• « Lighthouse » ou comment Patrick Aebischer veut faire de la Suisse un pôle à vaccins
    https://www.letemps.ch/economie/lighthouse-patrick-aebischer-veut-faire-suisse-un-pole-vaccins

    Vite éteindre une nouvelle flambée de Covid-19, ou d’une autre maladie, par le biais de l’ARN messager, depuis une « usine pilote » en Suisse et de conteneurs à vaccins, pour une production itinérante. Le dernier projet de l’ex-président de l’EPFL a été porté à Berne.

    Demain peut-être, un conteneur pas plus grand qu’une armoire sera dépêché dans un pays frappé par une mutation dangereuse du covid ou une nouvelle maladie. En une semaine, il permettra de fabriquer, sur place, un sérum pour neutraliser le virus et d’éteindre l’incendie avant qu’il ne se propage. Ce conteneur n’aurait de sens qu’avec la technologie de l’ARN messager qui permet une production d’un vaccin rapide et pas chère. Il n’aurait pas non plus de raison d’être sans une « usine pilote », pourquoi pas en Suisse, dont la mission consisterait à produire, très vite, des doses pour des essais cliniques et assurer les besoins de la Suisse en vaccins.

    Le conteneur, l’ARNm et cette usine sont les pièces centrales du projet « Lighthouse » (phare, en anglais) porté par l’ex-président de l’EPFL Patrick Aebischer, des chercheurs et industriels suisses et présenté cet été à la Confédération. L’initiative vise à combler des lacunes mises en avant par la pandémie dans la production et la distribution des vaccins. Par le biais d’un partenariat public-privé, elle doit permettre de rendre aux Etats une souveraineté en matière de vaccins.

    La suite payante

    #Vaccins_arn #vaccins #vaccin #arn #vaccination #santé_publique #partenariat #public-privé #ppp #privatisation

  • L’accès aux soins fond, la médecine sombre et le système de santé se fragmente
    On ne mesure pas suffisamment les conséquences désastreuses de la commercialisation des soins de santé.
    https://www.lalibre.be/debats/opinions/2021/08/29/lacces-aux-soins-fond-la-medecine-sombre-et-le-systeme-de-sante-se-fragmente

    Si les priorités des journalistes et des chercheurs ne devaient se fonder que sur un critère, ce serait l’importance de la souffrance et de la mortalité que l’information recherchée permettrait d’éviter. Et si, avec ce critère à l’esprit, il est un sujet qui, à côté du climat, mérite toute notre attention, c’est bien la perte d’accès aux soins de santé de qualité professionnelle ici et ailleurs.
    https://www.lalibre.be/resizer/ryvmNHOMrPeLJt7rbEmv5_NbnBI=/768x512/filters:focal(558.5x353:568.5x343)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/OXX7OYPDDBHRBGJNITEQOJYSDE.jpg
    Pour s’en convaincre, il faut savoir que dans les années 80, en Allemagne de l’Est, 50 à 60% de l’amélioration de la mortalité était liée à des maladies vulnérables aux soins de santé https://www.demogr.mpg.de/publications/files/1257_1042711497_1_Avoid-Germ-Poland.pdf. . Et même si la mortalité évitable est aujourd’hui plus proche de 30% (1), il y a dans le monde près de 60 millions de décès et donc, au bas mot, 20 millions de morts évitables chaque année. Aucun autre facteur pris isolément n’a un tel impact sur notre vie et notre mort. Le manque d’accès aux soins tue quatre fois plus que le changement climatique (5 millions/an), (2) et tout indique que cette préséance risque de se prolonger.

    Les conséquences de la commercialisation
    D’autant qu’une lame de fond balaie les systèmes de santé et accroît la mortalité évitable : la commercialisation des soins, la privatisation des services de santé et surtout celle de la gestion des fonds de la sécurité sociale. Après les États-Unis et les pays en développement, la vague est aux portes de l’Europe. Déjà, la Suisse et la Hollande ont rendu obligatoire l’assurance santé contractée auprès d’un assureur privé. Et ailleurs, leur part dans les dépenses de santé ne cesse de croître - sans qu’aucune base scientifique solide n’étaie cette politique. Au contraire, on peut penser qu’après que les assurances aient été privatisées, l’accès aux soins se réduise ; les dépenses de santé flambent ; l’éthique professionnelle se détériore ; et la pratique de la médecine se déprofessionnalise. https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0020731419847113

    Les stratégies de privatisation des soins ont été rodées au Chili, en Colombie, en Suisse et aux Pays-Bas. Les Etats réduisent les dépenses de santé tant qu’ils gèrent la sécurité sociale, ce qui la rend inacceptable aux patients et aux praticiens. Puis, après la privatisation, le ciel est leur limite. La quantité d’argent qui peut ainsi changer de main est gigantesque, puisque les dépenses de santé frôlent les 18% de PIB aux États-Unis (où le marché des assurances de santé est mûr) contre une moyenne de 10% dans les pays de l’OCDE.

