• Pénurie de #foncier à urbaniser : de Toulouse à Bourg-en-Bresse, les 20 villes les plus touchées, selon une étude
    https://www.banquedesterritoires.fr/penurie-de-foncier-urbaniser-de-toulouse-bourg-en-bresse-les-20
    https://www.banquedesterritoires.fr/sites/default/files/2024-02/Chantiers_%C3%A0_la_Cartoucherie+%281%29.jpg

    Quelles vont être les conséquences de la sobriété foncière imposée par l’objectif de zéro #artificialisation nette (#ZAN) sur les métropoles et les agglomérations ? Pour le cabinet de conseil en immobilier professionnel Arthur Loyd, 113.000 hectares vont manquer en France d’ici 2030 pour répondre aux besoins de logement et de développement des territoires. Et selon des chiffres extraits de la septième édition de son baromètre sur l’attractivité des métropoles et des agglomérations, ce sont justement les territoires les plus dynamiques en termes de #croissance_démographique et/ou de progression de l’emploi qui vont pâtir le plus de la rareté du foncier.

    […] Alors que selon l’Insee, le nombre de ménages devrait continuer de croître, passant de près de 30 millions en 2018 à 34 millions en 2050, de nouveaux besoins en logements, services et équipements vont apparaître, dans un contexte de rareté foncière. « L’augmentation des coûts de l’immobilier va représenter une problématique durable pour les Français, alors que le #logement est d’ores et déjà le premier poste de dépenses des ménages », souligne Cevan Torossian.

    Autre sujet de premier ordre, pour Arthur Loyd : le besoin de foncier lié à la #réindustrialisation, alors que 12,8 milliards d’euros ont été investis au premier semestre 2023 dans les filières vertes. Selon l’étude, les territoires localisés hors des métropoles, qui seront demain les premiers touchés par les contraintes de sobriété foncière, concentrent aujourd’hui les trois quarts du volume total investi. Tous secteurs confondus, 22.000 hectares devraient être nécessaires pour permettre la réindustrialisation du pays, selon le rapport remis par le préfet Rollon Mouchel-Blaisot en juillet dernier.

    #urbanisation

  • « Le manque d’immigration de travail handicape la France »

    Les économistes #Madeleine_Péron et #Emmanuelle_Auriol constatent, dans une tribune au « Monde », que le pays se prive d’une immigration nécessaire à sa croissance et soulignent que le débat se concentre sur des aspects identitaires et sécuritaires, omettant que les arrivées d’étrangers en France se situent sous la moyenne européenne.

    A l’occasion du projet de loi déposé par le gouvernement, le débat sur l’immigration a resurgi dans l’actualité. Sans surprise, les volets sécuritaire et identitaire y tiennent une place prépondérante, éclipsant certaines réalités économiques qu’il faudrait pourtant prendre en compte pour permettre un véritable débat démocratique. Car l’immigration pour motif économique est portion congrue en France, et notre pays se prive, pour de mauvaises raisons, d’un fort potentiel de croissance à long terme et, à court terme, de substantiels bénéfices économiques et sociaux.

    Contrairement à une idée reçue, la France est un pays de faible immigration ! Le flux annuel d’immigrés entrants était de 316 174 personnes en 2022, selon le ministère de l’intérieur, soit environ 0,45 % de la population française. En dehors des regroupements familiaux, les possibilités d’une immigration de travail sont réduites pour les ressortissants extracommunautaires.

    De ce fait, l’immigration pour motif économique est négligeable dans notre pays : en 2022, elle représentait seulement 16 % des nouveaux visas délivrés, souvent au prix de batailles administratives à l’issue incertaine pour le candidat à l’immigration et pour son potentiel employeur. Et ce, alors même que, selon l’enquête « Besoins en main-d’œuvre 2023 » de Pôle emploi, 61 % des recrutements sont jugés difficiles, principalement par manque de candidats et de compétences adéquates.

    Les #bienfaits d’une immigration de travail sont considérables à court terme, pour répondre à des tensions fortes et persistantes dans certains secteurs cruciaux tant pour notre économie que pour notre vie quotidienne. Les métiers dits « en tension » s’observent ainsi à tous les niveaux de qualification : il nous manque aussi bien des ouvriers spécialisés que des médecins, des cuisiniers, des infirmiers, des banquiers ou encore des informaticiens. Dès lors, la faible immigration de travail en France est un #problème_économique majeur. Faute de personnels, des services d’urgences ferment, des citoyens âgés dépendants sont privés de soins, des entreprises renoncent à créer de l’activité, voire ferment ou se délocalisent.

    Pourtant, les études réalisées par le Conseil d’analyse économique montrent que l’immigration de travail a, à court terme, un impact négligeable sur les #finances_publiques, dans la mesure où les immigrés travaillent, cotisent et paient des impôts. A long terme, l’#immigration_de_travail, en particulier qualifiée, stimule la #croissance en favorisant l’#innovation, l’#entrepreneuriat et l’insertion dans l’économie mondiale. Comment imaginer que les politiques de #réindustrialisation et d’adaptation au #changement_climatique pourront se faire dans une économie fermée, notamment à la recherche internationale ? Les idées et les innovations ne circulent pas dans l’éther, elles sont portées par des personnes.

    Confusion générale

    La France n’a pas de politique d’immigration, notamment économique. Notre pays subit de plein fouet une #pénurie de main-d’œuvre et se prive des bienfaits à long terme de l’immigration de travail. A l’instar de ce qu’ont fait des pays comme le Canada, l’Australie ou l’Allemagne, il est grand temps de changer nos législations et de mettre en œuvre une véritable politique d’immigration économique. Le Conseil d’analyse économique avait déjà, en novembre 2021, formulé plusieurs recommandations visant à mettre en place une politique migratoire ambitieuse au service de la croissance.

    On peut citer la poursuite des efforts destinés à numériser, centraliser et systématiser le traitement des #visas de travail émanant des entreprises avec des critères d’admissibilité clairs et prévisibles, une évaluation du dispositif « #Passeport_talent » afin de renforcer son efficacité et d’intensifier son octroi, et la facilitation de la transition études-emploi en fluidifiant et en étendant l’accès à des titres de séjour pour les étudiants, sans y adjoindre de critères de salaire minimum, ni d’adéquation du travail aux qualifications.

    Le débat sur l’immigration est monopolisé par des partis politiques qui ont fait de la lutte contre l’immigration leur fonds de commerce. En faisant des amalgames entre immigration, perte d’identité, délinquance et terrorisme, ils laissent à penser que l’immigration est un #fardeau. Le faible volume d’immigration de travail et l’absence d’un discours politique clair sur le sujet contribuent à la confusion générale. Il est, de ce point de vue, frappant de constater que le nouveau projet de loi sur l’immigration aborde pêle-mêle accueil des réfugiés, expulsion de délinquants, immigrés en situation irrégulière et tension sur le marché du travail.

    En abandonnant le débat à des partis politiques dont l’objectif n’est pas, de toute évidence, la croissance, on projette l’image d’une opinion publique uniformément hostile à toute forme d’immigration. Or les Français ne sont pas dupes : ils sont même favorables à l’immigration intracommunautaire et n’ont pas de problème avec l’immigration de travail. Ainsi, dans le baromètre 2022 de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, 83 % des personnes interrogées affirment que les immigrés de travail doivent être considérés comme chez eux en France.

    On manque de bras et de compétences partout sur le territoire. Cette situation constitue un frein à notre économie et, quand il s’agit de médecins et d’infirmiers, un péril pour la sécurité et la santé des Français. Alors que même la Hongrie de Viktor Orban s’organise pour accueillir des travailleurs étrangers, et que l’Italie de Giorgia Meloni prévoit d’accorder 122 705 visas extracommunautaires en 2023, la classe politique française est paralysée. Il est grand temps que l’Etat reprenne la main sur la #politique_migratoire. Les enjeux, tant de court terme pour les #secteurs_en_tension que de long terme pour la croissance et l’innovation, sont vitaux pour notre pays.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/17/le-manque-d-immigration-de-travail-handicape-la-france_6200707_3232.html
    #travail #immigration #migrations #France #économie #main_d'oeuvre

    ping @karine4 @isskein

  • Réindustrialisation, relocalisations : des milliards pour le patronat
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/06/14/reindustrialisation-relocalisations-des-milliards-pour-le-pa

    Il n’est de jour sans que Macron ne mette en scène une nouvelle initiative pour réindustrialiser la France, relocaliser la production, afin de garantir la #souveraineté_économique.

    #Batteries_électriques, médicaments, intelligence artificielle, puces électroniques, aéronautique, tous les secteurs y passent.

    Après tant d’autres politiciens, Macron reprend l’idée que l’industrie est partie s’installer dans des pays à bas coût de main-d’œuvre, supprimant des emplois par millions. Et en effet, entre 1980 et 2010, selon l’Insee, plus de 2 millions d’emplois ont disparu dans l’industrie en France, et d’abord des emplois d’ouvriers. Les emplois créés l’ont été bien davantage dans les services, l’informatique, le commerce, l’aide à la personne que dans l’industrie.

