• [A Question Of Listening] # 031 - Le streaming, l’hyperoffre et la découvrabilité
    https://www.radiopanik.org/emissions/a-question-of-listening/031-le-streaming-lhyperoffre-et-la-decouvrabilite

    L’émergence des plateformes de streaming bouscule non seulement la façon dont nous écoutons la #musique (nous sommes connectés, nomades, transportés ; elle est dématérialisée, étiquetée, classifiée, figurée par une simple image), mais aussi celle dont nous la choisissons ; non seulement il ne s’agit plus de manipuler des objets physiques (disque compact, vinyle, cassette…) que l’on place dans un appareil chargé d’en lire le contenu sonore, mais ce ne sont plus les aléas de notre classement plus ou moins structuré (par genre, par ordre alphabétique – d’interprète, de compositeur, de titre ? –, par taille, par couleur, par récence…) qui nous inspirent. Nous fuyons l’ennui, nous cherchons des expériences hétérogènes, un mix subtil entre habitudes et découvertes : pour nous satisfaire (et rémunérer les (...)

    #diversité #exploration #psychologie_cognitive #musique,diversité,exploration,psychologie_cognitive
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/a-question-of-listening/031-le-streaming-lhyperoffre-et-la-decouvrabilite_16394__1.mp3

  • Guérir des #blessures d’#attachement : les 4 types d’attachement et comment les reconnaître, avec #Gwenaëlle_Persiaux

    Notre façon d’entrer en relation avec les autres et le monde se créé dès l’enfance et nous marque durablement. Selon que notre attachement ait été sécure ou non, va s’inscrire en nous un #mode_relationnel qui va conditionner une grande partie de notre vie, voire toute notre vie si ce mode relationnel est largement insécure.
    Environ 50% de la population bénéficie d’un #attachement_sécure qui va lui donner des bases solides et saines pour appréhender le monde et les autres. Mais l’autre moitié devra s’accommoder de #manque_de_confiance fondamental en elle, les autres et la Vie qui entravera plus ou moins largement sa #capacité_d'action et de #résilience.

    Les trois styles d’attachement insécure sont l’#attachement_anxieux, évitant et désorganisé.

    L’attachement anxieux est un mode relationnel créé par une #instabilité_émotionnelle de l’environnement qui empêche l’enfant d’acquérir une #confiance_en_soi essentielle. Cela fait des personnes qui globalement s’attachent trop aux autres et ne se font pas #confiance.

    L’attachement évitant nait de modes relationnels où la personne, enfant, a été bridée dans ses #émotions. L’#émotionnel n’avait pas sa place ou a contrario engendrait des situations compliquées à gérer. L’enfant choisi (plus ou moins consciemment) de se couper de ses émotions pour ne pas souffrir.

    Enfin l’attachement désorganisé, le plus rare, oscille entre attachement anxieux et évitant selon les moments (qui peuvent être très rapprochés), et rend la vie plus ou moins ingérable car aucune stratégie claire n’est adoptée et ces revirements créent une très grande instabilité dans la vie de la personne...

    Dans cette video, #Gwenaëlle_Persiaux, psychothérapeute et autrice de « Guérir des blessures d’attachement » et « Coupé des autres, coupé de soi », nous explique comment se créent ces différents types d’attachement et comment les reconnaitre.

    https://podcast.ausha.co/la-psychologie-pour-tous/gue-rir-des-blessures-d-attachement-les-4-types-d-attachement-et-comme

    #attachement_évitant #attachement_désorganisé #psychologie #attachement_préoccupé #attachement_fusionnel #attachement_chaotique #sécurisation_de_l'attachement
    #podcast #audio

    • Combinaisons d’attachement dans le couple : les styles Anxieux/ambivalent & Évitant

      C’est avec les enfants et le partenaire amoureux que se rejoue avec le plus d’intensité le style relationnel que l’on a développé au cours de son enfance, auprès de ses figures d’attachement principales.

      Pour résumer :

      – si vous aimez la proximité relationnelle et l’intimité et que ce n’est pas associé à un quelconque sentiment de menace, vous avez un attachement sécure
      - si vous recherchez la proximité relationnelle et l’intimité mais que vous êtes doté-e d’une sorte de radar qui vous fait ressentir que vous allez être abandonné-e, vous avez un attachement anxieux
      – si vous n’appréciez la proximité relationnelle et l’intimité qu’à petite dose et que vous avez rapidement besoin de prendre des distances, vous avez un attachement évitant

      Il peut être difficile de se reconnaître dans l’une de ces trois descriptions. Dans ce cas, voir ce questionnaire : Quel est votre style d’attachement ?

      Les styles Anxieux/ambivalent et Évitant sont tous deux dits “insécures”. En effet, les besoins relationnels et émotionnels n’ayant pas été satisfaits de façon constante et prévisible au début de leurs vies, les personnes portant ces types relationnels associent l’attachement à un sentiment de menace. Ces deux styles d’attachement se caractérisent par des besoins et des peurs diamétralement opposés et c’est ce qui va poser de nombreux problèmes lorsqu’ils vont se trouver combinés dans un couple. Voici un tableau qui présente ces tendances relationnelles :

      Ces deux styles relationnels renforcent mutuellement leur insécurité

      Lorsque la proximité devient insupportable pour le partenaire évitant, il désactive son système d’attachement et devient distant. Le partenaire anxieux ressent cette prise de distance, ce qui l’amène à suractiver son système d’attachement et il devient envahissant.

      Voici une description de ces stratégies par Levine & Heller :

      Quelques stratégies de désactivation de l’attachement du partenaire évitant :

      - Dit ou pense “je ne suis pas prêt à m’engager dans une relation” – et peut cependant rester des années avec la même personne
      – S’attarde sur les petites imperfections de son partenaire (sa façon de s’habiller, de parler, de manger…)
      - Pense encore à son ex et idéalise cette relation passée
      - Attend de rencontrer “LA bonne personne” idéalisée
      - Flirte avec d’autres personnes
      - Ne dit pas “je t’aime”
      - S’éloigne de son partenaire quand tout va bien (suite à un moment agréable à deux, ne donne plus de nouvelles, ne répond pas aux messages…)
      - Se met dans une relation dont le futur est impossible – par exemple avec une personne mariée, ou qui vit dans un autre pays…
      - Pense à autre chose lorsque son partenaire lui parle
      - Garde des secrets et maintient le flou à leur sujet

      Ces stratégies sont inconscientes et sont mises en place de façon à étouffer les besoins d’attachement qui pourraient se manifester lorsque la proximité devient trop menaçante.

      Si seulement elle pouvait me laisser souffler cinq minutes et arrêter de m’attaquer, je pourrais être présent avec elle.

      Quelques stratégies d’activation de l’attachement du partenaire anxieux :

      - Pense beaucoup à son partenaire, a du mal à penser à autre chose
      - Ne se souvient que de ses qualités
      - Met l’autre sur un piédestal
      - L’anxiété se dissipe uniquement en présence de l’autre
      – Croit que c’est sa seule chance d’être en couple, parce que :
      – “Je ne suis compatible qu’avec très peu de personnes – mes chances sont infimes de rencontrer quelqu’un comme lui”
      – “Ça prend des années de rencontrer une nouvelle personne, je vais finir seul”
      - Croit que même malheureux, il ne faut pas laisser tomber parce que :
      – “Si elle me quitte elle va être la partenaire parfaite – de quelqu’un d’autre”
      – “Il peut changer”
      – “Tous les couples ont des problèmes – on est comme tout le monde sur ce point”

      Si seulement il pouvait me montrer qu’il est fiable et sincère, je me calmerais dans la seconde.

      Voir une description plus complète de l’attachement anxieux/ambivalent sur cette page.

      Cette dynamique relationnelle tourne en rond dans un boucle infinie de mutuelle insatisfaction. Chacun se plaindra et souffrira du comportement de l’autre, mais il s’agit bien d’un schéma relationnel qui se renforce de lui-même et dont les deux protagonistes sont parties prenantes. Il apparaît pourtant que l’attraction entre ces deux modèles extrêmes et opposés est souvent observée.

      Pourquoi s’attirent-ils ?

      Les menaces perçues par un type insécure sont intimement liées aux croyances qu’il a de lui-même et dont il recherche la confirmation dans ses interactions*.

      Pour la personne à l’attachement anxieux (Hazan & Shaver) :

      Les autres sont réticents à l’idée d’être proche de moi autant que je le voudrais. Je crains souvent que mon partenaire ne m’aime pas vraiment ou ne veuille pas rester avec moi. Je veux ne faire qu’un avec l’autre personne et cela le fait souvent fuir.

      – elle pense qu’elle a besoin de plus de proximité que son conjoint n’est capable de lui donner, ce qui se confirme ici
      - elle idéalise la capacité du conjoint évitant à être indépendant, c’est une attitude qui lui fait défaut mais qu’elle envie

      Pour la personne à l’attachement évitant :

      Je suis mal à l’aise avec la proximité relationnelle et l’intimité. Je trouve difficile de faire confiance, difficile de me reposer sur quelqu’un d’autre. Lorsque quelqu’un devient trop proche, cela me rend nerveux et souvent, mes partenaires amoureux attendent de moi plus d’intimité que je ne peux en donner.

      - elle a besoin de se sentir sollicitée vers une reprise de contact ; ceci ne serait pas possible avec un sécure ou un évitant qui se lasseraient rapidement de ce comportement distant.

      Mais avec le temps, lorsqu’un certain niveau d’intimité et de dépendance est atteint dans une relation, celle qui pensait qu’on allait prendre soin d’elle se sent abandonnée ; celui qui pensait échapper à l’oppression pour la connexion la retrouve avec force. Chacun s’est donc mis en couple avec une personne qui n’est pas vraiment à l’écoute et disponible pour satisfaire ses besoins, comme ce fut le cas dans les expériences relationnelles initiales.

      Cette description de ces deux styles relationnels est axée sur leurs différences et se trouve très marquée à dessein. Dans la vie quotidienne, cela peut se manifester de façon plus subtile par des tendances, tempérées par la multiplicité des figures d’attachement qui marquent une vie : la famille élargie, les amis, un thérapeute, un enseignant, un collègue…

      Des styles opposés peuvent cependant arriver à un certain équilibre, à la condition que chacun fasse l’effort de se décentrer de sa problématique pour comprendre l’autre et tenter de s’adapter à son style. Comprendre qu’aucun des deux ne “fait exprès” ni n’agit de telle façon pour nuire à l’autre : il s’agit d’un mode de fonctionnement ancien qui est activé au sein de la relation.

      https://laetitiabluteau.fr/questions-psy/combinaisons-dattachement-dans-le-couple-les-styles-anxieux-ambivale

  • [A Question Of Listening] # 030 - La #musique est un loisir à part
    https://www.radiopanik.org/emissions/a-question-of-listening/030-la-musique-est-un-loisir-a-part

    Le déclin du marché du disque amorcé au début des années 2000 (en baisse continue depuis – le retour des vinyles, épiphénomène de mode, vintage et éphémère, se chargeant depuis peu de ralentir le mouvement), suivi de celui des téléchargements dès 2013 (après une forte progression), est largement compensé par le développement (exponentiel pendant les premières années) de l’écoute en streaming. Même si on a du mal à comparer (alors qu’on compte dans un premier temps les consommations – les achats, d’albums en particulier, les singles ayant presque disparu depuis les années 1990 –, on inventorie aujourd’hui les usages – le nombre d’écoutes, y compris du même titre, dans une offre où l’éventail de choix dépasse très largement celui des bacs des disquaires), l’écoute de musique continue à progresser, et profite de (...)

    #psychologie_cognitive #gratification #usage #musique,psychologie_cognitive,gratification,usage
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/a-question-of-listening/030-la-musique-est-un-loisir-a-part_16300__1.mp3

  • [A Question Of Listening] # 029 - Le metal n’est pas si heavy qu’on croit
    https://www.radiopanik.org/emissions/a-question-of-listening/029-le-metal-nest-pas-si-heavy-quon-croit

    Dans le deuxième épisode de A Question Of Listening, nous avons vu que la #musique, qui n’a pas de valeur adaptative immédiate, s’écoute pour les émotions qu’elle procure, pour un plaisir, déterminé par des éléments non musicaux (la subjectivité de l’auditeur) mais aussi par la structure expressive de la pièce elle-même : il varie, ce plaisir, d’une écoute à l’autre (en fonction des circonstances, de l’humeur …) mais présente une certaine régularité – qui nous amène d’ailleurs souvent (en tant qu’individu ou en tant que groupe) à choisir une musique en fonction de notre état psychologique ou des caractéristiques du moment. Plus généralement, les émotions les plus souvent rencontrées en écoutant de la musique sont la sérénité, la gaieté, la tristesse et la colère (ou la peur) et trois dimensions psychologiques (...)

    #psychologie_cognitive #émotion #style_musical #régulation #musique,psychologie_cognitive,émotion,style_musical,régulation
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/a-question-of-listening/029-le-metal-nest-pas-si-heavy-quon-croit_16183__1.mp3

  • Etudes sur la personnalité autoritaire
    http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#facho

    Trois vidéos de vulgarisation du site Hacking social, passionnantes et ludiques, pour cerner les composantes de la personnalité autoritaire. Dès 1950, l’équipe du psycho-sociologue Theodor W. Adorno établit après enquête des échelles pour mesurer l’antisémitisme, le conservatisme politico-économique, l’ethnocentrisme et le fascisme. D’autres études, menées par Milton Rokeach et Bob Altemayer entre autres, viendront ensuite corriger les défauts constatés précédemment et préciser les analyses...

    #autoritarisme #anarchisme #libertaire #psychologie #sociologie #personnalité

  • [A Question Of Listening] # 028 - Le « velvet gentleman » de Montmartre
    https://www.radiopanik.org/emissions/a-question-of-listening/028-le-velvet-gentleman-de-montmartre

    Si les créatifs semblent en meilleure santé mentale que les non-créatifs (l’émotion positive est un adjuvant de la créativité et certains estiment que les artistes sont moins impactés par les maladies mentales, grâce à leur art, qui ferait tampon ), quelques études (aux effectifs trop retreints pour être concluantes) suggèrent que les plus inventifs semblent mentalement plus fragiles – mais ne s’agit-il pas plutôt la résurgence du mythe du #génie (ou du savant) fou, qui, en arts (ou en sciences), fascine depuis toujours ? Comme si le chef-d’œuvre ne pouvait se concevoir dans l’esprit sain, comme si la créativité soutenue ne pouvait naître que d’une conscience fêlée – voire de l’inconscience ou, pire, de l’inconscient, celui du rêve et de l’absurde, celui de ce conte bien agencé (et aux falsifications (...)

    #musique #psychologie_cognitive #créativité_musicale #trouble_psychologique #musique,psychologie_cognitive,génie,créativité_musicale,trouble_psychologique
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/a-question-of-listening/028-le-velvet-gentleman-de-montmartre_16033__1.mp3

  • « Un #accident du quotidien »
    http://carfree.fr/index.php/2023/06/02/un-accident-du-quotidien

    Les faits se sont déroulés en mai 2022 sur une petite route départementale, au niveau d’une commune que nous allons appeler Trifouillis-les-Oies. Un cycliste retraité a été percuté par un Lire la suite...

    #Insécurité_routière #critique #cyclistes #droit #fait_divers #humour #justice #mort #psychologie #Vélo

  • #Bien-être : « Tant qu’on utilisera le #yoga pour être en forme au #travail, on aura un problème »

    Loin de nous apporter le bonheur promis, la sphère bien-être perpétue un système nuisible qui ne peut que nous rendre malheureux. Interview de #Camille_Teste.

    Huiles essentielles, massages et salutations au soleil promettent de nous changer de l’intérieur, et le monde avec. À tort ? C’est le sujet de l’essai Politiser le bien-être (https://boutique.binge.audio/products/politiser-le-bien-etre-camille-teste) publié en avril dernier chez Binge Audio Editions. Selon l’ex-journaliste Camille Teste, non seulement nos petits gestes bien-être ne guériront pas les maux de nos sociétés occidentales, mais ils pourraient même les empirer. Rassurez-vous, Camille Teste, aujourd’hui professeur de yoga, ne propose pas de bannir les sophrologues et de brûler nos matelas. Elle nous invite en revanche à prendre conscience du rôle que jouent les pratiques de bien-être, celui de lubrifiant d’un système capitaliste. Interview.

    Le bien-être est la quête individuelle du moment. C’est aussi un #business : pouvez-vous préciser les contours de ce #marché ?

    Camille Treste : La sphère bien-être recouvre un marché très vaste qualifiant toutes les pratiques dont l’objectif est d’atteindre un équilibre dit « intégral », c’est-à-dire psychologique, physique, émotionnel, spirituel et social, au sens relationnel du terme. Cela inclut des pratiques esthétiques, psychocorporelles (yoga, muscu...), paramédicales (sophrologie, hypnose...) et spirituelles. En plein boom depuis les années 90, la sphère bien-être s’est démultipliée en ligne dans les années 2010. Cela débute sur YouTube avec des praticiens et coachs sportifs avant de s’orienter vers le développement personnel, notamment sur Instagram. Rappelons que le milieu est riche en complications, entre dérives sectaires et arnaques financières : par exemple, sous couvert d’élévation spirituelle, certains coachs autoproclamés vendent très cher leurs services pour se former... au #coaching. Un phénomène qui s’accélère depuis la pandémie et s’inscrit dans une dynamique de vente pyramidale ou système de Ponzi.

    Pourquoi la sphère bien-être se tourne-t-elle autant vers les cultures ancestrales ?

    C. T : Effectivement, les thérapies alternatives et les #néospiritualités ont volontiers tendance à picorer dans des pratiques culturelles asiatiques ou latines, comme l’Ayurveda née en Inde ou la cérémonie du cacao, originaire d’Amérique centrale. Ce phénomène relève aussi bien d’un intérêt authentique que d’une #stratégie_marketing. Le problème, c’est que pour notre usage, nous commercialisons et transformons des pratiques empruntées à des pays dominés, colonisés ou anciennement colonisés avant de le leur rendre, souvent diluées, galvaudées et abîmées, ce qu’on peut qualifier d’#appropriation_culturelle. C’est le cas par exemple des cérémonies ayahuasca pratiquées en Amazonie, durant lesquelles la concoction hallucinogène est originellement consommée par les chamanes, et non par les participants. Pourquoi cette propension à se servir chez les autres ? Notre culture occidentale qui a érigé la #rationalité en valeur suprême voit d’un mauvais œil le pas de côté spirituel. Se dissimuler derrière les pratiques de peuples extérieurs à l’Occident procure un #alibi, une sorte de laissez-passer un peu raciste qui autorise à profiter des bienfaits de coutumes que l’on ne s’explique pas et de traditions que l’on ne comprend pas vraiment. Il ne s’agit pas de dire que les #pratiques_spirituelles ne sont pas désirables, au contraire. Mais plutôt que de nous tourner vers celles d’autres peuples, peut-être pourrions-nous inventer les nôtres ou renouer avec celles auxquelles nous avons renoncé avec la modernité, comme le #néodruidisme. Le tout évidemment, sans renoncer à la #médecine_moderne, à la #science, à la rationalité, et sans tomber dans un #traditionalisme_réactionnaire.

    Vous affirmez que la sphère bien-être est « la meilleure amie du #néolibéralisme. » Où est la connivence ?

    C. T : La #culture_néolibérale précède bien sûr l’essor de la sphère bien-être. Théorisée au début du 20ème siècle, elle s’insère réellement dans nos vies dans les années 80 avec l’élection de Reagan-Thatcher. Avant cette décennie, le capitalisme laissait de côté nos relations personnelles, l’amour, le corps : cela change avec le néolibéralisme, qui appréhende tout ce qui relève de l’#intime comme un marché potentiel. Le capitalisme pénètre alors chaque pore de notre peau et tous les volets de notre existence. En parallèle, et à partir des années 90, le marché du bien-être explose, et l’économiste américain Paul Zane Pilzer prédit à raison qu’au 21ème siècle le marché brassera des milliards. Cela a été rendu possible par la mécanique du néolibéralisme qui pose les individus en tant que petites entreprises, responsables de leur croissance et de leur développement, et non plus en tant que personnes qui s’organisent ensemble pour faire société et répondre collectivement à leurs problèmes. Peu à peu, le néolibéralisme impose à grande échelle cette culture qui nous rend intégralement responsable de notre #bonheur et de notre #malheur, et à laquelle la sphère bien-être répond en nous gavant de yoga et de cristaux. Le problème, c’est que cela nous détourne de la véritable cause de nos problèmes, pourtant clairement identifiés : changement climatique, paupérisation, système productiviste, réformes tournées vers la santé du marché et non vers la nôtre. Finalement, la quête du bien-être, c’est le petit #mensonge que l’on se raconte tous les jours, mensonge qui consiste à se dire que cristaux et autres cérémonies du cacao permettent de colmater les brèches. En plus d’être complètement faux, cela démantèle toujours plus les #structures_collectives tout en continuant d’enrichir l’une des vaches à lait les plus grasses du capitalisme.