    Les conséquences pratiques et théoriques de la commercialisation des soins méritent qu’on s’y attarde :

    – Avec la réduction de l’accès aux soins, la mortalité évitable augmente, mais aussi les migrations internationales.

    – La coopération internationale a sa part de responsabilité dans cette situation, elle qui a supprimé la coopération médicale pour que dans les services publics des pays en développement, on ne délivre que des programmes de santé publique, à l’exclusion des soins médicaux individuels, qui sont laissés au secteur privé. Au passage, avec ces partenariats public-privé, la coopération a créé une gigantesque bureaucratie – 120 « Global Health Initiatives », une par maladie/problème de santé - qui s’étend de Washington, Genève ou Bruxelles au plus petit village africain – sans que les Objectifs du Millénaire, malgré leur ambition très limitée, aient été atteints en Afrique.

    – Les facultés de médecine ont longtemps transmis aux étudiants une culture professionnelle et elles cherchaient, sans toujours y parvenir, à personnaliser la formation du médecin. Mais le paradigme de la formation technique - le transfert de compétences - s’est substitué à l’éducation et a desséché la formation des médecins.

    – Les politiques de privatisation segmentent les systèmes de santé avec des services pour les riches et d’autres pour les pauvres, et elles entravent la coordination clinique.

    – L’incidence des intérêts privés en recherche médicale dans les universités publiques n’a cessé de se développer. C’est pour cela que le secteur privé ne souhaite pas la privatisation de ces universités : parce qu’elles travaillent déjà pour lui. La recherche médicale s’y est donc centrée sur la relation patient / maladie / environnement / technologie, en oubliant la pratique médicale.

    – La plupart des responsables identifient la gestion de la santé au management à finalité commerciale et industrielle, alors que la pratique éthique de la médecine et les services publics justifient une gestion à finalité sociale et professionnelle, pour autant que les services publics soient destinés à garantir le droit à la santé - l’accès de tous aux soins de qualité professionnelle, dans un système universel.

    Trois forces nécessaires
    Comment résister au rouleau compresseur des banques assurances ? Si les partis politiques sont sensibles aux sirènes du lobbying des banques assurances, trois forces pourraient s’allier pour imposer l’examen politique du fondement scientifique de la privatisation des assurances de santé.

    Ce sont d’abord les organisations généralistes de patients, telles que les mutuelles, et les associations de professionnels de la santé qui pourraient ensemble définir une politique de santé dont la portée symbolique permettrait de défier les partis. Cependant, il faudrait que leurs négociations recourent à des critères scientifiques pour s’assurer que les exigences et objectifs de chaque partie reflètent bien les intérêts des patients et des professionnels.

    Puis il y a les acteurs économiques qui n’investissent pas dans les assurances de santé, et surtout ceux qui investissent hors du secteur de la santé, qui devraient pouvoir être convaincus de ce qu’ils n’ont rien à gagner de la privatisation des assurances de santé puisque plusieurs points de PIB pourraient ainsi changer de main.

    En définitive, la réalisation du droit à la santé conditionne la justice sociale, mais aussi la santé économique de l’Europe. En outre, la politique de coopération internationale des États européens devraient refléter les principes humanistes qui continuent, mais pour combien de temps encore, à inspirer chez eux la mission de la sécurité sociale et des services de santé. Sans prise de conscience collective, la commercialisation des soins de santé continuera à avancer de manière larvée, puis de plus en plus rapidement – et la sécurité sociale si chèrement acquise en Europe disparaîtra, tout comme la pratique éthique de la médecine et l’autonomie professionnelle des médecins.

    (1) Nolte E, McKee M. “Variations in amenable mortality trends in 16 high-income nations.” Health Policy 2011 ;103(1):47-52.
    (2) Qi Zhao, Yuming Guo, Tingting Ye, et al. Global, regional, and national burden of mortality associated with non-optimal ambient temperatures from 2000 to 2019 : a three-stage modelling study. Lancet Planet Health 2021 ; 5 : e415–25

    Une carte blanche de Jean-Pierre Unger, Prof. Em. Institut de Médecine Tropicale d’Anvers, Département de Santé Publique, Visiting Professor, Health and Society Institute, University of Newcastle. (https://jeanpierreunger.be)

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    • L’incidence des intérêts privés en recherche médicale dans les universités publiques n’a cessé de se développer. C’est pour cela que le secteur privé ne souhaite pas la privatisation de ces universités : parce qu’elles travaillent déjà pour lui.

  • LUTTES POUR LE SYSTÈME HOSPITALIER : MISE AU POINT par le MPEP | Forum Démocratique
    http://forumdemocratique.fr/2013/10/22/luttes-pour-le-systeme-hospitalier-mise-au-point-par-le-mpep

    Depuis trente ans, tout comme l’ensemble des services publics, les hôpitaux de France sont victimes d’attaques qui visent à les « libéraliser » (privatiser). Ces attaques se sont intensifiées depuis quelques années. Les luttes telles qu’elles sont conduites depuis trois décennies ne permettent même plus d’en affaiblir la portée. Elles doivent donc être radicalement réorientées.

