• « #Care » : comment l’étude du #travail_domestique permet de réécrire l’histoire

    La notion de care s’est imposée dans le langage courant et politique pour qualifier l’ensemble des activités – rémunérées ou non – qui consistent à prendre soin des autres et de leur cadre de vie ; à assurer le « #travail_reproductif » et non seulement « productif ». Cela recouvre notamment les métiers ou pratiques sociales d’#aide_à_la_personne, les secteurs infirmiers ou médicaux, ou encore un grand nombre de tâches dites « domestiques ».

    Les économistes féministes se sont depuis longtemps approprié cette notion pour mettre en valeur des formes de travail exercées par les #femmes et non reconnues socialement et dans les #statistiques économiques, en particulier le #travail_domestique_non_rémunéré. Il ne s’agit pas d’essentialiser des différences entre hommes et femmes mais au contraire de partir du principe que rendre visibles toutes les formes de travail est une étape nécessaire vers l’#égalité, la #reconnaissance_sociale et économique et le partage de ces tâches.

    En outre, alors que les mutations sociales et technologiques du XXe siècle ont diminué le temps de travail consacré au care et les tâches domestiques, il est probable que le vieillissement de la population inverse cette tendance. Il implique en particulier une augmentation de la demande de soin et d’aide à la personne, pratiques qui peuvent être rémunérées ou non, reposant dans ce dernier cas sur des liens familiaux ou amicaux.

    La loi de 2019 sur les congés de proche aidant et les discussions récurrentes sur les pénuries de personnel pour l’aide à domicile montrent combien nos sociétés se préparent – encore trop lentement et difficilement – aux mutations économiques et sociales causées par le vieillissement.

    #Valorisation_monétaire du travail domestique

    Il y a évidemment un débat au sein des économistes quant à l’opportunité de compter le travail de care domestique qui n’apparaît pas dans les statistiques officielles et donc de lui donner une #valeur_monétaire. Outre les difficultés méthodologiques de cette quantification, la question est de savoir si valoriser les pratiques non rémunérées comme un travail salarié ne va pas à l’encontre de l’éthique du care en mettant sur le même plan des formes de travail non équivalentes.

    La réponse que les économistes féministes apportent à cette question est que la construction de statistiques et la valorisation monétaire est aujourd’hui le meilleur moyen de montrer l’ampleur du #travail_féminin et la persistance des inégalités entre femmes et hommes au sein du ménage hétérosexuel (voir le récent résumé de Nancy Folbre présentant ces arguments et la recherche dans ce domaine, dont la première contribution remonte à l’ouvrage de Margaret Reid, Economics of household production, publié en… 1934).

    Depuis #Margaret_Reid, et encore plus depuis la réappropriation du concept de care en économie dans les années 1980 et 1990, notamment par Nancy Folbre, les économistes ont donc tenté de quantifier le travail domestique, dans le passé quasi-essentiellement exercé par les femmes. L’objectif est de voir comment cette comptabilisation change notre vision du #développement_économique, habituellement mesuré par des salaires et le temps de travail masculins, puis par le #produit_intérieur_brut, qui exclut les tâches domestiques.

    Il existe des tentatives actuelles pour inclure les estimations du travail domestique dans le #PIB, mais seule l’histoire économique permet de prendre la mesure du #biais que l’absence de prise en compte du travail féminin dans les statistiques cause à nos représentations du développement économique.

    Dans un article récemment paru dans le Journal of Economic History, « Careworn : The Economic History of Caring Labor » (https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-economic-history/article/careworn-the-economic-history-of-caring-labor/68D8EDEB50DCF2AB012433755741108B), la professeure d’histoire économique Jane Humphries cherche à produire une telle estimation pour l’Angleterre sur très longue période, de 1270 à 1860. Ses précédentes recherches ont déjà révolutionné l’#histoire_économique en montrant comment la prise en compte du travail des enfants, puis la construction de séries de salaire des femmes, changeaient le récit traditionnel de la révolution industrielle du XIXe siècle.

    Humphries commence par rappeler le paradoxe des recherches actuelles d’histoire économique quantitative qui ont entrepris de calculer des séries de PIB, de niveau de vie et de prix depuis le Moyen-Âge (voir notamment les travaux de #Robert_Allen et #Stephen_Broadberry). Le calcul d’évolution des prix repose en effet sur la définition d’un panier de biens représentatif de la consommation de base (viande, lait, céréales etc.). Mais l’essentiel du travail des femmes nécessaire pour transformer ces biens de base en consommation domestique, nécessaire pour soutenir le travail rémunéré de l’homme du foyer, n’est pas pris en compte dans les statistiques de production !

    Soutien au travail de l’homme salarié

    Elle rappelle aussi les nombreuses heures nécessaires pour maintenir l’#hygiène dans un foyer, avant la généralisation de l’eau courante et des sanitaires au XXe siècle. Rassemblant de nombreuses sources d’origine et fréquence différentes sur le temps de travail domestique et sur le #salaire horaire de ce travail lorsqu’il était rémunéré, Humphries tente de calculer la valeur totale du travail domestique qui était nécessaire pour qu’un foyer puisse subsister, permettant à l’homme de s’en absenter pour travailler au-dehors.

    Même ses estimations les plus basses montrent qu’au moins 20 % de la production totale de valeur (ce que nous appelons aujourd’hui PIB) était consacrée aux #tâches_domestiques – et sont donc absentes de nos mesures habituelles Et si ce chiffre n’était pas plus important dans le passé qu’aujourd’hui, c’est que l’autrice valorise le travail féminin au prix du salaire des femmes de l’époque, qui était très inférieur à celui des hommes.

