adroite et dangereuse pour le pays » (p. 173).

      Durant cette décennie de guerre permanente, la crise de la psychiatrie devient patente. Les effectifs hospitalisés qui s’étaient réduits à la fin de la Grande Guerre (grippe et rationnements obligent) sont redevenus ingérables dans les années 1930. La chronicisation des vieux patients dans des asiles structurés sur des concepts du XIXe siècle n’avait pas de limites. Certes les premières thérapies de choc commençaient à produire leurs effets, mais l’espoir des réformateurs était ailleurs. Le Front populaire esquissait une réforme possible du dispositif de soin psychiatrique sous la houlette de Marc Rucart. En Afrique du Nord, des psychiatres profitaient de la situation coloniale pour proposer des dispositifs innovants. Les services libres et les dispensaires psychiatriques se multipliaient hors des enceintes asilaires. Tosquelles contemporain de cette crise, de ce nouvel espoir de réforme, saisit les opportunités du conflit pour expérimenter lui aussi une nouvelle forme de soin psychiatrique.

      Expériences, pragmatisme et glanages

      La pratique de Tosquelles se construit en parallèle d’une réforme politique, celle de la république catalane qui, dans les années 1930, promeut une grande réforme de la santé mentale. Fondée sur une approche géographique (comme la réforme du secteur dans la France des années 1970), elle articule le soin sur des formes dispersées d’assistance (dispensaires, colonies sanitaires, assistance familiale) dans la communauté au sein d’un territoire de 80 000 habitants et conjugue une approche humaniste (refus de la contention) aux techniques thérapeutiques modernes (recours à l’électricité). Tosquelles reprend notamment du psychiatre allemand Hermann Simon l’idée d’une thérapie active en psychiatrie. Non pas le travail productif comme il était d’usage dans la culture asilaire, mais une ergothérapie pensée comme un exercice physique et mental. En 1961 Tosquelles évoque dans le Bulletin technique du personnel soignant l’histoire d’une patiente : « Je pense à telle malade complètement délirante, délire qui cachait des troubles de la mémoire d’origine toxique et qui, grâce au travail à la cantine de l’hôpital, a pu faire des exercices de mémoire ; elle n’a plus eu besoin de délirer. […] A la place de dire à son médecin que la Sainte Vierge avait des cornes et qu’elle était apparue un Vendredi saint au sommet de la tour Eiffel, elle lui dit ‘Monsieur j’ai des troubles de la mémoire, vous ne pourriez pas m’indiquer quelque chose qui puisse encore m’améliorer ? ’ On voit par cet exemple caricatural que l’ergothérapie n’a rien à voir avec la production. » (p. 63). Le jeune psychiatre catalan s’engage auprès des enfants à une époque où peu de services leur sont consacrés, réalise des visites à domicile auprès des familles et travaille dans de nombreuses institutions qui permettent de penser un nouveau rapport entre l’espace, le travail et le soin.

      L’arrivée à l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban lui offre un nouveau terrain d’expérimentations. Il s’agit d’abord de travailler à partir des contingences matérielles : le froid, la famine, l’isolement lozérien, les évasions (dont certaines sont organisées par les gardiens qui touchent une prime au retour des patients à l’asile). Tosquelles est au mieux dans cet établissement ouvert à tous les vents, dans lesquels les paysans commercent avec les internés, et qui a vu se développer dans les années précédentes de premières pratiques réformistes sous l’impulsion d’une femme psychiatre Agnès Masson (directrice de Saint Alban entre 1933 et 1936, elle crée une monnaie, une bibliothèque).

      #asile #François_Tosquelles #livre #Saint-Alban #psychothérapie_institutionnelle

    • Le psychiatre italien qui avait diagnostiqué macron comme un Psychopathe a de très mauvaises nouvelles !

      https://www.youtube.com/watch?v=1OEon-Z1qWo

      Le Pr Adriano Segatori est un psychiatre et psychothérapeute italien. 
      Son analyse du profil d’emmanuel macron, fondée notamment sur sa biographie et ses images de campagne, le poussait à conclure, de manière très argumentée que « macron était un Psychopathe qui travaille uniquement pour lui-même ».
      Cinq ans après ce premier diagnostic, le Pr Adriano Segatori nous rapporte des nouvelles peu rassurantes pour les Français qui risquent de l’avoir cinq ans de plus comme chef de l’État.
      macron lui-même a validé les conclusions du Pr Segatori, lorsqu’il a déclaré vouloir emmerder les Français.
      Le pire aveu d’insensibilité, c’est le Psychopathe macron qui en est l’auteur.
      À propos des Français, il a dit avoir appris « à mieux les aimer ».
      Étranger à son propre pays, il le détruira donc sans état d’âme.

      #politique #psychiatrie #violence

  • Une personne sans titre de séjour sur six souffre de troubles de stress post-traumatique en France

    Les Troubles de stress post-traumatique (TSPT) sont des #troubles_psychiatriques qui surviennent après un #événement_traumatisant. Ils se traduisent par une #souffrance_morale et des complications physiques qui altèrent profondément la vie personnelle, sociale et professionnelle. Ces troubles nécessitent une #prise_en_charge spécialisée. Pour les personnes sans titre de séjour, la migration peut avoir donné lieu à des expériences traumatiques sur le #parcours_migratoire ou dans le pays d’accueil, qui peuvent s’ajouter à des traumatismes plus anciens survenus dans le pays d’origine, alors que les #conditions_de_vie sur le sol français sont susceptibles de favoriser le développement de TSPT.
    Quelle est la prévalence des troubles de stress post-traumatique au sein de cette population encore mal connue ? Comment les #conditions_de_migration et les #conditions_de_vie dans le pays d’accueil jouent-elles sur leur prévalence ? Quel est l’accès à l’Aide médicale de l’Etat (#AME) des personnes qui en souffrent ?
    54 % des personnes interrogées dans l’enquête Premiers pas, menée en 2019 à Paris et dans l’agglomération de Bordeaux auprès de personnes sans titre de séjour, déclarent avoir vécu un événement traumatique. 33 % dans leur pays d’origine, 19 % au cours de la migration, et 14 % en France. La prévalence des TSPT atteint 16 % parmi les personnes sans titre de séjour, tandis qu’elle est estimée entre 1 à 2 % en population générale en France (Vaiva et al., 2008 ; Darves-Bornoz et al., 2008). Les conditions de vie précaires en France sont associées à des prévalences plus élevées de TSPT. Parmi les personnes souffrant de TSPT éligibles à l’AME, 53 % ne sont pas couvertes, contre 48 % dans le reste de cette population.

    https://www.irdes.fr/recherche/2022/qes-266-une-personne-sans-titre-de-sejour-sur-six-souffre-de-troubles-de-stres
    #trouble_de_stress_post-traumatique (#TSPT) #statistiques #chiffres #traumatisme #sans-papiers #France #santé_mentale #psychiatrie #accès_aux_soins #précarité

    ping @isskein @karine4

  • Les pratiques d’un hôpital psychiatrique de Lens dénoncées

    Le contrôleur général des lieux de privation de liberté relève des conditions indignes et le non-respect de la loi sur les mesures de contention et d’isolement.

