• POLITIQUE MONÉTAIRE
    Alerte rouge sur le marché monétaire
    18 SEPTEMBRE 2019 PAR MARTINE ORANGE

    Pour la première fois depuis 2009, la #Réserve_fédérale a dû intervenir en urgence sur le marché monétaire, en y injectant 130 milliards de dollars. Les responsables tentent de rassurer en expliquant qu’il s’agit d’un mauvais concours de circonstances. Les raisons semblent beaucoup plus profondes : le système financier croule sous trop de #dettes à court terme.

    Tous y pensent. Forcément. L’intervention en urgence de la #Réserve fédérale américaine mardi 17 septembre sur le marché monétaire a ravivé de mauvais souvenirs. « Cela ressemble au scénario d’août 2007, quand les #banques n’arrivaient plus à trouver d’argent sur les marchés », relève l’économiste spécialiste du monde financier, Laurence Scialom, professeur à l’université Paris Ouest.

    Spontanément, l’ancien banquier Jean-Michel Naulot fait lui aussi le rapprochement avec août 2007, considéré désormais comme le début de la #crise financière. « Jean-Claude Trichet [alors président de la #BCE – ndlr] s’était félicité par la suite des interventions spectaculaires mises en œuvre pour enrayer la crise de liquidité. Il avait débloqué alors 90 milliards d’euros », se rappelle-t-il.

    La FED a décidé d’agir de façon encore plus spectaculaire mardi. En une seule journée, elle a débloqué 53 milliards de dollars pour assurer les financements sur le marché monétaire. Dans la soirée, elle a annoncé qu’elle allait remettre 75 milliards de dollars mercredi pour stabiliser le marché.

    C’est la première fois depuis l’automne 2009 que la #banque centrale américaine est obligée de s’engager sur le marché monétaire pour ramener les #taux d’intérêts à des niveaux plus supportables sur le marché du « #repo » (repurchase agreement). Ce marché permet aux intervenants financiers (banques, #fonds, #hedge_funds) de trouver l’argent dont ils ont besoin le temps d’une nuit. En échange des fonds prêtés, ils déposent des titres en garantie, le plus souvent des bons du Trésor ou des obligations d’État. Considérés comme très peu risqués car à très court terme et garantis, ces prêts sur le marché du « repo » évoluent à des taux avoisinants ceux de la FED, autour de 2-2,25 %.

    Sauf que mardi, tout s’est déréglé. Dès l’ouverture, les signaux rouges ont commencé à clignoter : les taux étaient à plus de 4 % et ont continué à s’envoler pour aller jusqu’à 10 %. Jusqu’à ce que la Fed annonce en catastrophe qu’elle apportait les liquidités nécessaires pour assurer les opérations de refinancement et prévenir une contagion qui commençait à gagner d’autres marchés, notamment celui des créances commerciales.

    L’effet de son intervention n’a tenu que quelques heures. À la clôture, les taux sur le « repo » étaient à nouveau à plus de 4 %, obligeant la Réserve fédérale à faire une nouvelle annonce d’apport de 75 milliards de dollars de liquidités supplémentaires pour mercredi.

    Une intervention d’une banque centrale sur les marchés, et encore plus quand il s’agit de la FED, est porteuse de doutes et d’inquiétudes. Les premiers messages envoyés se sont donc voulus très rassurants. Ce qui s’était passé mardi n’était lié qu’à une addition de facteurs techniques, un malheureux concours de circonstances, à en croire certains analystes.

    Le 15 septembre, les entreprises américaines devaient payer leurs impôts, ce qui a réduit le volume des financements disponibles sur le marché, expliquent-ils. Dans le même temps, le Trésor américain a lancé de nouvelles émissions correspondant à 78 milliards de dollars, qui devaient être payées en début de semaine, ce qui a participé au siphonnage des liquidités existantes. De plus, le même Trésor américain aurait souhaité augmenter ses réserves, jugées trop basses, auprès de la Fed, ce qui aurait contribué à encore diminuer l’argent. Enfin, les attaques contre les infrastructures saoudiennes auraient provoqué un choc en retour sur les marchés.