    Cette évolution résulte, d’une part, d’une augmentation de la productivité et de l’exploitation dans les usines, nombreuses, restées en France, mais où moins d’ouvriers peuvent produire plus d’automobiles ou de polymères. Elle résulte aussi, d’autre part, du choix des patrons des grands groupes de sous-traiter la production ou de délocaliser leurs usines en Europe de l’Est, en Asie ou ailleurs. Ainsi Serge Tchuruk, PDG d’Alcatel dans les années 2 000, s’était fait remarquer en proclamant qu’il fallait « des entreprises sans usines ». Durant ces années de relative désindustrialisation, les patrons ont trouvé le soutien de l’État pour adapter les lois, supprimer des droits de douane, déréglementer le commerce international et réduire le coût des transports.

    Aujourd’hui, la #réindustrialisation et la relocalisation sont les nouveaux prétextes pour dérouler le tapis rouge aux entreprises : prendre en charge l’essentiel de leurs investissements, leur fournir une main-d’œuvre qualifiée, augmenter la flexibilité du travail, faciliter les licenciements économiques, supprimer leurs impôts… Ainsi Macron a-t-il promis 1,5 milliard d’aides directes de l’État au fabricant de batteries taïwanais Prologium pour qu’il s’installe dans le Nord. Le groupe #STMicroelectronics va toucher 2,9 milliards d’euros d’aides pour construire sa nouvelle usine de semi-conducteurs près de Grenoble.

    Évidemment, les milliards sont versés au nom de la #création_d’emplois. Mais si tous ces emplois sont réellement créés, ce qui reste à vérifier, ils seront chèrement payés par les travailleurs. Ainsi, chacun des 1 000 emplois annoncés chez ST coûterait près de 3 millions d’euros d’argent public. Ces dizaines de milliards versés à des groupes richissimes, enrichissant leurs actionnaires privés, manqueront aux hôpitaux, aux écoles et à tant d’autres infrastructures utiles à la société. Ils viendront augmenter la dette publique, dont le remboursement se paie toujours par de nouveaux sacrifices pour les classes populaires.

    La #relocalisation de l’industrie et l’objectif de la #souveraineté économique sont deux nouvelles mamelles destinées à nourrir la bourgeoisie. Les travailleurs n’ont certainement rien à attendre de cette réindustrialisation.

  • Industrie verte : par l’odeur du fromage alléché...
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/industrie-verte-par-lodeur-du-fromage-alleche-666354.html (l’éditorial de LO du 15 mai 2023)

    Depuis des mois, Macron étale son mépris des travailleurs en rejetant leurs principales revendications, l’abandon de la retraite à 64 ans et l’indexation des salaires sur les prix. Le voilà maintenant à se faire mousser avec une prétendue #réindustrialisation !

    Vendredi, à Dunkerque, il a dit son amour des ouvriers et de l’industrie. Lundi, à Versailles, il a déroulé le tapis rouge aux PDG étrangers pour qu’ils investissent en France. Un des symboles de cette industrie verte et pourvoyeuse d’emplois serait la voiture électrique et l’implantation d’un « hub de la batterie » dans les Hauts-de-France.

    On est loin du compte ! Vu l’énergie et les minerais nécessaires pour les batteries, il n’est pas sûr que la voiture électrique soit meilleure pour l’environnement. Quant aux emplois, le patronat compte bien en supprimer, estimant pouvoir fabriquer cette voiture avec moins de main-d’œuvre.

    La seule chose sûre, c’est que la #voiture_électrique est une aubaine pour les investisseurs. C’est un marché avec une croissance garantie puisque l’Union européenne veut interdire la vente de voitures neuves équipées d’un moteur thermique en 2035. Et c’est un marché avec subventions et aides étatiques garanties !

    Tous les États, à commencer par les États-Unis, ont décidé d’y consacrer des milliards. C’est à qui, au prétexte de la souveraineté et de l’#écologie, sera le plus offrant !

    Le groupe #Northvolt, fabricant suédois de batteries, pourrait toucher 8 milliards de dollars s’il s’installait aux États-Unis plutôt qu’en Allemagne. #Volkswagen vient de négocier avec le Canada l’installation d’une usine de batteries, avec 8 à 13 milliards de dollars à la clé.

    Pour installer son usine à Dunkerque, le fabricant de #batteries taïwanais #Prologium s’est vu, lui, offrir 1,5 milliard d’aides directes de l’État, mais aussi des aides pour la recherche et développement, et la garantie de salariés formés et en nombre.

    Alors oui, cela déchaîne une concurrence féroce entre les États et, évidemment, les États-Unis n’ont aucun mal à faire la course en tête. Mais les véritables vainqueurs de cette guerre économique sont les capitalistes. Il y a de l’argent, beaucoup d’argent à se faire dans la voiture électrique ! Et non seulement ils sont arrosés de cadeaux, mais les États leur garantissent les profits en leur livrant des travailleurs aux salaires rognés et aux conditions de travail toujours plus dures.

    Lundi, à Versailles, au sommet Choose France, Macron a énuméré les raisons que les capitalistes auraient d’exploiter les travailleurs ici plutôt qu’ailleurs : « Un cadre simplifié pour le licenciement économique », « de la flexibilité », « un coût du travail et des impôts patronaux en baisse »… Quoi de mieux pour un capitaliste ?

    Mais pour nous, travailleurs, cela n’annonce que des sacrifices. Parce que nous aurons à payer la note des cadeaux faits à ce grand patronat pour qu’il daigne nous exploiter. Parce que nous continuerons à être mis en concurrence avec les travailleurs des autres pays et pressés comme des citrons. Et enfin, parce que nous subirons encore et toujours les méfaits d’une économie anarchique et incapable de répondre à nos besoins.

    Oh, la France ne manquera pas de batteries pour équiper les futures voitures électriques ! Dans dix ans, nous en aurons peut-être même trop fabriqué car, évidemment, les capitalistes ne se concertent pas pour calculer le volume nécessaire. Mais, surtout, est-ce qu’il y aura bien de l’électricité pour charger les batteries ? Est-ce qu’il y aura des bornes ? Que fera-t-on des batteries usagées ? Personne ne le sait.

    Rien de tout cela n’est organisé car le #capitalisme est le règne du marché, de la concurrence et de la propriété privée. C’est l’exact opposé de l’organisation et de la #planification.

    Aujourd’hui, tous les capitaux se ruent sur la voiture électrique et il en manque pour construire des logements. La même pénurie règne du côté des médicaments et les familles de malades doivent courir les pharmacies pour trouver du paracétamol, des antiépileptiques ou de l’amoxicilline. C’est toute la stupidité et le gâchis d’un système qui n’est pas conçu pour répondre aux besoins de la population, mais pour réaliser du profit.

    Macron peut cirer les bottes des magnats capitalistes. Mais tant que ce sont eux qui ont le pouvoir sur les capitaux et les grandes entreprises, l’économie sera gérée en dépit du bon sens.

    Alors, nous travailleurs, nous n’avons sûrement pas à applaudir à leur dernière idée en date pour faire du profit. Nous avons à nous battre pour préserver ce qui nous est essentiel : notre salaire, notre emploi, notre logement, nos conditions de vie, avec la conscience que la domination de ces parasites n’a aucune légitimité.

  • « Après les mensonges du gouvernement sur les retraites, voici ceux sur la #réindustrialisation. On commence à être habitué. »
    Mais une image vaut mille mots, surtout quand ils sont si creux !

    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/120523/reindustrialisation-les-chimeres-d-emmanuel-macron | Romaric Godin
    En déplacement vendredi à Dunkerque, Emmanuel Macron lance une séquence politique autour d’une pseudo-réindustrialisation de la France. Cette mise en scène cache mal la réalité désastreuse de l’industrie française.

    https://twitter.com/sebtixier/status/1656956434268012544?cxt=HHwWgIC-jaPG2P4tAAAA

  • « Le #plan_France_2030 se heurtera inévitablement au mur des pénuries de compétences »

    Le plan annoncé par le président de la République est voué à l’échec s’il omet le problème d’un système éducatif ne parvenant plus à former pour la science et l’industrie, souligne, dans une tribune au « Monde », #Maroun_Eddé, normalien et auteur d’un rapport sur l’éducation.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/22/le-plan-france-2030-se-heurtera-inevitablement-au-mur-des-penuries-de-compet

    #France_2030 #pénurie #compétences #éducation #système_éducatif #formation #réindustrialisation #France #industrie #recherche

  • Cent projets de start-up pour renforcer le service public
    https://www.lefigaro.fr/entrepreneur/cent-projets-de-start-up-pour-renforcer-le-service-public-20210905

    L’État est devenu incubateur de jeunes pousses. À Bercy, l’une d’elles, Signaux Faibles, est censée mieux détecter les entreprises en difficulté.

    Pour faire bouger l’État, il y a les vastes réflexions sur les nouveaux enjeux du service public et les petits pas concrets. Le programme Beta.gouv suit clairement la seconde voie. Il vise à « aider les administrations publiques à améliorer le service public de l’intérieur grâce au numérique » en s’appuyant sur des start-up d’État, c’est-à-dire des services innovants incubés au sein des ministères ou des administrations.

    Concrètement, il s’agit de donner aux fonctionnaires, à l’esprit entrepreneur et au projet solide, les moyens financiers et le temps pour développer leurs idées de nouveaux outils internet tournés vers les usagers. Ces incubateurs inspirés du privé permettent ainsi à l’État de valoriser ses agents les plus innovants, mais aussi de mobiliser l’expertise de jeunes informaticiens, codeurs, qui, sans cette promesse de souplesse et d’autonomie dans le travail, n’auraient jamais pensé rejoindre la direction d’un ministère.

