• Politiques du non-accueil en #Tunisie : des acteurs humanitaires au service des politiques sécuritaires européennes

    « La réponse est claire : c’est non […] Nous n’avons ni les capacités ni les moyens d’organiser [des] centres de rétention » [1]. C’est par ces mots qu’en juin 2018, Tahar Chérif, ambassadeur tunisien auprès de l’Union européenne, réitérait le refus de la Tunisie d’accueillir sur son sol des camps où seraient « stocké·e·s » les migrant·e·s dont l’Union européenne ne veut pas. Ce refus faisait suite à la proposition de la Commission européenne d’installer en Afrique du Nord des « plateformes de débarquement » pour les migrant·e·s secouru·e·s dans les eaux internationales, faute d’accord entre les États européens pour se répartir la charge de leur accueil, alors que l’Italie annonçait la fermeture de ses ports. Mais si la Tunisie, aux côtés des autres pays africains, rejetait haut et fort le plan de la Commission et continuait à soutenir que jamais elle ne consentirait à devenir le garde-frontières de l’Union européenne, cela fait en réalité longtemps qu’elle accepte divers outils destinés au contrôle des migrant·e·s d’Afrique subsaharienne [2] sur son territoire. Après l’échec de l’approche régionale des plateformes de débarquement, l’Union européenne semble avoir pris le parti de mettre en place des #arrangements de #contrôle_migratoire fragmentés et progressifs, dont la Tunisie est le candidat privilégié. À mesure que la situation sécuritaire en Libye se dégrade [3], elle semble en effet devenir la nouvelle cible de la stratégie européenne d’#externalisation_des_frontières, et accumule progressivement les ingrédients qui tendent à la transformer en #zone_de_contrôle_migratoire.

    Mais si la Tunisie offre une meilleure image en termes d’accueil pour ces populations migrantes que la Libye, l’expérience vécue par les migrant·es semble tout autre. « Vivre en Tunisie, ce n’est plus possible. Je dois repartir en Libye ». En ce début d’année 2020, cette phrase est dans la bouche de plus en plus de personnes migrantes, pourtant venues trouver refuge en Tunisie après leur expérience libyenne. Alors qu’en Libye les affrontements reprennent de plus belle, comment peut-on donc expliquer que des dizaines, voire des centaines de personnes quittent un pays en paix et ayant la réputation d’être plus ou moins hospitalier [4], pour un pays en plein chaos et extrêmement dangereux pour elles ? C’est de cette question et du constat répété du « #non-accueil » des personnes migrantes sur le sol tunisien qu’est partie cette recherche de trois mois sur les politiques de gestions des migrations en Tunisie.

    Le présent rapport tente de documenter ces politiques de « non-accueil », tout en les inscrivant dans le contexte plus large des politiques d’externalisation des frontières de l’Union européenne et en accordant une attention particulière à la manière dont ces politiques, dans le contexte tunisien, mêlent étroitement registres #humanitaire et #sécuritaire.

    Ce rapport a été réalisé entre octobre et décembre 2019 en partenariat entre le Forum Tunisien des Droits Économiques et Sociaux et le réseau euro-africain Migreurop. Il s’appuie sur plus de 90 entretiens avec des personnes migrantes (35 entretiens avec des exilé·e·s basé·e·s en Tunisie représentant 16 nationalités différentes), et des représentant·e·s d’organisations et d’organismes locaux et internationaux, ainsi qu’avec des chercheurs et chercheuses, et des journalistes.

    http://www.migreurop.org/article2992.html

    Pour télécharger le rapport :
    http://www.migreurop.org/IMG/pdf/politiques_du_non-accueil_en_tunisie_f.pdf

    #rapport #asile #migrations #réfugiés #Migreurop #externalisation #centres_de_rétention #rétention #camps #détention_administrative

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    Sur les #plateformes_de_désembarquement :
    https://seenthis.net/messages/703288

    #disembarkation_paltforms #plateformes_de_débarquement

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    Ajouté à la métaliste sur l’externalisation :
    https://seenthis.net/messages/733358#message768701

    ping @_kg_ @isskein

  • CJUE | Hongrie, les zones de transit doivent être qualifiés de “rétention”
    https://asile.ch/2020/05/22/cjue-hongrie-les-zones-de-transit-doivent-etre-qualifies-de-retention

    La Cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) a rendu le 14 mai 2020 une décision importante qualifiant les “zones de transit” situées en Hongrie comme de la “rétention”. La CJUE avait été saisie par des migrants iraniens et afghans, détenus depuis plus d’un an dans un camp de la « zone de transit » de Röszke […]

  • During and After Crisis : Evros Border Monitoring Report

    #HumanRights360 documents the recent developments in the European land border of Evros as a result of the ongoing policy of externalization and militarization of border security of the EU member States. The report analyses the current state of play, in conjunction with the constant amendments of the Greek legislation amid the discussions pertaining to the reform of the Common European Asylum System (CEAS) and the Return Directive.

    https://www.humanrights360.org/during-and-after-crisis-evros-border-monitoring-report

    #rapport #Evros #migrations #réfugiés #Grèce #frontières #2019 #militarisation_des_frontières #loi_sur_l'asile #Kleidi #Serres #covid-19 #coronavirus #Turquie #push-backs #refoulements #refoulement #push-back #statistiques #passages #chiffres #frontière_terrestre #murs #barrières_frontalières #Kastanies #violence #Komotini #enfermement #détention #rétention_administrative #Thiva #Fylakio #transferts

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    Pour télécharger le rapport


    https://www.humanrights360.org/wp-content/uploads/2020/05/During-After-Crisis-Evros.pdf

    ping @luciebacon

  • Malaysia’s rush to reopen risks a viral revival - Asia Times
    https://asiatimes.com/2020/05/malaysias-rush-to-reopen-risks-a-viral-revival

    Hundreds of undocumented migrants and refugees, who are not recognized under Malaysian law, were detained in Kuala Lumpur in a controversial Labor Day raid that police said was aimed at preventing them from travelling while movement curbs remain in place.Human rights groups condemned the raid as a clampdown under the guise of coronavirus-curbing measures. The United Nations, moreover, has warned that fears of arrest and detention could push vulnerable groups into hiding and prevent them from seeking treatment, raising the risks of new community transmission.

    #Covid-19#migrant#migration#Malaisie#travailleurs-migrants#réfugiés#détention#vulnérabilité#risques#transmission#santé#droits

  • Migrants au pays d’Orbán : ces « #prisons_maternelles » remplies d’enfants

    Dans les « #zones_de_transit » hongroises où sont enfermés les demandeurs d’asile, les enfants sont majoritaires. Avant 2017, les autorités pouvaient les garder un mois, elles n’ont plus de limites aujourd’hui. Troisième volet de notre série sur les #mineurs étrangers aux portes de l’UE.

    « Désolé de ne pas vous avoir rappelé plus tôt… J’étais malade, j’ai dû être emmené chez le médecin hier. » À l’autre bout du fil en Hongrie, Reza, 17 ans, la voix grave encore adolescente, répond dans un anglais balbutiant : « Depuis que ma dernière demande d’asile a été rejetée il y a trois jours, je ne dors plus… Le médecin m’a donné des comprimés en me disant de ne pas stresser, mais c’est dur. »

    Grâce au selfie qu’il nous a envoyé, on l’imagine passer sa main dans ses cheveux noirs soigneusement peignés en arrière, serrer sa doudoune bleu marine contre lui dans le froid glacial de janvier. Il y a comme un décalage entre le look de l’ado apprêté et le décor carcéral du cliché. La photo aurait dû être prise dans le couloir d’un lycée, dans sa chambre ou au ciné, ailleurs, n’importe où sauf devant ces immenses barrières en métal, surmontées de fils barbelés, éclairées par la lumière crue des projecteurs. « Je pense sans arrêt au futur, je revois le passé, déverse-t-il dans le combiné. Ici, votre esprit n’est pas libre, il tourne sans cesse. Trop de réflexion, c’est comme une bombe dans la tête. »
    Le jeune Iranien a passé en janvier 2019 les grilles de la zone de transit de Röszke, un centre à la frontière sud de la Hongrie où sont enfermés les demandeurs d’asile, pour déposer sa requête en même temps que son oncle, sa tante et leurs deux enfants. Menacée, toute sa famille a rapidement obtenu le statut de « réfugié protégé » (l’équivalent de l’asile en termes de droits). Sauf lui. « Les autorités ont jugé que la relation oncle-neveu n’était pas établie », explique son avocate Timea Kovàcs, qui défend plusieurs personnes à Röszke pour le compte du Comité Helsinki, une des rares ONG à informer sur les zones de transit (bien que le gouvernement de Victor Orbán l’en ait bannie). « Elles l’ont séparé de sa famille, son seul repère stable. Elles ont fait de lui un mineur isolé. » Le seul mineur non accompagné de toute la zone de transit. L’adolescent vulnérable dispose d’un secteur entier pour lui tout seul. « Je l’appelle “Reza Land”, sourit son avocate. Il est le petit prince de son royaume. »

    S’il est alors le seul mineur isolé, Reza est loin d’être le seul enfant de Röszke. Budapest ne publie aucune donnée officielle, mais le Comité Helsinki estime qu’entre 350 et 400 personnes sont enfermées à Röszke et Tompa (autre zone de transit, voisine de 50 kilomètres), et parmi elles, une majorité d’enfants. Bernadett Szél, ancienne députée du parti vert-libéral devenue « sans étiquette », qui s’est rendue sur place en décembre 2019 et a pu consulter les registres de la police, affirme à Investigate Europe que 57 % des personnes enfermées à Röszke sont des enfants (99 sur 175 sont des mineurs accompagnés, un seul est mineur isolé – Reza, au moment de cette enquête). Une particularité si frappante que la députée n’a pas manqué de dénoncer cet état de fait publiquement.
    « Comme ni les journalistes, ni les ONG, ni même les émissaires des Nations unies ne sont autorisés à entrer dans les zones de transit, raconte-t-elle, c’est moi qui ai révélé qu’elles étaient en majorité peuplées d’enfants. Quand je suis arrivée là-bas, il y avait des petitspartout qui jouaient dans la saleté.C’était tellement frappant que je les ai appelées “les prisons maternelles”. »

    Le gouvernement a préféré les baptiser « zones de transit ». Construites en 2015 à la frontière entre la Serbie et la Hongrie, au plus fort de la crise de l’accueil des migrants, Röszke et Tompa ont été pensés comme de véritables filtres à demandeurs d’asile – pendant la pandémie de Covid-19, aucun demandeur n’est même plus admis à l’intérieur et les personnes s’entassent côté Serbie dans un camp de fortune.

    Fonctionnant comme des clapets en temps normal, ces prisons qui ne disent pas leur nom, sont ouvertes côté Serbie et fermées côté Hongrie. Un système pervers qui permet au gouvernement mais aussi à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) d’affirmer qu’il ne s’agit pas de détention. Après tout, les personnes sont libres de repartir dans l’autre sens. Un choix impossible, en réalité : en quittant la zone de transit sans la réponse à leur requête, elles perdent à jamais le droit de faire une autre demande d’asile dans l’Union européenne.
    À Röszke et Tompa, Budapest ne s’est pas contenté de créer un énième centre de détention pour migrants, comme il en existe des dizaines en Europe. Les autorités hongroises ont inventé un véritable système carcéral visant à décourager celles et ceux qui se présentent aux frontières du pays depuis quatre ans.

    Même pénétrer dans les zones relève du parcours du combattant. Chaque jour de la semaine, seulement une personne est autorisée à passer le tourniquet de l’entrée. Dix chaque semaine, si on additionne les quotas des deux zones de transit (les week-ends sont chômés). Les autres, hommes, femmes, enfants, prennent un numéro dans la file et patientent des mois dans les camps de fortune plantés de l’autre côté des grillages, en Serbie.
    Les rares « élus » sont fouillés, leurs empreintes sont prises et croisées avec les bases de données criminelles internationales. On leur attribue ensuite « un logement » sous la forme d’un conteneur métallique et ils ont le droit de patienter là en attendant que leur demande soit étudiée. Un concept qui légalise la détention systématique des demandeurs d’asile, rigoureusement interdite par le droit international et communautaire, comme n’ont pas manqué de le dénoncer Amnesty International et le Haut- Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU. Mais en dépit des condamnations internationales, Budapest est restée droite dans ses bottes.

    Depuis 2017, tous, y compris les familles avec enfants, mineurs isolés au-dessus de 14 ans, par tous les temps, sont parqués dans ces 324 boîtes métalliques (les mineurs en dessous de 14 ans sont envoyés au centre social voisin de la ville de Fót).
    Andras Lederer, du Comité Helsinki Hongrie, estime que les demandeurs d’asile passent en moyenne 400 jours dans les zones de transit, 300 jours pour les mineurs isolés, le record de 458 jours appartenant à une famille avec enfants qui était encore enfermée à Röszke en décembre dernier. Un an et trois mois dans un conteneur... Pas de quoi inquiéter les autorités : depuis deux ans, le législateur a supprimé la limite de détention des mineurs, fixée auparavant à 30 jours.

    Dans le plus grand silence des institutions européennes, en Hongrie, désormais, des enfants peuvent être enfermés sans limitation de durée, le temps du traitement de leur demande d’asile.

    Enfermés à Röszke depuis un an et un mois au moment de notre enquête, Abouzar Soltani et son fils, Armin, 10 ans, ne savent pas quand ils quitteront leur conteneur. Cheveux longs ramenés dans un catogan et grands yeux noirs, cet ancien décorateur iranien a fui le pays des mollahs il y a trois ans, car« il refusait depenser comme tout le monde ». Il s’est rendu célèbre dans toute la zone de transit en filmant au téléphone portable le quotidien de son fils et « son enfance volée » derrière les barreaux de la zone. Au bout de quelques semaines passées dans le conteneur, Armin, petit garçon brun et joufflu« plein de vie », avait commencé à arrêter de parler et de jouer. Son père a donc eu l’idée de le distraire de cette façon.« Le temps passe dans cet endroit, lent comme un escargot », dit-il. Les enfants n’ont rien à faire que« dessiner, jouer sur les téléphones portables, dormir et rêver ». Grâce au documentaire, le réalisateur en herbe lui donne aussi l’occasion de s’exprimer :« Je ne comprends pas pourquoi les adultes veulent nous cacher le monde avec des fils barbelés », interroge Armin à l’image.

    En novembre dernier, le film qui a réussi à passer clandestinement les barrières de la zone de transit a été présenté à Verzio, le festival italien du documentaire des droits humains. Rien qui ne fasse plier les autorités hongroises, qui continuaient, au moment de notre enquête, à débouter la famille Soltani de ses différentes procédures judiciaires intentées contre l’État pour vices de forme dans leur dossier. Au contraire, Budapest veut à ce point les pousser à quitter la zone de transit qu’elle les a sciemment affamés pendant plusieurs jours, avant que la CEDH, saisie en urgence par le Comité Helsinki, n’ordonne qu’ils soient immédiatement nourris.
    Affamer les familles fait partie des techniques régulièrement utilisées dans les zones de transit. Les directions de Röszke et Tompa réservent ce traitement particulier aux personnes dont la demande a été rejetée et qui ont lancé un recours contre leur arrêté d’expulsion, comme Abouzar et son fils. La logique est implacable : comme ils ne sont plus demandeurs d’asile, le gouvernement considère qu’il n’a plus à leur fournir la nourriture. Lajos Kósa, député de la majorité, ironisait ainsi devant le Parlement : « 10millions de touristes entrent en Hongrie chaque année, le gouvernement ne les nourrit pas non plus ! »

    Lors de sa visite à Röszke, Bernadett Szél, la députée de l’opposition, a pu constater comment les personnes sont affamées de manière systématique. « Lorsqu’une demande d’asile est refusée, nous explique-t-elle, la famille est emmenée dans un autre secteur où elle ne reçoit plus de nourriture. » À l’heure des repas, les enfants sont emmenés dans une salle à part pour être nourris par les gardes, mais « certains sont si stressés qu’ils ne peuvent pas manger ». La parlementaire a assisté à une scène cruelle où les gardes forçaient les enfants à jeter les biscuits qu’ils avaient fourrés dans leurs poches pour les apporter à leurs parents affamés.

    La « procédure d’immigration », comme les autorités hongroises appellent le fait de priver les personnes de nourriture, dure rarement au-delà de trois jours. Car soixante-douze heures, c’est le délai nécessaire qu’il faut aux avocats du Comité Helsinki pour saisir en urgence la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Celle-ci ordonne ensuite à Budapest de nourrir à nouveau ses prisonniers.

    Depuis août 2018, l’ONG a gagné 17 affaires de ce type devant la CEDH et permis à 27 personnes de récupérer leur droit à la nourriture. Notamment un père afghan de trois enfants et une femme avec une grossesse à risque, cite le Comité. Des décisions qui jusque-là n’ont pas fait jurisprudence, car la Hongrie considère que la juridiction internationale s’est seulement prononcée sur des cas spécifiques et n’a pas remis en cause l’entièreté du système.

    Le 1er janvier 2020, après plus d’un an de captivité à Röszke, Reza, l’adolescent iranien, était transféré à Tompa, l’autre zone d’attente. Sans explication, les autorités hongroises ont estimé qu’il avait désormais atteint l’âge de 18 ans, la majorité. Le petit prince de Röszke était désormais enfermé avec les adultes célibataires. Il venait de quitter l’enfance, le temps d’une décision administrative, sans même s’en apercevoir.

    Boite noire

    Cette enquête a été réalisée au début de l’année 2020, avant la pandémie de Covid-19. Retrouvez l’ensemble de la série ici.

    Investigate Europe est un collectif de journalistes basés dans plusieurs pays d’Europe, travaillant sur des enquêtes en commun.

    Pour ce projet intitulé « Mineurs migrants en détention », ont collaboré : Ingeborg Eliassen (Norvège), Stavros Malichudis (Grèce), Maria Maggiore (Italie), Nico Schmidt (Allemagne).

    https://www.mediapart.fr/journal/international/110520/migrants-au-pays-d-orban-ces-prisons-maternelles-remplies-d-enfants

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    Voir aussi la vidéo How Europe detains minor migrants https://www.youtube.com/watch?time_continue=17&v=G_Tyey4aFEk&feature=emb_logo

    & the report The United Nations Global Study on Children Deprived Liberty https://childrendeprivedofliberty.info/wp-content/uploads/2020/01/Full-Global-Study-Nov-2019.pdf

    #Hongrie #asile #migrations #réfugiés #enfants #enfance #rétention #détention_administrative #zone_de_transit #mineurs_étrangers

  • Le business de l’#enfermement d’étrangers

    On estime à envi­ron quatre mil­lions le nombre de per­sonnes sans-papiers en Europe. Ces deux der­nières décen­nies, des dizaines de lieux d’en­fer­me­ment d’é­tran­gers, pour rai­sons admi­nis­tra­tives, ont été construits à tra­vers le conti­nent. En Belgique, on les appelle « centres fer­més », et une per­sonne peut y être déte­nue jus­qu’à 8 mois. De nom­breuses révoltes s’y suc­cèdent, à l’ins­tar de celles que l’Italie connaît depuis 2009. La crise sani­taire du Covid-19 les remet au devant de la scène : pour les condi­tions de déten­tion qui y règnent, l’ab­sur­di­té du main­tien de leur acti­vi­té alors que les fron­tières sont fer­mées (les mesures d’« éloi­gne­ment » ren­dues dès lors presque impos­sibles), mais aus­si pour les nou­velles émeutes qui y éclatent, en réac­tion à cette vio­lence poli­tique et ins­ti­tu­tion­nelle que rien ne semble vou­loir sus­pendre. Les centres fer­més, au cœur d’un nou­veau mar­ché ? ☰ Par Yanna Oiseau

    La pra­tique d’en­fer­me­ment d’é­tran­gers en Europe ne date pas des der­nières décen­nies : loin s’en faut. Le XXe siècle abonde en exemples. En France, l’his­toire de l’ins­ti­tu­tion de l’en­fer­me­ment a ain­si connu un tour­nant avec les camps de réfu­giés espa­gnols, fuyant la guerre civile des années 1930. Cette expé­rience sera déter­mi­nante pour les auto­ri­tés fran­çaises et leurs pra­tiques concen­tra­tion­naires durant la Seconde Guerre mon­diale : les mêmes lieux seront uti­li­sés et les logiques qui y auront été inau­gu­rées — comp­tage, fichage, ges­tion —, reprises1. En 1988, alors qu’au­cune loi belge n’au­to­ri­sait ni n’en­ca­drait l’en­fer­me­ment pour des rai­sons admi­nis­tra­tives, des étran­gers étaient déte­nus dans une ancienne base militaire2, tout près de l’aé­ro­port inter­na­tio­nal de Zaventem. La créa­tion offi­cielle des « centres fer­més » n’au­ra lieu qu’en 1993.

    On compte aujourd’­hui six struc­tures d’en­fer­me­ment d’é­tran­gers sur le ter­ri­toire belge, pou­vant déte­nir simul­ta­né­ment 700 per­sonnes der­rière des murs dou­blés de bar­be­lés. 8 000 per­sonnes se ver­raient ain­si enfer­mées, chaque année, dans ce pays qui défi­nit la déten­tion non comme une sanc­tion mais un moyen d’exécuter une mesure d’expulsion. Si ces struc­tures n’ont pas le carac­tère légal d’une pri­son — l’en­fer­me­ment n’in­ter­vient pas suite à une déci­sion judi­ciaire mais pour de simples rai­sons admi­nis­tra­tives —, elles en ont l’ap­pa­rence, la logique et le fonc­tion­ne­ment. En 2018, de fortes mobi­li­sa­tions citoyennes et asso­cia­tives, sous le slo­gan « On enferme pas un enfant. Point. », avaient per­mis la fer­me­ture de l’u­ni­té fami­liale nou­vel­le­ment amé­na­gée afin de réor­ga­ni­ser offi­ciel­le­ment l’en­fer­me­ment d’en­fants — une pra­tique que l’État belge avait aban­don­née en 2008 suite à une condam­na­tion de la Cour euro­péenne des droits de l’Homme. En mai 2017, le gou­ver­ne­ment belge a adop­té le pro­jet « mas­ter­plan de centres fer­més » de Théo Francken — un membre du par­ti natio­na­liste fla­mand N‑VA, notam­ment connu pour ses pro­pos racistes —, alors en poste au secré­ta­riat à l’a­sile et à la migra­tion, qui pré­voyait de dou­bler la capa­ci­té de réten­tion d’é­tran­gers d’i­ci à 2021. C’est dans cette pers­pec­tive qu’un centre fer­mé non mixte pour femmes a ouvert à #Holsbeek, en Flandres, le 7 mai 2019.

    Évolution des dispositifs d’enfermement

    Les pra­tiques d’ar­res­ta­tion et d’en­fer­me­ment, mais aus­si de trai­te­ment des arri­vées d’exi­lés, de migrants ou de réfu­giés — autre­ment dit de ces nou­velles figures de l’immigré3 —, ne cessent de bou­ger. Le fonc­tion­ne­ment des centres fer­més, tout comme ce qui peut s’y dérou­ler, est caché à la popu­la­tion : les visites sont très stric­te­ment contrô­lées (même les avo­cats n’en voient qu’une par­tie) ; les télé­phones munis d’un appa­reil pho­to sont confisqués4, etc. Deux col­lec­tifs de lutte contre les expul­sions et pour la régu­la­ri­sa­tion de tous les sans-papiers, la Coordination contre les rafles et les expul­sions pour la régu­la­ri­sa­tion (CRER) et Getting the Voice Out (GVO), très actifs, per­mettent d’en savoir plus. La CRER, née en 2001 suite à une grande rafle d’Équatoriens à Bruxelles, vise à appor­ter un sou­tien logis­tique aux luttes menées par les col­lec­tifs de sans-papiers. Ce groupe compte aujourd’­hui plu­sieurs dizaines de per­sonnes, les­quelles vont rendre visite à des déte­nus afin de leur appor­ter un sou­tien moral comme maté­riel. Il concentre ain­si une série d’in­for­ma­tions sur ce qui se déroule dans ces lieux. Avec les mili­tants de GVO (dont le site Internet dif­fuse régu­liè­re­ment des témoi­gnages de per­sonnes déte­nues), ils orga­nisent des actions : mani­fes­ta­tions, blo­cages, ras­sem­ble­ments devant les centres fer­més, etc. Cette expé­rience de ter­rain leur donne une vue sur un temps rela­ti­ve­ment long et leur per­met de témoi­gner de l’é­vo­lu­tion du fonc­tion­ne­ment interne des centres fer­més ain­si que des méthodes de répres­sion employées.

    Nous avons lon­gue­ment pu dis­cu­ter avec deux membres de ces groupes. Ils nous ont fait part des chan­ge­ments de pra­tiques dans ces lieux, en par­ti­cu­lier dans la ges­tion et la répres­sion des actions de résis­tance. Tous deux expliquent que des grèves de la faim col­lec­tives, par exemple, étaient mon­naie cou­rante il y a plu­sieurs années. Elles avaient le temps de gagner l’aile entière de l’é­ta­blis­se­ment, de se déployer sur plu­sieurs jours avant d’être répri­mées ; les contacts que la CRER entre­te­nait avec les déte­nus d’a­lors en attestent. En revanche, nous disent-ils, « main­te­nant, celui qui ose juste dire qu’il va faire une grève de la faim, ou qu’il veut mettre le feu, est immé­dia­te­ment mis au cachot ». Les embryons de luttes col­lec­tives se voient sans délai étouf­fés — sépa­ra­tion des groupes, mise en cel­lule d’i­so­le­ment, trans­fert de per­sonnes vers un autre centre fer­mé —, relé­guant tou­jours plus les per­sonnes vers des stra­té­gies indi­vi­duelles. Quant aux échecs de ten­ta­tives d’ex­pul­sion, elles ne semblent plus « cachées » aux autres déte­nus : « Jusqu’à récem­ment, lorsque l’expul­sion d’une per­sonne depuis le centre fer­mé échouait — du fait de la résis­tance de la per­sonne concer­née, de son refus d’embarquer, de la mobi­li­sa­tion des pas­sa­gers du vol ou d’une action de blo­cage à l’aé­ro­port —, elle n’é­tait pas rame­née dans le même éta­blis­se­ment d’en­fer­me­ment, mais on la trans­fé­rait dans un autre centre. » L’objectif sem­blait être de ne sur­tout pas encou­ra­ger la résis­tance des autres, ni leurs espoirs d’empêcher une expul­sion par la lutte. Actuellement, en revanche, les per­sonnes seraient rame­nées dans le même centre. Cette nou­velle manière de faire est-elle due à une perte de marge de manœuvre liée à un taux d’oc­cu­pa­tion trop éle­vé, ou bien relève-t-elle d’un chan­ge­ment tac­tique ?

    Les deux mili­tants de pour­suivre : si la mise en cel­lule d’i­so­le­ment reste, elle, une pra­tique cou­rante, son usage bouge lui aus­si. « Avant, ils ciblaient beau­coup les lea­ders ou les per­sonnes sup­po­sées telles, et les met­taient en iso­le­ment ou les dépla­çaient de centre. Aujourd’hui ça ne répond plus à cette logique ; on voit que c’est aléa­toire, comme s’ils pio­chaient dans le groupe sans cri­tère pré­cis. » L’aléatoire peut être une stra­té­gie de ges­tion propre, effi­cace à des fins d’in­ti­mi­da­tion col­lec­tive, pou­vant aller jus­qu’à téta­ni­ser toute résis­tance, voire ter­ro­ri­ser, tant la déli­mi­ta­tion de la « zone de dan­ger » n’est plus per­cep­tible. Cette tech­nique est cou­rante dans tous les lieux de pri­va­tion de liber­té, où les mau­vais trai­te­ments sont légion5. Lorsque les pra­tiques oppres­sives échappent au sens, à la com­pré­hen­sion, cela ren­force le sen­ti­ment que les pou­voirs qui les orga­nisent sont d’une grande puis­sance. Les arres­ta­tions, les amendes et les pro­cès pour l’exemple — pour les per­sonnes sans titre de séjour, tout comme celles leur venant en aide — découlent de cette même logique.

    L’actualité des pro­cès en Belgique illustre un autre aspect de ces poli­tiques visant à dis­sua­der et décou­ra­ger toute contes­ta­tion : ce n’est plus l’acte d’un indi­vi­du, dans un contexte déter­mi­né et spé­ci­fique, qui est condam­né, visé, répri­mé, mais la poten­tia­li­té même de s’op­po­ser à une poli­tique gou­ver­ne­men­tale. Les pro­cès poli­tiques sur ce sujet sont nom­breux, et ceux visant Cedric Herrou, par­ti­cu­liè­re­ment média­ti­sés, ont très rapi­de­ment mon­tré la ligne à ne pas fran­chir… Dès 2017, lors d’un pro­cès en appel, l’a­vo­cat géné­ral avan­çait qu’une qua­li­fi­ca­tion d’aide huma­ni­taire (soit une non péna­li­sa­tion) ne pou­vait s’ap­pli­quer « quand l’aide s’inscrit dans une contes­ta­tion glo­bale de la loi6 ». Par ailleurs, les témoi­gnages col­lec­tés par ces deux col­lec­tifs révèlent que les vio­lences, mau­vais trai­te­ments et sévices per­pé­trés par la police contre les exi­lés en pré­ca­ri­té de séjour seraient en nette aug­men­ta­tion — avec une sys­té­ma­ti­sa­tion des nuits au cachot avant libé­ra­tion le len­de­main.