    Notons que l’article ne quantifie que les tâches domestiques liées à la consommation et l’entretien du foyer ; l’autrice souligne qu’elle n’a pas quantifié ce qui touche au « travail reproductif », en particulier la mise au monde et l’allaitement des enfants.

    Mais la professeure d’histoire économique s’intéresse ici davantage à l’évolution du coût et temps du travail domestique – relativement au #travail_salarié – au cours des siècles. Elle remarque en particulier une forte augmentation du travail domestique, et de sa valeur relative, lors de la « révolution industrieuse » du XVIIIe siècle, précédant la « révolution industrielle » du XIXe siècle.

    Regard biaisé sur l’économie

    A la suite des travaux de #Jan_de_Vries, on parle de « #révolution_industrieuse » pour caractériser l’augmentation du temps de travail (en termes de nombre d’heures salariées) causée par la nécessité de maintenir ou accroître le niveau de consommation du ménage. De manière cohérente avec le fait que la révolution industrieuse coïncidait avec une diversification et multiplication des biens de consommation, Humphries montre que le travail domestique nécessaire pour soutenir le travail de l’homme salarié augmentait en même temps que ce dernier.

    Plus les ménages avaient accès à de nouveaux produits (tissus, sucre, viande, thé etc.), plus les femmes devaient travailler pour que les hommes puissent les consommer et en profiter. Pour les femmes mariées, conclut-elle, la « révolution industrieuse » n’a pas coïncidé avec une augmentation du travail salarié mais a pris une forme domestique, obscurcissant ainsi encore plus la contribution des femmes à la #croissance_économique et l’amélioration du niveau de vie.

    Rappelons, comme Humphries elle-même, la fragilité de ces premières estimations qui reposent sur des sources incomplètes et des hypothèses statistiques fortes.

    Toutefois, ce travail a le mérite de mettre à nouveau en lumière combien notre regard sur l’histoire économique est biaisé si nous ne réalisons pas que l’activité économique mesurée au cours du temps (par les statistiques de prix, salaires et production) ne pouvait s’accomplir que parce qu’elle était rendue possible par le travail domestique des femmes. Celui-ci était pourtant invisible dans les statistiques de population ou de production qui devinrent au XIXe siècle un nouveau pilier de la gestion des Etats modernes et de la compréhension de l’économie.

    https://www.alternatives-economiques.fr/eric-monnet/care-letude-travail-domestique-permet-de-reecrire-lhi/00112088
    #rémunération #invisibilisation #économie #économie_féministe #quantification #rémunération #salaire

    • Care Provision and the Boundaries of Production

      Whether or not they provide subjective satisfaction to providers, unpaid services and non-market transfers typically contribute positively to total output, living standards, and the social climate. This essay describes some quantitative dimensions of care provision and reviews their implications for the measurement of economic growth and the explanation of relative earnings, including the gender wage differential. It also calls attention to under-explored aspects of collective conflict over legal rules and public policies that shape the distribution of the net costs of care provision.

      https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/jep.38.1.201

  • Derrière la transparence, la fabrique très privée des chiffres sur le marché de l’immobilier de bureau
    https://metropolitiques.eu/Derriere-la-transparence-la-fabrique-tres-privee-des-chiffres-sur-le

    Alors que la construction de #bureaux ne faiblit pas, il est utile de se pencher sur la manière dont sont fabriqués les chiffres qui régissent ce marché. Marine Duros montre ici, à partir de matériaux de première main, les mécanismes et les enjeux de la « production de l’ignorance ». Chaque trimestre, la presse économique publie une batterie de chiffres sur la santé du marché de l’immobilier de bureau en Ile-de-France et dans les principales métropoles françaises. Depuis 2023, de nombreux articles #Terrains

    / #financiarisation, #immobilier, bureaux, #expertise, #quantification

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-duros.pdf

  • Une organisation en #souffrance

    Les Français seraient-ils retors à l’effort, comme le laissent entendre les mesures visant à stigmatiser les chômeurs ? Et si le nombre de #démissions, les chiffres des #accidents et des #arrêts_de_travail étaient plutôt le signe de #conditions_de_travail délétères.

    Jeté dans une #concurrence accrue du fait d’un #management personnalisé, évalué et soumis à la culture froide du chiffre, des baisses budgétaires, le travailleur du XXIe siècle est placé sous une #pression inédite...

    L’étude de 2019 de la Darès (Ministère du Travail) nous apprend que 37% des travailleurs.ses interrogés se disent incapables de poursuivre leur activité jusqu’à la retraite. Que l’on soit hôtesse de caisse (Laurence) ou magistrat (Jean-Pierre), tous témoignent de la dégradation de leurs conditions de travail et de l’impact que ces dégradations peuvent avoir sur notre #santé comme l’explique le psychanalyste Christophe Dejours : “Il n’y a pas de neutralité du travail vis-à-vis de la #santé_mentale. Grâce au travail, votre #identité s’accroît, votre #amour_de_soi s’accroît, votre santé mentale s’accroît, votre #résistance à la maladie s’accroît. C’est extraordinaire la santé par le travail. Mais si on vous empêche de faire du travail de qualité, alors là, la chose risque de très mal tourner.”

    Pourtant, la #quête_de_sens est plus que jamais au cœur des revendications, particulièrement chez les jeunes. Aussi, plutôt que de parler de la semaine de quatre jours ou de développer une sociabilité contrainte au travail, ne serait-il pas temps d’améliorer son #organisation, d’investir dans les métiers du « soin » afin de renforcer le #lien_social ?