    La suite payante, mais à lire : Start-up nation : quand l’État programme son obsolescence Jules Brion https://seenthis.net/messages/926470

    #start-ups #France #État_français #schumpeters #entreprenariat. #jeunes_pousses #start-up_nation #French_Tech #Fleur_Pellerin #Innovation #Économie_numérique #French_Tech_Visa #licornes #innovation #subventions #réindustrialisation #bpi #Banque_Publique_d_Investissement #Caisse_des_Dépôts_et_Consignations #CDC #conversion_numérique #Transition_numérique #Cedric_O #passerelles_public-privé #SATT #Italie #mythe #chômage #désindustrialisation #qwant #souveraineté_technologique #start-up_mania #chômage_structurelle #plateformisation #Uber #Deliveroo #code_du_travail #Aircall #Voodoo #Tencent #healthtech #Owkin #Lucine #Icade #agents_publics #zeitgeist #Doctolib #AP-HP #COVID-19 #financiarisation #burn_rate #Theranos #Rifft #The_camp #AirBnb #Lyft #pyramide-de_Ponzi #néolibéralisme #économie_disruptive #services_publics

  • Start-up nation : quand l’État programme son obsolescence Jules Brion
    https://lvsl.fr/start-up-nation-quand-letat-programme-son-obsolescence

    Depuis de nombreuses années, les start-ups françaises peuvent se targuer d’avoir à leur disposition de nombreuses subventions publiques et un environnement médiatique favorable. Partant du postulat que la puissance privée est seule capable d’imagination et d’innovation, l’État français finance à tour de bras ces « jeunes pousses » dans l’espoir schumpéterien de révolutionner son économie. Cette stratégie économique condamne pourtant la puissance publique à l’impuissance et à l’attentisme.


    Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, promouvant la “French Tech” au Consumer Electronics Show de Las Vegas en 2016. © Christophe Pelletier

    En 2017, Emmanuel Macron avait largement axé sa campagne présidentielle sur un discours général favorable à l’entreprenariat. La stratégie économique française valorise ainsi la création de nouvelles entreprises, dites jeunes pousses ou start-ups. En avril 2017, le futur président français assène qu’une « start-up nation est une Nation où chacun peut se dire qu’il pourra créer une start-up. Je veux que la France en soit une ». Ces entités ont pour vocation de proposer des technologies de ruptures disruptives, selon l’expression de l’économiste américain Clayton Christensen, c’est-à-dire une redéfinition des règles du jeu économique venant remplacer les anciens schémas de pensée.

    Cette configuration institutionnelle favorable aux start-ups n’est cependant pas apparue subitement lors de la dernière présidentielle. Le label French Tech est en effet lancé dès 2013 par Fleur Pellerin, alors Ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, de l’Innovation et de l’Économie numérique. Ce programme a pour ambition de développer les jeunes pousses hexagonales. Les successeurs de Fleur Pellerin vous tous accompagner et poursuivre ce mouvement d’effervescence : en 2015 sont lancés le French Tech Ticket ainsi que le French Tech Visa en 2017.

    Ce discours s’accompagne d’un appel à créer le plus de licornes possibles : des start-ups valorisées sur les marchés à plus d’un milliard d’euros. Alors que la France compte 3 licornes en 2017, ce chiffre est passé à 15 en 2020. Le gouvernement espère qu’il en sera crée 10 de plus d’ici 2025. Ce constant appel à l’innovation s’inspire de l’exemple israélien, parangon de la start-up nation, qui compte une jeune pousse pour 1400 habitants. Poussé par l’afflux de liquidités fourni par son ministère de la défense, l’État hébreux s’est lancé très tôt dans cette stratégie économique. Les nombreuses start-ups qui y sont créées permettent à Israël de mieux peser sur la scène internationale : son secteur de l’innovation représente 10% de son PIB et près de la moitié de ses exportations.

    De l’État providence à l’État subventionneur
    Toutes ces entreprises ne se sont pas créées d’elles-mêmes. Pour leur écrasante majorité, elles ont largement été financées par la puissance publique. Dès 2012, tout un écosystème institutionnel favorable à l’entreprenariat individuel est mis en place. En pleine campagne présidentielle, François Hollande promet une réindustrialisation rapide et efficace de la France. Afin d’atteindre cet objectif ambitieux, ce dernier entend créer « une banque publique d’investissement qui […] accompagnera le développement des entreprises stratégiques ». Quatre mois plus tard naît la Banque Publique d’Investissement (BPI), détenue par la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC) ainsi que par l’État. La BPI a pour mission de « financer des projets de long terme » et d’œuvrer à la « conversion numérique » de l’Hexagone. Très vite, l’institution devient un outil permettant à l’État de financer massivement les start-ups. La BPI subventionne ainsi le label French Tech à hauteur de 200 millions d’euros et est actionnaire de nombreuses start-ups françaises.

    Comme le pointe un rapport publié par Rolland Berger, une grande majorité des entreprises du French Tech Next 40/120 — un programme regroupant les start-ups françaises les plus prometteuses — a reçu des prêts et des subventions de la puissance publique. On estime ainsi que 89% de ces entreprises ont reçu une aide indirecte de la BPI ! En pleine crise sanitaire, l’institution obtient plus de 2 milliards d’euros pour soutenir ces entreprises innovantes tandis que 3,7 milliards du plan de relance décidé en 2020 par le gouvernement a été fléché vers la création et l’aide aux start-ups. Cedric O, Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique, confirme ainsi qu’il « va y avoir des opportunités suite à la crise [sanitaire], tout comme celle de 2008 ».

    Pour autant, l’État français ne soutient pas ses start-ups uniquement sur le plan financier. La loi Pacte de 2019, en continuité avec la loi Allègre de 1999, facilite les passerelles public-privé et encourage les chercheurs à créer des entreprises. Ces dispositions législatives permettent à des recherches menées et financées grâce à de l’argent public d’être « valorisées », c’est-à-dire en réalité privatisées, par le secteur lucratif. Des Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT) ont été créées pour accélérer ce processus dans de nombreuses universités. Plus de 250 start-ups ont été développées par le prisme de ce réseau depuis 2012. L’Union européenne n’est pas en reste dans cette stratégie de soutien massif aux « jeunes pousses ». Sa stratégie Horizon 2020, un programme de 79 milliards d’euros étalé entre 2014 et 2020, dédiait 20% de son budget à la création de start-ups. Pléthore de pays européens se tournent eux aussi vers des stratégies de numérisation de l’économie, souvent via un soutien sans faille aux start-ups. En 2012, le ministre italien de l’économie, sous le gouvernement du technocrate Mario Monti, a promulgué une loi qui a permis à l’État italien de dépenser 200 millions d’euros pour aider les jeunes entreprises du pays, dans le but de « promouvoir la mobilité sociale ». Depuis 2019, le fonds national pour l’innovation italien a dépensé 245 millions d’euros pour subventionner 480 start-ups.

    Le mythe des start-ups souveraines et créatrices d’emplois
    Si les nations européennes axent autant leurs stratégies économiques sur le développement des start-ups, c’est avant tout car cette politique permet aux États de prétendre agir dans des domaines clefs où leur incurie a mainte fois été pointée du doigt : la lutte contre le chômage de masse et la mise en place d’une souveraineté technologique. 

    Nombre de médias se sont ainsi fait le relais de la start-up mania, louant la capacité de la French Tech à « créer 224.000 nouveaux emplois d’ici à 2025 » et à être le « fer de lance de l’économie ». Ces jeunes pousses permettraient de créer jusqu’à « 5,2 emplois indirects qui dépendent de [leur] activité » et d’œuvrer à la réindustrialisation de la France. Ce constat mérite pourtant d’être nuancé. Comme cela a déjà été évoqué, la start-up mania s’accompagne d’une aide inconditionnelle de l’État français par le prisme de la BPI. Pourtant, comme l’ont analysé nos confrères du Média, le bilan de l’institution est tâché de nombreux scandales. La banque, dès sa création, n’a pas été pensée comme un organisme capable de contenir et d’endiguer la désindustrialisation de l’Hexagone. M. Moscovici, alors ministre des finances, déclarait ainsi en 2012, que « la BPI n’est pas un outil défensif, c’est un outil offensif, n’en faisons pas un pompier ».

    L’institution est en effet souvent demeurée indifférente aux plans de licenciements et en a même favorisé certains comme le confirment les exemples des entreprises Veralia et Arjowiggins. Une loi du 23 mars 2020 a quant à elle permis d’ouvrir le conseil d’administration de l’institution à des acteurs privés, laissant une fois de plus planer le doute sur la capacité et la volonté de la banque publique d’agir pour le bien commun.

