• Gouttes de soleil dans le labyrinthe de béton – Groupe Révolutionnaire Charlatan
    https://lacharlatanerie.wordpress.com/gouttes-de-soleil-dans-le-labyrinthe-de-beton

    Notes sur le soulèvement de juin-juillet 2023

    « Vous les avez laissés en proie au labyrinthe ;
    Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte. […]
    Acharnez-vous ! Soyez les bien venus, outrages.
    C’est pour vous obtenir, injures, fureurs, rages,
    Que nous, les combattants du peuple, nous souffrons,
    La gloire la plus haute étant faite d’affronts. »

    Victor Hugo, « À ceux qu’on foule aux pieds », L’Année terrible, 1872

    EMBRASEMENT

    Entre le 27 juin et le 4 juillet 2023, la population des quartiers ghettoïsés s’est soulevée. L’assassinat par la #police de Nahel, un adolescent de 17 ans pour un refus d’obtempérer à Nanterre (92), s’est développé en une semaine de #révolte généralisée atteignant jusqu’aux centres des villes. Les renforts croissants des forces de l’ordre n’ont d’abord pas été capables de reprendre le contrôle de la rue. Dès le deuxième soir, des insurgés armés tiraient sur les caméras de vidéosurveillance. Le troisième soir, une armurerie était pillée à Vitry-sur-Seine (94) et la police essuyait des tirs à Cayenne (97). Le quatrième soir, des fusils étaient dérobés dans une armurerie à Marseille (13) et des policiers essuyaient des tirs d’arme à feu à Vaulx-en-Velin (69) et Nîmes (30). Des dizaines de milliers de policiers et de troupe d’élites spécialisées dans la lutte antiterroriste et le grand banditisme – le RAID, le GIGN, et la BRI – ont dû être jetées dans la lutte pour écraser le #soulèvement, soutenus par plusieurs hélicoptères et des véhicules blindés. Ils étaient jusqu’à 45 000 à être déployés à travers le pays, soit l’équivalent d’un corps d’armée.

    Les insurgés, massivement issus de la jeunesse ghettoïsée, ont d’un seul et même geste déclaré la guerre à la domination policière – qui venait de dépasser les limites de ce que toute une génération était prête à accepter – et à la domination de la politique et de l’économie sur leur vie. Véritables exilés de l’intérieur, condamnés à la condition d’étranger universel dans le pays qui les a vus naître, les insurgés étaient sans illusion : leur exclusion constitue le fondement et la survie de cette société qui ne leur promet aucun avenir. Récusant les fausses promesses et les mensonges vains, les insurgés ont procédé au saccage systématique et sans concession des instruments de la domination : mairies, commissariats, espaces scolaires et culturels, agences bancaires, caméras de vidéosurveillance, commerces, transports. Le deuxième soir, un groupe d’insurgés a tenté d’envahir la prison de Fresnes (94) pour libérer les détenus qui y étaient incarcérés. Chaque cible dévoilait une impasse supplémentaire du labyrinthe de béton et de contrôle à laquelle ils refusaient de se résigner. Contrairement à ce qui a pu être dit, les insurgés n’ont pas brûlé « leurs quartiers » : ils ont brûlé les enfers concentrationnaires et disciplinaires que le pouvoir et l’économie ont bâtis pour eux. N’en déplaise à la gauche et aux classes d’encadrement – sociologues, urbanistes, juges, enseignants, employés de mairie et consorts – (...)

  • ★ Emma Goldman : La révolution sociale est porteuse d’un changement radical de valeurs (1923) - Socialisme libertaire

    Les critiques socialistes, mais non bolcheviks, de l’échec de la Russie affirment que la révolution a échoué parce que l’industrie n’avait pas atteint un niveau de développement suffisant dans ce pays. Ils se réfèrent à Marx, pour qui la révolution sociale était possible uniquement dans les pays dotés d’un système industriel hautement développé, avec les antagonismes sociaux qui en découlent. Ces critiques en déduisent que la révolution russe ne pouvait être une révolution sociale et que, historiquement, elle était condamnée à passer par une étape constitutionnelle, démocratique, complétée par le développement d’une industrie avant que le pays ne devienne économiquement mûr pour un changement fondamental.