    Dans un article paru en 2016, Olivier Clochard, cher­cheur au CNRS et membre du réseau Migreurop, fait état des dif­fé­rentes moda­li­tés de lutte à l’in­té­rieur de plu­sieurs lieux de déten­tion pour étran­gers, à tra­vers l’Europe. Il écrit ain­si : « Par diverses mani­fes­ta­tions, les indi­vi­dus tentent donc de résis­ter à l’assignation à vivre enfer­més en com­met­tant dif­fé­rentes actions ou en inter­pel­lant autant qu’ils le peuvent les acteurs qui les entourent et ceux situés à l’extérieur (asso­cia­tions, média­teurs, jour­na­listes, cher­cheurs, etc.), sus­cep­tibles de dénon­cer et de faire évo­luer leur situa­tion, qu’ils consi­dèrent comme injuste. » Faire savoir, mais aus­si arti­cu­ler les luttes, pour décu­pler leur force. En Belgique, la CRER et GVO orga­nisent régu­liè­re­ment des actions devant un centre fer­mé : elles visent non seule­ment à « faire voir » , en ame­nant des gens devant ces lieux sou­vent excen­trés, loin des regards ; à mani­fes­ter un refus contre cette poli­tique d’en­fer­me­ment ; à démon­trer un sou­tien et une lutte com­mune avec les per­sonnes enfer­mées. Et ça n’est pas sans effets sur les détenus7. Depuis quelque temps, ces ins­ti­tu­tions mettent en place de nou­velles mesures : les déte­nus sont dépla­cés d’aile afin de les empê­cher de voir la mobi­li­sa­tion depuis leurs fenêtres. « Ils orga­nisent même par­fois des tour­nois de baby­foot, mettent de la musique très fort pour que les per­sonnes dedans n’en­tendent pas notre pré­sence devant », s’in­digne un des deux mili­tants. Les pos­si­bi­li­tés d’al­liances, à l’in­té­rieur de ces espaces comme avec l’ex­té­rieur, sont métho­di­que­ment empê­chées. Mais si les luttes de l’in­té­rieur semblent tou­jours plus mar­quées de déses­poir, elles ne cessent de démon­trer leur force et leur per­sé­vé­rance — à l’ins­tar des per­sonnes qui par­viennent à com­mu­ni­quer avec l’ex­té­rieur, témoi­gner, ras­sem­bler des infor­ma­tions, pré­ve­nir des expul­sions à venir, envoyer des pho­tos de ce qui se pro­duit entre ces murs8…

    Moins d’arrivées et plus de #camps

    Depuis 2016, le nombre de per­sonnes en demande d’a­sile a consi­dé­ra­ble­ment dimi­nué en Belgique, pour reve­nir aux pro­por­tions connues depuis le début des années 2000. Sur les 20 der­nières années, 20 à 25 000 demandes d’a­sile y ont été enre­gis­trées chaque année : seule l’an­née 2015 (trom­peu­se­ment appe­lée « crise migra­toire »9 dans toute l’Europe) a vu près de 45 000 per­sonnes y deman­der pro­tec­tion. En 2017, les demandes d’a­sile avaient chu­té de près de 61 %, à l’ins­tar du nombre d’ar­ri­vées dans toute l’Europe, qui avait dimi­nué de moi­tié10. Plus encore, le nombre de « fran­chis­se­ments illé­gaux » des fron­tières euro­péennes est pas­sé de 2,3 mil­lions, en 2015 et 2016, à « 150 114, le niveau le plus bas depuis cinq ans ».

    Mais on ne trouve de cette réa­li­té aucun écho dans les dis­cours et mesures poli­tiques belges. Tous les indi­ca­teurs de sur­face laissent pen­ser le contraire. En pre­mier lieu, l’al­lon­ge­ment des délais d’at­tente pour enre­gis­trer une demande d’a­sile en 2019 : il faut comp­ter entre quatre à six mois pour pou­voir intro­duire une demande d’a­sile ultérieure11 à l’Office des étran­gers, soit la toute pre­mière étape d’une pro­cé­dure déjà longue — l’ar­gu­ment avan­cé étant que l’of­fice est débor­dé. Les centres d’ac­cueil pour per­sonnes en demande d’a­sile sont pleins à cra­quer : « On était déjà six, par­fois huit par chambre. Maintenant, ils ont ajou­té un étage aux lits super­po­sés, et dans cer­taines chambres il y a même des lits de camps : c’est du délire », nous révé­lait un deman­deur d’a­sile au cours d’un échange. Les condi­tions de vie dans ces lieux étaient pour­tant déjà bien dif­fi­ciles, du fait d’une pro­mis­cui­té très impor­tante, d’une concen­tra­tion de per­sonnes sur un mode « ghet­toï­sa­tion » et d’un contrôle social quo­ti­dien stricte et sou­vent infantilisant12.

    Pour ne citer qu’un autre point : la pré­sence tou­jours plus visible de per­sonnes au parc Maximilien ou autour de la gare du Nord à Bruxelles13 ne manquent pas de don­ner une sur-visi­bi­li­té au phé­no­mène. En Belgique comme ailleurs, les regrou­pe­ments de per­sonnes en des lieux géo­gra­phiques pré­cis — de par, notam­ment, les fer­me­tures de fron­tières ou l’in­suf­fi­sance orga­ni­sée de l’« accueil » des deman­deurs d’a­sile — servent de leviers à la mise en scène tou­jours plus obs­cène d’un pro­blème construit de toutes pièces : la soi-disant arri­vée mas­sive et incon­trô­lable de migrants14. Les tra­jec­toires d’exil sont deve­nues plus dif­fi­ciles au fil des ans, du fait, notam­ment, de l’aug­men­ta­tion des dis­po­si­tifs d’en­fer­me­ment, de police et de blo­cages aux fron­tières via l’a­gence #Frontex dont le bud­get et les attri­buts ne cessent d’aug­men­ter. Un très grand nombre de per­sonnes ne vivent pas ici leur pre­mier enfer­me­ment : elles ont été déte­nues dans plu­sieurs camps, plu­sieurs espaces, tout au long du che­min, où elles ont vécu sévices et mau­vais trai­te­ments. Qu’il s’a­gisse de camps d’at­tente « avant d’être admis sur le ter­ri­toire » ou « avant d’être expul­sé »15, ils ne cessent d’aug­men­ter, alors que les chiffres d’ar­ri­vées, eux, dimi­nuent.

    L’enfermement des étrangers : nouveau business ?

    Le gou­ver­ne­ment de Charles Michel16 avait déci­dé, en mai 2017, de dou­bler la capa­ci­té de déten­tion en Belgique en construi­sant trois nou­veaux centres fer­més d’ici 2021 — por­tant le total des places à 1 066, répar­ties sur huit sites. La France avait pour sa part déjà dou­blé la sienne entre 2003 et 2008. L’argument poli­tique avan­cé pour jus­ti­fier l’en­fer­me­ment d’é­tran­gers est celui d’une mesure de der­nier recours, visant à aug­men­ter l’ef­fec­ti­vi­té de l’ex­pul­sion du ter­ri­toire de per­sonnes en situa­tion dite irrégulière17 Dans son rap­port « La déten­tion des migrants dans l’Union euro­péenne : un busi­ness flo­ris­sant », en date de 2016, Lydie Arbogast, elle aus­si membre du réseau Migreurop, démontre que cela ne se véri­fie nul­le­ment dans les faits. Non seule­ment plu­sieurs États de l’Union euro­péenne auraient sys­té­ma­ti­que­ment recours à l’en­fer­me­ment, mais les chiffres révé­le­raient un faible taux d’ex­pul­sions effec­tives. Il fau­drait éga­le­ment ajou­ter à cela que bon nombre d’entre elles, en ver­tu des accords Dublin, se font à des­ti­na­tion de l’État euro­péen jugé res­pon­sable de la demande d’a­sile. Concrètement, cela revient à dire que des cen­taines de per­sonnes sont régu­liè­re­ment expul­sées de la Belgique vers la France (ou inver­se­ment), et qu’elles ne man­que­ront pas de refaire le che­min dans l’autre sens, pour des rai­sons diverses et légi­times.

    La réa­li­té s’a­vère bien loin des inten­tions poli­tiques affi­chées ; pour en avoir un aper­çu, cepen­dant, rien d’é­vident : les chiffres des expul­sions demeurent pour le moins opaques18. De même, il existe très peu de com­mu­ni­ca­tion quant à la dimen­sion finan­cière de ces « poli­tiques de retour for­cé » : ce rap­port y pal­lie. Il montre de manière édi­fiante l’im­pli­ca­tion gran­dis­sante de socié­tés pri­vées : « […] de leur construc­tion à leur admi­nis­tra­tion en pas­sant par les acti­vi­tés liées à leur inten­dance (res­tau­ra­tion, blan­chis­se­rie, ménage, etc.), les camps d’étrangers repré­sentent une source de pro­fits pour de nom­breuses entre­prises. » Des mil­liards d’eu­ros cir­cu­le­raient dans ces nou­veaux mar­chés. Une dif­fé­rence de ges­tion public/privé appa­raît dans les pays euro­péens : du Royaume-Uni, dont le sys­tème de déten­tion est qua­si tota­le­ment pri­va­ti­sé (sur le modèle car­cé­ral éta­su­nien), à la France ou la Belgique, où la ges­tion reste sous auto­ri­té publique mais avec une #sous-trai­tance consé­quente de ser­vices et une forte délé­ga­tion aux ONG de l’ac­com­pa­gne­ment social et juri­dique.

    En Belgique, la somme for­fai­taire allouée par l’État par jour de déten­tion est pas­sée de 40,80 euros en 2007 à 192 euros, 10 ans plus tard19. L’idéologie néo­li­bé­rale, appe­lant de tous ses vœux les pri­va­ti­sa­tions, sait exis­ter sous diverses formes ; quoi­qu’il arrive, elle porte en elle la logique du « moindre coût réel pour le plus de béné­fices ». Tout cela ne peut que pro­duire plus d’en­fer­me­ments, dans des condi­tions tou­jours plus dégra­dantes : leurs effets délé­tères ne feront que s’a­jou­ter à ceux de la pri­va­tion de liber­té. Ces dis­po­si­tifs de déten­tion ne sont d’ailleurs qu’une par­tie (sans doute cen­trale) de ce mar­ché : il fau­drait ajou­ter à cela le busi­ness des expulsions20 — un élu de gauche, du Parti du tra­vail de Belgique (PTB), s’é­ton­nait du coût exor­bi­tant de cer­tains tickets d’a­vion. En 2018, l’État belge a ain­si dépen­sé 88,4 mil­lions d’eu­ros dans cette poli­tique de retour forcé21. Les paral­lèles avec l’u­ni­vers car­cé­ral sont nom­breux, en par­ti­cu­lier, ici, avec ce qu’Angela Davis appelle le « com­plexe péni­ten­tiaire indus­triel ». Le mar­ché de l’en­fer­me­ment, et les gains qui en découlent, ne peuvent que deve­nir le moteur à l’ex­pan­sion de ces lieux — les lois et jus­ti­fi­ca­tions poli­tiques affé­rentes ne man­que­ront pas d’être créées, et leur forme évo­lue­ra.

    Ce 2 avril 2020, un énième scan­dale a écla­té en Belgique : alors que des ral­lon­ge­ments des délais de jus­tice étaient accor­dés du fait de l’im­pact de la crise sani­taire actuelle dans le trai­te­ment des dos­siers, seules les pro­cé­dures concer­nant les étran­gers et les déte­nus étaient exclues de cet accord. Ni les entraves à l’ac­cès réel à la jus­tice en ces temps de para­ly­sie géné­ra­li­sée, ni le faible poids de la ques­tion migra­toire en des temps de crise glo­bale n’ont eu rai­son de la per­pé­tua­tion de ces pra­tiques racistes. Il y eut bien des appels22 à la libé­ra­tion de toutes les per­sonnes enfer­mées pour rai­son admi­nis­tra­tive, ou encore une demande de sus­pen­sion des expul­sions ; mais aucune n’a abou­ti. C’est que la machine à pro­duire des sans-papiers ne manque pas de four­nir une force de tra­vail des plus asser­vis­sables, en ce qu’elle consti­tue l’ar­ché­type moderne d’une « armée de réserve du capi­tal » — en atteste le virage poli­tique dras­tique ita­lien, où il serait ques­tion de régu­la­ri­ser 200 000 per­sonnes afin de relan­cer la pro­duc­tion agri­cole, for­te­ment impac­tée par la crise du coro­na­vi­rus. En Belgique, on estime à 150 000 les per­sonnes en situa­tion de séjour irré­gu­lière, dont un très grand nombre le sont depuis plu­sieurs années. Une force de tra­vail exploi­table à mer­ci, un levier pour exploi­ter plus encore l’en­semble des tra­vailleurs. Si un mar­ché peut se créer dans l’in­ter­valle, l’oc­ca­sion ne sera pas man­quée. Mais la lutte, elle aus­si, se pour­suit par­tout : la semaine pas­sée les col­lec­tifs de sans-papiers de Belgique et de France l’ont encore rappelé23.

    https://www.revue-ballast.fr/le-business-de-lenfermement-detrangers
    #business #asile #migrations #réfugiés #détention_administrative #rétention #sans-papiers #Belgique #France #centres_fermés #privatisation

    ping @isskein @karine4

  • The government undermines legality and the rule of law under the pretext of coronavirus

    In a statement the Minister of Interior appears perturbed by NGO accusations for violations of the law, European legislation and human rights of refugees and migrants, claiming that, with the compulsory “quarantine” of hundreds of refugees in congested detention centres, his ministry “does whatever is possible for providing housing, food and healthcare”, even for “illegal” refugees! As to the lack of basic infrastructures for safeguarding human decency, his response is that «additional sanitary units are being installed and the electricity supply is being increased”.

    However, the Minister of Interior does not respond to the accusations either as to flagrant violations of the Refugee Law and European legislation that primarily prohibit their detention, or as to the contempt of all recommendations and calls by international and European agencies. The Council of Europe (CoE) for example with the CoE Tookit calls on the member states to deal with the pandemic “in a way that respects the fundamental values of democracy, rule of law and human rights”, while the Commissioner for Human Rights of the CoE calls on member states to release migrants and asylum seekers in detention centres “to the maximum extent possible”.

    The new migration policy of the Minister is focused on detention of asylum seekers and their concentration at “Reception” Centres for asylum seekers in Pournara and Kofinou. The two Centers have been turned to closed detention centres, under unacceptable, inhuman and humiliating living conditions, depriving them of basic human rights and putting their health to danger and therefore that of society at large, while at the same time suspending the asylum application examination procedures. There is already a nurse diagnosed with coronavirus at the Menoyia Detention Centre for Irregular Migrants and police officers serving there have been put in quarantine. However, no measures have been taken for the protection of the detained refugees and migrants and none of them have been tested for coronavirus, despite the fact that we have been informed of cases of detainees with some symptoms. Contrary to common sense and in violation of the decrees of the Minister of Health for the prohibition of even small group gatherings, the Minister of Interior ordered the transfer of detainees from Menoyia to Pournara, detaining them in the spaces where some 700 people are being held, without any testing and risking their health and public health in general.

    In addition, the Minister of Interior does not explain that, in view of the lack over the years of a housing policy for refugees and migrants, “housing” for the detained asylum seekers is a tent or other similar rough structure, while for a section of migrants, especially those without papers, “housing” is simply a bed next to 5 or 10 other beds in a room in terrible repair but which carries a very steep rent. The same also applies to «medical care”, in the framework of which asylum seekers are limited to general hospitals of the area prior to GESY (General Health System), unable to register with a personal doctor and all that this entails, especially in the present conditions of coronavirus. For the majority of migrants, even those regularly paying their contribution to GESY for over a year now, continue to be excluded from registering with the system, which results in their being referred to a non-existent personal doctor when they apply to emergency departments.

    Conceding that the above measures have been taken in the absence of coronavirus cases among asylum seekers, the Minister claims that their compulsory transfer and detention at Pournara and Kofinou «was deemed necessary … because it was found that they did not comply with the restrictive measures». Without substantiating his allegations, the Minister proceeds to stigmatisation and arbitrary punitive treatment (deprivation of liberty) of migrants and refugees.

    By the same token, it was also deemed «necessary», and «reasonable» as per a “Fileleftheros” journalist», to use violence, excessive according to eyewitnesses, by the Special Traffic Squad «Ζ» of the police during the recent arrest of two migrants for not complying with the restrictive measures. In the framework of the toxic climate against migrant and refugee communities, shaped by the policy of the government and the Minister of Interior, including the use of the army with common patrols in old Nicosia, Squad “Z” appears to concentrate its action in the old city of Nicosia, targeting its racist rage at migrants and refugees and exhausting the frustrations of at least some of its members for demonstrating power and authority, through the use of verbal and physical violence as in the above arrest. Occasionally, the police are “accompanied” in this “work” by some journalists, who completely “by chance” happen to be present in some cases by the police and who are all too ready not only to exonerate but to also promote police actions with relevant photographs and articles.

    KISA reiterates its position that the policies and actions of the Minister of Interior and the government, both in terms of mass detention and the arbitrary suspension of the asylum procedures during the pandemic as well as in relation to the unequal access to the right to healthcare, constitute blatant violations of the Refugee Law, European legislation and international human rights law but they are also extremely dangerous for the health of asylum seekers and public health in general.

    KISA states that it fully appreciates the necessity to comply with the restrictive measures and that the small section of citizens, including migrants and refugees that violates the measures must be dealt with equally as all other citizens. The racist treatment, violence and stigmatisation of all the migrant and refugee population as potentially not complying with the measures and, therefore, as dangerous for public health, amounts to flagrant violations of the fundamental principles of equality, rule of law and human rights, undermining and shattering our country’s democracy and civilization.

    KISA deems as positive the interventions of both the UNHCR and the Commissioner for Administration and Human Rights but these must not be limited to general positions of the type “a report will be prepared” but they should posit in no uncertain terms the need for immediate measures for restoring legality and the rule of law. Neither the visit in the form of a “tour” by the Minister nor the provision of “200 more tents” will lead to changing the Ministry’s unlawful policy and violations.

    KISA has proceeded to legal measures, including before the European Court of Human Rights, as well as a report against the Ministry’s measures. At the same time, it calls on other civil society organisations, independent authorities and the competent parliamentary committees for immediate and dynamic interventions so as to fully restore the government’s compliance with legality and the rule of law.

    https://kisa.org.cy/undermining-legality-and-the-rule-of-law-under-the-pretext-of-coronavirus
    #Chypre #asile #migrations #coronavirus #covid-19 #réfugiés #rétention #détention_administrative #Pournara #Kofinou #Menoyia

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  • Thailand’s outbreak spike exposes conditions in migrant detention centre

    On April 25, 42 migrant detainees in #Sadao ’s Immigration Detention Center (IDC) tested positive for #Covid – in a period where the government’s reported daily infection rates have descended into the single digits. But the falling numbers may raise false hopes – Sadao’s acting Immigration Police Chief Colonel General Mana Naktung told the press that the Covid-19 tests for the remaining 73 migrant detainees (of a total 115) were still pending.

    In early to mid-March, Singapore was in a similar place Thailand appears to be in now. Daily infection rates were in the single digits, there had been zero deaths – there was a pervasive sense of triumph, from a nation that never locked down yet had earned the “Gold Standard.” But by the end of March, infection rates soared above one thousand, linked to cases in migrant dormitories.

    “The crisis has laid bare the dizzyingly unequal conditions endured by Singapore’s army of 1 million imported, low-wage laborers who make up a largely invisible underclass in this wealthy nation,” wrote the LA Times.

    “The virus does not accept this apartheid-type of segregation,” said the vice president of Transient Workers Count Too, “and then you have an explosion.”

    The Thai government is less discriminatory in its exclusion – its ‘invisible underclass’ span indebted farmers who are unable to access the 5000-baht subsidy, indigenous people who fight their own forest fires, and sex workers who are ostracized by the legal apparatus. But few groups are as hidden – and as endangered – as migrant detainees in Thailand’s network of detention centers.

    There are 22 detention centers in Thailand, housing ‘illegal immigrants’ – a category that ranges from visitors who have overstayed a 90-day tourist visa, to asylum seekers and refugees. They are notorious for their overcrowding. In 2014, Amnesty reported that official regulations allow for cell sizes to be a minimum of 1.19 meters per person.

    Puttanee Kangkun of Fortify Rights says that the conditions in detention centers are even worse than in prisons. “The detention centers were meant for people to stay for 15 days, and then leave. But in Thailand, you stay there for years, and it’s not designed for that.” According to the Global Detention Project, the length of stay for detainees in Thailand has ranged from 3 days to 12 years, with asylum seekers and refugees in particular having been detained for periods of over 2 years as they wait for their cases to be processed.

    Bangkok’s IDC in #Suan_Phlu is the focal point for this notoriety, as the IDC with the highest number of detainees. Detainees and NGOs maintain that there are over one thousand detainees in the center, but government officials have fervently resisted sharing or confirming numbers.

    “It was so crowded some of us slept standing up, or in turns,” says a former Suan Phlu detainee, a Pakistani asylum seeker. “If you turn your legs, you will lose your space.” The detainees are separated by gender and perceived ethnicity – “Room 8 for the black people (คนดำ), Room 11 for the brown people (แขก),” the former detainee states matter-of-factly.

    Measures have been put in place to mitigate this, including the expansion of Sadao’s IDC with a new building, and the relocation of detainees in Bangkok’s Suan Phlu IDC to detention centers outside of Bangkok. With Covid-19, the IDCs have also banned visitors and volunteers. As with prisons, the governing belief among officials is that if detainees haven’t already contracted the virus, they are at no further risk.

    Puttanee says that the measures to reduce overcrowding have helped and believes that the government has been proactive in testing not just detainees but migrant workers in local communities.

    But she questions the logic that detainees are so isolated as to be safe from the virus. “The detention centers are spaces where people continually move in and out [as they are detained and let go]. It’s not yet clear yet who the 42 people got Covid from, but they were detained in February, and we don’t know how many people passed in and out of their detention cell from February to April, or if they stayed together all the time.”

    “If they received it from other detainees, then this is very concerning.”

    While officials maintain that they are conducting widespread testing in detention facilities, other healthcare provisions are limited. According to Suan Phlu’s IDC regulations, one doctor from the Department of Disease Control is meant to visit weekly. In reality, Puttanee and former detainees confirm that there is only one nurse, who works with an NGO.

    “There is a small clinic. But given the crowdedness of Suan Phlu, one nurse for one thousand people is not enough,” says Puttanee.

    Another former detainee, a Somali woman, recounts her traumatic experience of illness in Suan Phlu. She was suffering a high fever, throwing up and had multiple fainting spells. It was clear that medicine from the IDC’s nurse was not helping. “I was scared for my life, and I didn’t know if I would be able to see a doctor,” she recalls. Eventually a private donor intervened and agreed to both guarantee her bail and pay her medical bills at an external private hospital, but without such singular assistance, she fears she would not have survived.

    “Normally, it is very difficult to get out to seek medical assistance,” says Puttanee. She speaks of Fortify Rights’ own efforts to negotiate the release of a sick asylum seeker, but it took an entire year before she was let out to see a doctor.

    The IDC’s reluctance to send its detainees to hospitals is not just a function of security, but also of expense. On most occasions, the state has to shoulder the cost of treating a sick detainee. Officials have admitted to Puttanee that the Immigration Bureau is in debt in excess of one million baht to the police hospital, from paying for detainees’ medical care.

    Spotlight on detention centers

    With the Covid-19 spotlight on detention centers, officials are being much more careful – both in the medical care offered to detainees, and in the narrative framed around them.

    In the government’s address on April 25, Centre for Covid-19 Situation Administration (CCSA) spokesperson Dr. Taweesin Visanuyothin assured the public that the detainees – mostly from Myanmar with some from Vietnam, Cambodia, Indonesia and Malaysia – would all receive proper treatment in accordance with humanitarian standards.

    Puttanee doesn’t believe that this is Thailand’s Singapore moment – for a start, Thailand’s detention centers are spread across the country, while Singapore’s over 300,000 migrant workers live in dormitories in close proximity.

    However, she has observed a similar outburst of racism and xenophobia in response to the alarming April 25 announcement.

    “Once it came out that those infected were foreigners, comments on social media and in Thai news were highly xenophobic. In a crisis like this, we’ve become more narrow-minded, as if your humanity is tied to your nationality.”

    She points out that the government has not tried to perpetuate these racist sentiments, and that Dr. Taweesin’s statement was a good signal to the public.

    In a moment when nativist sentiments are running high, navigating the fraught narrative on caring for immigrants is difficult. This, perhaps, is where the Singaporean government continues to fail, going so far as to separate their recorded cases between ‘imported’ and ‘local’. The People’s Action Party continually asserts the indivisible barrier between migrant workers and its citizens, even as the virus exposes this fallacy with devastating effect.

    Equally, the UNHCR writes: “Detention facilities are not walled off from society when it comes to such a highly contagious virus as COVID-19.”

    Hopefully April 25 was just a warning, and no more cases are discovered at Sadao. But it seems unlikely. Detainees are now an exceptionally vulnerable population – confined in tight spaces with little medical care, many without formal legal status anywhere in the world. They need as much attention, if not more, than others in Thailand’s ‘invisible underclass.’

    “The Thai government has been quite responsive,” says Puttanee, “but some of these detainees don’t need to be detained in the first place.”

    The UNHCR report recommends alternatives including the release of asylum seekers and refugees from detention. This has taken place in Austria, Belgium, Luxembourg, Spain, Switzerland and the United Kingdom.

    Covid-19 unfailingly points its fingers at the deepest rot in society – in Singapore, this is its institutionalized racism, in the United States, its neoliberal healthcare system. In Thailand, among other things, this is its detention centers. The government is currently responsive to the situation, but this responsiveness must not go away after the crisis.

    Save The Children and UNHCR have proposed multiple alternatives to Thailand’s indefinite and indiscriminate detention of migrants – many of whom are refugees and asylees. In June 2014, UNHCR developed a National Action Plan (NAP) in coordination with the Thai government, with its first goal being the end of child detention. Promises made on paper have, however, have not been put into action.

    From 2016 to 2017, the Thai government assured the UN Human Rights Council and the Obama Summit that there was a “no child detention policy.” In 2019, the government declared triumphally in Khaosod English that there were no children held in any of its immigration detention facilities – confirmed by Human Rights watch.

    But after the April 25 announcement, Police Chief Col Gen Mana Naktung revealed that there were children among the 115 migrants at Sadao.

    The rot in Thai detention facilities runs far deeper than 42 infected detainees – it is the systematic accumulation of decades of detainee mistreatment, in which they have been denied bail, access to medical care and humanitarian conditions of detention. Visitors to Suan Phlu only have to stand behind the wire fence separating detainees from the outside world to grasp how chilling, primitive and prison-like the centers feel.

    But Puttanee and others have highlighted clear progress in the last few years. Hopefully, the Covid-19 spotlight will accelerate this process in years to come.

    https://www.thaienquirer.com/12519/thailands-outbreak-spike-exposes-conditions-in-migrant-detention-centr
    #Thaïlande #détention_administrative #rétention #asile #migrations #réfugiés #coronavirus

    ping @zhipeng_li

  • "Explosion" du maintien en rétention des migrants sous Trump, selon des ONG

    Le maintien en rétention des migrants a « explosé » aux Etats-Unis depuis l’élection de Donald Trump avec la construction de 40 nouveaux centres en grande partie gérés par des opérateurs privés, selon un rapport associatif publié jeudi.

    « Le système de rétention a explosé, générant des milliards de dollars pour des opérateurs privés », écrivent les grandes organisations de défense des droits humains ACLU, Human Rights Watch et National immigrant Justice Center.

    Le nombre d’étrangers détenus par la police migratoire (ICE) — des demandeurs d’asile ou des sans-papiers en voie d’expulsion — a augmenté de 50% sous le mandat du président républicain, passant de près de 33.000 par jour en moyenne en 2016 à 50.000 en 2019, selon les auteurs du rapport.

    Et le gouvernement a demandé une enveloppe de 4,1 milliards de dollars pour financer les centres de rétention en 2021 dans le but de porter à 60.000 le nombre d’étrangers détenus chaque jour en moyenne, ajoutent-ils.

    En ajoutant les immigrés clandestins détenus dans les postes des garde-frontières, 80.000 étrangers étaient déjà détenus aux Etats-Unis au début de 2020.

    Depuis que Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l’immigration une de ses priorités, est entré à la Maison Blanche, 40 nouveaux centres de rétention ont été créés, ce qui porte le total à 220, selon ce rapport.

    La grande majorité des établissements sont aux mains d’opérateurs privés, si bien qu’au 1er janvier 2020, 81% des étrangers détenus par la police migratoire étaient dans une structure privée, un « record », soulignent ses auteurs.

    Les nouveaux centres sont généralement situés dans des zones isolées, si bien que les migrants ont moins facilement accès à un avocat, déplorent les organisations qui se sont rendues dans cinq de ces établissements.

    D’après elles, ces structures étaient déjà mal équipées pour faire face aux urgences médicales, ce qui pose un problème plus aigu avec l’arrivée du nouveau coronavirus. Les détenus interrogés avant la pandémie « ont exprimé leurs inquiétudes sur les conditions sanitaires et d’hygiène », relèvent les auteurs du rapport.

    Le coronavirus a par ailleurs freiné les arrivées de migrants, et leur nombre a de ce fait diminué.

    Selon #ICE, 449 des près de 30.000 étrangers actuellement détenus dans ces centres, et 36 gardiens, sont malades du Covid-19.

    https://www.nouvelobs.com/societe/20200430.AFP6136/explosion-du-maintien-en-retention-des-migrants-sous-trump-selon-des-ong.
    #rétention #détention_administrative #USA #Etats-Unis #coronavirus #covid-19

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    ping @thomas_lacroix

  • Les confinés, ce sont les plus mobiles !