    Il est également permis de rester sceptique face à une stratégie de réduction de chômage structurelle se basant principalement sur le soutien à des start-ups qui participent à la « plateformisation » de notre économie. En proposant de mettre en contact clients et professionnels, des entreprises telles que Uber ou Deliveroo s’évertuent à détruire code du travail et régulations étatiques. Alors qu’elles sont vendues comme des instruments permettant de lutter contre le chômage, ces start-ups ne peuvent exister et espérer devenir rentables que par une grande flexibilité et en excluant leurs travailleurs du salariat. Le gouvernement socialiste espagnol vient ainsi récemment de légiférer afin de contrôler ces géants de l’économie de plateforme, permettant de conférer un statut de salarié aux livreurs qui étaient considérés comme des travailleurs indépendants. À peine la nouvelle annoncée, Deliveroo a annoncé qu’elle comptait mettre fin à ses activités dans le pays, tandis que ses concurrents Stuart, Glovo et UberEats critiquaient cette décision qui va mettre « en danger un secteur qui apporte 700 millions d’euros au PIB national ».

    En somme, la France semble avoir abandonné toute stratégie ambitieuse de réduction du chômage de masse. Plutôt que de défendre le droit de tout citoyen à obtenir un emploi, inscrit dans le préambule de la Constitution de 1946, l’État dépense des sommes faramineuses afin d’encourager la création d’entreprises à l’avenir très incertain. Dans cette politique qui s’apparente à un véritable choix du chômage, les citoyens sont appelés à innover alors même que les multiples causes du chômage structurelle sont éludées. Pour autant, cette incurie étatique ne date ni du quinquennat Hollande ni du mandat du président Macron : Raymond Barre déclarait en 1980 que « les chômeurs pourraient essayer de créer leur entreprise au lieu de se borner à toucher les allocations de chômage ! ».

    NDLR :  Pour en savoir plus sur les choix politiques et économiques ayant conduit à un chômage de masse persistant, lire sur LVSL l’interview de Benoît Collombat par le même auteur https://lvsl.fr/le-choix-du-chomage-est-la-consequence-de-decisions-neoliberales-entretien-avec : « Le choix du chômage est la conséquence de décisions néolibérales ».

    Outre l’argument des créations d’emplois, le soutien aux start-ups est également justifié par une nécessaire préservation de la souveraineté nationale. Dès qu’éclate en 2013 l’affaire Snowden, la préservation de la vie privée et la souveraineté technologique deviennent des préoccupations politiques majeures. Des entrepreneurs ont profité de ce phénomène pour proposer des technologies souveraines capables de réduire l’impuissance des nations européennes face à l’espionnage de masse. Les États comme la France vont alors largement baser leur politique de défense de la souveraineté nationale par un soutien massif à des start-ups.

    L’exemple de l’entreprise Qwant est sur ce point éloquent tant il permet de montrer les insuffisances et les impasses d’une telle approche. Fondée en 2011 par Jean-Manuel Rozan, Eric Léandri et Patrick Constant, l’entreprise se rêve en « Google français » en proposant un moteur de recherche souverain. Alors que la société n’est pas loin de la faillite, l’affaire Snowden lui permet de faire un large lobbying au sein des institutions françaises. Ces efforts seront rapidement récompensés puisque la Caisse des Dépôts et des Consignations investit en 2017 plus de 20 millions d’euros dans le projet tout en détenant 20% de son capital. En janvier 2020, l’État annonce même que Qwant est désormais installé sur les postes informatiques de l’administration publique. Pourtant, force est de constater que cette aide massive n’a pas permis de bâtir un moteur de recherche réellement souverain : en 2019, soit sept ans après sa création, Qwant utilise la technologie de Bing (Microsoft) dans 75% des recherches effectuées. Une note de la Direction interministérielle du numérique (DINUM) pointe également les nombreuses failles de l’entreprise, tels que les salaires mirobolants de ses dirigeants et les nombreux problèmes techniques du logiciel utilisé par Qwant, qui laissent perplexe quant au soutien massif que lui prodigue l’État. Plus largement, rien n’indique qu’une entreprise créée sur le sol français ne tombera pas aux mains de fonds d’investissements étrangers : parmi les licornes « françaises », la start-up Aircall (téléphonie via IP) est détenue à majorité par des acteurs non-français, tandis que Voodoo (jeux vidéo) a fait rentrer le géant chinois Tencent à son capital.

    Quand les start-ups remplacent l’État
    Le recours aux start-ups s’explique également par une prétendue incapacité de l’État à innover, à comprendre le marché et à « prendre des risques ». Ce mythe, pourtant déconstruit méthodiquement par l’économiste Mariana Mazzucato dans The Entrepreneurial State (paru en français en 2020), laisse penser que seul le secteur privé est capable de faire évoluer nos activités économiques et donc de créer des emplois. Comme l’analyse l’auteure, « le « retard » de l’Europe par rapport aux États-Unis est souvent attribué à la faiblesse de son secteur du capital-risque. Les exemples des secteurs de haute technologie aux États-Unis sont souvent utilisés pour expliquer pourquoi nous avons besoin de moins d’État et de plus de marché ». Nombre de start-ups se servent de ce mythe auto-réalisateur pour légitimer leur activité.

    Il est intéressant de noter que cette mentalité a également imprégné les dirigeants d’institutions publiques. Un rapport de la CDC ayant fuité en 2020 et prétendant redéfinir et révolutionner la politique de santé française chantait les louanges du secteur privé, des partenariats public-privé et de 700 start-ups de la healthtech. La puissance publique finance volontiers des jeunes pousses du domaine de la santé, à l’image d’Owkin, qui utilise l’intelligence artificielle pour traiter des données médicales, ou encore Lucine qui, grâce à des sons et des images, revendique la capacité de libérer des endorphines, de la morphine ou de l’adrénaline. La CDC détient également 38,8% d’Icade santé, un des acteurs majeurs du secteur privé et lucratif de la santé en France. De fait, les start-ups médicales s’immiscent de plus en plus au sein des institutions privées, à l’image d’Happytal, financé à hauteur de 3 millions d’euros par la BPI, qui propose à prix d’or aux hôpitaux des services de pré-admission en ligne ou de conciergerie de patients hospitalisés. Pour encourager les jeunes pousses à envahir les hôpitaux publics, la puissance publique va jusqu’à prodiguer, via un guide produit par BPI France https://www.lemediatv.fr/articles/2021/bpi-france-banque-publique-interets-prives-letat-livre-la-sante-aux-financ , des conseils pour entrepreneurs peu scrupuleux expliquant comment passer outre des agents publics dubitatifs et méfiants qui ont « tendance à freiner les discussions » !

    Ainsi, comme l’analyse Mariana Mazzucato, « c’est donc une prophétie auto-réalisatrice que de considérer l’État comme encombrant et uniquement capable de corriger les défaillances du marché ». Pourtant, les start-ups ne pullulent pas uniquement grâce à ce zeitgeist favorable à l’entreprenariat, mais profitent directement de l’incapacité de l’État à fournir des services à ses citoyens, renforçant d’autant plus le mythe évoqué par Mariana Mazzucato. L’exemple de l’attribution à Doctolib du vaste marché de la prise de rendez-vous en ligne des Hôpitaux de Paris (AP-HP) en 2016 est révélateur de ce phénomène : devenu incapable de fournir un service public de prise de rendez-vous, l’État a dû confier les données de santé de millions de français à cette start-up française. La même expérience s’est répétée lors de la prise des rendez-vous de la vaccination contre le COVID-19, qui ont permis à l’entreprise d’engranger des millions de nouveaux clients sans aucune dépense de publicité.

    Vers une bulle spéculative ?
    Outre les questions que soulève le soutien massif de l’État français aux jeunes pousses du numérique, il convient également de se poser la question de la crédibilité économique de ces entreprises. En effet, il apparaît que nombre de ces sociétés participent à la financiarisation de nos activités économiques et deviennent des actifs spéculatifs et instables. Plus que de « changer le monde », un créateur de start-up recherche principalement à réaliser un « exit », c’est-à-dire à réaliser une belle plus-value via le rachat ou l’entrée en bourse de son entreprise. Dans un climat hostile et instable — on estime que seulement 20 % des jeunes pousses réussissent cet « exit » — les entrepreneurs sont poussés à dilapider le plus rapidement l’argent qu’ils ont à leur disposition. Cette stratégie, dénommée burn rate, est souvent perçue comme une perspective de croissance future par les investisseurs.

    De plus, les entrepreneurs sont souvent poussés à embellir leurs entreprises en exagérant le potentiel des services qu’elles proposent, voire en mentant sur leurs résultats, comme le montrent les exemples de Theranos (tests sanguins soi-disant révolutionnaires), Rifft (objets connectés) ou The Camp (technopôle provençal en perdition adoubé par M. Macron). Cela conduit les start-ups technologiques à avoir un ratio de valorisation sur chiffre d’affaires très élevé. Alors qu’il n’est que de 2,6 fois pour Amazon, c’est-à-dire que la valorisation boursière de l’entreprise n’excède « que » de 2,6 fois son chiffre d’affaires, ce nombre atteint plus de 50 pour certaines licornes. Pour AirBnb, la troisième licorne mondiale valorisée à 25,5 milliards de dollars, le chiffre est par exemple de 28,6. Alors que dans une entreprise traditionnelle la valeur des actions est estimée par les investisseurs en fonction de l’estimation des bénéfices futurs d’une entreprise, ce chiffre est très largement secondaire dans les levées de fonds de start-ups. Ainsi, de nombreuses licornes ne prévoient pas à court ou moyen terme de réaliser des bénéfices. L’entreprise Lyft a par exemple enregistré l’an dernier une perte de 911 millions de dollar, tandis qu’Uber a perdu 800 millions de dollars en un trimestre. On estime que sur les 147 licornes qui existent autour du globe, seulement 33 sont rentables. En somme, les investisseurs s’intéressent principalement à la capacité d’une start-up à produire une masse d’utilisateurs la plus large possible. Ce phénomène justifie des dépenses gargantuesques par ces mastodontes de l’économie de plateforme : Lyft a dépensé 1,3 milliard de dollars en marketing et en incitations pour les chauffeurs et les coursiers en 2018. Cet écosystème très instable a toutes les chances de participer à la création d’une bulle spéculative sous la forme d’une pyramide de Ponzi. En effet, si nombre de ces entreprises sont incapables à moyen terme de produire un quelconque bénéfice, que leurs actifs sont surévalués et que les règles du jeu économique poussent les entrepreneurs à dépenser sans compter tout en accentuant excessivement les mérites de leurs produits, les marchés financiers risquent de connaître une nouvelle crise technologique comparable à celle de 2001.