    Il semble que le #collectif attire moins que tout ce qui relève l’intime. Est-ce un problème d’esthétique ?

    C. T : La #culture_individualise née avec les Lumières promeut l’égalité et la liberté, suivie au 19ème et 20ème siècles par un effet pervers. L’#hyper-individualisme nous fait alors regarder le collectif avec de plus en plus d’ironie et rend les engagements – notamment ceux au sein des syndicats – un peu ringards. En parallèle, notre culture valorise énormément l’#esthétique, ce qui a rendu les salles de yoga au design soignées et les néospiritualités très attirantes. Récemment, avec le mouvement retraite et l’émergence de militants telle #Mathilde_Caillard, dite « #MC_danse_pour_le_climat » – qui utilise la danse en manif comme un outil de communication politique –, on a réussi à présenter l’#engagement et l’#organisation_collective comme quelque chose de cool. La poétesse et réalisatrice afro-américaine #Toni_Cade_Bambara dit qu’il faut rendre la résistance irrésistible, l’auteur #Alain_Damasio parle de battre le capitalisme sur le terrain du #désir. On peut le déplorer, mais la bataille culturelle se jouera aussi sur le terrain de l’esthétique.

    Vous écrivez : « La logique néolibérale n’a pas seulement détourné une dynamique contestataire et antisystème, elle en a fait un argument de vente. » La quête spirituelle finit donc comme le rock : rattrapée par le capitalisme ?

    C. T : La quête de « la meilleure version de soi-même » branchée sport et smoothie en 2010 est revue aujourd’hui à la sauce New Age. La promesse est de « nous faire sortir de la caverne » pour nous transformer en sur-personne libérée de la superficialité, de l’ego et du marasme ambiant. Il s’agit aussi d’un argument marketing extrêmement bien rodé pour vendre des séminaires à 3 333 euros ou vendre des fringues censées « favoriser l’#éveil_spirituel » comme le fait #Jaden_Smith avec sa marque #MSFTSrep. Mais ne nous trompons pas, cette rhétorique antisystème est très individualiste et laisse totalement de côté la #critique_sociale : le #New_Age ne propose jamais de solutions concrètes au fait que les plus faibles sont oppressés au bénéfice de quelques dominants, il ne parle pas de #lutte_des_classes. Les cristaux ne changent pas le fait qu’il y a d’un côté des possédants, de l’autre des personnes qui vendent leur force de travail pour pas grand-chose. Au contraire, il tend à faire du contournement spirituel, à savoir expliquer des problèmes très politiques – la pauvreté, le sexisme ou le racisme par exemple – par des causes vagues. Vous êtes victime de racisme ? Vibrez à des fréquences plus hautes. Votre patron vous exploite ? Avez-vous essayé le reiki ?

    Le bien-être est-il aussi l’apanage d’une classe sociale ?

    C. T : Prendre soin de soi est un #luxe : il faut avoir le temps et l’argent, c’est aussi un moyen de se démarquer. Le monde du bien-être est d’ailleurs formaté pour convenir à un certain type de personne : blanche, mince, aisée et non handicapée. Cela est particulièrement visible dans le milieu du yoga : au-delà de la barrière financière, la majorité des professeurs sont blancs et proposent des pratiques surtout pensées pour des corps minces, valides, sans besoins particuliers.

    Pensez notre bien-être personnel sans oublier les intérêts du grand collectif, c’est possible ?

    C. T : Les espaces de bien-être sont à sortir des logiques capitalistes, pas à jeter à la poubelle car ils ont des atouts majeurs : ils font partie des rares espaces dédiés à la #douceur, au #soin, à la prise en compte de nos #émotions, de notre corps, de notre vulnérabilité. Il s’agit tout d’abord de les transformer pour ne plus en faire un bien de consommation réservé à quelques-uns, mais un #bien_commun. C’est ce que fait le masseur #Yann_Croizé qui dans son centre masse prioritairement des corps LGBTQI+, mais aussi âgés, poilus, handicapés, souvent exclus de ces espaces, ou la professeure de yoga #Anaïs_Varnier qui adapte systématiquement ses cours aux différences corporelles : s’il manque une main à quelqu’un, aucune posture ne demandera d’en avoir deux durant son cours. Je recommande également de penser à l’impact de nos discours : a-t-on vraiment besoin, par exemple, de parler de féminin et de masculin sacré, comme le font de nombreux praticiens, ce qui, en plus d’essentialiser les qualités masculines et féminines, est très excluant pour les personnes queers, notamment trans, non-binaires ou intersexes. Il faut ensuite s’interroger sur les raisons qui nous poussent à adopter ces pratiques. Tant que l’on utilisera le yoga pour être en forme au travail et enrichir des actionnaires, ou le fitness pour renflouer son capital beauté dans un système qui donne plus de privilèges aux gens « beaux », on aura un problème. On peut en revanche utiliser le #yoga ou la #méditation pour réapprendre à ralentir et nous désintoxiquer d’un système qui nous veut toujours plus rapides, efficaces et productifs. On peut utiliser des #pratiques_corporelles comme la danse ou le mouvement pour tirer #plaisir de notre corps dans un système qui nous coupe de ce plaisir en nous laissant croire que l’exercice physique n’est qu’un moyen d’être plus beau ou plus dominant (une idée particulièrement répandue à l’extrême-droite où le muscle et la santé du corps servent à affirmer sa domination sur les autres). Cultiver le plaisir dans nos corps, dans ce contexte, est hautement subversif et politique... De même, nous pourrions utiliser les pratiques de bien-être comme des façons d’accueillir et de célébrer nos vulnérabilités, nos peines, nos hontes et nos « imperfections » dans une culture qui aspire à gommer nos failles et nos défauts pour nous transformer en robots invulnérables.

    https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/bien-etre-tant-quon-utilisera-le-yoga-pour-etre-en-forme-au-travail-on-aura-un-
    #responsabilité

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/817228

  • [A Question Of Listening] # 027 - La #musique n’est pas bonne à tout
    https://www.radiopanik.org/emissions/a-question-of-listening/027-la-musique-nest-pas-bonne-a-tout

    Les recherches récentes indiquent que la créativité, en particulier dans le domaine scientifique, est favorisée par des caractéristiques individuelles, telles « la flexibilité mentale, la capacité à faire des liens et des analogies, la connaissance de plusieurs disciplines, l’ouverture d’esprit et une certaine appétence à la prise de risque » , en plus d’environnements « qui incitent et récompensent l’innovation, financièrement ou non, qui donnent assez de temps et favorisent le brassage d’idées multidisciplinaires » .

    A QUESTION OF LISTENING # 027 - playlist 00:00 - [Générique début] Pierre Henry - Psyché Rock | Kraftwerk - Ohm Sweet Ohm | Cabaret Voltaire - Nag Nag Nag | Public Image Limited - This Is Not A Love Song Marc Moulin - Mes Chers Compatriotes | Residents - Satisfaction | Steve Reich - (...)

    #créativité #psychologie_cognitive #musique,créativité,psychologie_cognitive
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/a-question-of-listening/027-la-musique-nest-pas-bonne-a-tout_15869__1.mp3

  • Unsere Interessen, unsere Werte und der Ukraine-Krieg
    22. April 2023 Wolfgang Sachsenröder
    https://www.telepolis.de/features/Unsere-Interessen-unsere-Werte-und-der-Ukraine-Krieg-8976332.html?seite=al

    Je n’ai jamais compris pourquoi quelques camarades d’école ont pu considérer une carrière comme assassin professionnel au sein de la Bundeswehr. Ce livre contribuera-t-il à répondre à ma question ?

    Sterben lassen?

    Der US-amerikanische Militärpsychologe Dave Grossman hat in seinem zuerst 1996 erschienen Buch „On Killing“ die Mechanismen beschrieben, wie man Soldaten dazu bringt, die natürliche Tötungshemmung zu überwinden und welche psychischen Belastungen daraus entstehen.

    Er beschreibt aber auch die Gewöhnung der gesamten Gesellschaft an alltägliche Gewalt, nicht zuletzt durch Filme und Computerspiele, denen bereits Kinder ausgesetzt werden. Das Resultat nennt er „acquired violence immune deficiency“, also eine erworbene Abstumpfung gegenüber dem Töten von Mitmenschen.

    Wie weit auch Deutschland davon betroffen ist, wäre eine Debatte wert.

    extraits

    If you are a virgin preparing for your wedding night, if you or your partner are having sexual difficulties, or if you are just curious…then there are hundreds of scholarly books available to you on the topic of sexuality. But if you are a young “virgin” soldier or law-enforcement officer anticipating your baptism of fire, if you are a veteran (or the spouse of a veteran) who is troubled by killing experiences, or if you are just curious…then, on this topic, there has been absolutely nothing available in the way of scholarly study or writing.
    Until now.

    Je comprends que ce livre est comme un mode d’emploi, une introduction dans l’acte pour les jeunes assassins impériaux.

    previous authors have examined the general mechanics and nature of war, but even with all this scholarship, no one has looked into the specific nature of the act of killing: the intimacy and psychological impact of the act, the stages of the act, the social and psychological implications and repercussions of the act, and the resultant disorders (including impotence and obsession). On Killing is a humble attempt to rectify this. And in doing so, it draws a novel and reassuring conclusion about the nature of man: despite an unbroken tradition of violence and war, man is not by nature a killer.

    Là je suis rassuré. Je crains pourtant que ce texte soit surtout un manuel comment transformer ces êtres humains « not by nature a killer » en #natural_born_killers. C’est une fabrication, il n’y a rien de naturel, mais le résultat est le même.

    L’auteur se situe entièrement du côté des assassins professionnels, mais il essaye aussi dans un énorme effort d’hypocrisie à exprimer sa compassion pour les victimes de ses troupes.

    And, finally, if in my focus on the pain of the killers I do not sufficiently address the suffering of their victims, let me apologize now. “The guy pulling the trigger,” wrote Allen Cole and Chris Bunch, “never suffers as much as the person on the receiving end.” It is the existence of the victim’s pain and loss, echoing forever in the soul of the killer, that is at the heart of his pain.

    La revoilà la raison pour la construction des chambres à gaz d’Auschwitz : Pour mener à terme le projet génocidaire collossal sans causer des ravages psychiques du côté des exécutants il fallait protéger les tueurs de l’echo de leurs actes, the victim’s pain and loss, echoing forever in the soul of the killer . Ce fut une opération prèsque parfaitement réussie, car il n’y a eu qu’un seul SS survivant à accepter entièrement sa responsabilité en explquant aux écoliers allemands que les camps ont vraiment existé et que lui même faisait partie de la machine à tuer. Les autres jouissaient de la bonne conscience que leur offrait l’industrialisation du génocide.

    Ce livre sur l’acte de tuer et comment le rendre possible et supportable remplit pour les commandants militaires une fonction protectrice au profit de leurs soldats et augmente ainsi leur rentabilité.

    commentaires anglais

    From Publishers Weekly : On Killing: The Psychological Cost of Learning to Kill in War and Society

    Description:
    A controversial psychological examination of how soldiers’ willingness to kill has been encouraged and exploited to the detriment of contemporary civilian society.

    Psychologist and US Army Ranger Dave Grossman writes that the vast majority of soldiers are loath to pull the trigger in battle. Unfortunately, modern armies, using Pavlovian and operant conditioning, have developed sophisticated ways of overcoming this instinctive aversion.

    The mental cost for members of the military, as witnessed by the increase in post-traumatic stress, is devastating. The sociological cost for the rest of us is even worse: Contemporary civilian society, particularly the media, replicates the army’s conditioning techniques and, Grossman argues, is responsible for the rising rate of murder and violence, especially among the young.

    Drawing from interviews, personal accounts, and academic studies, On Killing is an important look at the techniques the military uses to overcome the powerful reluctance to kill, of how killing affects the soldier, and of the societal implications of escalating violence.

    ...

    From Library Journal

    Drawing on interviews, published personal accounts and academic studies, Grossman investigates the psychology of killing in combat. Stressing that human beings have a powerful, innate resistance to the taking of life, he examines the techniques developed by the military to overcome that aversion. His provocative study focuses in particular on the Vietnam war, revealing how the American soldier was “enabled to kill to a far greater degree than any other soldier in history.” Grossman argues that the breakdown of American society, combined with the pervasive violence in the media and interactive video games, is conditioning our children to kill in a manner siimilar to the army’s conditioning of soldiers: “We are reaching that stage of desensitization at which the infliction of pain and suffering has become a source of entertainment: vicarious pleasure rather than revulsion. We are learning to kill, and we are learning to like it.” Grossman, a professor of military science at Arkansas State University, has written a study of relevance to a society of escalating violence.

    Je ne suis pas d’accord avec l’idée qui rend les jeux vidéos responsables de la violence dans les sociétés capitalistes occidentales. D’abord Grossman dit lui même qu’il faut une situation sociale problématique afin que l’effet négatif des jeux vidéos puisse de développer. Il constate un cercle vicieux d’exclusion sociale, de violence et d’initiation à la violence sans bornes par le médias touchant les communautés noires aus #USA. A mon avis nous sommes constamment cibles et victimes de la violence dans les relations de production sous le capitalisme. Guerres et violence de rue et familiale ne s sont que l’expression visible de l’aliénation omniprésente.

    Mary Ann Hughes, Neill P.L., Pullman, Wash, Copyright 1995 Reed Business Information, Inc.

    Grossman (psychology, West Point) presents three important hypotheses: 1) That humans possess the reluctance to kill their own kind; 2) that this reluctance can be systematically broken down by use of standard conditioning techniques; and 3) that the reaction of “normal” (e.g., non-psychopathic) soliders to having killed in close combat can be best understood as a series of “stages” similar to the ubiquitous Kubler-Ross stages of reaction to life-threatening disease.

    While some of the evidence to support his theories have been previously presented by military historians (most notably, John Keegan), this systematic examination of the individual soldier’s behavior, like all good scientific theory making, leads to a series of useful explanations for a variety of phenomena, such as the high rate of post traumatic stress disorders among Vietnam veterans, why the rate of aggravated assault continues to climb, and why civilian populations that have endured heavy bombing in warfare do not have high incidents of mental illness.

    This important book deserves a wide readership. Essential for all libraries serving military personnel or veterans, including most public libraries.

    Là on découvre l’avertissement de l’impact des victimes des post traumatic stress disorders chez les soldats étatsuniens. La vision US-centriste de l’auteur laisse perplexe car il n’explique pas pourquoi les #USA depuis les années 1980 sont victimes de tueries de masse quotidiennes alors que les millions d’hommes allemands traumatisés par la deuxième guerre mondiale n’ont pas commis des actes comparables. Ceci ne s’explique pas par un caractère national différent, comme les jeux vidéo ne sont forcément pas non plus la raison pour les tueries américaines.

    Ce livre ne contribue donc pas grand chose à l’explication des phénomènes de sociéte. Ses explications sur la formation des tueurs professionnels par contre promettent d’apporter des éléments pour expliquer la situation aux ètat Unis. Est-ce que le type de formation au sein les forces étatsuniennes contribue aux crimes violents dans les villes américaines ?

    Une devise à ne suivre qu’en partie

    Robert Heinlein once wrote that fulfillment in life involved “loving a good woman and killing a bad man.”

    Pauvre Robert Heinlein qui est tombé entre les mains de tueurs.

    Après avoir lu les première pages de cette étude verbeuse je commence à m’approcher d’une réponse à ma question initiale.

    D’abord il y a les enfants issus de familles de où le père, le grand père, les oncles et les hommes des générations précédentes ont participé comme militaires à la construction de l’empire prusse. Ils savaient ce qu’est la guerre parce qu’il s’agit du métier familial. Ils en apprennent l’essentiel comme les enfants de la grande bourgeoisie apprennent à se faire servir. Pourtant ceux que je connaissait envisagaient une carrière d’ingenieur ou d’enseignant au destin de soldat.

    Pour les autres vouloir rejoindre la Bundeswehr alors qu’il n’y avait pas de service obligatoire signifiait remplir plusieurs conditions. Il fallait n’avoir aucune idée précise sur l’acte de tuer et posséder un maximum de patriotisme romantique. Les pères et grand pères ne leurs avaient pas expliqué comment c’était quand tu marchais au milieu de dizaines de milliers de cadavres après la bataille de Berlin et comment tu te sentais quand tu descendait dans les tunnels de train submergés en dessous du centre ville où flottaient par milliers les corps des gens qui y avaient essayé à s’abriter des bombes et grenades. Il fallait surtout être capable de croire en quelque chose de plus grand que toi qui justifie tout acte de batbarie : la patrie, ton peuple ton Führer, dieu et ton père.
    Très jeune déjà je savait que c’était une erreur. Après avoir vécu sous les nazis mes parents m’avaient montré qu’il ne fallait rien croire qu’on avait pas étudié et décidé soi même, il ne fallait jamais obéir les fausses autorités et il ne fallait surtout jamais se faire des illusions sur le collectif. On ne te fait jamais cadeau des bonnes choses, ils t’arrivaient uniquement parce que c’est toi qui les a compris, décidé et réalisé. Il faut détester les armes et comprendre que la meilleure manière de survivre ce n’est pas combattre où sifflent les balles mais courir aussi loin que possible des champs de bataille.

    Bref, pour devenir un bon apprenti tuer il faut accepter à être comme tout le monde.

    The resistance to the close-range killing of one’s own species is so great that it is often sufficient to overcome the cumulative influences of the instinct for self-protection, the coercive forces of leadership, the expectancy of peers, and the obligation to preserve the lives of comrades.

    The soldier in combat is trapped within this tragic Catch-22. If he overcomes his resistance to killing and kills an enemy soldier in close combat, he will be forever burdened with blood guilt, and if he elects not to kill, then the blood guilt of his fallen comrades and the shame of his profession, nation, and cause lie upon him. He is damned if he does, and damned if he doesn’t.

     Il n’y a que les psychopathes, les tueurs nés, qui échappent à cet problème incontournable. Pour les autres les armées modernes ont développée des méthodes de vaccination au dela de l’entrainement répétitif traditionnel. Ces inventions ne protègent les soldats que provisoirement. En fin de carrière chaque soldat qui aura vidé son réservoir de bravoure au combat finira avec des sequelles et blessures incurables.

    La notion significative introduite par Grossman s’appelle « wind of hate ». Ce vent de haine émanant des unités de vrais tueurs, qu’il s’agisse de tueuer nés ou conditionnés n’a pas d’importance, fait une impression débilitante sur l’ennemi qui prend la forme de maladie psychique s’il y est exposé trop long.

    La situation de combat militaire n’est finalement qu’une forme radicalement plus intense de nos rencontres agressives au travail ou dans notre vie privée pour certains.

    On Killing: The Psychological Cost of Learning to Kill in War and Society
    Author(s): Dave Grossman
    Publisher: Open Road Media, Year: 2014
    ISBN: 0316040932

    #soldats #psychologie #guerre

  • [A Question Of Listening] # 026 - La #musique, couteau suisse thérapeutique
    https://www.radiopanik.org/emissions/a-question-of-listening/026-la-musique-couteau-suisse-therapeutique

    La musique stimule donc le fonctionnement cognitif : les compétences activées pour son traitement sont transférées aux compétences non musicales équivalentes et l’interaction de ces effets profite à l’activité cérébrale globale – de là l’idée d’utiliser la musique pour stimuler le fonctionnement cérébral touché par une pathologie. Si, depuis Pythagore, on se sert de la musique comme #outil thérapeutique, c’est le plus souvent de façon empirique, sans modèle théorique et validation expérimentale calibrés selon des critères scientifiques (randomisation de l’échantillon, évaluation en aveugle, groupe contrôle…). Mais de plus en plus d’études montrent une exploitation bénéfique de ces liens entre composantes musicales et compétences mentales pour la réhabilitation de certaines fonctions (comportementales, neurologiques, (...)