    L’ennui de toutes ces explications circonstanciées est qu’elles résistent mal aux faits : les tensions sur le marché monétaire n’ont pas commencé mardi ni même lundi. Depuis août, des observateurs commencent à s’inquiéter des problèmes de liquidités sur les marchés. Dès la semaine dernière – c’est-à-dire avant la date d’échéance des impôts pour les sociétés, les enchères du Trésor américain, ou les attaques contre l’Arabie saoudite –, des alertes clignotaient ici et là, des traders parlaient des difficultés rencontrées pour trouver des refinancements.

    Les responsables politiques et nombre d’observateurs n’ont pas pris conscience de ce qui se joue actuellement. Pour eux, le critère de la bonne santé économique et financière se limite aux marchés actions. Or, ceux-ci volent de record en record, affichant « la plus grande déconnexion avec l’économie réelle depuis 2007 », comme le souligne Saxobank dans son dernier rapport trimestriel. Mais sur les autres marchés – monétaires, obligataires, des changes… – des frictions se nouent, loin du regard du public, et commencent à émerger, se traduisant par des volatilités accrues.

    « Il semble qu’il y a quelque chose de sous-jacent dont on ne sait rien encore », confie Scott Skyrm, trader sur les marchés des « repos » au Wall Street Journal. « Les crises de liquidités, compte tenu de leur effet déflagrateur, se gèrent dans le plus secret. Ce n’est qu’après que l’on apprend ce qui s’est passé. Mais je pense que la Réserve fédérale, qui s’était engagée dans un resserrement monétaire, a eu des signaux de tensions dès décembre. D’où sa volte-face sur sa politique monétaire en janvier », poursuit Jean-Michel Naulot.

    Alors que les banques centrales ont déversé plus de 6 000 milliards de dollars dans le système financier, que les marchés croulent littéralement sous l’argent, comment est-il possible que la liquidité vienne à manquer ? « Le problème, ce n’est pas un manque de liquidités, mais la question de sa circulation, de son affectation. Trop d’argent a été alloué à de mauvais endroits », relève Laurence Scialom.

    Ce sont les raisons profondes des soubresauts actuels : la création monétaire laissée à la disposition du monde financier, totalement en roue libre, a conduit à un système basé sur la dette. Une dette, notamment privée, qui a pris des proportions encore plus astronomiques depuis la crise financière. Dans tous les secteurs, sur tous les marchés, des positions de plus en plus risquées ont été prises, en s’appuyant sur des effets de levier gigantesques. « Et c’est de la dette à très court terme », relève Laurence Scialom. C’est ce que traduisent aussi les difficultés sur le marché du « repo » : il s’agit de positions financières prises à très court terme, pouvant se déboucler très rapidement, et qui sont refinancées au jour le jour sur le marché, pas d’investissements « durs » dans l’économie réelle.
    « L’augmentation des “repos” et des autres taux à court terme est révélatrice de la réduction du montant du bilan que les intermédiaires financiers souhaitent ou sont capables de fournir à ceux qui recherchent un financement à court terme », avertit Tony Crescenzi de la société de gestion Pacific Investment Management. D’autant qu’au même moment, ajoute Jean-Michel Naulot, « l’accroissement du #déficit budgétaire américain, qui risque de dépasser les 1 000 milliards de dollars, crée des besoins de financement extraordinaires ».

    Alors que les incertitudes sur l’économie mondiale grandissent, le choix des intermédiaires financiers qui ont de l’argent à placer est vite fait : ils achètent des bons du trésor et autres titres souverains américains, considérés comme le meilleur placement sans risque dans les temps compliqués. Ce qui participe à raréfier les possibilités de refinancement.