    La stratégie économique de soutien massif aux start-ups adoptée par l’État français s’apparente ainsi fortement à une politique néolibérale. En effet, comme ont pu l’analyser Michel Foucault et Barbara Stiegler, le néolibéralisme, loin d’être favorable à un État minimal, comme le libéralisme classique, prône l’émergence d’un État fort capable de réguler l’économie et d’adapter les masses au sens de l’évolution capitaliste ; c’est-à-dire aux besoins du marché. Ce constat conduit l’auteure d’Il faut s’adapter (Gallimard, 2019) à affirmer que « la plupart du temps les responsables de gauche caricaturent ainsi le néolibéralisme en le prenant pour un ultralibéralisme lointain […] si bien que dès qu’un gouvernement fait appel à plus l’État, ces responsables croient que ça signifie que la menace ultralibérale a été repoussée ». De fait, plutôt que de considérer de facto une politique de soutien aux start-ups comme souhaitable et efficace, il conviendrait de rester prudent vis-à-vis de ce genre d’initiative. Une telle attitude serait d’autant plus vertueuse qu’elle permettrait de comprendre que « l’économie disruptive », loin de dynamiter les codes du secteur économique, imite sans scrupule les recettes du « monde d’avant ». Les concepts flous de « start-up » ou de « technologies de ruptures » y sont les nouveaux arguments d’autorité justifiant la destruction de nos écosystèmes, la disparition des petites entreprises et des services publics et la précarisation de pans entiers de la populations.

    NDLR :  Pour en savoir plus sur la différence entre libéralisme et néolibéralisme, lire sur LVSL https://lvsl.fr/limperatif-neoliberal-de-ladaptation-par-barbara-stiegler l’article réalisé par Vincent Ortiz et Pablo Patarin : L’impératif néolibéral de « l’adaptation » : retour sur l’ouvrage de Barbara Stiegler.

    #start-ups #France #État_français #schumpeters #entreprenariat. #jeunes_pousses #start-up_nation #French_Tech #Fleur_Pellerin #Innovation #Économie_numérique #French_Tech_Visa #licornes #innovation #subventions #réindustrialisation #bpi #Banque_Publique_d_Investissement #Caisse_des_Dépôts_et_Consignations #CDC #conversion_numérique #Transition_numérique #Cedric_O #passerelles_public-privé #SATT #Italie #mythe #chômage #désindustrialisation #qwant #souveraineté_technologique #start-up_mania #chômage_structurelle #plateformisation #Uber #Deliveroo #code_du_travail #Aircall #Voodoo #Tencent #healthtech #Owkin #Lucine #Icade #agents_publics #zeitgeist #Doctolib #AP-HP #COVID-19 #financiarisation #burn_rate #Theranos #Rifft #The_camp #AirBnb #Lyft #pyramide-de_Ponzi #néolibéralisme #économie_disruptive #services_publics

    • Paris - 29 Mars 2021 : Think Tec Summit, 10 000 start_ups pour changer le monde ! (Cérémonie).
      https://10kstartups-pour-changer-le-monde.fr

      La Tech au coeur de la relance économique ? 
Financement, impact, hypercroissance, Covid-19, jeunesse et relance, mixité, relocalisations dans les territoires d’industrie, biotech, souveraineté…
      Le 29 mars, La Tribune réunit l’ensemble de l’écosystème tech au Grand Rex de Paris pour le Think Tech Summit, l’événement de référence qui pense le futur de la French Tech, comme moteur de la relance, comme tremplin d’emplois, comme modèle d’insertion.
      https://www.youtube.com/watch?v=Xl3G02GYyY8

      15h00 - Keynote : Où va la French Tech ?
      15h20 - 11 licornes, et après ? Les défis de l’hypercroissance
      15h50 - Vaccins, médicaments : comment faire grandir les biotech ?
      16h20 - KEYNOTE : L’international avec Business France
      16h30 - La startup nation, moteur de la Relance ?
      17h00 - La tech peut-elle relancer les territoires d’industrie ?
      17h30 - KEYNOTE : Les startups contre Apple, un enjeu de concurrence
      17h45 - Cleantech, Enertech : quelles innovations de rupture ?
      18h15 - La souveraineté peut-elle se gagner par la technologie ?
      18h45 - KEYNOTE : Les années 20 seront exubérantes !
      19h00 - Cérémonie 10K
      20h00 - After Work « Think Tech Summit »

      L’apothéose d’une tournée dans toute la France et en Outre-Mer, pendant laquelle La Tribune et son jury d’experts ont entendu 180 pitchs et primé 48 lauréats dans six catégories.

  • Une usine construite en Seine-Saint-Denis va produire 500 000 masques par jour - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/coronavirus-une-usine-de-masques-geante-va-etre-construite-en-seine-saint

    L’usine devrait produire, à partir de « début mai ». Elle sera implantée dans des entrepôts aujourd’hui désaffectés du Blanc-Mesnil.

    #paywall #réindustrialisation_du_93 (ou pas) #masques

  • Gaël Giraud : « Il est temps de relocaliser et de lancer une réindustrialisation verte de l’économie française »
    Par Eugénie Bastié | 10 avril 2020 à 13:53,
    https://www.lefigaro.fr/vox/economie/gael-giraud-il-est-temps-de-relocaliser-et-de-lancer-une-reindustrialisatio

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - L’économiste et ancien directeur de l’Agence française de développement (AFD) nous donne ses pistes pour sortir après le confinement de la plus grave crise économique depuis 1945. Il plaide pour un retour massif de l’Etat dans l’économie et l’annulation d’une partie de notre dette.

    • Gaël GIRAUD.- Le discours du 12 mars dernier du président de la République reprenait un thème présent depuis longtemps dans ses allocutions —la mise “hors marché” des biens communs, et la santé en est un — et semblait faire un réquisitoire contre sa propre politique. Le sens qu’il convient de donner à une parole est inséparable des actes qui l’accompagnent. Attendons les actes.

      On accuse volontiers les « dogmes néolibéraux » ou l’austérité budgétaire d’avoir ruiné les systèmes de santé des pays occidentaux. Cependant on voit aussi que les pays qui s’en sortent le mieux tels la Corée du sud, Taïwan, Singapour ou l’Allemagne sont aussi ceux qui disposent d’un Etat moderne, de finances publiques saines, d’une industrie puissante. Par railleurs, la France semble dépenser plus que la moyenne des pays de l’UE dans le système de santé. Faut-il vraiment accuser l’austérité ?

      Un peu de comptabilité nationale ne fait jamais de mal : la contribution des administrations publiques à la valeur ajoutée, et donc au PIB, est de l’ordre de 18,2% en France. Elle n’augmente quasiment pas depuis 1983. Les fameux 56,6% brandis trop souvent proviennent d’une erreur consistant à confondre la valeur ajoutée avec les dépenses de fonctionnement : les dépenses des ménages et des entreprises non financières représentent 150% du PIB mais cela n’inquiète personne, à juste titre, car tout le monde sait que ce ratio n’a pas de sens. Quant à nos dépenses publiques de santé, près des deux tiers alimentent la dépense privée : ce sont des revenus des professionnels de santé libéraux, des cliniques privées et des laboratoires pharmaceutiques.

      La Corée du sud, Taïwan et le Vietnam (dans une version non-démocratique) démontrent qu’un secteur public puissant étroitement articulé à un secteur industriel qui ne rêve pas de se délocaliser en Chine ou en Europe de l’Est sont les clefs du succès économique et sanitaire.

      Notre fiasco sanitaire me paraît d’abord dû à une culture comptable qui confond toujours la gestion de “bon père de famille” avec celle d’une Nation
      Alors quelles sont les raisons de notre fiasco sanitaire ?

