• Robert Kurz : « La fin de la théorie — vers une société sans réflexion »
    http://www.palim-psao.fr/2022/02/robert-kurz-la-fin-de-la-theorie-vers-une-societe-sans-reflexion.html

    Il ne va pas du tout de soi qu’une société réfléchisse « sur » elle-même. Cela n’est possible que si une société peut se comparer de manière critique à d’autres sociétés dans l’histoire et dans le présent ; mais surtout dans des conditions où une société devient en quelque sorte problématique de l’intérieur, résout une contradiction avec elle-même, se dépasse dans sa propre structure et son propre développement.

    […]

    C’est précisément au moment où le totalitarisme réel de l’argent domine la réalité comme jamais auparavant que la théorie critique de la société est elle-même dénoncée comme totalitaire dans ses prétentions. Elle a fait son devoir, mais elle doit maintenant laisser l’ensemble de la société tranquille, précisément dans sa crise.

    […]

    La capacité tant vantée de l’individu moderne à réfléchir sur lui-même, à se mettre « à côté de soi » et à observer en quelque sorte virtuellement ses propres actions de l’extérieur, se dissout à vue d’œil. Cette capacité disparaît parce qu’elle était liée à l’évolution positive de la société moderne. C’est justement lorsqu’elle s’achève sur elle-même que cette société devient identique à elle-même de manière fantomatique. Les générations postmodernes ne comprennent déjà plus les termes de la réflexion, qui leur sont devenus en quelques années aussi étrangers que le culte des morts de l’Égypte ancienne. Elles sont ce qu’elles sont et rien de plus.

    […]

    La crise de la réalité est refoulée par la pensée postmoderne, qui tente de substituer à la critique de la société un recyclage simulé de la conscience prémoderne : la philosophie désarmée voudrait revenir en toute innocence aux paradigmes antiques de l’« éthique » et de l’« art de vivre ». Mais elle oublie que les conditions sociales de cette pensée n’existent plus du tout.

    #philosophie #réflexivité #théorie_critique #éthique #postmodernisme

  • La Terre s’assombrit à cause du changement climatique : qu’est-ce que cela implique ?
    https://www.numerama.com/sciences/744470-la-terre-sassombrit-a-cause-du-changement-climatique-quest-ce-que-c

    ’albédo de la Terre a baissé, ce qui signifie que la planète réfléchit moins de lumière et conserve donc davantage de chaleur. Cette baisse est liée au changement climatique et s’inscrit dans une boucle de rétroaction positive à l’effet pernicieux.

    L’albédo est un paramètre climatique déterminant : cela correspond au pouvoir réfléchissant d’une surface. Plus une surface possède un albédo élevé, plus elle brille et reflète la lumière du soleil. Cela signifie qu’un albédo élevé augmente la brillance de la surface, mais évite aussi son réchauffement, en faisant « rebondir » la lumière. C’est pour cette raison que la perte de banquise est inquiétante. Elle constitue une boucle de rétroaction positive dont l’impact est pour le moins alarmant : moins il y a de surface blanche réfléchissante due aux glaces, plus le réchauffement s’accroît et risque de faire fondre les glaces, et ainsi de suite.

    #albédo #reflexivité #réchauffement_climatique

  • Earth’s Albedo 1998–2017 as Measured From Earthshine
    https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1029/2021GL094888

    The reflectance of the Earth is a fundamental climate parameter that we measured from Big Bear Solar Observatory between 1998 and 2017 by observing the earthshine using modern photometric techniques to precisely determine daily, monthly, seasonal, yearly and decadal changes in terrestrial albedo from earthshine. We find the inter-annual fluctuations in albedo to be global, while the large variations in albedo within individual nights and seasonal wanderings tend to average out over each year. We measure a gradual, but climatologically significant decline in the global albedo over the two decades of data. We found no correlation between the changes in the terrestrial albedo and
    measures of solar activity. The inter-annual pattern of earthshine fluctuations are in good agreement with those measured by CERES (data began in 2001) even though the satellite observations are sensitive to retroflected light while earthshine is sensitive to wide-angle reflectivity. The CERES decline is about twice
    that of earthshine.

