• Enquête sur les #dérives du #business très lucratif des #revues_scientifiques

    Des éditeurs de revues scientifiques profitent de leur rôle central dans la diffusion du savoir pour s’enrichir, au détriment des universités et laboratoires, à bout de souffle. Les dérives se multiplient et menacent tant la confiance accordée à la science que la recherche elle-même.

    « C’est juste du racket », « ça me rend fou », s’insurge l’économiste de la décroissance, Timothée Parrique, sur X (ex-Twitter), début novembre. Pour consulter l’étude scientifique qu’il convoite, ce chercheur doit débourser pas moins de 30 euros. « Impossible d’accéder aux textes parce qu’ils sont soumis à des paywalls, par des éditeurs qui ne contribuent en rien à leur production », proteste-t-il.

    De fait, les éditeurs de revues scientifiques ne financent pas l’activité de recherche, pas plus qu’ils ne rétribuent les auteurs. Les scientifiques sont payés par les structures qui les emploient et le budget de la recherche est principalement supporté par l’Etat.

    Même l’étape de la « relecture par les pairs », phase essentielle au cours de laquelle des scientifiques contrôlent la pertinence et la rigueur d’une recherche avant publication, ne coûte rien aux éditeurs : les « pairs » travaillent pour les revues sur la base du volontariat.

    Les universités produisent la recherche… et paient ensuite des sommes colossales pour accéder aux publications. Rien qu’en 2020, les institutions françaises ont déboursé 87,5 millions d’euros en abonnement aux revues scientifiques.

    « Leur coût a explosé depuis les années 1980, c’est ce qu’on a appelé la crise des périodiques : les grands éditeurs ont augmenté les prix des abonnements de façon bien supérieure à l’inflation [entre 1986 et 2004, le prix des revues a augmenté 2,5 fois plus vite que le coût de la vie], explique Margaux Larre-Perrez, consultante science ouverte pour datactivist, société coopérative spécialisée dans l’ouverture des données. Ces journaux se le permettent car ils ont un prestige et ils répondent à un besoin. Donc les universités paient. »

    Ce fonctionnement permet au marché de l’édition scientifique, dominé par une poignée de sociétés, d’être particulièrement lucratif. Les six premiers éditeurs à l’échelle mondiale – Elsevier, Springer Nature, Wiley, Wolters Kluwer, Thomson Reuters et Taylor & Francis – ont présenté en 2015 un chiffre d’affaires cumulé de 7,5 milliards d’euros. Elsevier et Springer Nature ont réalisé des marges hors normes, frôlant les 40 %, soit plus qu’Apple (35 %).

    De l’autre côté, le monde académique étouffe. En juin 2023, le directeur général délégué à la science du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Alain Schuhl, alertait sur le fait que le CNRS était « au bord du gouffre ».
    Paye ta publication

    Alain Schuhl dénonce un autre système, celui des frais de publications, ou APC (Article Processing Charges). Ceux-ci sont payés par les auteurs pour permettre une publication en accès libre immédiat. Les APC peuvent être importants : jusqu’à 9 750 euros par article pour les revues du prestigieux groupe Nature.

    « Les APC se sont développés dans les années 2000, ils étaient une alternative de financement pour les revues créées en opposition aux journaux classiques sur abonnement, développe Margaux Larre-Perrez. L’objectif était de construire un autre modèle économique : tous les articles sont accessibles gratuitement, et les auteurs prennent en charge les frais d’édition. »

    Flairant la bonne affaire, l’oligopole a progressivement intégré cette alternative dans son propre modèle économique, en développant notamment des revues « hybrides », fonctionnant à la fois sur abonnement et sur APC pour les articles en libre accès. « C’est devenu le modèle dominant dans les revues prestigieuses, comme Nature. Ces journaux récoltent de l’argent des deux côtés : les universités paient pour avoir accès aux revues, et paient des APC. »

    A l’échelle mondiale, les institutions ont donné plus d’un milliard de dollars en frais de publication à l’oligopole – aujourd’hui constitué d’Elsevier, Sage, Springer Nature, Taylor & Francis et Wiley – entre 2015 et 2018. Le montant payé pour les APC en France a triplé entre 2013 et 2020, passant de 11,3 millions d’euros par an à plus de 30 millions. La facture pourrait atteindre 50 millions d’euros en 2030 si la tendance se poursuit, voire 68 millions si elle s’accélère.

    En cause, la multiplication des APC, mais aussi l’explosion de leur coût : le CNRS a par exemple observé une hausse de 139 % des frais de publication chez Frontiers Media et de 746 % chez Mdpi entre 2017 et 2020.
    Publier ou mourir

    Si les éditeurs s’offrent tant de libertés, c’est parce que les scientifiques leur sont pieds et mains liés : dans le monde de la recherche, nul n’ignore la maxime « publier ou mourir ». Le mérite d’un chercheur – et donc l’avancée de sa carrière – est principalement déterminé à partir de la quantité d’articles qu’il publie, et du prestige des revues dans lesquelles il le fait.

    Les universités ont elles aussi tout intérêt à encourager leurs chercheurs à publier beaucoup, et dans des revues reconnues : elles sont hiérarchisées à partir de ces critères, notamment dans le cadre du prestigieux classement annuel des meilleures universités, réalisé par l’Université de Shanghai.