      Notre fiasco sanitaire me paraît d’abord dû à une culture comptable qui confond toujours la gestion de “bon père de famille” avec celle d’une Nation : non, la macro-économie n’est pas de la micro-économie élargie car les dépenses des uns y font les revenus des autres (ce qui n’est pas vrai pour un ménage ou une entreprise). Et qui confond gestion intelligente avec réduction toujours et partout de la dépense publique à (très) court terme. Le stock (de masques), la réserve (d’enzymes) ne sont pas des immobilisations inutiles, de l’argent public dormant. Le budget de l’Etablissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires (EPRUS) créé en 2007 a été, depuis lors, divisé par dix. Résultat : par delà les morts, nous allons prendre au moins dix points supplémentaires de ratio dette publique sur PIB (un autre ratio qui n’a pas de sens) et cela fera hélas la démonstration que, jugé à l’aune de ses propres critères, cet “esprit comptable” conduit à sa propre défaite face au réel : la nécessaire explosion de la dépense publique et la destruction partielle de notre appareil productif pour sauver des vies. Mais ce n’est pas aujourd’hui l’heure des comptes. L’urgence est à la solidarité nationale avec nos compatriotes qui meurent chez eux, dans nos hôpitaux ou nos Ehpads et avec tous ceux qui souffriront de séquelles à vie. Cela doit passer par la réquisition des cliniques privées (comme en Espagne), la production de ventilateurs pour sauver des vies (comme aux Etats-Unis), de masques et matériel de dépistage sans lesquels aucun déconfinement ordonné n’est possible. (...)

      Le plus urgent, à la sortie du confinement, sera de remettre au #travail le plus grand nombre de nos compatriotes : en pratiquant des tests de dépistage aléatoires groupés pour circonscrire les risques de reprise de la contagion, en généralisant le port du masque pour tous et partout, en renforçant de toute urgence notre système sanitaire. Encore faut-il que les salariés d’hier retrouvent un travail. Le chômage partiel permet de freiner l’hémorragie mais nous n’avons pas encore les chiffres de la débâcle en matière d’emplois. Par ailleurs, le COVID19 peut malheureusement devenir une épidémie saisonnière (comme la grippe) et le réchauffement climatique risque de multiplier les pandémies tropicales. Reconduire le « monde d’hier », fondé sur la thermo-industrie et des économies de court terme faites sur le dos des services publics serait irrationnel. Il faut donc profiter du déconfinement pour inaugurer le « monde de demain ».

      #esprit_comptable #déconfinement #réindustrialisation_verte #marché_intérieur

  • La #réindustrialisation des États-Unis se confirme
    http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/La-reindustrialisation-des-Etats-Unis-se-confirme-2014-04-14-1135893
    En clair : la politique de création du tiers-monde intérieur a enfin porté ses fruits, on va aussi pouvoir économiser sur les coûts de transport.

    Pour les analystes, cette décision illustre le mouvement de « #relocalisation » en cours vers les États-Unis. « Le coût unitaire du travail et l’énergie bon marché soutiennent la production et l’emploi manufacturier, et devraient continuer à le faire durant plusieurs années, permettant de “rapatrier” des emplois », explique l’assureur-crédit Euler Hermes.

  • #Chômage de masse : Il va falloir s’y habituer
    http://www.presseurop.eu/fr/content/article/3915741-il-va-falloir-s-y-habituer?xtor=RSS-9

    C’est pourquoi nous devons regarder avec une certaine froideur les promesses de « #réindustrialisation », qui font partie du langage actuel de nos gouvernants et de leurs homologues européens : cela peut être bénéfique pour le PIB, mais avoir un faible impact sur l’emploi, et l’un des grands problèmes européens est le chômage. Il suffit de penser que six millions de postes de travail ont été détruits ces quatre dernières années, comme vient de le rappeler l’OIT [l’Organisation internationale du Travail].

    Mais les problèmes ne se cantonnent pas à l’industrie et à l’automatisation des processus. Ils existent aussi dans d’autres secteurs tels que les services, où l’innovation a entraîné une plus grande efficacité, ce qui a presque toujours pour résultat le fait de faire la même chose, voire plus, avec moins de personnes. Les secteurs les plus innovants de nos économies, comme ceux liés aux nouvelles technologies et aux biosciences, peuvent eux aussi être très rentables et produire d’importants volumes d’affaires, mais ils créent moins d’emplois que des investissements équivalents dans des secteurs plus traditionnels – des secteurs déjà saturés.

  • Vu les courses dans un hypermarché de deux garçons de 20 ans, j’aurais voulu avoir un appareil photo hier, parce que j’ai vraiment halluciné !
    – 1 laitue serrée dans un cellophane transparent
    – 3 poivrons rouge/vert/jaune sous plastique transparent
    – 200 grammes de carottes rapées en sauce en barquette sous vide
    – Une boite de Fajitas toutes faites (sauce tomate sous plastique)
    – 10 blancs de poulet découpés en barquette polystyrène

    Comme ce n’est pas la première fois que je vois ça, et que j’aime bien faire de l’analyse de panier in vivo, j’ai naïvement demandé
    – Pardon, mais est-ce que vous allez au marché parfois ? Savez vous que c’est quand même moins cher et meilleur ?
    – On a pas le temps, on travaille nous, Madame.
    – Oui, bien sur, à 20 ans, on ne voit pas encore les effets, pour ma génération c’est cancer à tous les étages.
    – Inutile de vous inquiéter de notre santé, on s’en sort très bien.
    – Vous n’êtes pas tout seuls, ce que vous avez sur le tapis, c’est l’exploitation de travailleurs à moindre coût et la pollution de la terre, donc, non, ce n’est pas que votre affaire.

    Faudra que je soigne un peu plus ma diplomatie… ils sont repartis vexés, un seul me souhaitant une bonne soirée :)

    • Mais qu’est-ce que tu faisais dans un hypermarché, @touti ? :D

      J’ai pas le temps d’aller au marché pour acheter des légumes de saisons, vu qu’il est midi et que je ne dispose que de 45 minutes pour me restaurer. Et d’ailleurs, je vous dit ça en passant, les saisons, je ne sais pas ce que c’est, la faute à votre génération qui a consommé du pétrole sans compter avec les conséquences que l’ont sait sur le climat, mais soyez assurés que quand je serai au chômage ou à la retraite, si jamais on me donne des sous quand j’aurai atteint un âge qui ne cesse de reculer à mesure que je cotise, je veillerai à choisir mes aliments, non-seulement en fonction de la date à laquelle ils poussent, mais aussi en fonction de l’endroit, ainsi que de la qualité des conditions dans lesquelles les nobles mains des hommes et des femmes les auront cueillis. Et je vous promets solennellement que j’irai à pieds les chercher et au feu de bois les cuisinerai et ceci afin de ne point porter la responsabilité d’un quelconque soutien financier à l’industrie nucléaire française et à la grande distribution.

      se traduit souvent, l’esprit conditionné par l’exigence de productivité inhérente à la pression patronale par :

      On a pas le temps, on travaille nous, Madame.

      Bon, ceci-dit, vous avez raison, faut les éduquer ces jeunes, ne serait-ce que pour qu’ils aient un peu de répondant. :p

    • Mais @james, merci de me poser cette question, sache que je suis une grande gestionnaire de contradictions :) et que je ne suis pas encore résolue à me passer de PQ ou de croquettes pour le chat (drogué complètement le pauvre) que je ne trouve à bas prix qu’au supermarket. Mais qu’en plus, ajoutant à cela un vice terrible, j’ai fini par adorer observer mes contemporains ritualisant leurs sacrifices dans les temples de périphérie !

      Je crois que c’est le seul endroit ou l’on voit autant de gens de si près qui répondent à ce qu’on leur demande de faire sans jamais broncher, je teste ainsi mon niveau d’intolérance ou de tolérance à leur égard, mon amour pour l’espèce humaine ou mon dégout, je tiens des graphs très précis, une fois par mois, c’est selon. Et j’adore interroger de parfaits inconnus, voir les faire chier s’il faut, à ce moment là, juste pendant leur frénésie d’achat. C’est ma sortie militante à moi toute seule.

    • Les croquettes pour chat, c’est conditionné dans du carton recyclable, ouf, l’honneur est sauf ! :)

      j’ai fini par adorer observer mes contemporains ritualisant leurs sacrifices dans les temples de périphérie !

      Je fais la même chose dans les salons de coiffure les jours de mariage.

      Faudrait faire des slides de tes graphiques, voire les montrer un jour, à l’occasion de... je sais pas moi... une rencontre de seenthiciennes et de seenthiciens, par exemple ? ;-)

    • A Paris, la même chose au marché, c’est plus cher… Ceci dit, ces jeunes gens me paraissent très bien pour leur génération. J’ai été bien plus horrifié par deux hommes d’une quarantaine d’année faisant des courses dans un Leader Price pour préparer une super soirée pour leurs deux familles réunies (apparemment) : des bières, et deux gros sachets de trucs congelés, un à base de patates, un à base de pâtes, mélangées à d’autres trucs aux noms étranges. Là ça fait vraiment peur.

    • @james

      Je fais la même chose dans les salons de coiffure les jours de mariage.

      Génial ! c’est exactement cela : devenir un touriste-ethnologue en tout lieu, personnellement, ça me sauve. Sinon, je ne fais aucun graphes, tout disparait, je ne garde aucune trace de mes interventions, seulement sur seenthis depuis maintenant, avec le plaisir de relater.