    Le confinement spatial est aussi une question de #frontières. Les confinés sont ceux qui, même immobiles, « ont accès ». Pouvoir se confiner relève du même processus que pouvoir traverser une frontière légalement, il faut appartenir au cercle restreint des « acteurs » de la globalisation.

    Depuis que le virus Covid-19 a été identifié, le repli spatial a constitué une préconisation politique essentielle. Ce qui est recommandé sous le terme désormais consacré de distance sociale, c’est le maintien d’une distance minimale entre les personnes, bien géographique celle-là. Et la mettre en œuvre suppose une forme de maîtrise sur nos conditions de vie, sur notre habiter. Confiner, c’est placer entre des limites. Cela implique que le contour que l’on érige à la périphérie de soi-même, entoure un centre, stable lui ! En filigrane de cette politique, on voit s’esquisser une pensée politique de l’espace très classique, tout à fait en décalage avec l’analyse des mobilités contemporaines.

    Ne sont véritablement confiné·es aujourd’hui que celles et ceux qui ont un logement suffisamment grand pour permettre au nombre de personnes qui y vivent de ne pas trop en sortir. En avoir deux, qu’on soit des enfants en résidence alternée ou des couples non-concubins, c’est déjà se trouver hors de ce cadre normatif… Cette logique de sédentarité extrême se présente désormais comme une marginalité spatiale positive, car choisie. Ne sont donc concernés ni les sans-logis, ni les entassés. Notamment celles et ceux qui subissent, en prison ou en centre de rétention administrative, une assignation de mise l’écart de la société qui prend effet dans des lieux enclos où le confinement est paradoxalement impossible : les densités trop fortes s’y traduisent dans les faits par une promiscuité délétère.
    Ceux qui ont « accès »

    Le confinement dont il s’agit n’a rien d’un enfermement ! Et ce, malgré le sentiment croissant de frustration de celles et ceux qui l’appliquent depuis un mois en se privant de l’accès à la multiplicité des lieux habituellement fréquentés. A y regarder de plus près, ne sont finalement concernés que celles et ceux qui peuvent vivre entre quatre murs parce qu’ils le font de manière tout à fait connectée ! Pouvoir, depuis chez soi, conserver des ressources régulières, c’est travailler à distance, être retraité ou encore indemnisé pour un chômage partiel ou permanent, un arrêt maladie. On continue alors d’être relié à un système marchand, lui-même relayé par un complexe bancaire qui nous « donne accès ». Et place les personnes concernées en situation de continuer à consommer à distance (faire ses courses le moins loin possible du domicile, se faire livrer, etc.).

    Certes, certains biens et services, notamment immatériels, sont désormais inaccessibles : soins du corps, pratiques de sociabilité, offre culturelle. Et l’avalanche d’ouverture de contenus en ligne dans ces domaines ne compense pas ce qui fait leur force habituelle, l’intensité des liens que ces secteurs stimulent. Mais ce mode « dégradé » reste un luxe, la carapace électronique qui garantit la faisabilité de notre enfermement apparent. Toute cette insertion économique se produit dans un processus d’invisibilisation des liens, produit par le système capitaliste qui les financiarise. Qu’il est facile de commander sur une grande plateforme en ligne sans penser aux employés qui travaillent dans ses entrepôts, livrent, déploient matériellement les réseaux sur lesquels repose notre approvisionnement !
    Informalisés et autres illégalisés

    Les confiné·es sont donc celles et ceux qui, même immobiles, « ont accès ». A l’extrémité inverse du spectre social, les non-productifs, les « informalisés » et autres « illégalisés », celles et ceux qui ne peuvent plus vendre leur travail manuel et physique (ménage, construction), qui ne sont pas pris en charge par les systèmes de santé, et tous ceux qui ont du mal à se relier au monde libéral. On peut aussi assister à des bascules rapides : l’étudiant·e issu·e d’un milieu modeste, qui n’a pas d’ordinateur ou de bonne connexion internet chez lui, parfois confiné·e dans une chambre minuscule où il·elle est désormais privé de la restauration à bas prix du Crous, peut tout à fait décrocher de la dynamique vertueuse que ses efforts lui avaient permis d’intégrer, éjecté du monde mobile auquel il aspirait.

    Paradoxalement, celles et ceux qui peuvent aujourd’hui se confiner dans de bonnes conditions sont très exactement les personnes qui avaient accès à la liberté de mouvement dans le monde d’avant. Ce sont des personnes qui disposent d’un degré d’autonomie globale leur permettant de choisir les interactions qui les mondialisent : en d’autres termes. Ce sont précisément celles et ceux qui disposaient d’un niveau de « #frontiérité » élevé, pour reprendre une expression que j’ai forgée avec Frédéric Giraut pour qualifier nos capacités inégales à traverser les frontières.

    Pouvoir se confiner relève du même processus que pouvoir traverser une frontière légalement : il s’agit de deux modalités de l’appartenance au cercle restreint des « acteurs » de la globalisation. Ce sont deux faces de l’« inclusion différentielle » (Sandro Mezzadra) qui régit désormais le corps social. Loin de l’égalité démocratique, l’attribution des droits politiques, notamment l’accès à une citoyenneté pleine et entière, semble dépendre de cette aptitude à pouvoir démontrer de l’utilité individuelle dans la mondialisation. Gommer opportunément de nos radars le fait que ceux qui produisent à bas coût des jeans ou des téléphones, du coton ou des minerais, actent tout autant cette économie inter-reliée que les élites mondialisées. Ne pas voir l’écheveau des liens complexes de notre système monde dont le Covid-19 est le symptôme, ne pas considérer pas la matérialité des biens qui sont derrière les liens électroniques sur lesquels repose notre confinement, c’est faire l’autruche.

    Les confinés, c’est-à-dire les plus « frontiérisés », se trouvent être aussi les êtres humains qui ont la plus forte empreinte écologique ! Sortir du confinement ne se fera pas en réouvrant les frontières, mais en re-visibilisant les liens. L’analyse fine des inégalités territoriales du monde mobile qui a produit la crise du Covid-19 constitue une étape essentielle pour poser les bases de la justice sociale nécessaire pour imaginer l’« après ».

    https://www.liberation.fr/debats/2020/04/27/les-confines-ce-sont-les-plus-mobiles_1786544

    #confinement #mobilité #immobilité #globalisation #mondialisation #inclusion_différentielle #Mezzadra #Sandro_Mezzadra #repli_spatial #distance_sociale #distance_spatiale #sédentarité #marginalité #assignation #SDF #détention #détention_administrative #prisons #sans-abrisme #rétention #promiscuité #enfermement #télétravail #connectivité #internet #enfermement_apparent #confinés #non-confinés #espace #liberté_de_mouvement #liberté_de_circulation #autonomie #im/mobilité #hyper-mobilité #immobilité

    Tribune de #Anne-Laure_Amilhat-Szary (@mobileborders)

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  • Aux enfermés du confinement

    Le confinement veut toutes et tous nous enfermer dans une situation commune qui nous livre toujours plus aux logiques mortifères de la gestion et du contrôle sur une grande partie de la planète. Cette #carcéralisation généralisée enferme et isole d’autant plus celles et ceux qui sont déja enfermés dans le confinement. C’est à eux que nous consacrons ce blog. Contre l’Etat, l’enfermement et la #gestion. #Liberté !

    https://mitarduconfinement.blog

    #confinement #coronavirus #covid-19 #prisons #enfermement #isolement #blog #rétention #détention_administrative #CRA

    Compte twitter :
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  • Bosnian minister proposes deportation and incarceration of migrants

    As the #COVID-19 outbreak continues, the security minister of Bosnia-Herzegovina suggested that migrants should be deported from the country. He alleged that refugees and migrants posed an economic burden amid the pandemic — as well as a security threat. The mood against migrants in Bosnia is beginning to turn sour.

    Bosnian security minister Fahrudin Radoncic on Thursday said he would submit a proposal based on his comments to parliament — without specifying a date when the proposed legislation would be ready for a parliamentary debate.

    He added that migrants who could not prove their identity by providing passports or other forms of identification would be imprisoned under his plan rather than accommodated in migrant camps.
    “(Migrants) who do not want to show their identity cards will not be allowed any more to use our migrant and refugee camps,” Radoncic said. “They will go straight to jail. And we will keep them there for one to five years until we can establish their identity. This is our proposal for a new law.”

    “We want to (ease) the burden of taking care of 8,000 to 9,000 people here. We just can’t handle that, especially now, with the virus situation. We also want to psychologically discourage new migrants from coming here after the pandemic ends and borders open again."

    Bosnian authorities have tried other extreme measures before to dissuade migrants from coming and staying in their country, such as threatening to send in the military to fortify borders and turning off water supply to makeshift camps sites.

    Growing crisis situation

    The comments came after hundreds of migrants stuck near the town of Bihac by the country’s border with EU-member state Croatia were transferred to a nearby IOM emergency tent camp, set up amid the coronavirus pandemic.

    Migrants and refugees have been camping out at the Vucjak camp site by Bihac for years in the hope of crossing the border of Bosnia-Herzegovina into Croatia and thus reaching EU territory. However, Croatia has put strict border controls and fortifications in place, with mounting reports of violent pushbacks into Bosnian territory leaving would-be asylum seekers in the EU stuck in perpetual limbo in Bosnia-Herzegovina.

    But with the ongoing COVID-19 pandemic, the site hosting up to 1,500 migrants has once more become a major issue of concern for the government with poor sanitary conditions at the camp and other such sites across the country could provide a perfect breeding ground for diseases and cost millions of euros to the Bosnian taxpayer amid the outbreak of the novel coronavirus.

    More than 6,000 migrants are reported to be living at IOM-run camps across Bosnia-Herzegovina.

    https://www.infomigrants.net/en/post/24333/bosnian-minister-proposes-deportation-and-incarceration-of-migrants
    #renvois #expulsions #asile #migrations #réfugiés #Bosnie #rétention #détention #enfermement #coronavirus

    ping @luciebacon

  • Les enfants invisibles de #Haraldvangen

    Cet épisode de notre série sur les mineurs sacrifiés aux frontières de l’UE révèle qu’en Norvège, pays champion des droits de l’homme, une centaine d’enfants migrants a tout de même été enfermée depuis 2018. Tout le pays semble ignorer l’existence de ces petits prisonniers… jusqu’aux contrôleurs des conditions de #détention.

    « C’est loin d’être ce que les gens imaginent… La plupart des familles vivent leur séjour ici comme une expérience positive. » Ole Andreas Flaa Valdal, sourire sympathique et barbe de trois jours, a tout sauf l’air d’un gardien de prison. Le directeur de Haraldvangen a troqué son uniforme pour un tee-shirt et un jean décontractés qui lui donnent l’air d’un éducateur cool. C’est d’ailleurs comme cela qu’il se voit : un travailleur social, pas un maton.

    Alentour, le paysage lui donne raison. Nous sommes à une heure d’Oslo, dans un décor enneigé de vacances à la montagne. Haraldvangen, ancienne #colonie_de_vacances entourée de sapins, fait face à un lac bleu étincelant. Ici, des générations de petits Norvégiens ont skié et nagé, étés et hivers durant. Mais depuis deux ans, la grande bâtisse de bois ne résonne plus des rires des enfants. Fin décembre 2017, le gouvernement norvégien a fermé le bâtiment à double tour, installé un feu rouge derrière la porte, fait enlever les poignées des fenêtres pour transformer la colo en bunker. Haraldvangen est devenu la première « #unité_familiale » du pays, un mot fleuri pour désigner un #centre_de_détention pour #mineurs migrants et leurs parents.

    En deux ans, selon les chiffres obtenus par Investigate Europe en février, 97 enfants ont été enfermés là parce que leur demande d’asile a été rejetée et qu’ils ont refusé de quitter le territoire de leur propre chef. Les mineurs et leurs familles ont ensuite été conduits à l’aéroport d’Oslo par l’unité police immigration, avant d’être expulsé « de force ».

    Alors qu’il déambule dans ce décor de chalet fait de meubles Ikea, d’écrans géants, de PlayStation et d’un débordement de peluches, le directeur nous explique les bienfaits de cette nouvelle prison conçue par le gouvernement norvégien. « C’est bien de la détention mais on ne jette pas les gens au fond d’une cellule. » Ole bombe le torse, il est fier du travail accompli. « Ici, on peut se concentrer à fond sur les familles. Et quand les parents sont trop occupés à appeler leurs avocats et les ONG, nous nous occupons des enfants, nous les informons, les impliquons, les amusons. » Lui qui partage son temps entre le centre pour adultes migrants et l’unité familiale mesure bien la différence de traitement.

    Avant la création de l’unité familiale il y a deux ans, les mineurs migrants étaient enfermés avec les adultes, dans le centre de détention pour migrants, Trandum. Entouré de plusieurs niveaux de barrières et de fils barbelés, ce bâtiment collé à l’aéroport d’Oslo n’a rien à envier à un pénitencier. Un pénitencier plongé dans le vrombissement assourdissant des moteurs d’avion qui décollent et atterrissent à toute heure du jour et de la nuit. En 2015, Hicham*, 11 ans, avait raconté son expérience derrière les barreaux à NOAS et Save The Children, deux ONG qui l’avaient pris en charge. « Là-bas, il y a des fils de fer frisés tout autour. J’ai même vu des caméras. Je pense qu’ils avaient mis des barrières pointues pour qu’on ne puisse pas s’échapper. Comme ça si on essaye de se sauver, ça fait mal. » 885 petits migrants ont ainsi été emprisonnés à Trandum entre 2013 et 2017, parfois pour une durée supérieure à trois semaines.

    Mais pendant l’année 2017, la mobilisation des ONG a porté ses fruits. Dans le pays champion international du respect des droits humains, la polémique avait atteint son apogée quand en 2017, dans une décision historique, la cour d’appel de Borgarting (l’équivalent de notre Conseil d’État) a condamné l’État pour avoir enfermé quatre enfants afghans pendant vingt jours. Âgés de 7 à 14 ans, les mineurs « ont été exposés a des traitements dégradants », a statué la cour (notamment à cause des longues durées de détention). Interrogé par Investigate Europe, leur avocat affirme que la police avait choisi de garder ces enfants qui venaient de l’extrême sud de la Norvège derrière les barreaux pendant trois semaines pour des raisons de facilité administrative. Au détriment de leur bien-être psychique et physique, au lieu de les renvoyer chez eux en attendant l’expulsion, les autorités ont préféré « la solution de facilité », dit-il.

    Fin 2017, le gouvernement finit donc par trouver un nouveau lieu pour l’accueil des familles. Mais il ne se contente pas de les déplacer dans une structure identique : il ouvre Haraldvangen, une parenthèse enchantée avant l’expulsion. Un endroit où les enfants migrants peuvent regarder le lac et la neige par la fenêtre. Un chalet forestier où ils entendent le chant des oiseaux et non le bruit angoissant des moteurs des avions. Avant de s’envoler vers un pays souvent inconnu, les enfants ont le droit de goûter à quelques heures de jeux vidéo et de peluches, ils ont même le droit de se faire dorloter par des matons-moniteurs de colo.

    Certes, ils ressentent les angoisses de leurs parents qui se mutilent parfois pour éviter l’expulsion, certes leurs pères et mères sont fouillés à nu ; ils doivent même exécuter des squats (des flexions avec les jambes) dénudés devant les policiers pour vérifier qu’ils ne cachent aucun objet dans leurs parties intimes. Mais à Haralvagen, on leur épargne au moins d’assister à l’humiliation de leurs parents. C’est en tout cas la promesse sur le papier, réitérée aux journalistes qui interrogent les autorités. Cela ne leur coûte rien : comme l’a découvert Investigate Europe, à Haraldvangen, jamais personne n’est venu contrôler.

    Quand il a décidé de déplacer les enfants en 2017, l’État norvégien les a totalement sortis des radars. Le « comité de surveillance » qui est tenu par la loi d’inspecter les centres de détention au moins deux fois par an pour vérifier que les personnes enfermées sont traitées en conformité avec la loi n’a pas mis les pieds à Haralvangen depuis deux ans. Ses inspecteurs se sont pourtant rendus entre cinq et six fois par an à Trandum. Mais l’unité familiale n’a été contrôlée qu’une seule fois, fin 2017, au moment de l’ouverture du centre, quand… il était totalement vide.

    Un problème qui ne dérange pas le comité : « Il est extrêmement rare que des familles avec enfants soient détenues et on nous a informés qu’ils ne gardent pas les enfants très longtemps », nous explique Cathrine Fossen, cheffe du comité. C’est donc sur la base de cette information que les inspecteurs assurent chaque année au gouvernement, au public et à la communauté internationale que les droits fondamentaux des enfants et de leurs parents sont bien respectés. Sans complexe, la responsable soutient que Haraldvangen « est une très bonne unité ». Comment pourrait-elle le savoir ? C’est Investigate Europe qui lui apprend que 97 enfants ont été enfermés ses deux dernières années : « C’est un chiffre plus élevé que je ne le pensais », s’étonne-t-elle.

    André Møkkelgjerd, avocat spécialiste de l’asile en Norvège et auteur de plusieurs rapports sur la détention des enfants, prend la révélation moins à la légère. « C’est totalement inacceptable, s’indigne-t-il. Si l’État a déplacé les enfants détenus, afin que leurs conditions de détention ne soient plus contrôlées, c’est très grave. » Interrogée, l’organisation NOAS, une ONG de soutien aux demandeurs d’asile, va jusqu’à remettre en cause l’indépendance du comité de surveillance, en indiquant que ses membres sont nommés par le ministère de la justice, celui-là même qui est responsable de l’application de la loi sur le retour des migrants.

    L’accusation est très sérieuse dans un pays où la transparence publique est érigée en principe sacré. En fait, la Norvège fait comme la plupart de ses homologues européens : elle enferme des enfants migrants mais maintient, volontairement ou non, ces petits loin des regards de son opinion publique.

    Grâce à une de ses anciennes enseignantes, nous sommes parvenues à retrouver la trace d’un de ces anciens petits prisonniers migrants. Quand nous échangeons au téléphone avec Azad, il est encore une fois derrière les barreaux : le jeune Afghan a été jeté au fond d’une cellule du commissariat d’Athènes, un des lieux de détention réservés aux enfants migrants en Grèce.

    En 2015, Azad avait fui Kaboul en guerre pour commencer une nouvelle vie en Norvège. Une nouvelle vie qui dure seulement quelques mois : à la suite d’un test osseux, il est déclaré majeur. Azad est donc emprisonné. Deux semaines plus tard, la police le met dans l’avion pour l’Afghanistan, un pays où il n’a plus ni famille ni proches. À peine de retour à Kaboul, il repart sur les routes et finit par atterrir en Grèce, où il se fait enregistrer comme mineur. Pour sa propre protection, la police l’enferme avec d’autres enfants dans une cellule du commissariat, sans lui expliquer « ce qu’on attend de lui ».

    Depuis deux mois, il partage donc le destin de misère de ses autres petits voisins de cellule. Il survit tenaillé par la faim, nous dit-il, et se sent tellement « triste ». Mais « qu’est ce que je peux faire d’autre ?, demande-t-il. Où puis-je aller maintenant ? » Après des mois de violences et d’errance, Azad se dit que sa chance est déjà passée : « Mon dernier espoir au monde, c’était la Norvège. »

    https://www.mediapart.fr/journal/international/210420/les-enfants-invisibles-de-haraldvangen

    #familles #mineurs #enfants #Norvège #rétention #détention_administrative #déboutés #renvois #expulsions #prison #Trandum #prisons #prison #MNA #mineurs_non_accompagnés #réfugiés_afghans #nudité #humiliation #invisibilisation #migrations #asile #réfugiés #test_osseux #tests_osseux #âge #Afghanistan #errance

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    #Migrerrance :

    En 2015, Azad avait fui Kaboul en guerre pour commencer une nouvelle vie en Norvège. Une nouvelle vie qui dure seulement quelques mois : à la suite d’un test osseux, il est déclaré majeur. Azad est donc emprisonné. Deux semaines plus tard, la police le met dans l’avion pour l’Afghanistan, un pays où il n’a plus ni famille ni proches. À peine de retour à Kaboul, il repart sur les routes et finit par atterrir en Grèce, où il se fait enregistrer comme mineur. Pour sa propre protection, la police l’enferme avec d’autres enfants dans une cellule du commissariat, sans lui expliquer « ce qu’on attend de lui ».

    ping @isskein @karine4 @reka

  • COVİD-19 test positive of 30 refugees in Harmandalı GGM - Multeci Medyasi
    It is claimed that the necessary measures for Corona Pandemic have not been taken at the Izmir Harmandalı Retention Center. According to the complaints received by the Izmir Bar Association, it is claimed that only the first refugees who are kept under administrative supervision in the institution are measured and the people who are sick are not isolated, sufficient hygiene materials are not given to the refugees in the institution, and the numbers of people ranging in the rooms goes from 5 to 15 people .

    On the other hand, according to the information obtained by the Izmir Bar Association, the COVID-19 test of 30 refugees and 1 security guard was positive. 30 Refugees are isolated on the A2 floor of the Return Center and are prevented from reaching their lawyers by phone.

    Lawyers from the Izmir Bar Association of Immigration and Asylum Commission, who met with refugees, prepared a report after their meetings with refugees. According to the Izmir Harmandalı Removal Center Corona Pandemic Report, refugees who were kept under administrative detention expressed the following complaints;

    When people were first taken to GGM, they were not taken to a separate place (which may be called quarantine) and that they were taken to other people staying in GGM, and that the people who came after them were brought directly to the rooms without being kept in a separate room.

    Another refugee who was brought to GGM at the beginning of March had 15 people staying in the rooms and new people were constantly brought to his room in the center where he was kept closed for two weeks,

    A refugee arriving at GGM at the end of March; 12 people in the rooms, 200 people on the floor, but this number decreased to 4 people in the rooms and 70 people on the floor in April,

    Some refugees; that they were not given any official information, except that they were quarantined and that they would be left 14 days later, that no official decision was notified, but that the 14-day period had expired, but they were still closed,

    Some refugees; that they were unable to meet any authorized person in the institution except for the security officers that their names were misspelled in the deportation decisions notified to them,

    There is no regular cleaning in the corridors of the floors they are on,

    The rooms are not cleaned by the cleaning staff only that they do the cleaning, but sufficient cleaning agent is not provided free of charge,

    They have been given one soap and detergent from the date they entered, and no hygiene items have been provided.

    There are no disinfectant gloves, etc. in rooms, floors and corridors,

    The rooms are stuffy and the floors on which they are located are not well ventilated, 2 · Garbage is not collected regularly and stacked,

    There is a kind of insect in GGM, many people suffer from itching and swelling due to this insect, but institution officials are not concerned with this situation,

    Only in the morning, fever measurements were made, people who had a high fever were given antipyretic drugs, but were not taken to another section or room,

    A person who stated that he had a fever and annoyance in the evening hours was taken care of after he communicated the situation to his lawyer on the phone that his fever was not measured and not taken to the doctor’s examination,

    They stated that their access to the doctor was very limited and that their requests for medical examination were not met.

    In the report, it was emphasized that all these complaints conveyed to the lawyers of the Izmir Bar Association’s Immigration and Asylum Commission indicated that adequate measures were not taken regarding the Corona Pandemic at the Harmandalı Removal Center and that they could not be provided due to the lack of physical facilities, equipment and personnel.

    ’Borders Closed, Administrative Surveillance Violation’

    In this pandemic, which affected the whole world, it was stated in the report that it was not possible to apply the deportation procedure against the persons under the principle of “Non refoulment”, which was regulated in the 4th article of the Law on International Protection of Foreigners. All international flights were stopped in our country and border crossings were partially closed. It is not known when these measures related to the process will be terminated. Continuing to be kept under administrative surveillance based on deportation decisions that cannot be realized due to a pandemic, which is a situation that is virtually impossible to execute and which is caused by people outside itself, is a violation of the right to liberty and security.

    ’Open Violation of Right to Life in Eclipse in Pandemic GGMs’

    The report stated that it is not possible to maintain social distance during the Corona Pandemic period, and that there will be a clear violation of the right to life in the removal centers where at least 5 people are accommodated in a single room. It should be noted that the ward system and the overcrowding of the wards pose a serious risk. It is incompatible with the principle of equality to keep foreigners closed because they could not fulfill some of their administrative obligations at a time when even the convicts who were executing their executions in the open prison by the Ministry of Justice were permitted.Also, in this period, while the official statements regarding the postponed liberty and judicial control obligations of citizens were postponed, no official statement was made by the İzmir Migration Administration regarding the refugees who have a signature obligation. This situation creates a vital risk for both refugees and institutional personnel

    #Covid-19#Turquie#Réfugiés#Santé#Encampement#Retention#Centre#Camp#migrant#migration

    https://multecimedyasi.org/2020/04/18/harmandali-ggmdeki-30-multecinin-covid-19-testi-pozitif/&usg=ALkJrhhrf3b9DYCUmXxhfMvs_IOyW_OWkQ

  • Migrants in detention center go on hunger strike in fear of coronavirus

    Migrants at a holding facility near #Tunis have been on a hunger strike since April 6 to protest their continuing detention and mistreatment as well as the absence of coronavirus infection prevention measures.

    To date, there are 780 confirmed cases of the coronavirus and 35 deaths among the civilian population, while no cases have been recorded among the prison population.

    Tunisia has been in a state of total confinement with a nightly curfew since March 21 as part of efforts to stem the spread of the virus. On March 31, President Kais Saied released 1,420 prisoners in order to reduce the spread.

    Meanwhile, calls from human rights organizations to release prisoners have increased. United Nations High Commissioner for Human Rights Michelle Bachelet called on March 25 for “relevant authorities to work quickly to reduce the number of people in detention.” Similar appeals by the World Health Organization, the International Organization for Migration and the United Nations High Commissioner for Refugees followed.

    But despite these calls, migrants held in detention centers in Tunisia have not been allowed to return to their homes or other accommodations where they can quarantine safely.

    Distressed migrant detainees held at el-Ouardia Reception and Orientation Center began their hunger strike April 6. They reached out to Al-Monitor to express their frustration that authorities had done nothing to improve their situation to keep them safe from the coronavirus. The detention facility, which lies on the outskirts of Tunis, is the subject of a damning report published Dec. 16, 2019, by the Tunisian Forum for Economic and Social Rights (FTDES). The report outlined a badly run facility where migrants are detained without charge in unsanitary conditions, given meager food rations, and subjected to aggressive interrogation, nightly lock-ins and regularly forced deportations.

    Rajabu Kilamuna, a human rights activist originally from the Democratic Republic of Congo, has been living in Tunisia for the past seven years under asylum seeker status. However, on Feb. 14, 2020, a senior immigration official came to his house to take him to el-Ouardia. Kilamuna told Al-Monitor he was denied access to a lawyer, had his phone taken from him and initially was unable to make contact with the outside world until last week when he had access to a phone. “I told them that I knew my rights and they didn’t even allow me to call my mother or a lawyer,” he said.

    Kilamuna founded the association Migrants sans Frontieres (Migrants without Borders) to help foreign nationals facing difficulties in a variety of issues such as opening bank accounts, setting up businesses or applying for asylum seeker status in Tunisia. Now he finds himself in limbo, unable to proceed with appealing his case and unable to return to his apartment in Tunis where he could sit out confinement in peace.

    Kilamuna said that, over and above the dirt and discomfort of the center, he and his fellow detainees are frightened of the virus spreading. “We have demanded the authorities [give us] a protection plan from COVID-19, but there is no plan. They bring people directly from the airport or from the prisons without testing.”

    He continued, “There are only two bathrooms between some 60+ detainees, several toilets do not work and we get only one piece of soap issued once a fortnight between three to four people. The mattresses are old and they smell, the bedding has not been changed in a long time and we are getting bitten by bugs.”

    He appealed, “We are asking for our rights to be released; we are no longer accepting to be caged like we are in a zoo.” He also expressed concern that there are also six women amongst their group and one teenage boy. “We are afraid for this teenager living where adults are living.”

    One of the six women detained at el-Ouardia spoke on the condition of anonymity to Al-Monitor. “We want to leave here. There is no water. There is nothing here to protect us. There is no heating; it is very cold at night and everybody is sick here. Where are human rights and women’s rights here in Tunisia?”

    Another detainee, Kwame Kofi Stephane, from Cote D’Ivoire, served a four-month sentence in Mornaguia Prison for overstaying his visa. At the end of his prison sentence, he was transferred to el-Ouardia. “I came here to work and earn money, but I was arrested for overstaying my visa and served four months and two weeks before they transferred me to el-Ouardia,” he told Al-Monitor.

    “People are starting to get sick. They are coughing. They go to the clinic [where medical personnel] only take someone’s temperature; they are not testing for COVID-19. They are not given medication, just a mask.” He said he is “very annoyed” about overcrowding and the lack of response from authorities.

    Both Kofi Stephane and Kilamuna describe racist verbal abuse and a culture of financial exploitation of the detainees by el-Ouardia staff. Kofi Stephane said, “The guards offer to buy things from the shop like biscuits or yogurt, but they will ask for five times the normal price to go buy it. They are making a business out of me.”

    Kilamuna reinforced this, saying, “They come to me saying, ‘Hey, Mr. Rajabu, give me 10 dinars, give me 20 dinars and I will give you your phone back.’”

    FTDES spokesperson Romdhane Ben Amor told Al-Monitor that there were high-level meetings on April 7 and 10 between the ministries of Interior, Social Affairs, and Human Rights and Transitional Justice, the Ministry for Human Rights and Relations with the Constitutional Courts and Civil Society, as well as representatives from civil society — but no promise of action was given, he said.