    Ce marxisme orthodoxe ignore un facteur plus important, et peut-être même plus essentiel, pour la possibilité et le succès d’une révolution sociale que le facteur industriel. Je veux parler de la conscience des masses à un moment donné. Pourquoi la révolution sociale n’a-t-elle pas éclaté, par exemple, aux États-Unis, en France ou même en Allemagne ? Ces pays ont certainement atteint le niveau de développement industriel fixé par Marx comme le stade culminant. En vérité, le développement industriel et les puissantes contradictions sociales ne sont en aucun cas suffisants pour donner naissance à une nouvelle société ou déclencher une révolution sociale. La conscience sociale et la psychologie nécessaires aux masses manquent dans des pays comme les États-Unis et ceux que je viens de mentionner. C’est pourquoi aucune révolution sociale n’a eu lieu dans ces régions (...)

    #EmmaGoldman #anarchisme #communisme #prolétariat #Révolution #soviet #Russie #bolchevisme #marxisme #Marx #Lénine #Trotsky #pouvoir #étatisme #autoritarisme...

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    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2018/06/la-revolution-sociale.html

  • Éloge de l’émeute
    https://lundi.am/Eloge-de-l-emeute-5586

    Ce lundisoir, nous accueillons le philosophe Jacques Deschamps qui vient nous parler de sa revigorante « Éloge de l’émeute » tout juste publiée aux éditions Les liens qui libèrent. Il y sera donc question de cette pratique ancestrale et chère à tout bouleversement historique : sortir dans la rue pour s’en prendre aux symboles du pouvoir ; et dans les meilleurs jours parvenir à l’abattre. À mille lieues des arguties de plateaux télé et de leur sociologie de comptoir, Jacques Deschamps voit dans les pratiques émeutières des gestes éminemment politiques depuis lesquels s’entre-ouvre le présent. L’émeute est partout, dans les rues, dans les champs mais aussi dans les têtes. Partout où il s’agit de se retrouver et de résister contre le règne de la bêtise, de la mort et de la tristesse.

    https://www.youtube.com/watch?v=mtX3EkznOl0&t

    #émeute #révolte #rébellion #sociologie

  • ★ Nestor Makhno, l’insurrectionnel, meurt le 24 juillet 1934 - Rebellyon.info

    Le 27 octobre 1889, naissait Nestor Ivanovitch Makhno à Goulaï-Polé, (Ukraine), anarchiste ukrainien, dirigeant d’une armée insurrectionnelle la Makhnovchtchina. Luttant contre les armées allemandes, russes blanches et contre l’armée rouge, Nestor Makhno fut un ardant anarchiste du début du XXe siècle (...)

    #Makhno #Ukraine #anarchisme #Makhnovchtchina #Révolution #histoire #bolchevisme #Lénine #Trotsky...

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    ▶️ https://rebellyon.info/Nestor-Makhno-l-insurrectionnel-meurt-le-625

  • Révolte pour nahel : une répression ultra-violente largement passée sous silence
    https://ricochets.cc/Revolte-pour-nahel-une-repression-ultra-violente-largement-passee-sous-sil

    Les protestations et émeutes pour Nahel, assassiné par un policier, ont été réprimées par des violences d’Etat (policières et judiciaires) énormes, démontrant une fois de plus la nocivité structurelle du système policier. Au lieu de calmer le jeu, l’appareil policier a rajouté des couches et des couches de violences et d’armements de guerre, très loin du calme et de l’apaisement. Certaines agressions particulièrement abjectes envers des manifestants/émeutiers ou de simples passants racisés démontrent (...) #Les_Articles

    / Révoltes, insurrections, débordements..., Autoritarisme, régime policier, démocrature..., #Violences_policières, Procès, justice, répression policière ou (...)