    Répondre à ces exigences permet parallèlement aux établissements de débloquer de précieux fonds pour la recherche. Les plans d’investissement d’avenir (PIA), lancés en 2009 par l’Etat et dotés de 20 milliards d’euros en 2020, réservent une enveloppe pour les « initiatives d’excellence » portées par des universités.

    « Les dotations sont accordées par le ministère selon les dossiers déposés. Dans les critères, se trouve l’"excellence" de la recherche, précisent Claire Calvel et Victor Chareyron, normaliens de l’ENS Cachan et auteurs d’une synthèse sur le financement de l’Enseignement supérieur en France. Ainsi, la présence de chercheurs reconnus dans leur champ est un atout indéniable. Le nombre de publications et le prestige des revues jouent donc un rôle dans l’attribution de ces financements. »

    Les laboratoires de recherche sont soumis à la même logique de prestige quand ils cherchent des financements « sur projet », un mode de fonctionnement de plus en plus fréquent.
    Trottinette et hydroxycloroquine

    D’un côté, il y a donc des scientifiques contraints de publier, des Universités et des laboratoires sommés de prouver leur excellence, et de l’autre, des éditeurs qui s’enrichissent grâce à leurs poules aux œufs d’or. De quoi attirer le renard dans le poulailler.

    En 2020, une étude se fait remarquer parmi les nombreuses recherches sur l’épidémie de Covid-19. Un manuscrit affirme que la prise d’hydroxychloroquine – alors envisagée comme remède contre le Covid-19 – permet de prévenir les accidents… de trottinette.

    Parmi les auteurs : Didier Lembrouille, Otter F. Hantome (« auteur fantôme ») et Nemo Macron, en honneur au chien du Président. L’étude est une succession de farces, et pourtant, elle est publiée dans l’Asian Journal of Medicine and Health, après un paiement de 55 dollars.

    Les (vrais) chercheurs derrière ce canular ont un objectif : sensibiliser le grand public aux revues « prédatrices ». Ces journaux frauduleux ont l’apparence de revues scientifiques sérieuses, mais n’en respectent pas la déontologie. La relecture par les pairs y est par exemple partielle ou inexistante.

    Ces journaux sollicitent souvent directement les scientifiques pour les inciter à soumettre leurs recherches. Des mails de revues prédatrices ? « J’en ai plein, idem pour mes collègues, confirme Paule-Emily Ruy, doctorante à l’Atlantic Technological University, à Galway, en Irlande. J’ai commencé à en recevoir quand j’ai publié pour la première fois. Plus tu publies, plus elles te contactent. »

    Parmi les mails que Paule-Emilie Ruy n’a pas encore supprimés, figure une proposition de Mdpi. « Il est évident que certaines revues sont totalement frauduleuses, mais d’autres se situent dans une zone grise, comme Mdpi, atteste Margaux Larre-Perrez. Cet éditeur possède quelques dizaines de journaux avec une relecture par les pairs classique et publie parallèlement des milliers de numéros spéciaux, qui ne sont pas relus de façon rigoureuse, mais qui génèrent beaucoup d’APC. »
    Des usines à articles

    Attirés par ce marché lucratif, sont nés dans l’ombre de la production scientifique les paper mills, ou usines à articles. Ces entreprises produisent de faux manuscrits et proposent aux chercheurs d’acheter une place d’auteur – sans participer à l’élaboration de l’étude. La Science Publisher Company propose par exemple d’endosser le rôle de premier auteur de l’article « Obésité chez les hommes en âge de travailler : facteurs, risques hormonaux, métaboliques et hémodynamique d’arythmies cardiaques », pour 2 150 dollars.

    « Ces entreprises sont nées de la pression qui pèse sur les chercheurs, en particulier dans certains pays. Un doctorant chinois en médecine doit par exemple publier un article dans un journal reconnu pour obtenir son diplôme, explique Marie Soulière, senior manager chez l’éditeur Frontiers et membre du Comité d’éthique des publications (COPE). Vu cette "demande", des entreprises ont commencé à offrir la possibilité de payer pour ajouter son nom à un article. Avec la technologie, elles ont évolué pour vendre des articles complètement factices, bien plus rapides à produire. »

    Les paper mills œuvrent surtout en Chine, en Inde, en Russie, en Ukraine ou en Iran. L’impact de ces usines à papiers n’est pas anecdotique. Selon une étude publiée en 2022 par COPE et le syndicat des éditeurs scientifiques, STM, à partir d’une analyse de 53 000 articles scientifiques, les revues reçoivent entre 2 % et 46 % d’articles frauduleux. Au total, 457 faux articles sont passés entre les mailles du filet et ont été publiés.
    Changer les règles de l’édition

    Ces dérives prolifèrent au détriment de la confiance du public envers la science, et de la recherche elle-même, qui s’appuie sur les publications antérieures pour avancer. Des structures, comme le CNRS, appellent à faire bouger les choses. En 2021, il a modifié les critères d’évaluation de ses scientifiques, qui reposent désormais sur la qualité des résultats et non plus sur le nombre de publications et le prestige des revues.

    La structure a aussi conseillé à ses chercheurs de ne plus payer d’APC. La législation française permet de déposer son manuscrit dans les archives ouvertes 6 à 12 mois après publication, quel que soit le contrat passé avec l’éditeur.