    Les attaques libérales contre le système hospitalier prennent plusieurs formes :

    tentatives de regroupement avec le secteur privé à travers un « partenariat » public-privé (PPP) ;
    affaiblissement de l’offre de soin – qui profite indirectement à l’offre privée existante ;
    « mutualisations de moyens » techniques et humains de l’hôpital avec la clinique privée et la médecine de ville.
    Des mesures politiques et juridiques rendent possibles ces attaques :

    l’endettement artificiel de l’hôpital par la « tarification à l’acte » (T2A) mis en place par la majorité précédente. Conséquences : fermeture de lits, insuffisance du recrutement infirmier, etc. ;
    la création des agences régionales de santé (ARS) qui ne sont que des instances chargées d’appliquer les directives gouvernementales et européennes ;
    le « budget autonome » imposé par la comptabilité territoriale (chaque service devant rechercher « l’équilibre ») ;
    la rénovation par emprunts – au demeurant toxiques – sans plafonnement des taux d’intérêts par l’État qui grèvent le budget ;
    la Révision générale des politiques publiques (RGPP) qui a grandement diminué les moyens de financement des services publics par la puissance publique ;
    le droit européen qui affaiblit juridiquement l’ensemble des services publics français à travers – notamment – la « directive service » ;
    les règles du commerce international orchestrées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui visent à la marchandisation de tous les services.
     La libéralisation du service public hospitalier se poursuit sans faiblir

    La machine libérale tourne à plein régime et il suffit de regarder ce qui se passe un peu partout sur le territoire pour comprendre que l’avenir de chaque hôpital ne se joue pas localement. Quelques éléments significatifs :

    Il ne se passe pas un mois sans qu’une structure hospitalière soit menacée. Ces dernières semaines ont vu la suppression des services d’urgence à l’hôpital de Pont-à-Mousson (54), la « restructuration » à Freyming-Merlebach (Moselle), les menaces sur le « Mas Careiron », hôpital psychiatrique d’Uzès (Gard), etc. Le changement de majorité n’a rien changé : dans les hôpitaux, le feu est partout. On compte toujours autant de fermetures de centres et de décisions politiques affectant le fonctionnement des centres hospitaliers. Les responsables politiques montrent des signes de fébrilité devant les actes de résistances qui se multiplient. Dernière sanction en date : le Dr Gérald Kierzek, responsable du SMUR de l’Hôtel Dieu-Paris a été relevé de ses fonctions pour avoir exprimé son désaccord avec le projet de fermeture des urgences et avoir animé son comité de défense [1]. Une pétition circule pour que cette mesure disciplinaire soit levée [2] .
    La RGPP (Révision générale des politiques publiques) de Chirac/Sarkozy a été remplacée par la MAP (modernisation de l’action publique) et la mise en place du CIMAP (Comité interministériel pour la modernisation de l’action publique) de Hollande, sans que rien ne soit changé dans l’esprit ni dans les objectifs du précédent. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, le dernier rapport de ce comité annonce des attaques supplémentaires contre les services publics [3].
    La ministre Le Branchu annonce un projet de loi qui vise à « réformer » le statut des fonctionnaires [4]. Les personnels hospitaliers seront impactés par ce qui s’annonce comme une nouvelle atteinte à leur statut.
    Le gouvernement vient d’éditer une très importante brochure « de cadrage » dans laquelle il rappelle ce que le droit européen entend par « services d’intérêt économique général » (SIEG) [5]. Ce texte montre à qui en doutait encore que pour les « socialistes » au pouvoir, la page des services publics français doit être tournée. Les références faites au droit européen – qui ne reconnaît pas les services publics français [6] – sont innombrables, effaçant de facto le droit national en la matière. Le gouvernement actuel reprend donc à son compte ce qu’a fait le gouvernement précédent, esquivant tout débat public et rappelant à l’ordre tous ceux qui avaient cru possible d’exclure par une loi nationale un certain nombre de services de la logique marchande de l’Union européenne.
    Depuis le 8 juillet, le gouvernement participe aux négociations entre l’Union européenne et les États-Unis en vue de la création d’un « partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement » (PTCI). Ainsi qu’il est inscrit à plusieurs reprises dans le mandat des négociateurs européen, « l’accord vise à améliorer l’accès mutuel aux marchés publics ». Il s’agirait donc de mettre en place une « directive service » à l’échelle intercontinentale, alors que la directive européenne lamine déjà les systèmes hospitaliers publics dans tous les pays membres de l’Union européenne.
    Les mesures d’austérité annoncées pour la sécurité sociale en 2014 porteront notamment sur l’hôpital qui devra « faire un effort » de 440 millions.....

    #France
    #hôpital
    #privatisation
    #public-privé (PPP)