    #albedo #reflexivité #changement_climatique

  • Considérations sur la victoire (1/4) : les temporalités de la lutte
    https://topophile.net/savoir/considerations-sur-la-victoire-1-4-les-temporalites-de-la-lutte

    De feuilles volantes en mains amies, ce texte est parvenu à nos yeux. Lutte majeure du XXIe siècle, symbole de la bataille contre les grands projets inutiles et imposés, héraut du combat face à l’urgence écologique, la ZAD se livre ici à une introspection publique, une autocritique salutaire. Les voies de la victoire commandent de... Voir l’article

  • Jean-Baptiste Fressoz, L’apocalypse et l’anthropocène, 2013
    https://sniadecki.wordpress.com/2017/07/19/fressoz-vacarme

    Quand il se penche sur la planète et son histoire, Jean-Baptiste Fressoz interroge non seulement les éblouissements du progrès technique et les ruses déployées pour en masquer les dangers, mais aussi les ruptures épistémologiques trop brillantes, qui veulent opposer une modernité insouciante des dégâts qu’elle causait à la Terre à une post-modernité qui en aurait pleinement conscience. Contre l’occultation de la réflexivité environnementale des sociétés passées et la promotion de lumières écologiques contemporaines, plus aveuglantes que réellement « vertes », il propose une re-politisation de l’histoire à l’aune de l’écologie.

    Vacarme : Comment vous êtes-vous intéressé à l’histoire environnementale ?

    Jean-Baptiste Fressoz : Je voulais remettre en cause le discours assez complaisant et très énervant qui voudrait que les questions environnementales soient l’objet d’une prise de conscience récente, parallèle à leur médiatisation croissante. Dans le jargon philosophico-sociologique actuel cela s’appelle la réflexivité. On serait entré depuis peu seulement dans une nouvelle phase de la modernité dite réflexive.

    #écologie #Histoire #Jean-Baptiste_Fressoz #Vacarme #interview #réflexivité

  • D’un #acte qui ne soit pas #Politique ?
    http://efleury.fr/suicidequotidien/2016/12/26/dun-acte-qui-ne-soit-pas-politique

    L’acte #politique d’après Arendt, peut aussi bien conduire à une répétition mortelle qu’à une création. Pour le suicide, nous tombons sur une double division pour l’acte. La fausse distinction entre un suicide qui échoue et un suicide qui réussit, renvoie à la différence entre un acte répète l’existant, qui reproduit sans modifier les choses, qui …

    #Le_blog #philosophie #Autre #Hannah_Arendt #réflexivité #Zizek

  • Le style académique dans les études littéraires – Contagions
    http://contagions.hypotheses.org/927

    Il y a quelques jours, je lisais le billet d’Antoine Tilloy sur la « vulgarisation en physique en France ». À partir de l’affaire Klein, Tilloy y revient sur les maux dont la vulgarisation française serait affligée. Je recommande la lecture de ce texte fort intéressant, avec lequel j’ai toutefois un certain nombre de points de désaccord. Quoi qu’il en soit, j’ai été intéressé en particulier par les remarques de Tilloy sur le style « littéraire », pour reprendre son terme, de certains vulgarisateurs, un style qui nuirait à la clarté et même à l’honnêteté de la démarche. La réflexion est intéressante et elle me parait mettre en évidence un problème qui, d’une part, ne touche pas que la vulgarisation et, d’autre part, ne touche pas que les sciences scientifiquement scientifiques. La question du style du chercheur en études littéraires est, en France en tout cas, un problème informulé mais majeur, sur lequel je propose de revenir ici en quelques lignes.

    #stylistique #étude_littéraire #réflexivité

  • ::::: : Présentation de la page Le New Organum ::::: :

    Le #discours_scientifique est partout présent, omniscient, omniscientifique. Si la #science nous dit la #vérité du monde, ou du moins nous est présentée comme telle, intéressons nous à la manière dont elle entend dire cette vérité, pour tenter de comprendre comment l’autorité vient au discours. On peut concevoir l’activité de #critique de très nombreuses manières. Si la critique est communément associée à la #déconstruction des rapports de domination, nous l’entendons plutôt comme une activité de #construction, de création, au principe même de l’activité scientifique. La critique est moins la négation de l’objet sur lequel elle porte, que la négation des effets d’autorité de ces objets. Il s’agit alors, dans cette perspective, de s’intéresser aux discours, mais aussi à leur mise en forme. Mettre en forme, c’est aussi mettre les formes. Si l’on se demande dans un premier temps comment le discours scientifique légitime l’action politique, il s’agit ensuite de comprendre comment la mise en forme du discours scientifique lui confère une autorité. Cette page est un espace de confrontation et d’interprétations de discours scientifiques. Elle procède par agencements, rapprochements, confrontations, mise en rapport de productions théoriques provenant de sources diverses. Nous emprunterons différentes voies, de manière à donner à voir différents points de vue sur ce paysage accidenté qu’est la production scientifique. Il s’agira de rendre ce terrain praticable, en installant des points de fixation intermédiaires, des prises communes, et ouvrant par ailleurs des voies nouvelles, transversales, et parfois sinueuses.
    Sarah Calba, Vivien Philizot et Robin Birgé