    La loi de programmation de la re­cherche fixe parallèlement un objectif de 100 % de publications en accès ouvert en 2030. Pour y parvenir, un plan du ministère de l’Enseignement supérieur appelle notamment à développer les revues dites « diamant », en libre accès immédiat et sans frais pour les chercheurs.

    Celles-ci sont prises en charge par les universités et organismes de recherche. Si elles représentent 73 % des revues en libre accès dans le monde aujourd’hui, elles ne produisent que 44 % des articles en open access, en raison de leurs moyens limités.

    https://www.alternatives-economiques.fr/enquete-derives-business-tres-lucratif-revues-scientifiques/00109325
    #édition_scientifique #publish_or_perish

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    ajouté à la métaliste sur l’éditions scientifique :
    https://seenthis.net/messages/1036396

  • En France, un système qui fait perdre l’envie de #recherche

    Alternance de #contrats_courts et de périodes de #chômage, vacations payées aléatoirement, difficulté à être titularisé… « Libération » a recueilli les témoignages de nombreux jeunes chercheurs lessivés par le fonctionnement de l’université.

    La France perd ses jeunes chercheurs, dégoûtés du système. En 2018, le nombre de doctorats délivrés était en baisse de 4 %. Les carrières universitaires n’attirent plus. Ou du moins, elles font fuir une partie de ceux qui s’y aventurent quand ils découvrent la galère promise. Une journée de mobilisation a lieu ce jeudi contre la politique de recherche du gouvernement. Les jeunes chercheurs sont à la pointe du mouvement.

    « Il y avait treize doctorants dans mon laboratoire, seulement deux ont continué en post-doctorat. Tous les six mois, je me dis que je vais arrêter, et en fait non », témoigne Mélissa, post-doctorante en éthologie. Elle vit avec son compagnon, Geoffrey, lui aussi chercheur et âgé de 29 ans. Ils sont réunis « pour la première fois en six ans » dans le même appartement. La faute à leur boulot, qui les pousse à bouger dans tous les sens quitte à s’asseoir sur leur vie personnelle. Cette parenthèse à deux s’arrêtera dans trois mois. Mélissa sera alors à Zurich et Geoffrey à Niort. « On ne se plaint pas, on est déjà sur le même continent… »

    Etienne (1), lui, va changer de continent. Ce docteur en intelligence artificielle (IA) a vu de près les dégâts de la recherche à la française. La pression pour publier le plus possible d’articles scientifiques dans des revues, condition sine qua non pour remplir son CV et espérer être titularisé, a fini par le dégoûter : « On dit que c’est "publier ou périr", mais maintenant c’est plutôt "publier et périr" puisqu’il n’y a plus de postes. » Pour ce trentenaire, la désillusion grandit depuis plusieurs années : quand il était doctorant, il a dû finir sa thèse grâce aux indemnités chômage, se contentant de 900 euros mensuels pour vivre. « Mon encadrant principal a fait deux burn-out car il travaillait trop, ça ne donnait pas envie de continuer. » Mais il s’accroche.

    Après sa thèse, Etienne signe un contrat de deux ans de post-doc dans un labo de recherche, malgré les sirènes du privé qui lui promettent d’au moins doubler son salaire. Le déclic, pour changer de cap, il l’a eu en 2019. Il participe alors à une réunion de présentation de la politique française en IA, durant laquelle deux hauts fonctionnaires disent avoir pour projet de propulser la France dans le top 5 mondial. « Ils ne parlaient de recruter que des contrats précaires, des doctorants. Je suis allé leur poser la question : qu’en est-il pour les post-docs qui souhaitent rester en France ? Leur réponse a été assez surprenante : "Non, pas de création de postes fixes, monsieur, allez aux Etats-Unis." » Message reçu, mais pas de gaieté de cœur. Etienne entend bien partir travailler sur l’IA outre-Atlantique.
    « Très dévalorisant »

    Un grand gâchis humain. Quelques mots pour résumer ce à quoi ressemble la politique française en recherche. Libération a reçu plus de 200 témoignages de jeunes chercheurs déçus du système. Comme François (1), qui nous écrit : « La loi de programmation de la recherche m’a définitivement décidé, je ne vais même pas essayer de faire de la recherche dans le public. C’est d’autant plus dommage que, comme normalien, l’Etat a essentiellement payé pour que je le fasse. »

    La pression exercée sur le système conduit à de mauvaises pratiques. Xavier (1), ex-doctorant en astronomie, a vu la réputation du laboratoire passer avant l’éthique scientifique. « Le jour où on m’a demandé de cacher des résultats qui n’allaient pas dans le sens des promesses faites à l’Agence nationale de la recherche devant un public international, j’ai décidé de ne pas continuer dans la recherche, explique celui qui prépare l’agrégation de physique. J’adore la recherche, mais obtenir un poste est un parcours du combattant. Enchaîner les post-docs pendant six, huit, peut-être dix ans, qui veut ça ? »

    C’est exactement la situation que vit Alain (1). Depuis sa thèse de biologie soutenue en 2013, il alterne entre les contrats courts et les périodes de chômage. « Pour l’instant, l’objectif c’est de profiter du chômage pour écrire mes publications en retard, continuer à postuler pour des contrats et prier pour obtenir quelque chose. Ce serait très dévalorisant de me dire que j’ai autant persévéré pour au final abandonner. » Le problème du secteur n’est ni l’attractivité - il y a encore plus de dix candidats par poste ouvert - ni le manque de travail - les recherches et les étudiants continuent d’affluer. « Le premier problème, c’est le manque de financements », lâche Alain. De fait, dans les universités notamment, le besoin en enseignants-chercheurs est criant. Selon le Syndicat national de l’enseignement supérieur, les 150 000 vacataires recensés assurent, au moins, l’équivalent des heures d’enseignement de plus de 15 000 titulaires.

