• L’Union européenne a discrètement fourni au Maroc de puissants systèmes de piratage des téléphones
    https://disclose.ngo/fr/article/union-europeenne-a-discretement-fourni-au-maroc-de-puissants-systemes-de-p

    Pour renforcer le contrôle des migrants, l’Union européenne a fourni à la police marocaine des logiciels d’extraction de données des téléphones. Faute de contrôle, ces technologies pourraient servir à accentuer la surveillance des journalistes et défenseurs des droits humains au Maroc. Lire l’article

    • Délits d’opinions, harcèlements, intimidations policières. Au Maroc, la répression contre celles et ceux qui contestent le régime s’est durement intensifiée. Abdellatif Hamamouchi, 28 ans, en a fait les frais. Un soir de juillet 2018, le journaliste et militant de l’Association marocaine des droits humains a fait l’objet d’une violente agression. Des hommes qui appartenaient selon lui à la police politique du régime l’ont « battu et jeté par terre » avant de lui prendre son téléphone portable. « Ils n’ont pris que mon téléphone, se souvient-il. Grâce à lui, ils ont pu avoir accès à mes e-mails, ma liste de contacts, mes échanges avec mes sources. » Comme lui, une dizaine de journalistes et militants marocains dont nous avons recueilli le témoignage expliquent s’être vu confisquer leurs téléphones à la suite d’une arrestation arbitraire. Selon eux, cette pratique obéirait à un unique objectif : renforcer le fichage des opposants présumés en collectant un maximum d’informations personnelles. Un contrôle qui, depuis 2019, pourrait être facilité par le soutien technologique et financier de l’Union européenne.

      Disclose, en partenariat avec l’hebdomadaire allemand Die Spiegel, révèle que l’UE a livré au Royaume du Maroc des puissants systèmes de surveillance numérique. Des logiciels conçus par deux sociétés spécialisées dans le piratage des téléphones et l’aspiration de données, MSAB et Oxygen forensic, avant d’être livrés aux autorités marocaines par Intertech Lebanon, une société franco-libanaise, sous la supervision du Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD). Objectif de ce transfert de technologies financé sur le budget du « programme de gestion des frontières pour la région Maghreb » de l’UE : lutter contre l’immigration irrégulière et le trafic d’êtres humains aux portes de l’UE.

      Selon des documents obtenus par Disclose et Die Spiegel auprès des institutions européennes, la société MSAB, d’origine suédoise, a fourni à la police marocaine un logiciel baptisé XRY capable de déverrouiller tous types de smartphones pour en extraire les données d’appels, de contacts, de localisation, mais aussi les messages envoyés et reçus par SMS, WhatsApp et Signal. Quant à Oxygen forensic, domiciliée pour sa part aux Etats-Unis, elle a livré un système d’extraction et d’analyse de données baptisé « Detective » (https://www.oxygen-forensic.com/uploads/doc_guide/Oxygen_Forensic_Detective_Getting_Started.pdf). Sa spécificité ? Contourner les verrouillages d’écran des appareils mobiles afin d’aspirer les informations stockées dans le cloud (Google, Microsoft ou Apple) ou les applications sécurisées de n’importe quel téléphone ou ordinateur. La différence notable avec le logiciel Pegasus, les deux logiciels nécessitent d’accéder physiquement au mobile à hacker, et ne permet pas de surveillance à distance.
      La police marocaine formée au piratage numérique

      A l’achat des logiciels et des ordinateurs qui vont avec, l’Union européenne a également financé des sessions de formations dispensées aux forces de police marocaine par les collaborateurs d’Intertech et les salariés de MSAB et Oxygen Forensic. Mais ce n’est pas tout. Selon des documents internes obtenus par l’ONG Privacy International, l’Europe a aussi envoyé ses propres experts issus du Collège européen de police, le CEPOL, pour une formation de quatre jours à Rabat entre le 10 et le 14 juin 2019. Au programme : sensibilisation à « la collecte d’information à partir d’Internet » ; « renforcement des capacités d’investigation numérique », introduction au « social hacking », une pratique qui consiste à soutirer des informations à quelqu’un via les réseaux sociaux.
      Contrôle inexistant

      Reste à savoir si ces outils de surveillance sont réellement, et exclusivement, utilisés à des fins de lutte contre l’immigration illégale. Or, d’après notre enquête, aucun contrôle n’a jamais été effectué. Que ce soit de la part des fabricants ou des fonctionnaires européens. Dit autrement, le Maroc pourrait décider d’utiliser ses nouvelles acquisitions à des fins de répression interne sans que l’Union européenne n’en sache rien. Un risque d’autant plus sérieux, selon des chercheurs en sécurité numérique joints par Disclose, que les logiciels XRY et Detective ne laissent pas de traces dans les appareils piratés. A la grande différence d’une autre technologie bien connue des services marocains : le logiciel israélien Pegasus, qui permet de pirater un appareil à distance. Le système Pegasus a été massivement employé par le Maroc dans le but d’espionner des journalistes, des militants des droits humains et des responsables politiques étrangers de premier plan, comme l’a révélé le consortium de journalistes Forbidden Stories (https://forbiddenstories.org/fr/case/le-pegasus-project) en 2021. Avec les solutions XRY et Detective, « dès que vous avez un accès physique à un téléphone, vous avez accès à tout », souligne Edin Omanovic, membre de l’ONG Privacy international. Un élément qu’il estime « inquiétant », poursuit-il, « dans un contexte où les autorités ciblent les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes ».

      Afin de garantir que le matériel ne sera pas détourné de son objet officiel, la Commission européenne, sollicitée par Disclose, affirme qu’un document d’engagement a été signé par les autorités marocaines – il ne nous a pas été transmis. D’après un porte-parole, ledit document mentionnerait l’usage de ces technologies dans le seul but de lutter « contre le trafic d’êtres humains ». Rien d’autre ? « L’UE fait confiance à Rabat pour respecter son engagement, c’est de sa responsabilité », élude le porte-parole.En réalité, ce transfert de technologies devrait faire l’objet d’une attention particulièrement accrue. Pour cause : les systèmes fournis par l’UE sont classés dans la catégorie des biens à double usage (BDU), c’est-à-dire des biens qui peuvent être utilisés dans un contexte militaire et civil. Ce type d’exportation est même encadré par une position commune de l’UE, datée de 2008. Celle-ci stipule que le transfert des biens à double usage est interdit dès lors qu’il « existe un risque manifeste » que le matériel livré puisse être utilisé à des fins de « répression interne ». Un risque largement établi dans le cas marocain, comme l’a démontré l’affaire Pegasus.

      Contactés, MSAB et Oxygen Forensic ont refusé de nous répondre. Même chose du côté des régulateurs suédois et américains sur les exportations de biens à double usage. Alexandre Taleb, le PDG d’Intertech, la société responsable du déploiement des technologies, a été plus loquace. « Mes clients savent ce qu’ils achètent, je n’ai pas à les juger. Ils ont plus de 400 millions d’habitants qui peuvent s’en charger, déclare-t-il. Si le Maroc a des problèmes démocratiques, c’est une chose, mais nos outils ne sont pas la cause de ces problèmes ». Pour ce marché, Intertech a empoché près de 400 000 euros.

      Au parlement européen, ces exportations sont loin de faire l’unanimité. « Sous prétexte de sécuriser nos frontières, nous ne pouvons pas nous contenter des promesses d’un régime autoritaire, déplore ainsi l’eurodéputée Markéta Gregorová (groupe des Verts). C’est une négligence délibérée et moralement inacceptable de la part de l’Europe ». Une négligence qui passe d’autant plus mal que la société MSAB a été accusée (https://theintercept.com/2021/06/14/myanmar-msab-eu-technology-regulation) d’avoir équipé la police birmane en 2019, à un moment où des exactions contre des civils étaient connues et documentées.

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  • Prédire les flux migratoires grâce à l’intelligence artificielle, le pari risqué de l’Union européenne
    https://disclose.ngo/fr/article/union-europeenne-veut-predire-les-flux-migratoires-grace-a-lintelligence-a

    Depuis plusieurs mois, l’Union européenne développe une intelligence artificielle censée prédire les flux migratoires afin d’améliorer l’accueil des migrants sur son sol. Or, selon plusieurs documents obtenus par Disclose, l’outil baptisé Itflows pourrait vite se transformer en une arme redoutable pour contrôler, discriminer et harceler les personnes cherchant refuge en Europe. Lire l’article

    • C’est un logiciel qui pourrait sa place dans une dystopie. Une intelligence artificielle capable de compiler des milliers de données afin de prédire des flux migratoires et identifier les risques de tensions liées à l’arrivée de réfugiés aux frontières de l’Europe. Son nom : Itflows, pour « outils et méthodes informatiques de gestion des flux migratoires ». Financé à hauteur de 5 millions d’euros par l’Union européenne et développé par un consortium composé d’instituts de recherche, d’une société privée (Terracom) et d’organisations caritatives, Itflows qui est en phase de test devrait rentrer en service à partir d’août 2023. Et ce, malgré des alertes répétées quant aux risques de détournement de ses capacités prédictives à des fins de contrôle et de restrictions des droits des réfugiés sur le sol européen.

      Encore méconnu, ce programme doit venir compléter un dispositif technologique destiné à la surveillance des frontières, notamment espagnoles, italiennes et grecques. Financé sur le budget d’« Horizon 2020 », le programme de recherche et d’innovation de l’Union européenne, Itflows s’ajoutera alors aux drones de surveillance autonome, aux détecteurs de mensonges dans les zones de passages ou à l’utilisation de logiciels d’extraction de données cellulaires.

      D’après notre enquête, les deux ONG contribuent à nourrir l’intelligence artificielle de Itflows en lui fournissant des informations précieuses. Des données directement issues d’entretiens réalisés dans des camps de réfugiés, auprès de Nigérians, de Maliens, d’Érythréens ou encore de Soudanais. Il pourra s’agir d’éléments liés à l’origine ethnique, l’orientation sexuelle ou encore la religion des personnes interrogées. Pour leur contribution, les branches italiennes de la Croix-Rouge et d’Oxfam ont respectivement reçu 167 000 euros et 116 000 euros de fonds publics européens.

      « Nous avons contribué à réaliser trente entretiens de migrants arrivés en Italie au cours des six dernières années », confirme la Croix rouge Italie, sollicitée par Disclose. Une fois analysées, puis rendues accessibles via une application baptisée EUMigraTool, ces informations serviront aux autorités italiennes dans leur analyse « des routes migratoires et des raisons qui poussent les gens à faire le voyage », ajoute l’association. Même son de cloche du côté de Oxfam Italie, qui salue l’intérêt pour « les responsables politiques des pays les plus exposés aux flux migratoires. » Les dirigeants pourront également s’appuyer sur l’analyse des risques politiques liés à l’arrivée de migrants sur leur sol. Le projet inclut en effet la possibilité d’étudier l’opinion publique dans certains pays européens vis-à-vis des migrants à travers une veille sur le réseau social Twitter.
      Des rapports internes alarmants

      En réalité, les risques de détournement du programme existent bel et bien. C’est ce que révèlent des rapports internes (https://www.documentcloud.org/projects/logiciel-itflows-208987) au consortium que Disclose a obtenu à la suite d’une demande d’accès à des documents administratifs. Lesdits rapports, datés de janvier et juin 2021, ont été rédigés par les membres du comité éthique du projet Itflows. Leurs conclusions sont alarmantes. Le premier document, une somme de 225 pages, révèle que « le consortium Itflows est pleinement conscient des risques et des impacts potentiels en matière de droits de l’homme, que les activités de recherche empirique sur les migrations (…) et les développements technologiques prévus dans le projet peuvent poser ». Plus loin, les auteurs enfoncent le clou. Selon eux, les informations fournies par l’algorithme pourraient servir, si elles devaient être utilisées « à mauvais escient », à « stigmatiser, discriminer, harceler ou intimider des personnes, en particulier celles qui sont vulnérables comme les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile ».