    #psychologie_cognitive #remédiation #musicothérapie #musique,psychologie_cognitive,remédiation,musicothérapie,outil
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/a-question-of-listening/026-la-musique-couteau-suisse-therapeutique_15646__1.mp3

  • Hanna Lakomy : „Ich habe Freier, die mich von meinem Job erlösen wollen“
    https://www.berliner-zeitung.de/kultur-vergnuegen/kolumne-von-hanna-lakomy-ich-habe-freier-die-mich-von-meinem-job-er

    La prostituée et journaliste Hanna Lakomy nous fournit une analyse dialectique des motivations contradictoires de ses clients. C’est un texte exceptionnel parce qu’il réunit des observations de première main et une réflexion conséquente qui n’a pas lieu dans la majorité des textes sur la prostitution.

    2.4.2023 von Hanna Lakomy - Das menschliche Phänomen, an dessen Beschreibung ich mich hier wage, ist kein neues. Nur hat unsere Öffentlichkeit, glaube ich, keinen klaren Begriff davon. Das liegt daran, dass die meisten Menschen solche Exemplare unserer Gattung zwar kennen, oder sogar selbst sind – aber eben nichts davon wissen, weil sie nicht das Privileg haben, die Welt durch die Augen einer Prostituierten zu betrachten.

    Es geht um Menschen, die als Kunden zu Prostituierten gehen – aber unsereins dafür verachten. Ja, ganz richtig: Sie sind unwiderstehlich angezogen von uns und dem, was sie von uns erheischen, aber sie hassen uns dafür. Und sinnen auf Rache. Oder sie leugnen einfach hartnäckig die Realität unseres Gewerbes: Es sind die Freier wider Willen, die unfreien Freier. Ich taufe sie einfach: die Unfreier.

    Ein Unfreier

    Es kann nicht ausbleiben, dass ich ein konkretes Beispiel anführe. Sonst wird es zu abstrakt, und außerdem hat ja auch die Leserschaft ihre Bedürfnisse, die ich befriedigen möchte. Und das, obwohl ich weiß, dass auch einige meiner liebsten Stammkunden die Berliner Zeitung lesen. Doch wie immer in solchen Fällen beuge ich einer Klage wegen Persönlichkeitsrechtsverletzung vor, indem ich mich des Mittels der Verfremdung bediene. Wer immer bangt, sich gemeint zu fühlen, dem sei gesagt: Nein, du doch nicht, mein Lieber. Es ist ja nicht nur ein Einzelner, den ich meine, sondern ein Phantasiegeschöpf, das aus mindestens dreien oder vieren von euch besteht.

    Sagen wir, er sei Ende vierzig. Verheiratet, deutsch und christlich von Konfession. Zugleich aber durchaus alternativ, Vertreter eines modernen Glaubens mit schmissigen Gottesdiensten, umweltbewusst, und überhaupt ein mustergültiger Staatsbürger. Er ist selbstverständlich Spender von Organen und von regelmäßigen Summen an diverse gemeinnützige Organisationen, und er hätte auch gern Flüchtlinge aus der Ukraine aufgenommen, aber es scheiterte an den Behörden. Er erzieht seine Kinder antiautoritär und nimmt der Frau gefühlt die Hälfte der Hausarbeit ab. Er ist nicht reich, denn er wollte für seine Eltern nur das teuerste Pflegeheim, und seine Kinder gehen natürlich auf Privatschulen. Und dann ist da noch das süße Patenkind aus einem Kinderhilfsprojekt in Afrika. Er hat es mit der ganzen Familie gemeinsam ausgesucht. Er zeigt mir Fotos auf seinem iPhone, um auch von mir zu hören, wie süß es ist.

    Ein Mann, der so idealistisch ist, der kann natürlich nicht so sein wie „die anderen Männer, die du so triffst“.

    Dieses Klischee hat er im Kopf. Das von den anderen Freiern, die natürlich reicher, aber auch unmoralischer sind als er. Denn er ist ein hochmoralischer Mensch, das wird er nicht müde zu erklären. Aber ab und zu brauche halt auch jemand wie er mal „Urlaub für die Seele, oder eine sinnliche Auszeit“ – man merkt, dass er sich diese Formulierungen zurechtgelegt hat. Er kommt zu meinesgleichen, um sich als erstes ausführlich zu rechtfertigen.

    Aber dann stockt er. Natürlich tut er das. Eine erfahrene Prostituierte weiß, was normalerweise geschieht, nachdem all diese unbezwingbaren Argumente vorgetragen wurden. Sie hört der Moralpredigt geduldig zu und lächelt süß. Nickt verständnisvoll. Oh ja, wir verstehen das doch, wir machen ihm keine Vorwürfe! Wir sind empathisch. Wir spüren, wie unwohl so einer sich fühlt in seiner Haut. Es ist unser Beruf, ihm darüber hinwegzuhelfen, das Eis zu brechen. Fast jeder neue Kunde ist zunächst unsicher und verklemmt und auf die falsche Weise steif.

    Nur mit dieser besonderen Spezies ist es anders. Es ist mehr als Unbeholfenheit. In ihrer Nähe, unter ihrem Blick spüre ich die Spannung: Das wird ein hartes Stück Arbeit. Dieser Vorwurf in seinem Blick, diese Gekränktheit. Um seine Mundwinkel spielt ein trotziger Zug von Verzweiflung. Man fühlt sich paradoxerweise dazu bewegt, sich bei dem Mann zu entschuldigen. Doch wofür? Er wusste doch, wen er aufsucht, als er sich mit einer Hure zum Stelldichein verabredete. Will er etwa über den Preis verhandeln? Weil das Hotelzimmer schon zu kostspielig für ihn ist? Nein, das ist es nicht, und die Erwähnung empört ihn zutiefst. Nein, so einer sei er nicht, ein Mann, der um den Preis eines Frauenkörpers feilscht, wie um eine Ware.

    Dass es nicht der Körper ist, den er bezahlt, erwähnen wir manchmal, aber meist vergeblich. Er wird so oder so immer wieder darauf zurückkommen, uns vorzuwerfen, dass wir unseren „Körper verkaufen“.

    Er besteht darauf, besser zu sein als meine sonstigen Kunden. Denn er geht davon aus, dass Männer, die zu Prostituierten gehen, Schweine sind. Er glaubt übrigens auch, dass ich jeden Kunden annehmen muss, wenn der nur zahlt. Er lässt es sich nicht ausreden, dass mein Job eine Qual ist, er aber meine Erlösung in Person. Und er ist schwerstens gekränkt von meiner Undankbarkeit. Weiß ich denn nicht, was ich für ein Glück habe, dass er es heute ist?

    „Es fällt dir wohl schwer, dich zu öffnen! Nähe zuzulassen! Wer weiß, was für schwere Verletzungen deine Seele erlitten hat, wahrscheinlich in deiner Kindheit.“

    Immerhin wirkt dann der gewisse karitative Kick. Es baut sich eine heroische Erektion auf.

    Ich zahle nicht für Sex!

    Es ist nicht immer klar, ob die Zahlungsunwilligkeit mit Geldmangel begründet ist. Aber wenn das Begehren stark ist und sie frustriert sind von der Unerfüllbarkeit ihres Liebeswunsches, dann fällt ihnen ein, dass es ja gar nicht anständig ist, sich zu prostituieren. Eine Frau sollte so etwas nicht tun. Es ist ganz falsch, dass wir auf Bezahlung bestehen. Wenn wir moralisch handeln würden, dann würden wir auf Sex gegen Geld verzichten. Sonst nehmen sie sich das Recht heraus, uns moralisch zu verurteilen.

    Das Problem liegt aber viel tiefer: Es kränkt sie, dass ausgerechnet sie für ihr nur allzu berechtigtes Bedürfnis nach Urlaub für die Seele bezahlen müssen. Dass ich ihnen den nicht gratis gewähre, jetzt wo ich sehe, wer sie sind. Wo sie doch so einen guten Charakter haben. Mit ihnen, da müsste ich doch freiwillig schlafen wollen.

    Die Selbstverachtung des Freiers ist das Spiegelbild der Hurenverachtung, des Hurenhasses. Huren dürfte es in ihrer Welt eigentlich gar nicht geben. Unsere Art zu leben ist falsch (aber sie verzeihen uns). Keine Frau, glauben sie, sei freiwillig Hure, denn Hure sein bedeutet, die Menschenwürde zu verlieren. Sie verstehen nicht, dass Prostitution auch Selbstbestimmung bedeuten kann. Sie glauben, dass die Selbstbestimmung einer Frau immer nur in die romantische, monogame Paarbeziehung führt. Dass es die tiefste Bestimmung der Frau ist, aufzugehen in der Partnerschaft und Mutterschaft. Ihr Leben der Liebe der Familie zu widmen – natürlich auch als nebenbei berufstätige, vielseitig interessierte Frau, die ihrem Mann dadurch eine ebenbürtige Gesprächspartnerin ist und ihn auch mental unterstützt.

    Eine Prostituierte aber, die keinen Partner findet, das arme Ding, weil man sie sozial ächtet, oder weil sie vielleicht irgendeinen Schaden hat, der sie daran hindert, ihre wahren (monogamen) Gefühle zu leben, wird statt zum Eigentum eines einzelnen Partners zum öffentlichen Eigentum – das uralte Besitzdenken des Patriarchats: Wenn die Frau keinem Mann gehört, dann liegen eben ungeklärte Eigentumsverhältnisse vor.

    Aber nun sind sie ja gekommen, um mich zu retten. Halleluja: Sie verachten mich nicht wie die anderen für mein Gewerbe (denken sie). Sie wollen mir zeigen, wie das ist, wenn man „beim Sex etwas fühlt“. Sie wollen mir das „taube Gefühl von der Haut küssen“. Bei solchen Worten suchen sich dann bereits Augen und Finger meines Retters den uralten Weg des Fleisches, das stark ist, wenn der Geist so schwach ist. Und einmal mehr ist er irritiert von meinem belustigten, eiskalten Blick.

    Aus einem Brief des Magnifico Marco Venier an Veronica Franco, die berühmteste Kurtisane Venedigs im Cinquecento:

    Ma com´esser può mai che, dentro al lato molle, il bianco gentil vostro bel petto chiuda sí duro cor e sí spietato?

    Jedoch, wie kann es sein, dass dieser weiche Leib, die weiße, sanfte Brust umschließt ein Herz so hart und gnadenlos?

    Das kommt unsereins ja so bekannt vor! Der wortgewandte, eitle, zahlungsunwillige Liebhaber beleidigt in schmeichelhaften Worten die Kurtisane als Kurtisane, als Frau, die Geld verlangt für ihre Zuwendung. Er geht zu einer Prostituierten und beschwert sich, dass sie Prostituierte ist. Nicht, dass er sie dann zur Frau nehmen und wirtschaftlich absichern würde. Keiner der beiden Parteien käme so etwas in den Sinn. Nein, er will einfach nur Gratissex, weil er sich für etwas Besseres hält als ihre übrigen Kunden – in Veronicas Fall Fürsten und Kardinäle, die Elite der Renaissance. Und alle diese Herren zahlen. Was Herr Marco sehr wohl weiß. Doch er verlangt eine Ausnahme für sich selbst, allein deshalb, weil er angeblich so sehr für sie schwärmt – oder sich zumindest sehr eloquent ausdrücken kann in diesem elend langen, der Nachwelt erhaltenen Brief.

    Veronicas Antwort ist nicht weniger eloquent, nur weniger gespreizt. Sie verblüfft durch ihre schlichte Klarsicht. Hier ist die Stelle, mit der sie den Magnaten auf seinen Platz verweist. Eine Antwort, die Tausenden von heutigen Kolleginnen, auch mir, aus dem Herzen spricht, heute wie vor fünfhundert Jahren:

    Piú mi giovi con fatti, e men mi lodi, e, dov´è in ciò la vostra cortesia soverchia, si comparta in altri modi.

    Dient mehr mit baren Fakten mir und weniger mit Lobpreis, und wo vor Höflichkeit Ihr schier wollt überwältigt sein, vergeltet sie auf andre Weise mir.

    Wie mein Beruf als prominente Hure mich zur Relativistin gemacht hat
    Differenzierung

    Es gibt zwei Sorten Unfreier: diejenigen, die vorwiegend von ihrer Libido getrieben sind, und dann die Liebeskasper, Liebesnarren.

    Letztere suchen nach Liebe, nach Gefühlsbindung, nicht nach Sex: Ich will keinen Sex, ich will dich in mich verliebt machen. Sie sind in Sachen Paarbeziehung unerfahren oder tief verletzt. Da ist eine unendliche emotionale Bedürftigkeit, die kein noch so intensiver Sex stillen kann. Im Gegenteil, das Bindungsbedürfnis wird dadurch nur noch stärker. Sie verwechseln körperliche Zuwendung mit Gegenliebe, und zwar ausnahmslos und trotz ihrer meist hohen Intelligenz. Der Zauber der Sinnlichkeit ist das Heroin der Romantiker. Verloren, wer es anrührt. Oft findet sich bei ihnen ein tiefer Mangel an mütterlicher Zuwendung, an dem sie ein Leben lang leiden, und für den sie jedes weibliche Wesen in Beugehaft nehmen wollen, das sie am unverhüllten Busen ruhen lässt. In ihren klaren Momenten bitten sie explizit um das Vorspielen einer Paarbeziehung. Aber wenn man es ihnen dann gekonnt vorspielt, bleiben sie misstrauisch, sie wollen halt doch keine Illusionen, sie wollen Garantien, die es so oder so nie geben kann. Sie stellen sich sexuell bedürfnislos, in passiver Aggressivität, oder aber sie rechnen mir vor, wie wenig ich tue im Bett, und dass ich alles ihnen überlasse. Oft geht es dabei vor allem um Küsse. Sie bekommen kategorisch zu wenig Küsse. Sie sind hoffnungslos, aber süchtig. Was sie dennoch treibt, wenn sie meinesgleichen als treue Stammkunden immer wieder aufsuchen, ist etwas ganz anderes. Letztendlich wollen sie sich durch uns selbst verletzen, sich mit uns bestrafen für ihre falsche Hoffnung.

    Der Liebesnarr ist bedauernswert, aber nicht ungefährlich. Er duldet keine innere Distanz, er überschreitet jede ihm gesetzte Grenze, er ist penetrant und ohne jede Einsicht. Er laugt aus, er ist ein Vampir, der nur vom Leben anderer lebt und an ihnen schmarotzen muss, um seine innere Kälte zu bekämpfen. Gibt man ihm einmal nach, will er immer mehr und mehr. Er will alles. Er will mehr als alles. Es spielt für ihn auch keine Rolle, dass ich außer ihm noch andere Kunden habe. Er erkennt diese Realität gar nicht an. Denn mein Leben jenseits von ihm blendet er aus. Er bezieht alles auf sich, betrachtet sich als mein Schicksal. Die Regel, dass er für die Zeit bezahlen muss und dass er nur einer von vielen ist, begreift er nur als eine infame, boshafte Idee von mir, langfristig geplant eigens zu dem prophetischen Zweck, ihn persönlich zu erniedrigen.

    Die andere Sorte Unfreier, die verklemmten Perversen, sind etwas derberer Natur. Sie sind weniger zartfühlend und realistischer. Sie kommen nicht mit wahnhaft leuchtenden Augen, sondern mit gefurchter Stirne, in sich gebückt, verdruckst. Anders als die traurigen Romantiker können sie schmeicheln und beleidigen im Wechsel. Sie können winselnde Bettler und dreiste Erpresser sein. Ihr Trieb macht sie unbeherrscht in der Wahl ihrer Mittel, das zu bekommen, was sie wollen. Etwas, das – in ihren Augen – abstoßend ist und schambesetzt.

    Anders als der Liebesnarr, der in seinem Wahnsinn mit sich im Reinen und dessen Verfassung sehr stabil und dauerhaft ist, handelt es sich bei verklemmten Perversen um Menschen im Ausnahmezustand. Es sind Menschen, die neben sich stehen. Sie wollen das nicht wollen, was sie wollen. Aber der verbotene Fetisch ist übermächtig. Sie wären nicht gekommen, hätten sich nicht, nach wer weiß wie langen inneren Quälereien, auf den Weg zu mir gemacht, wenn es da nicht ein Etwas gäbe, das stärker ist als die innere Regierungserklärung. Dieser dunkler Trieb, der mir selbst fremd ist, da ich so tiefe Leidenschaft nicht empfinden kann aufgrund meiner faden Tabulosigkeit. Es lauert bei dieser Sorte Mensch wohl immer unter der Oberfläche des Bewusstseins. Die innere Leere eines toten Moralismus lässt viel Raum für das Unaussprechliche. Unaussprechlich für sie – leicht zu erraten für mich, zwischen den Zeilen. Man drehe ihnen die Worte im Munde um, drehe sie herum und herum wie den Schlüssel im Schloss. Und schon öffnet sich die Tür, in ihrem Falle: eine Falltür.

    Ein Sturz in den Abgrund, endlich. Das Abwerfen der Bürde der Würde. „Urlaub für die Seele.“ Eine gequälte Ekstase, die so befremdlich ist wie anrührend. Sie sind so verletzlich ohne den Schutz ihres Selbstwertgefühls. Sie erleben einen Gesichtsverlust: ohne Gesicht sein dürfen, mit verbundenen Augen etwa, oder mit einer Schweinsmaske. „Eine sinnliche Auszeit.“

    Und dann das schlechte Gewissen. Das Sich-winden, die Scham, das Sich-nicht-anschauen-können im Spiegel. Die Schuld und die Schuldzuweisung.

    Meine früheren Kolleginnen im Bordell, dem Bordell meines Vertrauens, hatten in ihrer Weisheit einen speziellen Begriff für diese Spezies: Grillschnecken. Grillschnecken? Wie diese Dinger für die Grillparty? Genau. Wie grölten sie lachend, unisono:

    Er kann sich ringeln wie er will, er kann sich kringeln wie er will, er ist doch nur ein Würstchen und will auf den Grill!

    Beide Sorten Unfreier haben eines gemeinsam: Sie können nicht akzeptieren, dass eine Hure als Hure Respekt verdient. Sie hassen unsere geistige Überlegenheit. Und doch sind sie von Frauen wie uns ein Leben lang abhängig.

    Unfreier sind notorische Verräter an ihrer eigenen Lust, Verräter an der Intimität, die wir Huren mit ihnen teilen. Das Freierstigma, das sich mit schöner Regelmäßigkeit auch in den Medien als Schrei nach Freierbestrafung manifestiert, haben auch die Männer verinnerlicht, die es zu Prostituierten treibt. Und das sittliche Verbot steigert das Bedürfnis. Den seelischen Druck, der sich aufbaut. Unsere Schamgesellschaft ist die Ursache, dass gerade wohlmeinende, ethische Menschen diese geistigen Verrenkungen machen, weil sie ihre körperlichen und seelischen Bedürfnisse nicht in Einklang bringen können mit den allgemeinen Moralvorstellungen.

    Wer unter einem Stigma lebt, wird nicht nur verachtet. Er hat auch seinerseits gelernt, andere zu verachten. Und er sinnt auf Rache. Es gibt einen fatalen Zusammenhang zwischen Lust und Straflust, strafbarer Lust und der Lust, andere stellvertretend für die eigene Schuld zu bestrafen.

    Die Zeiten, in denen Prostituierte so souverän mit männlicher Eitelkeit spielen dürfen wie Veronica Franco dereinst, sind historisch meist von kurzer Dauer. Die außergewöhnliche Freiheit der Kurtisanen des frühen Cinquecento wurde nach der Hälfte des Jahrhunderts abgelöst durch ein neues Zeitalter der Moral. Die katholische Kirche, deren Prachtentfaltung am päpstlichen Hof so lange der gesellschaftliche Freiraum für die Unabhängigkeit kluger Frauen gewesen war, musste auf das Phänomen Luther reagieren. Dessen herausfordernder Vorwurf ihre moralische Autorität in Frage stellte. Man musste plötzlich beweisen, dass man frommer war als die anmaßenden Protestanten. Und vice versa! Von allen Todsünden, mit denen der Klerus sich beladen hatte, wurde ökonomischerweise die Wollust auserkoren, um nun demonstrativ gegeißelt zu werden, und das sechste Gebot wurde aufgerichtet zum gebotensten aller Gebote. Die beiden religiösen Lager überboten sich im frömmelnden Eifer. Die Hexenverfolgung nahte. Wo die Sinnlichkeit nicht zu ihrem Recht kommt, triumphiert die Gewalt. Und ich blicke mit wachsender Besorgnis der Mitte dieses Jahrhunderts entgegen.