      @val_k oui, difficile de ne pas passer pour moraliste, je cherche comment éviter cet écueil, le mieux est de le faire au feeling, juste par envie ! Comme personne n’ose trop échanger de ressources avec des étrangers, les gens ont très peur qu’on leur parle, ou de ne pas être comme comme tout le monde dans ces lieux : muets et rivés à leur bulle-caddie. En fait, ils sont là pour la remplir, basta, je perturbe dans tous les cas à leur adresser la parole sans rien avoir à vendre. Je délivre de l’information (contre-publicitaire souvent) à des personnes que je suppose capable d’entendre, même si je suis en dehors de ma sphère sociale habituelle. Je joue à la croisée du politique (c’est long de former des groupes pour agir) et de la performance artistique (vive l’anonymat), c’est une sorte de TAZ. Je fais cela ou bon me semble, rue, métro, supermarché, avec qui je veux, je prendrais plutôt exemple sur les fous que l’on croise parfois haranguant la foule mais je ne dis que des choses censées ( évidemment ), je m’amuse souvent, ça évite le moralisme :)

      @baroug, effectivement, faut bouger un tout petit peu à Paris, il y a quelques #marchés ou c’est moins cher, en banlieue c’est encore vrai (Montreuil, CLichy, St Ouen, St Denis ou tu trouves des maraichers) mais sinon celui de Belleville est énorme, pareil pour Clignancourt ou Place des fêtes, essayer celui de Château-rouge pour une plongée dans l’Afrique. Celui à éviter absolument c’est Montorgueil, à réserver aux bobos friqués, et je ne connais pas ceux de la rive gauche.

    • @touti

      j’ai fini par adorer observer mes contemporains ritualisant leurs sacrifices dans les temples de périphérie !

      Je crois que c’est le seul endroit ou l’on voit autant de gens de si près qui répondent à ce qu’on leur demande de faire sans jamais broncher

      Un peu comme dans les aéroports et dans le Duty Free Shop. Même principe, même constat ---> le directeur de l’aéroport de Kristiansand me raconte que des gens ratent l’entrée du Duty Free en arrivant des Canaries par Charters, un fois arrivés près du tapis de livraison des bagages, la loi interdit qu’ils reviennent vers le magasin. On les voit hurler, pleurer, supplier ... pour qu’ils puissent acheter les plaquettes de chocolat par 40, clops et bouteilles de Gin finalement pas tellement moins cher qu’ailleurs. Ils sont juste bien formatés. Observer le consommateur de Duty Free est soit déprimant si on est de mauvais poil, soit amusant si on a bien dormi :) - Notre niveau de tolérance est proportionnel à notre niveau de fatigue...

      Par ailleurs, bienheureux à vous tous, parisiens, habitants de France qui avez le privilège d’encore pouvoir aller au Marché. En Norvège, ils ont presque totalement disparus. On voit parfois des « rassemblements » d’agriculteurs qui font semblant d’en faire un, mais c’est très indigent. Les grandes chaines de supermarché ont réussi à imposer un quasi-monopole en faisant progressivement disparaître boulangeries, boucheries et marchands de légumes.

      Ici, il est complètement acquis (et personne ne s’en offusque vraiment) d’acheter son pain dans une station essence ou au supermarché.

    • Au mans on a la chance de jouir d’une pléthore de marchés avec chacun les caractéristiques du quartier dans lequel ils sont ancrés. Il n’y a que lundi où il n’y a pas de marché. C’est très réjouissant d’y faire ses courses, j’adore. Ce sont aussi des lieux de rencontre. Selon les heures, on rencontre tel type de personnes.

    • Une salade, des tomates, des poivrons, des carottes ???
      Ils sont plutôt bien ces jeunes, quand ce n’est pas chips, pizza surgelées, coca et nutella ... Leur salade n’était pas pré-découpée ?
      Un peu d’arrogance envers ces jeunes n’améliore surement pas les choses.

      C’est à la société d’organiser correctement la production et la distribution, on a un état, c’est son boulot d’imposer des règles. La population n’a pas le pouvoir de changer les règles, sinon cela voudrait dire qu’on accepte d’être dans un système ULTRA LIBERAL ou seul le billet de banque déterminera la politique à suivre, c’est l’idéal des écolos ultra libéraux.

      Les citoyens ont d’autres préoccupations. J’entends parfois des écolos-fachos qui voudrait imposer que chacun ait son poulailler, son potager etc ... Tout le monde ne peut pas et ne veut pas faire du jardinage, tout le monde ne peut pas faire des courses pour une semaine durant l’unique demie journée de marché. Certains habitent dans des placards à balai et ne peuvent pas faire la cuisine chez eux, etc..., etc ..., etc ...

      L’emballage plastique n’est pas forcément diabolique, c’est juste pratique, les produits du marché sont surement meilleurs mais ce n’est pas une garantie, quand on voit certains jardins privés, ils utilisent parfois 10 fois plus de produits toxiques qu’un potager industriel d’agriculture raisonnée, on subit leur pollution à plus 1km à la ronde.

    • C’est marrant comme l’argument d’écolo-facho est toujours tourné justement vers ceux qui n’ont aucun pouvoir et qui n’en cherche pas... Qui exactement veut imposer quoi et par quel moyen ? J’ai jamais entendu ou lu un « partisan des poulaillers » dire qu’il fallait les imposer par la lois et la réglementation... Et pourtant j’entends régulièrement parler d’"éco-fascisme" ou très très souvent de « khmers verts » aussi (lol !).

      C’est plutôt ceux qui pensent (comme les verts et une grande partie de l’écologie politique) que c’est à l’État d’organiser la production et la distribution, qui sont porteurs d’un système totalitaire.

      Faire de l’écologie sans se questionner sur la liberté, la démocratie et la légitimité de l’État dans le même temps, c’est à mon avis complètement vain.

      C’est pas à chacun d’avoir des poulaillers, mais à des groupes communs pourquoi pas (comme plein d’autres choses peuvent être mutualisés). On peut pas tous tout faire, ça c’est certain, mais on peut tout à fait partager et avoir des choses et outils en commun sans pour autant que ce Commun-là appartiennent à des entreprises (et la plupart du temps de très grosses entreprises industrielles).

      Quant au dernier paragraphe, je vois pas le rapport entre « produits du marché » et « certains jardins privés ». Je connais aussi des papys qui étaient jeunes au moment du boom des pesticides et qui du coup en foutent partout (pire que dans les champs). Mais au marché, même les « pas bios » sont soumis à des contrôles, donc ce n’est pas la même chose du tout que ce font des gens dans leurs jardins privés. Le mieux étant d’aller dans une AMAP ou assimilé, où là on a toujours du normal ou du presque normal.

      Par ailleurs, il y a j’ai l’impression une amnésie historique complète là. C’est très récent que l’on ait autant de travail et qu’à côté on doive aussi passer tant de temps à faire des courses et avoir des Loisirs. Il n’y a encore pas si longtemps, même les gens pauvres faisant un tout autre boulot qu’agriculteur avaient aussi qui une ou deux poules, qui un cochon, qui un bout de terrain, etc. Même dans certaines villes. Donc on peut même dire que si si, presque tous pourraient aussi s’occuper d’autres choses que leur boulot principal (où là ils sont spécialisés), mais pour ça faudrait pas qu’il prenne autant de temps dans la semaine.

      De plus, ya une complète inversion du sens des mots, puisque justement le libéralisme c’est, entre autre, la marchandisation de tout, et que c’est justement lorsque seule une petite partie de la population s’occupe de la nourriture et que les autres leur achètent par le biais de l’argent que là « seul le billet de banque déterminera la politique à suivre »... Quand les gens s’organisent (seuls ou en groupe) pour produire au moins une partie de leur nourriture : c’est le contraire, il n’y a pas d’échange d’argent.

      Faut arrêter de novlanguer comme ça et de tout inverser...

    • En fait c’est même pire, quand on prend la phrase :

      La population n’a pas le pouvoir de changer les règles, sinon cela voudrait dire qu’on accepte d’être dans un système ULTRA LIBERAL

      Non mais ARG quoi : en gros, si le peuple essaye d’être vraiment démocrates (le pouvoir par le peuple et pour le peuple) alors on est dans un système libéral. HAHAHAHA. V’là l’inversion du sens des mots quoi !...

    • Effectivement ma phrase porte à confusion :
      je précise qu’avec des billets de banque et un comportement quotidien , "La population n’a pas le pouvoir de changer les règles ..."
      et effectivement dans le moins pire des régimes sa seule et mince influence reste dans le vote.

      Pour les écolos-fachos, je parle des trouble fêtes, des donneurs de leçons, qui se posent toujours en bon moraliste au dessus de la mêlée de leur entourage .... beurk !!!!!!

      C’est le pouvoir qu’il faut renverser ...

    • Oui James, tout est affaire de dosage de liberté ...

      Aujourd’hui tout est à l’envers, plus on est petit, moins on a de liberté et plus on est gros, plus on peut faire tout ce qu’on veut, même l’assassinat est autorisé !!!

      Je suis un ultra libéral à l’endroit : plus on est petit, plus on devrait avoir de liberté et plus on est gros, plus on devrait obéir à des règles ...

      Aujourd’hui ce sont les gros qui imposent les règles car l’état laisse faire ! et sous le prétexte de compétitivité on est en train de rétablir l’esclavage pour les petits ...

      Marre de ces moralistes qui se défoulent sur de braves couillons, c’est de l’autre côté qu’il faut attaquer ...

    • Par ailleurs, il y a j’ai l’impression une amnésie historique complète là. C’est très récent que l’on ait autant de travail et qu’à côté on doive aussi passer tant de temps à faire des courses et avoir des Loisirs. Il n’y a encore pas si longtemps, même les gens pauvres faisant un tout autre boulot qu’agriculteur avaient aussi qui une ou deux poules, qui un cochon, qui un bout de terrain, etc. Même dans certaines villes.