    On April 10, the FTDES published a communique signed by 34 Tunisian civil society organizations and 23 members of parliament demanding the release of detained migrants.

    That same day, those taking part in the hunger strike in el-Ouardia moved from the dormitories to the central courtyard. Al-Monitor has seen videos of police talking with detainees, and Kilamuna reported that although not aggressive, the policeman said those sleeping outside would be taken to prison if they did not return the beds to the dormitories.

    Kofi Stephane is also very concerned about the health of those participating in the hunger strike. “Some people are very weak; they cannot even go outside,” he said.

    The pandemic is shining a stern light on the issue of migrant detention in North Africa. Executive director of the Global Detention Project Michael Flynn told Al-Monitor that “there is considerable pressure by Europe on North African states to stop and halt migrant/refugee movement [toward Europe].”

    Author of the FTDES report Amal el-Makki told Al-Monitor that Tunisia has created a clear policy on migrants and immigration. Regarding el-Ouardia, she said, “There is a lack of clarity around the legal framework that regulates el-Ouardia and its activity. There’s little published legal or regulatory text related to the founding of the center.”

    She added, “For detained migrants, the risk of infection with COVID-19 is greater when there are no preventative measures. And when authorities continue bringing in new groups of immigrants, social distancing is impossible.”

    Flynn said governments “that take these people into custody are responsible for them. It is not just about just releasing [them], but finding a solution where they can be taken care of, where they can do social distancing.”

    As the fifth week of confinement in Tunisia begins, Flynn warned, “I think there is a disaster waiting to happen, and I think they need to find a solution.”

    Minister of Human Rights and Relations with the Constitutional Courts and Civil Society Ayechi Hammami said that of the 53 migrant detainees, the Moroccan government is arranging for the 22 Moroccans detained at el-Ouardia to be repatriated. For those of sub-Saharan origin, there is still no concrete solution.

    Al-Monitor pressed the minister about the status of those migrants who have persistent coughs, and he said, “It is true. There is a lack of testing in Tunisia for COVID-19; there is a doctor in the clinic of el-Ouardia, and it is he who decides to test or not to test.” Spokesperson for FTDES Romdhane Ben Amor said, “Officially there are no cases of COVID-19, but the clinic at el-Ouardia doesn’t have the capacity to test for COVID-19.”

    https://www.al-monitor.com/pulse/originals/2020/04/tunisia-migrants-detention-lack-protection-coronavirus.html
    #rétention #détention_administrative #asile #migrations #réfugiés #coronavirus #covid-19 #grève_de_la_faim #résistance #Tunisie

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    • Témoignage de Rajabu Kilamuna de l’association Migrants sans frontières, enfermé dans le centre de rétention d’#El_Wardiya

      CRIMINALISATION DE LA SOLIDARITE

      Témoignage de Rajabu Kilamuna de l’association Migrants sans frontières, enfermé dans le centre de rétention d’El Wardiya

      Rajabu est fondateur et coordinateur de l’association Migrants sans frontières. Migrants sans frontières est une association de défense des Droits de l’Homme, à caractère humanitaire, qui mène des activités en coopération avec divers partenaires (Tunisie terre d’asile, l’OIM, le HCR, le Conseil tunisien pour les réfugiés, l’Instance tunisienne de Lutte contre la Traite, l’Institut Arabe des Droits de l’homme, l’ALDA, M’nemti, l’Observatoire international des Droits de l’Homme, l’AESAT, Euromed droits …). L’association promeut la liberté de circulation des personnes et agit dans plusieurs domaines pour venir en aide aux personnes migrantes, entre autres : aide médicale, lutte contre l’exploitation au travail, soutien à des micro-projets pour encourager l’autonomisation des migrant.es, lutte contre la traite, soutien juridique aux personnes migrantes et informations concernant leurs droits en Tunisie, accompagnement de la demande d’asile, reconstitutions des liens familiaux, etc… Une partie importante de son travail concerne la défense des personnes migrantes arrêtées de manière arbitraire et/ou envoyées dans des centres de rétention tels que El Wardiya.

      Wardiya est dans son appellation officielle un centre “de réception et d’orientation”, situé dans la banlieue de Tunis à Ben Arous dans l’enceinte du camp paramilitaire de la Garde Nationale où sont enfermées les personnes étrangères de différentes nationalités, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne et considérées comme étant en situation « irrégulière » sur le territoire tunisien. Les personnes étrangères sont généralement appréhendées à l’occasion d’arrestations arbitraires et au faciès. Une fois au centre de Wardiya, elles risquent l’expulsion à la frontière algérienne. La seule manière d’échapper à ce traitement pour les personnes étrangères est de régler leurs pénalités pour séjour irrégulier et de payer elles-mêmes leur billet d’avion pour rentrer dans leur pays d’origine. Si elles acceptent l’offre de retour « volontaire » de l’OIM, les pénalités sont annulées et le billet d’avion pris en charge par l’organisation.

      Concernant ces personnes migrantes enfermées à El Wardia, le soutien apporté par Rajabu consistait principalement à les mettre en contact avec leurs ambassades, des avocat.e.s, des instances juridiques ou encore des organisations de défense des Droits de l’Homme. Il se chargeait également de faire pression sur le HCR pour que l’organisation examine les demandes d’asile déposées depuis le centre. Car dans la plupart des cas, les demandes ne sont examinées que si elles sont transmises par la Police des frontières, qui bien souvent, fait obstacle à ces demandes. Aussi le travail de Rajabu était-il indispensable pour que les potentiels demandeurs d’asile enfermés à El Wardiya puissent malgré tout avoir accès au HCR. Selon lui, il arrive fréquemment que des demandeurs d’asile soient expulsés sans aucun examen préalable de leur demande d’asile.

      Impliqué dans la défense des personnes migrantes enfermées à EL Wardiya, en décembre 2019, Rajabu a assisté à une conférence organisée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), lors de laquelle ce sujet devait être évoqué. A cette occasion, la journaliste Amal El Mekki a pris la parole pour présenter les recherches qu’elles avaient menées sur le centre d’El Wardiya. Elle évoquait le statut juridique très flou de ce centre, les mauvaises conditions de rétention, les expulsions sauvages à la frontière algérienne et les pressions psychologiques pour que les migrants acceptent le retour « volontaire » de l’OIM. A la fin de la présentation de la journaliste, Rajabu était intervenu pour appuyer ses propos et présenter brièvement le travail de son association.

      Le 14 février 2020, Rajabu a été arrêté par la Police de la frontière tunisienne, à proximité de son bureau. Cela fait maintenant deux mois qu’il est enfermé dans le centre d’El Wardiya et il n’a encore reçu aucun motif clair pouvant justifier son arrestation, n’a fait l’objet d’aucune plainte, n’a jamais été conduit au Parquet, ni devant le Procureur de la République. Migrant lui-même en Tunisie depuis 7 ans et demandeur d’asile, il est titulaire d’un titre de séjour provisoire et d’un permis de travail. Il déclare avoir toutes les autorisations nécessaires concernant les activités de son association.

      D’après lui, une seule chose a pu motiver son arrestation : le fait qu’il constituait un témoin gênant et un potentiel obstacle au déroulement des expulsions sauvages depuis le centre d’El Wardiya. Ayant œuvré à la libération de nombreuses personnes (notamment en transmettant leur demande d’asile au HCR), il était selon lui vu comme étant un « bâton dans les roues » de l’administration. Dans le centre, les policiers l’accusent régulièrement d’être une menace à la sécurité nationale, sans lui préciser en quoi.

      Lorsqu’il a été emmené dans le centre d’El Wardiya, Rajabu a immédiatement été isolé seul dans une chambre et privé de téléphone pour l’empêcher de communiquer avec l’extérieur. Alors qu’il est blessé au niveau de la colonne vertébrale, qu’il souffre d’hémorroïdes aiguës et a besoin de changer ses lunettes pharmaceutiques, la Police de la Frontière et la Garde Nationale lui interdisent depuis son arrivée l’accès à des soins à l’hôpital. Malgré les tentatives d’isolement, Rajabu a réussi à se procurer des téléphones auprès de ses camarades pour alerter les Organisations des Droits de l’Homme sur sa situation.

      Rajabu est dans l’incertitude concernant son sort et en insécurité permanente. Depuis son arrivée dans le centre, il est régulièrement menacé d’expulsion. Il a répété plusieurs fois à la Police qu’il craignait des persécutions pour sa vie en cas de retour dans son pays d’origine en sa qualité de réfugié politique. La Police lui a alors dit qu’il n’avait qu’à aller dans un autre pays africain comme le Sénégal ou le Maroc.

      Le 18 février 2020, il a tenté de déposer une demande d’asile depuis le centre d’El Wardiya, à laquelle il a joint les demandes de 23 autres personnes migrantes enfermées avec lui, qui n’avaient pas encore pu avoir accès au HCR jusqu’alors. Malgré cette demande de protection, la Police de la Frontière a expulsé 6 d’entre elles, de nationalité guinéenne, à la frontière algérienne (lesquelles ont ensuite été expulsées au Niger par les autorités algériennes). Avant même que Rajabu ait passé son entretien avec un officier de protection du HCR, les policiers sont allés chercher son passeport dans son bureau en vue de son expulsion. Après celle des personnes guinéennes, Rajabu a assisté à deux autres expulsions. La première concernait 9 personnes, qui toutes sont retournées en Tunisie avant d’être à nouveau arrêtées par la police tunisienne et reconduites à El Wardiya. La seconde expulsion concernait 5 personnes dont 4 mineurs, lesquels, suite à la médiatisation de leur situation et aux pressions de la société civile, ont pu finalement être libérés et reconduits à Tunis pour le dépôt d’une demande d’asile auprès du HCR.

      Concernant les conditions dans le centre, Rajabu les décrit comme très difficiles. Ils sont environ 60 à y être enfermés dont 6 femmes. Les mesures préventives contre le COVID 19 ne sont pas respectées selon les normes de l’OMS. Les conditions sanitaires sont déplorables, avec seulement deux douches qui sont très sales. Ils reçoivent trois repas par jours mais les quantités sont insuffisantes et l’eau potable manque. Dans le réfectoire, il n’y a que 6 chaises pour tout le monde. Il n’y a qu’une prise de courant pour recharger les téléphones de l’ensemble des personnes enfermées.

      Depuis le lundi 6 avril, les personnes détenues à Wardiya sont en lutte. Certaines ont commencé une grève de la faim pour protester contre leur situation, ne buvant qu’un peu d’eau sucrée et salée. Depuis le jeudi 10 avril, ces personnes, ne recevant aucune suite favorable à leurs doléances, refusent de se laisser parquer dans les dortoirs la nuit (dont les portes sont fermées par des barres métalliques avec cadenas et sans lumière à l’intérieur) et ont sorti tous les matelas dehors. L’administration du centre a alors dressé une liste des contestataires et depuis le début du mouvement, leur fait subir diverses pressions.

      Rajabu a réussi à alerter plusieurs organisations sur sa situation, notamment le FTDES, Amnesty International, l’Organisation M’nemti, l’Observatoire International des Droits de l’homme, le Haut-commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, la Ligue Tunisienne des Droits de l’homme, l’Organisation mondiale contre la torture… Il est également soutenu par des personnalités politiques, des avocat.es, divers médias ainsi que des journalistes indépendant.e.s. En revanche, aucun de ses partenaires n’ont répondu à ses appels à l’aide (OIM, ALDA, Tunisie terre d’asile, EUROMED…).

      Alors que pendant des années, il s’en est fait le défenseur et le porte-parole, le sort qu’il subit actuellement est celui de toutes les personnes en exil qui se heurtent à la violence des politiques migratoires !

      La criminalisation de ses activités solidaires avec les personnes migrantes et les tentatives de réduction au silence dont il fait l’objet sont inacceptables !

      Stop à la criminalisation de la solidarité et à l’enferment des migrant.es !

      https://ftdes.net/temoignage-de-rajabu-kilamuna-de-lassociation-migrants-sans-frontieres-enferm

    • Communiqué

      Centre #El_Ouardia, des personnes migrantes privées de leur liberté sans garanties judiciaires

      Tunis le 30 avril 2020,
      Sous l’appellation officielle et neutre de « centre d’accueil et d’orientation », le centre de El Ouardia est bel est bien un centre de rétention pour personnes migrantes, bien que son statut juridique soit pour le moins incertain.
      Préoccupées par des récents mouvements de protestation de la part des migrants détenus qui ont éclatés en pleine pandémie, les organisations signataires ont souhaité demander des explications aux autorités compétentes sur la nature et le fondement juridique de la détention dans ce centre.
      Ainsi, un courrier officiel a été adressé au gouvernement tunisien et au conseil supérieur de la magistrature, en date du 28 avril 2020
      D’après les informations récoltées, le centre accueillerait actuellement plusieurs dizaines de personnes migrantes, bien que ce nombre varie continuellement avec des libérations et de nouveaux placements en détention, en dépit du risque sanitaire lié au COVID-19. Toutes les personnes détenues ont en commun d’être de nationalité étrangère et d’ignorer le fondement juridique de leur détention. Certaines personnes migrantes seraient détenues à El Ouardia pour absence de titre de séjour, tandis que d’autres auraient fait l’objet d’une condamnation pénale. Le fondement juridique de la privation de liberté reste à éclaircir, qu’il s’agisse de rétention administrative ou de détention.
      L’opacité qui entoure ce centre et le manque d’informations fournies aux détenu.e.s sur leur situation juridique depuis toujours fait craindre que nous soyons face à des cas de détention arbitraire systématique, allant à l’encontre de la constitution tunisienne et de ses engagements internationaux.
      Aussi, les organisations signataires ont demandé officiellement aux autorités concernées de clarifier instamment les fondements juridiques de la privation de liberté des personnes détenues à El Ouardia et de prendre toute mesure à même de faire cesser cette détention s’il est établi qu’elle est dénuée de fondement juridique et par conséquent arbitraire. Les organisations ont en outre appelé les autorités juridictionnelles à exercer un contrôle prompt et efficace sur la légalité de ces détentions. .
      La situation est d’autant plus urgente pour les détenu.e.s en cette période de crise sanitaire provoquée par la propagation du COVID-19. Le risque sanitaire est en effet plus important dans les centres de détention où les gestes barrières et la distanciation sociale ne peuvent pas être observés aussi aisément qu’à l’extérieur. Ce risque pourrait s’accroitre avec l’arrivée de nouveaux détenus, d’où l’urgence de clarifier le statut juridique de ce centre et des personnes qui y sont privées de liberté.

      Les organisations signataires :

      Avocats Sans Frontières (ASF)
      Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES)
      Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT)
      Tunisie Terre d’asile
      Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD)
      Association Beity
      Damj

      L’Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche sur le Développement (AFTURD) Association de défense des libertés individuelles (ADLI)

      Le Comité pour le respect des libertés et les droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT)

      Association By Lahwem ?

      L’Association « Vigilance pour la Démocratie et l’État Civique

      Communiqué reçu via la mailing-list Migreurop, le 30.04.2020

  • COVID–19 : Le Défenseur des droits recommande à nouveau la fermeture immédiate de tous les centres de rétention administrative en activité | Défenseur des Droits
    https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/communique-de-presse/2020/04/covid-19-le-defenseur-des-droits-recommande-a-nouveau-la-fermetur

    Depuis cette date, d’une part, les placements se sont poursuivis dans des proportions non marginales, ce qui n’est d’ailleurs pas contesté par le ministre de l’Intérieur dans son courrier au Défenseur des droits en date du 9 avril, d’autre part, la situation sanitaire n’a cessé de se dégrader et plusieurs étrangers et personnels du CRA de Vincennes ont été testés positifs au COVID-19, si bien que le tribunal administratif de Paris, par décision du 15 avril 2020, a reconnu la carence des autorités et leur a enjoint de ne plus placer d’étrangers, pour une durée de 14 jours, dans le centre de Vincennes.

    #CRA #rétention_administrative #droits
    Le défenseur des droits cause toujours...

  • Carta aberta. Covid-19 e os Centros de Detenção em #Portugal : 41 associações e mais de 100 cidadãos pedem libertação dos migrantes

    –-> #Lettre_ouverte. Covid-19 et les centres de détention au Portugal : 41 associations et plus de 100 citoyens demandent la libération des migrants

    Numa iniciativa promovida pelos colectivos HuBB - Humans Before Borders, SOS Racismo e Colectivo Migrações e Justiça, cidadãos e organizações da sociedade civil de todas as áreas assinaram uma carta aberta ao Governo Português apelando à libertação imediata de todas as pessoas detidas pela sua condição de migrante

    A pandemia que hoje enfrentamos é um dos maiores desafios do nosso tempo, que impõe a urgência de acudir às pessoas mais vulnerabilizadas.

    Os #Centros_de_Instalação_Temporária (#CITs) e #Espaços_Equiparados (#EECITs) geridos pelo #Serviço_de_Estrangeiros_e_Fronteiras (#SEF) detêm requerentes de asilo (nos termos do Artigo 35.º-A da Lei de Asilo), bem como pessoas cuja entrada no país foi recusada e migrantes que se tornaram ‘irregulares’ por não terem conseguido obter ou renovar a sua autorização de residência. Todas estas pessoas permanecem nestes centros sem terem cometido qualquer crime, mas tão somente pela sua condição de migrante indocumentado/a.

    Os CITs e os EECITs não garantem a segurança e os direitos das pessoas detidas, nem as condições de saúde e higiene necessárias para enfrentar a ameaça do novo coronavírus. Os centros, na grande maioria, não dispõem de quartos privados mas apenas de camaratas, e as instalações, sobretudo nos aeroportos, encontram-se frequentemente sobrelotadas. Os funcionários entram e saem das instalações, onde o distanciamento social é uma impossibilidade, e contribuem assim para um potencial contágio e disseminação do vírus, aumentando o risco de transmissão comunitária dentro e fora destas instituições.

    No relatório do Mecanismo Nacional de Prevenção contra a Tortura (MNP) de 2018, redigido pela Provedoria de Justiça, apontam-se graves dificuldades no acesso à saúde das pessoas detidas, que são acompanhadas por voluntários da organização não-governamental Médicos do Mundo. Para além disto, pessoas que frequentemente passaram por traumas e violência graves são deixadas sem qualquer apoio psicológico e muitas vezes até jurídico. Seja através de relatórios de entidades públicas, como no caso do MNP, seja através de relatos de advogados/as, das próprias pessoas detidas e familiares ou de organizações não-governamentais, torna-se claro que os centros de detenção não estão capacitados para gerir uma crise de saúde pública.

    Contudo, os riscos não se prendem apenas com o contágio, mas também com questões legais e morais. A detenção de migrantes e requerentes de asilo legitima a criminalização da liberdade de circulação, reforçando assim o racismo e a xenofobia. Deter pessoas exclusivamente pela sua condição de migrantes é questionável, mas numa altura em que a maioria dos voos está suspensa e portanto os repatriamentos para os países de origem estão impossibilitados, é simplesmente indefensável do ponto de vista legal e moral, como apontou, por exemplo, o grupo de investigação Border Criminologies da Universidade de Oxford.

    Os acontecimentos do passado dia 12 de Março, em que alegadamente três inspectores do SEF torturaram e assassinaram Ihor Homeniuk, um cidadão Ucraniano, no EECIT do aeroporto de Lisboa, vieram confirmar a condição de vulnerabilidade das pessoas detidas nestes centros independentemente do aparecimento do vírus. Embora dotado de uma brutalidade particular, este não é um caso isolado no que toca a agressões dentro destes centros. O MNP tem vindo a reportar “relatos de maus-tratos alegadamente levados a cabo pelos oficiais do SEF durante o controlo à entrada em território nacional”.

    Em Julho de 2018, um despacho do Ministro da Administração Interna determinou que a permanência máxima de menores de idade inferior a 16 anos, quando acompanhados, seja de 7 dias úteis. Esta medida, ainda que um passo na direcção certa, fica aquém da situação ideal. A detenção de menores, acompanhados ou não, seja por que período for, nunca protege os seus interesses e constitui uma grosseira violação de todas as convenções de proteção dos direitos das crianças.

    Num recente comunicado, a Comissária para os Direitos Humanos do Conselho da Europa, Dunja Mijatović, referiu que vários países europeus como a Bélgica, Espanha, a Holanda e o Reino Unido já libertaram migrantes detidos como resposta a esta crise, exortando os restantes estados a fazer o mesmo. Afirmou ainda que “os estados membros devem garantir que as pessoas libertadas de centros de detenção tenham acesso apropriado a alojamento e a serviços básicos, incluindo à saúde. Isto é necessário para salvaguardar a sua dignidade, bem como a saúde pública nos estados membros”. A mesma invocação veio da Alta Comissária das Nações Unidas para os Direitos Humanos, Michelle Bachelet, que alertou os governos para que não se esqueçam destas pessoas que são as mais vulnerabilizadas.

    Temos evidência que, mesmo depois do Despacho n.° 3863-B/2020, várias pessoas, adultos e menores, continuam retidas nestes centros. Devido à falta de informação pública e transparente acerca destas instituições e do que lá se passa, não é possível saber qual é o desenvolvimento da situação nos dias de hoje e isto levanta grandes preocupações. O Governo Português tem agora a oportunidade de garantir a segurança tanto dessas pessoas quanto dos/as funcionários/as que trabalham nestes centros, e desse modo contribuir para a segurança da sociedade em geral. É de extrema importância que o Governo aja agora, antes de se dar o cenário previsível do sobrecarregamento dos serviços de saúde.

    Face à pandemia em curso, com duração e consequências imprevisíveis, os signatários da presente carta aberta apelam ao Governo Português para que:

    a) sejam libertadas imediatamente todas as pessoas que ainda se encontram detidas e fechados todos os CITs e EECITs operativos;

    b) estas pessoas sejam incluídas no Despacho n.° 3863-B/2020 de 27 de Março, por forma a garantir-lhes o direito à saúde, assim como a todos os direitos de proteção social de salvaguarda da sua dignidade humana;

    c) reavalie a pertinência da existência destes centros, cujos custos humano e económico são, na melhor das hipóteses, totalmente evitáveis, não apenas em tempos de pandemia mas em geral.

    https://expresso.pt/opiniao/2020-04-09-Carta-aberta.-Covid-19-e-os-Centros-de-Detencao-em-Portugal-41-a

    #détention_administrative #migrations #asile #réfugiés #covid-19

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    https://seenthis.net/messages/835410

  • Premier cas de #coronavirus confirmé dans un #centre_de_rétention pour migrants

    Une personne a été testée positive au coronavirus jeudi dans un centre de rétention administrative (CRA) parisien, a appris l’AFP de sources concordantes, premier cas de contamination confirmé dans ces lieux où sont enfermés les migrants en attente d’expulsion. « Une personne retenue vient d’être testée positive au Covid-19 dans les CRA de #Paris-Vincennes, où 54 personnes sont encore enfermées », a indiqué jeudi l’Assfam, association qui apporte un soutien juridique aux étrangers dans ce centre.

    « La santé et la vie des personnes retenues sont mises en danger dans ces centres, où les mesures sanitaires de prévention et protection contre le Covid-19 ne sont pas, et ne peuvent pas, être mises en place », précise l’association qui a exercé son droit de retrait il y a quelques semaines pour protester contre le maintien en rétention sur fond de pandémie, mais qui poursuit une activité « à distance ».

    La personne contaminée a été « isolée dans une chambre individuelle » en attente de transfert en structure hospitalière, a confirmé une source policière. Il s’agit du « premier cas confirmé dans un CRA », a réagi David Rohi, spécialiste de la rétention à l’association La Cimade, intervenant dans de nombreux CRA. Selon lui, le retenu contaminé est entré en rétention le 7 mars et a « donc été contaminé à l’intérieur » : « C’est exactement ce que nous craignions », a-t-il ajouté.

    Ces dernières semaines, la poursuite de l’activité des CRA a fait l’objet d’un bras de fer entre le gouvernement, d’un côté, et les organisations de défense des migrants et les avocats, de l’autre. Le Conseil d’Etat a tranché le débat fin mars, en décidant que ces établissements pouvaient rester ouverts, jugeant que le maintien en rétention n’est pas un « facteur d’évolution de l’épidémie », contrairement à ce qu’affirmaient plusieurs organisations en réclamant la « fermeture temporaire ».

    Ces dernières semaines, le CRA se sont progressivement vidés, sous l’impulsion de décisions de remises en libertés par des juges.

    Sur quelque 1.900 places, seuls 184 personnes y étaient retenues jeudi, a affirmé Christophe Castaner plus tôt devant une commission de l’Assemblée nationale. « Je n’ai pas souhaité fermer les CRA parce qu’il y a à l’intérieur des sortants de prison, (...) parce que nous continuons à procéder dans certains cas, et il est vrai que c’est beaucoup plus difficile, à des expulsions », a ajouté le ministre de l’Intérieur. Le Conseil d’Etat, a-t-il insisté, « a considéré que les mesures que nous avons mises en oeuvre (...) ne permettaient pas de considérer que la santé de ceux qui étaient dans les CRA était menacée ».

    https://www.lefigaro.fr/flash-actu/premier-cas-de-coronavirus-confirme-dans-un-centre-de-retention-pour-migran
    #covid-19 #CRA #rétention #détention_administrative #France #migrations #asile #réfugiés #Vincennes

    ping @thomas_lacroix @karine4 @isskein

    • Blocage en cours du CRA de Mesnil-Amelot, les prisonniers demandent la libération de tous et annoncent qu’ils vont passer la nuit dehors et qu’ils entament une grève de la faim
      https://paris-luttes.info/enfermer-enfermer-toujours-la-13796#maj57619

      # Mise à jour : aujourd’hui à 21h57
      Blocage en cours du CRA de Mesnil-Amelot, les prisonniers demandent la libération de tous !
      Les retenus annoncent qu’ils vont passer la nuit dehors et qu’ils entament une grève de la faim !

      « On a bloqué on s’est mis tous dans une cour, c’est à dire les 4 bâtiments qui étaient ouverts dans la cour tous ensemble. Tant qu’ils trouvent pas de solution on bougera pas d’ici ! Tout à l’heure ils nous ont gazé matraqués ils ont des boucliers, depuis tout à l’heure on subit des violences pour rien ! Là ils sont à la sortie de la cour vers la grille matraque à la main, casque et ce qui va avec ! Que les journalistes nous appellent mais là ! Maintenant ! »

      [les numéros des cabines au CRA de Mesnil Amelot : ]

      -- > https://abaslescra.noblogs.org/blocage-en-cours-du-cra-de-mesnil-amelot-les-prisonniers-demande

      #luttes_collectives

    • SÔS – 22h50 – Émeute au Centre de rétention de Vincennes : quatrième cas de covid-19
      https://leparia.fr/sos-22h50-emeute-au-centre-de-retention-de-vincennes-quatrieme-cas-de-covid-

      Ce soir à l’instant les sans-papiers enfermés au centre de rétention de Vincennes nous informent de la présence d’un quatrième cas de Covid-19.

      LES RETENUS AFFRONTENT ACTUELLEMENT LA POLICE POUR EXIGER L’HOSPITALISATION EN URGENCE DE LEUR COMPAGNON

      Ce dernier est épuisé ne peut plus respirer correctement. La police refuse d’appeler une ambulance, osant leur dire qu’il sera testé mardi. Il n’a vu aucun médecin et souffre.

      Ils exigent, soit d’être expulsés, soit d’être libérés, mais refusent catégoriquement d’être contaminés les uns après les autres enfermés dans cette prison loin de leurs proches.

      SÔS soutien ô sans papiers accuse par avance les autorités qui seront comptables des drames sanitaires et humains et de la violence qui se joue en ce moment au centre de rétention de Vincennes.

      Témoignages en direct du CRA de Vincennes [audio sur le site source]

      Nouveaux témoignanges – 12 avril 2020 – aux alentours de minuit
      Les policiers ont fini par accepter d’hospitaliser la personne atteinte par le coronavirus, sous la pression des prisonniers révoltés du centre de rétention. La peur demeure très forte

      Gageons que comme au Mesnil Amelot hier une des réponses sera de prendre les téléphones des retenus....

  • El covid19 aísla aún más a las personas migrantes en #Ceuta y #Melilla

    Debido al aislamiento derivado del estado de alarma, las problemáticas habituales, como son la situación de los centros de estancia temporal de inmigrantes o la de los niños y adolescentes que viven solos en las ciudades, se han visto agravadas en las ciudades autónomas.

    La situación de las ciudades autónomas de Ceuta y Melilla siempre ha sido especial, y no necesariamente para bien. Las situaciones extremas lo son más en los enclaves más aislados, motivo por el que se justifica el sempiterno sentimiento de abandono que tienen los habitantes de ambas ciudades autónomas. Lo que pasa en Ceuta y Melilla se queda en Ceuta y Melilla.

    Las problemáticas habituales, como son la situación de los centros de estancia temporal de inmigrantes o la de los niños y adolescentes que viven solos en las ciudades, se han visto agravadas desde que se decretó el estado de alarma el pasado día 14 de marzo. El aislamiento en el que viven las personas residentes en Ceuta y Melilla con el cierre de las rutas marítimas o aéreas a la península y de la frontera terrestre con Marruecos se hace más patente en el caso de las personas migrantes que no tienen la posibilidad de traslados por motivos laborales u otras excepciones que se pudieran prever.