    L’autorité administrative chargée de contrôler les conditions de prise en charge des personnes privées de liberté dénonce de nombreux dysfonctionnements au sein d’un hôpital psychiatrique de Lens (Pas-de-Calais), le centre de santé mentale Jean-Baptiste-Pussin. Le constat dressé, dans un rapport publié le 1er mars, par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, à la suite d’une visite du 10 au 14 janvier dans l’établissement, est sans appel : « Les patients, y compris en soins libres, sont cloîtrés, souffrent de conditions d’hospitalisation médiocres, de placements à l’isolement indignes et évoquent leur insécurité. Leurs droits, aussi peu connus des patients que du personnel, sont d’autant plus rarement mis en œuvre que les juges ne se déplacent pas dans l’établissement et s’accommodent des absences répétées des patients à leurs audiences. » Déjà en 2016 et en 2019 des rapports administratifs avaient souligné des dysfonctionnements.

    Restriction d’accès aux espaces extérieurs même pour les patients en soins libres, chauffage mal réparti à tel point que certains patients déclarent dormir en bonnet… Les problèmes sont nombreux. Si les personnes hospitalisées ne peuvent prendre l’air qu’entre 13 h 30 et 16 h 30, les chambres où ils doivent séjourner le reste du temps ne permettent paradoxalement pas la garantie de leur sécurité et de leur intimité, faute de système de verrouillage. De la même façon, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté décrit des chambres d’isolement indignes sans horloge permettant de se repérer dans le temps ni dispositif d’appel à l’aide pour les patients.

    « C’est l’improvisation »

    Outre ces conditions de prise en charge, c’est surtout le non-respect du cadre juridique des mesures d’isolement et de contention qui est dénoncé. Désignées par la loi comme étant des « pratiques de dernier recours » réservées aux personnes en hospitalisation sans consentement, ces mesures font pourtant l’objet d’une application généralisée en dépit du statut, de l’âge du patient, y compris mineur, et, pire encore, des décisions et contrôles effectués par les médecins en la matière. Est ainsi évoqué l’exemple d’une personne replacée à l’isolement une heure seulement après avoir bénéficié de la levée médicale de cette mesure…

    Certains professionnels de l’établissement, désemparés, reconnaissent que la direction ne recherche guère de solution à cette restriction de liberté illégale sur de nombreux aspects. « On nous a dit parfois que ça n’était pas légal, mais on ne nous dit pas quoi faire d’autre », résume un salarié.

    Les patients ne reçoivent pas toujours les décisions les concernant

    Les soins sans consentement sont pourtant soumis à un cadre procédural strict et doivent systématiquement faire l’objet d’un contrôle par un juge. « Là encore, c’est l’improvisation », déplorent certains. Les patients ne reçoivent pas toujours les décisions les concernant. L’audience se tient hors des murs du centre, compliquant la préparation du dossier pour les professionnels de justice. Résultat, 37 % seulement des patients sont présentés au juge des libertés et de la détention chargé de juger leur maintien en hospitalisation sans consentement. Le manque d’effectivité de ces décisions de justice et le risque d’enfermement arbitraire sont également signalés par le rapport. Une décision de la cour d’appel de Douai du 19 juillet 2021 ordonnant la mainlevée d’une hospitalisation sous contrainte n’a ainsi été exécutée que vingt-trois jours après sa notification.

    S’il regrette l’existence des manquements, le ministère de la justice, destinataire du rapport, tient à rappeler que l’absence des patients à l’audience devant le juge des libertés et de la détention est multifactorielle (refus du patient, possibilité de se faire représenter par un avocat, contre-indications médicales) et que les contraintes liées au ressort du tribunal de Béthune, comptant de nombreux centres psychiatriques, justifient que le juge ne se déplace pas au sein de l’établissement. Le garde des sceaux invite toutefois les chefs de cours à effectuer un rappel des dispositions légales et à procéder à un contrôle rigoureux des établissements placés sur leur territoire.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/03/01/un-hopital-psychiatrique-de-lens-denonce-pour-ses-pratiques_6115656_3224.htm

    edit Recommandations en urgence relatives au centre de santé mentale Jean-Baptiste Pussin à Lens (Pas-de-Calais), #CGPL
    https://www.cglpl.fr/2022/recommandations-en-urgence-relatives-au-centre-de-sante-mentale-jean-baptiste-

    #psychiatrie #hôpital #contention

    • « On est le triste reflet de l’effondrement de la psychiatrie » : dans les Flandres, un établissement de santé mentale en voie de « démantèlement »

      L’enterrement symbolique de la psychiatrie publique française est en marche. Les croix en bois plantées dans le sol de l’entrée de l’établissement public de santé mentale (EPSM) des Flandres, à Bailleul (Nord), illustrent depuis quelques mois le combat d’une partie des 1 200 agents hospitaliers contre le transfert annoncé de 70 lits de psychiatrie vers l’EPSM d’Armentières, à 15 kilomètres de là. « Bailleul va être amputée d’une partie de son histoire faute de psychiatres et d’internes en nombre suffisant, dénonce Nicolas Lefebvre, président du conseil de surveillance depuis 2015, et adjoint au maire de Bailleul. On est le triste reflet de l’effondrement de la psychiatrie publique en France. »
      Dans le Nord, comme partout en France, de Caen au Puy-en-Velay en passant par Allonnes (Sarthe), la pénurie de psychiatres est devenue telle que des établissements de santé sont contraints de fermer des lits ou de fusionner pour assurer un minimum de garanties de soins aux patients. « Même à Paris, à Sainte-Anne, ils ont du mal à recruter, explique le docteur Christian Müller, président de la Conférence des présidents de commission médicale d’établissement (CME) des centres hospitaliers spécialisés (CHS) en psychiatrie. La situation est particulièrement préoccupante et ce qu’il se passe à Bailleul est emblématique de la psychiatrie nationale. »

      Recrutements quasi impossibles

      A Bailleul, aux pieds des monts des Flandres, celui que les habitants appellent encore parfois « l’asile » est une institution sur le territoire. Une ville dans la ville qui a compté jusqu’à 2 000 patients. Depuis cent soixante ans, un immense parc et une partie de la trentaine de pavillons étalés sur 35 hectares accueillent les malades. Au fil des années, la situation n’a cessé de se dégrader dans ce centre hospitalier spécialisé qui assure les soins en santé mentale des habitants de la Flandre intérieure et du littoral. « Le fond du problème, c’est que nous n’avons pas de médecins et que l’on n’arrive pas à recruter », résume Valérie Bénéat-Marlier, la directrice générale des EPSM Lille-Métropole et des Flandres.