      Cinq mois plus tard, le comité éthique rend un second rapport. Il détaille un peu plus le danger : « Les États membres pourraient utiliser les données fournies pour créer des ghettos de migrants » ; « risque d’identification physique des migrants » ; « discrimination sur la base de la race, du genre, de la religion, de l’orientation sexuelle, d’un handicap ou de l’âge » ; « risque que les migrants puissent être identifiés et sanctionnés pour irrégularités ». Et le régulateur d’alerter sur un autre péril : la poussée des « discours de haine » que pourrait induire une éventuelle diffusion des prédictions du logiciel dans « les zones où les habitants sont informés de déplacements » de populations.
      L’Europe fait la sourde oreille

      Des alertes qui ne semblent pas avoir été entendues. Comme en atteste un bilan dressé lors d’une réunion (https://www.documentcloud.org/documents/22120596-emt-symposium-agenda-16-sep-2021?responsive=1&title=1) en ligne le 16 septembre 2021 par la coordinatrice du comité éthique de Itflows, #Alexandra_Xanthaki, devant des responsables européens, dont #Zsuzsanna_Felkai_Janssen, rattachée à la direction générale des affaires intérieures de la Commission. « Nous avons passé six mois à travailler jour et nuit pour rédiger un rapport instaurant un cadre qui intègre les droits de l’homme », débute la responsable du comité éthique, selon un enregistrement que Disclose s’est procuré. Elle poursuit : « Il me semble pourtant que ce que disent les techniciens de l’équipe aujourd’hui c’est : nous n’en tenons pas compte ». Un manque de précaution qui inquiète jusqu’au sein du conseil d’administration d’Itflows. Joint par Disclose, Alexander Kjærum, analyste pour le conseil danois pour les réfugiés et membre du conseil de surveillance estime en effet qu’il existe « un risque important que des informations se retrouvent entre les mains d’États ou de gouvernements qui les utiliseront pour implanter davantage de barbelés le long des frontières. »

      Sollicitée, la coordinatrice du programme, #Cristina_Blasi_Casagran, assure que le logiciel « ne sera pas utilisé à mauvais escient ». Selon elle, Itflows « devrait même faciliter l’entrée des migrants [dans l’Union européenne] en permettant une meilleure affectation des ressources engagées dans l’#accueil ».

      #Frontex inquiète

      Un dernier point vient renforcer le risque d’un détournement du logiciel : l’intérêt de Frontex pour Iflows. D’après des documents internes, l’agence en charge de la surveillance des frontières de l’UE suit étroitement les avancées du programme. Jusqu’à y contribuer activement via la fourniture de données récoltées dans le cadre de ses missions. Or, depuis plusieurs années, l’agence européenne est régulièrement accusée d’expulsions illégales et de violations des droits de l’homme. Interrogée sur ce point, l’ONG Oxfam considère qu’il n’y a pas de risque de détournement du logiciel au profit de l’agence. La branche italienne de la Croix rouge déclare quant à elle que « la convention de subvention régissant la mise en œuvre du projet Itflows ne désigne pas Frontex comme utilisateur de l’outil, mais simplement comme source de données ouvertes ». En 2021, Frontex a élu l’interface Itflows parmi les projets d’Horizon 2020 au « potentiel opérationnel et innovant » le plus élevé.

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      ping @reka @isskein @karine4 @_kg_

  • Safer Together: Making Twitch Safer with Shared Ban Info
    https://safety.twitch.tv/s/article/Safer-Together-Making-Twitch-Safer-with-Shared-Ban-Info?language=en_US

    Today, we’re expanding on that work to help flag another type of potentially malicious user, with Shared Ban Info. Shared Ban Info builds on the Suspicious User Controls system and provides a simple way for you to share information about who you’ve banned in your channel with other streamers so you can collaborate to help keep serial harassers out of your communities.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #réseau_social #réseaux_sociaux #twitch #modération #bannissement #censure #partage #sécurité #collaboration

  • Les #lacs vont refroidir et chauffer une part croissante de nos bâtiments

    L’urgence climatique accélère l’exploitation de l’#énergie contenue dans les lacs. À Genève, l’une des plus grandes installations hydrothermiques du monde fournira du froid et de la chaleur à des centaines de bâtiments. Le potentiel des lacs suisses est considérable. Pourtant, leur santé est préoccupante.

    L’ingénieur thermicien Fabrice Malla nous emmène faire une visite à 17 mètres au-dessous du niveau du lac Léman, au lieu dit du Vengeron. Nous voilà dans une cathédrale de béton de 70 mètres de long. En 2024, ce puisard recevra l’équivalent de presque trois piscines olympiques d’une eau froide recueillie à 2 kilomètres au large, à 45 mètres de profondeur. Dès 2024, des pompes électriques pulseront ce liquide à destination de deux réseaux. Le premier, construit en boucle fermée, desservira des bâtiments répartis dans les environs de l’aéroport. Le second réseau alimentera directement en froid des immeubles du centre-ville. Des pompes à chaleur installées par les Services industriels de Genève (SIG) dans un total prévu de 300 bâtiments permettront d’extraire de la chaleur de l’eau et de l’amplifier.

    Bienvenue dans le monde de l’#hydrothermie, un univers où de l’#eau froide peut générer du chaud. Fabrice Malla cite d’autres grands projets de ce type, notamment à Toronto et Honolulu. L’installation du #Vengeron, budgétée 100 millions de francs, constituera le point de départ de l’un des plus grands #réseaux_hydrothermiques au monde. « Nous allons irriguer en #froid et en #chaud la moitié du canton », se réjouit l’ingénieur des SIG. L’opération réduira drastiquement la consommation de gaz à effet de serre. L’#énergie_électrique utilisée pour faire fonctionner le réseau sera d’origine hydraulique, précise Véronique Tanerg Henneberg, porte-parole. Mais cette situation n’est pas forcément la règle. « Les pompes à chaleur nécessitent de l’électricité or nous n’en avons pas assez. L’abandon progressif du nucléaire impliquera de développer l’énergie solaire et éolienne », estime Martin Schmid, chercheur auprès de l’Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau (Eawag). En raison du réchauffement climatique, la demande estivale en froid ira croissante. Celle en #chaleur baissera, grâce à une meilleure isolation des maisons.

    Une multitude de petites centrales

    En Suisse, le développement de l’hydrothermie remonte aux années 1930, lorsque de petites centrales furent construites pour chauffer quelques bâtiments. Il en existe des centaines. Place désormais à des grands projets dans les centres urbains qui bordent des lacs, notamment à Zoug et Zurich. Grâce à une eau captée à 45 mètres de profondeur dans deux stations, le lac des Quatre-Cantons alimentera en énergie lacustre 3 700 foyers du centre de Lucerne. À Horw, 6 800 foyers seront fournis en énergie du lac. À Bienne, les premières fournitures d’énergie hydrothermique sont prévues à partir de l’automne 2022. La ville prévoit 185 points de raccor­dements, avec à la clef une baisse des émissions de CO2 de 80 %.

    Les ressources énergétiques des lacs suisses apparaissent comme une sorte d’or bleu. Les chiffres donnent le tournis. Selon un article rédigé en 2018 par l’Institut Eawag, la consommation énergétique totale en Suisse s’élèverait à environ 850 pétajoules par an, soit 236 térawattheures (en 2021, la centrale nucléaire de Gösgen a produit 7,9 térawattheures d’électricité). La moitié de cette énergie est utilisée pour chauffer des bâtiments et dans des processus industriels … avec du gaz et du fuel.

    Or le seul Léman, utilisé dans le respect des normes légales en matière d’hydrothermie, pourrait théoriquement générer presqu’un tiers de toute l’énergie consommée en Suisse chaque année ! « L’énergie des lacs couvrira 30 % de nos besoins en chauffage. Environ un bâtiment sur trois situé dans une région dense et assez proche d’un lac bénéficiera d’un chauffage urbain connecté à une ressource renouvelable, dont l’hydrothermie », estime François Maréchal, professeur à l’EPFL, spécialiste des systèmes énergétiques. Ce chercheur décrit l’hydrothermie comme « une super-ressource, mais dont on ne parle pas. » Or la Suisse est en avance dans ce domaine, commente Martin Schmid.

    La question du rejet des eaux dans les #rivières

    Reste la question de l’#impact de ces procédés, puisque les eaux puisées sont en partie restituées dans des cours d’eau à une #température différente. Durant ce cycle, une eau puisée par exemple à 6 degrés dans le Léman sera rejetée à 3 degrés dans un Rhône à 1,5 degrés. En été, une eau à 8 degrés sera puisée au fond du lac et rejetée à 13 degrés dans une eau de surface fluviale atteignant 20 degrés. Toutes les études vont dans le même sens : même si toute la demande suisse en chaleur et en froid était tirée des lacs, les rejets auraient un impact nul à faible, étant donné les écarts peu élevés de température entre eaux pompées et rejetées. « Pour modifier la température du Léman d’un degré, il faudrait 100 stations comme celle du Vengeron », image Fabrice Malla.

    La Suisse dispose de règles. Par exemple, la température d’un cours d’eau ne doit pas varier de plus de 1,5 degrés dans une région à truites. « Si les dispositions légales sont prises correctement en compte, l’exploitation hydrothermique peut a priori se réaliser », estime Nicolas Wüthrich, de Pro Natura. Un autre problème émerge, celui du réchauffement des lacs. Dans le Léman, les hivers doux empêchent depuis dix ans le brassage des couches profondes qui, sans oxygène, risquent la mort biologique. Ce phénomène gêne la production de froid via l’hydrothermie. La chaleur tend aussi à provoquer le développement d’#espèces_invasives. C’est le cas avec la petite moule quagga, dont les larves pénètrent dans les réseaux d’approvisionnement en eau potable et destinés à l’hydrothermie, nécessitant un traitement au chlore. Autre sujet d’inquiétude, si l’eau est rejetée loin du point d’extraction, il y a un risque de déplacement de nutriments et de polluants, note l’Eawag.

    Dans les fleuves et rivières en particulier, des températures plus élevées peuvent menacer des espèces, s’inquiète Pro Natura. L’ombre par exemple ne survit guère à partir de 25 degrés. « Cela rend délicate la réintroduction de grandes quantités d’eau de refroidissement chauffée dans des cours d’eau ». Des cours d’eau dotés de rives ombragées aideraient à maintenir les températures plus basses, propose Pro Natura. En hiver, le rejet d’eaux plus froides issus du chauffage par hydrothermie pourrait même théoriquement avoir un effet bénéfique. « Mais les interventions dans les #équilibres_naturels sont toujours délicates », avertit Nicolas Wüthrich.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/les-lacs-vont-refroidir-et-chauffer-une-part-croissante-de-nos-batim

    #refroidissement #eau

  • The smart city is a perpetually unrealized utopia | MIT Technology Review
    https://www.technologyreview.com/2022/06/24/1053969/smart-city-unrealized-utopia/?truid=a497ecb44646822921c70e7e051f7f1a

    While urban theorists somewhat myopically trace the concept of the “smart city” back to the 1990s, when IBM arguably first coined the term, the CAB’s research represents one of the earliest large-scale efforts to model the urban environment through “big data.” Utilizing a combination of computerized data gathering and storage, statistical cluster analysis techniques, aerial-based color infrared photography (what we today call remote sensing), and direct “on the ground” (i.e., driving around the city) validation of the aerial images, the CAB’s analysis was decidedly different from previous attempts. The CAB partitioned the city into clusters representing social-geographic features that sound straight out of today’s social media playbook: “LA singles,” “the urban poor,” “1950s-styled suburbs.” What the cluster analysis truly revealed were correlations between socioeconomic forces that could be used as predictors for which neighborhoods were falling into poverty and “urban blight.”

    Though innovative for the time, the CAB’s harnessing of punch cards and computer-based databases was not an isolated endeavor. It was part of a much larger set of postwar experiments focused on reimagining the urban through computational processes. The urban theorist Kevin Lynch’s 1960 Image of the City spurred years of research into cognitive science on how we map typological elements in urban space (paths, edges, nodes, districts, and landmarks). Cyberneticians such as Jay Forrester at MIT sought to apply complex systems dynamics by way of computer simulations to understand the feedback loops within urban development, involving everything from population and housing to the influence of industry on growth. With Forrester, Lynch, and others, the foundations for smart cities were being laid, just as sensing and computing were entering into the public consciousness.

    The contemporary vision of the smart city is by now well known. It is, in the words of IBM, “one of instrumentation, interconnectedness, and intelligence.” “Instrumentation” refers to sensor technologies, while “interconnectedness” describes the integration of sensor data into computational platforms “that allow the communication of such information among various city services.” A smart city is only as good as the imagined intelligence that it either produces or extracts. The larger question, however, is what role human intelligence has in the network of “complex analytics, modeling, optimization, visualization services, and last but certainly not least, AI” that IBM announced. The company actually trademarked the term “smarter cities” in November 2011, underlining the reality that such cities would no longer fully belong to those who inhabited them.