      Je me trompe peut être mais je ne crois vraiment pas qu’on travaille plus qu’avant. Ce qui est clair c’est que le temps de « loisirs » a explosé — qu’on juge ce temps fructueux ou non (télé et cie). Que certains cadres aient globalement plus de travail, c’est à vérifier, mais il me semble vraiment que pour le gros de la population, ce n’est pas le cas. Avant, avoir une poule faisait partie d’une certaine forme de loisir (comme s’occuper du jardin), mais je ne pense pas du tout que ça ai changé par manque de temps…

    • Je suis le roi pour me faire mal comprendre :)

      Pour moi, y a pas de OU exclusif justement... je cherchai juste à décorreler le mode de décision (démocratie) du choix de société (libéralisme, qui n’est pas que « marchandisation de tout », ça c’est une vision strictement économique)

    • @baroug Oh oui ça n’a pas changé que par manque de temps, ya eu changement du temps de travail, changement du temps de loisirs, changement de l’urbanisme, exode rural vers les usines, fin de la paysannerie, etc, etc.

      Ce qui ne milite pas forcément en faveur du « chacun pour soi » hein. Mais par contre qui indique qu’il est possible et que ça a déjà été le cas d’avoir à la fois un métier, une activité plus ou moins précise/spécialisée, et d’avoir en plus une partie de sa nourriture produite chez soi ou par un groupe commun (famille élargie notamment). Faut pas oublié ce qui a existé quoi.

    • RastaPopoulos : il me semble que tu fantasmes un pneu sur le passé où on travaillait 16h par jour, en plein boum industriel, où on se faisait fusillé si on allait pas au front à Verdun. Certe il n’y avait de supermarché, l’agrochimie n’en était pas encore au stade actuel, il n’y avait pas de bagnole, pas de téléphone, on crevait de la syphilis et la notion de temps était différente.
      Alors pour la nostalgie du passé, je laisse ça aux grands pères qui en réalité ont plus la nostalgie de leur vigoureuse jeunesse.
      Dans le passé, il y avait des mieux mais aussi des moins, il y avait des gens qui ne supportaient pas de s’occuper de poules ou qui n’avaient ni les moyens, ni le temps, ni l’espace, pour le faire. Aujourd’hui tout le monde n’a pas un jardin ni un balcon pour cultiver des cochons ou des poules ou des champignons, puis il y en qui n’aiment pas les oeufs et préfèrent faire la sieste ...

    • Ouais, comme disait @touti dans un autre fil : on en revient au grand méchant loup du retour à la bougie dès qu’on évoque tel ou tel aspect précis du passé qui pouvait être mieux. Genre tout ou rien. À d’autres... #progressisme_éhonté

      Quant à la sieste : quel rapport ? Qui n’aime pas la faire ? Mais ne faire que ça et « profiter » du labeur des autres, ce n’est pas mieux. Surtout si ça passe par un échange d’argent.

    • J’aime bien la bougie mais pas pour faire de la couture, je n’y vois plus rien.
      Rastapopoulos, ça n’a rien à voir, tu transformes ce que j’écris comme ça t’arrange. Ton passé idyllique c’est de la bouillie pour soigner des grenouilles atteintes d’aérophagie postérieure !

      je disais simplement qu’au passé il y avait des mieux et des moins, c’est pourtant simple à comprendre, et tes mieux soit disant d’élevage de poulettes, c’est dans les boules de cristal après avoir lancé les os de mouche et tirot les tarés que tu les fantasmes

      Je préfère retourner à mes pots de yaourt en papier recyclé !!

    • La #démocratie, c’est quand on prend une décision ensemble.

      Si on accorde moins de pouvoir à l’état, ou plutôt si un état accorde plus de liberté au peuple, notamment pour qu’il puisse s’auto-gérer, alors oui, on c’est une forme de libéralisme.

      et

      Je me trompe peut être mais je ne crois vraiment pas qu’on travaille plus qu’avant. Ce qui est clair c’est que le temps de « loisirs » a explosé — qu’on juge ce temps fructueux ou non (télé et cie). Que certains cadres aient globalement plus de travail, c’est à vérifier, mais il me semble vraiment que pour le gros de la population, ce n’est pas le cas.

      Vous y êtes presque !

      Les progressistes « d’antan » pensaient qu’en élargissant le temps de loisir, le bon peuple passerait plus de temps à faire de la démocratie, faire de la politique, organiser la société... Une société meilleure allait forcement en découler. Et s’ils avaient su que la lutte contre pour la qualité de la vie passerait par la sauvegarde du poulailler des foyers, ils auraient tous consenti que l’élargissement du temps libre serait passé par là.

      Et bang ! Le capitalisme a digéré le temps libre pour en marchandiser son contenu et monsieur / madame tout le monde en profite non seulement pour consommer du Chèque Vacance plutôt que de faire évoluer la démocratie moderne. Mais en plus, il le fait sur le dos de salariés exploités à des conditions qu’il refuse soigneusement de regarder en face (parce que le militant aussi est en vacances à ce moment là).

      Et double bang ! #révolution_informationnelle est arrivée et le temps libre sert désormais pour une grande partie des travailleurs à se reposer les neurones.

      Et triple bang, la #mondialisation s’est démocratisée (comme on dit hein ?) et la consommation de Club Med s’est ajoutée à celle du chèque vacances. Elle a placé les petites mains bien loin de nos gros yeux revendicateurs, de manière à rendre invisibles les contradictions entre nos habitudes de consommation et notre tradition revendicatrice.

      Alors où en sommes nous ?

      Tout d’abord, essayons de différentier la « démocratie » qui suinte des mass médias occidentalocentré de la #démocratie_participative. C’est la clé majeure du désaccord majeur entre @James et @Rastapopoulos. (au fait, les cubains votaient ce week-end...)

      Elle est difficile à mettre en place cette démocratie, il faut l’avouer. Elle est contre productive à cours, à moyen, voir à long terme. Mais on s’en fout. Car on la veut quand même. Parce que c’est la seule manière de ne pas vivre soit en larbin, soit en exploiteur.

      Ensuite il faudra passer par de la production locale, certes, mais si elle s’accompagne de la séparation de tout ces petits bienfait technologiques qui on vu soulager la vie quotidienne (je parle de la machine à laver, pas du Tamagoshi ), ça ne passera vraiment pas. Et je serai le premier à baisser les bras.

      Il faudra donc passer par la #réindustrialisation de notre partie du globe. Et ça, est-ce que tout le monde est prêt à l’entendre dans cette discussion ?

    • Whaou !
      De l’anecdote d’un tapis de caisse de supermarché, on débouche sur la question de la démocratie et du choix de l’industrialisation, géniale Agora, merci @seenthis !

      Mais, mais, l’Etat omniprésent dans son ordre et son pouvoir mental a-t-il réussit à nous retirer responsabilité et autonomie ? Au point de ne pouvoir questionner ses contemporains in vivo sans être traité d’arrogant ? @tomboul
      Pourtant est-ce que le politique n’est pas aussi du droit de chacun, quand médias et élus feignent d’ignorer nos singularités en nommant globalement : LE peuple, LA population, LE consommateur.
      Comment éviter alors la confusion entre idéalisme et idéologie, sinon en ouvrant un dictionnaire, et en se reconnaissant le droit à s’éduquer ?
      Enfin, y a-t-il une économie saine qui crée du mieux-vivre ensemble avec le moins de souffrances possible, de pénibilités, d’inégalités sociales et de pollutions écologiques ?

  • « Réindustrialisons » : quand « Là-bas si j’y suis » défend le cancer français | Pièces et main d’œuvre
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=362

    En campagne pour Jean-Luc Mélenchon, l’émission Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet sur France Inter diffusait, mercredi 5 et jeudi 6 avril 2012, un reportage de François Ruffin intitulé « Arkema et les vautours ». Où l’on apprend que le premier groupe chimique français s’apprête à céder, pour un euro symbolique, son « pôle vinylique » et les 2000 salariés qui vont avec, à un financier américain. Et François Ruffin d’accompagner les syndicalistes d’Arkema dans les QG de campagne des candidats à la présidentielle pour les « interpeller » sur ce scandale économique, et pour défendre l’idée en vogue dans cette campagne : la réindustrialisation de la France. Pas un mot, durant ces deux émissions, sur l’activité du pôle vinylique d’Arkema et sur cette production qu’il s’agit de maintenir française. L’emploi n’a pas d’odeur, pas même celle du chlore qui sert à produire le chlorure de vinyle. Le chlorure de vinyle ? C’est un message, laissé sur le répondeur de l’émission ce jeudi 6 avril, qui renseigne l’auditoire : « Merci à François Ruffin pour ce reportage intéressant, mais il me semble utile d’ajouter un complément d’information, pour préciser ce que fabrique le pôle vinylique d’Arkema. Celui-ci produit du chlorure de vinyle, connu par le grand public sous le nom de PVC. Le PVC est un produit classé cancérigène par l’Union européenne et par le Centre international de recherche sur le cancer. Il est notamment en cause dans l’apparition de cancers du foie. Il présente aussi (...)

    #Nécrotechnologies