La France ! France aux mille vertus, France éternelle et universelle, France qu’un peu partout on vénère, à laquelle on fait appel. Hollande l’a déclinée sur tous les tons dans son discours sur « la démocratie face au terrorisme » prononcé le 8 septembre à Paris. France de la fraternité et de l’égalité ; France qui défend les libertés ; celle dont on peut être fier.e ; celle qu’on évoque par toute la Terre avec émotion et respect. « Je vois dans les yeux de tous les peuples que je peux rencontrer, ou de leurs représentants, cet éclair chaque fois qu’il est question de la France », a confié le candidat-président. Cette arrogance nationale, orgueil de coq français, rappelle à bas bruit le discours d’Albi : « là enfin où la France est établie, on l’aime, que là où elle n’a fait que passer, on la regrette ; que partout où sa lumière resplendit, elle est bienfaisante ; que là où elle ne brille plus, elle a laissé derrière elle un long et doux crépuscule où les regards et les cœurs restent attachés ». Ces mots candides et grandiloquents, caractéristiques d’une époque aux certitudes coloniales chevillées, c’était le « jeune Jaurès » qui les prononçait, celui de 1884, celui qui n’avait pas mesuré encore les ravages et les pillages d’une France dominatrice qu’il allait plus tard condamner. François Hollande, lui, en est resté à cette image, celle d’une France qui n’est plus impériale mais demeure impérialiste. La France, une et unique comme on sait, est bien plus encore : l’essence de la pensée, celle où le futur peut se dire. Car dans la bouche du président, « la France c’est l’idée, c’est l’avenir ».