    #Révoltes,_insurrections,_débordements... #Autoritarisme,_régime_policier,_démocrature... #Procès,_justice,_répression_policière_ou_judiciaire
    https://mars-infos.org/solidarite-avec-la-revolte-sociale-7121
    https://lundi.am/Un-moment-de-revolte-emeutiere

  • ★ DÉFENDRE LA RÉVOLUTION : LA GUERRE D’ESPAGNE - Socialisme libertaire

    Le déclenchement de la guerre civile espagnole en 1936 ne fut pas vraiment une surprise. Dès le premier tour des élections, Franco avait proposé d’instaurer la loi martiale, afin d’empêcher la victoire du Front populaire. A Barcelone, le 16 juillet 1936, la C.N.T. demande en vain au gouvernement catalan de distribuer des armes aux ouvriers, pour prévenir une tentative de putsch de la droite. Le 17 juillet, le putsch éclate. Le gouvernement républicain tente encore de temporiser alors que le peuple s’arme et lutte contre les rebelles. Pourtant les révolutionnaires ne triomphent pas partout. Les putschistes contrôlent les îles Canaries, le Maroc espagnol, une partie de l’Andalousie, la Navarre, le Léon et la Vieille Castille. Cette situation crée une ligne de front entre les deux zones (...)

    #Révolution #Espagne #Catalogne #Guerre_Espagne #anarchisme #antifascisme #CNT #Durutti #histoire...

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    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2023/07/defendre-la-revolution-la-guerre-d-espagne.html

  • ★ DÉFENDRE LA RÉVOLUTION : LA MAKHNOVTCHINA - Socialisme libertaire

    Le combat mené par les anarchistes ukrainiens occupe une place importante dans notre histoire. Rappelons brièvement les faits. Nestor Makhno (1889-1934), figure de proue de ce mouvement, n’a pas reçu de formation militaire. Par contre, il participe très tôt à des actions violentes. Ainsi, le groupe anarchiste auquel il appartient se lance vers 19116-1938 dans des attentats et des attaques à main armée, les fameuses « ex » (expropriations) à l’en­contre de riches propriétaires ou d’industriels. La création d’une unité armée est issue tout naturellement du contexte local. Après la Révolution de mars 1917, un soviet se crée dans la région de Gouliaï-Polié. Pour le défendre, un groupe de volontaires est constitué. Il regroupe huit à neuf cents hommes dont environ trois cents anarchistes. Makhno et ses compagnons y apprennent le combat (...)

    #Révolution #Makhno #Makhnovtchina #anarchisme #histoire #Russie #URSS #bolchevisme #Lénine #Trotsky...

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    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2023/07/defendre-la-revolution-la-makhnovtchina.html

  • Restez calme, pour que l’ordre républicain assassin et destructeur règne sans limite
    https://ricochets.cc/Un-jeune-tue-1-million-une-poubelle-brulee-un-an-ferme.html

    Avant que les-vacances, la fête et les bouchons n’effacent complètement des médias dominants les violences d’Etat et l’assassinat de Nahel , quelques actus et analyses. Les droites se gargarisent d’autorité et d’Ordre, leur fond de commerce, ce qui ne règle rien mais ajoute des couches de violences d’Etat, des chapes de plomb et une colère rentrée qui « ré-explosera » bientôt. L’Ordre républicain étale ses flics et ses lois autoritaires au service des riches et du capitalisme, tout en générant toujours plus de (...) #Les_Articles

    / Autoritarisme, régime policier, démocrature..., #Violences_policières, #Procès,_justice,_répression_policière_ou_judiciaire, Révoltes, insurrections, (...)