      Problème de démographie médicale, le nombre annuel de psychiatres formés a été divisé par cinq au milieu des années 1980. La crise est sans précédent, avec près de 30 % des postes de praticiens vacants en France. « A Bordeaux, par exemple, il y a une nette tendance à la demande de prolongation d’activité des plus de 65 ans pour pallier ce manque », explique Christian Müller.

      Parallèlement, la psychiatrie ne séduit plus les étudiants en médecine. Comme à Bailleul, de nombreux postes d’internes ne sont pas pourvus en France. « C’est une des spécialités les moins choisies, regrette le docteur Eric Salomé, président de la CME de l’EPSM des Flandres. Il y a un problème d’attractivité. Et pourtant, on essaie de changer la représentation du métier auprès des jeunes. » Le niveau de salaires et la détérioration des conditions de travail dans des équipes de plus en plus exsangues n’aident pas à susciter des vocations.

      « Chez nous, la baisse du nombre d’internes a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, témoigne le docteur Eric Salomé. Quand on est moins nombreux dans un service, il y a un effet boule de neige, avec un nombre de gardes qui augmente et une charge de travail qui s’accroît. » Chaque jour, ce pédopsychiatre de 61 ans reçoit deux ou trois annonces pour lui proposer de travailler moins pour un salaire plus conséquent, parfois sans aucune garde. Des propositions issues du privé mais aussi d’établissements publics. « La concurrence est désormais sur les conditions de travail et sur les finances, dit-il. Moi, je reste à l’EPSM des Flandres, car je travaille avec des équipes qui me donnent envie, parce que mon travail est plus intéressant ici qu’ailleurs et que les projets sont passionnants. »

      Fermeture d’une ligne de garde

      Mais d’autres ont préféré partir. En février, la direction de l’EPSM des Flandres a été contrainte de fermer une ligne de garde. « Notre vocation est d’assurer des soins de qualité, mais ce grave déficit médical nous oblige à modifier notre organisation », explique Valérie Bénéat-Marlier. En quelques mois, la direction a dû faire face à l’annonce du départ de trois de ses six praticiens hospitaliers. « Au 1er janvier 2022, je n’aurai plus que trois psychiatres pour deux secteurs, et encore, il y en a une qui partira en congé maternité », précise la directrice, qui a même fait appel à un chasseur de têtes pour recruter.

      Dès son arrivée, en 2017, Valérie Bénéat-Marlier a pris d’importantes décisions pour faire face au déficit de près d’un million d’euros. « Désormais, on a les moyens de recruter correctement, dit-elle. On a une situation budgétaire saine, des projets innovants, mais sauf à vouloir tuer le service public psychiatrique, il faut corriger les écarts de rémunération entre public et privé. » La directrice, comme les syndicats, réclame aussi une répartition plus juste des internes, car depuis la réforme du troisième cycle de 2017, la majorité d’entre eux sont affectés au CHU de Lille. L’Agence régionale de santé des Hauts-de-France, à Lille, reconnaît que « la baisse du nombre d’internes dans cet établissement peut s’expliquer par une modification des maquettes d’internat intervenue en 2017, avec pour conséquence d’augmenter le nombre de stages au profit des CHU. »

      En attendant, c’est devant les locaux lillois de l’ARS que syndicats (CFTC, CGT, FO, SUD, UNSA) et élus locaux manifesteront le 16 septembre pour dire « non au démantèlement de l’EPSM de Bailleul et à la relocalisation de 70 lits de psychiatrie adulte sur le site de l’EPSM d’Armentières ». « Cette délocalisation aura des impacts catastrophiques pour les patients de la Flandre intérieure, estime Laëtitia Declercq (CGT), au nom de l’intersyndicale. Ils seront pris en charge loin de leur domicile, ce qui est à l’opposé de la politique de secteur. »

      Dans un contexte sanitaire qui a durement mis à l’épreuve la santé mentale des Français, Emmanuel Macron avait annoncé en janvier la tenue d’Assises de la santé mentale et de la psychiatrie. La restitution de la consultation nationale ouverte en ligne depuis mai est prévue fin septembre. « Avec les Assises, il y aura sûrement des effets d’annonce, mais on a besoin d’une loi-cadre, de quelque chose d’ambitieux », insiste le président de la Conférence des présidents de commission médicale d’établissement (CME) des centres hospitaliers spécialisés (CHS) en psychiatrie.

      Depuis sa rencontre avec le ministre de la santé, le 14 juin, pendant laquelle le praticien lillois a détaillé l’épuisement des équipes médicales en psychiatrie, la situation n’a cessé de se dégrader. « La question de l’#accès_aux_soins n’est plus une réalité en France, estime Christian Müller. _Dès 2018, nous avions alerté le ministère pour dire que la psychiatrie était en état d’urgence républicaine. C’est une catastrophe annoncée. »

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/09/13/l-etablissement-de-sante-mentale-de-bailleul-symbole-de-la-deliquescence-de-

      « Il faut donner à la psychiatrie les moyens ambulatoires et hospitaliers qui lui ont été soustraits lors de la fermeture de 70 000 lits »- Collectif inter-hôpitaux (CIH) https://seenthis.net/messages/905177

  • Mes pensées vont à Monsieur D. – Une Si Belle Folie
    https://unesibellefolie.com/2022/02/14/mes-pensees-vont-a-monsieur-d

    Au fil des torchons, on apprends comment Mr D. est trimballé de service en service, comment un dispositif spécifique a été mis en place par la préfecture, mais, non, rien n’y fait, Mr D. explose, éructe, fugue, détruit tout sur son passage. Et quand ça pète, il faut 12, non 16, non, 19 soignants pour le maîtriser.

    Sa taille, son poids, sont répétés sans cesse. Et les attaques incessante envers tous ceux qu’il rencontre. C’est important, ça, de faire de lui une bête, un démon.

    De montrer qu’il est d’une autre nature. Quand nous sommes tous fait du même bois. La folie est affaire d’intensité, elle est affaire d’environnement, de relation à l’autre et au monde, elle est profondément humaine.