    A esto, además, hay que añadir la situación en la viven las personas trabajadoras transfronterizas que se han quedado atrapadas en Ceuta o Melilla tras el cierre de la frontera con Marruecos. Para estas personas, los y las vecinas han habilitado lugares en sus propias casas, garajes o locales —incluso las mezquitas de la ciudad— donde darles cobijo hasta que puedan volver a sus casas, así como en los recursos que ambas ciudades han habilitado para la población en situación de calle.

    Pero la preocupación se centra sobre todo en las personas que se encuentran en los centros de estancia temporal (CETI), así como en aquellas personas migrantes que viven en las ciudades autónomas, sin domicilio, en situación de calle. Con respecto a los primeros en Ceuta, según aseguró la Delegación del Gobierno, la situación sigue siendo insostenible en algunos casos, a pesar de que han sido trasladas un total de 142 personas desde el comienzo de las restricciones de movimiento desde el centro de estancia temporal a la península con el fin de “descongestionar el centro”.

    La propia Delegación de Gobierno reconoce que no están previstos más traslados a la península. Las personas que han sido trasladadas, lo han sido a centros de acogida de Andalucía y, en menor medida, Castilla-La Mancha. Sin embargo, aún quedan muchas personas en los CETI; muchas de ellas llevan entre ocho y diez meses en la ciudad, pero, sin embargo, no han sido tenidas en cuenta para los traslados.

    Por este motivo se denuncia que existe discriminación con respecto a las personas de origen marroquí que, precisamente por ello, han iniciado una huelga de hambre este pasado fin de semana a fin de visibilizar su situación, denunciar esta discriminación e interpelar a la Delegación de Gobierno para que continúe con los traslados.

    Pero la preocupación no ha hecho sino crecer con la noticia de hace unas horas de un bebé de 18 meses que se encontraba en el #CETI y ha dado positivo en covid19. Ya se encuentra en el hospital, pero la Delegación de Gobierno insiste en que las condiciones en que se encuentran en el centro son las correctas.

    Según la denuncia de CGT Ceuta, el hacinamiento sigue impidiendo el cumplimiento de las medidas recomendadas por el Ministerio de Sanidad, como la de mantener una distancia de seguridad. Esta distancia de seguridad no se da ni en los espacios comunes ni en las propias habitaciones, donde se concentran hasta diez personas durmiendo en literas. Según imágenes difundidas por El Faro, los residentes del CETI se encuentran comiendo a escasos centímetros unos de otros.

    La situación en Melilla es similar. Las organizaciones denuncian una importante masificación de personas sin que se esté llevando a cabo ningún protocolo de seguridad y sin que existan equipos de protección suficientes. Con más de 1.600 personas en el centro, cerrado, la situación es insostenible. Especialmente para las mujeres, que se encuentran en un espacio fuertemente masculinizado. Sin poder mantener la distancia de seguridad en ninguno de los espacios, sin jabón, que hace tiempo que no llega, con colas para comer de hasta dos horas, y sin poder asegurar tratamiento adecuado a algunas de las personas con enfermedades crónicas. Con esta situación, preocupa y mucho la posibilidad de que se dé algún caso positivo de coronavirus, ya que, dada la situación, la exposición sería total para el resto de personas que se encuentran en el centro.

    Las demandas en este sentido son claras; equipos de protección adecuados, descongestión del CETI habilitando otros espacios para poder realizar traslados e instalación de puntos wifi para que quienes se encuentran ahí confinados puedan comunicarse con el exterior y rebajar así la tensión que la incomunicación está provocando. Así lo han manifestado desde las asociaciones Prodein y Geum Dodou.

    Tal y como está ocurriendo en otros centros de similar naturaleza, las denuncias van más allá de las condiciones del internamiento y afectan también al personal que trabaja en ellos. La falta de equipos de protección individual o medidas y material de higiene aumenta las posibilidades de contagio tanto de los propios trabajadores y personal policial como de las personas migrantes que se encuentran confinadas en los mismos.

    Con el último envío del Gobierno para las comunidades autónomas se han repartido 10.106.908 mascarillas entre las autonomías y 35.103 gafas de protección, 9.673.100 guantes de nitrilo, 64.713 batas desechables e impermeables, 141.800 soluciones hidroalcohólicas, 56 dispositivos de ventilación mecánica invasiva, 80.942 buzos, 328.00 unidades de calzas, delantales, cubremangas y gorros y 640 ventiladores no invasivos. Estos están siendo gestionados por el INGESA (Instituto Nacional de Gestión Sanitaria) pero se desconoce aún si el número de estas equipaciones que finalmente ha llegado a Ceuta y Melilla y, en concreto, a los espacios a que hacemos referencia serán o no suficientes.

    Con respecto a las personas que se encuentran fuera de los CETI y que se encontraban en las calles de ambas ciudades, han sido repartidas, en el caso de Ceuta, entre el Pabellón Polideportivo La Libertad, los adultos, y el Polideportivo Santa Amelia, los niños y jóvenes no acompañados. En el caso de Melilla, la medida tomada ha sido similar: tanto niños como adultos que se encuentran en la calle han sido trasladados en su mayoría, en primer lugar, al polideportivo, y ahora a una carpa habilitada al efecto. Sin embargo, estas medidas no están exentas de problemas debido a la naturaleza del confinamiento y las condiciones del mismo. Las personas allí confinadas coinciden en el frío y la humedad de los espacios, así como las constantes tensiones que se viven en ellos.

    Especial preocupación genera también la situación de los niños y jóvenes que migran solos y que se encuentran en Ceuta o Melilla, tanto los que se encontraban en los centros de acogida como los que se encontraban en las calles, algunos de estos últimos, ahora en los centros de acogida. Veíamos hace ya algunas semanas unas imágenes que mostraban el hacinamiento en el que se encontraban los niños en el centro de La Purísima. Un hacinamiento, por otro lado, habitual en otros momentos, pero que en esa situación se mostraba incompatible con el cumplimiento de las medidas de seguridad para evitar contagios.

    Según denuncian las organizaciones, podría haber en el centro ahora mismo unos 900 niños y jóvenes, hacinados, durmiendo en literas e incluso compartiendo cama. Por ese motivo, desde el centro de acogida de menores La Purísima se comunicó el traslado de unos 150 niños y adolescentes a las cabañas del camping de Rostrogordo habilitadas para dar una solución habitacional a las personas sin hogar de la ciudad autónoma de Melilla en tanto dure esta situación. Sin embargo, al cierre de este artículo aún no se había producido el traslado. Preocupan a las organizaciones como Prodein las condiciones en las que se encuentran y se deja a los niños que se quedan en La Purísima, sin visos de mejorar, preocupación que comparten también los propios niños y trabajadores del centro.

    En el caso de Ceuta, se está preparando, según el Gobierno de la ciudad, el traslado de 230 niños y adolescentes del Centro de La Esperanza a una parcela habilitada en la carretera del Serrallo, y así descongestionar el centro, en el que este momento había unas 400 personas.

    Ya hace algunos días, desde el Servicio Jesuita a Migrantes manifestaban su preocupación por la situación que se estaba dando en la Frontera Sur, especialmente en los sobresaturados CETI y con respecto a los niños de los centros de menores.

    “Deben tomarse de manera urgente las medidas de prevención necesarias que aseguren la higiene continua y el aislamiento social de sus internos para evitar un eventual contagio masivo. Igualmente deben tomarse actuaciones extraordinarias que faciliten la convivencia mientras dure la situación de confinamiento; más si cabe ante la situación de pseudoprivación de libertad en que se encuentran”, señalaban. Medidas similares a las pedidas en otros ámbitos, pero que cobran especial relevancia dentro de la excepcionalidad de las ciudades autónomas.

    https://www.elsaltodiario.com/coronavirus/covid19-aisla-aun-mas-migrantes-Ceuta-Melilla
    #asile #migrations #réfugiés #Espagne #Maroc #isolement #coronavirus #covid-19 #rétention #détention_administrative

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    • Traduction en français :

      Covid19 isole davantage les migrants à Ceuta et Melilla

      En raison de l’isolement résultant de l’état d’alerte, les problèmes habituels, tels que la situation des centres de séjour temporaire des immigrants ou celle des enfants et des adolescents vivant seuls dans les villes, se sont aggravés dans les villes autonomes.

      1 Avr 2020 15:28

      La situation des villes autonomes de Ceuta et Melilla a toujours été particulière, et pas nécessairement pour le mieux. Les situations extrêmes le sont davantage dans les enclaves les plus isolées, ce qui justifie l’éternel sentiment d’abandon qu’éprouvent les habitants des deux villes autonomes. Ce qui se passe à Ceuta et Melilla reste à Ceuta et Melilla.

      Les problèmes habituels, tels que la situation dans les centres de séjour temporaire des immigrés ou celle des enfants et des adolescents vivant seuls dans les villes, se sont aggravés depuis que l’état d’alerte a été décrété le 14 mars dernier. L’isolement dans lequel vivent les habitants de Ceuta et Melilla avec la fermeture des routes maritimes ou aériennes vers la péninsule et la frontière terrestre avec le Maroc est plus évident dans le cas des migrants qui n’ont pas la possibilité de transferts à des fins de travail ou d’autres exceptions qui pourraient être envisagées.

      Il faut ajouter à cela la situation des travailleurs frontaliers qui ont été bloqués à Ceuta ou Melilla suite à la fermeture de la frontière avec le Maroc. Pour ces personnes, les voisin.e.s ont aménagé des lieux dans leurs propres maisons, garages ou locaux - y compris les mosquées de la ville - où ils peuvent être hébergés jusqu’à ce qu’ils puissent retourner chez eux, ainsi que dans les ressources que les deux villes ont mises en place pour la population des rues.

      L’isolement de Ceuta et Melilla avec la fermeture des routes maritimes ou aériennes vers la péninsule et la frontière terrestre avec le Maroc est plus évident dans le cas des migrants

      Mais la préoccupation concerne surtout les personnes dans les centres de séjour temporaire (CETI), ainsi que les migrants vivant dans les villes autonomes, les sans-abri et dans la rue. En ce qui concerne le premier à Ceuta, la délégation gouvernementale a déclaré que la situation est toujours insoutenable dans certains cas, malgré le fait qu’un total de 142 personnes ont été déplacées du centre de séjour temporaire vers le continent depuis le début des restrictions de mouvement afin de « décongestionner le centre ».

      La délégation gouvernementale elle-même reconnaît qu’aucun autre transfert vers la péninsule n’est prévu. Les personnes qui ont été transférées l’ont été dans des centres d’accueil en Andalousie et, dans une moindre mesure, en Castille-La Manche. Cependant, le CETI compte encore de nombreuses personnes ; beaucoup d’entre elles sont en ville depuis huit à dix mois, mais n’ont pas été prises en compte pour les transferts.

      Pour cette raison, il est dénoncé qu’il existe une discrimination à l’encontre des personnes d’origine marocaine qui, précisément pour cette raison, ont entamé une grève de la faim le week-end dernier afin de rendre leur situation visible, de dénoncer cette discrimination et d’appeler la délégation gouvernementale à poursuivre les transferts.

      Mais l’inquiétude n’a fait que croître avec la nouvelle, il y a quelques heures, d’un bébé de 18 mois qui était au CETI et qui a été testé positif au covid19. Il est déjà à l’hôpital, mais la délégation gouvernementale insiste sur le fait que les conditions dans lesquelles il se trouve dans le centre sont correctes.

      Selon la plainte de la CGT Ceuta, la surpopulation continue d’empêcher le respect des mesures recommandées par le ministère de la Santé, telles que le maintien d’une distance de sécurité. Cette distance de sécurité n’existe ni dans les espaces communs ni dans les chambres elles-mêmes, où sont concentrées jusqu’à dix personnes qui dorment dans des lits superposés. Selon les images diffusées par El Faro, les habitants du CETI se nourrissent à quelques centimètres les uns des autres.

      Dans le CETI de Ceuta, la surpopulation continue d’empêcher le respect des mesures recommandées par le ministère de la santé

      La situation à Melilla est similaire. Les organisations dénoncent une importante massification des populations sans qu’aucun protocole de sécurité ne soit appliqué et sans que les équipements de protection soient suffisants. Avec plus de 1 600 personnes dans le centre, qui est fermé, la situation est intenable. Surtout pour les femmes, qui se trouvent dans un espace fortement masculinisé. Sans pouvoir maintenir une distance de sécurité dans aucun des espaces, sans savon, qui n’est plus disponible depuis longtemps, avec des files d’attente pour manger pendant deux heures, et sans pouvoir assurer un traitement adéquat pour certaines personnes souffrant de maladies chroniques. Dans cette situation, la possibilité d’un cas positif de coronavirus est très préoccupante, car, vu la situation, l’exposition serait totale pour le reste des personnes du centre.

      Les exigences à cet égard sont claires : équipements de protection adéquats, décongestion du CETI en permettant de déplacer d’autres espaces et installation de points wifi afin que ceux qui y sont confinés puissent communiquer avec l’extérieur et ainsi réduire la tension que provoque l’incommunication. C’est ce qu’ont déclaré les associations Prodein et Geum Dodou.

      Comme dans d’autres centres de même nature, les plaintes vont au-delà des conditions d’enfermement et touchent également le personnel qui y travaille. Le manque d’équipements de protection individuelle ou de mesures et de matériels d’hygiène augmente les risques de contagion tant pour les travailleurs et le personnel de police eux-mêmes que pour les migrants qui y sont confinés.

      Avec le dernier envoi du gouvernement aux Communautés autonomes, 10 106 908 masques ont été distribués dans les Communautés autonomes, ainsi que 35 103 lunettes de protection, 9 673 100 gants en nitrile, 64 713 blouses jetables et imperméables, 141 800 solutions hydro-alcooliques, 56 dispositifs de ventilation mécanique invasive, 80 942 scaphandres, 328 00 collants, tabliers, housses et casquettes, et 640 ventilateurs non invasifs. Ceux-ci sont gérés par l’INGESA (Institut national de gestion de la santé) mais on ne sait pas encore si le nombre de ces appareils qui ont finalement atteint Ceuta et Melilla et, plus précisément, les espaces mentionnés sera suffisant ou non.

      En ce qui concerne les personnes extérieures au CETI qui se trouvaient dans les rues des deux villes, elles ont été réparties, dans le cas de Ceuta, entre le Pavillon du Polideportivo La Libertad, les adultes, et le Polideportivo Santa Amelia, les enfants et les jeunes non accompagnés. Dans le cas de Melilla, la mesure prise a été similaire : les enfants et les adultes qui se trouvent dans les rues ont été déplacés pour la plupart, d’abord vers le centre sportif, et maintenant vers une tente installée à cet effet. Toutefois, ces mesures ne sont pas sans poser de problèmes en raison de la nature de l’enfermement et des conditions qui y sont liées. Les personnes qui y sont confinées coïncident dans le froid et l’humidité des espaces, ainsi que dans les tensions constantes qui y sont vécues.

      La situation des enfants et des jeunes qui émigrent seuls et qui se retrouvent à la fois dans les centres d’accueil et dans la rue est particulièrement préoccupante

      La situation des enfants et des jeunes qui émigrent seuls et qui se trouvent à Ceuta ou à Melilla est particulièrement préoccupante, qu’ils aient été placés dans des centres d’accueil ou qu’ils soient dans la rue, certains de ces derniers se trouvant maintenant dans des centres d’accueil. Il y a quelques semaines, nous avons vu des images qui montraient la surpopulation dans laquelle se trouvaient les enfants au centre de La Purisima. Le surpeuplement, était courant à d’autres moments, mais dans cette situation, il était incompatible avec le respect des mesures de sécurité visant à prévenir la contagion.

      Selon les organisations, il pourrait y avoir quelque 900 enfants et jeunes dans le centre en ce moment, entassés, dormant dans des lits superposés et partageant même un lit. C’est pourquoi le refuge pour mineurs La Purísima a signalé le transfert de quelque 150 enfants et adolescents vers les cabanes du camping de Rostrogordo, qui ont été mises en place pour offrir une solution de logement aux sans-abri de la ville autonome de Melilla tant que durera cette situation. Toutefois, au moment de la rédaction du présent document, le transfert n’avait pas encore eu lieu. Des organisations telles que Prodein s’inquiètent des conditions dans lesquelles les enfants qui restent à La Purísima sont laissés sans aucun signe d’amélioration, une inquiétude qui est également partagée par les enfants et les travailleurs du centre.

      Dans le cas de Ceuta, selon le gouvernement municipal, des préparatifs sont en cours pour transférer 230 enfants et adolescents du centre La Esperanza vers un terrain réservé sur la route Serrallo, afin de désengorger le centre, qui comptait à l’époque quelque 400 personnes.

      Il y a quelques jours déjà, le Service Jésuite des Migrants a exprimé sa préoccupation quant à la situation qui règne à la frontière sud, en particulier dans le CETI surpeuplé et en ce qui concerne les enfants dans les centres pour mineurs.

      « Les mesures préventives nécessaires doivent être prises d’urgence pour assurer l’hygiène continue et l’isolement social des détenus afin d’éviter une éventuelle contagion massive. De même, des mesures extraordinaires doivent être prises pour faciliter la coexistence pendant la durée de la situation d’enfermement, d’autant plus qu’ils se trouvent dans une pseudo privation de liberté », ont-ils souligné..

      Des mesures similaires à celles demandées dans d’autres domaines, mais qui prennent une importance particulière dans le cadre de l’exceptionnalité des villes autonomes.

    • Hoy es un día histórico en España: los CIE se quedan vacíos

      La ley permite internar a estas personas un máximo de 60 días. Si en este plazo no han sido devueltas, deben quedar en libertad.

      Ninguno de ocho Centros de Internamiento de Extranjeros (CIE) que operan en España cuenta con personas migrantes en su interior desde este miércoles, 6 de mayo, cuando ha cesado el internamiento de la última persona que permanecía en el centro ubicado en Algeciras (Cádiz).

      Así lo han confirmado fuentes del Ministerio del Interior, del que dependen estas instalaciones policiales de carácter no penitenciario diseñadas para poder ejecutar la expulsión del territorio nacional.

      Desde la declaración del Estado de Alarma el pasado 14 de marzo por la pandemia del coronavirus, se ha ido liberando poco a poco a los internos. La ley permite mantenerlos dentro un máximo de 60 días y, si en este plazo no han sido devueltos, deben quedar en libertad. En el contexto actual, que ha derivado en cierres de fronteras, es imposible su retorno a sus países de origen.

      Así pues, se han ido desalojando «de manera ordenada», tal y como aseguró el ministro Fernando Grande- Marlaska en una comparecencia en el Congreso el pasado 23 de abril. Ese día, todavía permanecían tres personas en el CIE de Algeciras, mientras que ya estaban vacíos los otros siete centros.

      Antes del Estado de Alarma, la ocupación de estas instalaciones se situaba en el 59%. De las cerca de 1.200 plazas que hay en estos centros, el número total de plazas disponibles reales rondaba las 700 y 800 plazas, ya que algunas se encontraban en obras (como es el caso del CIE de Barcelona) y otras tantas se tenían que habilitar.

      Ahora, 53 días después de que se decretase la alarma, los CIE están a cero en ocupación. Estos centros existen desde el año 1986, tras contemplarse en la primera Ley de Extranjería (Ley Orgánica 7/1985 sobre Derechos y Libertades de los Extranjeros en España). En ella se establece la posibilidad de que el juez de instrucción acuerde como medida cautelar vinculada a la sustanciación o ejecución de un expediente de expulsión su internamiento en centros que no tengan carácter penitenciario.

      La existencia de estos centros y su internamiento se ha mantenido y ampliado en modificaciones posteriores de la ley de Extranjería y, de hecho, en el año 2014 se aprobó el reglamento de funcionamiento y régimen de los CIE. Si bien, su existencia es muy cuestionada por varias organizaciones que reclaman su cierre inmediato y definitivo y que denuncian la falta de transparencia y violaciones de derechos fundamentales en su interior.
      Lucha por el cierre de los CIE

      De hecho, desde la ’Plataforma CIES NO Madrid’ han emitido un comunicado expresando su «alegría» tras conocer que ninguna persona está interna. «Hoy es un día que no olvidaremos, como tampoco olvidamos las vulneraciones de los derechos humanos, ni las muertes, ni el trato indigno y vejatorio, ni las agresiones ni las torturas, ni el sinfín de aberraciones que han sucedido entre sus muros cada día desde que fueron creados», sostiene.

      Así, ha avisado de que una vez pase la crisis sanitaria de la covid-19 seguirán luchando para que ese cierre sea «irreversible» y hasta convertirlo en definitivo. «No son cifras o números, son historias humanas de supervivencia y sujetos de derechos y responsabilidades. ¿Quién repara el daño causado por su privación de libertad de 60 días en condiciones que muchos de ellos relatan peores que las de los centros penitenciario?», han destacado.

      Durante el desalojo de los CIE, se ha priorizado a aquellos internos con domicilios o arraigo en España, mientras que el resto han pasado a los servicios del Sistema de Acogida, que dependen de la Secretaria de Estado de Migraciones.

      Fuentes de este departamento han confirmado que han recibido a internos procedentes de los CIE de Barcelona, Madrid y Valencia, si bien no han ofrecido el número concreto de personas acogidas tras su liberación de los CIE.

      De acuerdo a un informe del SJM, en 2018 fueron internadas en los CIE un total de 7.855 personas: 7.676 varones y 179 mujeres. Dos tercios de los internos procedían de Marruecos (36%) y de Argelia (32%. Precisamente Marruecos, Guinea y Argelia son los tres países de los que proceden la mayor parte de quienes llegan de manera irregular a España, de acuerdo a datos de ACNUR a fecha 31 de diciembre de 2019.

      En 2017, un total de 8.837 migrantes pasaron por alguno de los siete Centros de Internamiento de Extranjeros (CIE). Sin embargo, fueron 3.041 las personas finalmente enviadas a sus países de origen, mientras que 5.796 personas (el 65,5%) recluidas en los CIE tuvieron que ser puestas en libertad ante la imposibilidad de ejecutar la orden de expulsión.

      Así se reflejó en datos oficiales recopilados en una respuesta parlamentaria a la exsenadora de Unidos Podemos, Maribel Mora, unas cifras que constataban que el Ministerio del Interior, responsable de la gestión de los centros, logró deportar a su país de origen únicamente al 34,5% de los internos.

      https://www.publico.es/sociedad/hoy-dia-historico-espana-cie-quedan-vacios.html

  • De « la guerre contre le virus » à la guerre aux exilé·e·s : les réponses sécuritaires au #Covid-19 exacerbent les violences aux frontières

    Les #hotspots grecs dans lesquels sont entassé·e·s les exilé·e·s sans protection de leurs droits ou de la pandémie exemplifient la précarisation de leurs trajectoires par les politiques sécuritaires des États. Migreurop dénonce les violences infligées aux exilé·e·s exercées au nom de la « guerre contre le virus », l’inégalité de traitement à leur égard face à la pandémie, et demande la fermeture immédiate de tous les espaces de détention pour garantir leur droit à être protégé·e·s.

    Migreurop publie aujourd’hui une vidéo dénonçant l’existence et le fonctionnement des hotspots, ces espaces de tri des personnes migrantes déployés par l’Union européenne (UE) en Italie et en Grèce en 2016. Dans ce dernier pays, ni les relocalisations vers les États membres [1] ni les renvois vers la Turquie en vertu d’un « troc indigne » [2] ne se sont matérialisés à la hauteur des engagements et sont aujourd’hui bloqués. Les hotspots ont ainsi été de facto transformés en prisons à ciel ouvert. Plus de 42 000 personnes migrantes sont actuellement parquées dans 5 hotspots grecs, dont la capacité est de 6 000 places. Celui de Moria, sur l’île de Lesbos, en contient à lui seul 20 000 (pour 2 800 places). A l’intolérable surpopulation, au manque d’infrastructures sanitaires (eau potable, douches, toilettes) et de nourriture, à l’hébergement sous tentes qui se solde chaque année par des morts par hypothermie, aux incendies à répétition, s’ajoute aujourd’hui le Covid-19. Face à cette pandémie, les États demandent à leurs citoyen·ne·s de prendre des mesures pour se protéger, notamment à travers l’auto-confinement, mais les personnes migrantes n’ont pas ce privilège. Le 22 mars 2020, les autorités grecques ont annoncé le confinement forcé des exilé·e·s dans les camps sur le territoire grec, dont les hotspots [3]. Leur surpopulation rend la prévention de la propagation du virus pratiquement impossible, malgré les efforts des exilé·e·s qui s’auto-organisent [4]. Ces mesures les exposent sciemment à un risque grave et imminent de contamination [5].

    La situation dans les camps grecs est emblématique de l’amplification de la violence liée au contrôle des migrant·e·s sous les effets du virus et des politiques sécuritaires visant à contenir sa propagation. Alors que dans ce but les États européens ont limité les mouvements de population tant à l’intérieur que vers l’extérieur de l’UE, ils amalgament la « guerre contre le virus » avec la guerre contre les migrant·e·s illégalisé·e·s qu’ils mènent depuis des années [6]. Le durcissement des politiques de fermeture et la suspension des procédures d’asile dans plusieurs pays européens exacerbent encore la précarisation des trajectoires des personnes migrantes, alors que les raisons qui les poussent à fuir la violence sous toutes ses formes pour chercher protection ne sont pas moins impératives.

    En tentant de traverser la Méditerranée, les exilé·e·s ne peuvent compter sur la présence d’aucun secours puisque les ONG de sauvetage en mer ont été contraintes de cesser leurs activités après la fermeture des ports italiens et les risques liés au virus [7]. Les refoulements sous-traités aux garde-côtes libyens continuent de plus belle, tout comme ceux exécutés par les autorités grecques ou chypriotes [8]. Les actes de violence à l’égard des exilé·e·s se multiplient également tout au long de la route des Balkans [9] et celles et ceux-ci font face à des conditions de précarité extrêmes amplifiées par le virus. Les violences aux frontières sont exacerbées également à l’intérieur du territoire de l’UE : les autorités françaises par exemple continuent de refouler vers l’Italie, alors que ce pays est actuellement l’un des épicentres de la pandémie.

    La fermeture des frontières devient la règle, même pour les populations les plus vulnérables, ce alors même que les expert·e·s remettent en question l’efficacité de ces mesures pour empêcher la propagation du Covid-19 [10], et que des réponses alternatives existent. Le HCR a ainsi appelé les États à ne pas fermer les routes vers l’asile, mais à adopter des « tests de dépistage » lors du passage des frontières [11].

    A l’heure de la pandémie, la logique du « chacun chez soi » domine [12]. Or les politiques de confinement ne peuvent suspendre le droit de fuite saisit par les exilé·e·s face à la violence sous toutes ses formes. Nous dénonçons les violences et les dénis des droits à l’égard des migrant·e·s exercés au nom de la « guerre contre le virus », ainsi que leur inégalité de traitement face à la pandémie. Nous saluons l’initiative du Portugal de régulariser les personnes migrantes pour garantir leurs accès aux soins, et demandons l’extension de cette mesure à travers l’Europe et qu’elle soit rendue permanente [13].

    Migreurop dénonce depuis sa création la politique d’enfermement dans les camps formels et informels et se joint aujourd’hui aux appels demandant la fermeture immédiate des camps grecs surpeuplés [14], ainsi que de tout autre espace de détention de personnes migrantes en Europe et aux frontières de celle-ci. Cette fermeture immédiate et le relogement des exilé·e·s dans des lieux où ils/elles puissent vivre dignement, y compris dans d’autres pays européens si nécessaire, sont les conditions pour qu’ils et elles puissent exercer leurs droits fondamentaux, dont le droit à être protégé·e·s du virus [15].

    Notes :

    [1] AEDH, Fin des relocalisations : pour quel bilan ?, 29 septembre 2017

    [2] Migreurop, UE–Turquie : le cynisme en partage, 18 mars 2020

    [3] Centre légal de Lesbos, Greece : Move Asylum Seekers, Migrants to Safety Immediate Hotspot Decongestion Needed to Address COVID-19, 24 mars 2020

    [4] Stand by me Lesvos, Creation of Corona Awareness Team in Moria Camp, 11 mars 2020

    [5] Médecins sans frontières, COVID-19 : Evacuation of squalid Greek camps more urgent than ever in light of coronavirus pandemic, 18 mars 2020

    [6] Open Democracy, What happens to freedom of movement during a pandemic ?, 24 mars 2020

    [7] la Repubblica, Coronavirus, le Ong fermano le missioni di salvataggio in mare. Migranti senza più soccorsi, 18 mars 2020

    [8] Kisa, 21st March – International Day Against Racism, 21 mars 2020

    [9] le Courrier des Balkans, Réfugiés : la haine se réveille tout au long de la route des Balkans, 22 mars 2020

    [10] Courrier International, Malgré le coronavirus, la France continue de refouler les migrants à Vintimille, 22 mars 2020

    [11] Heidi News, Rony Brauman : « Le coronavirus rappelle que, sans Etat, les plus vulnérables sont écrasés », 8 mars 2020

    [12] Blog Mediapart, Coronavirus : on ferme les frontières !, 15 mars 2020

    [13] News 24, Le Portugal traitera les migrants comme des résidents pendant la crise des coronavirus, 28 mars 2020

    [14] MSF, COVID-19 : Evacuation of squalid Greek camps more urgent than ever in light of coronavirus pandemic, 13 mars 2020 ; Mediapart, Coronavirus : des eurodéputés appellent à évacuer les migrants les plus vulnérables des camps grecs, 23 mars 2020 ; Centre légal de Lesbos, Lettre ouvert de 152 organisations, 25 mars 2020

    [15] Libération, L’inégalité des vies en temps d’épidémie, 18 mars 2020

    https://www.lacimade.org/presse/de-la-guerre-contre-le-virus-a-la-guerre-aux-exile%C2%B7e%C2%B7s-les-repon
    #guerre_aux_migrants #frontières #violence #asile #migrations #réfugiés #coronavirus #Grèce #précarisation #pandémie #épidémie #guerre_contre_le_virus #rétention #détention_administrative #fermeture_des_frontières #droit_de_fuite #confinement #immobilité #communiqué

    ping @thomas_lacroix @luciebacon

  • Actions multiples pour vider les centres : nouveaux témoignages des détenu·e·s
    30/03/2020·

    À l’heure où en France certains centres de rétention sont vidés à cause du Coronavirus et alors que d’autres centres fermés brûlent en Italie, les centres fermés en Belgique sont toujours bien remplis. Remplis de détenu·e·s à qui aucune ou très peu d’informations ne sont communiquées. Nous recevons énormément d’appels de prisonnier·e·s extrêmement stressé·e·s par la situation.