    #Autoritarisme,_régime_policier,_démocrature... #Révoltes,_insurrections,_débordements...
    https://lundi.am/Ou-situer-l-extreme-gauche
    https://lundi.am/A-l-ecoute-des-cris-et-des-paroles-des-revoltes
    https://lundi.am/Il-n-y-a-plus-rien-a-piller
    https://www.acrimed.org/Mort-de-Nahel-de-l-appel-au-calme-au-rappel-a-l
    https://basse-chaine.info/?Les-fascistes-s-organisent-en-milice-dans-les-rues-d-Angers-952

  • « La mort de Nahel M. s’inscrit dans la continuité historique des crimes racistes commis à l’encontre des Noirs et des Arabes de ce pays »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/15/la-mort-de-nahel-m-s-inscrit-dans-la-continuite-historique-des-crimes-racist

    « La mort de Nahel M. s’inscrit dans la continuité historique des crimes racistes commis à l’encontre des Noirs et des Arabes de ce pays »
    TRIBUNE – Hicham Benaissa – Sociologue
    Le sociologue Hicham Benaissa rappelle, dans une tribune au «  Monde* », qu’il est vain de croire que le calme revenu après les émeutes en banlieue est durable. La colère se manifestera tant que nos institutions ne regarderont pas notre passé colonial en face*

    Un fait devient social et historique, nous enseigne Emile Durkheim, lorsqu’il est régulier, objectif, général. C’est d’ailleurs à ce titre que le sociologue s’est intéressé au crime en tant qu’objet qui répond aux critères d’un phénomène social. Indépendamment de la volonté des uns et des autres, un fait social s’impose à nous de l’extérieur, à tel point que nous pouvons en donner des prévisions.

    La sociologue Rachida Brahim a fourni un travail de recherche précieux qui a consisté à recenser le nombre de crimes racistes commis entre 1970 et 1997. Elle a listé, au total, 731 actes, soit une moyenne de 27 cas par an. Dans le cadre d’un débat critique et universitaire, on peut, si on le souhaite, débattre des chiffres et des concepts, mais il sera difficile de contester la constance et la régularité de ce phénomène. Et, au-delà de la statistique froide, il faut rappeler à la conscience publique la nature précise de quelques événements marquants.

    #paywall

  • Il n’y a pas de fumée sans feu d’artifices / 14 juillet appel à maintenir la pression
    https://ricochets.cc/Il-n-y-a-pas-de-fumee-sans-feu-d-artifices-14-juillet-appel-a-maintenir-la

    Par la faute de ceux qui nous gouvernent et qui nous exploitent nos situations deviennent impossible. Les flics ont la gâchette facile, nos corps sont envoyés en chair à canon à l’usine, au chantier, au pole emploi, dans les entreprises. Nos sols se bétonisent , l’agriculture ne nourrit que Bayer et Monsanto, pendant qu’on mange de la bouffe « pas très bonne bien trop chère ». Ce monde est fou on le sait. Il ne reste qu’une seule action pour récupérer le pouvoir sur nos vies et envisager un futur où on (...) #Les_Articles

    / Révoltes, insurrections, débordements...

    #Révoltes,_insurrections,_débordements...

  • Kropotkine - 1789-1793 : La Grande révolution
    https://www.partage-noir.fr/kropotkine-1789-1793-la-grande-revolution

    On a peine à évaluer l’apport de Kropotkine à la connaissance de la Grande Révolution. Comment un spé­cialiste de sciences naturelles et de géo­graphie, militant politique par ailleurs, et russe de surcroît aurait trouvé le temps et la capacité d’étudier la princi­pale révolution française ? Pourtant les faits sont là, La Grande Révolution est un ouvrage essentiel, salué à sa sor­tie en 1909 et qui reste largement vala­ble. Itinéraire - Une vie, une pensée n°3 : « Kropotkine »

    / #Pierre_Kropotkine, Révolution Française (1789)

    #Itinéraire_-_Une_vie,une_pensée_n°3:« _Kropotkine » #Révolution_Française_1789_
    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k82693k/f2.item
    https://cartoliste.ficedl.info/article917.html
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/itineraire_kropotkine2.pdf