    A 34 ans, Maxime (1), docteur en sciences politiques, vit tantôt chez sa mère, tantôt chez sa compagne. Il a réalisé sa thèse « grâce à deux postes d’attaché temporaire d’enseignement et de recherche, et du chômage ». Depuis cinq ans, il jongle entre RSA et vacations à l’université. En théorie, il ne pourrait pas être employé de manière précaire par l’université sans avoir un travail fixe ailleurs. Alors il s’arrange. « Dans certains cas, un collègue me sert de prête-nom et je travaille au noir. Parfois, je me fais payer en autoentrepreneur. C’est assez dingue comme situation », explique-t-il. L’an dernier, Maxime estime avoir effectué plus de 277 heures d’enseignement, « plus qu’un service d’un titulaire ». Tout ça pour toucher à peine le smic : « Comme on est payé de manière aléatoire, certains mois c’est le RSA qui me permet de vivre. »
    « On m’avait prévenue »

    La situation est claire : les départements dans lesquels il travaille ne tiendraient pas sans des personnes comme lui. Il a bien essayé de quitter le milieu, mais faute de retours positifs, « la routine de l’université a repris le dessus. J’ai été sollicité pour des cours et des articles. Je tente encore, mais je ne sais pas pour combien de temps. J’ai été classé deuxième à un concours de maître de conférences, ça prouve bien que mon dossier n’est pas si nul… »

    Quadragénaire, Tiphaine se retrouve dans la même situation. Si elle a pu trouver un CDD de recherche pour une association nationale, elle a dû prendre une charge d’enseignement pour compléter son CV. Le système est si tendu qu’elle se retrouve à créer « un enseignement annuel de 80 heures » sans savoir où elle sera l’an prochain. « Je suis atterrée par l’ampleur de la précarité et l’exploitation des vacataires. […] On m’avait prévenue. Mais ça n’a pas suffi, car c’est un métier de passion, j’ai voulu aller jusqu’au bout. Maintenant, la désillusion se matérialise. »

    https://www.liberation.fr/france/2020/12/09/en-france-un-systeme-qui-fait-perdre-l-envie-de-recherche_1808191
    #ESR #recherche #France #précarité #université #titularisation #carrière_universitaire #travail #conditions_de_travail #mobilité #publish_or_perish #désillusion #indemnités_chômage #burn-out #contrats_précaires #gâchis #dévalorisation #LPPR #LPR #éthique #post-doc

  • L’accès et la circulation des savoirs se font dans un monde de plus en plus ouvert. Les données en libre accès se multiplient, mais leurs usages ne vont pas de soi… #numérique #internet #usages #openaccess

    https://sms.hypotheses.org/24810

    Open source, open educational resources, open data, open courses, ces différentes expressions anglophones traduisent la multiplication des données actuellement accessibles en mode ouvert sur le web. Elles modifient progressivement les modalités d’accès et de circulation des savoirs à l’ère des géants du numérique –les GAFAM. Dans les domaines de l’éducation comme des données publiques, leurs usages ne vont pas forcément de soi.

    Ces questionnements ont fait l’objet d’un ouvrage collectif coordonné par Luc Massou, Brigitte Juanals, Philippe Bonfils et Philippe Dumas, regroupant une sélection de communications sur les sources ouvertes numériques dans le secteur éducatif et social réalisées lors d’un colloque à l’université Aix-Marseille en 2016 (...)

    • La #science_ouverte doit être interrogée bien au-delà de ce premier discours consensuel sur l’ouverture des données et des publications (soit un mouvement contre les éditeurs privés et l’appropriation commerciale du savoir - mouvement qui, soit dit au passage, est en phase d’institutionnalisation depuis quelques années).
      Plusieurs points sont systématiquement refoulés : le coût écologique de l’ouverture des données, la gouvernance économique (volonté de réduire les coûts), la transformation (voir la destruction) des métiers d’éditeur et de bibliothécaire...
      Les politiques scientifiques d’évaluation sont également systématiquement passés sous silence (le fameux #publish_or_perish). Je vous invite à lire ce très bon texte de #Peter_Sloterdijk (https://seenthis.net/messages/54405) sur l’augmentation du plagiat comme conséquence du publish or perish (ou publier pour publier à défaut d’être lu : le pacte de non-lecture).
      Ce que l’ouverture des données va également permettre, c’est le recours massif aux robots (#machine_learning), seuls capables de rechercher les mots clefs souhaités dans un corpus numérique monstrueux. Cela pose et posera des questions épistémologiques qui ne sont pour le moment jamais évoqués dans cet appel à une science 2.0 (ou e-science) jamais nommée.

      P.-S. Je parle essentiellement ici des SHS.