    Dans plusieurs centres, les détenu·e·s essaient de résister et font entendre leurs voix en organisant des réunions, des actions collectives, des manifestations, des rencontres avec les directions des centres, des grèves de la faim, et parfois des actions moins pacifistes. Leurs protestations sont souvent réprimées, notamment par des mises au cachot pour représailles. Article de Knack : https://www.knack.be/nieuws/belgie/asielzoekers-opgesloten-maar-niet-beschermd-tegen-corona/article-longread-1582095.html

    La semaine dernière, quelques personnes enfermées dans l’aile L du centre 127bis, à bout de nerfs, ont “pété un cable” et exprimé leur colère en protestant. “It was real war” nous indiquait un témoin. Leur révolte a néanmoins été réprimée et plusieurs ont été mis au cachot.

    Des libérations spontanées de 200 à 300 personnes ont eu lieu sur les 700 personnes enfermées au début du mois de mars, uniquement les personnes “malades et vulnérables” selon l’Office des Étrangers. Ces libérations se font néanmoins au compte-goutte et de façon aléatoire à l’appréciation de l’Office des Étrangers qui aurait peur de ne pas donner une “bonne image” en libérant tout le monde d’un coup.

    Des mises en demeure et des recours devant les tribunaux en réponse au caractère illégal de la détention en période de Coronavirus permettent de libérer des détenu·e·s, mais les centres fermés détiennent toujours un certain nombre de personnes. Il est scandaleux que des détenu·e·s ne soient libéré·e·s que par l’intervention de tiers du fait du caractère illégal de ces détentions. Certains assistants sociaux tentent même de dissuader les détenu·e·s d’entreprendre des démarches, car “prendre un avocat empêchera leur libération”.

    À l’intérieur des centres fermés, le stress causé par la situation est très élevé. La plupart des détenu·e·s n’obtiennent des informations que par la télévision. Les détenu·e·s vivent avec la peur que le virus pénètre dans le centre fermé à travers le personnel qui y travaille et continue de faire des allées et venues depuis l’extérieur.

    “A la prison à côté a Turnhout, il y a eu un cas testé positif coronavirus, je suis inquiet, j’ai vu ça dans les informations. A la prison de Forest aussi. Tout le monde ici est inquiet parce que ici c’est sûr qu’il y a aussi des malades. C’est 60 personnes qui travaillent tous les jours ici dans le centre. La situation est vraiment dangereuse. On n’a pas d’informations, on ne nous dit rien . On libère certaines personnes parce qu’ils doivent réduire et puis d’autres restent ici, on ne sait pas pourquoi, alors qu’on n’a rien fait de mal.” nous partage un détenu de Merksplas.

    Les détenu·e·s se rendent bien compte du décalage entre leur sort et ce qui se passe à l’extérieur. Les conditions d’hygiène sont très critiques et dangereuses. Les détenu·e·s continuent de vivre à plusieurs dans des chambres, dans les espaces communs comme les réfectoires, les sanitaires, etc. Très peu de mesures sont prises, il n’y a quasiment pas de masques, de gants, ni de gel désinfectant pour le staff ou les détenu·e·s.

    Au centre fermé de Merksplas : “Nous sommes trois dans chaque chambre à utiliser les mêmes toilettes et la même douche et 20 personnes partent près les unes des autres dans ce bloc. Rien n’est fait pour nous protéger du virus, nous mangeons et jouons ensemble, nous touchons les mêmes portes et nous fumons dans la même pièce. Il y a beaucoup de gens qui travaillent dans ce bloc, qui entrent et sortent. Personne ne porte de masque ici et il n’y a pas de machine pour contrôler le virus.Nous avons vu à la télévision que deux prisonniers de la prison de Merksplas ont été touchés. Si tout le monde tombe malade, que vont-ils faire ? Ils doivent vider et fermer le centre pour que tout le monde puisse rester en bonne santé !”

    Dans les centres fermés de Bruges et de Holsbeek, “les médicaments sont donnés de la main à la main, sans gants ni masque.”

    Par ailleurs, une visite parlementaire a même été refusée au centre fermé de Vottem (Liège). Aucun contrôle extérieur n’est possible pour le moment. https://www.todayinliege.be/lacces-au-centre-ferme-de-vottem-refuse-a-la-deputee-sarah-schlitz-une-

    Dans les centres, certain·e·s sont enfermé·e·s depuis plusieurs mois. L’un d’entre eux attend depuis 8 mois son expulsion vers le Bangladesh. Certains sont sous l’application de la dite double peine. Il s’agit de situations dans lesquelles des personnes ont été condamnées à des peines pour troubles à l’ordre public, ont accompli leurs peines puis, à la sortie de prison, sont directement amenées en centre fermé pour être expulsées. Certains d’entre eux ont des parents, des femmes et des enfants ici en Belgique.https://www.revuenouvelle.be/Le-retour-de-la-double-peine

    Nous demandons la libération immédiate de tou·te·s les détenu·e·s des centres fermés. Les maintenir derrière ces murs alors que la Belgique entière se confine est inadmissible. Nous demandons la fermeture définitive de tous les centres, des camps et des hotspots ainsi que la régularisation de toutes les personnes sans-papiers.

    https://www.gettingthevoiceout.org/actions-multiples-pour-vider-les-centres-nouveaux-temoignages-de
    #rétention #détention_administrative #asile #migrations #réfugiés #Belgique #coronavirus

    Ajouté à cette métaliste :
    https://seenthis.net/messages/835410

    ping @thomas_lacroix

    • COVID-19 : Des mesures doivent être prises pour protéger les personnes privées de liberté, selon l’organisme de prévention de la torture de l’ONU

      Le Sous-Comité des Nations Unies pour la prévention de la torture (SPT) a émis des avis détaillés sur une série de mesures que les gouvernements et les mécanismes nationaux indépendants de surveillance devraient prendre pour protéger les personnes privées de liberté pendant la pandémie de COVID-19.

      L’avis public du SPT prévoit des mesures que les autorités devraient prendre concernant tous les lieux de privation de liberté, y compris les prisons, les centres de détention pour immigrants, les camps de réfugiés fermés et les hôpitaux psychiatriques, afin d’atténuer les risques pour la santé créés par le coronavirus.

      Les mesures consistent notamment à envisager de réduire la population carcérale en mettant en œuvre des programmes de libération anticipée, provisoire ou temporaire des délinquants à faible risque, à examiner tous les cas de détention provisoire, à étendre le recours à la libération sous caution pour tous les cas, sauf les plus graves, ainsi qu’à examiner et réduire le recours à la rétention des immigrants ainsi qu’aux camps de réfugiés fermés. Les recommandations mettent également l’accent sur le fait que tous les détenus, les personnes en quarantaine et dans les établissements médicaux fermés, leurs familles et tout le personnel, devraient recevoir des informations fiables, précises et à jour concernant toutes les mesures prises.

      « En l’espace de quelques semaines à peine, le coronavirus a eu un impact profond sur la vie quotidienne de chacun. Dans les prisons et autres lieux de privation de liberté, dont beaucoup sont gravement surpeuplés et insalubres, il y a des problèmes de plus en plus aigus qui nécessitent une action immédiate », a déclaré Sir Malcolm Evans, président du SPT. « Les gouvernements doivent prendre les mesures de précaution nécessaires pour prévenir la propagation de l’infection et mettre en œuvre des mesures urgentes pour garantir aux détenus un accès aux soins de santé appropriés et pour maintenir le contact avec les familles et le monde extérieur », a-t-il ajouté.

      L’avis du SPT appelle également les organes de surveillance nationaux indépendants, officiellement connus sous le nom de mécanismes nationaux de prévention (MNP), à continuer d’exercer leur mandat préventif pendant la pandémie, y compris leurs visites dans les lieux de détention, lorsque cela est possible, en tenant compte des restrictions légitimes des contacts sociaux et du principe « ne pas nuire ». L’avis souligne que les MNP doivent être en mesure de poursuivre leur travail de prévention, même si l’accès aux lieux de détention est temporairement restreint.

      En outre, le SPT a reporté sa visite à Madagascar, initialement prévue pour mai, compte tenu de la situation pandémique actuelle.

      https://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=25756&LangID=F

  • Home Office releases 300 from detention centres amid Covid-19 pandemic

    Release follows legal action that argues Home Office is failing to protect immigration detainees.

    The Home Office has released almost 300 people from detention centres in the last few days because of the Covid-19 pandemic, the Guardian has learned.

    The speed and scale of the release is unprecedented in recent years. Detainees and charities estimate that more than a quarter of those currently locked up have been set free.

    The release comes in the wake of a legal action launched last week which argued that the Home Office had failed to protect immigration detainees from the coronavirus outbreak and failed to identify which detainees were at particular risk of serious harm or death if they do contract the virus due to their age or underlying health conditions.

    It called for the release of all those who are particularly vulnerable and for all detainees to be tested, along with the suspension of all new detentions. The action warns even a short delay could have “catastrophic consequences”.
    Guardian Today: the headlines, the analysis, the debate - sent direct to you
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    It is believed that more than 900 people are currently in immigration detention.

    The Home Office provided a response to the legal action to the high court out of hours on Friday. After receiving the Home Office submissions, Mr Justice Swift made an order on Friday night that a half-day hearing should be held next Wednesday to determine whether or not to grant the emergency measures requested in the legal challenge by the charity Detention Action and a vulnerable detainee who suffers from hypertension, which experts say doubles the risk of death if Covid-19 is contracted.

    As part of the legal action, the public health expert Prof Richard Coker of the London School of Hygiene and Tropical Medicine has provided an expert report warning that prisons and detention centres provide ideal incubation conditions for the rapid spread of the coronavirus, and that about 60% of those in detention could be rapidly infected if the virus gets into detention centres.

    Coker’s report was commissioned by Duncan Lewis Solicitors, who have embarked on what is thought to be the first legal action against the government relating to the coronavirus outbreak.

    The UK government issued guidance stating that if there was a significant outbreak of Covid-19, “cohorting” should be used to put all those infected together behind locked doors in prisons, detention centres, young offender institutions and secure units.

    Many of those in detention have arrived from high-risk countries such as Iran, China and Italy. Some are forced to share rooms, and a “lock-in” regime prevents many from leaving their cells during the night.

    Emma Ginn, director of the detention charity Medical Justice, said that those still in detention were scared of contracting the virus.

    “We are getting harrowing calls from seriously ill clients describing their fear of the virus spreading in the centres and feeling powerless in response. The distress in their voices is palpable and there is little we can do to console them,” she said.

    Bella Sankey, director of Detention Action, said:”Our landmark legal challenge has already forced a response from the home secretary. We are delighted the high court has now ordered a hearing for next week and we’ll be pressing for a robust review of all detentions. In the midst of a global pandemic, administrative detention puts those interned in grave danger. And maintaining detention when the evidence from Prof Coker is that detention centres act as ‘epidemiological pumps’ puts us all at unnecessary risk.”

    A Home Office spokesperson said: “Immigration enforcement is responding to the unique circumstances of the coronavirus outbreak and following the latest guidance from Public Health England. This includes providing soap and cleaning materials to all detainees. Decisions to detain are made on a case-by-case basis and kept under constant review, but our priority is to maintain the lawful detention of the most high-harm individuals, including foreign national offenders’’

    https://www.theguardian.com/uk-news/2020/mar/21/home-office-releases-300-from-detention-centres-amid-covid-19-pandemic?

    #détention_administrative #rétention #UK #Angleterre #asile #migrations #réfugiés #coronavirus #centres_de_rétention_administrative

    • High court rejects call to free 736 detainees at risk from coronavirus

      Judges say Home Office has addressed dangers in immigration detention centres.

      The high court has rejected calls to free hundreds of immigration detainees who, lawyers and human rights activists say, are at risk from Covid-19 while behind bars.

      The ruling, following a hearing over Skype on Wednesday, was handed down in response to an urgent legal challenge from Detention Action.

      The legal action asked for the release of hundreds of detainees who are particularly vulnerable to serious illness or death if they contract the virus because of particular health conditions, and also for the release of those from about 50 countries to which the Home Office is currently unable to remove people because of the pandemic.

      The two judges – Dame Victoria Sharp, president of the Queen’s Bench division, and Mr Justice Swift – came down strongly on the side of the Home Office and highlighted the range of measures already being implemented by the home secretary, Priti Patel.

      These included the release of more than 300 detainees last week, ongoing assessments of the vulnerability of individual detainees to the virusand a range of “sensible” and “practical” steps the Home Office is taking to make detention centres safer, such as single occupancy rooms and the provision of face masks for detainees who wish to wear them.

      “It seems likely that the arrangements already in place by the secretary of state will be sufficient to address the risks arising in the majority of cases,” the judges said, adding that “the present circumstances are exceptional”.

      The court hearing on Wednesday heard that 736 people are still being detained in the UK, while 350 have been released in recent days. It was also confirmed that detainees in three detention centres have displayed symptoms of Covid-19.

      The Home Office previously confirmed to the Guardian one case of Covid-19 on Sunday at Yarl’s Wood immigration removal centre in Bedfordshire, which mainly houses women.
      Million undocumented migrants could go hungry, say charities
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      The court heard that in a second centre - Brook House, near Gatwick airport - one detainee who had displayed symptoms was reportedly serving food to other detainees just before he fell ill.

      Chris Buttler, representing Detention Action and also representing a detainee who lawyers say is at greater risk from Covid-19 because he suffers from high blood pressure, told the court that expert evidence suggests the virus “will run rampant” through detention facilities.

      He argued that the home secretary was acting unlawfully and falsely imprisoning many detainees because removals are no longer possible to 49 countries and it is difficult to remove people to many others.

      He said that the Home Office was a “glaring exception” to the government’s moves to suppress Covid-19 and that leaving people in detention would further burden the already overstretched NHS when they get sick.

      “The home secretary is arguably falsely imprisoning some clients who there is no realistic risk of removing,” Buttler told the court.

      Lisa Giovannetti QC, representing the Home Office, told the court: “Government accepts all reasonable steps should be taken to shield people in high-risk categories and we have been proceeding on that basis. I can’t claim the system is perfect but it’s a reasonable one.”

      She said reviews to identify the most vulnerable detainees were under way and this process is due to be completed imminently, adding that numbers in immigration detention have fallen substantially from 1,200 in January to 736 now.

      As part of Detention Action’s case, the public health expert Prof Richard Coker, of the London School of Hygiene and Tropical Medicine, provided an expert report warning that prisons and detention centres provide ideal incubation conditions for the rapid spread of the coronavirus, and that about 60% of those in detention could be rapidly infected if the virus gets into these locked facilities.
      Guardian Today: the headlines, the analysis, the debate - sent direct to you
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      Toufique Hossain of Duncan Lewis Solicitors, who brought the case, said: “This litigation has brought about the release of hundreds of detainees, preventing many from suffering serious harm.

      “Hundreds more remain in detention in terrible conditions. Though we are disappointed with the ruling today, this action has clearly focused the minds at the Home Office on vulnerable individuals they usually wilfully neglect.”

      Bella Sankey, Director of Detention Action, said: “While the high court declined to grant our interim relief tonight, our litigation has already forced major and rapid concessions from the government: 350 people released from detention in the past week; an undertaking to proactively review the detention of all those held under immigration powers according to updated guidance and with a view to further significant releases; and a very strong presumption against any new detentions for people facing removal to around 50 countries.

      “The government has also been forced to issue new guidance on hygiene standards in detention and to accept that detention poses high risks to those with Covid-19-relevant underlying health conditions.

      “We will monitor the implementation of all these guarantees and continue to hold the government to account.”

      A Home Office spokesperson said: “We welcome the court’s decision. Immigration Enforcement is responding to the unique circumstances of the coronavirus outbreak and following the latest guidance from Public Health England. The safety of detainees and staff is of vital importance.

      “Decisions to detain are made on a case-by-case basis and kept under constant review, but our priority is to maintain the lawful detention of the most high-harm individuals, including foreign national offenders.’’

      https://www.theguardian.com/uk-news/2020/mar/26/high-court-rejects-call-to-free-736-detainees-at-risk-from-coronavirus?

    • Immigration detention

      The Home Office has already released around 350 people from immigration detention. But a senior official told the Home Affairs committee of MPs on 18 March:

      there is no plan to have a wholesale systematic release from our immigration removal centres.

      An urgent legal challenge by the charity Detention Action aimed at securing the release of all immigration detainees was rejected by the High Court on 25 March. The charity says that the Home Office has made various commitments to safeguard the wellbeing of detainees:

      Enhanced screening, identification and monitoring of those at risk or showing symptoms of Covid-19, particularly for this with underlying health conditions.
      Ensuring that persons at increased risk from Covid-19, and persons who are symptomatic, are provided with facilities to self-isolate in single-occupancy rooms and are provided with individualised care plans
      A review of cleaning practices within detention centres to ensure compliance with Public Health England guidance
      Provision of anti-bacterial cleaning materials to detainees, upon request
      The introduction of social spacing measures in communal areas
      The production of specific guidance to explain in clear terms how to reduce the risk of an outbreak of Covid-19

      Detention Action’s director, Bella Sankey, adds that the department has given “an undertaking to proactively review the detention of all those held under immigration powers according to updated guidance and with a view to further significant releases”. There is also a “very strong presumption against any new detentions for people facing removal to around 50 countries”, including Jamaica, India, Pakistan, Afghanistan, Iraq, Sudan, and Albania.

      The Home Office says that “the vast majority of detainees still in immigration removal centres are foreign national offenders”.

      With many countries closing their borders and flights unavailable, immigration judges may be receptive to the argument that removal is no longer imminent and grant bail accordingly.
      https://twitter.com/FranckMagennis/status/1239534663221284864?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

      https://twitter.com/BIDdetention/status/1246069190395486210?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

      As of 26 March, visits to immigration removal centres were no longer possible.
      Bail reporting suspended

      The Home Office website now says:

      Following Public Health England’s advice on coronavirus (COVID-19), the Home Office has decided that reporting as a condition of immigration bail should be temporarily deferred while it reviews how frequently people should report. You will receive an SMS text message soon with details of your next reporting date.

      This follows widespread reports of those on bail receiving texts about the suspension of reporting requirements. Those can now be taken as officially confirmed.
      Voluntary removals

      The Voluntary Returns Service Communications and Engagement Team circulated an update on its operations on 20 March:

      …we are currently experiencing difficulties that mean that we cannot currently support assisted returns for people who require a level of assistance upon return from the United Kingdom. We are experiencing infrastructure and other issues that make it difficult to impossible to offer that level of support at this time.

      We have therefore made a very difficult decision to cease offering assisted returns at this time.

      We will continue to register an interest from people who wish to return, and to offer other levels of support to help as many people as we possibly can. Where we can arrange flights, get travel documents etc we will continue to do this, and we are very happy to talk to people to see what help we can offer on an individual basis.

      The widespread cancellation of flights has obvious ramifications for enforced returns as well, but at time of writing we have no information about whether there will be any general suspension of removals.

      https://www.freemovement.org.uk/coronavirus

  • Coronavirus : les centres de rétention administrative se vident

    Bâtonniers, associations, contrôleur général des lieux de privation de liberté réclament la fermeture des CRA, alors que les risques de contamination sont élevés et les expulsions de plus en plus illusoires.

    « On va s’apercevoir qu’on peut vivre sans politique de lutte contre l’immigration irrégulière. » Dans la bouche d’un cadre du ministère de l’intérieur, la remarque a de quoi faire sourire. Depuis plusieurs jours, les centres de rétention administrative (CRA) se vident un à un. D’après les données de plusieurs associations, jeudi 19 mars au soir, environ 360 personnes en situation irrégulière se trouvaient encore enfermées, soit trois fois moins que la veille, alors que la capacité de rétention avoisine les 1 500 places sur le territoire, réparties sur une vingtaine d’établissements.

    Le plus grand de France, au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), était par exemple à moitié vide avec moins de 120 personnes retenues jeudi soir, tandis qu’elles étaient au nombre de neuf dans le CRA de Coquelles (Pas-de-Calais), sept à Bordeaux et deux à Metz. Certains établissements ont même fermé cette semaine, parmi lesquels ceux d’Hendaye (Pyrénées-Atlantiques), de Geispolsheim (Bas-Rhin) ou de Guadeloupe. « Dans un mois ou deux, ils seront tous vides », prédit le cadre de la police.

    Sollicité, le ministère de l’intérieur n’a pas donné suite, mais la principale explication à ce phénomène tient aux décisions de remise en liberté prises par les juges des libertés et de la détention, amenés à se prononcer sur les prolongations de placements.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/21/les-centres-de-retention-administrative-se-vident_6033939_3224.html
    #détention_administrative #rétention #France #asile #migrations #réfugiés #coronavirus #centres_de_rétention_administrative

    • #Assignation_à_résidence avant #expulsion : les obligations de pointage doivent être suspendues

      Face au confinement, des personnes étrangères sont placées devant un dilemme : se déplacer en préfecture ou au commissariat pour respecter le pointage dans le cadre des procédures d’expulsion – s’exposant ainsi elles-mêmes ainsi que les autres au risque de propagation du virus – ou interrompre le pointage, au risque d’être déclarées « en fuite » par l’administration.

      Depuis le 16 mars, la France entière est placée en confinement, avec des restrictions de circulation prévues par un décret du même jour. Conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé de du conseil scientifique, l’objectif prioritaire des autorités françaises est en effet de réduire les risques de transmission du virus et de protéger toute la population, notamment les plus vulnérables.

      Par décret du 20 mars, les personnes étrangères qui faisaient l’objet, avant la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, d’une mesure d’expulsion (obligation de quitter le territoire, décision de transfert Dublin) assortie d’une assignation à résidence (AAR), ont pourtant appris que le confinement ne leur est pas complètement applicable.

      Prévue à l’article L.561-2 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers, l’AAR « expulsion » prévoit en effet une obligation de pointer régulièrement (jusqu’à une présentation quotidienne, dimanches et jours fériés compris) auprès d’un commissariat ou d’un guichet de préfecture pour démontrer que la personne ne cherche pas à se soustraire à la surveillance de l’administration et à l’exécution de son renvoi du territoire. Le non-respect de cette obligation peut avoir de lourdes conséquences pour les personnes : peine de prison pouvant aller jusqu’à 3 ans et interdiction judiciaire du territoire.

      Il est aberrant que le gouvernement n’ait pas exempté ces personnes de déplacement dans le contexte actuel, alors même que les appels à la « responsabilité collective » et les slogans « sauvez des vies, restez chez vous » sont de mise dans le discours public et sur les réseaux sociaux.

      Les personnes concernées font face à une situation d’autant plus incompréhensible que l’exécution à court terme des mesures d’expulsion apparaît illusoire : les frontières se ferment les unes après les autres partout dans le monde. Quel intérêt à maintenir le contrôle sur ces personnes durant cette période, puisqu’elles sont de toute façon confinées comme une grande partie de la population ?

      Sur le terrain, tout le monde est désemparé face à l’injonction paradoxale : certaines préfectures (Loiret) interrogées par La Cimade affirment que les personnes doivent continuer à se présenter, sous peine d’être considérées « en fuite », alors que d’autres (Bouches du Rhône) indiquent que leurs guichets sont fermés et que les présentations doivent cesser. Les personnes étrangères comme les services de l’État ne savent donc plus à quel saint se vouer.

      Les personnes concernées – notamment beaucoup de familles avec enfants mineurs – sont soumises à une double anxiété, bien compréhensible : celle relative à la protection de leur santé et celle d’être exposées à des déclarations « en fuite » qui vont complexifier leur parcours administratif, voire des sanctions pénales légales en cas de non-respect des pointages.

      La Cimade demande donc au ministre de l’intérieur de prendre sans délai une instruction pour suspendre l’exécution des assignations à résidence en cours, afin de ne pas rajouter inutilement du stress aux personnes concernées et de mettre enfin pleinement en œuvre les consignes sanitaires nécessaires à la préservation de toute la collectivité.

      https://www.lacimade.org/assignation-a-residence-avant-expulsion-les-obligations-de-pointage-doiven

    • Le Conseil d’État refuse la fermeture des centres de rétention : protection au rabais pour les étrangers

      Par une ordonnance du 27 mars 2020, le juge des référés du Conseil d’État, saisi par l’ADDE, La Cimade, le GISTI, le SAF et le CNB, vient de refuser la fermeture temporaire des centres de rétention administrative pour cause d’épidémie de COVID-19. Le Conseil d’État impose cependant au Ministère de l’intérieur des limites dans l’utilisation de ces lieux de privation de liberté.

      L’ADDE, La Cimade, le GISTI, le SAF et le CNB regrettent que le Conseil d’État ait refusé de tirer les conséquences nécessaires de l’exceptionnelle gravité de l’épidémie de COVID-19, qu’il a pourtant longuement soulignée, et ceci, alors même que la Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, le Défenseur des droits, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté et le bureau de la Commission nationale consultative des droits de l’homme appellent à libérer tous les migrants en rétention administrative pendant la crise du COVID-19.

      Le juge des référés reconnaît pourtant que le droit de recevoir les traitements et les soins appropriés à son état de santé constitue une liberté fondamentale au sens des dispositions de l’article L. 521-2 du code de justice administrative.

      Il considère en outre que le placement ou le maintien en rétention d’étrangers faisant l’objet d’une mesure ordonnant leur éloignement du territoire français ne saurait, sans méconnaître l’objet assigné par la loi à la mise en rétention, être décidé par l’autorité administrative lorsque les perspectives d’éloignement effectif du territoire à brève échéance sont inexistantes.

      Il ressort donc de cette décision qu’aucune rétention administrative n’est désormais possible en dehors du cas où le départ des personnes concernées peut être organisé à brève échéance.

      Cela suppose que l’administration soit en possession du passeport en cours de validité de la personne placée en rétention ou que la délivrance d’un laisser-passer consulaire soit donnée comme imminente et certaine, que les frontières du pays de destination soient ouvertes au transport international de voyageurs en provenance de France et qu’un mode de transport soit immédiatement disponible pour un départ effectif à brève échéance.

      La majorité des personnes actuellement encore enfermées en rétention ne remplissent pas ces conditions et doivent être libérées, leur expulsion étant impossible à brève échéance.

      Cela suppose également que le nombre de personnes enfermées dans les centres de rétention administrative soit drastiquement réduit, afin d’éviter toute forme de promiscuité qui serait manifestement incompatible avec la lutte contre l’épidémie, et que les personnes retenues ainsi que le personnel des centres de rétention aient un accès constant et effectif aux moyens d’hygiène permettant d’éviter la propagation du COVID-19.

      Nos organisations constatent que tel n’est pas le cas et rappellent que les centres de rétention ne sont pas destinés au confinement sanitaire des personnes qu’ils renferment.

      Puisque le Conseil d’État a pris sa décision en considération des « circonstances particulières du temps présent » (point 14), chacune des organisations signataires se réserve la possibilité de le saisir de nouveau, seule ou conjointement avec d’autres organisations, en fonction de l’évolution des circonstances.

      Au-delà de cette décision, nos organisations comme de nombreuses autorités administratives indépendantes réitèrent leur demande au ministère de l’intérieur de fermer les centres de rétention au regard de la crise sanitaire et compte tenu de l’impossibilité d’exécuter les expulsions de la plupart des personnes visées.

      https://www.lacimade.org/presse/le-conseil-detat-refuse-la-fermeture-des-centres-de-retention-protection-a

    • CENTRE DE RETENTION DE #CORNEBARRIEU : LA COUR EUROPÉENNE DES DROITS DE L’HOMME DEMANDE DES COMPTES AU GOUVERNEMENT FRANÇAIS

      Depuis le début du confinement, trois personnes retenues ont été successivement placées à l’isolement au #CRA de Cornebarrieu en raison de suspicion de #contamination au #COVID-19.

      Lundi 23 mars 2020, la Cour d’appel de Toulouse a remis en liberté 13 étrangers retenus au centre.

      Pour faire droit à leurs demandes, la Cour prenait acte de ce que le retour des intéressés à destination de leurs pays d’origine respectifs était rendu impossible par la situation sanitaire mondiale et la fermeture de nombreuses frontières.

      Pourtant aujourd’hui, 6 personnes sont toujours retenues dans ce centre.

      Cinq d’entre elles avaient vu leurs demandes de mise en liberté rejetées par le juge des libertés et de la détention puis par la Cour d’appel de Toulouse les 20 et 21 mars dernier.

      Les 26 et 27 mars 2020, elles ont saisi la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) pour demander leur libération immédiate, se fondant sur le caractère arbitraire de leur maintien en rétention en l’absence de toute possibilité de retour dans leurs pays d’origine et invoquant le traitement inhumain et dégradant caractérisé par un enfermement incompatible avec le respect des mesures de prévention de l’Organisation mondiale de la santé de nature à leur faire courir un
      risque accru de contamination au virus.