    When we assume that data is more important than the people who created it, we reduce the scope and potential of what diverse human bodies can bring to the “smart city” of the present and future. But the real “smart” city consists not only of commodity flows and information networks generating revenue streams for the likes of Cisco or Amazon. The smartness comes from the diverse human bodies of different genders, cultures, and classes whose rich, complex, and even fragile identities ultimately make the city what it is.

    Chris Salter is an artist and professor of immersive arts at the Zurich University of the Arts. His newest book, Sensing Machines: How Sensors Shape Our Everyday Life, has just been published by MIT Press.

    #Smart_cities #Senseurs #Réseaux #Urbanisme

  • Le réseau électrique, un système technique qui ne peut être que capitaliste

    Le réseau électrique n’est pas une simple infrastructure technique mais la matérialisation d’une dynamique capitaliste par essence. Par la constitution d’un réseau interconnecté, l’électricité est devenue à la fois une énergie universelle et une marchandise. « Le Réseau interconnecté est une simulation de la concurrence parfaite, c’est-à-dire que les électriciens sont à la fois des planificateurs et des néo-libéraux absolus » 1. Son étude peut donc nous conduire à une compréhension du capitalisme attentive à sa traduction dans des dispositifs matériels, et voir dans quelle mesure ceux-ci maintiennent les humains dans le fétiche du travail, de la valeur, de la marchandise. Dans cette perspective, une première hypothèse serait que les systèmes techniques déployés par le capitalisme portent en eux-mêmes l’empreinte de sa logique, et ne sont pas des outils qu’une civilisation post-capitaliste pourrait récupérer pour son propre usage. Une deuxième hypothèse moins forte serait de comprendre comment tel ou tel système technique maintient ses utilisateurs dans une logique capitaliste, ou bien plus généralement fétichiste. Dans le cas du réseau électrique, on s’attardera sur les catégories propres à la fois à ce système technique et à la marchandise. Telle est notre problématique : trouver dans la matérialité des systèmes techniques le cœur logique qui commande à son extension indéfinie, et l’arrime à celle de marchandise et du travail abstrait. Un premier cas de système technique a été étudié dans ce cadre, l’informatique, en montrant que l’architecture à la fois logique et matérielle de l’ordinateur engageait à une extension indéfini de calculs2.

    Dans le cas des réseaux électriques modernes, voici quelques affirmations péremptoires qui découlent de cette problématique ainsi posée.

    Dans une société capitaliste, l’électricité est naturalisée comme une substance naturelle existant indépendamment du contexte historique spécifique qui en a fait une forme universelle d’énergie. Le concept d’énergie est appréhendé par la science comme un pur concept physique, indépendamment de rapports sociaux spécifiques où l’idée d’une énergie universelle, indépendant de tout usage particulier, s’est matérialisée dans des dispositifs concrets (transformateurs, câbles électriques, organes de coupure et de protection, formant ensemble le réseau électrique). Là où le travail abstrait producteur de marchandise est la forme générale d’activité, indépendante de son contenu particulier, l’électricité dans le réseau électrique est la forme générale de l’énergie indépendamment des appareils particuliers qu’elle alimente. Là où le temps abstrait quantifie le travail abstrait, la quantité d’énergie est la mesure quantitative de l’objectivation de l’usage de l’énergie universelle. Là où le travail concret n’est pas un travail singulier (incommensurable) mais la face concrète du travail capitaliste, les usages concrets de l’énergie universelle ne le sont qu’en étant intégrés au réseau électrique global. Comme dans le cas de l’ordinateur et du travail capitaliste, on distingue donc un double caractère, concret et abstrait, de l’électricité intégrée au réseau. Chaque usage particulier de cette énergie universelle est rapporté à tous les autres, sous l’angle d’une quantité d’énergie (exprimée en Wh, Watt par heure) et du fait que tous ces usages sont physiquement reliés entre eux par le réseau électrique.

    L’électricité est vue de manière fétichisée comme une substance d’énergie par essence universelle à acheminer du producteur au consommateur. C’est ce qu’elle est vraiment au sein de système technique, mais ce qu’elle n’est plus en dehors. C’est le réseau électrique qui actualise le caractère d’énergie universelle de l’électricité. Chaque usage particulier de l’électricité s’insère dans un circuit électrique particulier reliant les éléments concourrant à cet usage. Mais c’est le réseau électrique interconnecté, auquel sont reliés ces circuits et ces appareils, qui en fait une énergie universelle. L’électricité n’est donc pas une simple marchandise, comme la force de travail n’est pas une simple marchandise. Son usage généralisé, son déploiement comme énergie universelle par le réseau électrique, la croissance du réseau et des quantités d’électricité, engendre une totalité qui contraint les usages particuliers de l’énergie à user d’énergie universelle, et donc à se brancher sur le réseau électrique. Se débrancher du réseau électrique tout en souhaitant utiliser l’électricité sous forme d’une énergie universelle, c’est reconstruire le réseau électrique global, en miniature, c’est donc se coltiner localement toute la complexité technique aujourd’hui éclatée en de multiples acteurs et institutions3.

    Au début de son invention, l’électricité est d’abord une technique d’éclairage et popularisée comme telle. D’autres usages séparés se développent aussi, comme les moteurs, fonctionnant à partir d’une électricité produite sur les lieux même de sa consommation. Mais sous le capitalisme, l’électricité va assez rapidement devenir une énergie universelle au sein d’un réseau interconnecté qui se déploie au fur et à mesure de la croissance capitaliste. Ce contexte historique spécifique va sélectionner un type d’électricité particulier, le courant alternatif, pour des motifs qui tiennent au déploiement de ce réseau, et non en vertu d’une supériorité technique intrinsèque. La bifurcation de trajectoire de ce système technique n’est donc pas non plus une simple contingence. La difficulté de revenir en arrière, à un moment où il semblait que le choix entre plusieurs options était possible, doit aussi bien à la totalité que constitue le réseau, qu’à la totalité que constitue l’économie au moment de cette bifurcation à sens unique. Les options techniques une fois devenues dominantes sont à la fois optimales et indigentes, elles verrouillent matériellement ce qui devient une mécanique sociale, au service du déploiement indéfini de sa logique propre4. Les désavantages de ce système technique deviennent alors évidents à un nombre grandissant de personnes, sans qu’elles parviennent le plus souvent à renoncer à ce qui est à la fois un bienfait5 et le moteur de l’extension de ce système, et qui tient dans les deux cas dans le caractère universel et abstrait de son cœur logique. Le développement logique du fétiche de l’énergie universelle est homologue à celui de la machine de Turing universelle (c’est-à-dire l’ordinateur), indéfiniment programmable, et à celui de la force de travail marchandisée, indéfiniment exploitable. Les trois fétiches s’alimentent les uns aux autres chacun selon sa matérialité propre.

    Les gains de productivité consistant à diminuer la part de travail humain immédiat dans la production de marchandises conduisent à remplacer ce travail par celui de machines, dont le fonctionnement repose sur l’usage d’énergie. Le franchissement par le capitalisme des obstacles qui entravent son extension suscite la grande taille de macro-systèmes techniques (MST). Leur croissance continue, crise après crise, induit une « délocalisation de la puissance »6 qui favorise la conception d’une énergie universelle, apte à satisfaire une variété qualitative et quantitative croissantes d’usages. Le premier élément de ces MST est bien entendu la centrale électrique, et typiquement la centrale nucléaire, centrale qui suscite elle-même l’extension du réseau électrique afin d’absorber l’augmentation de l’énergie produite. Le réseau électrique matérialise donc le concept d’énergie universelle, qui elle-même conduit à sélectionner les éléments matériels du réseau les plus aptes à provoquer son extension indéfinie. La question de l’énergie nucléaire, du fait des quantités inédites d’énergie universelles introduites sur le réseau, ne peut être posée sans questionner le réseau électrique lui-même, et donc l’énergie universelle. C’est l’idée même de renoncer aux centrales électriques nucléaires sans renoncer au réseau électrique, du moins dans sa configuration actuelle (c’est-à-dire totalement interconnecté jusqu’au niveau continental), qui paralyse les luttes contre cette forme de production puisque ce refus appelle au remplacement d’un élément par un autre de même type. Il induit ainsi la recherche d’une source d’énergie de substitution, pour répondre aux problèmes posés par le réseau électrique, actualisant ainsi le fétiche d’une énergie universelle dont les humains auraient à se soumettre.

    L’électricité comme mise en relation généralisée

    Lorsque l’on consulte des documents publics sensés vulgariser la gestion du réseau électrique, l’électricité est toujours présentée comme une substance, qui se déplace dans des fils et des composants électriques. Ainsi on parle de « chemins de l’électricité », de « flux », d’« embouteillages » etc. L’électricité serait donc une substance qu’il faut transporter sur de « longues distances » et « distribuer » aux consommateurs. Cette métaphore substantialiste est cependant inexacte. Etant alternatif, le courant électrique se constitue plutôt comme une mise en relation généralisée et universelle des éléments matériels qui constituent le réseau électrique, à une fréquence d’oscillation donnée (50 Hz en France, soit 50 oscillations par seconde), qui est la même en tout point du réseau. Les centres de « dispatching » se servent de cette fréquence pour vérifier l’équilibre du réseau (cf. Figure 1 et Figure 2), une baisse de la fréquence signalant une consommation d’énergie trop importante par rapport à ce qu’est capable de fournir le réseau.

    Si le courant électrique s’écarte de la fréquence et de la tension prévus, cela endommage ou réduit la durée de vie tous les appareils électriques branchés sur le réseau, car leur fonctionnement présuppose que ces niveaux prévus soient respectés7.

    14 mai 2013.

    (1) Jacques Lacoste, « Interconnexion des réseaux d’énergie électrique. Raisons et enjeux de l’interconnexion en France 1919-1941 », Cahier / Groupe Réseaux n°4, 1986. pp. 105-141.
    (2) "Les dynamiques du déferlement informatique. De la machine de Turing à la production marchande" in Le monde en pièces. Pour une critique de la gestion, Groupe Oblomoff, Paris, La Lenteur, 2012.
    « Au plus près de la machine » in Le monde en pièces tome II, Paris, La Lenteur, à paraître.
    (3) On répond ici de façon raccourcie à la question qui est à l’origine de ce texte : que faire du réseau électrique de distribution (la partie la plus « locale » du réseau électrique) dans la perspective d’une autogestion relocalisée du réseau électrique ? Justifier cette réponse demanderait une étude plus complète, pas simplement technique, mais aussi sur le genre de collectif ou d’institutions qui pourrait concrètement porter un telle projet.
    (4) Les gestionnaires du réseau électrique affirment ainsi tout le temps que l’électricité ne se stocke pas, naturalisant ainsi la bifurcation de ce système technique vers la gestion et l’actualisation de l’électricité comme énergie universelle. Et justifiant ainsi la nécessité impérieuse de leur propre activité… A l’origine du réseau électrique, le principe d’une énergie électrique stockable, donc produite et consommée localement, n’était en effet pas compatible avec le développement sous le capitalisme des usages de l’électricité. Cela pourrait éventuellement évoluer, à la marge, et sans pour autant remettre en cause la catégorie d’énergie universelle. Compris dans un sens purement technique, le réseau électrique permet de « mutualiser » la production et la consommation d’énergie, en diminuant les décalages entre production et consommation, donc de s’éviter tout ou partie du stockage de l’énergie. Cependant le réseau électrique, en matérialisant une énergie universelle, engage son usage dans une extension indéfinie. Pour ne pas conduire à un blackout global, toute énergie consommée en un point du réseau doit être produite ailleurs.
    (5) A titre d’exemples, la coopérative française Enercoop et les scénarios de sortie du nucléaire de l’association Sortir du nucléaire se basent sur la catégorie d’énergie universelle, même si il est vrai qu’en remettant en cause le chauffage électrique, on pourrait faire un pas de plus vers une critique de cette catégorie.
    (6) Alain Gras, Grandeur et dépendance. Sociologie des macro-systèmes techniques, 1993, PUF.
    (7) La notion d’équilibre entre consommation et production n’a pas de sens hors de l’existence de telles normes de fonctionnement des appareils électriques. En effet, sur un plan strictement physique, production et consommation s’équilibrent de toute façon. La nature de la norme est que c’est l’appareil le plus contraignant qui impose tel seuil. Dans la perspective d’une déconnexion ou d’une relation plus lâche au réseau, il faudrait donc préciser ce qui, par delà les normes, relève effectivement d’un risque pour tel ou tel type d’appareil.