    Mieux vaut, aussi, faire porter tous les maux à Mr D., plutôt que de souligner les manques de l’inhospitalière psychiatrie.

    Le but ? Faire trembler les français jusque dans leur lit.

    Le reste est offert à la spéculation. Le reste, sauf l’implicite évidence qui transpire de tous ces articles : les actes de Mr D. sont, à chaque fois, des actes froids, déterminés, intentionnels.

    Permettez-moi de combler ce trou béant offert à la spéculation, en m’appuyant sur l’expérience, sur mes recherches, sur les confidences qui me sont offertes par mes pairs.

    La vie de Mr D., depuis ses 16 ans, c’est une vie faite d’aller-retours entre les unités pour malades difficiles et les services fermés. Une vie de souffrances aiguës, de souffrances continues. Une vie de chambre d’isolement, une vie de contention, une vie de piqûres, une vie de chimie lourde, probablement une vie d’électrochocs. On sait assommer des chevaux, assommer des éléphants. Soyez sûrs qu’on assomme Mr D. C’est une vie désorientée, une vie de noyade et de panique. Une vie de 20 coups rendus pour un coup donné. Une vie d’humiliations et d’insultes, qui appartiennent aujourd’hui au domaine public. Une vie sans vie privée. Une vie sans amour, ou peut-être quelqu’un est-il encore là ? Si c’est le cas, mes pensées vont aussi vers vous.

    Soyez sûrs, aussi, que si Mr D. avait tué, s’il avait torturé, s’il avait violé femmes et enfants, nous le saurions. Les médias s’en seraient régalés.

    Mr D. n’est pas un grand criminel.

    Il est inadapté à un monde qui ne s’est jamais adapté à lui.

    Il est odieux qu’il serve d’épouvantail pour que, dans les médias, dans les discours politiques, dans l’opinion publique, la violence institutionnalisée faite au fous, à tous les fous, soit, encore une fois, justifiée.

    [...]

    La psychiatrie avait commencé à prendre un visage humain à partir de l’après-guerre, après que 45 000 malades soient morts de faim sous le régime de Vichy, avec l’expérience de la Borde, avec le mouvement du désaliénisme, avec les courants de la psychothérapie institutionnelle, et de l’anti-psychiatrie.

    Il fut un temps où, pour les soignants, pour les policiers, pour les pompiers, travailler auprès de « l’humain en crise », c’était désamorcer des situations en apparence inextricables, c’était prendre le temps d’apaiser, c’était prendre le risque de se prendre une baffe, parce qu’on avait le soucis de détricoter le fruit de la panique et du délire, de celui de la violence intentionnelle.

    Cette période de renouveau intellectuel et éthique, cette période où sont nées de nouvelles pratiques et de nouveaux espoirs pour les fous est révolue.

    La psychiatrie régresse. La psychiatrie est ultra-violente, et la société est à son image à l’égard des fous et des folles. Ou alors c’est l’inverse ?

    #folie #psychiatrie

  • Comment Françoise Dorin a souffert le martyre avant de mourir dans l’EPHAD le plus cher de France
    A la Résidence des Bords de Seine (groupe Orpea) , à Neuilly-sur-Seine, l’hébergement coûte entre 6 000 et 12 000 euros par mois.

    Extrait du livre Les Fossoyeurs  de Victor Castanet (Fayard) :

    "Chaque soir, Jean Piat, aussi faible et âgé qu’il était, venait rendre visite à son grand amour, à « la Dorin ». Un taxi le déposait devant la résidence des Bords de Seine. Un déambulateur l’attendait derrière l’accueil pour prendre le relais de cette canne qui ne le portait plus. Il se rendait à pas lents à la chambre de sa bien-aimée et y restait des heures durant, jusqu’après la fermeture de l’accueil et l’arrivée de l’équipe de nuit. Il lui prenait la main et écoutait sa respiration, à défaut d’autre chose ; ses mots, après s’être désarticulés, étaient devenus des borborygmes. Le Grand Piat veillait sur elle, ne se plaignant jamais de rien, ayant un mot pour tous, un sourire pour chacun. (…)

    (…) Françoise Dorin a été admise aux Bords de Seine le 24 octobre 2017. Si elle souffrait de troubles cognitifs importants, elle se portait bien physiquement, affichant même un léger embonpoint. Le 12 janvier 2018, soit deux mois et demi plus tard, elle décédera des suites d’un choc septique causé par la dégénérescence d’une escarre. (...)
     
    Une aide-soignante qui passe chaque jour faire la toilette de Françoise Dorin remarque, deux semaines après son admission, l’apparition de rougeurs sur la peau fragile de la résidente et le signale à Amandine [un pseudonyme, à sa demande], la maîtresse de maison [membre du personnel], qui préconise alors l’installation d’un matelas « anti-escarre ». Nous sommes aux alentours du 14 novembre 2017. (…)
     
    [La résidence n’ayant pas de matelas de ce type en stock, il faut attendre quarante-huit heures de plus pour en obtenir un et l’installer.]
     
    Le lendemain de sa mise en place, l’équipe du week-end du deuxième étage, composée d’une maîtresse de maison et d’un infirmier, entre dans la chambre de Mme Dorin et se rend compte que le matelas livré est défectueux. C’est Amandine elle-même (…) qui me fera cette révélation (…) : « Ça bipait dans tous les sens ! Le matelas n’avait pas gonflé. La pauvre Mme Dorin était allongée sur de la ferraille. »
     
    (…) En parallèle, l’état de son escarre, qui se situe au niveau du sacrum, se détériore d’heure en heure ; la plaie devient de plus en plus profonde. Pourtant, durant plus de dix jours, personne aux Bords de Seine ne prendra la peine d’en informer la famille. C’est pourtant une procédure des plus élémentaires. (…)
     
    Vis-à-vis de la famille, c’est le black-out le plus total. Personne ne les tient au courant de l’évolution de l’escarre. Alors même que, chaque jour, l’un d’entre eux est présent à la résidence, que ce soit Thomas et sa compagne, son frère Julien, ou l’ancienne aide à domicile de Françoise Dorin. Sans parler de Jean Piat, qui continue de se rendre tous les jours à la résidence, entre 17 heures et 21 heures, qu’il vente ou qu’il pleuve.
    (...)

    Les jours passent, et le mal devient de plus en plus profond. Le 27 décembre, Françoise Dorin est envoyée par l’équipe médicale des Bords de Seine à l’hôpital Beaujon pour valider la pose d’un pansement VAC, un dispositif qui aspire les impuretés d’une plaie pendant plus d’une heure et nécessite l’intervention d’une infirmière extérieure à l’Ehpad. Sa fille, Sylvie Mitsinkidès, assiste au rendez-vous médical.
     