    Totem und Tabu
    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Totem_und_Tabu

    Grundlage der Zwangsneurose ist der Gegensatz von Trieblust und Verbot. Der Lust, vor allem der Berührungslust an den Geschlechtsorganen, trat von außen das Verbot gegenüber, die Berührung auszuführen. Dem Verbot gelang es jedoch nicht, den Trieb aufzuheben; der Erfolg des Verbots bestand nur darin, die Lust ins Unbewusste zu verdrängen. Der Gegensatz von Lust und Verbot besteht also fort, und dies führt dazu, dass die Handlungen gegenüber dem Objekt ambivalent sind. Eine bestimmte Aktion, etwa eine bestimmte Berührung, bietet den höchsten Genuss und soll deshalb immer wieder ausgeführt werden; aufgrund des Verbots wird diese Handlung jedoch zugleich verabscheut. Das Verbot ist bewusst, die fortgesetzte Lust hingegen unbewusst. Seine Stärke – seinen Zwangscharakter – verdankt das Verbot gerade der Beziehung zur unbewussten Lust. „Wo ein Verbot vorliegt, muß ein Begehren dahinter sein“

    #sexualité #capitalisme #prostitution #histoire #psychologie #caractère_obsessionnel

  • Une observation d’Adorno à propos des « nerds » de Berkeley
    https://seenthis.net/messages/993817

    J’y découvre la confirmation de positions des collectifs technosceptiques comm Pièces et main d’œuvre.

    Bei dem Typus, der zur Fetischisierung der Technik neigt, handelt es sich, schlicht gesagt, um Menschen; die nicht lieben können. Das ist nicht sentimental und nicht moralisierend gemeint, sondern bezeichnet die mangelnde libidinöse Beziehung zu anderen Personen. Sie sind durch und durch kalt, müssen auch zuinnerst die Möglichkeit von Liebe negieren, ihre Liebe von anderen Menschen von vornherein, ehe sie sich nur entfaltet, abziehen. Was an Liebesfähigkeit in ihnen irgend überlebt, müssen sie an Mittel verwenden.

    Die vorurteilsvollen, autoritätsgebundenen Charaktere, mit denen wir es in der >Authoritarian Personality< in Berkeley zu tun hatten, lieferten manche Belege dafür.

    Eine Versuchsperson — das Wort ist selber schon ein Wort aus dem verdinglichten Bewußtsein — sagte von sich: »I like nice equipment< (Ich habe hübsche Ausstattungen, hübsche Apparaturen gern), ganz gleichgültig, welche Apparaturen das sind. Seine Liebe wurde von Dingen, Maschinen als solchen absorbiert. Das Bestürzende ist dabei — bestürzend, weil es so hoffnunglos erscheinen läßt, dagegen anzugehen —, daß dieser Trend mit dem der gesamten Zivilisation verkoppelt ist. Ihn bekämpfen heißt soviel wie gegen den Weltgeist sein; aber damit wiederhole ich nur etwas, was ich zu Eingang als den düstersten Aspekt einer Erziehung gegen Auschwitz vorwegnahm.

    Le mécanisme dont se servent les tortionnaireres pour se munir du soutien des gens ordinaires est également activé par les idéologues de la guerre.

    Ich sagte, jene Menschen seien in einer besonderen Weise kalt./ 106 / Wohl sind ein paar Worte über Kälte
    überhaupt erlaubt. Wäre sie nicht ein Grundzug der Anthropologie, also der Beschaffenheit der Menschen,
    wie sie in unserer Gesellschaft tatsächlich sind; wären sie also nicht zutiefst gleichgültig gegen das, was mit allen anderen geschieht außer den paar, mit denen sie eng und womöglich durch handgreifliche Interessen verbunden sind, so wäre Auschwitz nicht möglich gewesen, die Menschen hätten es dann nicht
    hingenommen. Die Gesellschaft in ihrer gegenwärtigen Gestalt — und wohl seit Jahrtausenden — beruht
    nicht, wie seit Aristoteles ideologisch unterstellt wurde, ,auf Anziehung, auf Attraktion, sondern auf der Verfolgung des je eigenen Interesses gegen die Interessen aller anderen. Das hat im Charakter der Menschen bis in ihr Innerstes hinein sich niedergeschlagen. Was dem widerspricht, der Herdentrieb der sogenannten lonely crowd, der einsamen Menge, ist eine Reaktion darauf, ein Sich-Zusammenrotten von Erkalteten, die die eigene Kälte nicht ertragen, aber auch nicht sie ändern können. Jeder Mensch heute, ohne jede Ausnahme, fühlt sich zuwenig geliebt, weil jeder zuwenig lieben kann. Unfähigkeit zur Identifikation war fraglos die wichtigste psychologische Bedingung dafür, daß so etwas wie Auschwitz sich inmitten von einigermaßen gesitteten und harmlosen Menschen hat abspielen können. Was man so »Mitläufertum« nennt, war primär Geschäftsinteresse: daß man seinen eigenen Vorteil vor allem anderen wahrnimmt und, um nur ja
    nicht sich zu gefährden, sich nicht den Mund verbrennt. Das ist ein allgemeines Gesetz des Bestehenden. Das Schweigen unter dem Terror war nur dessen Konsequenz. Die Kälte der gesellschaftlichen Monade, des
    isolierten Konkurrenten, war als Indifferenz gegen das Schicksal der anderen die Voraussetzung dafür, daß nur ganz wenige sich regten. Das wissen die Folterknechte; auch darauf machen sie stets erneut die Probe.

    Adorno ne décrit pas le « pourquoi » mais le « comment » qui a rendu possible Auschwitz. Si on veut agir contre l’hécatombe à venir il faut lutter contre ses raisons économiques et politiques. Puisque tout est mis en oeuvre afin de nous en empêcher, nous devons d’abord nous engager pour permettre à nos proches de prendre leur destin en mains, de se sentir respectés et aimés.

    Vu sous cet angle la lutte contre la mysogynie des nerds se montre comme faisant partie de la lutte globale pour un monde humain.

    #Auschwitz #technophilie #guerre #psychologie #politique @pmo

  • [A Question Of Listening] # 025 - Jouer ou écouter de la #musique : d’une pierre deux coups
    https://www.radiopanik.org/emissions/a-question-of-listening/025-jouer-ou-ecouter-de-la-musique-dune-pierre-deux-coups

    Jouer de la musique, ou simplement l’écouter, met en branle différentes compétences, en fonction des composantes des sons musicaux : la hauteur fréquentielle fait intervenir la perception auditive (et probablement aussi les capacités spatiales) ; le rythme et la métrique mettent en jeu les habiletés motrices ; l’organisation syntaxique mobilise des ressources communes au traitement du langage. Outre que l’activité musicale sollicite intensément les différentes formes de #mémoire (implicite, autobiographique, sémantique, verbale, procédurale) et que la musique elle-même revêt une valeur émotionnelle (caractérisée par sa valence et son intensité, sa dynamique), la richesse de sa structure, résultant de la combinaison de ses différentes dimensions, implique la stimulation simultanée de nombreuses compétences (...)

    #psychologie_cognitive #compétences_mentales #cognition #musique,mémoire,psychologie_cognitive,compétences_mentales,cognition
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/a-question-of-listening/025-jouer-ou-ecouter-de-la-musique-dune-pierre-deux-coups_15465__1.mp3

  • Les écrans : un désastre comportemental, intellectuel & cognitif.

    Une journée (le 6 février) sans téléphone portable, c’est bien (pour les malades que nous sommes).

    Entre 2 et 8 ans un enfant « moyen » consacre aux écrans récréatifs l’équivalent de 7 années scolaires complètes ou 460 jours de vie éveillée (1,25 année), ou encore l’exacte quantité du temps de travail personnel requis pour devenir un solide violoniste.

    Mais il faudrait aussi (365 jours sur 365) la suppression stricte, intégrale, immédiate et en tout lieux (y compris à l’école) des écrans pour tous les enfants de moins de 6 ans. Et la réduction à 30 mn à 1 h (tous usages cumulés) par jour pour tous les moins de 16 ans.

    Michel Desmurget le démontre dans son bouquin : sans quoi les jeunes générations d’aujourd’hui ne donneront que des crétins.

    Quelques extraits tirés au fil de ma lecture :

    « Selon les termes d’une étude récente, « seulement 3 % du temps consacré par les #enfants et #adolescents aux #médias_digitaux est utilisé à la création de contenus » (tenir un blog, écrire des programmes informatiques, créer des vidéos ou autres contenus « artistiques », etc.).

    .. Plus de 80 % des ados et préados déclarent ne « jamais » ou « quasiment jamais » utiliser leurs #outils_numériques pour faire œuvre créative. »

    « Croire que les #digital_natives sont des ténors du bit, c’est prendre ma charrette à pédale pr une roquette interstellaire ; croire que le simple fait de maîtriser une app informatique permet à l’utilisateur de comprendre quoi que ce soit aux éléments physiques & logiciels engagés »

    De « l’effarante débilité de cette triste fiction » des DigitalNatives… comme « un groupe mutant à la fois dynamique, impatient, zappeur, multitâche, créatif, friand d’expérimentations, doué pour le travail collaboratif, etc. Mais qui dit mutant dit différent…

    .. Dès lors, ce qui transparaît implicitement ici, c’est aussi l’image d’une génération précédente misérablement amorphe, lente, patiente, monotâche, dépourvue de #créativité, inapte à l’expérimentation, réfractaire au #travail_collectif, etc.

    .. Drôle de tableau qui, a minima, dessine deux axes de réflexion. Le premier interroge les efforts déployés pour redéfinir positivement toutes sortes d’attributs psychiques dont on sait depuis longtemps qu’ils sont fortement délétères pour la #performance_intellectuelle : #dispersion, #zapping, #multitasking, impulsivité, impatience, etc. Le second questionne l’ubuesque acharnement mis en œuvre pour caricaturer et ringardiser les #générations_prédigitales. »

    « Les changements anatomiques [chez les gamers] dont se gaussent certains médias pourraient très bien poser, non les jalons d’un avenir intellectuel radieux, mais les bases d’un #désastre_comportemental à venir. »

    « les digital natives ou autres membres de je ne sais quelle confrérie des X, Y, Z, lol, zappiens ou C, n’existent pas. L’enfant mutant du numérique, que son aptitude à taquiner le #smartphone aurait transformé en omnipraticien génial des nouvelles technologies les + complexes que #Google Search aurait rendu infiniment plus curieux, agile et compétent que n’importe lequel de ses enseignants prédigitaux ; qui grâce aux jeux vidéo aurait vu son cerveau prendre force et volume ; qui grâce aux filtres de Snapchat ou Instagram aurait élevé sa créativité jusqu’aux + hauts sommets ; etc. ; cet enfant n’est qu’une légende. Il n’est nulle part dans la littérature scientifique. […] Ce qui est extraordinaire, c’est qu’une telle absurdité perdure contre vents et marées, &, en plus, contribue à orienter nos politiques publiques notamment dans le domaine éducatif. Car au-delà de ses aspects folkloriques, ce mythe n’est évidemment pas dénué d’arrière-pensées. Sur le plan domestique, d’abord, il rassure les parents en leur faisant croire que leurs rejetons sont de véritables génies du numérique et de la pensée complexe, même si, dans les faits, ces derniers ne savent utiliser que quelques (coûteuses) applications triviales.

    .. Sur le plan scolaire, ensuite, il permet, pour le plus grand bonheur d’une industrie florissante, de soutenir la numérisation forcenée du système et ce, malgré des performances pour le moins inquiétantes. »

    « Plus globalement, si un observateur ose s’alarmer du temps passé par les enfants devant les écrans de ttes sortes, la triste légion des tartufes conspue sans délai le fâcheux, arguant qu’il s’agit là d’une position « sexiste », représentant fondamentalement « un nouvel outil de #culpabilisation des mères » […] « pr nos néosuffragettes du droit à l’abrutissement, suggérer que les enfants passent bien trop de temps avec leurs écrans signifie juste, en dernière analyse, que « ns n’aimons pas les innovations qui rendent + faciles la vie des mères ».

    « Quand les adultes ont constamment le nez scotché sur leur mobile, les #interactions_précoces essentielles au #développement_de_l’enfant sont altérées. »

    « Une étude vous déplaît, trouvez-la alarmiste, idiote, dogmatique, moralisatrice, exagérée, excessive, biaisée, absurde, culpabilisante ou sexiste. Affirmez vaguement qu’on pourrait trouver d’autres recherches contradictoires tout aussi convaincantes (évidemment sans les citer).

    .. Criez aux heures noires de la prohibition, évoquez la censure, dénoncez les stratégies de la peur, beuglez votre haine de l’oppression culturelle. En désespoir de cause, caricaturez l’auteur, raillez sa #bêtise, faites-le passer pour un #crétin, un demeuré, un réactionnaire un triste sermonnaire ou un sombre élitiste. Tronquez, trompez, truquez. Mais, surtout, ne regardez jamais les faits, ne considérez jamais le cœur du travail discuté. Ce n’est pas si difficile. Avec un peu d’habitude, vous apprendrez aisément à masquer l’absolue vacuité de vos propos sous l’ombrage d’un humanisme paisible et rassurant. Une fois acquises les bases du job, vous parviendrez en quelques mots, avec la dextérité du virtuose illusionniste, à transformer la plus solide recherche en affligeante pitrerie. »

    L’explication de cette limite apparemment arbitraire des 3 ans ? « Cet âge semble constituer le seuil optimal à partir duquel inscrire efficacement dans les neurones des gosses la trace de la grenouille Budweiser, de la virgule Nike, de l’estampille Coca-Cola, du clown McDonald ou du mâle viril forcément fumeur. Selon une enquête du gpe Lagardère Publicité, dès 4 ans, + de 75 % des demandes d’achat émises par les enfants sont consécutives à une exposition publicitaire, pour un taux d’acceptation parental supérieur à 85 %. »

    « En disant, pas de télé avant 3 ans, on affiche sa bonne foi, sa probité et son indépendance. [et] en proscrivant la télé avant 3 ans, ce que l’on exprime vraiment, in fine, c’est l’idée selon laquelle l’exposition devient possible au-delà de cet âge »…

    « Avant 3 ans, petit humain n’est guère intéressant. Ce n’est qu’autour de cet âge qu’il devient une cible publicitaire pertinente et, de ce fait, une potentielle source de revenus pour les opérateurs. Peu importe alors que la télé ampute son développement. »

    « L’#industrie_audiovisuelle ne fut pas longue à réaliser le profit qu’elle pourrait tirer de cette césure. Elle accepta sans états d’âme d’abandonner le secondaire pr préserver l’essentiel. À travers ses relais experts & médiatiques elle opéra alors selon 2 axes complémentaires 1) en soutenant diligemment la condamnation des usages précoces (ce qui ne lui coûtait rien). 2) en se lançant dans une subtile (et efficace) campagne d’attiédissement des restrictions tardives. Ainsi, on ne parla plus d’une à 2 h par jour max, mais d’usages « excessifs ». »

    « La dernière étude en date montre, sans la moindre ambiguïté, que l’usage d’une #tablette « interactive » non seulement ne développe pas, mais altère lourdement le développement de la motricité manuelle fine chez des enfants d’âge préscolaire. »

    « Les recherches montrent que la tablette est, la plupart du temps, pour le jeune enfant, un écran « passif » servant à consommer des contenus audiovisuels dont on nous dit précisément qu’ils sont déconseillés (dessins animés, films, clips, etc.). »

    « Au-delà des variations de protocoles, de populations, d’approches et de méthodologies, le résultat n’a jamais varié : les contenus violents favorisent à court et long terme l’émergence de comportements agressifs chez l’enfant et l’adulte. »

    « Le lien empirique [entre contenus violents et agression] n’est donc plus à démontrer aujourd’hui, quoi qu’en disent les gamers et quelques démago-geeks qui caressent l’industrie du jeu violent dans le sens du poil. »

    « Les médias présentent souvent “les deux côtés” du débat associant violence médiatique et agression en appariant un chercheur avec un expert ou un porte-parole de l’industrie ou même un contradicteur universitaire, ce qui crée une fausse équivalence et la perception erronée que les travaux de recherches et le consensus scientifique font défaut. » Pourtant : « ds le NYT, le secr. géné. de l’Association de #psychologie déclarait que « les preuves sont écrasantes. Les contester revient à contester l’existence de la gravité ».

    Ce qui n’empêche pas « les bons petits soldats du numérique [de continuer], sous couvert d’expertise, à emplir l’espace collectif de leur affligeante #propagande. »

    « Les études qui ont mesuré l’exposition durant la petite enfance (avec ou sans analyse de contenus) ont démontré de manière constante que regarder la télévision est associé à des conséquences développementales négatives. Cela est observé pour l’attention, les performances éducatives, les fonctions exécutives et les productions langagières ». Autrement dit, pour les jeunes enfants, l’impact de la télévision n’est nullement complexe. Il est immuablement néfaste. Point. »

    « Prenez le lien entre #consommation_audiovisuelle précoce et déficits cognitifs tardifs. Même avec la meilleure volonté du monde, il semble diantrement difficile de rejeter l’hypothèse de causalité sachant, par exemple, que : (1) la présence d’une télé dans une maison effondre la fréquence, la durée et la qualité des interactions intrafamiliales ; (2) ces interactions sont fondamentales pour le #développement_cognitif du jeune enfant ; (3) certains outils statistiques reposant sur des protocoles dits « longitudinaux » ont permis d’établir la nature causale du lien observé, chez le jeune enfant, entre l’accroissement du temps d’écrans et l’émergence de retards développementaux. »

    « Il est aujourd’hui solidement établi que les écrans ont, sur la durée et la qualité de nos nuits, un impact profondément délétère. Certaines influences se révèlent relativement directes ; par ex, quand le sommeil est altéré, la mémorisation, les facultés d’apprentissage et le fonctionnement intellectuel diurne sont perturbés, ce qui érode mécaniquement la #performance_scolaire. Certaines influences s’avèrent plus indirectes ; par ex, quand le sommeil est altéré, le système immunitaire est affaibli, l’enfant risque davantage d’être malade et donc absent, ce qui contribue à augmenter les difficultés scolaires. Certaines influences émergent avec retard ; par ex, quand le sommeil est altéré, la maturation cérébrale est affectée, ce qui, à long terme, restreint le potentiel individuel (en particulier cognitif) et donc mécaniquement, le rendement scolaire. […] La plupart des influences sont multiples et il est évident que l’impact négatif des #écrans récréatifs sur la #réussite_scolaire ne repose pas exclusivement sur la détérioration du #sommeil. Ce dernier levier opère ses méfaits en synergie avec d’autres agents dont – nous y reviendrons largement – la baisse du temps consacré aux devoirs ou l’effondrement des #capacités_langagières et attentionnelles. Dans le même temps, cependant, il est clair aussi que l’influence négative des écrans récréatifs sur le sommeil agit bien au-delà du seul champ scolaire. Dormir convenablement se révèle essentiel pour abaisser le risque d’accident, réguler l’humeur et les émotions, sauvegarder la #santé, protéger le cerveau d’un #vieillissement_prématuré, etc. »

    « Ce qui ne s’est pas mis en place durant les âges précoces du développement en termes de langage, de #coordination_motrice, de prérequis mathématiques, d’#habitus_sociaux, de #gestion_émotionnelle, etc., s’avère de + en + coûteux à acquérir au fur et à mesure que le temps passe. »

    Les moins de 2 ans : « Les enfants de moins de deux ans consacrent, en moyenne, chaque jour, une cinquantaine de minutes aux écrans. […] La valeur paraît sans doute raisonnable de prime abord… elle ne l’est pas. Elle représente presque 10 % de la durée de veille de l’#enfant ; et 15 % de son temps « libre », c’est-à-dire du temps disponible une fois que l’on a retiré les activités « contraintes » telles que manger (sept fois par jour en moyenne avant 2 ans), s’habiller, se laver ou changer de couche. […] Cumulées sur 24 mois, ces minutes représentent plus de 600 heures. Cela équivaut à peu près aux trois quarts d’une année de maternelle ; ou, en matière de #langage, à 200 000 énoncés perdus, soit à peu près 850 000 mots non entendus. […] Pour le seul sous-groupe des usagers quotidiens, la moyenne de consommation s’établit à presque 90 mn. Autrement dit, plus d’1/3 des enfants de moins d’1 an ingurgitent 1 h 30 d’écrans par jour — […] principalement dans les milieux socioculturels les moins favorisés. […]

    .. En fonction des groupes étudiés, entre 1 h 30 et 3 h 30 d’usage journalier. Principale raison avancée par les #parents pour expliquer cette incroyable orgie : faire tenir les gamins tranquilles dans les lieux publics (65 %), pendant les courses (70 %) et/ou lors des tâches ménagères (58 %). Chaque jour, près de 90 % des enfants défavorisés regardent la #télévision ; 65 % utilisent des outils mobiles ; 15 % sont exposés à des consoles de jeux vidéo. En 4 ans, la proportion de bambins de - de 12 mois utilisant des écrans mobiles est passée de 40 à 92 %. »

    « La consommation numérique [Du 2-8 ans] : entre 2 et 4 ans, 2 h 45 par jour. […] Sur la dernière décennie, elles ont augmenté de plus de 30 %. Elles représentent quasiment 1/4 du temps normal de veille de l’enfant. Sur une année, leur poids cumulé dépasse allègrement 1 000 h. Cela veut dire qu’entre 2 et 8 ans un enfant « moyen » consacre aux écrans récréatifs l’équivalent de 7 années scolaires complètes ou 460 jours de vie éveillée (1,25 année), ou encore l’exacte quantité du temps de travail personnel requis pour devenir un solide violoniste. »

    « Durant la préadolescence [entre 8 et 12 ans], les enfants voient leur besoin de sommeil diminuer sensiblement. Chaque jour, ils gagnent naturellement entre 1 h 30 et 1 h 45 d’éveil. Cette « conquête », dans sa quasi-totalité, ils l’offrent à leurs babioles numériques.