    Enfin, la crise environnementale n’est-elle pas l’occasion de réinventer le travail, loin du cycle infernal production/ consommation comme le pense la sociologue Dominique Méda : “Je crois beaucoup à la reconversion écologique. Il faut prendre au sérieux la contrainte écologique comme moyen à la fois de créer des emplois, comme le montrent les études, mais aussi une possibilité de changer radicalement le travail en profondeur.”

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/une-organisation-en-souffrance-5912905

    #travail #audio #sens #reconnaissance #podcast #déshumanisation #grande_distribution #supermarchés #Carrefour #salariat #accidents_du_travail # location-gérance #jours_de_carence #délai_de_carence #financiarisation #traçabilité #performance #néo-taylorisme #taylorisme_numérique #contrôle #don #satisfaction #modernisation #mai_68 #individualisation #personnalisation #narcissisation #collectif #entraide #épanouissement #marges_de_manoeuvre #intensification_du_travail #efficacité #rentabilité #pression #sous-traitance #intensité_du_travail #santé_au_travail #santé #épidémie #anxiété #dépression #santé_publique #absentéisme #dégradation_des_conditions_de_travail #sommeil #identité #amour_de_soi #santé_par_le_travail #tournant_gestionnaire #gouvernance_de_l'entreprise #direction_d'entreprise #direction #règles #lois #gestionnaires #ignorance #objectifs_quantitatifs #objectifs #performance #mesurage #évaluation #traçabilité #quantification #quantitatif #qualitatif #politique_du_chiffre #flux #justice #charge_de_travail

    25’40 : #Jean-Pierre_Bandiera, ancien président du tribunal correctionnel de Nîmes :

    « On finit par oublier ce qu’on a appris à l’école nationale de la magistrature, c’est-à-dire la motivation d’un jugement... On finit par procéder par affirmation, ce qui fait qu’on gagne beaucoup de temps. On a des jugements, dès lors que la culpabilité n’est pas contestée, qui font abstraction de toute une série d’éléments qui sont pourtant importants : s’attarder sur les faits ou les expliquer de façon complète. On se contente d’une qualification développée : Monsieur Dupont est poursuivi pour avoir frauduleusement soustrait 3 véhicules, 4 téléviseurs au préjudice de Madame Durant lors d’un cambriolage » mais on n’est pas du tout en mesure après de préciser que Monsieur Dupont était l’ancien petit ami de Madame Durant ou qu’il ne connaissait absolument pas Madame Durant. Fixer les conditions dans lesquelles ce délit a été commis de manière ensuite à expliquer la personnalisation de la peine qui est quand même la mission essentielle du juge ! Il faut avoir à chaque fois qu’il nous est demandé la possibilité d’adapter au mieux la peine à l’individu. C’est très important. On finit par mettre des tarifs. Quelle horreur pour un juge ! On finit par oublier la quintessence de ce métier qui est de faire la part des choses entre l’accusation, la défense, l’auteur de faits, la victime, et essayer d’adopter une sanction qui soit la plus adaptée possible. C’est la personnalisation de la peine, c’est aussi le devenir de l’auteur de cette infraction de manière à éviter la récidive, prévoir sa resocialisation. Bref, jouer à fond le rôle du juge, ce qui, de plus en plus, est ratatiné à un rôle de distributeur de sanctions qui sont plus ou moins tarifées. Et ça c’est quelque chose qui, à la fin de ma carrière, c’est quelque chose qui me posait de véritables problèmes d’éthique, parce que je ne pensais pas ce rôle du juge comme celui-là. Du coup, la qualité de la justice finit par souffrir, incontestablement. C’est une évolution constante qui est le fruit d’une volonté politique qui, elle aussi, a été constante, de ne pas consacrer à la justice de notre pays les moyens dont elle devait disposer pour pouvoir fonctionner normalement. Et cette évolution n’a jamais jamais, en dépit de tout ce qui a pu être dit ou écrit, n’ai jamais été interrompue. Nous sommes donc aujourd’hui dans une situation de détresse absolue. La France est donc ??? pénultième au niveau européen sur les moyens budgétaires consacrés à sa justice. Le Tribunal de Nîme comporte 13 procureurs, la moyenne européenne nécessiterait qu’ils soient 63, je dis bien 63 pour 13. Il y a 39 juges au Tribunal de Nîmes, pour arriver dans la moyenne européenne il en faudrait 93. Et de mémoire il y a 125 greffiers et il en faudrait 350 je crois pour être dans la moyenne. Il y avait au début de ma carrière à Nîmes 1 juge des Libertés et de la détention, il y en a aujourd’hui 2. On a multiplié les chiffres du JLD par 10. Cela pose un problème moral et un problème éthique. Un problème moral parce qu’on a le sentiment de ne pas satisfaire au rôle qui est le sien. Un problème éthique parce qu’on finit par prendre un certain nombre de recul par rapport aux valeurs que l’on a pourtant porté haut lorsqu’on a débuté cette carrière. De sorte qu’une certaine mélancolie dans un premier temps et au final un certain découragement me guettaient et m’ont parfois atteint ; mes périodes de vacances étant véritablement chaque année un moment où la décompression s’imposait sinon je n’aurais pas pu continuer dans ces conditions-là. Ce sont des heures de travail qui sont très très chargés et qui contribuent aussi à cette fatigue aujourd’hui au travail qui a entraîné aussi beaucoup de burn-out chez quelques collègues et puis même, semble-t-il, certains sont arrivés à des extrémités funestes puisqu’on a eu quelques collègues qui se sont suicidés quasiment sur place, vraisemblablement en grande partie parce que... il y avait probablement des problèmes personnels, mais aussi vraisemblablement des problèmes professionnels. Le sentiment que je vous livre aujourd’hui est un sentiment un peu partagé par la plupart de mes collègues. Après la réaction par rapport à cette situation elle peut être une réaction combative à travers des engagements syndicaux pour essayer de parvenir à faire bouger l’éléphant puisque le mammouth a déjà été utilisé par d’autres. Ces engagements syndicaux peuvent permettre cela. D’autres ont plus ou moins rapidement baissé les bras et se sont satisfaits de cette situation à défaut de pouvoir la modifier. Je ne regrette rien, je suis parti serein avec le sentiment du devoir accompli, même si je constate que en fermant la porte du tribunal derrière moi je laisse une institution judiciaire qui est bien mal en point."