      La Cour européenne a laissé au gouvernement français jusqu’au 31 mars prochain pour s’expliquer sur les raisons et les conditions du maintien en rétention de personnes pour lesquelles il n’existe aucune perspective de retour.

      En parallèle, le 26 mars, un nouvel étranger était placé au centre de rétention à sa sortie de détention.

      Rien n’indique que des précautions particulières aient été prises alors l’intéressé était préalablement incarcéré à la maison d’arrêt de Seysses dans un contexte de surpopulation carcérale particulièrement propice à la propagation du virus.

      Cela démontre une fois de plus, qu’aucune mesure particulière n’est prise afin d’éviter la propagation du virus au centre, faisant courir un risque accru de contamination aux personnes retenues.

      Sans attendre la réponse de la Cour, l’ensemble des étranger.e.s placé.e.s en centre de rétention devront être immédiatement remis.e.s en liberté.

      Fait à Toulouse,
      Le 27 mars 2020

      https://www.cercledesvoisins.org/blog/index.php/rubriques/activite/comuniques/3305-centre-de-retention-de-cornebarrieu-la-cour-europeenne-des-dr

    • Coronavirus : Appel aux associations de la part des prisonniers du CRA de #Mesnil_Amelot

      La majorité des prisonniers du CRA de Mesnil Amelot sont en #grève_de_la_faim depuis deux jours (le 30 mars) pour demander la libération immédiate de tout le monde.
      Voici leur communiqué :
      https://abaslescra.noblogs.org/on-demande-notre-liberation-immediate-et-la-fermeture-du-centre-

      Ils ont également écrit un appel aux associations de soutien aux sans-papiers, qu’ils demandent de relayer au maximum :
      https://abaslescra.noblogs.org/appel-des-prisonniers-du-mesnil-amelot-en-lutte-aux-associations

      voici le texte :

      « Je vous écris au nom de tous les détenus du CRA2 du Mesnil-Amelot. On demande à la CIMADE ainsi qu’à toutes les associations de soutiens aux sans-papiers de nous défendre, de faire une demande auprès de la préfecture de la fermeture du CRA. On demande a l’ADE, l’association de défense des étrangers de nous défendre parce qu’on est jugé sans avocat, sans voir le juge. En fait on est jugé sans notre présence ou notre dossier.
      A toutes ces associations : s’il vous plait, aidez nous. On a peur de la suite. »

      –-> reçu via la mailing-list de Migreurop, le 01.04.2020

    • Solidarité aux prisonniers du Mesnil Amelot et de #Vincennes : appel à harceler les préfectures en ces temps de confinement !

      Le 30 mars au matin tous les prisonniers du bâtiment 9 et 10 et quelques prisonniers du bâtiment 11 du CRA du Mesnil Amelot ont entamé une grève de la faim pour exiger leurs libération immédiate ; les prisonniers de Vincennes sont également mobilisés. La situation dans ces prisons pour sans papiers, comme dans toutes les autres en France, est très dure :
      parloirs fermés, dégradation des problèmes sanitaires, aucune mesure sanitaire prise. Nous devons manifester notre solidarité aux personnes enfermées. Le confinement nous empêche de nous rassembler devant les CRA pour manifester cette solidarité, mais en envoyant massivement des mails aux adresses des préfectures on peut montrer qu’on est au courant de ce
      qui se passe à l’intérieur des CRA et qu’on est toujours là ; c’est aussi une manière de ralentir leur sale travail en saturant leurs boites mails et, si on est vraiment nombreux.euses, qui sait, en faisait bugger leur système ?

      On vous propose d’à partir du VENDREDI 3 AVRIL À 11H, de participer collectivement à l’envoi d’un e-mail (texte plus bas) aux adresses ci-dessous :

      pref-eloignement@seine-saint-denis.gouv.fr
      pref-eloignement@val-de-marne.gouv.fr
      pref-eloignement@hauts-de-seine.gouv.fr
      pref-astreinte-eloignement@seine-et-marne.gouv.fr

      Il faut envoyer le texte à chaque adresse séparément. Les envois collectifs finissent directement dans les spams. Copiez le texte dans le corps du message. Changer l’objet du mail peut être également une bonne technique.

      L’idée est de reproduire l’envoi de ces mails TOUS LES JOURS de 11H à 12H !

      Brisons le silence, ne laissons pas isolés les prisonniers en lutte !

      Texte à envoyer :
      “Au CRA du Mesnil Amelot, les retenus ont entamé une grève de la faim depuis le 30 mars pour protester contre l’enfermement et les conditions qui empirent avec le coronavirus ; les retenus de Vincennes restent également mobilisés. A l’intérieur comme à l’extérieur, on continuera à lutter contre vos politiques racistes et contre les CRA qui tuent, torturent, tabassent.

      On demande la libération immédiate de tous les retenus et la fermeture du CRA.

      Le communiqué des retenus :

      Y a tous le bâtiment 9, 10 qui fait grève de la faim, et quelques
      personnes du bâtiment 11.
      On demande notre libération immédiate et la fermeture du centre. On a
      peur de la contamination du coronavirus. Il y a encore de nouvelles
      arrivées Ici il n’y a pas d’hygiène, donc c’est plus risqué que dans
      d’autre endroit.
      On a contacté la CIMADE, et on lui demande de faire une DML pour tout le
      monde (demande de remise liberté).
      Y a pas de vol, y a rien ici. Pourquoi on est là encore ?
      Y a des gens qui se coupent pour sortir d’ici. La police est encore
      violente avec nous. Depuis qu’on est en grève de faim les policiers
      n’ont toujours pas répondu.
      On veut que des journalistes nous contacte, et que la préfecture décidé
      de nous libérer le plus rapidement possible.
      Les retenus de Mesnil-Amelot le 30 mars 2020

      https://abaslescra.noblogs.org/solidarite-aux-prisonniers-du-mesnil-amelot-et-de-vincennes-appe

    • Des témoignages audios et écrits de retenus des CRA de Mesnil-Amelot et Oissel

      Dans cette émission de l’actu des luttes, plusieurs témoignages de retenus des CRA de Mesnil-Amelot ou une grève de la faim à eu lieu la semaine dernière et de Oissel. Les prisonniers de Oissel parlent le lendemain du jour où le Conseil d’Etat explique que : “les conditions de fonctionnement des CRA dans ces circonstances particulières ne sauraient caractériser une carence dans l’accès au soins ou à la mise à disposition de produits d’hygiène dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19”.

      Voici ce qu’il se passe au centre de Oissel : tous les retenus sont malades et au lit. Ils expliquent qu’ils n’ont même plus la force de lutter contre leurs conditions d’enfermement. Voici le témoignage (sous le lien vers la radio) de deux d’entre eux. Ils devaient parler à plus nombreux mais n’avaient pas la force.

      Plus récemment, le 5 avril, un prisonnier de Oissel à donné quelques nouvelles de la situation ;

      “On est obligé de partager les cigarettes a 3 ou 4.”

      ” Ca va pas. On est 8 personnes, y a eu 3 libérations (un sénégalais, un tunisien et un géorgien). Je sais pas pourquoi ils ont été libéré, ils ont été voir le JLD et après ils ont été libéré .Hier ils ont ramené deux nouveaux, de prisons. Un à Renne et un à Caen. Ca va pour eux pour le moment c’est le début.
      Pour nous c’est trop compliqué. Les toilettes et les douches sont chambre.
      On a pas de france d’asile on a pas d’ofii. Ils viennent une fois par semaine. Mais une fois par semaine c’est pas beaucoup. On a obtenu le droit que les familles viennent poser de l’argent et que la paf le ramene. Mais si t’as pas de famille ou que ta famille peut pas venir à Oissel ? Parce que le centre il est loin de tout.
      Ils appellent sur les cabines pour savoir qu’est ce qui ce passe, c’est tout. Ils ont dit que tout le monde il va sortir, on sait pas.
      La situation est pas bien là. Ils nettoient juste les couloirs, et pas les chambre.”

      Retranscription du témoignage des prisonniers de Oissel qui parlent pendant l’émission :

      « Tout le monde ici on est malade, ya pas à manger, ya pas de femme de ménage, ya pas pour acheter quelque chose [L’Offi]. On est pas des humains ou je sais pas moi. […] L’Offi est pas là, il a dit il vient pas jusqu’à la fin du Coronavirus. On est malade, tout le monde il est malade, moi je suis malade. Même les policiers ils ont dit « on vient pas à la prochaine semaine ». On vient pas ? On reste ici tout seul ? ou je sais pas moi si y’a possibilité de rentrer chez nous chez nos familles ? On reste ici, 14 tous les détenus qui viennent de prison. Y’a pas de libération, les albanais, les géorgien ils ont été libéré un peu mais les noirs et les arabes pas de libération. On reste ici je sais pas pourquoi. Même les frontières pour nous ramener dans nos pays elles sont fermés pendant deux mois ou jusqu’à quatre mois peut-être je sais pas moi. Pour le Ramadan aussi je sais pas comment ça va etre.. Y’a pas de femme de ménage, ici l’odeur dans les cellules… […] je te passe mon ami. »

      « C’est bon je peux y aller ? Bon vas y moi je suis là depuis deux mois je sors de prison et peut importe ce que j’ai fait. Je fais du sport et tout, et au fur et à mesure que les jours passent je commence à me sentir mal et tout. J’ai commencé à voir différents symptômes sur les autres qui était là, ça veut dire des éternuements, des maux de tête, des écoulements du nez. Tous ces symptômes là qui ressemble au Corona tu vois ? Et on est tous ensemble dans la même pièce, quand on regarde la télé et y en a un qui va éternuer tout le monde va attraper le microbe, indirectement. Même au niveau de la ventilation y’a pas de ventilation ici y’a rien pour aérer, tous les microbes reste ensemble c’est comme ça que le microbe va se propager. Jour après jour j’ai vu tout se dégrader ici au niveau de notre santé, à l’heure ou je parle là j’ai mal à la gorge, j’ai mal à la tête je peux même plus faire mon sport. La situation c’est vraiment de pire en pire jour après jour. La santé de tout un chacun se dégrade. Même les policiers ils sont ni gantés ni masqué, eux aussi ils ont il éternuent, ils ont des écoulements, ils sont toujours avec du papier jetable. Ils se torchent tout le temps.Et suite à cela, on parle à moins d’un mètre de distance. Ça veut dire on a contracté le virus comme ça du Corona. Y’a un mec encore qui est arrivé ce matin de prison, ils sont systématiquement masqué, tu vois ? On a jamais vu notre santé se dégrader aussi vite ça veut dire que vraiment la maladie elle est ici et même la nuit on dort pas on arrive pas à dormir. Et que ça a éternue, et que il y a des maux de ventre, et que y’a des réels symptôme du Corona.

      […]

      La situation à l’heure actuelle : quand je parle là j’ai du mal à parler du mal à expliquer. Pour te faire comprendre un peu la dangerosité et la gravité de la situation actuellement au centre de Oissel…

      Tu disais tout à l’heure que là actuellement tout le monde est dans son lit la main sur la tête…

      J’ai fait un tour là dans le bâtiment tout le monde est… Tout le monde on dirait des cadavres. Tout le monde est K.O., tu vois que ça va vraiment pas, tu vois qu’il y a un virus qui les démange. Vraiment c’est un dérangement. Voilà tout le monde se fait démanger par le virus du Corona.

      Ça veut dire que hier, quand le conseil d’État à dit que les conditions en CRA, au niveau de l’hygiène ne justifient pas la libération des retenus c’est que..

      C’est vraiment ça, ils sont pas d’accord pour fermer l’établissement parce que déjà, de un c’est un vrai business pour eux, tout un chacun qui est venu ici, pour acheter des cigarettes, il faut dépenser, pour acheter des… pour tout faut dépenser. Ça veut dire tous les jours ils s’enrichissent et pendant ce temps notre santé elle se dégrade. Voilà c’est vraiment la réalité des choses de ce qui se produit actuellement au centre de Oissel.

      Quand hier j’ai fait une demande de remise en liberté, je l’ai fait à 16h 30. J’ai eu la requête qui rejette ma demande de mise en liberté à 19h 13 pile poil. C’est écrit noir sur blanc : « ne peut pas être libéré car ne présente pas de positivité du Coronavirus à l’heure actuelle ». Ce qui est strictement faux ! Vraiment aucun test de PCR ou de sérologie n’a été fait pour prouver que untel n’a pas de Corona et ne peut pas être libéré. Vraiment, c’est vraiment du faux noir sur blanc.

      […]

      Et du coup pour revenir là-dessus depuis les derniers jours il y a vraiment eu aucune libération ?

      Il y a eu quelques libération mais c’est les mecs du Maroc, la frontière elle a été fermée et il a été libéré. Mais sinon depuis il y a eu aucune libération. En fait les mecs qui ont été libérés c’est pour des raisons administratives, mais tous ceux qui sont là pour des raisons juridiques c’est-à-dire ceux qui sort de taule, non. [au CRA tout le monde est là pour des raison administratives (sans-papiers), mais les nouvelles personnes qui arrivent en ce moment en CRA sont le plus souvent des détenus qui viennent de finir leur peine de prison]

      C’est si divisé ? Ceux qui sortent de taule ils restent et ceux qui sortent pas de taule sont libérés ? Y’a personne là qui est dans le CRA, qui s’est fait choper dans la rue ou des trucs comme ça ?

      Exactement c’est que des taulards, que des mecs qui sortent de taule.

      Parce que dans les autres CRA c’est pas du tout si clair que ça, Genre au Mesnil-Amelot. ou à Vincennes il y en a qui sont là depuis avant le confinement et les interdictions de parloir et tout, et il y en a d’autres qui sont arrivés de taule depuis et qui ont été libérés.

      Ah, mais à Oissel c’est vraiment comme ca. En tout cas ici, la situation c’est pire, c’est grave, tout ce qu’on attend ici c’est un cadavre. Je crois qu’il faut qu’on crève d’abord et après… pour l’instant la plupart des gens ils ont les symptômes du Corona.

      Et du coup les équipes médicales tout ça les infirmières les médecins y’a rien ?

      Déjà y a pas de médecin OK ? Après il y a une infirmière, quand t’as mal, quand on a des symptômes tout ça, elle donne des doliprane c’est tout elle peut rien faire d’autre. Même elle, elle te dit : « Mais moi je suis en bas de l’échelle, même moi-même. Et moi aussi je peux vous contaminer parce que je vais chez moi, je vais voir mes enfants, je vais dehors et après je suis parmi vous tous les jours. »

      Et avec France Terre D’Asile [l’association présente dans le centre en temps normal] ça se passe comment ?

      On a plus de visites, on les voit plus, on les reçoit au téléphone. Que des coups de fil que des coups de fil. Mais le problème c’est qu’on utilise tous le même téléphone [cabines téléphoniques du centre] ça veut dire que quand y’a un mec qui décroche, qui parle, et qu’il y a un autre mec qui prend le téléphone après, et ben ya tous les microbes laissées par le premier mec. Et ainsi de suite ,et ainsi de suite, le virus, il se propage entre les divers mecs qui sont ici. Même pas de désinfectant pour nettoyer les cabines.

      Il y a autre chose que tu veux raconter ?

      Bah moi ça fait un moment que je suis là et personnellement je vois que ma santé elle se dégrade, jour après jour. Là je vous parle avec difficulté d’habitude je suis plus lucide que ça. Je peux même plus faire mon sport. Et même les fenêtres ici tout est fermé, tout. Y’a rien qui est aéré ya pas de vent qui sort dehors pour pouvoir aérer la cellule. Ça veut dire on est tous comme si on était dans un sac-poubelle fermé quoi ! Enfermé avec le virus qui se multiplient au lieu qu’il soit… Ouais ben j’ai dis ce que j’avais à dire. À l’heure ou je parle là j’ai mal à la tête et je vais… Je suis au bout là, vraiment je suis au bout, c’est la première fois que j’arrive au bout comme ça. Je suis vraiment à bout de souffle, et le nez qui coule, j’ai mal à la gorge, je suis vraiment en burnout comme ils disent…

      https://abaslescra.noblogs.org/des-temoignages-audios-et-ecrits-de-retenus-des-cra-de-mesnil-am

    • L’inégalité des vies en temps d’épidémie

      Exposés à un niveau élevé de risque de contamination, détenus et retenus sont des confinés forcés. Le « sens des responsabilités et de la solidarité » prôné par Emmanuel Macron s’arrête-t-il aux portes des établissements pénitentiaires et des centres de rétention surpeuplés ?

      En appelant, lundi, au « sens des responsabilités et de la solidarité » des Français, le président de la République leur a demandé de rester chez eux avec pour seul objectif de les « protéger face à la propagation du virus ». Il a également évoqué l’engagement de l’État « pour les plus précaires, pour les plus démunis, pour les personnes isolées ». A aucun moment, il n’a toutefois mentionné celles et ceux qui, en dehors des personnels soignants, se trouvent dans la situation la plus exposée parce qu’ils sont enfermés dans des établissements pénitentiaires ou des centres de rétention administrative. Il y a en effet aujourd’hui deux sortes de confinement, en France comme ailleurs : le confinement volontaire, qui protège, car il permet d’éviter les contacts avec des personnes possiblement infectées, et le confinement forcé, qui fragilise, car il rassemble en grand nombre, dans un même espace restreint, des personnes qui ne peuvent quasiment pas éviter la proximité des compagnons et des compagnes qu’on leur impose.

      Les conditions d’enfermement dans les prisons exposent à un risque particulièrement élevé. Au 1er janvier, on comptait 70 651 personnes détenues, dont 3 157 femmes, soit 10 000 de plus que dix ans auparavant, pour 61 080 places opérationnelles. La surpopulation affecte essentiellement les 40 848 personnes emprisonnées dans les 133 maisons d’arrêt, où la densité atteint 138%. En réalité, la suroccupation des cellules est bien plus forte que ce qu’indique ce taux en raison de celles réservées à des prisonniers devant rester seuls, souvent pour raison de santé. Presque toutes les cellules sont doublées, c’est-à-dire ont deux lits superposés, et dans 1 614 d’entre elles, on a été obligé d’ajouter un matelas. Dans neuf mètres carrés, trois détenus doivent alors cohabiter, bien que l’encellulement individuel soit inscrit dans la loi depuis 1875, ait été réitéré dans la loi pénitentiaire de 2009 et ait fait l’objet de rappel par la Cour européenne des droits de l’homme. Il faut ajouter que près d’un tiers de ces prisonniers sont des prévenus, autrement dit sont présumés innocents dans l’attente de leur procès, et que les deux autres tiers sont pour la plupart condamnés à de courtes peines, correspondant à des délits mineurs.
      Des enfermements non justifiés

      Parallèlement, ce sont chaque année plus de 45 000 étrangers, dont des enfants, qui se trouvent placés dans les 50 centres et locaux de rétention administrative, avec la perspective d’un éloignement du territoire ou d’une décision de justice qui les libérera. Depuis la loi du 10 septembre 2018, la durée maximale de rétention est passée de 45 à 90 jours, conduisant à un doublement du nombre de personnes retenues plus d’un mois et à un accroissement de moitié du nombre de places en métropole. Les conditions d’enfermement sont très dures, dans des bâtiments parfois délabrés et suroccupés, ne respectant pas des règles minimales d’hygiène. Les tensions résultant de ces conditions génèrent de fréquentes violences, automutilations et suicides. Victime d’une surenchère à l’expulsion, au demeurant inefficace, la population retenue dans ce dispositif comprend des ressortissants étrangers ayant de fortes attaches en France et des demandeurs d’asile affectés par la procédure de Dublin. Plus de la moitié est libérée par le juge judiciaire ou le juge administratif, preuve que l’enfermement ne se justifiait pas.

      Détenus et retenus sont ainsi des confinés forcés que leur enfermement dans des lieux surpeuplés expose à un niveau élevé de risque de contamination. Qu’un cas survienne, et c’est toute la population détenue ou retenue qui se trouve menacée. Mais pas seulement elle. Les personnels pénitentiaires, en détention, et les forces de l’ordre, en rétention, de même que l’ensemble des agents qui interviennent dans ces institutions sont eux aussi très vulnérables en raison de leurs contacts fréquents avec les détenus et les retenus. Les surveillants et, parfois, les policiers sont les premiers à se plaindre des conditions dans lesquelles ils travaillent, qui sont également les conditions dans lesquelles vivent les détenus et les retenus. Ils se sentent légitimement pénalisés par l’indignité du traitement fait à ceux qu’ils ont la charge de garder. Pour tous, le risque de contamination n’est assurément pas imaginaire.

      Les premiers cas de Covid-19 sont apparus à Fresnes, deuxième établissement pénitentiaire français par sa taille, avec 2 200 prisonniers pour 1 700 places. Un détenu âgé a développé une forme grave et au moins quatre membres du personnel ont fait l’objet d’un dépistage positif. On imagine sans peine l’inquiétude de la centaine de détenus confinés et la colère des autres prisonniers condamnés à une suroccupation des cellules plus grande encore. Et ce d’autant que les parloirs sont réduits, les promenades limitées, les activités sportives annulées, les visites d’avocats plus rares, et les sorties en permission difficiles, sinon impossibles. On se souvient que les restrictions apportées en Italie aux visites des familles avaient conduit à des mutineries faisant douze morts.

      La situation en France peut également devenir explosive, alors que plusieurs centaines de surveillants sont déjà en quarantaine, rendant les conditions de travail de leurs collègues plus contraignantes et les conditions de l’incarcération des prisonniers plus dégradantes encore. Quant aux centres de rétention administrative, plusieurs cas de Covid-19 y sont également apparus et la Cimade y a interrompu son activité en interpellant le ministre de l’Intérieur sur le danger encouru.
      Sortir de la spirale punitive

      Les solutions à cette situation intenable sont simples. Si elles étaient mises en œuvre, elles protégeraient les détenus et les retenus de la propagation de l’infection et donneraient à la France l’occasion de sortir de la spirale punitive dans laquelle elle s’est engagée depuis plusieurs décennies, tandis que les Pays-Bas, l’Allemagne, le Portugal inversaient la tendance.

      Dans les prisons, il faut appliquer la loi qui impose l’encellulement individuel et que plusieurs rapports parlementaires récents ont rappelée. Si le ministère de la Justice considère qu’il y a 13 887 détenus en surnombre et 21 075 prévenus en attente de jugement, auxquels s’ajoutent plus de 20 000 condamnés à des peines de moins d’un an d’emprisonnement, souvent de quelques mois, il est facile de comprendre que beaucoup de ces détenus n’ont pas leur place en prison, notamment dans les conditions épidémiologiques actuelles. Plusieurs pays européens ont cherché et trouvé des alternatives aux courtes peines d’emprisonnement, ce que la France applique d’ailleurs elle-même lorsque les condamnés sont des hommes politiques.

      Dans les centres de rétention, on doit se souvenir que les personnes enfermées ne sont accusées d’aucun autre délit que de ne pas être en situation régulière, ce qui se révèle de surcroît parfois inexact. La libération des personnes retenues, que certains centres ont commencée et que l’Observatoire de l’enfermement des étrangers demande, est une décision de bon sens, car il n’y a de toute façon plus moyen de les éloigner du territoire faute de transport possible.
      Exposés à l’infection

      La question se pose donc. L’Etat français peut-il continuer à se désintéresser du sort des personnes qu’il emprisonne, souvent sans les avoir jugées, et qu’il retient, souvent sans fondement juridique ? La vie des détenus et des retenus a-t-elle moins de valeur que celle des autres membres de la société pour qu’on accepte de les exposer à une infection dont on protège le reste de la population ? Le « sens des responsabilités et de la solidarité » s’arrête-t-il aux portes des établissements pénitentiaires et des centres de rétention ?

      Le gouvernement n’a pris aucune mesure en faveur de ces populations exposées que sont les détenus et les retenus. Mais il dit s’appuyer sur l’avis des chercheurs. Que les membres de son Conseil scientifique exigent donc que toutes les vies soient protégées de manière égale.

      https://www.liberation.fr/debats/2020/03/18/l-inegalite-des-vies-en-temps-d-epidemie_1782169

    • Personnes migrantes en centres de rétention et campements. #Désencamper pour protéger

      La situation inquiétante des centres de rétention et des campements montre la dangerosité de l’encampement pour la sécurité sanitaire des personnes migrantes, ce que confirme en creux l’intervention « urgentiste » de l’État qui concède un accès partiel et provisoire des exilé⋅e⋅s aux droits humains pendant la pandémie.

      Qu’en est-il du confinement comme protection sanitaire pour des populations qui vivent déjà une première sorte de confinement, leur enfermement dans les centres de rétention, les hotspots (en Grèce) ou les nombreux campements et bidonvilles ? Dans ces lieux de mise à l’écart et de promiscuité forcée, leurs occupants vivent « dans des conditions d’exiguïté et d’insalubrité particulièrement préoccupante » selon le Communiqué conjoint du Haut-commissariat des Nations unies pour les Droits de l’Homme (HCDH), de l’Organisation internationale des migrations (OIM), du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) du 31 mars 2020. Et le même communiqué poursuit : « Compte tenu des conséquences mortelles qu’aurait une épidémie de Covid-19 dans ce contexte, ils devraient être libérés sans délai. » Les premiers signes de diffusion du Covid-19 sont révélés début avril aussi bien dans les hotspots grecs qu’en France dans les campements et les Centres de rétention administrative (CRA). C’est cette urgence qui a motivé l’état des lieux présenté ici, une pièce au dossier de la dangerosité de l’encampement.

      Ce texte ne fait pas l’état d’une enquête de terrain, mais du recueil d’informations le plus à jour possible (début avril 2020) auprès des aidants et intervenants dans les CRA, les campements et les bidonvilles, principalement dans les régions parisienne et calaisienne.
      CRA, mineurs isolés et demandeurs d’asile

      Concernant les CRA, plusieurs décisions de justice ont libéré les retenus car, en l’absence d’expulsion possible, la rétention « en attente » d’expulsion ne se justifiait plus. Seule exception notable encore fin mars : le CRA de Paris-Vincennes avec une cinquantaine de personnes retenues. Si l’on constate ainsi une diminution de la population retenue en CRA (soit un total de 120 occupants environ pour 1 500 places), on note aussi que l’administration ne veut pas prendre de décision officielle telle que la fermeture de ces centres. La responsabilité de libérer les personnes retenues en rétention a ainsi été laissée aux juges (les Juges de la liberté et de la détention – les JLD). Les centres de rétention se sont donc vidés progressivement au gré de décisions judiciaires parfois contradictoires.

      La fermeture des CRA est une urgence évidente : plusieurs personnes par chambre, les réfectoires pleins, plus de personnels de nettoyage à cause du confinement, pas de masques ni de gel hydro-alcoolique. De nombreuses recommandations vont dans ce sens : Défenseur des droits, contrôleure générale des lieux de privation de libertés (CGLPL), Commissaire aux Droits de l’Homme de l’Union européenne. Des demandes de fermeture des CRA ont été faites par le Groupe d’information et de soutien aux immigrés (Gisti), le Syndicat des avocats de France, la Cimade et le Conseil national des barreaux — fermeture refusée par le Conseil d’État. Il est intéressant d’observer que, dans l’attente d’une reprise du cours « normal » des activités, l’administration semble décidée à ne mettre en rétention que les personnes sortant de prison, et ainsi de ne pas remettre en cause l’ensemble du dispositif. Cependant, début avril, des grèves de la faim de « retenus » ont lieu dans plusieurs CRA, dont ceux de Mesnil-Amelot et de Oissel. Dans ce dernier centre en particulier, les occupants déclarent être malades et ont peur.

      Concernant les démarches de la demande d’asile, presque toutes les procédures ont été suspendues. Les Guichets uniques pour demandeurs d’asile (Guda) ferment, par manque de moyens pour se protéger, et les entretiens de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) sont annulés et reportés. Étonnamment, à ce jour, l’obligation de pointage dans les commissariats et gendarmeries est maintenue pour les demandeurs d’asile faisant l’objet d’une procédure d’expulsion vers un autre État membre de l’Union européenne dans le cadre de la Convention Dublin, ce qui est contradictoire avec les recommandations concernant le confinement et a été contesté par différentes associations et journaux.

      Pour ce qui concerne les mineurs isolés, il y a une contradiction entre les déclarations faites au niveau national et leur mise en œuvre aux échelles locales. Depuis le 16 mars 2020, l’évaluation de minorité et de prise en charge via la Croix rouge est suspendue jusqu’à nouvel ordre. Officiellement, l’accès à leur accueil provisoire d’urgence se fait « via les commissariats ». En fait, département par département, les choses se passent plus mal. Ainsi, par exemple le 25 mars à Paris, 7 jeunes primo-arrivants ont trouvé la Croix rouge fermée, ont été conduits dans différents commissariats qui ne pouvaient rien faire… Le foyer d’urgence les a fait attendre, leur a finalement dit de retourner vers les commissariats… et ils ont passé la nuit dehors. Cette situation semble généralisée, et l’abandon concerne en premier lieu les personnes non reconnues mineures.
      Les campements
      À Paris

      Concernant les migrants à la rue et/ou en campements (déboutés, « dublinés », ou primo-arrivants sans aucun titre) dans la région parisienne, il est important de comprendre la situation actuelle au regard des dernières évolutions depuis début novembre 2019. Plus de 3 000 migrants se trouvaient à ce moment-là au nord de Paris entre Porte de la Chapelle et Porte d’Aubervilliers. Cette situation était le résultat de quatre années d’un « cycle infernal » de formation de campements, démantèlement, dispersion policière, reformation de campements, etc., dans des conditions sanitaires très dégradées. De novembre 2019 à février 2020, il y a eu trois séquences d’évacuation, un mot d’ordre de « fermeté » de la Préfecture de Police et un dispositif policier important visant à « évincer » les personnes qui arrivaient et à « contenir sur leur camp » celles qui étaient déjà installées.