    Ce qu’elle découvre, ce matin-là, la marquera à vie : « L’infirmière de l’hôpital Beaujon soulève le drap, et là, je vois un trou béant, au niveau du sacrum, plus gros que mon poing. C’était terrible. » (…) Même l’infirmière aura un mouvement de recul. (...)
     
    A son retour aux Bords de Seine, il ne reste plus que deux semaines à vivre à Françoise Dorin. (…) Le 12 janvier, elle décède, après des semaines de souffrances indicibles, à l’âge de 89 ans. Sans un bruit.

    Source : http://bernard-gensane.over-blog.com/2022/02/comment-francoise-dorin-a-souffert-le-martyre-avant-de-mo

    #Femme #Vielles #ehpad #orpea #france #or_gris #santé #korian #vieux #retraite #fin_de_vie #ephad #vieillesse #hospice #civilisation #ars #maisons_de_retraite #maltraitance #psychiatrie #maison_de_retraite

  • Clinea, l’autre « cash machine » du groupe Orpea

    La branche d’Orpea spécialisée dans les #soins_de_suite et la #psychiatrie connaît les mêmes dérives que les Ehpad de la société.

    Sur les hauteurs des collines varoises, les murs blancs de la clinique des Oliviers dominent le petit village provençal de Callas. Propriété depuis 2009 du groupe Orpea, l’établissement de 85 lits, spécialisé dans les soins de suite – l’accueil de patients se remettant d’une longue maladie ou d’une intervention chirurgicale lourde –, a bénéficié d’une rénovation complète, jusqu’à la plantation d’un olivier dans sa cour. Les plaquettes de présentation du lieu vantent son « équipe soignante à l’écoute », ses « prestations hôtelières de qualité » ou ses « repas cuisinés sur place par notre chef ». Michel Lavollay a un autre avis, plus tranché : « J’y ai été fait prisonnier, littéralement. »

    A 71 ans, ce médecin, ancien consultant en politiques de santé internationales, a réchappé de peu au Covid-19, contracté en novembre 2020. Remis, mais encore très affecté, il est envoyé aux Oliviers, où il passera dix semaines. « Ils n’étaient pas équipés pour me prendre en charge, assure aujourd’hui M. Lavollay au Monde. Je me suis retrouvé dans un service fermé, entouré d’Alzheimer et de gens délabrés. » Comme dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du groupe, c’est du manque de personnel que provient l’essentiel du problème : « Les gens ne sont pas remplacés, témoigne le médecin. Surtout la nuit, il n’y avait parfois qu’une infirmière pour deux étages. »

    Résultat, des heures d’attente pour obtenir de l’aide, le changement d’une protection ou d’une sonde et un manque de temps pour autre chose que l’essentiel. « J’ai été sorti seulement deux fois de ma chambre en dix semaines », déplore M. Lavollay. Surmené, le personnel connaît « des tensions très fortes entre aides-soignants, infirmiers ». Lorsqu’il finit par sortir de la clinique, le médecin est « très affecté, sous antidépresseurs », et très en colère contre le groupe, qui, découvre-t-il, lui a fait payer des prestations qu’il juge indues. Contacté, le groupe Orpea-Clinea dit « n’avoir pas connaissance d’une réclamation » et assure se tenir à sa disposition pour « répondre à toutes ses questions ». Pourtant, le témoignage de M. Lavollay est loin d’être isolé.

    Des spécialités très rentables

    Lancée en 1999 par Orpea – acronyme d’« ouverture, respect, présence, écoute, accueil » – la branche Clinea s’est spécialisée dans deux types de prestations : les soins de suite et réadaptation (SSR) et les soins psychiatriques. Outre les Ehpad, elle gère aujourd’hui 72 cliniques SSR et 53 établissements psychiatriques en France. Un choix cohérent pour un groupe « spécialisé dans la prise en charge globale de la dépendance », et qui permet d’offrir un « continuum de soins », explique Orpea. C’est aussi, du point de vue économique, un choix judicieux : la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la santé classe ces deux spécialités comme les plus rentables, avec des taux de 5 % à 6 %, loin devant les cliniques « MCO » (médecine, chirurgie, obstétrique) . Se concentrant sur l’accueil et la surveillance de patients, elles demandent moins de matériel et de compétences spécialisés.

    « Celui qui gère des cliniques SSR est le roi du pétrole », résume Patrick Métais, ancien médecin coordinateur national du groupe Orpea, et témoin-clé du livre de Victor Castanet, Les Fossoyeurs (Fayard, 400 pages, 22,90 euros), à l’origine du scandale qui touche la société. Si son volume est bien moindre que celui des Ehpad, et si le groupe rappelle la baisse « sur six années consécutives » des tarifs de prise en charge de la Sécurité sociale et de l’Assurance-maladie, de 2013 à 2018, l’activité clinique d’Orpea rapporte : 62,8 millions d’euros de résultat net en 2020 pour un chiffre d’affaires de 762 millions d’euros, confirme l’entreprise.

    Un bénéfice confortable, pour une activité financée essentiellement par l’argent public . Comme sa maison mère, Clinea a construit sa croissance à l’ombre de la « profonde mutation du système de santé français et de l’offre de soins », justifie le groupe. La tarification à l’activité, mise en place pour diminuer les dépenses, pousse les hôpitaux à déléguer au privé les hospitalisations longues. Une mutation à laquelle Clinea assure avoir « activement participé en investissant massivement pour moderniser et médicaliser des établissements ».

    Des prestations complémentaires

    Des investissements qu’il faut rentabiliser, ce pourquoi Clinea, tout à sa logique d’optimisation, ne refuse jamais un patient. « Je disais aux établissements de travailler à fax chaud », raconte M. Métais, qui a quitté le groupe en 2013. En clair, le fax, qui servait alors à transmettre les dossiers de patients, ne devait jamais refroidir. Comme pour les Ehpad, la direction exige de ses cadres un taux de remplissage à 100 %. Laisser un lit vide est « inconcevable, en conséquence, on avait des lits supplémentaires », quitte à dépasser la capacité d’accueil, assure l’ancien coordinateur médical. Clinea rappelle que, dans une certaine mesure, un dépassement ponctuel est autorisé, dès lors qu’il est lissé sur l’année entière.

    Outre l’optimisation des capacités d’accueil, l’autre objectif de Clinea est de rentabiliser chaque patient au moyen de prestations complémentaires, en théorie facultatives mais auxquelles les patients sont fortement incités à souscrire. A commencer par la chambre individuelle, quasiment systématique – les chambres doubles sont en nombre restreint dans les établissements. Un choix que le groupe assume, au nom du « confort hôtelier », assurant veiller à « réévaluer » le niveau de prestations selon les moyens des patients ; mais qui réserve parfois de mauvaises surprises.