      #informatisation #accès_ouvert #open_access

  • La #science pour le plus grand nombre, pas pour l’argent

    Partout dans le monde, l’Enseignement Supérieur et la Recherche sont actuellement soumis à la doctrine de choc du néolibéralisme, où la #connaissance est perçue comme un simple moyen d’améliorer la #compétitivité de l’économie, comme une source possible de bénéfices et comme un outil de contrôle pour les gouvernements. Ce programme néolibéral pour la science est mis en œuvre par un nouveau mode de gestion publique dans lequel les étudiants, les enseignants et les chercheurs doivent devenir des entrepreneurs de leur capital cognitif et de leur réputation. Loin des idéaux coopératifs de la science et de l’enseignement, les universités et les institutions de recherche sont gérées comme des entreprises, en concurrence les unes avec les autres pour attirer les « meilleurs » étudiants et chercheurs. Les groupes de recherche et les collectifs de travail sont presque systématiquement écrasés. Les gestionnaires scientifiques sont censés chercher des #fonds et des #subventions pour employer une masse toujours plus grande de personnel précaire, dont les bas salaires contrastent avec les revenus de plus en plus élevés d’une nouvelle élite de gestion incarnée par les présidents et les vice-présidents d’université. La souffrance au travail affecte la plupart de ces nouveaux #prolétaires_intellectuels. D’un autre côté, la folie de l’#évaluation, la pression pour « #publier_ou_périr » et la #privatisation de l’#édition_scientifique conduisent à un nombre croissant de publications, ce qui menace à la fois la qualité de la #recherche et la transmission ouverte du savoir. Cette guerre matérielle dans laquelle l’#austérité va de pair avec la privatisation s’accompagne d’une guerre idéologique orwellienne où les mots, écrits dans un langage pauvre et mensonger, perdent leur sens. Le désir de reconnaissance de chacun conduisant à la servitude de tous, les valeurs de #compétition et d’#utilitarisme gagnent du terrain dans nos communautés scientifiques, où les individus sont de plus en plus isolés et craignent d’être exclus du jeu.

    Heureusement, des #résistances sont apparues, tant dans les pays où l’application de ces politiques était la plus développée (Grande-Bretagne ou Chili) que dans les pays où elles sont encore moins avancées (France, Allemagne ou Canada, notamment la région du Québec). Partout, les #mobilisations proposent des #alternatives à ces politiques néolibérales, très proches les unes des autres tant en termes de valeurs que de mesures concrètes. Plus important encore, nous sommes tous d’avis que le savoir fait partie du patrimoine commun de l’humanité et que sa valeur dépend de son #partage avec le plus grand nombre. Les autres composantes de l’alternative à la science néolibérale découlent de ce principe.

    Premièrement, l’université doit être libre. Mais la lutte pour l’abolition effective des #frais_d'inscription exige aussi que l’on reconnaisse aux étudiants le droit à une allocation financière substantielle qui garantirait leur autonomie en leur donnant les moyens de faire face à la nourriture, au logement et d’avoir du temps pour étudier.

    Deuxièmement, les universitaires et les chercheurs doivent non seulement avoir des salaires et des retraites décents, mais aussi se voir accorder des postes à part entière avec de solides garanties d’#indépendance. C’est une condition nécessaire si nous voulons éviter les #conflits_d'intérêts entre l’éducation, la science et les pouvoirs de l’argent et de la politique.

    Ils doivent également bénéficier de crédits à long terme, sans passer une grande partie de leur temps à demander un nombre croissant de subventions et de #projets par le biais de procédures bureaucratiques épouvantables ou à justifier constamment l’utilisation scientifique des fonds qui leur sont alloués. Ce n’est qu’à ce prix qu’ils pourront revendiquer leur droit au temps, sans lequel aucun progrès intellectuel réel, aucune science libre et aucune éducation libre, solide et cohérente n’est possible.

    Enfin, la #démocratie doit être au cœur des universités et des institutions de recherche. Le débat critique avec les citoyens et la collégialité des décisions doivent remplacer la gestion de haut en bas venant de bureaucrates zélés et incompétents qui ne s’intéressent qu’à stimuler la concurrence et la soi-disant « excellence ».

    L’urgence sociale et écologique à laquelle le monde entier est actuellement confronté représente un intérêt général commun qui devrait nous pousser à nous unir si nous voulons relever tous ces défis. Un développement massif des connaissances scientifiques est aujourd’hui nécessaire pour assurer la #transition_écologique de nos sociétés et échapper à la catastrophe imminente. Les investissements publics représentant 3% du PIB des nations doivent être consacrés aux services publics de la recherche et de l’enseignement supérieur. Nous devons également riposter de manière organisée  : il est temps de construire une alternative mondiale dans laquelle les universitaires et les scientifiques, les étudiants et les citoyens défendent les trois piliers de l’enseignement supérieur et de la recherche  : l’indépendance de la production scientifique et intellectuelle, la libre critique et la gratuité de la #transmission_des_connaissances.