      En février, un campement s’est reconstitué à Aubervilliers au bord du canal Saint-Denis. Au deuxième jour de confinement, le 17 mars, environ 500 personnes y étaient enfermées, dans une grande promiscuité, sans eau, ni sanitaires, ni nourriture. La police refoulait de force les personnes voulant en sortir. Selon l’ONG Médecins du Monde (MDM), aucun respect des « gestes barrières » n’était possible, ce qui signifiait une mise en danger des personnes et de leurs contacts. Le 24 mars, sur décision de la Préfecture d’Île-de-France, environ 730 personnes ont été mises à l’abri, principalement dans des gymnases, et pour une part dans des hôtels. Durant l’évacuation, aucune précaution sanitaire n’a pu être instaurée, laissant les 700 personnes collées les unes aux autres pour monter dans les bus, non désinfectés, etc.

      Si cette mise à l’abri est un soulagement, il faut cependant noter que, parmi les dispositifs d’hébergement retenus, les gymnases créent une nouvelle forme de promiscuité et facilitent la circulation du virus entre les personnes. Par ailleurs, des inquiétudes existent sur les moyens dont disposent les gestionnaires de ces centres pour protéger les personnes et pour les équipes associatives d’accompagnement. Il paraît important de faire des tests systématiques de dépistage du Covid-19 dans ces lieux.

      Enfin, on estime entre 50 et 100 le nombre de personnes ayant « raté » l’évacuation et restant à la rue sans prise en charge, étant donnée la suspension des dispositifs habituels. Elles se réunissent par petits groupes dans des micro-campements le long des canaux de l’Ourcq et Saint-Denis.
      Dans le Calaisis

      Dans la région littorale du Nord, la situation est contrastée entre les différentes communes de la région d’une part, et les villes de Calais et Grande-Synthe d’autre part.

      Ce qui se passe à Ouistreham est vu comme « l’exemple à suivre » bien qu’en l’absence d’une intervention de l’administration : la soixantaine de personnes exilées présentes dans la ville sont hébergées depuis fin mars dans un centre de vacances géré pour l’occasion par la Croix Rouge.

      D’une manière générale, dans plusieurs petites communes du littoral du Nord, où sont dispersées de nombreuses personnes exilées en petits groupes, la situation semble bien maîtrisée par un tissu associatif actif de longue date, très présent, et des hébergeurs qui offrent des logements quand c’est nécessaire. Cela concerne notamment les communes de Quernes, Saint-Hilaire Cottes, Angres, Cherbourg, Steenvoorde, où l’accueil et la mise en sécurité des personnes migrantes s’y fait localement sans intervention de l’État.

      À Calais et Grande-Synthe, en revanche, la situation est marquée par l’existence ancienne et répétée de campements dispersés dans la ville et ses alentours. Ils abritent de 800 à 1 000 personnes à Calais, et 500 à 600 à Grande-Synthe. Les conditions sanitaires sont dramatiquement insuffisantes, en particulier l’accès à l’eau, au savon, etc. Jusqu’au début du mois d’avril, il n’y a eu aucun signe des autorités, les collectifs, associations et ONG travaillant seules, et beaucoup ont dû cesser leurs activités compte tenu de leur propre confinement.

      Plusieurs cas de Covid-19 ont été diagnostiqués fin mars et début avril dans les campements de Calais, mais il a fallu attendre le 3 avril pour que la Préfecture du Pas-de-Calais annonce le démarrage d’une opération de « mise à l’abri », étalée sur deux semaines. Au 8 avril, 200 personnes avaient été effectivement sorties des campements de rue et réparties dans divers centres d’accueil. Enfin, c’est le 6 avril que la préfecture annonçait à Grande-Synthe le début de la mise à l’abri des personnes en campements.
      La situation des bidonvilles en région parisienne

      Il existe à ce jour à Paris et en région parisienne, six bidonvilles (ou « campements roms »), regroupant environ 370 personnes. Elles sont aidées dans la limite des possibilités actuelles par des voisins et des associations (Restos du cœur, Secours catholique) mais leurs conditions sanitaires dans le cadre du confinement inquiètent.

      D’autres données à jour, fin mars, sur l’ensemble des bidonvilles en France métropolitaine, réunies par la cellule de crise Covid-19 du Collectif National Droits de l’Homme Romeurope, montrent de nombreuses situations inquiétantes en campements (concernant un total d’environ 15 000 personnes) sur le plan sanitaire, d’accès à l’eau, à l’hygiène, etc. Il existe une forte mobilisation associative autour de ces campements mais la situation devient plus critique à cause du confinement des résidents et des aidants eux-mêmes, notamment pour la fourniture d’aides, alimentaire entre autres.
      Conclusion. Dangerosité de l’encampement

      Les populations exilées, circulant en Europe et en France et en situation précaire sont en grande majorité des personnes plutôt jeunes et robustes. Si elles sont, en principe, à moindre risque face au coronavirus, elles ont été considérablement fragilisées par leurs parcours migratoires. Dans tous les instants de la vie quotidienne des campements, le manque de moyens d’hygiène et de protection (eau, savon, mais aussi masques, lunettes, lingettes, etc.) représente un risque majeur pour ces exilé⋅e⋅s comme pour les aidants.

      Le confinement social et politique (l’encampement des migrants) ne représente évidemment pas une sécurité sanitaire pour les personnes, ce que les autorités publiques françaises reconnaissent implicitement lorsqu’elles « désencampent » celles et ceux qui ont été maintenus dans ces situations de mise à l’écart. Faute d’anticipation, elles le font dans l’urgence au moment où apparaissent les premiers cas de contamination.

      Ce qui est en train de se passer dans les hotspots des îles grecques donne effectivement à réfléchir. L’inquiétante propagation du virus, qui y entraîne davantage d’enfermement pour environ 40 000 exilé⋅e⋅s enfermé⋅e⋅s — une « double peine » selon certains commentateurs —, montre la dangerosité de ces dispositifs d’encampement du point de vue de l’accès aux soins et aux droits humains en général.

      Les mesures de mises à l’abri prises récemment par les autorités montrent que dès qu’il y a une volonté politique, les solutions de relogement et mise en sécurité sont rapidement possibles. L’administration française a aussi décidé de renouveler pour trois mois tous les titres de séjour qui arrivaient prochainement à expiration, ce qui revient à concéder un court accès aux droits humains, limité dans le temps et sans remise en cause du traitement habituel.

      Cependant l’attitude « urgentiste » de l’État semble avoir pour unique souci de ne pas étendre la crise sanitaire dans ou à partir des lieux de confinement habituels des migrants, mais sans remettre en cause le dispositif de leur rétention (CRA) et de leur maintien à l’écart (campements). Il en résulte un processus de désencampement partiel et inachevé, beaucoup de personnes restant livrées à elles-mêmes ou maintenues dans des conditions sanitaires et d’accès aux droits inquiétantes.
      Pour aller plus loin

      Communiqué de l’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE), « Face à la crise sanitaire, l’enfermement administratif des personnes étrangères doit immédiatement cesser », blog de l’OEE, 18 mars 2020.
      Julien Mucchielli, « Les centres de rétention se vident, l’administration persiste », Dalloz actualités, 25 mars 2020.
      Communiqué de presse conjoint du HCDH, de l’OIM, du HCR et de l’OMS, « Les droits et la santé des réfugiés, des migrants et des apatrides doivent être protégés dans le cadre des efforts de lutte contre la Covid-19 », 31 mars 2020.
      Note d’information de la Cimade, « Rétention : comment la Cimade agit-elle en période de confinement ? », 6 avril 2020.
      Babels, De Lesbos à Calais : comment l’Europe fabrique des camps (sous la direction de Yasmine Bouagga), éditions Passager clandestin (Bibliothèque des frontières), 2017.

      http://icmigrations.fr/2020/04/07/defacto-018-01
      #désencampement #Paris #Calais #CRA

    • Fermeture des CRA : en temps de confinement, plus que jamais une exigence impérieuse !

      Dès le 18 mars 2020, l’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE) [1] appelait le gouvernement à faire immédiatement cesser l’enfermement des personnes étrangères retenues dans les centres et locaux de rétention administrative, dans les zones d’attente et au poste de police de Menton pont Saint-Louis. Il soulignait déjà que leur libération s’imposait dans le contexte de lutte contre la pandémie du Covid 19 : d’une part, parce que la fermeture des frontières et la mise à l’arrêt du trafic aérien privent la rétention de sa justification – expulser les étranger.es –, d’autre part parce que ces lieux de privation de liberté sont propices à la propagation rapide du virus [2].

      Dans de nombreux cas, les juges chargé·es de vérifier les conditions d’enfermement des personnes retenues ont précisément refusé, pour ces deux raisons, de les maintenir en rétention [3].

      Le gouvernement est resté sourd à ces alertes : de nombreuses personnes ont continué d’être retenues ou placées dans des CRA, le plus souvent après avoir été transférées depuis un établissement pénitentiaire où elles avaient définitivement purgé leur peine. C’est pourquoi plusieurs organisations membres de l’OEE, accompagnées du Conseil national des barreaux (CNB), ont saisi le Conseil d’État d’une requête en référé liberté afin de voir ordonner la fermeture des centres de rétention administrative (CRA).

      Dans son ordonnance du 27 mars, le Conseil d’État a rejeté cette requête. Accordant un crédit inconditionnel aux affirmations du ministre de l’intérieur, il a considéré :
      – qu’il n’y avait "pas de carences dans l’accès aux soins des personnes retenues"
      – que des instructions avaient été diffusées pour "l’observation des mesures d’hygiène et une répartition spatiale de l’occupation à l’intérieur des centres" [4].

      Les informations et témoignages recueillis depuis lors sur la situation dans les CRA montrent que le Conseil d’État a entériné le principe d’une « protection au rabais pour les étranger.es » [5]. Les retenu·es aux CRA de Oissel et du Mesnil Amelot, les représentant·es des associations intervenant au CRA de Vincennes ou de soutien aux personnes qui y sont retenues, les député·es et élu·es qui ont visité les CRA de Cornebarrieu et du Mesnil-Amelot, [6] tous et toutes apportent un démenti formel aux assurances du ministre et établissent clairement :
      – que les retenu·es sont maintenu·es dans une promiscuité et dans des conditions d’hygiène déplorables, incompatibles avec les recommandations de distanciation sociale et de protection individuelle ;
      – que les mesures sanitaires de prévention contre la diffusion du Covid-19 ne sont pas et ne peuvent pas être mises en place compte tenu de la configuration des lieux et des modalités de fonctionnement des centres ;
      – que ni les retenu·es, ni les personnels de service, ni les effectifs de police ne sont doté·es de masques et de produits désinfectants ;
      – que la mise en danger de contamination de l’ensemble des personnes présentes est permanente ;
      – que plusieurs cas de contamination au Covid 19 ont au demeurant été confirmés, notamment de trois personnes retenues au CRA de Vincennes, dont une depuis le 7 mars.

      Dans son ordonnance du 27 mars, le Conseil d’État a également justifié l’inconcevable refus du gouvernement de fermer les centres de rétention au motif que l’administration avait pu procéder, dans la période récente, à des expulsions "en dépit des restrictions mises par de nombreux Etats à l’entrée sur leur territoire et de la très forte diminution des transports aériens". Depuis lors et selon nos informations, aucune expulsion n’a été réalisée - à l’exception d’une expulsion vers le Brésil … depuis la Guyane - faute de vols disponibles ou d’accord des pays de renvoi. Que les personnes encore retenues dans les CRA soient, ou non, d’ancien·nes détenu·es n’y changera rien : leur expulsion reste impossible et leur rétention privée de base légale.

      Les lettres ouvertes, les pétitions, les interpellations directes des préfets se multiplient. Les personnes retenues, excédées et désespérées, s’organisent pour lutter collectivement contre cette aberration. Il faut se rendre à l’évidence : l’obstination du gouvernement défie tous les principes aussi bien que le bon sens. Ni les centres et locaux de rétention ni les zones d’attente, ne sont des centres de confinement. En y maintenant coûte que coûte et côte à côte, dans des conditions matérielles honteuses, des étranger·es qu’il ne pourra pas expulser, le personnel assurant les services de livraison et d’entretien des locaux et des effectifs de police qui vont et viennent quotidiennement - tou·tes et tous privé·es des dispositifs de protection qu’il recommande ailleurs - il brave les principes de précaution sanitaire élémentaires et expose toutes ces personnes à des risques de contamination majeurs.

      C’est ce qu’a déjà admis, le 15 avril, le juge des référés du tribunal administratif de Paris en estimant que « le préfet de police (…) entretient le foyer de contamination qui a été récemment identifié au sein de ce centre, et méconnaît de ce fait les impératifs de santé publique qui s’imposent à lui en vertu de l’état de catastrophe sanitaire mettant en péril la santé de la population ».

      L’état d’urgence sanitaire doit agir comme un révélateur : les CRA et autres lieux où sont parqués les étranger·es, sont incompatibles avec le respect des droits. Sans plus attendre, leur fermeture s’impose. Mais au-delà de la période de crise que nous traversons, qui en démontre de façon criante le caractère discriminatoire et mortifère, il faut en finir avec l’enfermement administratif des étranger·es.
      Paris, le 16 avril 2020

      ANNEXES
      (1) TÉMOIGNAGES

      Témoignages de retenus aux CRA de Oissel (29 mars)
      – « Ici tout est fermé, tout. Y’a rien qui est aéré ya pas de vent qui sort dehors pour pouvoir aérer la cellule. Ça veut dire on est tous comme si on était dans un sac-poubelle fermé quoi ! Enfermés avec le virus qui se multiplie. On utilise tous le même téléphone [cabines téléphoniques du centre], ça veut dire que quand y’a un mec qui décroche, qui parle, et qu’il y a un autre mec qui prend le téléphone après, et ben y’a tous les microbes laissées par le premier mec. Et ainsi de suite, et ainsi de suite, le virus, il se propage. Même pas de désinfectant pour nettoyer les cabines ».
      – « Il n’y a pas de médecin. Il y a une infirmière, quand t’as mal, quand on a des symptômes tout ça, elle donne des doliprane c’est tout, elle peut rien faire d’autre. Même elle, elle te dit : « Mais moi je suis en bas de l’échelle. Et moi aussi je peux vous contaminer parce que je vais chez moi, je vais voir mes enfants, je vais dehors et après je suis parmi vous tous les jours. »

      Témoignages de retenus au CRA du Mesnil-Amelot, 30 mars
      « On a peur de la contamination du coronavirus. Il y a encore de nouvelles arrivées. Ici il n’y a pas d’hygiène, donc c’est plus risqué que dans d’autres endroits. Y a pas de vol, y a rien ici. Pourquoi on est là encore ? »

      Visite du député européen Manuel Bompard au CRA de Cornebarrieu, 2 avril
      « (...) l’organisation physique des bureaux ne permet absolument pas aux agents, pourtant nombreux, de respecter les distances sociales nécessaires. J’ai ensuite constaté qu’aucun des membres du personnel nous accueillant ne portait de masque. Ce ne sera finalement le cas d’aucune des personnes que j’ai croisées au cours de la visite. Aux dires des gardiens, seul le personnel médical du centre, que je n’ai pas pu rencontrer, dispose d’un tel équipement qui lui a été fourni par le centre hospitalier de Toulouse. Il m’a été indiqué que les sous-traitants travaillant sur les lieux ne disposaient pas non plus de protocoles sanitaires particuliers. Les salariés de l’entreprise en charge de la préparation et de la livraison des repas ne disposent par exemple pas de masques. Seule la personne servant les repas en dispose d’un … qu’elle s’est procuré elle-même (…) Bref, j’ai pu constater sur place que les conditions sanitaires n’étaient pas acceptables. Elles constituent bien sûr une mise en danger des retenus, mais aussi des personnes travaillant sur les lieux. »

      Témoignage de retenu au CRA du Mesnil-Amelot, 6 avril
      Y a des gros problèmes sanitaires : c’est sale. Y a des gens qui toussent donc c’est bizarre comme ambiance ici. On vit tous dans le même pays mais pas dans la même situation. On confine les gens dehors. Ici, le coronavirus le virus n’existe pas : vous mangez dans la salle à manger où vous êtes plus de 25. Les policiers sont en face de vous et ne sont pas masqués. Ils viennent de l’extérieur eux. Tous les jours il y a des gens qui arrivent.

      Selon l’Assfam, à propos de la situation au CRA de Vincennes, 9 avril
      « Une personne retenue vient d’être testée positive au Covid-19 dans les CRA de Paris-Vincennes, où 54 personnes sont encore enfermées (…) La santé et la vie des personnes retenues sont mises en danger dans ces centres, où les mesures sanitaires de prévention et protection contre le Covid-19 ne sont pas, et ne peuvent pas, être mises en place ».
      (Infomigrants, 10 avril)

      Plainte déposée par l’association Sôs Soutien Ô sans-papiers à propos de la situation dans le CRA de Vincennes, 10 avril
      « Les conditions sanitaires dans ce centre sont déplorables. Il n’y a pas de gel hydroalcoolique et quelques masques sont arrivés il y a trois jours seulement. Le confinement et la distance entre les retenus sont impossibles à respecter du fait de la configuration des lieux.
      Au vu de la chronologie, il est plus que probable que la majorité des personnes infectées l’ont été pendant leur séjour au centre de rétention. Il est d’ailleurs surprenant qu’aucun retenu n’ait été hospitalisé malgré la présence de plusieurs facteurs de comorbidité tels que des affections respiratoires chroniques. Les retenus ne disposent pas d’un réel accès aux soins et n’ont pas la possibilité de recourir aux services d’un interprète ».

      Visite de deux élus, Pascal Troadec et Éric Coquerel, au CRA du Mesnil-Amelot, 12 avril
      Les élus ont également eu confirmation que les consignes minimales de sécurité ne peuvent être observées. Personne ne porte de gants ni de masques, ni les retenus ni les policiers. L’adjoint avait emporté avec lui soixante masques, il raconte que les fonctionnaires étaient aussi contents que les retenus de les récupérer. « Par ailleurs, nous avons pu vérifier que, dans plusieurs cellules, les hommes sont à deux, voire à trois. Dans la salle de télévision, impossible d’observer les distances et je ne vous parle pas du risque de transmission dans les toilettes avec leur état. »
      (Mediapart, 13 avril)
      (2) DÉCLARATIONS, APPELS ET PÉTITIONS POUR LA FERMETURE DES LIEUX D’ENFERMEMENT ADMINISTRATIF DES PERSONNES ÉTRANGÈRES

      Commissaire aux droits de l’Homme Conseil de l’Europe
      La Commissaire appelle à libérer les migrants en détention administrative pendant la crise du Covid-19
      https://www.coe.int/fr/web/commissioner/-/commissioner-calls-for-release-of-immigration-detainees-while-covid-19-crisis-c

      Tribune : Coronavirus : « Sauvegardons les droits fondamentaux pendant la crise sanitaire »
      Par Jacques Toubon, Défenseur des droits, Adeline Hazan, Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Burguburu, Président de de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme.
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/20/coronavirus-sauvegardons-les-droits-fondamentaux-pendant-la-crise-sanitaire_

      Défenseur des droits
      Covid-19 - Face aux risques de contamination, le Défenseur des droits demande la fermeture des centres de rétention administrative
      https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/actualites/2020/03/covid-19-face-aux-risques-de-contamination-le-defenseur-des-droit),

      Contrôle général des lieux de privation des libertés
      Situation sanitaire des prisons et centres de rétention administrative : le CGLPL demande la prise de mesures pour la protection des personnes privées de liberté
      https://www.cglpl.fr/2020/situation-sanitaire-des-prisons-et-centres-de-retention-administrative-le-cglp

      États généraux des migrations de Rouen
      Pétition pour la fermeture du Centre de Oissel et de tous les CRA
      https://www.change.org/p/préfecture-de-la-seine-maritime-fermeture-des-centres-de-rétention-administr

      Cercle des Voisins du Centre de Rétention de Cornebarrieu
      Fermez les Centres de Rétention !
      https://www.change.org/p/emmanuel-macron-fermez-les-centres-de-rétention-557ca213-75a5-4c64-9710-bbbf

      Le Paria
      Urgent : Fermez les centres de rétention administratives !
      https://fermez-les-cra.wesign.it/fr

      Appel de mail bombing par A bas les CRA
      Les prisonniers des CRA crient Liberté, faisons de même !
      https://abaslescra.noblogs.org/les-prisonniers-des-cra-crient-liberte-faisons-de-meme

      Communiqué des retenus du CRA du Mesnil-Amelot, 12 avril
      https://leparia.fr/urgent-appel-de-sos-emeutes-et-repression-au-centre-de-retention-du-mesnil-a
      (3) QUESTIONS ÉCRITES AU GOUVERNEMENT DES PARLEMENTAIRES EN FAVEUR DE LA FERMETURE DES CRA

      Question écrite n° 28344 de M. Michel Larive
      Date de dépôt : 14/04/2020
      étrangers - Rétention des étrangers dans les centres de rétention administrative (CRA)

      Question écrite n° 28343 de Mme Elsa Faucillon (GDR) sur le CRA de Vincennes
      Date de dépôt : 14/04/2020
      étrangers - Fermeture des centres de rétention

      Question écrite n° 28109 de M. Ugo Bernalicis (LFI)
      Date de dépôt : 07/04/2020
      lieux de privation de liberté - Situation des centres de rétention administrative face à l’épidémie de covid-19

      Question écrite n° 27839 de M. Adrien Quatennens (LFI)
      Date de dépôt : 31/03/2020
      lieux de privation de liberté - Risques sanitaires pour les personnes retenues au sein des CRA

      Question écrite n° 27712 de Mme Muriel Ressiguier (LFI)
      Date de dépôt : 24/03/2020
      santé - Covid-19 : faire face à l’urgence !

      Situation des personnes migrantes retenues dans les centres de rétention administrative du territoire français
      Question n° 15149 posée par Mme Esther Benbassa (CRCE)
      En attente de réponse du Ministère de l’intérieur

      Fermeture des centres de rétention administrative et épidémie de Covid-19
      Question n° 15230 posée par Mme Laurence Cohen (CRCE)
      En attente de réponse du Ministère de l’intérieur
      (4) INTERPELLATIONS DU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR

      lors de son audition le jeudi 9 avril dernier
      par la mission d’information Covid-19 de l’Assemblée nationale

      M. Bertrand Pancher (député Libertés et de Territoires de la Meuse) : Par ailleurs, pourquoi continuez-vous, en cette période de crise, à vous acharner sur les migrants ? Quelle logique guide votre action ? Les CRA continuent de fonctionner alors qu’il est impossible de renvoyer quiconque à l’étranger ; ils contribuent donc à propager la maladie. Au CRA de Vincennes, une personne a été testée positive au coronavirus, tandis qu’on a remis en liberté son voisin de chambre, hospitalisé quelques semaines auparavant. Une telle inconséquence est dramatique. De même, le Gouvernement n’a pas suspendu l’obligation de pointer dans les préfectures pour les personnes assignées à résidence. Il n’a pas non plus prolongé les visas de court séjour des personnes dont la santé réclame des soins urgents. Je ne saurais, enfin, ne pas évoquer la situation catastrophique de Mayotte, où l’eau se vend au marché noir.

      M. Pierre Dharéville, député GDR des Bouches-du-Rhône : S’agissant des étrangers, lorsque des procédures judiciaires ne sont pas envisagées et en l’absence de perspectives d’éloignement du territoire, il paraît incompréhensible de poursuivre les mesures de placement et de maintien en rétention.

      [1] Organisations membres de l’OEE : ANAFE, Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE), COMEDE, Droits d’urgence, FASTI, Genepi, GISTI, La Cimade, Ligue des droits de l’homme, MRAP, Observatoire citoyen du CRA de Palaiseau, Syndicat de la magistrature (SM), Syndicat des avocats de France (SAF)

      [2] OEE, Face à la crise sanitaire, l’enfermement administratif des personnes étrangères doit immédiatement cesser, 18 mars 2020

      [3] Cour d’appel de Rouen, 31 mars 2020 : « la privation de liberté ne peut perdurer sans perspective minimum d’éloignement. Au surplus, M. X se trouve en France où le virus est actif et la pandémie n’a pas atteint son pic ; il est placé en rétention depuis le 23 mars 2020 après avoir été détenu depuis le 27 février 2020 en maison d’arrêt où les mesures contre la contamination ne sont pas optimales ».

      [4] Conseil d’État, ordonnance du 27 mars 2020, Gisti et autres, N° 439720.

      [5] ADDE, CIMADE, GISTI, SAF et CNB, Le Conseil d’État refuse la fermeture des centres de rétention : une protection au rabais pour les étrangers, 30 mars 2020

      [6] Voir le détail de leurs témoignages et déclarations en annexe

      https://www.gisti.org/spip.php?article6370

    • COVID–19 : Le #Défenseur_des_droits recommande à nouveau la fermeture immédiate de tous les centres de rétention administrative en activité

      Dès le 18 mars, le Défenseur des droits faisait part au ministre de l’Intérieur de son inquiétude au sujet de la situation des personnes étrangères actuellement retenues dans les centres de rétention administrative (#CRA). Il l’interrogeait sur la pertinence et la légalité du maintien en activité de ces centres alors que les perspectives d’éloignement de ces personnes avaient disparu à court terme du fait de la fermeture des frontières.

      Le Défenseur des droits relevait que les étrangers retenus et les personnels intervenant en centres de rétention se trouvaient, du fait de la promiscuité inhérente aux lieux et de l’impossibilité d’y mettre pleinement en œuvre les gestes barrières préconisés, exposés à un risque sanitaire particulièrement élevé. Il demandait au ministre de l’Intérieur de procéder à la fermeture immédiate de tous les CRA ainsi qu’à la libération des étrangers encore retenus, dans l’attente de l’amélioration du contexte sanitaire français.

      Le 21 mars, le Défenseur des droits réitérait cet appel à la fermeture provisoire des lieux de privation de liberté conjointement avec la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, et le président de la CNCDH, Jean-Marie Burguburu.

      Le 25 mars, le Défenseur des droits défendait cette même position devant le juge des référés du Conseil d’Etat dans le cadre d’un contentieux introduit par plusieurs associations (Décision n° 2020-82 du 25 mars 2020).

      Par ordonnance du 27 mars, le Conseil d’Etat considérait que la situation ne portait pas une atteinte suffisamment grave aux droits à la vie et à la santé pour justifier la fermeture temporaire de l’ensemble des CRA, notamment parce que le nombre des nouveaux placements en rétention devait devenir marginal à l’avenir et que la carence dans l’accès aux soins des étrangers retenus ou dans la mise à disposition de produits d’hygiène n’était pas avérée.

      Depuis cette date, d’une part, les placements se sont poursuivis dans des proportions non marginales, ce qui n’est d’ailleurs pas contesté par le ministre de l’Intérieur dans son courrier au Défenseur des droits en date du 9 avril, d’autre part, la situation sanitaire n’a cessé de se dégrader et plusieurs étrangers et personnels du CRA de Vincennes ont été testés positifs au COVID-19, si bien que le tribunal administratif de Paris, par décision du 15 avril 2020, a reconnu la carence des autorités et leur a enjoint de ne plus placer d’étrangers, pour une durée de 14 jours, dans le centre de Vincennes.

      Cette carence atteste que les mesures de protection fixées par le ministre de l’Intérieur et mises en œuvres dans les CRA sont insuffisantes pour éviter la propagation du virus. Or, ces mesures étant sensiblement les mêmes d’un CRA à l’autre, le choix des autorités de reporter les placements en rétention vers le centre du Mesnil-Amelot apparait comme une option dangereuse pour la santé des personnes retenues comme des personnels qui y travaillent.

      Les constats opérés par la CGLPL lors de ses visites du 15 et 17 avril aux CRA de Vincennes et du Mesnil-Amelot confortent les informations portées à la connaissance du Défenseur des droits ainsi que son analyse.

      Dans la mesure où Il existe aujourd’hui, dans l’ensemble des CRA français, un risque indéniable de contamination, tant pour les retenus que pour les personnels, portant au droit à la vie et à la protection de la santé une atteinte disproportionnée et alors même qu’il n’existe pratiquement aucune perspective d’éloignement à bref délai, le Défenseur des droits, par une nouvelle décision n°2020-96 du 18 avril 2020 :

      Réitère ses recommandations tendant à la fermeture de tous les CRA encore en activité et à la libération de tous les étrangers actuellement retenus dans l’attente de l’amélioration du contexte sanitaire français. Cette fermeture devrait intervenir immédiatement s’agissant du CRA du Mesnil-Amelot, la situation dans ce centre étant tout à fait préoccupante.

      Demande, à défaut :

      L’arrêt immédiat de tous les placements en rétention administrative dans tous les CRA
      Le renforcement des mesures prises pour protéger les étrangers encore retenus ainsi que l’ensemble des personnels mobilisés pour assurer la surveillance et le suivi médical de ces personnes ainsi que l’entretien des locaux :
      Distribution à tous et en quantité suffisante de masques, gels hydro-alcooliques, et tenues de protection adéquates ;
      Tests de toutes les personnes susceptibles d’avoir été exposées au virus ;
      Isolement systématique de toutes les personnes symptomatiques dans des conditions dignes et de nature à garantir un plein accès aux soins ;
      Libération et, le cas échéant, prise en charge médicale des personnes testées positives au COVID-19.

      https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/communique-de-presse/2020/04/covid-19-le-defenseur-des-droits-recommande-a-nouveau-la-fermetur