    François (les personnes dont seul le prénom apparaît ont requis l’anonymat) ne décolère pas de la « facturation exorbitante » qu’il a dû régler pour sa fille de 25 ans, souffrant de troubles bipolaires et d’anorexie. Admise en juin 2021 à la clinique Villa Montsouris, à Paris, après une crise, « on lui a fait signer un document avec une chambre à 280 euros par jour, alors qu’elle ne savait pas ce qu’elle faisait », raconte-t-il. Sa mutuelle n’en remboursant que 50 euros, il reste 230 euros par jour à sa charge. Alors que la jeune femme n’a que peu de ressources, la clinique lui fait signer « deux chèques de caution de 1 500 euros et un chèque d’acompte, qu’ils ont présenté à l’encaissement sans aucune hésitation », ce qui lui vaudra une interdiction bancaire.

    La facture, que Le Monde a pu consulter, s’élève à plus de 2 000 euros, pour une chambre « basique » et « quinze minutes d’entretien par jour avec un psychiatre ». Le groupe rappelle qu’il a finalement accordé une ristourne de 600 euros à François.

    « Des chambres sombres, froides »

    Le mari d’une patiente hospitalisée dans la même clinique en 2019 et qui préfère rester anonyme raconte les mêmes déboires : alors que la clinique, avec laquelle il est en contentieux, lui restreint l’accès à son épouse, les factures continuent d’affluer, envoyées directement à sa mutuelle. « C’est une boîte à fric, une cash machine », déplore-t-il. Une accusation récurrente dans les témoignages.

    Ces récits n’étonnent pas Patrick Métais. « Le rôle du directeur d’établissement, c’est de vendre des prestations en plus », assure ce dernier. Pire, selon lui, Clinea – qui le dément – « sait exactement ce que telle mutuelle paye » et combien de jours peuvent être pris en charge, et ajuste ses propositions en fonction : « C’est l’optimisation maximale, pour tout. »

    Derrière les photos flatteuses, les prestations de Clinea sont souvent, selon les témoignages recueillis, peu reluisantes. Frédéric raconte le « traumatisme » vécu lors d’un séjour dans un établissement Clinea par son compagnon Jean-Louis, décédé en 2019. A l’automne 2017, il est admis à la clinique La Jonquière, à Paris. « C’est une belle vitrine, un beau bâtiment avec des terrasses arborées mais, en réalité, les chambres sont sombres, froides, au point que j’ai dû lui amener un radiateur électrique », raconte Frédéric, qui se souvient des remontées d’égouts qui empuantissaient la chambre et de la nourriture « infâme, pire qu’à l’hôpital ».

    « Son premier contact avec l’établissement a été avec l’intendante, qui est venue le voir tout de suite pour lui présenter les prestations hôtelières, poursuit Frédéric. Il n’a vu le médecin que deux jours plus tard, ce qui importait le plus, c’était de vendre de la prestation. » Et encore, celle-ci est loin d’être à la hauteur des attentes de Jean-Louis. Atteint de diabète, il doit normalement bénéficier d’un régime spécifique, qui ne sera, selon son compagnon, « jamais respecté » : il a droit au même plateau que tous les autres patients. En trois semaines, il perd 7 kilos.

    Un encadrement défaillant

    Le diabète de Jean-Louis requiert un contrôle quotidien de sa glycémie, mais il doit le rappeler chaque jour aux infirmières débordées. Alors qu’on lui a prescrit des séances de kinésithérapie quotidiennes, « le ratio patients/kiné était trop important, les kinés n’avaient pas le temps, il avait trois séances maximum par semaine », raconte encore Frédéric. Le groupe reconnaît qu’à « cette époque, cet établissement était effectivement confronté à des difficultés de recrutement ».

    Après un burn-out, Maouèle Bouhraoua, responsable administrative et financière, a été admise, fin octobre 2021, à la clinique Clinea d’Orgemont, à Argenteuil (Val-d’Oise). Plus que les « douches qui fuient », c’est le déficit global d’encadrement et d’activités proposées qui l’a marquée. « J’ai fait partie des chanceux qui ont eu droit à deux visites chez le psychiatre par semaine », témoigne-t-elle. Le planning d’activités sur la période de sa prise en charge, que Le Monde a pu consulter, est quasiment vide. Les patients finiront par en organiser eux-mêmes. L’encadrement infirmier est, lui aussi, défaillant. « Une patiente (…) a fait une tentative de suicide et c’est nous, patients, qui avons vu que quelque chose n’allait pas, on a dû la porter jusqu’au poste de soins », raconte-t-elle, encore sous le choc. Clinea promet d’« étudier le dossier ».

    Comme pour ses Ehpad, la méthode concernant les cliniques est bien rodée : Clinea rachète un établissement existant, y fait des travaux d’embellissement, puis met en place un « projet d’avenir », qui se traduit souvent en coupes dans les effectifs. Sandrine, une ancienne salariée de la société aujourd’hui à la retraite, l’a vécu dans le Val-d’Oise lors du rachat de son établissement, en 2001. « On est passés d’une centaine à 65 salariés. Il y a eu des licenciements, mais pas tout de suite, ils ont d’abord gardé une partie du personnel pour valider l’accréditation » auprès des autorités sanitaires. « Puis, une fois l’accréditation obtenue, ils ont viré du monde, en les harcelant. » Le groupe préfère parler de gestion de personnel « de manière transversale à la région ».

    Violence managériale

    Si Clinea met en avant un taux de 76 % de « respect et de reconnaissance » des salariés envers leur direction, selon une enquête menée en janvier 2021 par « trois cabinets indépendants », les nombreux témoignages recueillis par Le Monde sont moins enthousiastes. Il suffit de consulter les décisions de justice pour constater l’abondance de condamnations pour des licenciements jugés « sans cause réelle et sérieuse » ou pour harcèlement moral, qui se comptent en dizaines sur une décennie. « Dégradation des conditions de travail », « climat de suspicion », « stress, sentiment d’impuissance et d’isolement », « intrusion dans la vie privée », « demande de vider son bureau alors qu’elle est en arrêt maladie et sur le point d’accoucher »… les extraits des jugements sont édifiants.