    Min. 33’15, #Christophe_Dejours, psychanaliste :

    « Mais quand il fait cela, qu’il sabote la qualité de son travail, qu’il bâcle son travail de juge, tout cela, c’est un ensemble de trahisons. Premièrement, il trahi des collègues, parce que comme il réussi à faire ce qu’on lui demande en termes de quantité... on sait très bien que le chef va se servir du fait qu’il y en a un qui arrive pour dire aux autres : ’Vous devez faire la même chose. Si vous ne le faites pas, l’évaluation dont vous allez bénéficier sera mauvaise pour vous, et votre carrière... vous voulez la mutation ? Vous ne l’aurez pas !’ Vous trahissez les collègues. Vous trahissez les règles de métier, vous trahissez le justiciable, vous trahissez les avocats, vous leur couper la parole parce que vous n’avez pas le temps : ’Maître, je suis désolé, il faut qu’on avance.’ Vous maltraitez les avocats, ce qui pose des problèmes aujourd’hui assez compliqués entre avocats et magistrats. Les relations se détériorent. Vous maltraitez le justiciable. Si vous allez trop vite... l’application des peines dans les prisons... Quand vous êtes juges des enfants, il faut écouter les enfants, ça prend du temps ! Mais non, ’va vite’. Vous vous rendez compte ? C’est la maltraitance des justiciables sous l’effet d’une justice comme ça. A la fin vous trahissez la justice, et comme vous faites mal votre travail, vous trahissez l’Etat de droit. A force de trahir tous ces gens qui sont... parce que c’est des gens très mobilisés... on ne devient pas magistrat comme ça, il faut passer des concours... c’est le concours le plus difficile des concours de la fonction publique, c’est plus difficile que l’ENA l’Ecole nationale de magistrature... C’est des gens hyper engagés, hyper réglo, qui ont un sens de la justice, et vous leur faites faire quoi ? Le contraire. C’est ça la dégradation de la qualité. Donc ça conduit, à un moment donné, à la trahison de soi. Ça, ça s’appelle la souffrance éthique. C’est-à-dire, elle commence à partir du moment où j’accepte d’apporter mon concours à des actes ou à des pratiques que le sens moral réprouve. Aujourd’hui c’est le cas dans la justice, c’est le cas dans les hôpitaux, c’est le cas dans les universités, c’est le cas dans les centres de recherche. Partout dans le secteur public, où la question éthique est décisive sur la qualité du service public, vous avez des gens qui trahissent tout ça, et qui entrent dans le domaine de la souffrance éthique. Des gens souffrent dans leur travail, sauf que cette souffrance, au lieu d’être transformée en plaisir, elle s’aggrave. Les gens vont de plus en plus mal parce que le travail leur renvoie d’eux-mêmes une image lamentable. Le résultat c’est que cette trahison de soi quelques fois ça se transforme en haine de soi. Et c’est comme ça qu’à un moment donné les gens se suicident. C’est comme ça que vous avez des médecins des hôpitaux, professeurs de médecine de Paris qui sautent par la fenêtre. Il y a eu le procès Mégnien, au mois de juin. Il a sauté du 5ème étage de Georges-Pompidou. Il est mort. Comment on en arrive là ? C’est parce que les gens ont eu la possibilité de réussir un travail, de faire une oeuvre, et tout à coup on leur casse le truc. Et là vous cassez une vie. C’est pour cela que les gens se disent : ’Ce n’est pas possible, c’est tout ce que j’ai mis de moi-même, tous ces gens avec qui j’ai bossé, maintenant il faut que ça soit moi qui donne le noms des gens qu’on va virer. Je ne peux pas faire ça, ce n’est pas possible.’ Vous les obligez à faire l’inverse de ce qu’ils croient juste, de ce qu’ils croient bien. Cette organisation du travail, elle cultive ce qu’il y a de plus mauvais dans l’être humain. »

    #suicide #trahison #souffrance_éthique

    • Quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail #jusqu’à_la_retraite ?

      En France, en 2019, 37 % des salariés ne se sentent pas capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite. L’exposition à des #risques_professionnels – physiques ou psychosociaux –, tout comme un état de santé altéré, vont de pair avec un sentiment accru d’#insoutenabillité du travail.

      Les métiers les moins qualifiés, au contact du public ou dans le secteur du soin et de l’action sociale, sont considérés par les salariés comme les moins soutenables. Les salariés jugeant leur travail insoutenable ont des carrières plus hachées que les autres et partent à la retraite plus tôt, avec des interruptions, notamment pour des raisons de santé, qui s’amplifient en fin de carrière.