    #réseau_électrique #critique_du_capitalisme #postone

  • De l’électricité sans réseau ?

    Réflexions sur les possibilités d’une (auto)gestion décentralisée de l’énergie électrique

    mai 2013

    « Le Réseau interconnecté est une simulation de la concurrence parfaite,
    c’est-à-dire que les électriciens sont à la fois des planificateurs et des néo-libéraux absolus
     »

    « La France est le pays – par excellence – de l’interconnexion électrique » 1

    (1) Jacques Lacoste, « Interconnexion des réseaux d’énergie électrique. Raisons et enjeux de l’interconnexion en France 1919-1941 », Cahier / Groupe Réseaux n°4, 1986. pp. 105-141.

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    Introduction

    Notre époque est paradoxale. Alors que les débats et les réflexions sur l’énergie semblent être amenés à s’étendre, notre situation de consommateur reste banalement inchangée, au sens où nous demeurons radicalement éloignés de conditions qui nous donneraient prise sur une quelconque réalité matérielle. Pourtant, le fait premier est l’étrangeté des infrastructures qui nous pourvoient en énergie. Nous vivons dans un univers étranger aux macro-systèmes techniques dont nous dépendons. Cela vaut d’ailleurs aussi pour les salariés des entreprises qui gèrent ces systèmes, n’ayant qu’une vision localisée de ce que fait leur entreprise.

    Malgré cette situation, il peut être utile d’établir une sorte d’inventaire de ce qui existe, tant au niveau technique qu’au niveau institutionnel, et de replacer ces éléments dans la perspective historique d’une réappropriation – ou de ce qui l’empêche. Dans le cas de l’électricité – qui est l’objet de ce texte – notre approche sera de réfléchir systématiquement à partir du réseau électrique, et de questionner son existence au regard de ce qu’il nous permet de faire, et ce qu’il nous empêche de faire. Pourquoi un tel réseau, qui a pris aujourd’hui une taille continentale, a-t-il été développé, alors même que notre attention demeure focalisée sur les questions de production d’électricité ? Qui sont les acteurs qui gèrent et développent ce réseau ? Est-ce que l’on peut envisager une réappropriation par ses utilisateurs, à l’échelle très locale, de l’énergie électrique via ce réseau ?

    Par ailleurs, ce questionnement général trouve une actualité certaine dans le développement de la production dite "décentralisée" raccordée au réseau, qui lui-même reste dans l’angle mort des débats. Pourtant la structure et la gestion réseau découlent largement de la présence de grosses centrales assurant l’essentiel de la production. En l’état actuel le réseau s’accommoderait très mal d’une situation inversée, où la production serait essentiellement le fait de petits producteurs. L’équilibre du réseau est en effet géré par le « haut », c’est-à-dire en France par RTE au niveau des centres de dispatching commandant à distances les grosses unités de productions et les importations-exportations avec les réseaux des pays voisins européens. Plus localement, le réseau de transport n’est pour l’instant qu’une structure figée arborescente abreuvant les 35 millions de consommateurs, et essentiellement alimentée par le réseau de transport situé en amont.

    Le réseau électrique apparaît en effet comme une boîte noire, une infrastructure sur laquelle on peut compter et sur laquelle il n’y a qu’à brancher des producteurs et des consommateurs. Il nous faut questionner l’évidence de ce réseau pour comprendre ses effets propres. Mais le questionnement n’est pas uniquement technique car l’histoire de ce réseau s’insère pleinement dans une dynamique capitaliste. Celui-ci s’est en effet développé en faisant abstraction des usages, cette abstraction donnant au réseau une souplesse qui lui permet de s’adapter aux différentes étapes historiques de cette dynamique : hier, l’électrification du territoire et la centralisation de la production, aujourd’hui, un marché éclaté en multiples acteurs et techniques de production sollicitant d’avantage le réseau dans ses dimensions propres (gestion de l’équilibre).

    Un réseau, quel réseau ?

    Précisions d’emblée ce que recouvre la notion de réseau dans le cas du réseau électrique. Selon Alain Gras1, l’usage visé de l’énergie au sein d’un macro-système technique (MST) est d’abord une « délocalisation de la puissance », une énergie extraite en un lieu donné et diffusée sur un vaste territoire appréhendé au travers de ce MST. C’est bien en effet comme cela que nous apparaît le réseau électrique, dont le maillage serré innerve l’ensemble des territoires urbains et ruraux, et diffuse une énergie « universelle » prête à l’emploi, indépendante des usages, produite et gérée on ne sait comment.

    Mais l’existence d’un tel système ouvre au moins deux questions. Pourquoi une énergie universelle, et pourquoi pas plutôt des types d’énergie différenciés, pour des usages eux-mêmes différents ? Pourquoi un réseau d’un seul tenant, et pas une multitude de petits réseaux ? Si l’on remonte aux débuts de la constitution du réseau électrique (1870-1890), ces deux aspects n’allaient en effet pas de soi. L’électricité était d’abord une technique d’éclairage et popularisée comme telle. D’autres usages comme les moteurs se développent ensuite, via une électricité autoproduite sur les lieux même de sa consommation. Il peut donc être utile de remonter aux prémisses historiques du réseau électrique, pour se défaire de certaines évidences.

    (2) Alain Gras, Grandeur et dépendance. Sociologie des macro-systèmes techniques, 1993, PUF.

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    Les débuts historiques du réseau électrique

    Jusque vers 1920, la situation en France est celle où coexistent des réseaux locaux non reliés entre eux, alimentés par une centrale de production unique, dont la gestion incombe à une régie municipale ou est déléguée à une entreprise. En France, les premières interconnexions créées relient les centrales hydroélectriques du Massif central au réseau pour alimenter Paris, en combinaison avec les centrales alimentées par charbon (voir Figure 3).

    Comment s’est constituée l’interconnexion des réseaux électriques locaux, jusqu’à former aujourd’hui un réseau européen continental standardisé ?

    La bataille américaine des courants

    Aux Etats-Unis dans les années 1890, des groupes industriels privés s’opposent agressivement sur un marché naissant. Le réseau électrique est vu comme un « monopole naturel », c’est-à-dire comme une infrastructure matérielle pourvoyeuse de revenus et qui n’a pas vocation à être dupliquée. Deux options techniques s’affrontent, avec leurs avantages et leurs inconvénients. Le réseau électrique étant vu comme monopole naturel, il entraîne aussi que ces deux options sont considérées comme incompatibles l’une avec l’autre.

    La première option est celle du courant électrique continu. L’autre est celui du courant alternatif, technique développée dans un deuxième temps. C’est finalement le courant alternatif qui l’emporte. Mais pourquoi ? Aujourd’hui, la vision de l’histoire est celle du vainqueur. Quand on se demande pourquoi on utilise du courant alternatif, la réponse est que cela permet de l’acheminer sur de plus longues distances, au contraire du courant continu1. Par cette réponse, on présuppose la nécessité de délocaliser la production électrique, donc la nécessité d’un réseau électrique.

    Bien qu’aux Etats-Unis le courant alternatif s’impose rapidement après les années 1890, la situation n’est pas la même en Europe. Notamment en Grande-Bretagne, où le contexte institutionnel est différent. La loi stipule alors que les entreprises auxquelles les municipalités déléguaient la gestion du réseau électrique ne pouvaient pas se regrouper ou coopérer entre elles2. Jusque dans les années 1920, cette pluralité de marchés indépendants les uns des autres permettait de rendre viable économiquement la technique associant courant électrique continu et accumulateurs (pour stocker l’électricité produite et mieux répartir l’alimentation électrique dans le temps), au contraire des Etats-Unis où le processus d’interconnexion en courant alternatif et sans stockage d’énergie était engagé.

    Les raisons de l’interconnexion

    La situation des Etats-Unis en 1890 est donc celle d’une normalisation précoce, au regard de la construction d’un réseau électrique standardisé dans un contexte capitaliste. Ce n’est qu’au regard de cette dynamique capitaliste que la solution technique du courant alternatif s’est substituée complètement à celle du courant continu, et non pas en vertu d’une supériorité intrinsèque du courant alternatif3. Aux Etats-Unis, pendant la période de transition où les deux systèmes coexistaient encore, l’invention du « convertisseur rotatif » a permis de coupler les vieilles centrales à courant continu et leurs réseaux d’alimentation aux nouvelles lignes de transport à longue distance de courant alternatif à haute tension4. Cependant une fois la trajectoire d’interconnexion engagée, la solution des petits réseaux non reliés entre eux n’est plus viable. Plutôt que le stockage et l’autoproduction sur place d’énergie, sous contrôle municipal, c’est la grande taille du réseau qui permet d’équilibrer consommation et production, dans une course aux économies d’échelle qui favorise la construction de grosses usines de production (charbon, hydraulique). Mais cette grande taille nécessite aussi une gestion centralisée (voir plus loin), reléguant les municipalités au seul rôle du développement du réseau électrique, notamment dans les zones rurales, ce réseau étant systématiquement relié et alimenté par le réseau global (ce que l’on appelle le réseau de transport).

    La logique réticulaire permet une croissance continue de la demande et des capacités de production5, en accord avec la dynamique capitaliste se saisissant du concept d’énergie comme marchandise et comme catégorie générale, indifférente aux usages particuliers. Par dynamique capitaliste, il ne faut pas entendre ici le capitalisme au sens restreint d’une mise en concurrence sur un marché, mais bien d’une mise en rapport abstraite et quantitative du travail humain, indifférente au caractère particulier et concret de chacun des travaux. Quand le travail-marchandise devient médiation sociale6, l’énoncé du problème de l’énergie demeure « comment produire le plus possible d’énergie au moindre coût ». Le domaine énergétique induit donc une activité marchande particulièrement pure, du fait d’un soubassement scientifique et technique qui conduit à naturaliser un concept d’énergie indifférente aux usages. De fait, les Etats relaieront les entreprises privées lorsque celles-ci se montreront par trop incapables de poursuivre la dynamique capitaliste, comme ce fut le cas en France dès les années 1930. Le congrès de la CGT de 1937 est une première attaque contre un « patronat malthusien » en vue d’une nationalisation du macro-système électrique. La substitution de l’entreprise publique EDF aux entreprises privées en 1946 intervient comme l’aboutissement logique d’une intervention de plus en plus directe de l’Etat7, notamment dans l’achèvement de l’interconnexion des réseaux entamée dans les années 1920.

    (3) Ce qui est vrai à l’époque, mais pas aujourd’hui. Dans leur cours, Lasne, Gianduzzo et Geoffroy mentionnent que le courant continu devient économiquement avantageux à partir de 800 km de longueur de lignes. On parle aujourd’hui d’HDC (High Voltage Direct Current) ou CCHT (courant continu haute tension) pour désigner le transport de courant continu électrique à grande distance et que l’on trouve sur toutes les installations pharaoniques réalisées (barrage des Trois-Gorges en Chine) ou en projet (DESERTEC, alimenter l’Europe via des centrales solaires thermiques géantes dans les déserts nord-africain).
    (4) Bunn, David, Flux, n°6, 1991, p.41.
    (5) « Il ressort de la lecture des revues techniques et des magazines de l’époque qu’il n’y eut pas un consensus immédiat sur les mérites respectifs des deux sortes de courants. Il y avait des chercheurs et des inventeurs respectés, qui avaient participé aux débuts de l’industrie électrique, qui refusaient de reconnaître la supériorité technique du courant alternatif. Et de fait le courant continu se révéla également susceptible d’améliorations qui à la fois mettaient en valeur ses avantages spécifiques et élargissaient les conditions dans lesquelles il était compétitif. », Bunn, David, Flux, n°6, 1991, p.39.
    (6) Bunn, David, Flux, n°6, 1991
    (7) C’est la même logique qui joue pour Internet, où l’on voit se développer des data centers absoluement gigantesques, comme celui de Google qui compte deux millions d’ordinateurs.
    (8) Postone, 2009, pp.221-235.
    (9) Poupeau, 2004, p.12.

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    Le courant électrique

    Lorsque l’on consulte des documents publics sensés vulgariser la gestion du réseau électrique, l’électricité est toujours présentée comme une substance, qui se déplace dans des fils et des composants électriques. Ainsi un parle de « chemins de l’électricité », de « flux », d’« embouteillages » etc1. L’électricité serait donc une substance qu’il faut transporter sur de « longues distances » et « distribuer » aux consommateurs.