    « Il n’y a ni politique de licenciements systématiques ni aucun intérêt de l’entreprise à des contentieux prud’homaux », assure le groupe, qui dément également toute politique de discrimination et de harcèlement envers les syndicats autres qu’Arc-en-Ciel, l’organisation « maison », accusée de collusion avec la direction. Là encore, les nombreux témoignages recueillis par Le Monde et corroborés par des décisions de justice racontent une autre histoire, celle d’un véritable « système mis en place pour éliminer les syndicalistes les plus revendicatifs », selon le défenseur syndical Claude Lévy.

    La violence managériale touche aussi les directeurs d’établissement, en permanence sous pression pour tenir leurs objectifs de bénéfices. Chaque mois, ils sont réunis au niveau régional pour éplucher leurs chiffres, dans une ambiance parfois violente. « Des échanges et débats », nuance le groupe, pour qui « la démocratie peut être houleuse (…) mais elle est présente ». Patrick Métais, qui a assisté à nombre de ces réunions, en fait un autre récit : « Les directeurs en sortaient blancs comme linge. » Lui-même n’y a pas échappé. L’ancien directeur médical raconte que « la plus grosse engueulade » qu’il ait reçue a eu lieu lorsqu’il a tenté d’aborder la question de la qualité des soins. « J’ai été traité plus bas que terre (…), je me souviens qu’on m’a dit : “La qualité, c’est quoi ? Tu ne sais même pas de quoi tu parles”. »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/02/08/patients-maltraites-manque-de-personnel-profits-a-tout-prix-clinea-l-autre-c

    #santé_publique

  • Rire & Chansons : La drôle de chronique de #Karine_Dubernet, je me suis convertie au Covidisme

    Notre Pfizer qui est aux cieux,
    Que tes doses soient sanctifiées,
    Que tes actionnaires prospèrent,
    Donne-nous nos trois doses de ce jour,
    Vaccine-nous comme nous vaccinons ceux qui refusent de se vacciner,
    Ne nous laisse pas entrer en réanimation,
    Mais délivre-nous du Covid,

    Au nom du pèze, du fric et du simple d’esprit,
    ARNm.

    https://www.youtube.com/watch?v=AcdADBzetUA

    Attention !
    Ne pas faire confiance à #Pfizer à cause de ses 75 condamnations et 10 193 896 333 $ d’amendes pour charlatanisme, publicité mensongère, corruption de médecins, de fonctionnaire… fait de vous un, une #complotiste.

    Pourtant, faire confiance à Pfizer c’est comme laisser monter son gosse dans la voiture d’Emile Louis, en toute connaissance de cause.

    Karine et la gestion de la crise par not président !
    « Dire que t’es capable d’emmerder des millions de Français, revient à admettre que t’es un immense trou du cul. »

    #Humour #vaccination #EnMarche #crise_sanitaire #sante #santé #coronavirus #sars-cov-2 #variant #covid #pandémie #vaccins #santé_publique #confinement #France #néo-libéralisme #ordo-libéralisme #injustice #populisme

    • Baromètre des médias 2022 : la confiance des Français au plus bas Aude Carasco
      https://www.la-croix.com/Economie/Barometre-medias-2022-confiance-Francais-bas-2022-01-20-1201195923

      Jamais l’intérêt pour l’actualité et la confiance envers les médias n’ont été aussi faibles à la veille d’une présidentielle, relève le 35e Baromètre de confiance dans les médias Kantar-Onepoint pour « La Croix ».

      En cette année d’élection présidentielle, plus aucun média n’obtient une majorité de confiance de la part des Français. Même la radio (à 49 %) qui caracolait seule en tête depuis le lancement, en 1987, de notre Baromètre médias avec une crédibilité encore de 52 % l’an dernier.

      Moins écouté avec le développement du télétravail pendant la crise sanitaire, ce média a été bousculé cette année par la reprise en main éditoriale d’Europe 1 par l’industriel Vincent Bolloré. Or, les Français, toujours selon notre étude, jugent à 91 % « important » ou « essentiel » que les médias soient « indépendants des intérêts et des milieux économiques ». C’est même le cas des 94 % des sondés qui citent la radio comme mode principal d’information.

      En perdant 3 points de crédibilité, ce média de la mobilité et de l’intimité se retrouve au même niveau que la presse écrite (à 49 %, + 1 point). Si la confiance dans la télévision progresse elle aussi (44 %, + 2 points), celle envers Internet (24 %, – 4 points) renoue avec ses plus bas niveaux historiques.

      « On observe une convergence de la crédibilité entre les médias traditionnels, avec un écart qui se creuse avec Internet », relève Guillaume Caline, directeur enjeux publics et opinions chez Kantar Public-Onepoint. Même si les Français se sont un peu moins informés par Internet cette année (32 %, – 2 points) au profit de la télévision (48 %, + 2) et de la presse papier (6 %, + 1), « la tendance guidée par les jeunes (qui privilégient à 66 % Internet, NDLR) ne va pas s’inverser ».

      La pandémie de Covid, un sujet trop traité pour huit Français sur dix
      Cette défiance envers les quatre supports d’information ( #télévision, #radio, #presse papier, #Internet ) incite une partie de plus en plus large de la population à « mettre à distance l’actualité », souligne Guillaume Caline. En pleine campagne, seuls six Français sur dix (62 %, comme en 2018) déclarent s’intéresser « assez » ou « beaucoup » à l’actualité, moins que lors de la précédente présidentielle, où l’actualité était suivie par 64 % des sondés. Mais on n’observait pas en 2017 un tel décrochage auprès des jeunes de 18-24 ans. Ils étaient encore 63 % à porter un intérêt à l’actualité, alors qu’ils ne sont plus que 38 % (– 13 points sur un an) cinq ans plus tard.

      Cette désaffectation des plus jeunes est à rapprocher de leur perception négative du traitement médiatique de sujets qui leur sont chers. Ils sont ainsi 68 % (contre 53 % pour l’ensemble de la population) à estimer que le dérèglement climatique et ses conséquences ont été mal traités. Et seuls 20 % (contre 37 %) ont une perception satisfaisante du travail journalistique sur les violences faites aux femmes.

      Ils se rapprochent davantage de l’avis de leurs aînés pour l’appréciation d’autres sujets, comme la pandémie de Covid-19 qui a saturé l’espace médiatique pour huit Français sur dix (79 %). De même que la candidature d’Éric Zemmour à la présidentielle dont les médias ont trop parlé pour 73 % des sondés. Les plus jeunes se montrent un peu plus cléments sur le transfert de Lionel Messi au Paris Saint-Germain, trop médiatisé pour un Français sur deux (50 %) et 46 % des 18-24 ans.

      De façon plus positive, les Français jugent que les médias ont accordé « la place qu’il faut » à une majorité d’événements soumis à leur appréciation : l’entrée de Joséphine Baker au Panthéon, les élections régionales et départementales, le départ d’Angela Merkel ou encore le procès des attentats du 13 novembre 2015. Une certaine reconnaissance de l’investissement éditorial pour des sujets jugés importants.