    Ces convulsions sur le marché monétaire tombent au pire moment pour la FED. Mercredi et jeudi, les membres de la Réserve fédérale se réunissent pour définir la politique monétaire dans les mois à venir. Mis sous pression par Donald Trump depuis des mois, le président de la FED, Jerome Powell, avait déjà évoqué la possibilité de renouer avec une politique monétaire plus accommodante, et d’abaisser les taux afin de soutenir l’économie américaine dans ces temps incertains. Mais il va peut-être être condamné à faire plus, beaucoup plus. 

    Car l’intervention de la #FED pour calmer la fièvre sur le #marché monétaire a jeté le doute et le trouble dans les esprits. Inévitablement, la question de la confiance va se poser sur les #marchés. Les #investisseurs risquent de recommencer à traquer les actifs les plus risqués, les acteurs ou les sociétés jugées les faibles, au risque de provoquer une crise qu’ils redoutent.

    Pour rétablir la confiance, la FED va devoir mettre tout son crédit dans la balance. Déjà certains prédisent le retour prochain – avant la fin de l’année, disent-ils – et inévitable du #quantitative_easing (programme de rachats de titres), seul moyen, selon eux, d’assurer la #liquidité nécessaire pour refinancer les risques fous pris depuis des années et de préserver la stabilité du système financier. Mais il n’est pas sûr cette fois que cela suffise.

    https://www.mediapart.fr/journal/economie/180919/alerte-rouge-sur-le-marche-monetaire

    #finance #argent #monnaie #2008

  • La #BCE se heurte aux limites de sa #politique_monétaire
    https://www.mediapart.fr/journal/international/210717/la-bce-se-heurte-aux-limites-de-sa-politique-monetaire

    Alors que les marchés financiers spéculent sur un prochain arrêt de la politique monétaire particulièrement accommodante de la BCE, #Mario_Draghi a décidé de ne pas bouger. « L’inflation n’est pas où elle devrait être », a-t-il justifié. Mais c’est surtout la situation de la zone euro qui l’inquiète.

    #International #Economie #assouplissement_quantitatif #conjoncture #emploi #Réserve_Fédérale #Target_2

  • Ce que le cas #Banif, à #Madère, nous dit de la situation financière mondiale
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/171215/ce-que-le-cas-banif-madere-nous-dit-de-la-situation-financiere-mondiale

    Un début de panique bancaire sous le soleil de Madère. Un petit signe de plus que les « thérapies » appliquées à la crise financière mondiale ont échoué. Comme prévu. Analyse.

    #Economie #Alberto_Joao_Jardim #Antonio_Costa #assouplissement_quantitatif #banques #BCE #BES #déflation #dette #Réserve_Fédérale #Ricardo_Salgado #taux_d'intérêt #union_bancaire

  • Les dettes des étudiants inquiètent les #Etats-Unis
    http://campus.lemonde.fr/campus/article/2015/02/18/les-dettes-des-etudiants-inquietent-les-etats-unis_4578459_3234.html

    La bulle de la #dette étudiante prend des proportions de plus en plus inquiétantes aux États-Unis. Selon les statistiques publiées, mardi 17 février, par la #Réserve_fédérale de New York, le total des prêts s’élève au 31 décembre 2014 à 1 160 milliards de dollars, soit plus que la dette totale des cartes de crédit américaines. Le montant de ces prêts souscrits dans le cadre des études a augmenté de 11,1 % au cours du dernier trimestre par rapport aux trois mois précédents et de 7,1 % sur les douze derniers mois.

    Selon le ministère de l’éducation, il y a aujourd’hui environ 40 millions d’Américains qui ont souscrit un #prêt_étudiant. Celui-ci s’élève en moyenne à 30 000 dollars . Du fait de l’explosion des #frais_de_scolarité, qui ont augmenté de 440 % en 25 ans, selon le magazine Forbes, près des trois-quarts des étudiants diplômés ont été obligés de contracter un crédit. Aujourd’hui, les droits peuvent aller de 6 000 et 50 000 dollars, y compris dans des établissements de milieu ou de queue de classement.