    Pourtant, le courant électrique présent sur le réseau électrique actuel est alternatif, et si l’on suit la métaphore substantialiste, le courant ne ferait qu’osciller en tout point du réseau, à une fréquence unique et constante (50 Hz en France, soit 50 oscillations par seconde). Le courant électrique alternatif ne se déplace donc pas d’un endroit à un autre du réseau : il se constitue plutôt comme une mise en relation généralisée et universelle des éléments matériels qui constituent le réseau, à une fréquence d’oscillation donnée. Cela explique que les centres de « dispatching », qui gèrent l’équilibre global du réseau électrique, surveillent que la fréquence du réseau reste proche du niveau standard (cf. Figures 3 et 4), une baisse de la fréquence signalant une consommation trop importante.

    (10) Voir par exemple le « Blog du transport de l’électricité » : http://www.audeladeslignes.com/aiguilleurs-electricite-reseau-regional-haute-tres-haute-tension-67

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    Le réseau électrique actuel

    Les niveaux de tensions HTB, HTA, BT

    Le réseau électrique actuel est divisé selon un schéma arborescent, des plus hautes tensions vers les plus faibles.

    Au niveau le plus élevé correspond le réseau de transport, géré en France par RTE (8 500 salariés). La gamme des tensions se nomme HTB, elle varie de 63 000 V à 400 000 V. 628 centrales de production sont connectées à cette partie du réseau.

    La partie « avale » du réseau est le réseau de distribution, géré en France par ERDF (36 000 salariés) pour l’essentiel, et pour 5% du réseau par 26 autres entreprises, dites ELD (entreprise locale de distribution). Entre le réseau de transport et le réseau de distribution se trouvent les postes sources, transformant le niveau de tension HTB en HTA (20 000 V, 15 000 V). Le courant HTA est ensuite transformé en basse tension, BT (400V1), par des postes de transformation pour alimenter quelque 35 millions de clients. Pour donner une idée, un poste HTA/BT peut alimenter une centaine de maisons individuelles.

    Il est important de bien distinguer le réseau de transport et le réseau de distribution car ils ne sont gérés de la même façon. La raison est que la production électrique est très fortement centralisée, avec un petit nombre d’unités de production qui alimente le réseau de transport. Cette différence est amenée à être remise en question avec le développement d’unités de production plus petites reliées au réseau de distribution. Dans l’optique d’une réappropriation du réseau électrique, c’est évidemment le réseau de distribution (en particulier BT) qui est le plus intéressant. Cependant, ce réseau dans son fonctionnement actuel est tout à fait dépendant du réseau de transport, ce qui oblige à l’étudier lui aussi.

    Les éléments du réseau

    Le réseau électrique est essentiellement constitué de transformateurs et d’organes de coupure, reliés par des lignes électriques, aériennes ou souterraines.

    Au niveau le plus local du réseau (réseau BT), les transformateurs HTA/BT sont enfermés dans des postes électriques de type divers (au pied d’un immeuble, dans un abri en parpaing, souterrain, fixé à un poteau…). Ils sont alimentés par le réseau HTA ou bien dans quelques rares cas par un producteur HTA, et transforment le courant HTA en courant BT, distribués aux consommateurs BT via plusieurs départs BT.

    Les organes de coupures fonctionnement comme des interrupteurs, ils permettent d’isoler manuellement ou automatiquement une portion du réseau. Certains d’entre eux sont télécommandables à distance, via un réseau telecom ou hertzien, par un centre de téléconduite (ou dispatching), ce qui permet donc de brancher ou débrancher certaines portions du réseau et leurs consommateurs. Les organes de coupures peuvent être dans des postes ou isolés sur le réseau.

    Les activités du gestionnaire du réseau

    Pour se représenter ce que fait un gestionnaire de réseau, on peut citer les différents types d’activité que l’on trouve chez ERDF :
    • L’exploitation du réseau : il s’agit du personnel intervenant physiquement sur le réseau pour son entretien.
    • Le développement du réseau : il s’agit de bureaux d’étude dessinant l’évolution du réseau (nouveaux postes, nouvelles lignes, enfouissement des réseaux aériens etc.) et du personnel supervisant ou réalisant les chantiers de construction.
    • Le raccordement du réseau : relation avec les clients dans leur raccordement physique au réseau électrique.
    • La conduite du réseau : il s’agit du personnel présent dans les centres de dispatching agissant à distance sur le réseau, via un système de télécommunication ouvrant ou fermant des interrupteurs.

    La conduite du réseau est intéressante à explorer. Bien que n’occupant qu’une minorité du personnel de l’entreprise, elle permet de comprendre le fonctionnement du réseau à travers sa fonction essentiel : la gestion de l’équilibre permanent entre production et consommation de l’électricité transitant sur le réseau.

    (11) Le courant électrique est triphasé, c’est-à-dire porté par 3 fils différents. En BT, 400V correspond à la tension composée efficace (tension entre deux fils), ce qui correspond à 230V =400*racine(3) de tension simple efficace (tension entre le fil de phase et le neutre, celle utilisée par le consommateur BT, c’est-à-dire nous).

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    La gestion de l’équilibre production-consommation

    Avant d’entrer dans le descriptif des techniques de gestion de l’équilibre entre consommateurs et producteurs électriques du réseau, imaginons une installation autonome sans réseau, réunissant à portée de main la production d’énergie électrique et l’outillage électrique à alimenter avec cette production. Si je veux faire fonctionner un appareil électrique (mon lave-linge), je ne vais pas me contenter d’appuyer sur le bouton "On", mais je vais d’abord vérifier si la puissance et une autonomie électrique suffisante sont disponibles. C’est précisément en réalisant cette opération "sur un coin de table", celle consistant à m’assurer que j’ai les moyens électriques des mes ambitions du moment, que je me passe du réseau électrique. Le réseau électrique n’est rien d’autre qu’une infrastructure géante à qui je délègue ces opérations.

    Les automatismes de protection

    L’équilibre du réseau est appréhendé au travers de deux paramètres électriques : fréquence et tension du courant électrique. La fréquence est unique dans tout le réseau et doit rester autour de 50Hz1. La tension elle aussi doit être fixe (400V en BT). Si le courant électrique s’écarte de la fréquence et de la tension prévus, cela endommage ou réduit la durée de vie tous nos appareils électriques dont le fonctionnement présuppose que ces niveaux prévus sont respectés2. C’est pourquoi le réseau électrique comporte de nombreux automatiques détectant les écarts, et déconnectant producteurs et consommateurs à partir de certains seuils. Ces systèmes de délestage automatiques, indispensables pour protéger les appareils, sont aussi responsables de réactions en chaînes qui peuvent se propager sur l’ensemble du réseau, très rapidement3 et de manière parfois innatendue.

    Les automatismes de réglage

    A tout moment, nous dit-on, la quantité d’électricité consommées doit être égale à la quantité produites. Et cela parce que l’électricité "ne se stocke pas". On nous dit aussi que, du fait de cette absence de stockage, c’est l’interconnexion généralisée qui permet l’équilibre global entre consommation et production, puisque les variations de chaque unité (production ou consommation) sont noyées dans la masse, compenser par l’action de toutes les autres. Le réseau est alors vu comme la mutualisation rationnelle des moyens de production, se soutenant les uns les autres en cas d’incidents.

    Remarquons que même avec le stockage d’énergie, cette contrainte de l’équilibre demeure. Quant à l’interconnexion généralisée, elle ne résout pas vraiment le problème de l’équilibre entre consommation et production. Par ailleurs, la structure du réseau est largement figée. Par structure, il faut entendre la topologie (les liens électriques entre les différents éléments) et les caractéristiques électriques (comme la quantité maximum d’électricité qui peut transiter dans telle lignes) qui sont autant de contraintes matérielles fixées au moment de la construction du réseau.

    En fait, la plupart des éléments de l’équilibre sont donnés dès le départ, et choisis par les ingénieurs à partir des hypothèses qu’ils peuvent faire sur la consommation d’une part, la production d’autre part. Cette planification est cruciale pour l’équilibre du réseau. Au jour le jour, la gestion de l’équilibre-production ne peut se faire qu’à partir d’un nombre relativement restreints de paramètres : activation des réserves de production dans certaines centrales et ouverture d’interrupteurs pour déconnecter les consommateurs.

    Sur le réseau de transport

    Le réseau électrique est principalement alimenté par de gros centres de production connectés au réseau de transport4. Dès lors, le réglage de la fréquence et de la tension est principalement assuré par ces centrales de production.
    Une partie du réglage est automatique est réalisé au niveau même de ces producteurs (réglages primaire et secondaire). Toute variation de vitesse de rotation de l’alternateur de la centrale provoque la même variation de la fréquence du courant électrique du réseau connecté à la centrale. Ainsi le régime (vitesse de rotation) de l’alternateur est détecté et régulé par un mécanisme modifiant la puissance débitée, par exemple en agissant sur l’ouverture de la vanne dans le cas d’une centrale hydraulique.

    Si ces automatismes de suffisent pas à régler la fréquence, il faudra l’ajuster « manuellement » en agissant plus directement sur les centrales. Par ailleurs, la planification de l’équilibre production-consommation est réalisée par le gestionnaire du réseau de transport.

    Le réglage de la tension a lieu aussi plus localement, au niveau des transformateurs. Dans les postes sources HTB/HTA, interfaces entre le réseau de distribution et le réseau de transport, les transformateurs sont équipés de « régleur en charge », qui est un automatisme ajoutant ou supprimant des spires sur les enroulements du transformateur, de façon à compenser les petites variations de tensions sur le réseau autour d’une valeur fixée (la consigne). Mais au-delà de ce réglage, la valeur de la consigne étant fixée, c’est bien le réseau de transport qui gouverne l’équilibre du réseau HTA.

    Sur le réseau de distribution

    La puissance du transformateur est choisie en fonction des puissances appelées (i.e. consommées) par le réseau qu’il alimente.
    Pour le réseau BT, on peut dire que les possibilités d’ajustements en temps réel entre la consommation et la production sont inexistantes : dans les postes HTA/BT, les transformateurs sont réglés manuellement et hors tension5, pour délivrer tel niveau de tension. C’est dire si le réseau BT est dépendant du réseau amont à l’heure actuelle.

    (12) La fréquence du réseau européen est lisible en temps réel sur le site de l’ENTSO-E (European network of transmission system operator for electricity) : https://www.entsoe.eu/system-operations/the-frequency
    (13) La notion d’équilibre entre consommation et production n’a pas de sens hors de de l’existence de telles normes de fonctionnement des appareils électriques. Sur un plan strictement physique, production et consommation s’équilibrent de toute façon. La nature de la norme est que c’est l’appareil le plus contraignant qui impose tel seuil. Dans la perspective d’une déconnexion ou d’une relation plus lâche au réseau, il faudrait donc préciser ce qui, par delà les normes, relève effectivement d’un risque pour tel ou tel type d’appareil.
    (14) "(...) compte tenu de l’inertie mécanique relativement faible de certains composants des systèmes électriques (groupes de production et moteurs) et de la grande vitesse de propagation des phénomènes, les réseaux THT créent un couplage dynamique très fort entre les moyens de production, d’une part, et les charges (consommation), d’autre part. Du fait des interconnexions internationales, une perturbation importante en Europe du Nord peut être ressentie quelques secondes plus tard en Europe du Sud.", G. Testud, P. Bornad, M. Pavart, Réseau d’interconnexion et de transport : fonctionnement, 2005, Ed. de l’Ingénieur.
    (15) En 2004 en France, 95% de la production d’électricité est injectée sur le réseau de transport. Source : JL Fraisse, La production décentralisée raccordée au réseau public de distribution, présentation 02/12/2004.
    (16) Par la prise à vide transformateur.

    __________________________________________

    Le réseau et la marchandise

    Réseau et dynamique capitaliste

    Comme la gestion de l’équilibre électrique est réalisé au niveau global et que l’électricité est une marchandise, le système tend à s’étendre du moment que le client paie l’électricité qu’il consomme. La gestion de l’équilibre consiste à toujours fournir l’électricité qui est consommée. Le « métier » d’un gestionnaire de réseau est de s’adapter aux nouveaux usages de l’électricité, et plus exactement de savoir faire payer suffisamment ces usages pour délivrer un service capable de les satisfaire. Chaque extension du domaine des usages (par exemple, les véhicules électriques) est l’occasion d’une mobilisation d’une ingénierie qui doit répondre à ces « besoins », avec les proclamations habituelles en forme de « défis » qui vont la joie des nouveaux projets.

