• République souveraine, antisémitisme et politique mémorielle, MÉRÔME JARDIN
    https://blogs.mediapart.fr/merome-jardin/blog/231220/republique-souveraine-antisemitisme-et-politique-memorielle

    Alors que Mediapart nous informe qu’un responsable du mouvement République souveraine s’occupe de politique mémorielle pour le gouvernement, il faut s’interroger sur les positions que défend ce mouvement quand on voit qu’ils ont promu à un poste de responsabilité un usager des réseaux sociaux connu pour des tweets particulièrement problématiques sur la Shoah et les juifs.

    La Shoah ? Un « joker ’6 millions’ pour faire pleurer dans les chaumières avec un point Godwin en cas de besoin ». Auschwitz ? « Un endroit éco-responsable : récupération des cheveux et des graisses pour faire des produits ; utilisation des transports en commun (trains) ; pas de gaspillage alimentaire (+régime amincissant » ; pas de lumière la nuit, c’est pas Versailles ici. » Le négationnisme ? Intéressant sur le plan historiographique : « On pourrait se poser la question de faire la chasse aux négationnistes car pendant longtemps, on a cru qu’il y avait eu 9 millions de victimes du génocide. Finalement il y en a eu 6 millions. »

    Ces messages, et tant d’autres de la même veine, parfois sous l’alibi de l’humour, parfois très sérieux, ont été écrits par Tanguy Lacroix, qui vient d’être nommé à la tête d’un Comité Jeunesse du mouvement République Souveraine. Alors que la journaliste Ellen Salvi nous apprend sur Mediapart qu’un autre responsable de ce mouvement, Benjamin Foissey, est en charge de la politique mémorielle auprès du ministère délégué aux Anciens Combattants, il est urgent de s’interroger sur ce qu’autorise République Souveraine en matière d’antisémitisme, de galvaudage de la Shoah et le modèle d’engagement qu’elle propose aux jeunes en matière de mémoire des crimes contre l’humanité.

    Plus connu sur Twitter sous le surnom de « Camarade Charles », #Tanguy_Lacroix bénéficiait sur ce réseau social d’une visibilité indéniable, avec près de 13 000 followers. Son compte principal a été récemment suspendu. Il en dispose d’autres. Ce sont même ces multiples comptes qui sont à l’origine des Charles, la communauté qu’il a créée : « J’avais fait quelques comptes secondaires pour pouvoir répondre aux gens qui parlaient de moi en m’ayant bloqué et ainsi avoir un droit de réponse qui me semble légitime. Sauf que ça s’est vu et des SJW [=Social Justice Warrior, guerriers de la justice sociale, terme méprisant véhiculé par les conservateurs américains pour parler des antiracistes, des féministes, etc.] ont voulu faire la liste des mes comptes pour les bloquer d’avance. Un de mes amis s’est fait passer pour un de mes comptes secondaires et a encouragé d’autres gens à le faire. Moi même j’ai aussi encouragé l’initiative sur mon serveur Discord et ce fut très drôle car ces SJW pensaient que j’avais fait une trentaine de comptes secondaires. », écrit-il dans un billet de blog présentant sa communauté. C’est donc bien sur le piétinement du consentement et le contournement de blocages sur Twitter, pour imposer sa présence non souhaitée, qu’il crée ce groupe.

    « Les Charles » pratiquent le #cyberharcèlement, qualifié par euphémisme de « raids ». (...)

    #République_souveraine #antisémitisme #gouvernement_français