    Nous, signataires de cet appel, membres de la communauté académique et de la recherche ou du mouvement social dans son ensemble, nous venons du monde entier. Nous nous engageons ensemble à promouvoir les valeurs de la critique, de la collégialité et de la #coopération dans le domaine scientifique et universitaire. Nous défendons des universités et des institutions de recherche bien dotées et libres d’intérêts privés. Nous luttons contre les #conditions_de_travail précaires et nous promouvons un système alternatif de publication scientifique dans lequel la connaissance est libre et ouverte. Nous appelons à la constitution d’un réseau de #solidarité_internationale et au développement du #savoir_pour_tous.

    https://www.linternationaledessavoirspourtous.org/p/la-science-pour-le-plus-grand-nombre.html?lang=en
    #université #critique #résistance #néo-libéralisme #précarisation #publish_or_perish #tribune #pétition

    • Academic-Led Publishing Panel: Why Academic-Led and Why Now?

      This panel serves as an introduction to Academic-Led Publishing Day, focusing on the “what” and “why” behind the event. Panelists briefly share how they are involved in academic-led publishing and answer the questions: “Why do you believe more academic-led publishing initiatives are needed? And why is now the time for both scholarly institutions and individual scholars to get involved in academic publishing?” Moderated by Cheryl Ball, editor of Kairos, this roundtable included Rebecca Kennison, Open Access Network Co-Founder Virginia “Ginny” Steel, Norman and Armena Powell University Librarian, UCLA Library Brian Cody, Co-Founder and CEO of Scholastica Max Mosterd, Head of Operations and Analytics for Knowledge Unlatched Mike Taylor, open-access advocate and paleontologist with the University of Bristol Hugh Thomas, Editor-in-Chief for Algebraic Combinatorics

      https://www.youtube.com/watch?v=O4D6OVD4QoE&feature=youtu.be

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      Academic-Led Publishing Day

      Academic-Led Publishing Day is a global digital event to foster discussions about how members of the scholarly community can develop and support academic-led publishing initiatives. Academic-Led publishing refers to scholarly publishing initiatives wherein one or more academic organizations control decisions pertaining to copyright, distribution, and publishing infrastructure. The goal of Academic-Led Publishing Day is to create an open dialogue about academic-led publishing programs and funding models - both current and potential - and to raise awareness about the roles and capabilities of different stakeholders in this space. The day will consist of virtual and in-person events, social media discussions, and a collection of blog posts and relevant resources.

      https://academicledpublishingday.com
      #alternative

  • ’We are transforming our university into a place where talent once again feels valued and nurtured’

    Our university should once again belong to the academics, rather than the bureaucracy, writes the rector of #Ghent_University, Rik Van de Walle.

    Ghent University is deliberately choosing to step out of the rat race between individuals, departments and universities. We no longer wish to participate in the #ranking of people.

    It is a common complaint among academic staff that the mountain of paperwork, the cumbersome procedures and the administrative burden have grown to proportions that are barely controllable. Furthermore, the academic staff is increasingly put under pressure to count publications, citations and doctorates, on the basis of which funds are being allocated. The intense competition for funding often prevails over any possible collaboration across the boundaries of research groups, faculties and - why not - universities. With a new evaluation policy, Ghent University wants to address these concerns and at the same time breathe new life into its career guidance policy. Thus, the university can again become a place where talent feels valued and nurtured.

    We are transforming our university into a place where talent once again feels valued and nurtured.

    With the new career and evaluation model for professorial staff, Ghent University is opening new horizons for Flanders. The main idea is that the academy will once again belong to the academics rather than the bureaucracy. No more procedures and processes with always the same templates, metrics and criteria which lump everyone together.
    We opt for a radically new model: those who perform well will be promoted, with a minimum of accountability and administrative effort and a maximum of freedom and responsibility. The quality of the individual human capital is given priority: talent must be nurtured and feel valued.
    This marks the end of the personalized objectives, the annual job descriptions and the high number of evaluation documents and activity reports. Instead, the new approach is based on collaboration, collegiality and teamwork. All staff members will make commitments about how they can contribute to the objectives of the department, the education programmes, the faculty and the university.
    The evaluations will be greatly simplified and from now on only take place every five years instead of every two or four years. This should create an ’evaluation break’.

    We opt for a radically new model: those who perform well will be promoted, with a minimum of accountability and administrative effort and a maximum of freedom and responsibility. At the same time, we want to pay more attention to well-being at work: the evaluations of the supervisors will explicitly take into account the way in which they manage and coach their staff. The model must provide a response to the complaint of many young professors that quantitative parameters are predominant in the evaluation process. The well-known and overwhelming ’publication pressure’ is the most prominent exponent of this. Ghent University is deliberately choosing to step out of the rat race between individuals, departments and universities. We no longer wish to participate in the ranking of people.
    Through this model, we are expressly taking up our responsibility. In the political debate on the funding of universities and research applications, a constant argument is that we want to move away from purely competitive thinking that leaves too little room for disruptive ideas. The reply of the policy makers is of course that we must first do this within the university itself. This is a clear step in that direction, and it also shows our efforts to put our own house in order.
    With this cultural shift, Ghent University is taking the lead in Flanders, and we are proud of it. It is an initiative that is clearly in accordance with our motto: ’#Dare_to_Think'. Even more so, we dare to do it as well.
    A university is above all a place where everything can be questioned. Where opinions, procedures and habits are challenged. Where there is no place for rigidity.