      Une organisation du travail qui favorise l’#autonomie, la participation des salariés et limite l’#intensité_du_travail tend à rendre celui-ci plus soutenable. Les mobilités, notamment vers le statut d’indépendant, sont également des moyens d’échapper à l’insoutenabilité du travail, mais ces trajectoires sont peu fréquentes, surtout aux âges avancés.

      https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/quels-facteurs-influencent-la-capacite-des-salaries-faire-
      #statistiques #chiffres

  • Radio : Renaud Garcia, Anti-industrialisme ou anticapitalisme ?, 2020
    https://sniadecki.wordpress.com/2021/12/01/rmu-garcia-anticapitalisme

    L’anticapitalisme ou la critique du capitalisme, sous les formes de la dénonciation du profit, des marchés, de la finance et des banques, aussi légitime soit-elle, peut ne jamais toucher au cœur de la dépossession universelle qui s’étend depuis plus de deux siècles, à savoir le mode de vie fondé sur le salariat et l’industrie qui permet la production en masse des marchandises.

    Il est donc nécessaire d’élargir la critique sociale, en lui adjoignant une critique culturelle des grandes organisations, du machinisme et de la représentation scientifique du monde.

    La version orale (pas tout à fait pareille que l’écrit) :
    https://archive.org/download/rmu-071-garcia-anticapitalisme/RMU_071_Garcia-Anticapitalisme.mp3

    + version écrite de l’intervention + un glossaire vulgarisé de la critique de la valeur + un début de critique

    Et la même chose mais compilé dans un même PDF :
    https://ia601400.us.archive.org/26/items/rmu-071-garcia-anticapitalisme/RMU_071_Garcia-Anticapitalisme.pdf

    #Renaud_Garcia #radio #radio_zinzine #audio #anti-industriel #anti-capitalisme #capitalisme #débat #critique_de_la_valeur #wertkritik #subsistance #Écran_total #quantification #Marx #travail #critique_du_travail #dépossession #subjectivité

  • Le Classement De Shanghai. L’université Marchandisée
    Livre de #Hugo_Harari-Kermadec

    « Le classement de Shanghai mesure mal la qualité de l’enseignement supérieur…  » « Ce n’est pas aux étudiants d’évaluer les enseignants…  », « Les universitaires n’aiment pas qu’on les évalue… », etc. Seraient-ils corporatistes, recroquevillés sur leurs supposés privilèges ? Et pourquoi les dirigeants et les gestionnaires de l’Université tiennent-ils tellement à donner des notes et à classer (les chercheurs, les enseignants, les laboratoires, les universités...) ? Une vielle habitude d’enseignants ?

    Hugo Harari-Kermadec montre que l’enjeu principal de cette mise en nombre est de préparer la marchandisation de l’Université. Pour produire du Capital humain et s’insérer dans l’#économie_de_la_connaissance, l’Université devrait se transformer en profondeur, et le travail des universitaires devrait changer, coûte que coûte, de forme. Si les #classements et les autres dispositifs de mise en nombre sont aussi importants, c’est parce qu’ils jouent un rôle essentiel pour faire du service public d’enseignement supérieur un nouveau secteur marchand producteur de valeur économique et de profits.

    En saisissant un secteur en cours de marchandisation, Hugo Harari-Kermadec révèle un processus qui s’étend bien au-delà de l’Université, de l’hôpital aux tâches domestiques, des compteurs linky aux bigdata. Il donne une nouvelle légitimité aux résistances face à la mise en nombre et invite à retourner l’arme de la quantification comme instrument d’émancipation.

    http://www.editionsbdl.com/images/files/books/692.96b35a52.png?ts=1574839015
    http://www.editionsbdl.com/fr/books/le-classement-de-shanghai.-luniversit-marchandise/760
    #livre #université #marchandisation #classement_de_Shanghai #profit #valeur_économique #quantification #université_néo-libérale #néo-libéralisme #néolibéralisme #index #Shanghai

  • Que penser des tentatives de physiciens, informaticiens et ingénieurs qui, armés d’outils #mathématiques, veulent créer une nouvelle #science de la #société en utilisant une avalanche de données sociales (#big_data…)

    https://sms.hypotheses.org/11193

    #big_data, #monde_social, #mathématique, #sciences, #SHS, #donnée, traitement, #formalisation, #modélisation, #recherche, #quantification

  • Le fonds Pierre Boulez de la BnF s’enrichit
    https://www.francemusique.fr/musique-contemporaine/le-fonds-pierre-boulez-de-la-bnf-s-enrichit-57786

    Il a fallu faire de la place dans le fonds #Pierre_Boulez de la Bibliothèque nationale de France (BnF). La succession du compositeur, décédé le 5 janvier 2016 à 90 ans, a fait don de plusieurs de ses archives personnelles à l’institution. Dans le lot se trouvent des partitions, des photos, des disques et des bandes magnétiques. Les livres occupent désormais 220 mètres linéaires , sa correspondance et ses archives papier sont classées sur 50 mètres de rayonnages . De son vivant, Pierre Boulez a cédé ses manuscrits musicaux et littéraires à la Fondation Paul Sacher, dédiée à la musique des XXème et XXIème siècles et basée en Suisse. La BnF n’a pas pu récupérer ce qui était destiné par contrat à cette fondation. Elle a néanmoins pu acquérir une partie de ses #archives grâce à des dons du mécène Pierre Souvtchinsky. Ces dons se composaient surtout de sa correspondance et de manuscrits d’œuvres de jeunesse.

    Bravo France musique de nous faire part cette information vraiment très intéressante, à savoir la longueur des archives cédées ! #face_palm #musique

  • Que faire d’intéressant avec les big data ?
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-suite-dans-les-idees/etant-donne-les-big-data

    A part du commerce, que faire des big data ? Comment les sciences sociales peuvent-elles analyser ces données massives produites par l’économie numérique ? Peuvent-elles s’en servir à des fins de connaissances ? Le sociologue Pierre-Michel Menger dialogue avec le data designer David Bihanic.