    Jusqu’à la crise, le remboursement était plus ou moins gérable. Mais depuis 2008, décrocher un premier #emploi à la hauteur de ses diplômes est beaucoup plus compliqué. Quantité d’étudiants se retrouvent plombés par ces emprunts, ce qui commence à avoir des effets macroéconomiques. « L’accroissement des remboursements et des #défaillances de prêts étudiants est préoccupant », explique Donghoon Lee, un chercheur de la Fed de New York.

    Celle-ci s’inquiète notamment de la moindre capacité de cette population à souscrire d’autres prêts, à commencer par des crédits immobiliers. Avant la crise, la perspective de revenus confortables incitait les jeunes diplômés à s’endetter pour acheter un #logement. Mais aujourd’hui, « les problèmes de remboursement et de défaillance sur les prêts étudiants réduisent la capacité des emprunteurs à posséder leur propre foyer », souligne M.Lee.

    Il s’agit de l’un des facteurs explicatifs de la reprise molle observée sur le marché immobilier depuis la reprise économique. Ces trentenaires sont contraints de rester le plus longtemps possible chez leurs parents en attendant d’avoir un peu plus de visibilité sur leurs revenus et donc leur capacité de remboursement.

    Extension du programme « pay as you earn »

    Cette situation a incité des anciens d’#Occupy Wall Street, le mouvement de contestation des dérives du capitalisme financier [blablabla, ndc], qui avait vu le jour dans la foulée de la crise de 2008, à faire un coup d’éclat en septembre 2014. Réunis au sein du collectif #Strike_Debt, ils avaient racheté la dette étudiante souscrite par 2 800 Américains auprès de l’université Everest College pour un montant total de 4 millions de dollars. Une goutte d’eau par rapport aux montants annoncés mardi par la Fed.

    Conscient du problème, Barack Obama a tenté de s’attaquer au problème. En janvier, il a proposé la #gratuité des deux premières années dans les community college, des formations courtes de deux ans, en fonction de l’implication et des résultats des étudiants, qui, en échange, fourniraient un certain nombre d’heures de #travail au sein de leur établissement.

    En juin 2014, le président américain avait également décidé par décret l’extension d’un programme d’aide au remboursement des prêts étudiants, le « pay as you earn » (remboursez en fonction de ce que vous gagnez). Ce programme permet aux jeunes diplômés de plafonner à 10 % de leur revenu mensuel les remboursements sur leurs prêts étudiants fédéraux.

    Jusqu’ici, le dispositif n’était destiné qu’aux personnes ayant souscrit leur emprunt après octobre 2007. À partir de décembre prochain, il sera aussi ouvert aux personnes ayant souscrit leurs dettes avant cette date.

  • We, the people of the Internets and the World | kitetoa
    http://reflets.info/we-the-people-of-the-internets-and-the-world

    Vous n’y croyez pas. C’est normal. Vous appartenez à une autre génération. A un autre temps. Vous n’avez pas vu venir la profonde transformation de cette société. Bien sûr, cette transformation n’en est qu’à ses débuts et vous pensez encore pouvoir renverser la situation à votre profit. Sauver votre système. Faire perdurer cette oligarchie qui vous sert si bien. Vous disposez depuis des siècles d’une matière première abondante. Docile, malléable. Exploitable sans limites : les peuples. Cette exploitation, coûte que coûte, pour assurer des profits jamais suffisants est particulièrement visible dans vos pathétiques tentatives de « sauver » des économies agonisantes. En Grèce, au Portugal, en Islande, en Irlande, Aux Etats-Unis. Vous faites payer le prix de la continuité aux plus démunis. Vous les stigmatisez. Vous les faites apparaître comme des « parasites » profitant des aides sociales. Vous qui ne manquez de rien. Qui n’avez jamais eu à vous soucier de trouver les ressources néc

    #A_la_Une #Tribunes #Anonymous #Banques #Capitalisme #Finance #NATO #Peuples #Réserve_Fédérale