    On reconnait dans ce mouvement la structure de la forme marchande dans sa dynamique à deux faces :
    • Une face abstraite qui représente la dimension permanente d’un ressort qui s’apparente à un automatisme : ici, acheminer de l’énergie du moment qu’elle soit payée
    • Une face concrète constituée par les activités humaines répondant au coup par coup aux contraintes imposées par le pôle abstrait de la dynamique : ici, construire et organiser une gigantesque infrastructure technique imparfaitement résumée par une métaphore, « le réseau ».

    Impact de la production décentralisée sur le réseau

    La production décentralisée sollicite la gestion du réseau de distribution sur un domaine qu’il n’a pas l’habitude (ni les moyens techniques) de gérer : la gestion de l’équilibre du réseau à travers le réglage de la fréquence et de la tension. La difficulté réside moins dans le caractère décentralisée de la production que de son caractère intermittent, du fait de l’origine des énergies primaires : vent, soleil. Dans un premier temps la présence d’une production décentralisée oblige à revoir le genre d’étude de raccordement que l’on faisait auparavant (et ce que l’on appelle le « plan de tension » c’est-à-dire les règles que l’on se donne pour assurer la tension constante 400 V à délivrer sur le réseau BT). Dans un deuxième temps, il se pose un problème de conduite dans la mesure où la production électrique en un point donné n’est plus constante.

    Malgré l’éventail des solutions possibles, on s’oriente néanmoins vers une complexification croissante du réseau électrique « local », l’installation de nouveaux matériels en nombre gigantesque (des millions de nouveaux compteurs et concentrateurs). Une nouvelle étape dans l’informatisation de cette gestion s’amorce ainsi (smart grid), à la grande satisfaction des acteurs économiques du domaine. Le qualificatif d’« intelligent » masque le fait que l’on déjà répondu à une question avant même de l’avoir posée : comment gérer l’équilibre du réseau ? Les « smart grid » sont en fait la réponse toute faite à cette question en continuité avec les exigences de la dynamique marchande : produire un environnement tel que l’électricité peut demeurer une marchandise, en dépit de toutes les complications que cela oblige à générer. Loin de remettre en cause la forme marchande de l’énergie, les motifs écologiques de la production décentralisée viennent alimenter un nouvel espace marchand à construire. Un des éléments techniques essentiels dans cette construction est le compteur communicant (aussi appelée « compteur intelligent », en France le fameux « Linky » « proposé » par ERDF).

    Les compteurs intelligents : le rationnement piloté à distance

    Une expérimentation en Bretagne peut aider à comprendre à quoi serviront les nouveaux compteurs (Linky). La Bretagne produit moins de 10% de l’électricité qu’elle consomme17 et un des enjeux du gestionnaire de réseau est de « sécuriser » l’approvisionnement en électricité, c’est-à-dire de limiter les coupures et les désagréments ressentis par les consommateurs finaux. L’expérimentation a lieu sur les deux îles Houat et Hoedic, alimentées par un unique câble de 20 kV. Les consommateurs sont équipés des compteurs commandés par l’agence de conduite de Rennes, via des concentrateurs situés dans chaque poste HTA/BT alimentant les consommateurs. L’agence a la capacité de réduire la charge électrique (c’est-à-dire l’électricité consommée) de façon répartie, de façon à ce que chaque consommateur ait un minimum d’électricité disponible, au lieu de procéder aux délestages habituels fonctionnant en mode « tout ou rien » (on déconnecte une grappe de consommateurs le temps que la production ne revienne à niveau qui permet de les réalimenter). L’agence de conduite agit également de façon coordonnée sur un groupe électrogène situé sur l’île et sur un ensemble de sites de productions photovoltaïques.

    (17) On peut dire qu’une des raisons principales est que le projet du site nucléaire de Plogoff est le seul que le mouvement anti-nucléaire a réussi à faire échouer.

    #réseau_électrique #critique_du_capitalisme #postone

  • Baisse de confiance envers les médias d’information au Canada, montre une enquête La Presse canadienne
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1891102/dnr-reuters-confiance-medias-information-baisse-canada

    L’année 2021, que l’on pourrait qualifier d’année de la vaccination, a porté un dur coup à la confiance des Canadiens à l’égard des médias d’information.

    Aussi, parallèlement à cette chute de confiance, les citoyens remettent de plus en plus en question l’indépendance des médias, alors qu’une vaste majorité d’entre eux se méfient des réseaux sociaux où ils disent avoir trouvé de fausses nouvelles, ce qui n’est rien pour aider les médias traditionnels dont les nouvelles côtoient ces contenus douteux sur le web.


    Selon une étude de l’Institut Reuters, la confiance à l’égard des nouvelles a reculé à 47 % chez les francophones canadiens au début de 2022. Photo : iStock

    Les données de l’État de situation du Centre d’études sur les médias (CEM) et de l’enquête NETendance publiées récemment faisaient état d’une forte progression de cette confiance. Toutefois, ces données se fondaient sur des enquêtes menées, respectivement, en janvier et février 2021 et en septembre 2021.

    Or, la plus récente des enquêtes, celle du volet canadien du Digital News Report de l’Institut Reuters (DNR) réalisée en janvier et février 2022, montre une chute marquée de cette confiance.

    Baisse marquée de la confiance
    Ainsi, après le bond favorable de 2021, la confiance à l’égard de “la plupart des nouvelles, la plupart du temps”, selon la définition du DNR, a reculé de sept points chez les francophones pour se situer à 47 % au début de 2022 et de cinq points chez les anglophones, où elle est à 39 % . Fait à noter, cet écart de confiance entre francophones et anglophones est une constante au fil des ans dans ce rapport.


    La pandémie est particulièrement riche en mauvaises nouvelles. - Photo : getty images/istockphoto / Moore Media

    Bien que le niveau de confiance canadien n’ait jamais été aussi faible, certains pays comme la Finlande (avec 69 %) devancent largement le Canada, dont le score global de 42 % devance la France (30 %).

    Plusieurs autres éléments mis au jour par le volet canadien de l’enquête du DNR s’alignent directement sur cette perte de confiance.

    Écarts entre francophones et anglophones
    Par exemple, lorsqu’on demande aux répondants si les médias d’information au pays sont indépendants du pouvoir politique, seulement un peu plus du quart d’entre eux répondent que oui. De même, près de 30 % des répondants jugent qu’ils sont indépendants du pouvoir économique. Il s’agit, respectivement, de baisses de 10 points de pourcentage dans le premier cas et de 9 points dans le second, et ce, sur une période de cinq ans, puisque le DNR a posé cette question pour la dernière fois en 2017.

    Par contre, les résultats ont peu bougé chez les francophones, dont la perception d’indépendance des médias est beaucoup plus positive que celle des anglophones. Ainsi, respectivement 38 % et 37 % les estiment indépendants d’influences politiques et économiques, contre 27 % et 28 % chez leurs compatriotes de langue anglaise.

    Par ailleurs, peu importe la langue, les répondants qui s’identifient à la droite politique sont plus nombreux à douter de l’indépendance des médias d’information que ceux de centre ou de gauche. Mais la tendance est encore plus marquée chez les anglophones de droite.

    Quant à la diversité de courants politiques exprimés dans les médias, la moitié des Canadiens n’en voient guère et affirment que l’ensemble des médias d’information du pays sont politiquement très proches ou assez proches les uns des autres.

    Quand on leur demande d’autre part si les médias sont davantage préoccupés par leurs propres intérêts que par ceux de la population en général, on obtient là aussi des résultats parlants.

    Les anglophones sont ainsi un peu plus nombreux (35 %) à penser que les intérêts commerciaux prédominent sur les intérêts de la société. Ils sont 29 % à penser l’inverse. Chez les francophones, 29 % déclarent que les entreprises de presse privilégient leurs intérêts commerciaux plutôt que ceux de la société, contre 25 % qui pensent l’inverse.

    Ils sont aussi 26 % à croire que les médias priorisent leurs propres opinions politiques devant les intérêts de la société, contre 27 % qui pensent le contraire. Sans surprise, là aussi, les répondants qui s’identifient comme étant de droite sont encore plus nombreux à croire que les médias placent leurs propres intérêts devant ceux de leurs auditoires.

    Abondance de fausses nouvelles
    Une autre part de la méfiance des Canadiens peut être attribuable au fait qu’ils rencontrent de plus en plus de fausses nouvelles sur le web. Les données sont inquiétantes, puisqu’elles semblent s’accompagner d’une certaine désensibilisation.

    Ainsi, en 2022 (tout comme en 2021 d’ailleurs) 71 % des Canadiens (73 % des anglophones et 65 % des francophones) ont dit avoir retrouvé des informations trompeuses en ligne, le plus souvent sur le coronavirus et sur la politique, au cours de la semaine précédant la tenue de l’enquête.

    Pourtant, au même moment, leur inquiétude à l’égard des fausses nouvelles en ligne a légèrement baissé entre 2021 et 2022. L’enquête nous apprend en effet que 60 % des Canadiens se disent préoccupés par la possibilité de démêler le vrai du faux sur Internet, une baisse de trois points de pourcentage.

    Comme par le passé, les anglophones (6 %, une baisse de 4 points de pourcentage) s’en soucient plus systématiquement que les francophones (48 %, un repli de 3 points).

    Méfiance marquée envers les réseaux sociaux
    On ne se surprendra pas, dans ce cas, de voir que les Canadiens n’ont guère confiance dans les réseaux sociaux. Seulement 18 % leur font confiance, en fait, comparativement à 26 % qui font confiance aux sites de nouvelles. Cette dernière donnée est intrigante, puisqu’elle montre un niveau de confiance significativement plus faible envers les médias d’information lorsqu’ils sont en ligne.

    Malgré tout, la proportion de répondants qui paient pour des nouvelles en ligne et pour l’accès à des nouvelles payantes continue de progresser.

    Éviter les (mauvaises) nouvelles
    Après deux pénibles années de pandémie, qui était en pleine cinquième vague au moment du sondage, on ne s’étonnera pas d’apprendre que sept Canadiens sur dix (71 %) disent avoir “activement évité” les nouvelles. C’est une hausse importante par rapport au sondage de 2019, soit bien avant que le mot pandémie ne devienne omniprésent, alors que ce pourcentage était de 58 %. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes (67 %) à faire exprès pour ne pas s’exposer aux nouvelles.

    On ne se surprendra pas d’apprendre que les deux principales raisons d’éviter les nouvelles sont leur effet potentiel négatif sur l’humeur et une couverture trop axée sur des sujets tels que la politique ou la COVID-19.

    Parmi les autres raisons, on note, en ordre décroissant, l’épuisement engendré par une trop grande quantité d’informations à assimiler et une couverture jugée subjective ou peu fiable. Fait à noter, le sondage a été réalisé avant le déclenchement de la guerre en Ukraine et il y a fort à parier que la couverture intensive de celle-ci aurait également été évoquée parmi les raisons d’évitement des nouvelles.

    La télé toujours en tête ; Twitter marginal
    Le Digital News Report scrute chaque année la principale source de nouvelles des Canadiens et, en 2022, c’est toujours la télévision, à environ 40 %, qui remporte la palme, un pourcentage qui se maintient depuis 2020. À 25 %, les médias sociaux continuent leur ascension, mais ils restent toujours derrière les sites ou applications de nouvelles, qui se maintiennent autour de 27 % pour une troisième année.

    Fait à noter, lorsqu’on parle des médias sociaux, l’importance accordée à Twitter par de nombreux médias, chroniqueurs et commentateurs semble démesurée par rapport à son utilisation réelle par la population, du moins parmi les francophones. Les médias sociaux utilisés par les francophones pour lire, commenter ou partager des nouvelles sont, dans l’ordre, Facebook (50 %) , Messenger (27 %), TikTok (10 %), Twitter (6 %). Snapchat, en queue de peloton à 0 %, n’a apparemment aucun attrait pour l’information.

    Chez les anglophones, ce classement est complètement différent et réparti plus largement. Bien que les premières places soient aussi occupées par Facebook (34 %) et Messenger (14 %), suivent WhatsApp (9 %) et Reddit et TikTok (7 %) en dernière position.