    I am absolutely convinced that in a few years’ time we will see that this new approach has benefited the overall quality of our university and its people.


    https://www.ugent.be/en/news-events/ghent-university-talent-rat-race-transformation-career-evaluation-model.htm
    #université #alternative #résistance #Ghent #Belgique #bureaucratie #bureaucratisation #compétition #collaboration #carrière #évaluation #liberté #responsabilité #performance #publish_or_perish #publication #pression_à_publier #travail

    Je rêve que mon université fasse aussi un grand pas en cette direction, mais je crains que ça restera un rêve...

    • THE developing ranking based on #Sustainable_Development_Goals

      New league table will be first to measure global universities’ success in delivering on UN targets

      Times Higher Education is developing a new global university ranking that aims to measure institutions’ success in delivering the United Nations’ Sustainable Development Goals.

      The 17 goals – which include providing inclusive and equitable quality education, achieving gender equality and fostering innovation – were adopted by the UN in 2016 and provide a framework for developing the world in a sustainable way.

      The first edition of the ranking will include metrics based on 11 SDGs, but the long-term goal is to measure performance against all 17 goals.

      Data will be collected from universities and Elsevier to produce an overall ranking of universities based on the best four or five SDGs per university. Individual rankings of the universities that are best achieving the 11 SDGs will also be published.

      The ranking will be open to all accredited universities that teach undergraduates, and the first edition will be launched at THE’s Innovation and Impact Summit in South Korea in April 2019. Data collection will begin this autumn.

      Metrics currently being explored include the number of graduates in health professions, the proportion of women in senior academic positions, and policies and practices regarding employment security.

      An initial draft of the metrics will be developed in partnership with Vertigo Ventures, an organisation that works with leading research institutions globally to help them identify, capture and report the impact of their work, and there will be a workshop on the first iteration of the methodology at THE’s World Academic Summit in Singapore later this month.

      Phil Baty, THE’s editorial director of global rankings, said that THE originally planned to launch an impact ranking based primarily on universities’ economic impact – examining their interactions with business and their development of commercially exploitable ideas – but has decided to expand its approach to cover a much wider definition of impact, based on feedback from the sector.

      While some national systems were trying to gather evidence on universities’ role in achieving the SDGs, the new ranking will be the first global attempt at measuring this activity and “moves well beyond established ranking parameters of research and reputation”, he added.

      Mr Baty said that the new table will also provide an opportunity for institutions that do not usually appear in the THE World University Rankings to feature.

      “We are working to develop metrics that enable universities across the world to evidence their impact – not just those that are located in more developed nations,” he said.

      https://www.timeshighereducation.com/news/developing-ranking-based-sustainable-development-goals

      #SDGs

    • The English Trojan horse destroying Dutch universities

      In December, the Dutch Inspectorate of Education published the results of an investigation which suggest that in May last year the association ‘Beter Onderwijs Nederland’ (BON or Better Education Netherlands) had perfectly good reasons for filing a lawsuit against two Dutch universities and the inspectorate of education itself in an attempt to stop the unbridled anglicisation of higher education in the Netherlands.

      Had the results of the inspectorate’s investigation been available at that point, BON might perhaps have won the case by framing the arguments in their legal brief somewhat differently.

      Beyond any doubt, the investigation shows that many institutions of higher education in the Netherlands violate the Dutch Higher Education Law. In addition, it suggests that the inspectorate has failed in its task of monitoring whether these institutions comply with the relevant articles in the law (WHW 1.3 and 7.2).

      If it had indeed followed developments regarding internationalisation, as it says in the very first sentence of the investigation report’s summary, shouldn’t it – or the minister responsible – have acted accordingly years ago when all the official figures about degree programmes taught entirely in English indicated that the law was being massively ignored?

      So what does the law, issued in 1992, state with respect to the language of instruction in Dutch higher education and how does the incidence of English-only degree programmes fare against this legislation?

      Article 1.3 of the WHW dictates that institutions of higher education should advance the Dutch language proficiency of all Dutch students. The related article 7.2 states that instruction and examinations should be in Dutch, except if (a) the degree programme in question specifically aims to help them acquire another language; (b) a lecture is given by a visiting lecturer who doesn’t speak Dutch, or (c) the specific nature, organisation or quality of teaching or the origin of the students necessitates the use of a language other than Dutch.

      If 7.2c applies, the necessity of using another language should be explained in a code of conduct that is adopted by the institution’s executive board. Beyond all doubt, the law supports the idea that the default language in Dutch higher education is Dutch.

      Reaching a tipping point

      In view of the unmistakable intent of the WHW to safeguard the position of Dutch, the figures concerning the number of degree programmes completely taught in English in Dutch universities are downright stunning, and higher than anywhere else in Europe.

      In the academic year 2017-18, 23% of all bachelor degree programmes and 74% of all masters degree programmes offered by Dutch universities were entirely in English.

      Nevertheless, the anglicisation process continues. The latest numbers, issued in December 2018, show that this academic year there has been an increase of 5% for bachelor degree programmes and 2% for the masters programmes that are conducted entirely in English.

      Tipping point reached

      With these new figures, the tipping point has been reached of more programmes being taught in English than in Dutch. At the University of Twente and Maastricht University, the two universities that BON summoned to court in 2018, English saturation is nearly complete, including in bachelor degree programmes.

      The percentages of all-English programmes show that universities clearly do not act in the spirit of WHW articles 1.3 and 7.2. But do they actually violate the law?