    ::::: : Les auteurs ::::: :
    Sarah Calba, chercheur-arpenteur, a récemment soutenu une thèse en #épistémologie intitulée Pourquoi sauver Willy ? Pourquoi et non comment car, dans cet écrit, il s’agit de définir la science en fonction de ses finalités : la science prétend-elle expliquer le réel, unique, en découvrant des lois naturelles ou souhaite-t-elle comprendre les réalités humaines en construisant des #représentations partagées ? Et puisque différentes finalités engagent différentes manières de faire, c’est en arpentant les voies et les voix de la #recherche_scientifique, et en particulier celles de l’écologie des communautés – discipline dédiée à l’explication de la répartition des espèces biologiques sur la planète bleue –, que Sarah argumente sa thèse. Elle distingue alors deux types de voies : celles abondamment pratiquées, simples, efficaces, aux prises évidentes, de la recherche ici nommée analytique, et celles, soucieuses de leur style, plus sinueuses car procédant par détours voire retours sur leur propre parcours, de la recherche dite synthétique... et c’est, bien sûr, la défense de cette dernière qui est la fin de cette thèse.

    Vivien Philizot est graphiste, doctorant et maître de conférences associé en #design. Il enseigne à l’Université de Strasbourg et à la Head à Genève. Il prépare une thèse qui porte sur le rôle du #design_graphique dans la #construction_sociale du champ visuel et dans la construction visuelle du champ social. Il s’agit notamment d’articuler une épistémologie des sciences avec une histoire critique du design graphique à l’époque moderne, envisagé comme manière de donner à voir et à connaître. Sont ainsi cartographiées, à vue, différentes voies par lesquelles le design graphique s’est construit, souvent envisagées par les grimpeurs modernistes comme des accès privilégiés à la vérité de l’image et du texte. Une approche #pragmatique consiste alors à considérer la pertinence de ces voies de manière locale plutôt qu’universelle, en les rapportant aux conditions historiques et climatiques dans lesquelles elles ont été posées. Le cheminement de la voie, la succession des prises, et l’inclinaison de la paroi ne sont-ils pas plus importants que la hauteur qu’ils nous permettent d’atteindre ? Peut-être faut-il garder à l’esprit que les points de vue que les théories de l’image se sont attachées à naturaliser, restent relatifs aux voies qu’elles nous conduisent à emprunter, et aux postures du corps et de l’œil qu’elles ont ainsi contribué à construire.

    Robin Birgé est doctorant en #anthropo-épistémologie. Il s’intéresse aux voies que prend la construction du savoir scientifique, et particulièrement au statut de la #connaissance quand les chemins bifurquent. Lorsque le premier de cordé arrive à un embranchement et choisi une voie plutôt qu’une autre, une théorie plutôt qu’une autre pendant une #controverse par exemple, nous pouvons (1a) considérer que finalement, ce qui compte, c’est la hauteur finale atteinte, soit l’accumulation de connaissances. Malgré le fait que les voies divergent et “fonctionnent bien d’un point de vue pratique”, il s’agit cependant du même rocher - du même réel ; on s’élève différemment mais pour parler d’une même chose en soi. Finalement, les voies finiraient par se rejoindre, et si les voies ne se rejoignent pas, le réel impitoyable du rocher finira par avoir raison de la vie de nos grimpeurs (les mauvaises théories seront alors éliminées). Une autre façon d’aborder la #philosophie de l’escalade, celle engagée ici, est que (1b) si des voies sont sans issue ou tournent en rond, il est envisageable qu’après tout relais elles prennent des versants différents et ne se rencontrent jamais : autrement dit, des visions du monde divergentes peuvent ne jamais se rencontrer.
    Plus précisément, cette thèse porte sur le statut d’un savoir particulier : celui de la figure de l’#expert en démocratie. Il s’agit notamment de dessiner les différentes façons d’articuler le réel-rocher, à sa connaissance si ce dernier existe, à sa médiation et au à la mobilisation du savoir lors de la prise de décision politique.