  • Violences urbaines : « Les réseaux sociaux n’ont pas fait assez, et il va falloir qu’ils fassent plus » [sous peine de coupure], Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur
    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/8h30-fauvelle-dely/livraisons-d-armes-a-l-ukraine-moderation-des-reseaux-sociaux-le-8h30-f

    « Les réseaux sociaux n’ont pas fait assez » pendant les violences urbaines qui ont suivi la mort de Nahel et « il va falloir qu’ils fassent plus », prévient Thierry Breton. « À partir du 25 août, la loi européenne va s’appliquer à ces #plateformes », indique-t-il. De ce fait, "lorsqu’il y aura des contenus haineux, des contenus qui appellent par exemple à la révolte, qui appellent également à tuer ou à brûler des voitures, elles auront l’obligation dans l’instant de les effacer".

    « Si elles ne le font pas, elles seront immédiatement sanctionnées », assure-t-il. Concrètement, « on pourra, à ce moment-là, non seulement donner une amende, mais aussi interdire l’exploitation sur notre territoire » européen. Autrement dit, #couper_les_réseaux_sociaux qui ne respectent pas la règle. « C’est la loi qui va le faire » et pas « une personne, un État, un conseil d’administration », défend-il. « Nous sommes maintenant équipés pour cela avec un conseil spécifique », précise-t-il également.

    si j’étais de bonne humeur je dirais que c’est un appel à la créativité

    #internet #information #révolte #contrôle #police #censure #coupure

  • Manif(s) à République : Adama non grata et alors ? | Libé | 08.07.23

    https://www.liberation.fr/societe/au-rassemblement-interdit-pour-adama-traore-on-voudrait-nous-empecher-de-

    Reportage. Note : malins les #Révolution_Permanente, c’est du #manifjacking - ou de la #convergence_des_luttes bien menée.

    Au rassemblement interdit pour Adama Traoré : « On voudrait nous empêcher de marcher ? C’est non ». Malgré la décision de la préfecture de Paris, la marche contre les violences policières a bien eu lieu place de la République. Les manifestants, venus de banlieue comme de la capitale, dénoncent une « censure injustifiée ».


    « Ils ne veulent pas entendre nos morts. Mais on va avoir le dernier mot », clame Assa Traoré, place de la République, aux alentours de 15 heures ce samedi. Une marche en l’honneur d’Adama, son frère, décédé à la gendarmerie de Persan après une interpellation en 2016, était initialement prévue dans le Val-d’Oise, avant d’être interdite par la préfecture du département, une interdiction confirmée par la justice administrative vendredi, dans le sillage des émeutes liées à la mort de Nahel M., tué par un policier à Nanterre le 27 juin. En guise de contre-attaque, la militante a publié, vendredi soir, des vidéos sur les réseaux sociaux appelant à un rassemblement sur la place parisienne, elle aussi interdite par les autorités ce samedi matin. Mais cela n’a pas empêché l’événement de se dérouler, et la foule - 2 000 personnes selon l’AFP - de dénoncer les violences policières (les « Acab ! Acab ! » et « Tout le monde déteste la police ! » fusant allégrement). Des « marches citoyennes » contre les violences policières se tenaient en même temps dans plusieurs autres villes de France.

    « Ils verbalisent ceux qui portent des t-shirts Adama. S’attaquer au symbole de notre lutte est une honte », dénonce Assa Traoré. Depuis le début de l’après-midi, gendarmes et policiers traquent les profils susceptibles de participer au rassemblement illégal. C’est le cas d’Issa, vêtu d’un haut « Justice pour Adama ». A peine arrivé, il se voit infliger une amende de 135 euros. Mais cet habitué des marches en mémoire d’Adama ne se laisse pas démonter, il traîne encore un peu. Puis, nouveau contrôle : « Soit vous restez sur place et vous êtes à nouveau verbalisés, soit vous quittez les lieux. » « Mes nerfs sont tendus, peste l’intéressé, retranché dans les sous-sols du métro. Je reviendrai quand il y aura plus de monde. » Philomène, Lisa et Noah, venus au nom de Révolution permanente, ont quant à eux rodé leur stratagème. On leur intime de partir ? « Nous sommes aussi là pour soutenir la Palestine et l’Ukraine », rétorquent-ils, en référence aux deux autres rassemblements prévus, et autorisés, place de la République. Elles ont l’autorisation de rester.