  • Un récepteur synaptique impliqué dans l’émergence de croyances aberrantes | Salle de presse | Inserm
    https://presse.inserm.fr/un-recepteur-synaptique-implique-dans-lemergence-de-croyances-aberrantes/44508

    Pourquoi sommes-nous parfois enclins à croire à l’improbable envers et contre tout ? Une étude menée par une équipe de neuroscientifiques et de médecins psychiatres de l’Hôpital Sainte-Anne et d’Université de Paris, ainsi que de l’École Normale Supérieure – PSL et de l’Inserm pointe vers un récepteur synaptique spécifique. Son blocage induit des décisions prématurées et aberrantes, ainsi que des symptômes ressemblant à ceux rapportés dans les stades précoces de psychose. Les résultats viennent d’être publiés dans Nature Communications [https://www.nature.com/articles/s41467-021-27876-3]. — Permalien

    #science #complotisme

    • (...) les encéphalites provoquées par une réaction auto-immune contre le récepteur NMDA sont connues pour donner lieu à des symptômes psychotiques.

      Pour comprendre si une anomalie de ce récepteur favorise l’émergence de croyances aberrantes, l’équipe a demandé à un groupe de volontaires sains de prendre des décisions sur la base d’informations visuelles incertaines tout en se voyant administré par intraveineuse une très faible dose de kétamine, une molécule qui vient bloquer de façon temporaire le récepteur NMDA.

      « Un blocage du récepteur NMDA déstabilise la prise de décision, en favorisant les informations qui confirment nos opinions au détriment des informations qui les invalident », explique Valentin Wyart. « C’est ce biais de raisonnement qui produit des décisions prématurées et souvent erronées ». C’est ce type de biais qui est notamment reproché aux réseaux sociaux qui proposent aux utilisateurs une sélection d’informations en fonction de leurs opinions.

      L’équipe est allée plus loin en montrant que ce biais de raisonnement vient compenser le sentiment d’#incertitude élevé ressenti sous kétamine. « Ce résultat suggère que les décisions prématurées que nous observons ne sont pas la conséquence d’une confiance exagérée », poursuit Valentin Wyart. « Au contraire, ces décisions semblent résulter d’une incertitude élevée, et provoquer l’émergence d’idées pourtant très improbables, qui se renforcent d’elles-mêmes sans pouvoir être invalidées par des informations extérieures. »

      Ces résultats ouvrent de nouvelles pistes de réflexion pour la prise en charge de patients atteints de psychose. « Nos traitements agissent sur les idées délirantes, mais agissent peu sur ce qui les induit », précise Raphaël Gaillard. « Des essais cliniques devraient donc être menés pour déterminer comment augmenter la tolérance des patients à l’incertitude dans les stades précoces de psychose. »

      on tombe a contrario sur un indice quant à la relative efficacité de la méthode Coué (la con-fian-ce-, sentiment par ailleurs lié au statut social, en plus de l’histoire familiale)
      #récepteur_NMDA #psychose #synapses #psychiatrie #neurologie

  • COVID 19 : nouvelle alerte du CGLPL sur la situation des personnes enfermées | Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté
    https://www.cglpl.fr/2022/covid-19-nouvelle-alerte-du-cglpl-sur-la-situation-des-personnes-enfermees

    En dépit de l’extrême virulence de l’actuelle vague de l’épidémie et l’application de nouvelles mesures pour tenter de maitriser la situation sanitaire, pas un mot n’a été prononcé par les autorités sur la condition, pourtant très inquiétante, des prisons, des centres de rétention administrative, des locaux de garde-à-vue et des hôpitaux psychiatriques. Le CGLPL le déplore et estime impératif d’alerter une nouvelle fois les ministres de la santé, de la justice et de l’intérieur.
    Tout enfermement, sur fond de reprise épidémique, est un facteur de vulnérabilité auquel le gouvernement devrait, pourtant, accorder une attention particulière. Parce que la promiscuité y entraîne un risque de contagion accru et parce que ce risque ne se limitera pas à ces lieux.
    En prison, les efforts bénéfiques du printemps 2020 pour réduire la surpopulation ne sont plus que de lointains souvenirs, laissant place à une longue progression : les 62.935 détenus au 1er décembre 2020 sont devenus 69.992 au 1er décembre 2021. Or, la reprise épidémique exceptionnelle, conjuguée à la promiscuité insensée de la plupart des maisons d’arrêt, aggrave la progression du virus de manière affolante. De novembre à décembre, les nombre de prisonniers covidés a quadruplé. Début janvier, il a presque triplé, s’élevant à 1074.
    Si la vaccination a débuté il y a un an dans les prisons, il est désolant que son taux y soit inférieur au taux général (début décembre 2021, 57,6% des détenus avaient reçu au moins une dose contre 77,6% des « libres »). L’effort de tous, y compris des services sanitaires, doit contribuer à la faire progresser.

    #covid-19 #prison #psychiatrie #migrants #CRA #santé #vaccination

  • #Frantz_Fanon

    Le nom de Frantz Fanon (1925-1961), écrivain, psychiatre et penseur révolutionnaire martiniquais, est indissociable de la #guerre_d’indépendance algérienne et des #luttes_anticoloniales du XXe siècle. Mais qui était vraiment cet homme au destin fulgurant ?
    Nous le découvrons ici à Rome, en août 1961, lors de sa légendaire et mystérieuse rencontre avec Jean-Paul Sartre, qui a accepté de préfacer Les Damnés de la terre, son explosif essai à valeur de manifeste anticolonialiste. Ces trois jours sont d’une intensité dramatique toute particulière : alors que les pays africains accèdent souvent douloureusement à l’indépendance et que se joue le sort de l’Algérie, Fanon, gravement malade, raconte sa vie et ses combats, déplie ses idées, porte la contradiction au célèbre philosophe, accompagné de #Simone_de_Beauvoir et de #Claude_Lanzmann. Fanon et Sartre, c’est la rencontre de deux géants, de deux mondes, de deux couleurs de peau, de deux formes d’engagement. Mais la vérité de l’un est-elle exactement celle de l’autre, sur fond d’amitié et de trahison possible ?
    Ce roman graphique se donne à lire non seulement comme la biographie intellectuelle et politique de Frantz Fanon mais aussi comme une introduction originale à son œuvre, plus actuelle et décisive que jamais.

    https://www.editionsladecouverte.fr/frantz_fanon-9782707198907

    #BD #bande_dessinée #livre

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