    Intéressante émission sur la #quantification_massive avec des questions sur la construction des données et plein de notions que je découvre comme la #brutification.
    Dans une deuxième partie il est question de Jacques Bertin, au travers de l’exposition qui lui est consacrée à l’EHESS. On y parle de #visualisation et d’#intelligence_graphique puisque l’outil graphique devient essentiel pour appréhender les données.
    http://retrospective-bertin.ehess.fr (workshops avec @fil et @odilon)

    #big_data #profilage

  • « Amener du Comorien » : de l’emploi déshumanisant de l’article #partitif – La #pensée du #discours
    http://penseedudiscours.hypotheses.org/15200

    Que se passe-t-il quand le partitif détermine un nom animé humain ? eh bien, l’humain.e est présenté.e comme une substance massive non comptable, et généralement #consommable, sort le plus souvent réservé, dans l’ordre spéciste qui est encore le nôtre, aux animaux (du veau, de la volaille, des crevettes). Dire « du Comorien », c’est présenter les habitant.e.s des Comores sous l’angle de la quantité massive et continue, sans individualisation possible, sans reconnaissance du caractère unique de chaque être humain. C’est présenter les habitant.e.s des Comores, et tout particulièrement les migrant.e.s, sous la forme d’une masse indiscernable, et ça s’inscrit dans la pire mémoire discursive de la massification ségrégationniste et parfois génocidaire de l’humain. C’est une confusion dans les ordres d’existence, une marque d’humiliation et une rupture de l’égalité entre les membres de l’espèce humaine.

    • C’est de la video @aude_v et après en avoir écouté plus je suis moins enthousiaste. Roland Gori est ce que j’appel un #phallosophe cad un patriarche qui pontifie au masculin neutre comme si les femmes n’existaient simplement pas et qui de toute façon n’a pas perdu son temps ni à les lire, ni à les cités dans ses conférences.

    • J’ai abandonné au bout de 18 minutes ^^ (j’ai essayé)
      Les tics de langage et le coté trop « universitaire » m’ont calmé.

      J’avais trouvé le thème et l’intro intéressant.
      C’est probablement la dernière fois que je poste un truc pas écouté/lu, désolé.

    • Oui ses tics de langage sont assez fatiguant mais bon ca c’est pas ce qui m’a dérangé le plus. Ce qui est remarquable aussi dans la conférence sur l’imposture c’est le spectacle d’un Roland Gori qui exerce ses privilège de dominant sans aucun complexe et avec une aisance assez typique d’un vieux mâle blanc habitué à n’en faire qu’a sa tête depuis toujours sans que personne ne lui dise rien.
      Son exposé déborde du temps établie par les organisateurices (vraiment beaucoup en plus), et au lieu de demander poliment « est-ce que je peu avoir plus de temps svp ? » ou « est-ce que je peu empiété sur le temps du débat svp ? », il continue son discours peinard sans s’inquiète des consignes et dit toutes les 20 minutes qu’il va déborder encore de 10 minutes et cela de manière péremptoire et répété pendant largement plus de 40 minutes. Il ne demande pas, il prend ce dont il à envie sans se soucié de rien.

      Autre truc qui me fait toujours soupirer avec les phallopsophes et les dominants c’est leur capacité à se déclaré digne de gouverner et s’autoproclamés sages, profonds, vrais... Au début de la conf il cite Camus qui dit que les seuls hommes intègres, libres ou vrai sont les artistes (Camus est un artiste comme par hasard) et Gori dit que c’est valable pour les artisans parce qu’il y a art dans artisans et on apprend que Gori se considère comme artisan (le hasard encore lol). Ce qui le mettrait à l’abri de la vacuité du monde et ferai de lui un être authentique, pas comme les experts et prolétaires qu’il dénonce comme étant dans le mécanisme (tout en étant lui même dans une posture d’expert pendant toute la conf et tout en disposant du temps des autres alors qu’il dit que le temps est la grande valeur du XXI). C’est le même vice qui rend Platon complètement ridicule avec son philosophe roi. Un philosophe qui dit que les philosophes sont les seuls dignes d’avoir le pouvoir, un artiste qui dit que seul les artistes sont dignes, qui peu prendre ces mecs au sérieux après des affirmations pareilles ?
      En tant qu’artiste je ne pense pas que les artistes soient à l’abri de la vacuité du tout (Platon le pensait pas non plus d’ailleurs mais il était pas artiste cqfd). Les artistes sont le reflet de leur époque, ce sont pas des surhommes et si on suis la logique de Gori, les artistes du XXI sont tous obligatoirement des imposteurs (je dit pas imposteuses ni surfemmes vu qu’il y a pas de femmes dans le monde de Gori ni dans celui de Platon et des phallosophes) car la thèse de Gori est que l’imposture serait la caractéristique de notre époque. Un artiste qui ne serait pas vide, faux, menteur, tricheur, escroc ne sera pas reconnu comme artiste par ses contemporain·ne·s.

      Par contre @0gust1 je trouve pas que c’est un problème de poster des choses pas lus ou pas écoutés sur seenthis. Je le fait souvent, ca me sert de mémo pour mes liens. L’intitulé de la conf donnait envie, il fallait écouter pour découvrir que c’etait surtout de la psy pour dominants et de la phallosophie. Et pour avoir écouté en entier il y a quand même des idées intéressantes.

