• Réfugié-e-s jetables | Passeurs d’hospitalités
    https://passeursdhospitalites.wordpress.com/2016/10/04/refugie-e-s-jetables

    Un train peut en cacher un autre. Tandis qu’en 2015 l’Allemagne accueillait des réfugié-e-s syrien-ne-s par centaines de milliers, elle renvoyait déjà depuis plusieurs années des réfugié-e-s de l’ancienne Yougoslavie, arguant que la guerre y ayant cessé, ces personnes pouvaient sans danger « revenir chez elles ». L’asile n’est accordé que tant que dure le danger.

    « Revenir chez elles ? » Ces personnes avaient passé parfois quinze ou vingt ans en Allemagne, des enfants y avaient grandis, y étaient nés, parlaient allemand à l’école comme dans la rue. À partir de quand « chez soi » c’est ici, c’est le lieu où l’on vit plutôt que celui d’où l’on vient ? Est-ce rentrer chez soi qu’avoir quitté la Yougoslavie pour venir dans un des pays auxquels son éclatement a donné naissance ?

    Kundera, lui aussi réfugié, disait qu’on ne retournait jamais dans son pays, parce qu’au fil des années on a soi-même changé et le pays a changé, rendant le retour impossible – on peut aller dans le pays d’où l’on est venu, mais ce n’est pas un retour.

    Plus pratiquement, vous êtes rrom, vous parlez serbe, vous avez quitté la Yougoslavie, on vous renvoie au Kosovo parce que vous habitiez dans cette partie du pays, vous n’avez plus de maison, vous ne parlez pas la langue, l’albanais, le taux de chômage dépasse 30%. Il y a bien de programmes d’aide au retour, mais concrètement l’économie ne fonctionne pas.

    L’accord entre l’Union européenne et l’Afghanistan pour organiser le « retour » des réfugié-e-s afghan-e-s procède de la même logique : l’asile est provisoire, tant que dure le danger ; quel que soit le temps que vous avez passé ici vous restez de là-bas, même si vous êtes né-e ici, vous êtes assigné-e-s à votre origine.

    Une différence, les pays de l’ancienne Yougoslavie sont maintenant en paix, même si l’État de droit n’y est pas toujours assuré et si des discriminations importantes peuvent subsister, ce qui peut servir de fondement à une demande d’asile. Mais la guerre civile continue en Afghanistan. Les documents préparatoires de l’accord entre l’Union européenne et l’Afghanistan le reconnaissent d’ailleurs, puisqu’ils signalent que l’insécurité s’est accrue en 2015 et que le nombre « d’incidents » demeure important.

    Il est donc flagrant que la fin de l’accueil des #réfugié-e-s ne tient pas à la situation du pays d’où viennent ces personnes, mais à la politique des pays qui les accueillent. La fin de l’asile est une décision de #politique_migratoire qui ne dépend pas du sort que connaîtront les personnes envoyées dans le pays qu’elles ont parfois quittées de nombreuses années auparavant.

    L’argument utilisé pour justifier les renvois vers un pays en guerre est que certaines régions peuvent être considérées comme sûres. Outre que la situation est évolutive et qu’on ne sait pas quelle région restera sûre dans les mois et les années à venir, l’Afghanistan est un pays sans système de protection sociale, où les solidarités familiales et claniques sont essentielles. On ne vit pas socialement et économiquement sans ces attaches, et donc dans une région où on n’a pas d’attache – sans parler de la manière dont la guerre et les déplacements ont pu distendre ces liens.

    Il ne s’agit donc pas de retour dans son pays, mais bien d’expulsion vers un ailleurs, de personnes qui pensaient que leur vie était ici, en Europe.

  • Dans nos sociétés pressées, le migrant est transparent
    http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2015/06/01/dans-nos-societes-pressees-le-migrant-est-transparent_4644385_1654200.html

    C’est le paradoxe des #migrants. On commence à les #voir quand ils ont disparu. C’est vrai pour les morts de la Méditerranée. C’est aussi vrai au cœur de Paris. Les 380 Africains du #campement de la station de métro La Chapelle dans le 18e arrondissement devraient être évacués cette semaine. Ils étaient installés là depuis huit mois dans l’indifférence générale.

    Leurs récits fous de vie déplacée, ces histoires à dormir debout qu’ils sont toujours prêts à raconter, on préfère les entendre à la télévision que s’arrêter à les écouter. Dans nos sociétés pressées, le migrant est transparent. D’ailleurs, les autorités s’emploient à rendre toujours plus invisibles ces nouveaux parias. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à lire l’anthropologue Michel Agier. Il a longuement théorisé cette façon de repousser ces indésirables toujours plus loin de nos regards.

    Précarité silencieuse

    « Under the bridge », c’était le nom du campement de La Chapelle. Ce lieu était l’archétype de l’espace de relégation urbain. Un refuge improbable sous le métro aérien et sur les voies ferrées ; un lieu dantesque.

    #évacuation #rendre_invisible #précarité_silencieuse #photos

    Via @paris (#luttes info)

    L’arrêté d’#expulsion du camp de la Chapelle a été affiché en préfecture, ce samedi.

    Il laisse 48 heures aux #réfugié-e-s pour quitter les lieux.

    Un appel à #mobilisation tourne sur listes, soyons nombreu-ses à montrer notre #solidarité (nourritures, vêtements, couvertures bienvenus) :

    Pour exprimer notre solidarité avec les migrant-es et s’organiser, retrouvons-nous lundi 1er juin [aujourd’hui] à 18h30 au campement du métro La Chapelle.

  • #Renvois intenables vers l’#Italie

    La #Suisse est, de loin, le pays qui renvoie le plus de #réfugié-e-s en Italie. Huit transferts sur dix selon la procédure #Dublin proviennent de Suisse. Début juin, une délégation de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés OSAR s’est rendue sur place pour se faire une idée de la situation. Dans le contexte des nombreux débarquements de réfugié-e-s sur les côtés du sud de l’Italie, il faut de toute urgence que les pays membres du nord et de l’ouest de l’Europe fassent preuve de solidarité envers les Etats situés à la frontière de l’UE

    http://www.fluechtlingshilfe.ch/actualite/renvois-intenables-vers-l-italie/renvois-intenables-vers-l-italie?set_language=fr

    #migration #réfugié #asile