      The inspectorate’s investigation points out that many Dutch institutions of higher education, including a couple of universities, are indeed breaking the law.

      The inquiry focused on the code of conduct mentioned in article 7.2c, such a code being obligatory in all cases where English (or any other language) instead of Dutch is used as the language of instruction. It is even required if English is the language of instruction in only part of a programme and it should always explain the need to use a language other than Dutch.

      Two of the main questions addressed in the investigation therefore were whether institutions of higher education that offer at least one programme entirely or largely in English actually have a code of conduct and, if so, whether its content complies with legal requirements.

      Seventy-seven of the 125 Dutch higher education institutions fulfilled the criteria for inclusion in the investigation, among them publicly funded research universities, universities of applied science (‘hogescholen’) and non-publicly funded institutions. Remarkably, only 43 of these 77 actually had a code of conduct so the other 34 thus clearly violated the law.

      Equally noteworthy is the fact that the need for instruction in English was not substantiated by weighty arguments in any of the 43 codes of conduct as article 7.2c requires.

      It is extremely puzzling that in about one-third of the codes of conduct a different principle than the clear ‘Dutch unless’ standard is adopted, including its opposite, the ‘English unless’ principle – and the reasons for deviating from Dutch as the default language are often not explained.

      In view of the fact that the law was issued in 1992, a final noteworthy outcome of the inspectorate’s inquiry is that half of the codes of conduct date from 2017 and 2018. One cannot help suspecting that the institutions in question may have drawn them up to retroactively legitimise their language policy, possibly responding to growing public concern about English rapidly replacing Dutch in Dutch higher education.

      Impact on internationalisation

      The main motive for providing all-English programmes is that these are strong magnets for foreign students, who, in an increasing number of programmes, outnumber their Dutch peers.

      For example, the percentage of international students among first-year psychology students at the University of Twente, Maastricht University and the University of Amsterdam rose, respectively, from 50% to 80%, from 52% to 86% and from 3% to 57% the year entire programmes were first offered in English.

      Dutch (research) universities have seen their student numbers expand substantially over the last couple of years, mainly due to the increasing influx of international students. Just this academic year the student population increased by 5%. Since 2000 universities have seen their student population grow by 68% without any proportional rise in funding.

      They have now reached a point at which they can no longer cope with the influx – there are more than 1,000 first-year students bursting out of the lecture halls in some fields of study.

      Ironically, in an attempt to gain control over the inflow of international students, the Association of Universities in the Netherlands (VSNU) is trying to get the minister’s approval for a cap on enrolment on all-English programmes in order to secure the educational quality that is jeopardised by universities’ uncontrollable growth.

      Fluency risk

      Another reason why educational quality is at risk on all-English programmes is that proficiency in a second language is generally lower than in a native language. This also applies to the Dutch, who tend to greatly overestimate their fluency in English. This lower proficiency in English impedes students’ knowledge acquisition and academic development and hampers the transfer of knowledge and skills by lecturers.

      In view of the fact that WHW article 1.3 clearly aims to foster students’ Dutch language proficiency and protect the position of Dutch in general, all-English instruction also adversely affects educational quality because it results in the opposite: a declining Dutch language proficiency in students enrolled on such programmes and the gradual disappearance of Dutch as a scientific and cultural language.

      Let there be no mistake. The opponents of anglicisation of higher education in the Netherlands do not object to the prominent presence of English in education next to Dutch. Many would even welcome the balanced presence of Dutch and English on truly bilingual programmes.

      What they instead oppose is the complete replacement of Dutch by English, as happens on all-English programmes. It is by offering these programmes on such a large scale that Dutch universities have built a Trojan horse that is now defeating them within their own walls.

      https://www.universityworldnews.com/post.php?story=20190121062548730
      #anglicisation #anglais #langue #cheval_de_Troie

  • « #Publish_or_perish », quand la science met les chercheurs sous pression

    Les journaux scientifiques et leur système de #publications influencent lourdement la #recherche. Les chercheurs sont incités à produire, pas à avoir raison. Premier volet de notre série consacrée aux cinq plaies de la recherche

    https://www.letemps.ch/sciences/2017/09/19/publish-or-perish-science-met-chercheurs-pression
    #édition_scientifique #science #université #publications_scientifique

    cc @reka

  • PLOS ONE: Journal Impact Factor Shapes Scientists’ Reward Signal in the Prospect of Publication
    http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371%2Fjournal.pone.0142537

    Abstract
    The incentive structure of a scientist’s life is increasingly mimicking economic principles. While intensely criticized, the journal impact factor (JIF) has taken a role as the new currency for scientists. Successful goal-directed behavior in academia thus requires knowledge about the JIF. Using functional neuroimaging we examined how the JIF, as a powerful incentive in academia, has shaped the behavior of scientists and the reward signal in the striatum. We demonstrate that the reward signal in the nucleus accumbens increases with higher JIF during the anticipation of a publication and found a positive correlation with the personal publication record (pJIF) supporting the notion that scientists have incorporated the predominant reward principle of the scientific community in their reward system. The implications of this behavioral adaptation within the ecological niche of the scientist’s habitat remain unknown, but may also have effects which were not intended by the community.


    Fig 1. Example stimuli for each level for the publication (PID) and monetary incentive delay (MID) condition as used in study one.