  • Comprendre le passé, une quête de la vérité ?
    http://reflexivites.hypotheses.org/6955

    Comment suis-je plongé dans ce bain de l’Histoire ? Je pense que cela devrait être commun à tous les historiens et à ceux qui s’y intéressent de près ou de loin à ce domaine. La recherche historique représente l’un des domaines de la science où il est difficile de présenter des faits qui sont facilement déformés par les différentes perceptions de la vérité de chacun des protagonistes.

    [...]

    Il y a également une chose dont l’on doit également comprendre : la passion de la généalogie. Cette passion qui semble ne pas avoir de fin représente également un besoin de s’ancrer dans le passé, de comprendre d’où l’on vient selon des éléments attestés, des faits, et non pas sur les mythes familiaux. C’est ce besoin de se relier au dire-vrai, à la réalité à une période où le monde devient de plus en plus global qui permet aux passionnés de pouvoir se positionner, se situer dans la longue chaine des vies.

    Ainsi, il y a la fierté de pouvoir dire que l’on vient d’un individu à telle ou telle date, et donc de pouvoir dire la vérité sur l’existence d’un oncle d’Amérique, ou de comprendre si les dires transmis de génération en génération sont-ils véridiques ou pas.

    Ce besoin de chercher la vérité dans le passé est-il un besoin de s’ancrer dans un contexte immuable ? A cette question, je ne saurais le dire…

    #épistémologie #SHS #réflexivité

  • Le nécessaire mensonge, ou dire le vrai sur le mirage de la réalité
    http://reflexivites.hypotheses.org/7037

    J’ai choisi de dire vrai – ou du moins, essayer – au moyen de la fiction, de ce qui est faux. Souvent, le faux est nécessaire pour dire le vrai ; et on retrouve parfois plus de vérité dans la fiction que dans n’importe quel discours vrai. C’est cette tension, ce paradoxe, que j’aimerais explorer, pendant mon mois de location.

    Mais peut-être faut-il tout d’abord se pencher sur ce qu’est le faux, ses implications, ses enjeux. Comme j’aime bien faire l’inverse de ce que les autres font, je vais dire faux, quand toutes et tous les autres occupant-e-s de cette maison ont tâché de dire vrai. Cette idée m’amuse.

    #épistémologie #SHS #réflexivité

  • Le pouvoir de la vérité
    http://reflexivites.hypotheses.org/6963

    Le thème de cette année réflexive semblait particulièrement adapté aux recherches que je mène sur la direction de conscience. Le coeur même de cette pratique est l’aveu, c’est à dire « dire vrai » sur soi, dire tout, tout le temps, à son directeur de conscience. Une partie de mon travail consiste à poser les questions suivantes : pourquoi un catholique doit-il dire vrai à son directeur de conscience ? Comment fait-il ? (Il y aurait des techniques du « dire-vrai ») ? A qui dit-il sa vérité et qu’est-ce que cela produit ?

    [...]

    Je partirai de ma définition du « dire vrai » en sciences sociales, définition très contestable et incomplète, mais peu importe, il faut bien prendre un point de départ, alors essayons.
    En sciences sociales, dire-vrai, ce serait dire quelque chose qui a une prise sur la manière dont nous nous représentons le réel ; qui interroge la façon dont nous construisons cette représentation ; qui cherche à expliquer pourquoi nous choisissons cette représentation plutôt qu’une autre. Ce serait déchiffrer une, des vérités sur notre rapport au réel. Ces tentatives de « dire vrai » (qui ne recoupent pas le fait de dire « la » vérité… comme on pourrait le dire avec Pablo Neruda, « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité » ) ont un effet sur nos vies. Les chercheurs en sciences sociales peuvent donner une épaisseur, une consistance, une cohérence à la réalité des vies. En cela, dire une « vérité » c’est un jeu de dévoilement, et ce dévoilement peut avoir une puissance considérable.

    #épistémologie #SHS #réflexivité