    .. Ainsi, entre 8 et 12 ans, le temps d’écrans journalier grimpe à presque 4 h 40, contre 3 heures précédemment. […] Cumulé sur 1 an, cela fait 1 700 h, l’équivalent de deux années scolaires ou, si vous préférez, d’un an d’emploi salarié à plein-temps. »

    « Les préados issus de milieux défavorisés consacrent chaque jour presque 2 h de + aux écrans que leurs homologues + privilégiés. Pr sa + gde partie, cet écart provient d’un usage accru d’une part des contenus audiovisuels (+ 1h15) et d’autre part des réseaux sociaux (+ 30 mn). »

    « « Il existe une corrélation négative entre le bien-être socio-émotionnel et le temps consacré aux écrans ». Autrement dit, les préados & ados qui passent le moins de temps dans le monde merveilleux du cyber-divertissement sont aussi ceux qui se portent le mieux ! »

    .. Conclusion : nos gamins peuvent très bien se passer d’écrans ; cette abstinence ne compromet ni leur équilibre émotionnel ni leur intégration sociale. Bien au contraire ! »

    Les ados [13-18 ans] : « La consommation quotidienne de numérique atteint alors 6 h 40. […] Il équivaut à un quart de journée et 40 % du temps normal de veille. Cumulé sur un an, cela représente plus de 2 400 heures, 100 jours, 2,5 années scolaires ou encore la totalité du temps consacré de la sixième à la terminale, pour un élève de filière scientifique, à l’enseignement du français, des mathématiques et des Sciences de la Vie et de la Terre (SVT).

    .. Autrement dit, sur une simple année, les écrans absorbent autant de tps qu’il y a d’heures cumulées d’enseignement du français, des maths et des SVT durant tt le secondaire. Mais cela n’empêche pas les sempiternelles ruminations sur l’emploi du tps trop chargé des écoliers. »

    « Si vs voulez exalter l’exposition de votre progéniture au numérique, assurez-vs que le petit possède en propre smartphone/tablette et équipez sa chambre en tv/console. Cette attention pourrira son sommeil, sa santé et ses résultats scolaires, mais au moins vous aurez la paix. »

    « Pr être pleinement efficace à long terme, le cadre restrictif ne doit pas être perçu comme une punition arbitraire, mais comme une exigence positive. Il est important que l’enfant adhère à la démarche et en intériorise les bénéfices. Quand il demande pourquoi il n’a « pas le droit » alors que ses copains font « ce qu’ils veulent », il faut lui expliquer que les parents de ses copains n’ont peut-être pas suffisamment étudié la question ; lui dire que les écrans ont sur son cerveau, son intelligence, sa concentration, ses résultats scolaires sa santé, etc., des influences lourdement négatives ; et il faut lui préciser pourquoi : moins de sommeil ; moins de temps passé à des activités plus nourrissantes, dont lire, jouer d’un instrument de musique, faire du sport ou parler avec les autres ; moins de temps passé à faire ses devoirs ; etc. Mais tout cela, évidemment, n’est crédible que si l’on n’est pas soi-même constamment le nez sur un écran récréatif.

    .. Au pire, il faut alors essayer d’expliquer à l’enfant que ce qui est mauvais pour lui ne l’est pas forcément pour un adulte, parce que le cerveau de ce dernier est « achevé » alors que celui de l’enfant est encore « en train de se construire ». »

    « ÉTABLIR DES RÈGLES, ÇA MARCHE ! […] Et que se passe-t-il si l’on retire la télé ? Eh bien, même s’il déteste ça, l’enfant va se mettre à lire. Trop beau pour être vrai ? Même pas ! Plusieurs études récentes ont en effet montré que notre brave cerveau supportait très mal le désœuvrement. Il a ainsi été observé, par exemple, que 20 minutes passées à ne rien faire entraînaient un niveau de fatigue mental plus important que 20 minutes passées à réaliser une tâche complexe de manipulation des nombres. Dès lors, plutôt que de s’ennuyer, la majorité des gens préfère sauter sur la première occupation venue même si celle-ci s’avère a priori rébarbative ou, pire, consiste à s’infliger une série de chocs électriques douloureux. Cette puissance prescriptive du vide, la journaliste américaine Susan Maushart l’a observée de première main, le jour où elle a décidé de déconnecter ses trois zombies adolescents169. Privés de leurs gadgets électroniques, nos heureux élus commencèrent par se cabrer avant progressivement, de s’adapter et de se (re)mettre à lire, à jouer du saxo, à sortir le chien sur la plage, à faire la cuisine, à manger en famille, à parler avec maman, à dormir davantage, etc. ; bref, avant de se (re)mettre à vivre. »
    « Si les neurones se voient proposer une « nourriture » inadéquate en qualité et/ou quantité, ils ne peuvent « apprendre » de manière optimale ; et plus la carence s’étire dans le temps, plus elle devient difficile à combler. »

    « Les expériences précoces sont d’une importance primordiale. Cela ne veut pas dire que tt se joue avant 6 ans, comme le claironne abusivement le titre français d’un best-seller américain des années 1970. Mais cela signifie certainement que ce qui se joue entre 0 et 6 ans influence profondément la vie future de l’enfant. Au fond, dire cela, c’est affirmer un truisme. C’est stipuler que l’apprentissage ne sort pas du néant. Il procède de manière graduelle par transformation, combinaison et enrichissement des compétences déjà acquises. Dès lors, fragiliser l’établissement des armatures précoces, notamment durant les « périodes sensibles », c’est compromettre l’ensemble des déploiements tardifs. »

    PAS D’ÉCRAN AVANT (AU MOINS) 6 ANS ! « En 6 ans, au-delà d’un monceau de conventions sociales et abstraction faite des activités « facultatives » comme la danse, le tennis ou le violon, le petit humain apprend à s’asseoir à se tenir debout, à marcher, à courir, à maîtriser ses excrétions, à manger seul, à contrôler et coordonner ses mains (pour dessiner, faire ses lacets ou manipuler les objets), à parler, à penser, à maîtriser les bases de la numération et du code écrit, à discipliner ses déchaînements d’émotions & pulsions, etc. Ds ce contexte, chaque minute compte. […] Cela signifie “juste” qu’il faut le placer ds un environnement incitatif, où la “nourriture” nécessaire est généreusement accessible. Or, les écrans ne font pas partie de cet environnement. […] Plusieurs études, sur lesquelles nous reviendrons également, ont ainsi montré qu’il suffisait, chez le jeune enfant, d’une exposition quotidienne moyenne de 10 à 30 minutes pour provoquer des atteintes significatives dans les domaines sanitaire et intellectuel. […] Ce dont a besoin notre descendance pr bien grandir, ce n’est donc ni d’Apple, ni de Teletubbies ; c d’humain. Elle a besoin de mots, de sourires, de câlins. Elle a besoin d’expérimenter, de mobiliser son corps, de courir, de sauter, de toucher, de manipuler des formes riches. Elle a besoin de dormir, de rêver, de s’ennuyer, de jouer à « faire semblant ». Elle a besoin de regarder le monde qui l’entoure, d’interagir avec d’autres enfants. Elle a besoin d’apprendre à lire, à écrire, à compter, à penser. Au coeur de ce bouillonnement, les écrans sont un courant glaciaire. Non seulement ils volent au développement un temps précieux & posent les fondations des hyperusages ultérieurs, mais en + ils déstructurent nombre d’apprentissages fondamentaux liés, par ex., à l’attention. »

    « En compilant les résultats obtenus, on observe que nombre de problèmes émergent dès la première heure quotidienne. En d’autres termes, pour tous les âges postérieurs à la prime enfance, les écrans récréatifs (de toutes natures : télé, jeux vidéo, tablettes, etc.) ont des impacts nuisibles mesurables dès 60 minutes d’usage journalier. Sont concernés, par exemple, les relations intrafamiliales, la réussite scolaire, la concentration, l’obésité, le sommeil, le développement du système cardio-vasculaire ou l’espérance de vie. […] Au-delà de la prime enfance, toute consommation d’écrans récréatifs supérieure à une heure quotidienne entraîne des préjudices quantitativement détectables et peut donc être considérée comme excessive. »

    De l’importance primordiale, autrement dit, de « maintenir en deçà de 30 (borne prudente) à 60 (borne tolérante) minutes l’exposition quotidienne aux écrans récréatifs des individus de 6 ans et plus.

    .. Précisons […] : un enfant qui ne consommerait aucun écran récréatif les jours d’école et regarderait un dessin animé ou jouerait aux jeux vidéo pendant 90 minutes les mercredis et samedis resterait largement dans les clous… »

    « Les écrans sapent l’intelligence, perturbent le développement du cerveau, abîment la santé, favorisent l’obésité, désagrègent le sommeil, etc. […] À partir de la littérature scientifique disponible, on peut formuler deux recommandations formelles :

    .. (1) pas d’écrans récréatifs avant 6 ans (voire 7 ans si l’on inclut l’année charnière de cours préparatoire) ; (2) au-delà de 6 ans, pas plus de 60 minutes quotidiennes, tous usages cumulés (voire 30 minutes si l’on privilégie une lecture prudente des données disponibles). »

    « Des heures passées principalement à consommer des flux audiovisuels (films, #séries, clips, etc.), à jouer aux jeux vidéo et, pour les plus grands, à palabrer sur les réseaux sociaux à coups de lol, like, tweet, yolo, post et selfies. Des heures arides, dépourvues de fertilité développementale. Des heures anéanties qui ne se rattraperont plus une fois refermées les grandes périodes de plasticité cérébrale propres à l’enfance et à l’adolescence. »

    « La #littérature_scientifique démontre de façon claire et convergente un effet délétère significatif des écrans domestiques sur la réussite scolaire : indépendamment du sexe, de l’âge, du milieu d’origine et/ou des protocoles d’analyses, la durée de consommation se révèle associée de manière négative à la #performance_académique. »

    « Le smartphone (littéralement « téléphone intelligent ») nous suit partout, sans faiblesse ni répit. Il est le graal des suceurs de cerveaux, l’ultime cheval de Troie de notre décérébration. Plus ses applications deviennent « intelligentes », plus elles se substituent à notre réflexion et plus elles nous permettent de devenir idiots. Déjà elles choisissent nos restaurants, trient les informations qui nous sont accessibles, sélectionnent les publicités qui nous sont envoyées, déterminent les routes qu’il nous faut emprunter, proposent des réponses automatiques à certaines de nos interrogations verbales et aux courriels qui nous sont envoyés, domestiquent nos enfants dès le plus jeune âge, etc. Encore un effort et elles finiront par vraiment penser à notre place. »

    « L’impact négatif de l’usage du smartphone s’exprime avec clarté sur la réussite scolaire : plus la consommation augmente, plus les résultats chutent. »

    Y compris en « filières d’excellence. Les études de médecine en offrent une bonne illustration. En France, le concours d’entrée admet, en moyenne, 18 candidats sur 100. À ce niveau d’exigence le smartphone devient rapidement un #handicap insurmontable. Prenez, par exemple, un étudiant non équipé qui se classerait 240e sur 2 000 et réussirait son concours. 2 h quotidiennes de smartphone le conduiraient à une 400e place éliminatoire. »

    Même chose s’agissant des réseaux sociaux : « Là encore, les résultats sont aussi cohérents qu’opiniâtrement négatifs. Plus les élèves (#adolescents et #étudiants principalement) consacrent de temps à ces outils, plus les performances scolaires s’étiolent. »

    Et les usages numériques à l’école : « En pratique, évidemment, personne ne conteste le fait que certains outils numériques peuvent faciliter le travail de l’élève. Ceux qui ont connu les temps anciens de la recherche scientifique, savent mieux que quiconque l’apport “technique” de la récente révolution digitale. Mais, justement, par définition, les outils et logiciels qui nous rendent la vie plus facile retirent de facto au cerveau une partie de ses substrats nourriciers. Plus nous abandonnons à la machine une part importante de nos activités cognitives et moins nos neurones trouvent matière à se structurer, s’organiser et se câbler. Dans ce contexte, il devient essentiel de séparer l’expert et l’apprenant au sens où ce qui est utile au premier peut s’avérer nocif pour le second. »

    « « Malgré des investissements considérables en ordinateurs, connexions internet et logiciels éducatifs, il y a peu de preuves solides montrant qu’un usage accru des ordinateurs par les élèves conduit à de meilleurs scores en #mathématiques et #lecture. » En parcourant le texte, on apprend que, après prise en compte des disparités économiques entre États & du niveau de performance initiale des élèves, “les pays qui ont moins investi dans l’introduction des ordinateurs à l’école ont progressé + vite, en moyenne, que les pays ayant investi davantage”. »

    Des chercheurs « se sont demandés si l’usage de logiciels éducatifs à l’école primaire (lecture, mathématiques) avait un effet sur la performance des élèves. Résultat : bien que tous les enseignants aient été formés à l’utilisation de ces logiciels, de manière satisfaisante selon leurs propres dires, aucune influence positive sur les élèves ne put être détectée. »

    « #Bill_Joy, cofondateur de #Sun_Microsystem et programmeur de génie, concluant comme suit une discussion sur les vertus pédagogiques du numérique : « Tout cela […] ressemble à une gigantesque perte de temps…

    .. Si j’étais en compétition avec les États-Unis, j’adorerais que les étudiants avec lesquels je suis en compétition passent leur temps avec ce genre de merde. »

    « L’introduction du #numérique dans les classes est avant tout une source de distraction pour les élèves. »

    « Dans une recherche réalisée à l’université du Vermont (États-Unis), pour un cours de 1 h 15, le temps volé par les activités distractives atteignait 42 %. »

    « Les résultats se révélèrent sans appel : tout dérivatif numérique (SMS, #réseaux_sociaux, #courriels, etc.) se traduit par une baisse significative du niveau de compréhension et de mémorisation des éléments présentés. »

    « De manière intéressante, une étude comparable avait précédemment montré que l’usage de l’ordinateur se révélait délétère même lorsqu’il servait à accéder à des contenus académiques liés à la leçon en cours. »

    « Bien sûr, ce qui est vrai pour l’#ordinateur l’est aussi pour le smartphone. Ainsi, dans un autre travail représentatif de la littérature existante, les auteurs ont établi que les étudiants qui échangeaient des SMS pendant un cours comprenaient et retenaient moins bien le contenu de ce dernier. Soumis à un test final, ils affichaient 60 % de bonnes réponses, contre 80 % pour les sujets d’un groupe contrôle non distrait. Une étude antérieure avait d’ailleurs indiqué qu’il n’était même pas nécessaire de répondre aux messages reçus pour être perturbé. Il suffit, pour altérer la prise d’information, qu’un #téléphone sonne dans la salle (ou vibre dans notre poche). »

    "Pourquoi une telle frénésie ? Pourquoi une telle ardeur à vouloir digitaliser le système scolaire, depuis la maternelle jusqu’à l’université, alors que les résultats s’affirment aussi peu convaincants ? [… Parce que] « si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement ». C’est exactement ce qui se passe avec l’actuelle numérisation du système scolaire. En effet, alors que les premieres études n’avaient globalement montré aucune influence probante de cette dernière sur la réussite des élèves, les données les plus récentes, issues notamment du #programme_PISA, révèlent un fort impact négatif. Curieusement, rien n’est fait pour stopper ou ralentir le processus, bien au contraire. Il n’existe qu’une explication rationnelle à cette absurdité. Elle est d’ordre économique : en substituant, de manière plus ou moins partielle, le numérique à l’humain il est possible, à terme, d’envisager une belle réduction des coûts d’enseignement. […] "« Le monde ne possède qu’une fraction des enseignants dont il a besoin ». Car le cœur du problème est bien là. Avec la massification de l’enseignement, trouver des professeurs qualifiés se révèle de plus en plus compliqué, surtout si l’on considère les questions de rémunération. Pour résoudre l’équation, difficile d’envisager meilleure solution que la fameuse « révolution numérique ». […] Le « professeur » devient alors une sorte de passe-plat anthropomorphe dont l’activité se résume, pour l’essentiel, à indiquer aux élèves leur programme numérique quotidien tout en s’assurant que nos braves digital natives restent à peu près tranquilles sur leurs sièges. Il est évidemment facile de continuer à nommer « enseignants » de simples « gardes-chiourmes 2.0 », sous-qualifiés et sous-payés ; et ce faisant, d’abaisser les coûts de fonctionnement sans risquer une révolution parentale. […] [en Floride], les autorités administratives se sont révélées incapables de recruter suffisamment d’enseignants pour répondre à une contrainte législative limitant le nombre d’élèves par classe (vingt-cinq au #lycée). Elles ont donc décidé de créer des classes digitales, sans professeurs. Ds ce cadre, les élèves apprennent seuls, face à un ordinateur, avec pour unique support humain un « facilitateur » dont le rôle se limite à régler les petits problèmes techniques et à s’assurer que les élèves travaillent effectivement. Une approche « criminelle » selon un enseignant, mais une approche « nécessaire » aux dires des autorités scolaires. […] 95 % du budget de l’Éducation nationale passe en salaires ! »

    Conclusion :

    1) « Plus les élèves regardent la télévision, plus ils jouent aux jeux vidéo, plus ils utilisent leur smartphone, plus ils sont actifs sur les réseaux sociaux & plus leurs notes s’effondrent. Même l’ordinateur domestique, dont on nous vante sans fin la puissance éducative, n’exerce aucune action positive sur la performance scolaire.

    2) Plus les États investissent dans les « technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement » (les fameuses TICE), plus la performance des élèves chute. En parallèle, plus les élèves passent de temps avec ces technologies et plus leurs notes baissent.