  • Sois bien, et tais-toi
    http://www.letemps.ch/societe/2016/04/23/sois-bien-tais-toi
    Régime sans gluten, coachs sportifs et méditation en pleine conscience… La société nous pousse à prendre soin de notre santé. A outrance ? C’est ce que pensent deux chercheurs dans un ouvrage brillant intitulé « Le Syndrome du bien-être »

    En Angleterre, l’entreprise suédoise de poids lourds Scania surveille les constantes vitales de ses employés 24h/24. Ceux-ci sont pénalisés s’ils ne font pas assez d’exercice et si leur système cardiovasculaire est un peu à la traîne. Il y a quelques jours, la société d’assurance américaine Aetna annonçait fièrement offrir des bracelets connectés Fitbit à ses salariés. « S’ils prouvent qu’ils enchaînent 20 nuits de 7 heures de sommeil ou plus, nous leur offrirons 25 dollars par nuit, plafonnés à 500 dollars par an », a déclaré son PDG Mark Bertolini.

  • Chiffrer pour évaluer - La vie des idées
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/142780784807

    Le sociologue Olivier Martin livre sur La vie des idées une intéressante réflexion sur les limites de l’évaluation par les #chiffres en mettant en perspective les livres d’Isabelle Bruno et Emmanuel Didier, Benchmarking. L’État sous pression #statistique, et celui d’Albert Ogien Désacraliser le chiffre dans l’évaluation du secteur public. La montée des indicateurs chiffrés et standardisés est liée à la montée de l’évaluation et du #management quantitatif, rappelle Olivier Martin. Pour Ogien, la #quantification induit une “a-moralisation” des critères de jugement, et conduit à “réifier le phénomène mesuré, à neutraliser les enjeux sociaux et politiques (puisqu’ils ne peuvent pas être mesurés) et enfin à stabiliser les analyses et jugements (puisqu’il est toujours nécessaire, pour comparer, de ne pas changer les outils de (...)

    #big_data

  • « Le travail est une invention du capitalisme » Par #André_Gorz.
    Une critique lumineuse et radicale du rapport au travail et sa transformation sociale et ses conséquences désastreuses sur l’organisation dans la « cité ».
    Première partie
    https://www.youtube.com/watch?v=R5BoVDcBpYY



    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/250912/penser-la-sortie-du-capitalisme-avec-andre-gorz

    Pour Gorz, il faut oser rompre avec cette société qui meurt et qui ne renaîtra plus. L’enjeu n’est pas la sortie de la crise. Pour lui, ce qui se joue désormais est bien la sortie du capitalisme lui-même. La crise financière actuelle, la crise du travail et la crise écologique forment un tout : elles traduisent l’épuisement du système économique dominant. Il n’est pas possible de les séparer ni de les hiérarchiser. Le capital semble avoir approché au plus près son rêve : celui de faire de l’argent avec de l’argent. Mais la menace d’effondrement du système est telle désormais que tout semble possible, le pire comme le meilleur. Il y a potentiellement, pour André Gorz, une “ sortie barbare ” ou une “ sortie civilisée ” du capitalisme. Seuls nos choix collectifs décideront de la forme qu’elle prendra et du rythme auquel elle s’opérera. « On a beau accuser la spéculation, les paradis fiscaux, l’opacité et le manque de contrôle de l’industrie financière, la menace de dépression, voire d’effondrement qui pèse sur l’économie mondiale, n’est pas due au manque de contrôle ; elle est due à l’incapacité du capitalisme de se reproduire. Il ne se perpétue et ne fonctionne que sur des bases fictives de plus en plus précaires. Prétendre redistribuer par voie d’imposition les plus-values fictives des bulles (spéculatives) précipiterait cela même que la crise financière cherche à éviter : la dévalorisation de masses gigantesques d’actifs financiers et la faillite du système bancaire. » (Revue EcoRev’, automne 2007).

    Deuxième partie
    https://www.youtube.com/watch?v=hB4EeTEqLfY

    Certes, envisager une autre économie, d’autres rapports sociaux, d’autres modes de production, et d’autres façons de vivre passe pour “ irréaliste ”, comme si la société de la marchandise, du salariat et de l’argent était indépassable. « En réalité, disait-il, une foule d’indices convergents suggère que ce dépassement est déjà amorcé. » Gorz ne disait pas que ces transformations se produiraient. Il disait seulement que, pour la première fois, nous pouvons vouloir qu’elles se réalisent. C’est la raison pour laquelle il soutenait depuis longtemps les initiatives de l’économie solidaire. C’est pourquoi aussi il suivait attentivement les actions des hackers et le développement des “ logiciels libres ”, capables, selon lui, de miner à la base le capitalisme en menaçant les monopoles. Pour Gorz d’ailleurs, « la lutte engagée entre les logiciels propriétaires et les logiciels libres a été le coup d’envoi du conflit central de notre époque. Il s’étend et se prolonge dans la lutte contre la marchandisation des richesses premières ».

    #Capitalisme #Economie #Industrie #marchandise #Rationalité #Normalisation #Quantification #Sous_qualifications #polyvalence #Travail #Emancipation #Libération #Citoyenneté #Politique #Syndicats #Education #Temps_libre #Utopie #Vidéo

    • Amusant discours qui tendrait à laisser croire qu’il existerait un choix.

      Alors que le capitalisme n’existe que par la privatisation de l’ensemble des ressources nécessaires à la vie, contraignant chacun à accepter l’argent-dette émis par l’état organisation de la spoliation.

      Un autre rapport est certainement possible, mais ce n’est pas avec de belles idées qu’on le construira, mais en reprenant aux propriétaires leurs propriétés.