    L’écoute de baladodiffusions, qui avait stagné entre 2020 et 2021, a repris son ascension. En 2022, 36 % des répondants au pays disent avoir écouté au moins un balado dans le mois précédant l’enquête (41 % des anglophones et 29 % des francophones), une hausse de trois points sur l’année précédente.

    Le DNR s’appuie sur un questionnaire en ligne administré par YouGov. Les données canadiennes sont calculées à partir d’un échantillon aléatoire de 2012 participants inscrits auprès de cette firme de sondage, dont 526 francophones. Un échantillon francophone autonome a par la suite été réalisé de façon à obtenir 1004 participants. Les données canadiennes ont été récoltées du 21 janvier au 21 février 2022. Les résultats sont pondérés pour représenter la population canadienne adulte.

    #médias #information #presse à gage #réseaux_sociaux #coronavirus #Twitter #journuliste #merdias #propagande #clergé_médiatique #esj #académie_esj

  • Activision (ATVI) Illegally Threatened Staff, US Labor Officials Find - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-05-23/activision-illegally-threatened-staff-us-labor-officials-find

    US labor board prosecutors determined that Activision Blizzard Inc. illegally threatened staff and enforced a social media policy that conflicts with workers’ rights, according to a government spokesperson. The finding is a setback for the company as it tries to fend off a unionization effort and finalize a $68.7 billion sale to Microsoft Corp.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #activisionn_blizzard #ressources_humaines #syndicalisme #droit #justice #rachat #business #finance #microsoft #kayla_blado #raven_software #jeu_vidéo_call_of_duty #sexisme #harcèlement_sexuel #bro_culture #jennifer_abruzzo #george_w_bush #joe_biden #réseaux_sociaux

  • Algospeak : les influenceurs, bilingues en censure automatisée - Par Thibault Prévost | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/clic-gauche/algospeak-les-influenceurs-bilingues-en-censure-automatisee
    https://api.arretsurimages.net/api/public/media/screenshot-2022-05-07-at-04-38-40-creez-des-collages-de-photos-en-ligne/action/show?format=thumbnail&t=2022-05-07T04:39:41+02:00

    Pour échapper aux robots-censeurs, les utilisateurs de TikTok et d’Instagram ont développé leur propre dialecte : l’algospeak. Une nouvelle preuve que, sur internet, même le langage a été privatisé.

    Sur TikTok, personne ne vous entendra parler de sexe, de santé mentale, d’automutilation, de suicide, d’addictions, de viol, d’avortement, de guerre, de violence et, globalement, de tout ce qui est considéré par vos invisibles maîtres algorithmiques comme des sujets « sensibles ». Sur Instagram, même combat. Sur YouTube, pareil. Si vous essayez, ne serait-ce qu’un peu, de mettre ces sujets en avant, dans le titre, le résumé ou le référencement – via les hashtags – de votre vidéo, la sanction tombe : suppression sans préavis, avec le risque que votre chaîne toute entière subisse le même sort pour outrage aux toutes-puissantes Conditions générales d’utilisation (CGU) de la plateforme en question. Ici-bas, code is law, le code fait loi, c’est comme ça et pis c’est tout – et d’ailleurs, de plus en plus souvent, sur les questions de modération, law is code. On ne négocie pas avec un logiciel de modération automatique. Mais de l’autre côté, au bout du clavier, des êtres humains ont des choses à dire sur ces sujets interdits. Alors, comment on fait ? On camoufle la langue, se marrent les créateurs et créatrices de contenu, qui ont apparemment tous pris la LV2 option algorithmes.

    #TikTok #RéseauxSociaux #Langage #Algorithme #Modération #Instagram

  • Les présentations PowerPoint détournées sur Tiktok
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/05/04/sur-tiktok-le-succes-inattendu-des-presentations-powerpoint_6124787_4408996.

    La génération TikTok est l’une des premières à avoir connu l’enseignement PowerPoint durant toute sa scolarité. « C’est un instrument de l’école, idéal à détourner et avec lequel jouer. Ils sont dans le prolongement de la critique qui existe envers cet outil, en le tournant en dérision », constate Valérie Beaudouin, sociologue spécialiste des usages du numérique. Une vision confirmée par Chloé, qui voit dans ces soirées PowerPoint la possibilité « de désacraliser la présentation, qui peut être stressante ». Une bonne béquille pour une génération qui a aussi grandi avec les injonctions posées par les réseaux sociaux : celle de devoir bien parler, avoir de la repartie, être à l’aise face à un auditoire, en ligne ou hors-ligne.

    #Powerpoint #Oral #RéseauxSociaux #TikTok

  • Bulles de filtres et chambres d’écho - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=i7d55LgDncM

    En plus de notre tendance à préférer les contenus qui confirment ce que l’on pense déjà - le « biais de confirmation » - les algorithmes contribuent à nous enfermer dans une bulle où rien ne pénètre, à part les informations auxquelles on adhère à priori. Faites-en l’expérience en cliquant seulement sur des vidéos de chats. Rapidement, votre fil de nouvelles sera envahi de chats !

    #Algorithmes #Information #Réseauxsociaux #SNT #GAFAM #Recherche #EMI

  • « De chacun selon ses moyens » ?

    Une critique de la sécurité sociale

    Pour critiquer ou défendre l’argent, il faut le comprendre, mais comprendre l’argent c’est toujours choisir un angle particulier pour la défense d’une thèse. Si l’argent n’est qu’un moyen d’échange, alors pourquoi s’en passer ? Si l’argent peut être réapproprié sous forme de nouvelles monnaies éthiques ou sociales, alors pourquoi le critiquer en tant que tel ? Si l’argent actuel n’est que l’effet du rapport d’exploitation capitaliste, pourquoi vouloir l’abolir ? Si l’argent est si plastique et malléable, alors pourquoi souhaiter sa disparition ? 

    Il est un fait que vouloir abolir l’argent n’est pas vu comme très sérieux. Pourtant, les volontés d’abolition et les alternatives qui maintiennent des formes de monnaies rencontrent pour l’essentiel des objectifs similaires. Il s’agit dans tous les cas de contrer la domination de la valeur capitaliste sur les sociétés contemporaines. Celle-ci consiste à sélectionner les activités humaines selon un critère qui domine tous les autres : gagner de l’argent. Pour y parvenir, peu importe les moyens. Mais ceux-ci sont de deux types, qui peuvent être combinés : les gains de productivité et l’exploitation des ressources, humains compris.

    Là où nos positions divergent, entre abolitionnistes de la monnaie et défenseurs d’institutions alternatives avec monnaies, c’est où placer le levier du changement. Pour certaines personnes comme celles du réseau Salariat, il existe à l’intérieur de l’économie capitaliste des institutions non-capitalistes, comme la sécurité sociale de santé. Mais selon d’autres courants, comme celui de la critique de la valeur, ces institutions ne seraient que des enclaves inoffensives à l’intérieur de l’empire de la valeur capitaliste qui l’engloutiront bientôt.

    Dans les deux cas, on peut convenir qu’il est tout de même possible d’organiser un usage alternatif de l’argent -quand bien même il serait fragile ou temporaire- de telle sorte que de puissants mécanismes de solidarité soient possibles. Ainsi, les cotisations sociales en France, prélevées sur des échanges économiques, alimentent depuis l’après-guerre des caisses dont le fonctionnement ne relève pas de l’échange monétaire, puisque ses bénéficiaires peuvent les solliciter en fonction de leurs besoins et en partie gratuitement. Pour le réseau Salariat, lutter contre le capitalisme, ce serait augmenter les cotisations pour étendre ces mécanismes de solidarité à d’autres domaines que la santé, par exemple à l’alimentation et à la production agricole, au travers de la proposition d’une sécurité sociale alimentaire. 

    Il est difficile d’être contre une proposition qui semble être le prolongement heureux d’une réalité sociale déjà là. Le problème est que cette réalité est au moins ambivalente, sinon totalement insatisfaisante. 

    Ambivalente parce qu’elle est entièrement construite sur la contrainte monétaire du rapport salarial : c’est donc en échangeant sa force de travail contre l’argent nécessaire pour (sur)vivre, que l’on construit un pot commun de ressources. Autrement dit, on a construit du commun comme un effet de bord du chantage à la subsistance qu’est le fait de vendre son temps pour simplement reproduire son existence au quotidien. Ce qui est très différent de construire du commun avec du commun. Certes, je peux être satisfait de payer mes cotisations, quand je destine mentalement une partie de mes efforts à ce pot commun et précisément pour cette raison. Cependant, dans la plupart des cas, le travail est d’abord vécu directement, dans le contenu concret des tâches et du cadre où elles s’insèrent, du besoin de gagner de l’argent pour payer les factures, et non par le truchement d’un imaginaire solidariste. 

    Si on peut balayer d’un revers de main la critique patronale des "charges sociales" qui fait baisser la rentabilité de la boîte, il est moins facile de contrer un sentiment plus diffus de ressentiment, lequel peut s’exprimer à l’égard de supposés profiteurs, qui traduit moins la réalité d’abus avérés qu’une insatisfaction de ce que l’on vit soi-même. Payer sa cotisation n’est pas vécu et pensé comme un don, qui produirait une forme de reconnaissance sociale, mais comme un échange monétaire mobilisant un travail contraint, pour lequel on est tous sensés être quittes les uns envers les autres, ce qui est le propre de tout échange. 

    On touche là la limite de communs construits avec des outils qui ne sont pas faits pour construire des communs. Ce sont en réalité des "presque communs" qui, parce que construits sur des échanges marchands inéquitables et contraints, sont toujours susceptibles d’être contestés comme tout aussi inéquitables et contraints. 

    Un véritable commun posséderait des fondements institutionnels cohérents avec sa nature, où des besoins communs sont répondus en commun, par des contributions volontaires propres aux moyens de chacun, selon la première partie de l’adage "de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins".

    Les cotisations sociales ne respectent ce principe qu’en apparence, sous la forme de l’abstraction monétaire de taux de cotisations qui peuvent en effet varier selon le niveau de salaire. Mais qu’est-ce que cela change concrètement quand de toute manière chacun travaille trente cinq heures par semaines quel que soit le salaire obtenu ? Dire que le taux d’effort d’un salarié mieux payé est supérieur à un autre salarié moins payé, parce que sa contribution monétaire en cotisations sociales est plus élevée, c’est confondre la dimension vivante de l’activité avec sa représentation monétaire, qui conduit à attribuer plus de mérite et de valeur aux activités qui rapportent plus d’argent. Si cela est bien cohérent avec la convention de valeur capitaliste, cela ne l’est pas avec la prétention du réseau salariat à faire du mécanisme de cotisations sociales une institution anticapitaliste.

    Cette réalité déjà-là des cotisations sociales est aussi totalement insatisfaisante du fait de la dégradation continuelle de la santé physique et mentale des gens depuis plusieurs dizaines d’années, que la sécurité sociale n’a pas pu prévenir. Le cocktail de pollutions et de nuisances psychiques qui font l’ordinaire de nos vies est justement produit par des activités économiques, dont le fondement est de dégager de l’argent avant tout autre critère, et ce sont ces activités qui génèrent les cotisations sociales alimentant la sécurité sociale de la santé. Bien-sûr il n’y pas de lien de cause à effet, entre ceci et cela. Il reste que c’est bien là la manifestation que la valeur capitaliste domine l’ensemble de la société, et que la petite mécanique des cotisations sociales est toujours restée une simple enclave inoffensive. La sécurité sociale dépend de la poursuite d’activités économiques que tout le monde sait néfastes - mais pas l’inverse. Aussi, la médecine elle-même semble au prise avec un paradigme mécaniste qui en limite sérieusement la portée en tant qu’activité de soin, tandis que de vastes firmes engrangent l’argent des cotisations sociales pour vendre des médicaments dont l’efficacité est au minimum discutable.

    #sécuritésociale #abolitiondelargentetdutravail #désargence #critiquedelavaleur

  • Chapitre 8  : l’artiste déconnecté | ploum.net
    https://ploum.net/chapitre-8-lartiste-deconnecte

    Reposons la question autrement : pourquoi les artistes ont-ils l’impression que les réseaux sociaux sont essentiels à leur carrière ? Parce qu’ils ont des retours : des commentaires, des likes, des partages. Des statistiques détaillées sur « l’engagement de leur communauté  ». Qui leur fournit ces retours ? Les réseaux sociaux eux-mêmes !

    Qui sont les artistes qui ont le plus de followers sur les réseaux sociaux ? Les artistes qui ont du succès… en dehors des réseaux sociaux !