    3) le numérique est avant tout un moyen de résorber l’ampleur des dépenses éducatives. […]

    4) Pour faire passer la pilule et éviter les fureurs parentales, il faut habiller l’affaire d’un élégant verbiage pédagogiste. Il faut transformer le cautère digital en une « révolution éducative », un « tsunami didactique » réalisé, évidemment, aux seuls profits des élèves. Il faut camoufler la paupérisation intellectuelle du corps enseignant et encenser la mutation des vieux dinosaures prédigitaux en pétillants (au choix !) guides, médiateurs, facilitateurs, metteurs en scène ou passeurs de savoir. Il faut masquer l’impact catastrophique de cette « révolution » sur la perpétuation et le creusement des inégalités sociales. Enfin, il faut éluder la réalité des usages essentiellement distractifs que les élèves font de ces outils. »

    « Si l’usage des écrans affecte aussi lourdement la réussite scolaire, c évidemment parce que leur action s’étend bien au-delà de la simple sphère académique. Les notes sont alors le symptôme d’une meurtrissure + large, aveuglément infligée aux piliers cardinaux de notre dévéloppement. Ce qui est ici frappé, c’est l’essence même de l’édifice humain en développement : langage + #concentration + #mémoire + QI + #sociabilité + #contrôle_des_émotions. Une agression silencieuse menée sans états d’âme ni tempérance, pr le profit de qqs-uns au détriment de presque tous. »

    « Le #cerveau_humain s’avère, quel que soit son âge, bien moins sensible à une représentation vidéo qu’à une présence humaine effective. C’est pr cette raison, notamment, que la puissance pédagogique d’un être de chair et d’os surpasse aussi irrévocablement celle de la machine. »

    « Pr favoriser le développement d’un enfant, mieux vaut accorder du tps aux interactions humaines : [...] l’une des méthodes les + efficaces pr améliorer le dév. de l’enfant passe par les interactions de haute qualité entre l’adulte et l’enfant, sans la distraction des écrans. »

    « Le temps total d’interaction volé par 60 mn quotidiennes de télé sur les 12 premières années de vie d’un enfant s’élève à 2 500 heures. Cela représente 156 journées de veille, presque 3 années scolaires et 18 mois d’emploi salarié à temps complet...

    .. Pas vraiment une paille, surtout si l’on rapporte ces données à des consommations non plus de une, mais de 2 ou 3 heures quotidiennes. Et, à ce désastre, il faut encore ajouter l’altération relationnelle engendrée par les expositions d’arrière-plan. »

    « La consommation d’écrans interfère fortement avec le développement du langage. Par ex., chez des enfants de 18 mois, il a été montré que chaque 1/2 h quotidienne supplémentaire passée avec un appareil mobile multipliait par 2,5 la probabilité d’observer des retards de langage. De la même manière, chez des enfants de 24 à 30 mois, il a été rapporté que le risque de #déficit_langagier augmentait proportionnellement à la durée d’exposition télévisuelle. Ainsi, par rapport aux petits consommateurs (moins de 1 heure par jour), les usagers modérés (1 à 2 heures par jour), moyens (2 à 3 heures par jour) et importants (plus de 3 heures par jour) multipliaient leur probabilité de retard dans l’acquisition du langage respectivement par 1,45, 2,75 et 3,05. [...] Le risque de déficit était quadruplé, chez des enfants de 15 à 48 mois, qd la consommation dépassait 2 h quotidiennes. Ce quadruplement se transformait même en sextuplement lorsque ces enfants avaient été initiés aux joies du petit écran avant 12 mois (sans considération de durée). »

    Plus augmente la consommation d’écrans et plus l’#intelligence_langagière diminue. « Notons que le lien alors identifié était comparable, par son ampleur, à l’association observée entre niveau d’intoxication au plomb (un puissant perturbateur endocrinien) et QI verbal [...] si vous détestez [le] marmot de vos horribles voisins & que vous rêvez de lui pourrir la vie [...], inutile de mettre du plomb ds sa gourde. Offrez-lui plutôt une télé/tablette/console de jeux. L’impact cognitif sera tout aussi dévastateur pr un risque judiciaire nul. »

    « Le jour où l’on substituera le numérique à l’humain, ce n’est plus 30 mois (comme actuellement) mais 10 ans qu’il faudra à nos enfants pour atteindre un volume lexical de 750 à 1 000 mots. »

    « Au-delà d’un socle fondamental, oralement construit au cours des premiers âges de la vie, c’est dans les livres et seulement dans les livres que l’enfant va pouvoir enrichir et développer pleinement son langage. »

    .. [...] « Chaque heure quotidienne de jeux vidéo entraînait un affaissement de 30 % du temps passé à lire seul. Des éléments qui expliquent, au moins pour partie, l’impact négatif des écrans récréatifs sur l’acquisition du code écrit ; impact qui compromet lui-même, en retour le déploiement du langage. Tout est alors en place pr que se développe une boucle pernicieuse auto-entretenue : comme il est moins confronté à l’écrit, l’enfant a + de mal à apprendre à lire ; comme il a + de mal à lire, il a tendance à éviter l’écrit et donc à lire moins ; comme il lit moins, ses compétences langagières ne se développent pas au niveau escompté et il a de plus en plus de mal à affronter les attendus de son âge. Remarquable illustration du célèbre "#effet_Matthieu". »

    Attention – « Chaque heure quotidienne passée devant le petit écran lorsque l’enfant était à l’école primaire augmente de presque 50 % la probabilité d’apparition de troubles majeurs de l’attention au collège. Un résultat identique fut rapporté dans un travail subséquent montrant que le fait de passer quotidiennement entre 1 et 3 heures devant la télévision à 14 ans multipliait par 1,4 le risque d’observer des difficultés attentionnelles à 16 ans. Au-delà de 3 heures, on atteignait un quasi-triplement. Des chiffres inquiétants au regard d’un résultat complémentaire montrant que l’existence de troubles de l’attention à 16 ans quadruplait presque le risque d’échec scolaire à 22 ans. »

    Un travail « du service marketing de #Microsoft, curieusement rendu public, [explique] que les capacités d’attention de notre belle humanité n’ont cessé de se dégrader depuis 15 ans [pour atteindre] aujourd’hui un plus bas historique : inférieures à celles du… poisson rouge. Cette altération serait directement liée au développement des technologies numériques. Ainsi, selon les termes du document, "les modes de vie digitaux affectent la capacité à rester concentré sur des périodes de temps prolongées". »

    « Sean Parker, ancien président de Facebook, admettait d’ailleurs que les réseaux sociaux avaient été pensés, en toute lucidité, pour "exploiter une vulnérabilité de la psychologie humaine". Pour notre homme, "le truc qui motive les gens qui ont créé ces réseaux c’est : “Comment consommer le maximum de votre temps et de vos capacités d’attention” ?" Ds ce contexte, pour vous garder captif, "il faut vous libérer un peu de dopamine, de façon suffisamment régulière. D’où le like ou le commentaire que vous recevez sur une photo, une publication. Cela va vous pousser à contribuer de plus en plus et donc à recevoir de plus en plus de commentaires et de likes, etc. C’est une forme de boucle sans fin de jugement par le nombre". Un discours que l’on retrouve quasiment mot pour mot chez Chamath Palihapitiya, ancien vice-président de Facebook (questions de croissance & d’audience). La conclusion de ce cadre repenti (qui déclare se sentir "immensément coupable") est sans appel : "Je peux contrôler ce que font mes enfants, et ils ne sont pas autorisés à utiliser cette merde !" »

    Conclusion – « Les écrans sapent les trois piliers les plus essentiels du développement de l’enfant.
    – 1) les interactions humaines. [...] Pour le développement, l’écran est une fournaise quand l’humain est une forge.

    – 2) le langage. [...] en altérant le volume et la qualité des échanges verbaux précoces. Ensuite, en entravant l’entrée dans le monde de l’écrit.

    – 3) la concentration. [...] Ds qqs dizaines ou centaines de milliers d’années, les choses auront peut-être changé, si notre brillante espèce n’a pas, d’ici là, disparu de la planète. En attendant, c’est à un véritable #saccage_intellectuel que nous sommes en train d’assister. »
    « La liste des champs touchés paraît sans fin : #obésité, #comportement_alimentaire (#anorexie/#boulimie), #tabagisme, #alcoolisme, #toxicomanie, #violence, #sexualité non protégée, dépression, sédentarité, etc. [...] : les écrans sont parmi les pires faiseurs de maladies de notre temps »

    Manque de sommeil : « c’est l’intégrité de l’individu tout entier qui se trouve ébranlée dans ses dimensions cognitives, émotionnelles et sanitaires les plus cardinales. Au fond, le message porté par l’énorme champ de recherches disponible sur le sujet peut se résumer de manière assez simple : un humain (enfant, adolescent ou adulte) qui ne dort pas bien et/ou pas assez ne peut fonctionner correctement. »
    « Le sommeil est la clé de voûte de notre intégrité émotionnelle, sanitaire et cognitive. C’est particulièrement vrai chez l’enfant et l’adolescent, lorsque le corps et le cerveau se développent activement. »

    Il est possible d’améliorer (ou de dégrader) « très significativement [le fonctionnement de l’individu] en allongeant (ou en raccourcissant) de 30 à 60 mn les nuits de notre progéniture. »

    « L’organisme peut se passer d’#Instagram, #Facebook, #Netflix ou GTA ; il ne peut pas se priver d’un sommeil optimal, ou tt du moins pas sans csquences majeures. Perturber une fonction aussi vitale pr satisfaire des distractions à ce point subalternes relève de la folie furieuse. »

    « Aux États-Unis, l’#espérance_de_vie augmenterait de presque un an et demi si la consommation télévisuelle moyenne passait sous la barre des 2 h quotidiennes. Un résultat comparable fut rapporté par une équipe australienne, mais à rebours. Les auteurs montrèrent en effet que la sédentarité télévisuelle amputait de quasiment deux ans l’espérance de vie des habitants de ce pays. Formulé différemment, cela veut dire "[qu’]en moyenne, chaque heure passée à regarder la télévision après 25 ans réduit l’espérance de vie du spectateur de 21,8 mn". En d’autres termes, publicité comprise, chaque épisode de Mad Men, Dr House ou Game of Thrones enlève presque 22 minutes à votre existence. »

    Conclusion | « La consommation d’#écran_récréatif a un impact très négatif sur la santé de nos enfants et adolescents. Trois leviers se révèlent alors particulièrement délétères.
    – 1) les écrans affectent lourdement le sommeil – pilier essentiel, pour ne pas dire vital, du développement.

    – 2) Les écrans augmentent fortement le degré de sédentarité tt en diminuant significativement le niveau d’#activité_physique. Or, pr évoluer de manière optimale et pour rester en bonne santé, l’organisme a besoin d’être abondamment & activement sollicité. Rester assis nous tue !

    – 3) Les contenus dits « à risque » (sexuels, tabagiques, alcooliques, alimentaires, violents, etc.) saturent l’espace numérique. Aucun support n’est épargné. Or, pour l’enfant et l’adolescent, ces contenus sont d’importants prescripteurs de normes (souvent inconsciemment). »

    « Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle. 
    7 règles essentielles :

    1) AVANT 6 ANS, pas d’écrans (du tout)
    2) APRÈS 6 ANS, pas + de 30 mn à 1 h par jour (tout compris)
    3) pas dans la chambre
    4) pas de contenus inadaptés
    5) pas le matin avant l’école
    6) pas le soir avant de dormir
    7) une chose à la fois.

    #éducation_nationale

  • La Chine prise au piège de l’épidémie de Covid
    par Simon Leplâtre
    Le Monde, mardi 27 décembre 2022 1564 mots, p. 2

    Alors que la circulation du virus est massive, Pékin a décidé de ne plus divulguer le nombre de décès et de cas

    Shanghaï - correspondance - Après trois ans passés à contrôler la vie des gens étroitement, à présenter le Covid-19 comme une menace mortelle et à se moquer du « chaos » qui régnait aux États-Unis, la propagande chinoise peine à trouver le ton à l’heure de l’ouverture.

    Le 7 décembre, Pékin a prononcé la fin de sa politique zéro Covid : plus de tests généralisés, plus de centres d’isolement pour les malades, plus de confinement pour des villes entières. Plus de décompte quotidien du nombre de personnes infectées non plus,ni de celui du nombre de décès dus au Covid-19 : dimanche 25 décembre, la Commission nationale de la santé a annoncé mettre fin à la publication de ces chiffres après avoir admis qu’il était « impossible » de continuer à mesurer l’évolution de l’épidémie puisque les tests n’étaient plus obligatoires.

    Dans ces conditions, le coronavirus se diffuse à une vitesse exceptionnelle, créant une première vague ressemblant plus à un tsunami dans une population qui n’avait jamais connu le Covid-19 jusqu’ici. Comme ailleurs, les hôpitaux commencent à saturer et les crématoriums tournent à plein. Mais cette situation nouvelle est plus difficile à défendre pour un régime qui a fait du faible nombre de victimes durant ces dernières années une source de légitimité, même si cette politique coûtait cher à une grande partie de la population, privée de liberté.

    L’un des symboles de ce virage à 180 degrés dans la communication officielle des autorités est l’un des nouveaux slogans en vogue : « Chaque personne est individuellement la première responsable de sa santé. »

    Le message est apparu la première fois dans une lettre envoyée aux citoyens de la ville de Shijiazhuang, la capitale du Hebei, au sud de Pékin – une zone qui a abandonné les tests PCR obligatoires dès le 13 novembre, avant de revenir en arrière devant l’inquiétude des citoyens déboussolés. Le même message s’est affiché, le 1er décembre, sur le plus haut gratte-ciel de Canton, la capitale du Guangdong, l’une des premières villes de Chine à relâcher les contrôles face au Covid-19. Depuis, il est repris partout, affiché sur des banderoles en sinogrammes jaunes sur fond rouge, et réaffirmé par les autorités, accompagnant par exemple un communiqué conseillant aux étudiants de faire de l’exercice pour renforcer leur système immunitaire.

    Quelques semaines plus tôt, à la mi-novembre, une série d’éditoriaux parus dans le très officiel Quotidien du peuple appelaient encore à « résolument appliquer la politique zéro Covid » . L’Etat, qui s’immisçait jusque dans l’intimité des Chinois sans leur laisser le choix, pour « les protéger » d’une menace sans cesse amplifiée par la propagande, conseille aujourd’hui à sa population de se débrouiller.

    Le message passe mal. « Ils ont ouvert le pays vraiment du jour au lendemain, sans la moindre préparation, sans formation pour le personnel, sans prévoir assez de médicaments. Et sans préparer la population pour lutter contre la peur que les gens ont du virus, après l’avoir diabolisé pendant trois ans », juge M. Zhang, un Pékinois de 49 ans dont la mère est morte du Covid-19 ; un premier établissement, saturé, avait refusé de la prendre en charge, perdant ainsi de précieuses heures avant qu’elle puisse avoir accès à des soins . « Tout ça pour ça : ils auraient dû arrêter avec le zéro Covid au printemps. Je ne vois pas à quoi leur ont servi ces huit mois de politique zéro Covid en plus » , soupire M. Zhang.

    « Les gens se terrent chez eux »

    Face à ce retournement complet de politique, la propagande semble avoir du mal à suivre : vendredi 23 décembre, un article de presse a diffusé le résumé d’une réunion de la Commission nationale de la santé qui avait eu lieu le 21 décembre, estimant le nombre d’infections quotidiennes à 37 millions. Mais l’article a été rapidement supprimé.

    Signe que la propagande ne s’est pas mise en ordre de bataille, des articles critiques émergent dans certains médias osant faire preuve d’indépendance. Le 21 décembre, le média Guancha (« L’Observateur ») a ainsi publié un article intitulé « Quelle est vraiment l’expérience des soignants en première ligne ? ». Il décrit la situation d’un hôpital du Henan, une province pauvre du centre du pays, qui manque d’appareils à oxygène, ou encore celle d’étudiants en médecine à Pékin forcés de travailler alors qu’ils ont contracté le Covid-19.

    Dans le même temps, la télévision nationale, CCTV, diffuse avec insistance des histoires positives et montre des pharmacies bien approvisionnées. Le 22 décembre, au journal télévisé du soir, le sujet concernant la réponse apportée au Covid-19 a moins d’importance que ceux qui traitent des récoltes abondantes de pommes inspectées par le dirigeant, Xi Jinping, ou de la guerre en Ukraine, essentiellement couverte du point de vue russe. On y apprend que « le personnel médical maintient fermement la ligne, protégeant la santé des masses » . « Cela donne l’impression que les médias d’Etat n’ont pas encore défini un grand discours pour légitimer ce changement radical et soudain. Je pense qu’eux aussi ont été pris par surprise » , commente Fang Kecheng, maître de conférences en journalisme à l’université chinoise de Hongkong.

    Ce flottement dans le discours officiel le rend inopérant. « Les médias chinois ne couvrent que les bonnes nouvelles, jamais les mauvaises. Ils n’admettront jamais avoir commis des erreurs. Mais les gens ne sont pas idiots, personne ne croit à la propagande, ils mentent tout le temps », commente, amer, M. Shi, un chauffeur de VTC à Shanghaï.

    Originaire du Liaoning, une province pauvre du Nord-Est, il est venu à Shanghaï cinq ans plus tôt pour trouver du travail. Son activité a souffert des années de confinement . « Ce virus est incontrôlable et on aurait dû ouvrir le pays bien plus tôt. Enfin si, on peut le contrôler, mais les conséquences, c’est que les gens sont pauvres, qu’ils ne peuvent plus rembourser leurs dettes et que le pays est paralysé : on risquait la crise économique et l’insurrection. »

    Il se désole aujourd’hui de voir Shanghaï encore plus vide depuis la fin des restrictions. « Les gens se terrent chez eux. Shanghaï est censée être une ville internationale, la ville la plus développée de Chine, et regardez ce qu’elle est devenue » , dit-il en montrant les rues vides, d’un coup de menton.

    Justifications

    Si la propagande n’a pas encore établi de stratégie convaincante, certaines constantes ne manquent pas. Comme le fait de cacher le nombre de victimes lors des catastrophes. Après avoir moqué rageusement le bilan humain américain, les médias chinois ne se risquent pas à évoquer celui de la vague actuelle, alors que les crématoriums sont saturés.

    Difficile à avaler pour les proches de victimes : « C’est incroyable : officiellement, hier [le 21 décembre], il y a eu six morts dans tout Pékin, mais dans la salle des urgences où était ma mère il y avait déjà cinq ou six morts, témoigne encore M. Zhang. Et au funérarium, ils m’ont dit que depuis qu’ils ont ouvert, en 1996, ils n’ont jamais eu plus de quinze corps par jour. Ma mère était le trente-sixième corps de la journée et ils en avaient encore une douzaine à brûler. »

    Face à l’incrédulité de la population, les autorités sanitaires ont dû se justifier : « Les personnes âgées ont souvent des maladies sous-jacentes. Seul un très petit nombre meurent directement d’une insuffisance respiratoire provoquée par le Covid » , a expliqué, le 20 décembre, Wang Guiqiang, de l’hôpital numéro 1 de l’université de Pékin, lors d’une conférence de presse de la Commission nationale de la santé.L’annonce du 25 décembre met fin à cette divergence qui tournait au ridicule : la Chine assume désormais de cacher le bilan du Covid-19.

    Les experts de la santé en prennent d’ailleurs pour leur grade. Zhong Nanshan, pneumologue chinois de renom et l’un des visages officiels de la lutte contre le virus, est critiqué par certains internautes pour ses retournements de veste. Ils comparent ses déclarations d’il y a quelques mois défendant la stratégie du zéro Covid, sans laquell e « beaucoup de vies seraient perdues » – comme il le déclarait, par exemple en avril –, avec ce qu’il affirmait le 15 décembre au sujet du taux de mortalité d’Omicron, à savoir qu’il ne dépasserait pas celui de la grippe saisonnière. Le médecin défend, dans le même discours, un changement d’appellation, passant de « nouvelle pneumonie corona » à « nouveau rhume corona » .

    De rares experts, comme Zhang Wenhong, qui a dirigé la réponse à l’épidémie à Shanghaï et qui est connu pour son franc-parler, trouvent grâce aux yeux des internautes en colère. Ses critiques occasionnelles des excès de la stratégie zéro Covid et ses appels à apprendre à vivre avec le virus lui avaient valu de nombreuses attaques en ligne, y compris des accusations de plagiat, pour lesquelles il a été blanchi. « Le docteur Zhang Wenhong est l’un des rares experts médicaux à avoir défendu la vérité, respecté la science, et tenu le même discours depuis trois ans. Maintenant que les faits lui donnent raison, beaucoup de gens lui doivent des excuses », écrit un utilisateur sur le réseau social Weibo.

    • C’est hallucinant tout court.

      "La Chine" prise au piège de l’épidémie de Covid ... Et sa population prise au piège du #libertarianisme occidental.