    • pour une fois @bp314, je suis à peu près d’accord avec toi. En visionnant ce document, j’ai réalisé à quel point l’analyse de Gorz me semble incomplète. Il n’évoque pas le capitalisme dans sa globalité, il ne parle que du productivisme et de la marchandisation du travail, ce qui n’est pour moi qu’un écueil annexe du capitalisme. Ce qu’il faut combattre pour sortir du capitalisme, c’est avant tout l’idée même de privatisation de toute forme de patrimoine autre que notre sphère vitale individuelle. En embarquant dans son code génétique la finalité de l’accumulation de propriété privée et de la captation des profits par le seul intérêt individuel, le capitalisme est voué à reproduire sous une autre forme (économique et parfois militaire) les pulsions ancestrales, dominatrices, impérialistes, obscurantistes et prédatrices des humains... Le capitalisme, ça reste le moyen âge. C’est cela qu’il faut abolir pour espérer faire bouger quoi que ce soit.
      Je ne crois pas à l’idée d’un monde qui aurait confiné les capitalistes dans un enclos de fauves dans lequel ils pourraient se bouffer entre eux, tout en comblant les besoins matériels de tous, pendant que le reste de la population pourrait lire des bouquins au soleil toute la journée...
      J’ai commencé à poser mes réflexions hier soir dans un billet, j’espère arriver à les énoncer clairement prochainement..

    • Le productivisme et la marchandisation, c’est bien là les fondements avec la propriété du capitalisme. André Gorz insiste surtout sur la transformation et la finalité du travail par le capitalisme. Il analyse ce processus en nous expliquant que la mise en concurrence entre le savoir-faire et la compétence des uns et des autres a créé les conditions de la mutation des rapports de l’homme à la marchandise. Ce que je crée je peux en tirer un bénéfice certain je vais donc mettre en place les structures qui vont me permettre d’en faire plus( le rendement).
      Pour cela nous passons par un rapport de normalisation des compétences (le salarié interchangeable) Plus de pièce unique, l’identique devient la norme pour faire croître la production.
      On peut noter aujourd’hui un retour à un mode artisanal qui se paye chère et n’est accessible qu’à une toute petite minorité.

      Ce que j’appelle L’anti-ethique, représente la part la plus négative du travail, aujourd’hui une grande part des emplois proposés sont ceux des services, Ceux qui ne valorisent rien et ne demandent aucune compétence si ce n’est celui de « la misère et du besoin de travailler ». La classe ouvrière compétente est en train de disparaître, au profit de postes intérimaires, précaires, comme le nettoyage, la manutention, les emplois dits à domicile... Cette structure mise en place a détruit les compétences, baissés les salaires et mis en place un système de dépendance, dans notre relation voir d’identification à la production(la fétichisation de la marchandise).
      Nous ne sommes plus valorisé par ce que nous savons faire mais par ce que nous possédons.

      André Gorz est un maître à penser pour les décroissants, il rejette l’idée qu’il faut utiliser les moyens de production pour un rendement maximum et on peut le comprendre. Il faut produire ce dont nous avons besoin et rien de plus.
      Maintenant quel système peut ont mettre en place pour lutter contre la financiarisation de nos vies (la fameuse dette) et l’appropriation des biens communs(voir les propriétaires terriens au Brésil qui s’accaparent toutes les terres au détriment des petits paysans) je n’ai pas la réponse car je ne crois pas à l’idée de faire disparaître la notion de « propriété »
      "L’homme" à besoins de posséder c’est une réalité anthropologique. (c’est une conviction personnelle que peu de gens partagent avec moi) http://www.scienceshumaines.com/comment-classer-les-societes_fr_21696.html. Il faut juste lui rappeler la proportion de ce à quoi il a droit, c’est-à-dire une juste mesure des choses qui va dans l’intérêt de la collectivité. Un parc immobilier restreint, un nombre d’hectares limité, un plafonnement des salaires, la nationalisation des entreprises qui gèrent les matières premières... c’est un bon début ?

    • La propriété est un artifice qui nous donne la jouissance exclusive ou monnayable d’un patrimoine que l’on définit et qu’on s’octroie de façon plus ou moins concertée.
      Que l’individu dispose d’une sphère exclusive pour exister est une chose. Chaque individu a droit à un socle minimal de sécurité et de liberté qui s’arrête là où commence celui des autres.
      Qu’il cherche à étendre sa propriété aux dépens des autres pour la monnayer et se faire nourrir par le travail des autres est une démarche prédatrice.
      Ce n’est pas l’idée d’une superficie maximale, de quotas de propriété, qu’il faudrait mettre en place à mon sens, mais abolir le droit de monnayer l’usage de sa propriété quand cet usage concerne la sphère non vitale du propriétaire et les besoins vitaux de l’usager. Du coup la propriété ne donnerait plus de privilège, la question de sa superficie deviendrait secondaire. Elle ne donnerait que des responsabilités, à rétribuer normalement comme n’importe quel autre travail.
      La propriété n’aurait donc d’attrait que pour ceux qui veulent assumer une responsabilité sur un enjeu collectif, public, sur l’exploitation de cet espace.
      Je vois l’entreprise comme un patrimoine collectif à administrer, comme une commune par exemple.
      Le maire d’une ville n’est pas propriétaire de la ville, il ne prélève pas de rente sur l’usage de la superficie de sa ville, il est juste payé pour administrer, pour assumer une responsabilité.
      Pour moi il est là le travail, et sa rémunération associée : remplir une mission sociale et assumer les responsabilités rattachées à cette mission.
      C’est de cette façon que je procède en tous cas dans ma boite. On est propriétaire de la boite, mais on essaie de n’en tirer aucun privilège, on en a juste la responsabilité, On s’interdit de se considérer propriétaire des richesses dégagées par les gains de productivité obtenu par le travail des autres... Il faut qu’on bascule vers la scop, mais faut trouver le temps de faire cette bascule technique, et surtout s’assurer que les salariés sont mûrs pour cela, car tout le monde n’est pas prêt spontanément à assumer des responsabilités supplémentaires de façon quasi - désintéressée..