    Les réseaux sociaux nous font confondre la cause et l’effet. En soi, ils ne sont la cause d’aucun succès, ils ne font que souligner les succès existants. Ils ne font que récompenser l’utilisation de leur plateforme par une monnaie de singe qu’ils contrôlent. Le « Like ».

    ...

    ""Poster du contenu sur les réseaux sociaux pour obtenir des likes est une quête chimérique. L’artiste travaille littéralement au profit du réseau social pour l’alimenter, pour donner une raison aux utilisateurs de venir le consulter. En échange, il peut avoir la chance de recevoir une impression virtuelle de succès.""

    #EMI #Réseauxsociaux #Art #Addiction #SNT #NSI

    • on a un peu l’impression d’un truc écrit ya 15 ans… depuis ya quand même des centaines d’artistes, en tout cas en musique, et souvent en rap, qui ont percé sans jamais être passés en radio, médias, etc, et qui donc ne faisaient pas encore de concerts non plus, juste parce que leurs clips ou même juste freestyles se propagent sur les réseaux, à commencer par youtube puisque la musique (populaire) sans clip ça n’existe presque plus (ça vaut aussi pour les chaines d’humour, vulgarisation, etc)

    • C’est certain que de nombreux artistes ont réussi à se faire connaître via les réseaux mais ils sont d’une certaine manière contraints par ces réseaux et se retrouvent à devoir les alimenter au détriment peut-être de leur œuvre.
      La logique des réseaux entretient une forme de consommation artistique qui peut éventuellement parasiter un processus de création.

    • C’est certain que de nombreux artistes ont réussi à se faire connaître via les réseaux mais ils sont d’une certaine manière contraints par ces réseaux et se retrouvent à devoir les alimenter au détriment peut-être de leur œuvre.
      La logique des réseaux entretient une forme de consommation artistique qui peut éventuellement parasiter un processus de création.

      Non. C’est pas une question de réseaux sociaux. C’est une question de marchandisation des œuvres. Réseaux ou pas, des artistes seront tenté·es de répondre à la demande en faisant ce qu’on attend d’elleux. Ou simplement pouvoir vivre de leur travail. Les autres continuent leur chemin quelque soit la façon dont leurs œuvres sont reçues par le public, les réseaux, les éditeurs... Je vis de travaux de commande en carto et graphisme et je poursuis en parallèle un travail de carto artistique et d’autres œuvres dont je ne tire que très peu de revenus (je suis plasticienne).

    • l’artiste connecté avec son public, en live y’a rien de mieux. Un.e artiste avec un profil sur Instagram pour moi c’est non grata.
      Prenez La Fraction qui vient de sortir un nouvel album De l’autre côté c’est la scène qui les a fait connaître, leur site n’est plus à jour depuis 2016.
      https://lafraction.bandcamp.com/album/de-lautre-c-t

      Disque réalisé par Fraction Productions, Stonehenge Rds, Gestalt, Maloka, Mass Productions, Tranzophobia, Crash Disques, Twisted Chords, Trujaca Fala, Konstroy, Mescufurus (+ General Strike CD)

      SHOWS 2022
      Les 30 ans de Chéribibi reportés à octobre. Dimanche 22 MAI : soutien Jargon Libre au CICP - Paris 11e.
      Samedi 4 JUIN : festival Maloka - Dijon.
      Samedi 25 JUIN : au Cheval déchaîné, Vierves (Belgique).
      Samedi 9 JUILLET : festival Punk Illegal (Alvesta/Suède)

  • affordance.info : 4 questions aux algorithmes (et à ceux qui les font, et à ce que nous en faisons)
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2022/04/4-questions-algorithmes.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0282e14f7a64200b-600wi

    La problème de la transparence comme de la redevabilité, même en se limitant aux algorithmes publics, c’est qu’un « algorithme » est un fait calculatoire et décisionnel qui ne peut être isolé de faits sociaux qui en déterminent les causes et les effets. Un algorithme est développé par des gens, qui obéissent à d’autres gens, et qui sont tous pris dans des déterminismes et des contraintes économiques, professionnelles, politiques, sociales, etc. Penser que l’ouverture et et la redevabilité des algorithmes suffira à régler l’ensemble des problèmes qu’ils posent n’a pas davantage de sens que penser que l’étiquetage des denrées alimentaires résoudra les problèmes de malbouffe, d’obésité et de surproduction agricole.

    #SNT #NSI #EMI #algorithmes #Réseauxsociaux #Facebook #Moteurderecherche

  • mckinsey en-marche, la France déglinguée - Les Bons Calculs Economiques
    https://www.campuslille.com/index.php/entry/mckinsey-en-marche-la-france-deglinguee-les-bons-calculs-economiques

    Les mensonges d’Emmanuel Macron sur le bilan de son quinquennat. 5 années de déglingue économique, en France. Le bourrage de crâne sur l’évolution de notre monde capitaliste, et notamment la question de la Russie.

    https://www-radio-campus.univ-lille1.fr/ArchivesN/LibrePensee/BCE220406.mp3

    Criminalité : Il se fait voler sa montre à 350.000 euros.
    Inflation : Les pommes de terre deviennent trop chères à cuire en Angleterre.
    Topo sur les mesures contre la Russie - Inflation - gaz - nucléaire
    L’actionnaire d’abord.
    Les mensonges en continu d’émmanuel macron.
    mcKinsey, qui sont les véritables clients ?
    Wasquehal : Les vieux.
    Auchan, ma vie avec les consultants. Témoignage. (Harcèlement, violence)
    Topo sur les élections.
    Le PCF et les jours heureux de Damart https://www.damart.fr/jours-heureux
    A propos de l’apprentissage.
    Les sociétés du cac40, leur évolution.

    https://www.youtube.com/watch?v=JJp29XWE5Tg

  • Communiqué unitaire et des personnels de l’#université_d'angers contre les #attaques d’#extrême_droite (22.03.2022)

    Cher‧es collègues,

    Depuis quelques semaines, les actes racistes, antisémites et fascistes se développent au sein même de notre #Université, du fait notamment d’étudiant‧es organisé‧es dans des #groupuscules d’extrême droite. Des #croix_gammées ont été taguées dans des toilettes, des autocollants racistes sont collés sur plusieurs de nos campus, un #collage géant « L’immigration tue » revendiqué par le mouvement nationaliste et identitaire #RED (#Rassemblement_des_étudiants_de_droite) est apparu dans la nuit de jeudi à vendredi sur le campus de #Belle_Beille, et ce jeudi 17 mars plusieurs étudiants de cette mouvance ont distribué un #tract infamant, raciste, sexiste et LGBTphobe à #Saint-Serge. Certains de ces actes touchent directement des enseignant‧es : des cours ont été interrompus par des remarques de soutien aux candidats d’extrêmes-droites, des enseignant‧es sont pris‧es à partie sur les #réseaux_sociaux par des étudiant‧es dévoilant leur nom et contenus de cours, et des médias d’extrême-droite attaquent nommément des collègues et leurs recherches liés aux #études_de_genre et à l’#intersectionnalité. Le contexte national d’élection présidentielle et d’exacerbation des discours racistes et violents y est pour beaucoup. Les discours de Blanquer et Vidal contre un soi-disant « islamo-gauchisme » des personnels de l’#ESR aussi. Le contexte local du déroulement du Mois du genre est également à prendre en compte : l’extrême-droite ne supporte pas que nos recherches documentent les inégalités et les dominations.

    Nous avons une pensée particulière pour toutes celles et tous ceux qui sont directement visés par ces attaques. Tous et toutes ensemble devons être vigilant‧es : nous ne laisserons aucun de ces autocollants, tags ou tracts avoir droit de cité au sein de notre université. Nous les effacerons systématiquement. Les discours racistes, sexistes, homophobes ne sont pas des opinions, ce sont des #délits. Les responsables de ces actes s’exposent donc à des #poursuites_judiciaires.

    Le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche doit être le lieu où toutes et tous peuvent trouver leur place sans avoir peur d’une agression qu’elle soit verbale ou physique. Notre université doit permettre à tous et toutes, quelles que soient ses appartenances de genre ou ses origines ethniques, d’étudier, travailler, faire de la recherche. Notre communauté universitaire doit être un rempart contre les projets politiques nauséabonds, réactionnaires et fascistes.

    Nous invitons toutes celles et tous ceux qui le souhaitent à participer aux activités du Mois du genre tout le long du mois de mars et de la Semaine de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, qui commence lundi 21 mars à l’UA.

    Communiqué signé Snesup-FSU, Snasub-FSU, Sud Education 49, ainsi que des personnels de l’Université d’Angers engagés contre l’extrême-droite.
    (reçu via une mailing-list)

    #racisme #antisémitisme #fascisme #France #sexisme #homophobie #étudiants #Angers #facs

  • Usbek & Rica - Tech Paf - L’obscénité de la mécanique du scrolling
    https://usbeketrica.com/fr/article/tech-paf-l-obscenite-de-la-mecanique-du-scrolling
    https://usbeketrica.com/uploads/media/1200x628/02/92782-scrolling+shutterstock.jpg?v=1-0

    La guerre en Ukraine révèle à quel point les algorithmes d’Instagram et notre tendance à scroller compulsivement nous font passer à côté des vraies informations. L’édito d’Elena Scappaticci, rédactrice en chef web de la plateforme d’Usbek & Rica.

    #EMI #Réseauxsociaux #Images #Algorithmes #Instagram

  • Puisque vous aimez les histoires de statue :-), celle de Joseph Bilé va être inaugurée à Berlin dans les tous prochains jours.

    Berlin’s Black Communist. Joseph Bilé, the Comintern, and the struggle for the rights of Black people par Robbie Atken

    https://www.rosalux.de/en/news/id/40552/berlins-black-communist


    Joseph Bilé („The Negro Worker“, July 1932, vol.2, no.7, p.28)

    On the 8th of December 1929 at Alexanderplatz in Berlin, the Sozialistischer Schülerbund (Union of Socialist School Pupils) staged an anti-nationalist and anti-colonial demonstration. This was part of the increasing anti-colonial events being organized and run by the political Left within Germany, under the direction of the Communist International (Comintern). The second speaker of the afternoon was Joseph Ekwe Bilé. Bilé, from Douala, Cameroon was enthusiastically greeted by his audience, which reports suggested included a further five Africans.[1] He proceeded to inform his listeners about the brutality of the German regime in the former colony of Cameroon as well as the abuse and mistreatment suffered by people of African heritage worldwide.

    The German authorities’ attention was soon brought to his propaganda activities. In light of a foreign policy which continued to cling on to hopes of one day regaining Germany’s former colonial possessions, Bilé’s opinions were unwelcome and led to a serious discussion about his deportation. For the President of the Deutsche Kolonialgesellschaft (German Colonial Society), former governor of Cameroon and colonial irredentist Theodor Seitz, Bilé’s political agitation was symptomatic of a pressing danger. Seitz argued: “I am convinced that under the current economic conditions the natives who still find themselves in Germany will fall completely under the spell of Communism.”[2] His suspicions were not entirely unfounded. Several weeks earlier Bilé and six Cameroonian contemporaries had formed the Comintern sponsored and radical anti-colonial group the Liga zur Verteidigung der Negerrasse (League for the Defence of the Negro Race, LzVN).[3]

    This essay focuses on the political career of Joseph Bilé in order to highlight aspects of the largely forgotten political activism of Africans who were living in Germany (particularly Berlin) in the late 1920s.[4] It examines the creation of the LzVN as well as several concrete examples of members’ political activities, including a remarkable theatre project staged by the group in 1930. These in turn highlight the presence of German-based Africans within wider transnational networks of anti-colonialism and anti-racism, often in connection with the Comintern, and transnational networks of Black Internationalism.❞ (...)

    #colonies_allemandes #anticolonialisme #communisme #antimpérialisme #Berlin #Black_studies #entre_deux_guerres

  • Sur Twitter, responsables et journalistes politiques déconnectés des sujets de préoccupation des Français
    https://www.franceculture.fr/politique/sur-twitter-responsables-et-journalistes-politiques-deconnectes-des-su

    L’institut BVA et le cabinet Uptowns spécialisé dans l’ethnographie digitale ont voulu vérifier si les candidats à la Présidentielle, et les journalistes politiques, étaient concentrés sur les sujets de préoccupation des Français, et des jeunes en particulier. C’est loin d’être le cas.

    #Politique #Sondages #Numérique #RéseauxSociaux #EMI #EMC