      « Chaque personne est individuellement la première responsable de sa santé. »
      Le message est apparu la première fois dans une lettre envoyée aux citoyens de la ville de Shijiazhuang, la capitale du Hebei, au sud de Pékin – une zone qui a abandonné les tests PCR obligatoires dès le 13 novembre, avant de revenir en arrière devant l’inquiétude des citoyens déboussolés. Le même message s’est affiché, le 1er décembre, sur le plus haut gratte-ciel de Canton, la capitale du Guangdong, l’une des premières villes de Chine à relâcher les contrôles face au Covid-19. Depuis, il est repris partout, affiché sur des banderoles en sinogrammes jaunes sur fond rouge, et réaffirmé par les autorités, accompagnant par exemple un communiqué conseillant aux étudiants de faire de l’exercice pour renforcer leur système immunitaire.

      « Le meilleur moyen de les aider (nos soignants, NDLR) et de soulager l’hôpital c’est de ne pas tomber malade »... disait Jean Castex un certain samedi 24 octobre 2020.

      La dictature (du prolétariat) malade de notre #individualisme ?

      N’empêche que l’article est sacrément vachard en ce sens qu’il blâme "la Chine" qui avait blâmé les États-Unis. Les autorités chinoises auront beau jeu de se défendre en disant : "C’est vous qui avez commencé".

      Non mais, on en est où, là ? En tout cas, les autorités chinoises, elles, sont vraiment à l’Ouest ...

    • Salut @monolecte . Juste pour rebondir sur cette phrase de l’article :

      L’un des symboles de ce virage à 180 degrés dans la communication officielle des autorités est l’un des nouveaux slogans en vogue : « Chaque personne est individuellement la première responsable de sa santé. »

      . Cela correspond exactement au mot « autoresponsable » que j’évoquais il y a quelques temps. Ce mot est apparu sur un site nommé anijob (réseau de particuliers à l’échelle européenne) au moment de la campagne de vaccination obligatoire. Le slogan était celui-ci :"sans test-sans vaccin-autoresponsable". Sur le moment je me demandais si la vision du monde contenue dans ce mot allait s’étendre ou bien si l’emploi de ce mot était seulement fortuit et passager. Malheureusement, le terme « autoresponsable » n’est pas anodin puisqu’i cristallise la vision libérale/libertarienne des biens collectifs (ici, la santé) ? La sélction naturelle (le règne des plus aptes au détriment des vulnérables), destruction de la protection médicale telle que conçue d’après les acquis sociaux français. Je ne suis pas habitué des réseaux, je poste très peu alors désolé pour la maladresse s’il y en a.

    • Sur l’autoresponsabilité, je tombe sur un papier de Ouest-France du 4 avril 2020 qui qualifie ainsi la stratégie de la Suède de refuser le VRAI confinement  :

      La Suède, la stratégie de l’autoresponsabilité

      Loin de son voisin le Danemark, qui a limité les rassemblements à dix personnes maximum, le gouvernement suédois a choisi la stratégie de l’autoresponsabilité. « Les autorités de santé publique et les politiciens espèrent toujours ralentir la propagation du virus sans avoir besoin de mesures draconiennes », apprend-on sur le site internet de la BBC.

      a déclaré le Premier ministre Stefan Löfven lors d’une allocution télévisée le week-end du 28 et 29 mars.

      a-t-il ajouté.

      Comme la confiance dans les autorités publiques est élevée en Suède, cela pousserait les habitants à adhérer aux directives. La démographie expliquerait également ce choix :

      Les responsables politiques ont également assumé qu’ils souhaitaient garder les habitants en bonne santé physique et mentale, une autre raison pour laquelle ils souhaitent éviter les règles qui garderaient les gens enfermés chez eux. Une stratégie populaire aussi bien parmi la population qu’au sein des entreprises.

    • Dans le Libé du 23 mars 2020

      « Couvre-feu : le terme rappelle des périodes plus sombres, admet le députe LREM des Alpes-Maritimes Cédric Roussel. Il n’y a pas de polémique à avoir. Aujourd’hui, très clairement, ma position c’est l’unité et la réactivité. Moi qui ne sors pas, quand je vois qu’on est cités en contre-exemple avec les personnes qui se baladent sur la promenade des Anglais… Il faut faire preuve de civisme. Après le temps de l’autoresponsabilité nécessaire vient le temps de la sanction. Il serait même souhaitable d’avoir une vision plus large, au niveau des bassins de vie. »

    • @sombre , @monolecte , merci pour vos commentaires. Le terme autoresponsabilité aussi n’est pas à négliger, c’est vrai.
      En fait, je pense qu’il faut faire une différence (d’usage) entre autoresponsabilité et autoresponsable. Pour répondre à @sombre , j’ai vu le terme « auto-responsable » pour la première fois sur le site de la plateforme Animap dans sa section dédiée aux emplois pour les personnes non testées, non vaccinées, etc. https://jobs.animap.fr. C’est assez particulier. L’autoresponsabilité peut être interprétée comme une manière non contrainte de prendre ses responsabilités vis à vis des autres. On est pas loin de la notion d’autogestion ou de self-government, notions qui ne connotent pas vraiment l’absence de solidarité.
      D’après moi, le terme auto-responsable fonctionne différemment, surtout dans le contexte du site mentionné plus haut : il s"agit finalement de récuser l’idée d’une protection sociale partagée et où chacun peut être responsable des autres (l’idée de l’union qui fait la force). Le terme renvoie alors à l’autonomie libertarienne. Quand on voit le langage startup utilisé sur le site, on est dans la même idée.
      Ce qui peut interpeller aussi c’est la contradiction dans le terme lui-même : comment être auto-responsable puisqu’il faut toujours autrui pour conférer/reconnaitre une responsabilité, ainsi, sans les autres, pas de responsabilité possible.
      C’est pourquoi j’ai vu dans l’emploi de ce mot, une mentalité qui consiste à nier sa responsabilité vis à vis d’autrui au nom de la liberté. Une mentalité anti-étatique séduisante mais fondée sur la désolidarisation d’avec ses semblables. Quelque-chose d’anti-social au sens fondamental. Bon je m’étends un peu trop, le langage me passionne alors ... désolé pour ce long post. Je travaille sur une recherche plus poussée autour de ce terme. À mon avis le mieux est de voir le mot dans son contexte avec le langage startup et l’exploitation qui va avec, ce sera peut-être plus parlant.

    • @bouvreuil : je rejoins les développements que tu proposes dans ton analyse. Ce concept (d’auto-responsabilité) semblerait issu du monde du #coaching et du #self_help, plus globalement du langage managérial. On est « autoresponsable » comme on est « entrepreneur de sa vie », ce qui a abouti (avec Sarkozy) au statut « d’#auto-entrepreneur ». Nous sommes confronté·es à un mythe initié par la #psychologie_positive états-unienne.
      Ma conclusion (un peu à l’arrache) : Le libertarien s’arrête lorsqu’il rencontre un type qui dégaine son « gun » plus vite que lui...

      Et merci pour la source :-)

  • Le Business du bonheur

    De la légendaire Lise Bourbeau à la reine du rangement Marie Kondo, en passant par la star du développement personnel Tony Robbins, le bonheur est une industrie qui fait des millionnaires. C’est aussi une idéologie : le culte de l’optimisme, de la résilience et de la performance individuelle. Mais alors que la consommation d’antidépresseurs ne cesse d’augmenter et que les burn-out se multiplient dans nos sociétés, que cache cette obsession contemporaine pour le bonheur ?

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/66144
    #film #documentaire #film_documentaire
    #développement_personnel #management #positivité #bonheur #psychologie_positive #choix #marché #coaching #individualisme #science_du_bonheur #Martin_Seligman #psychanalyse #Freud #thérapie_comportementale #optimisme #pessimisme #espoir #forces_Clifton #Don_Clifton #leadership #volontarisme #self-help #protestantisme #la_recherche_du_bonheur #recherche_du_bonheur #self-made_man #méritocratie #responsabilité_individuelle #inégalités #agency (#pouvoir_d'agir) #USA #Etats-Unis #libéralisme #éducation_positive #émotions #psychologie_sociale #team-building #cache-misère #travail #chief_happiness_officer #volonté #convivialité #docilité #happiness_economics #Richard_Layard #center_of_economic_performance (#CED) #bien-être_individuel #David_Cameron #programmes_d'activation_comportementale #chômage #rapport_Stiglitz #Gallup #adaptation #privatisation_de_la_souffrance

  • Innenministerium : Internes Papier empfiehlt, den Deutschen Angst zu machen
    https://m.focus.de/politik/deutschland/aus-dem-innenministerium-wie-sag-ichs-den-leuten-internes-papier-empfiehlt-d

    Au début de l’épidémie COVID le gouvernement allemand définit une stratégie de la peur pour briser toute opposition aux mesures à imposer à la population du pays. On y découvre l’origine des dénonciations fanatiques et sans justification objective de toute critique de la ligne politique du gouvernement. Ce fut un succès total, les fomes de discussions dans le discours publique ont depuis cédé la place aux confessions moralisatrices, qui forment aujourd’hui le discours officiel autour des événements en Ukraine. Ce changement concerne pourtant tous les sujets.

    Vu d’une perspective anticapitaliste ce procédé n’a vu qu’une généralisation radicale. Depuis le remplacement du régime nazi par des gouvernements libéraux anticommunistes chrétiens et socialdémocrates chaque opinion critique hors canon officiel est punie par des sanctions allant du #Berufsverbot jusqu’aux peines de prison pour ceux défendant des idées considérées comme dangereuses pour le système d’exploitation capitaliste.

    Là on risque déjà son existence si on ose critiquer publiquement la ligne politique du gouvernement sur base de réflexions favorisant la paix à la place de l’armement. Le privilège de persécution n’est plus réservé aux seuls communistes et autres anarchistes ennemis d’état.

    L’implémentation de tels changements ne prend pas les mêmes formes comme dans les états davantage autoritaires. En démocratie on applique la devise de Mao qui dit « éduques tous en punissant un seul ». Tant que ton discours critique ne s’entendra pas trop fort on te laissera tranquille. Par contre dès que ton discours prend du poids dans la perception publique on trouvera un prétexte pour te ruiner ou punir afin de faire peur aux révoltés moins courageux. Julian Assange est la victime exemplaire de cette tactique.

    Samstag, 11.4.2020 | 10:14 von Florian Reiter - „Wie bekommen wir Corona in den Griff?“ Internes Papier aus Innenministerium empfahl, den Deutschen Corona-Angst zu machen

    Zwölftausend Tote – im günstigsten Fall: Ein internes Papier aus dem Bundesinnenministerium zur Eindämmung der Corona-Krise sorgte Ende März für Wirbel. Darin sprechen sich die Autoren unter anderem für flächendeckende Tests der Bevölkerung nach dem Vorbild Südkoreas aus. Doch erst jetzt kommt heraus: Das Papier empfiehlt auch drastische Maßnahmen zur Krisenkommunikation.

    Es sind schockierende Zahlen, die der interne Bericht „Wie wir Covid-19 unter Kontrolle bekommen“ durchspielt: 70 Prozent der Deutschen könnten sich mit dem Coronavirus infizieren, mehr als eine Million Bürger könnten sterben, wenn eine „massive Überlastung des Gesundheitssystems“ nicht durch entschlossenes Eingreifen vermieden wird. Das Geheimpapier aus dem Bundesinnenministerium, das vom 22. März datiert, sorgte aber auch aus einem anderen Grund für Aufmerksamkeit; weil es sich für flächendeckende Massentests nach dem Vorbild Südkoreas aussprach. „Ein der Lage angemessenes und schrittweises Eingreifen in wirtschaftliche und gesellschaftliche Abläufe wird dadurch erst ermöglicht (...)“, heißt es in dem Text.

    Bereits Ende März geisterte das Papier mit seinen erschreckenden Zahlen und seinen weitreichenden Handlungsempfehlungen erstmals durch die Medien, der „Spiegel“, die „Süddeutsche Zeitung“ sowie WDR und NDR hatten unter anderem darüber berichtet. Kritik hatte der Bericht damals vor allem deshalb auf sich gezogen, weil er inhaltlich teilweise Bezug auf einen Blogbeitrag im Internet nahm, dessen Inhalt von Experten nicht geteilt wird. Ministeriumssprecher Steve Alter erklärte Ende März, das Papier solle darstellen, wie sich die aktuelle Situation auf die innere Sicherheit auswirken könnte, „welche unterschiedlichen Verläufe sind hier denkbar“.

    „Das Verschweigen des Worst Case ist keine Option“

    Das Innenministerium hatte sich geweigert, das Papier auf Grundlage des Presserechts und des Informationsfreiheitsgesetzes für andere Medien verfügbar zu machen: Das Dokument sei „Verschlusssache“ und „nur für den Dienstgebrauch“. Jetzt hat das gemeinnützige Portal „Frag den Staat“ das vollständige, 17 Seiten lange Papier veröffentlicht. Und es stellt sich heraus: Das Papier befasste sich nicht nur mit der Frage, wie die Pandemie am besten einzudämmen ist. Die Autoren beschäftigten sich auch mit Kommunikationsstrategien. Wie vermittle ich den Menschen den Ernst der Lage? Und wie bewege ich sie zum Mitmachen, wenn es um Ausgangsbeschränkungen geht, um Restaurantschließungen und ums Homeoffice?

    Konkret sehen die Autoren des Textes zwei Gefahren: Einerseits einen Vertrauensverlust in die Institutionen, dem man durch größtmögliche Transparenz entgegenwirken müsse. Als Motto sei geboten: „Es kommt etwas sehr Bedrohliches auf uns zu, wir haben die Gefahr aber erkannt und handeln entschieden und überlegt“, heißt es in dem Papier. Und: „Um die gesellschaftlichen Durchhaltekräfte zu mobilisieren, ist das Verschweigen des Worst Case keine Option.“ Wer die Gefahr abwenden will, müsse sie kennen.

    Die Gedanken der „Vielen“

    Dass diese Gefahr in der Bevölkerung aber nicht ernstgenommen werden könnte – das ist die zweite Sorge der Autoren. Eine Fixierung auf die prozentual eher niedrige Sterblichkeitsrate könne dazu führen, dass der Ernst der Lage unterschätzt wird. An einer Stelle im Papier heißt es gar, „viele“ dächten sich dann „unbewusst und uneingestanden: ’Naja, so werden wir die Alten los, die unsere Wirtschaft nach unten ziehen, wir sind sowieso schon zu viele auf der Erde, und mit ein bisschen Glück erbe ich so schon ein bisschen früher’.“ Ein Beleg für diese These findet sich in dem Bericht nicht.

    Um der Bevölkerung den Ernst der Lage klarzumachen, empfehlen die Autoren drastische Maßnahmen. „Um die gewünschte Schockwirkung zu erzielen, müssen die konkreten Auswirkungen einer Durchseuchung auf die menschliche Gesellschaft verdeutlicht werden“, schreiben die Verfasser, und nennen gleich drei konkrete Beispielszenarien.
    „Das Ersticken ist für jeden Menschen eine Urangst“

    Erstens würden viele Schwerkranke von ihren Angehörigen „ins Krankenhaus gebracht, aber abgewiesen, und sterben qualvoll um Luft ringend zu Hause. Das Ersticken oder nicht genug Luft kriegen (sic) ist für jeden Menschen eine Urangst. Die Situation, in der man nichts tun kann, um in Lebensgefahr schwebenden Angehörigen zu helfen, ebenfalls.“

    Zweitens empfiehlt das Papier sogar, Kindern Angst zu machen. „Kinder werden sich leicht anstecken, selbst bei Ausgangsbeschränkungen, z.B. bei den Nachbarskindern“, heißt es in dem Text. „Wenn sie dann ihre Eltern anstecken, und einer davon qualvoll zu Hause stirbt und sie das Gefühl haben, Schuld daran zu sein, weil sie z.B. vergessen haben, sich nach dem Spielen die Hände zu waschen, ist es das Schrecklichste, was ein Kind je erleben kann.“

    Drittens schlagen die Autoren vor, an mögliche Langzeitschäden zu erinnern. „Auch wenn wir bisher nur Berichte über einzelne Fälle haben, zeichnen sie doch ein alarmierendes Bild“, heißt es in dem Bericht. „Selbst anscheinend Geheilte nach einem milden Verlauf können anscheinend jederzeit Rückfälle erleben, die dann ganz plötzlich tödlich enden, durch Herzinfarkt oder Lungenversagen, weil das Virus unbemerkt den Weg in die Lunge oder das Herz gefunden hat. Dies mögen Einzelfälle sein, werden aber ständig wie ein Damoklesschwert über denjenigen schweben, die einmal infiziert waren.“
    Die „1919 + 1929“-Formel

    Es sollte außerdem „historisch argumentiert werden“, schlagen die Autoren vor, nach der Formel: „2019 = 1919 + 1929“. Im Jahr 1919 verbreitete sich die Spanische Grippe aus den USA in die ganze Welt und tötete je nach Zählung zwischen 25 und 50 Millionen Menschen. Das Jahr 1929 ist wiederum das Jahr der berühmten Weltwirtschaftskrise, die unter anderem zum Aufstieg des Faschismus in Deutschland beigetragen hatte. Die Botschaft der Autoren: Die Corona-Pandemie wird so schlimm wie Spanische Grippe und Weltwirtschaftskrise zusammen, wenn es nicht gelingt, sie einzudämmen. Diese Formel werde „jedem einleuchten“, schreiben die Verfasser.

    Ob tatsächliche Experten für Kommunikation an dem Papier beteiligt waren, ist unklar. Das Innenministerium hat sich zur Identität der Urheber bislang nicht geäußert. Die „Frankfurter Allgemeine Zeitung“ (FAZ) berichtet, insgesamt habe eine „Gruppe von zehn Fachleuten“ an dem Papier gearbeitet. Namentlich erwähnt werden in der FAZ aber nur vier Autoren – allesamt Ökonomen.

    Wie viel Beachtung das Papier in Regierungszirkeln fand, ist ebenfalls nicht bekannt. Innenminister Horst Seehofer (CSU) sprach kürzlich in der „Bild“-Zeitung davon, es könne „Millionen Tote“ geben. Sonst überlässt Seehofer in der Öffentlichkeit allerdings Gesundheitsminister Jens Spahn und Bundeskanzlerin Angela Merkel (beide CDU) das Feld. Medienberichten zufolge sollen weder Merkel noch Spahn von dem Papier aus dem Innenministerium sonderlich begeistert gewesen sein. Merkel bevorzugt ohnehin einen anderen Ton: In ihren Ansprachen an die Nation appelliert die Bundeskanzlerin vor allem an die Verantwortung der Bürger.

    #Allemagne #propagande #idéologie #psychologie #covid-19 #coronavirus #Ukraine #guerre_psychologique #maladie

  • Pourquoi détruit-on la planète ? Les dangers des explications pseudo-neuroscientifiques

    Des chercheurs en neurosciences et sociologie mettent en garde contre la thèse, qu’ils jugent scientifiquement infondée, selon laquelle une de nos #structures_cérébrales nous conditionnerait à surconsommer.

    Selon Thierry Ripoll et Sébastien Bohler, les ravages écologiques liés à la surconsommation des ressources planétaires seraient dus aux #comportements_individuels déterminés par notre cerveau. Une structure, le striatum, piloterait par l’intermédiaire d’une #molécule_neurochimique, la #dopamine, le désir de toujours plus, sans autolimitation, indiquaient-ils récemment dans un entretien au Monde.

    (#paywall)
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/07/07/pourquoi-detruit-on-la-planete-les-dangers-des-explications-pseudo-scientifi

    –—

    Tribune longue :

    Dans un entretien croisé pour Le Monde, Thierry Ripoll et Sébastien Bohler présentent leur thèse commune, développée dans deux ouvrages récents et que Bohler avait résumée dans un ouvrage précédent sous le titre évocateur de « bug humain » : les ravages écologiques liés à la surconsommation des ressources planétaires seraient dus aux comportements individuels déterminés par la structure même du cerveau. Précisément, le dogme de la croissance viendrait du striatum. Selon lui, cette structure cérébrale piloterait par l’intermédiaire d’une molécule neurochimique, la dopamine, le désir de toujours plus, sans autolimitation. Ripoll reprend cette thèse à son compte, et il affirme que la décroissance économique, qu’il appelle de ses vœux pour limiter les catastrophes en cours, bute ainsi sur des limites psychobiologiques.

    Cette thèse est très forte et a des conséquences politiques très préoccupantes : la #nature_humaine, ou plus précisément notre #programmation_biologique, conditionnerait le champ des possibles concernant l’organisation socio-économique. Le modèle de croissance économique serait le seul compatible avec le #fonctionnement_cérébral humain. Cela disqualifie les projets politiques de #décroissance ou de stabilité basés sur la #délibération_démocratique. Cela déresponsabilise également les individus[i] : leur #comportement destructeur de l’#environnement n’est « pas de leur faute » mais « celle de leur #striatum ». Une conséquence logique peut être la nécessité de changer notre nature, ce qui évoque des perspectives transhumanistes, ou bien des mesures autoritaires pour contraindre à consommer moins, solution évoquée explicitement par les deux auteurs. Les neurosciences et la #psychologie_cognitive justifient-elles vraiment de telles perspectives ?

    Nous souhaitons ici solennellement informer les lectrices et les lecteurs de la totale absence de fondement scientifique de cette thèse, et les mettre en garde contre ses implications que nous jugeons dangereuses. Ce message s’adresse également à ces deux auteurs que nous estimons fourvoyés, sans préjuger de leur bonne foi. Nous ne doutons pas qu’ils soient sincèrement et fort justement préoccupés des désastres environnementaux mettant en danger les conditions d’une vie décente de l’humanité sur Terre, et qu’ils aient souhaité mobiliser leurs connaissances pour aider à trouver des solutions. Les arguments déployés sont cependant problématiques, en particulier ceux relevant des neurosciences, notre domaine principal de compétence.

    Tout d’abord, le striatum ne produit pas de #dopamine (il la reçoit), et la dopamine n’est pas l’#hormone_du_plaisir. Le neuroscientifique #Roy_Wise, qui formula cette hypothèse dans les années 70, reconnut lui-même « je ne crois plus que la quantité de plaisir ressentie est proportionnelle à la quantité de dopamine » en… 1997. L’absence de « fonction stop » du striatum pour lequel il faudrait toujours « augmenter les doses » est une invention de #Bohler (reprise sans recul par #Ripoll) en contresens avec les études scientifiques. Plus largement, la vision localisationniste du xixe siècle consistant à rattacher une fonction psychologique (le #plaisir, le #désir, l’#ingéniosité) à une structure cérébrale est bien sûr totalement obsolète. Le fonctionnement d’une aire cérébrale est donc rarement transposable en termes psychologiques, a fortiori sociologiques.

    Rien ne justifie non plus une opposition, invoquée par ces auteurs, entre une partie de #cerveau qui serait « récente » (et rationnelle) et une autre qui serait « archaïque » (et émotionnelle donc responsable de nos désirs, ou « instinctive », concept qui n’a pas de définition scientifique). Le striatum, le #système_dopaminergique et le #cortex_frontal, régions du cerveau présentes chez tous les mammifères, ont évolué de concert. Chez les primates, dont les humains, le #cortex_préfrontal a connu un développement et une complexification sans équivalent. Mais cette évolution du cortex préfrontal correspond aussi à l’accroissement de ses liens avec le reste du cerveau, dont le système dopaminergique et le striatum, qui se sont également complexifiés, formant de nouveaux réseaux fonctionnels. Le striatum archaïque est donc un #neuromythe.

    Plus généralement, les données neuroscientifiques ne défendent pas un #déterminisme des comportements humains par « le striatum » ou « la dopamine ». Ce que montrent les études actuelles en neurosciences, ce sont certaines relations entre des éléments de comportements isolés dans des conditions expérimentales simplifiées et contrôlées, chez l’humain ou d’autres animaux, et des mesures d’activités dans des circuits neuronaux, impliquant entre autres le striatum, la dopamine ou le cortex préfrontal. Le striatum autocrate, dont nous serions l’esclave, est donc aussi un neuromythe.

    Par ailleurs, Bohler et Ripoll font appel à une lecture psycho-évolutionniste simpliste, en fantasmant la vie des êtres humains au paléolithique et en supposant que les #gènes codant pour les structures du cerveau seraient adaptés à des conditions de vie « primitive », et pas à celles du monde moderne caractérisé par une surabondance de biens et de possibles[ii]. Il y a deux problèmes majeurs avec cette proposition. Tout d’abord, les liens entre les gènes qui sont soumis à la sélection naturelle, les structures cérébrales, et les #comportements_sociaux sont extrêmement complexes. Les #facteurs_génétiques et environnementaux sont tellement intriqués et à tous les stades de développement qu’il est impossible aujourd’hui d’isoler de façon fiable des #déterminismes_génétiques de comportements sociaux (et ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé). Poser la surconsommation actuelle comme sélectionnée par l’évolution, sans données génétiques, est une spéculation dévoyée de la #psychologie_évolutionniste. Le second problème concerne les très faibles connaissances des modes d’#organisation_sociale des peuples qui ont vécu dans la longue période du paléolithique. Il n’existe pas à notre connaissance de preuves d’invariants ou d’un mode dominant dans leur organisation sociale. Les affirmations évolutionnistes de Bohler et Ripoll n’ont donc pas de statut scientifique.

    Il est toujours problématique de privilégier un facteur principal pour rendre compte d’évolutions historiques, quel qu’il soit d’ailleurs, mais encore plus quand ce facteur n’existe pas. Les sciences humaines et sociales montrent la diversité des modèles d’organisation sociale qui ont existé sur Terre ainsi que les multiples déterminismes socio-historiques de la « grande accélération » caractéristique des sociétés modernes dopées aux énergies fossiles. Non, toutes les sociétés n’ont pas toujours été tournées vers le désir de toujours plus, vers le progrès et la croissance économique : on peut même argumenter que la « religion du #progrès » devient dominante dans les sociétés occidentales au cours du xixe siècle[iii], tandis que le modèle de la #croissance_économique (plutôt que la recherche d’un équilibre) n’émerge qu’autour de la seconde guerre mondiale[iv]. Invoquer la « #croissance » comme principe universel du vivant, comme le fait Ripoll, abuse du flou conceptuel de ce terme, car la croissance du PIB n’a rien à voir avec la croissance des plantes.

    Il peut certes sembler légitime d’interroger si le fonctionnement du cerveau a, au côté des multiples déterminismes sociohistoriques, une part de #responsabilité dans l’état de la planète. Mais la question est mal posée, l’activité de « milliards de striatum » et les phénomènes socioéconomiques ne constituant pas le même niveau d’analyse. Bohler et Ripoll ne proposent d’ailleurs pas d’explications au niveau cérébral, mais cherchent à légitimer une explication psychologique prétendument universelle (l’absence d’#autolimitation) par la #biologie. Leurs réflexions s’inscrivent donc dans une filiation ancienne qui cherche une explication simpliste aux comportements humains dans un #déterminisme_biologique, ce qu’on appelle une « #naturalisation » des #comportements. Un discours longtemps à la mode (et encore présent dans la psychologie populaire) invoquait par exemple le « #cerveau_reptilien » à l’origine de comportements archaïques et inadaptés, alors que cette pseudo-théorie proposée dans les années 60 a été invalidée quasiment dès son origine[v]. Le « striatum », la « dopamine », le « #système_de_récompense », ou le « #cerveau_rapide et le #cerveau_lent » sont en fait de nouvelles expressions qui racontent toujours à peu près la même histoire. Loin d’être subversive, cette focalisation sur des déterminismes individuels substitue la #panique_morale [vi] à la #réflexion_politique et ne peut mener, puisque nous serions « déterminés », qu’à l’#impuissance ou à l’#autoritarisme.

    Les erreurs des arguments développés par Bohler et Ripoll ont d’ores et déjà été soulignées à propos d’ouvrages précédents de Bohler[vii]. Nous souhaitons également rappeler qu’il existe un processus d’évaluation des productions scientifiques (y compris théoriques) certes imparfait mais qui a fait ses preuves : la revue par les pairs. Aucun de ces deux auteurs ne s’y est soumis pour avancer ces propositions[viii]. Il n’est pas sûr que notre rôle de scientifiques consiste à évaluer les approximations (et c’est un euphémisme) qui sont en continu publiées dans des livres ou dans la presse. Notre réaction présente est une exception justifiée par une usurpation des neurosciences, la gravité des enjeux écologiques dont ces auteurs prétendent traiter, ainsi que par la popularité grandissante que ces thèses semblent malheureusement rencontrer[ix].

    _____________________

    Ce texte n’est pas issu des travaux de l’atelier d’écologie politique mais il résonne fortement avec d’autres travaux de l’atécopol. Il a été rédigé par Etienne Coutureau, chercheur CNRS en neurosciences (Bordeaux), Jean-Michel Hupé, chercheur CNRS en neurosciences et en écologie politique et membre de l’atécopol (Toulouse), Sébastien Lemerle, enseignant-chercheur en sociologie (Paris-Nanterre), Jérémie Naudé, chercheur CNRS en neurosciences (Montpellier) et Emmanuel Procyk, chercheur CNRS en neurosciences (Lyon).

    [i] Jean-Michel Hupé, Vanessa Lea, « Nature humaine. L’être humain est-il écocidaire par nature ? », dans Greenwashing : manuel pour dépolluer le débat public, Aurélien Berlan, Guillaume Carbou et Laure Teulières (coords.), Paris, Le Seuil, 2022, p. 150-156.

    [ii] Philippe Huneman, Hugh Desmond, Agathe Du Crest, « Du darwinisme en sciences humaines et sociales (1/2) », AOC, 15 décembre 2021.

    [iii] François Jarrige, Technocritiques, Paris, La Découverte, 2014.

    [iv] Timothy Mitchell, « Economentality : how the future entered government », Critical inquiry, 2014, vol. 40, p. 479-507. Karl Polanyi a par ailleurs montré comment l’économie de marché est une construction socio-historique : La Grande Transformation, Aux origines politiques et économiques de notre temps, Paris, Gallimard, (1944) 1983.

    [v] Sébastien Lemerle, Le cerveau reptilien. Sur la popularité d’une erreur scientifique, Paris, CNRS éditions, 2021.

    [vi] Jean-Michel Hupé, Jérôme Lamy, Arnaud Saint-Martin, « Effondrement sociologique ou la panique morale d’un sociologue », Politix, n° 134, 2021. Cet article témoigne également que Bohler et Ripoll ne sont pas les seuls intellectuels mobilisant les neurosciences de façon très contestable.

    [vii] Jérémie Naudé (2019), « Les problèmes avec la théorie du "bug humain", selon laquelle nos problème d’écologie viendraient d’un bout de cerveau, le striatum » ; Thibault Gardette (2020), « La faute à notre cerveau, vraiment ? Les erreurs du Bug humain de S. Bohler » ; Alexandre Gabert (2021), « Le cortex cingulaire peut-il vraiment "changer l’avenir de notre civilisation" ? », Cortex Mag, interview d’Emmanuel Procyk à propos de Sébastien Bohler, Où est le sens ?, Paris, Robert Laffont, 2020.

    [viii] Le bug humain de Sébastien Bohler (Paris, Robert Laffont, 2019) a certes obtenu « le Grand Prix du Livre sur le Cerveau » en 2020, décerné par la Revue Neurologique, une revue scientifique à comité de lecture. Ce prix récompense « un ouvrage traitant du cerveau à destination du grand public ». Les thèses de Bohler n’ont en revanche pas fait l’objet d’une expertise contradictoire par des spécialistes du domaine avant la publication de leurs propos, comme c’est la norme pour les travaux scientifiques, même théoriques.

    [ix] La thèse du bug humain est ainsi reprise dans des discours de vulgarisation d’autorité sur le changement climatique, comme dans la bande dessinée de Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici, Le monde sans fin, Paris, Dargaud, 2021.

    https://blogs.mediapart.fr/atelier-decologie-politique-de-toulouse/blog/070722/pourquoi-detruit-la-planete-les-dangers-des-explications-pseudo-neur
    #neuro-science #neuroscience #critique #écologie #surconsommation #politisation #dépolitisation #politique

  • La voiture nous rend-elle fous ?
    http://carfree.fr/index.php/2022/06/10/la-voiture-nous-rend-elle-fous

    Une jeune femme qui se fait fracturer la mâchoire à cause d’un coup de klaxon, un cycliste passé à tabac à cause d’un signe de la main, après 2 ans Lire la suite...

    #Fin_de_l'automobile #Insécurité_routière #accident #agressivité #automobilisme #psychologie #relations_cyclistes-automobilistes #vidéo #violence

  • HPI et surdoués, un diagnostic qui sert les intérêts d’une classe sociale
    https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/non-votre-enfant-nest-pas-hpi-vous-etes-juste-riche

    La question n’est pas de remettre en cause l’existence de niveaux intellectuels différents, car la sociologie l’explique simplement : le cerveau étant plastique, plus les gens seront entraînés, plus ils seront forts. Les études montrent en effet que le quotient intellectuel (QI) est corrélé avec la classe sociale et le niveau de diplôme de parents. Mais là où les psychologues diront que le QI est le meilleur prédicteur de la réussite sociale ou scolaire, les sociologues avanceront l’inverse : l’accumulation de ressources culturelles fait le QI. Si la question est de savoir si les enfants identifiés comme HPI sont nés comme ça, plusieurs éléments tendent à prouver le contraire. Les statistiques indiquent qu’ils sont généralement issus des classes supérieures, qu’ils sont HPI à certains « moments » et pas à d’autres (la plupart des enfants testés le sont principalement en CE1 pour sauter le CE2, et à la fin de la moyenne section pour sauter la grande section), et qu’ils sont à 75 % des garçons. Ce dernier point crée une contrainte argumentative certaine, pour ceux qui « croient » aux HPI : les garçons seraient intrinsèquement plus intelligents que les filles ? En outre, se demander si les HPI sont vraiment HPI, c’est déjà se tromper de question. Il est plus judicieux de se demander pourquoi certains parents font tester leurs enfants, vont s’investir de cette question, et ce qu’ils en retirent.

  • Remboursement des consultations de psychologue : une volonté d’« effacer Freud et cette place qu’il avait acquise dans l’histoire de notre temps »
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    Remboursement des consultations de psychologue : une volonté d’« effacer Freud et cette place qu’il avait acquise dans l’histoire de notre temps »
    Tribune
    Michel Normand Psychologue clinicien, psychanalyste, docteur en psychopathologie, ex-enseignant à la Faculté de psychologie de Nantes
    Les mesures de soutien psychique prévues pour aider les plus fragiles à faire face aux conséquences de la pandémie réduisent le praticien au rôle de technicien paramédical, s’insurge, dans une tribune au « Monde », le psychologue clinicien Michel Normand.
    Lors des Assises de la santé mentale [organisées en septembre 2021], on avait souligné les effets psychiques de la pandémie. Depuis, nous savons que ces bouleversements ont induit une augmentation de sujets anxieux, angoissés et déprimés. Ils ont pour corollaire le besoin de soin psychique, trop souvent restreint aux traitements pharmacologiques.Avec la mise en œuvre du « chèque psy » pour les étudiants, les pouvoirs publics avaient commencé à répondre à cette demande qui va de l’aide psychologique à la psychothérapie, en favorisant l’accès aux psychologues. En clôture de ces journées, le chef de l’Etat avait voulu aller plus loin en annonçant le remboursement par l’Assurance-maladie des consultations de psychologue. Ce qui est désormais effectif pour tous les Français dès l’âge de 3 ans.
    S’il faut saluer cette mesure attendue depuis des décennies, tant par les usagers que par la profession, celle-ci suscite néanmoins la défiance voire l’opposition de la plupart des psychologues. Loin d’être « une forme de paradoxe », pour reprendre la formule prononcée alors par le président Macron, cette opposition a sa justification et sa cohérence.
    En effet, cette prise en charge est prévue sous conditions : les patients seront adressés par prescription médicale dans le cadre d’un forfait de consultations. La première séance étant facturée 40 euros et les suivantes 30 euros chacune, le tout renouvelable l’année suivante, si besoin.
    Cette mesure ne fait que reprendre et étendre celle qui était en expérimentation depuis 2018 dans certains départements et qui avait déjà suscité les critiques des psychologues, qui dénoncent non seulement les conditions financières qui leur sont faites, mais aussi les principes et la méthode d’un tel dispositif.Les psychologues concernés doivent se soumettre d’abord à un cahier des charges, prévu par le ministère de la santé avec la direction générale de la santé, et s’engager ensuite par une convention avec la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM). Ce cahier des charges prévoit l’obligation d’en passer par une formation spécifique – véritable habilitation – et de se conformer strictement à la prescription du médecin (la convention CPAM précise que le psychologue ne doit pas faire la promotion d’un « dispositif qui lui est propre »).Le dispositif prévu est constitué d’une série d’étapes, dont la première est le passage obligé par le médecin, qui, à l’aide de questionnaires, évalue l’état du patient et le classe à partir d’un score obtenu sur des échelles chiffrées : dépression légère, modérée ou sévère. C’est à partir de cette grille de classements que le médecin prescrit au patient une psychothérapie de soutien ou une psychothérapie dite « structurée » et lui indique le psychologue répondant à la forme de psychothérapie qu’il a choisie.La psychothérapie est réduite à un traitement médical comme un autre. Ce qui revient à assujettir le psychologue à la tutelle médicale et à nier la spécificité de sa discipline, qui appartient aux sciences humaines. Chaque psychothérapie est prévue pour un nombre limité de séances et donne lieu à une évaluation réalisée par le psychologue selon les grilles de questions susnommées et transmises au « médecin évaluateur ». Bien que ces données soient confidentielles, elles entrent dans un dossier médical.Ainsi, par ce protocole, le psychologue est assigné à un rôle déterminé : celui d’un technicien paramédical exerçant sous le contrôle d’un médecin (généraliste ou psychiatre) et exécutant sa prescription selon les modalités que la médecine scientifique applique aux maladies organiques, en conformité avec les recommandations de la Haute Autorité de santé, qui prennent la forme d’injonctions. Nous sommes là devant l’aboutissement d’une volonté délibérée qui se manifeste depuis une vingtaine d’années, au gré de la succession des rapports sur la santé mentale et la psychiatrie. Au nom du « parcours de soins coordonnés », la psychothérapie est réduite à un traitement médical comme un autre. Ce qui revient à assujettir le psychologue à la tutelle médicale et à nier la spécificité de sa discipline, qui appartient aux sciences humaines. Il ne s’agit pas ici de la simple défense d’une corporation, mais de saisir la dimension politique et éthique qui est en jeu. Déjà, le passage obligé par le médecin, sa lourdeur administrative et le coût supplémentaire qu’il engendre (ajoutés à la faible rémunération du psychologue) sont autant d’obstacles à l’application de ces mesures.De plus, appliquées dans le domaine de la vie psychique, ces pratiques standardisées non seulement sont controversées, mais elles contreviennent à ses propres méthodes d’intervention. De plus, elles portent gravement atteinte à sa liberté et à la responsabilité de son action, comme à celles de la personne en souffrance, qui ne peut plus s’adresser au psychologue de son choix.Une telle conjoncture, si elle devait persister, sera fatale pour la découverte freudienne qu’est la thérapie par la parole. Celle qui engage autant celui qui parle que celui qui écoute, dans une relation qui ne peut être que particulière, en dehors de tout schéma préétabli. Il aura donc fallu le temps d’une génération pour que les décideurs politiques, administratifs et médicaux en viennent à effacer Freud et cette place qu’il avait pourtant acquise dans l’histoire de notre temps. Ce refoulement ne sera pas sans conséquences pour la population. Dans l’après-coup de la pandémie, attendons-nous à un retour de ce désir refoulé parmi les sujets parlants que nous sommes. Ce qui rend nécessaire plus que jamais la rencontre, l’écoute singulière de leurs souffrances et les retrouvailles avec le lien social dont la psychanalyse a dévoilé les fondements : ceux du rapport à l’autre qui constitue le « parlêtre », selon le beau mot de Jacques Lacan.
    Michel Normand(Psychologue clinicien, psychanalyste, docteur en psychopathologie, ex-enseignant à la Faculté de psychologie de Nantes)

    #Covid-19#migrant#migration#sante#france#santementale#psychologie#pandemie#therapie#accesauxsoins

    • à partir du moment où des prestations sont remboursées par la sécu, donc par les cotisations des gens, c’est totalement normal que les praticiens payées comme ça soient conventionnés selon tel ou tel norme précis (après définir quels critères c’est autre chose, mais le fait même qu’illes doivent être conventionnés c’est normal), sinon n’importe quel charlatan (certains diraient, comme beaucoup de psys) pourraient se faire payer à l’œil comme ça

      tout comme si yavait une sécu sociale de l’alimentation, les producteurices payables avec cette sécu devraient être conventionnés (que du bio, etc, normes à définir collectivement), et non pas n’importe quel aliment