    Pour « la liberté de la démocratie »

    Lorsque les contestataires affluent en masse, les forces de l’ordre réduisent les contrôles. Assa Traoré, postée sur la fontaine, déplore une « liberté de la démocratie » absente et s’oppose à « la police raciste ». A ses côtés, des élus insoumis, parmi lesquels les députés Eric Coquerel, Mathilde Panot ou Louis Boyard. A 15 h 20, la militante du Comité Adama embarque tout le monde le long du boulevard Magenta.

    Certains chantent, d’autres tapent des mains. Sadia, animateur socioculturel venu de Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), est ici pour ses enfants : « J’ai vécu des violences policières, mon aîné de 22 ans aussi, mes gosses de 5 et 7 ans vont en vivre… Et on voudrait nous empêcher de marcher ? C’est non. Je serais venu dans le Val-d’Oise si j’avais pu, et je suis là aujourd’hui. » Un peu plus loin, Juliette et Denis, deux voisins du quartier de Belleville, n’avaient pas envisagé de se rendre à Persan. « Là, on était obligés de venir. C’était important pour nous, deux « mines pâles », de montrer qu’on dénonce toute cette censure injustifiée », sourit Juliette.

    En haut du boulevard Magenta, le cortège s’arrête, bloqué par une lignée de CRS. Assa Traoré grimpe sur un abribus et, armée d’un haut-parleur, annonce la fin de la marche : « Vous avez eu le dernier mot, on a marché pour la liberté. » Applaudissements dans tous les sens. Escortée par une dizaine de personnes, elle file ensuite en vitesse. Des CRS la suivent. « Des élus autour d’elle, vite », demande Eric Coquerel, son écharpe tricolore en évidence. Elle est alors récupérée par un scooter. Ouf de soulagement dans son staff. Une procédure judiciaire a été engagée à son encontre pour organisation d’« une manifestation non déclarée ». Son frère, Youssouf Traoré, a quant à lui été interpellé pour « violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ».

  • Entre expérience et expérimentation, une politique qui ne porte toujours pas le nom de politique (2007)
    https://www.cip-idf.org/spip.php?article3284

    Les vagues de révolte se soulèvent et disparaissent selon des logiques qui font couler l’encre des sociologues et des théoriciens, selon des trajectoires qu’on ne retrace pas sans se sentir policier et intrusif, sans se voir en archiviste de la nostalgie. Nous n’avons pas ici l’ambition de faire un bilan de l’hiver et du printemps agités qui viennent de s’écouler. Dans les lignes qui suivent nous aborderons quelques problèmes de langage présents dans la politique contemporaine et les critères qui organisent le partage entre ce qui relève de cette politique et ce qui en exclu.

    Tout serait-il vain parce que la souffrance est éternelle, et que les révolutions ne survivent pas à leur victoire ? Mais le succès d’une révolution ne réside qu’en elle-même, précisément dans les vibrations, les étreintes, les ouvertures qu’elle a données aux hommes au moment où elle se faisait, et qui composent en soi un monument toujours en devenir, comme ces tumulus auxquels chaque nouveau voyageur apporte une pierre. la victoire d’une révolution est immanente, et consiste dans les nouveaux liens qu’elle instaure entre les hommes, même si ceux-ci ne durent pas plus que sa matière en fusion et font vite place à la division, à la trahison. G. Deleuze, F. Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ?, Les Editions de Minuit, Paris, 1991.

    Ce qui nous intéresse ici est aussi de montrer que les #émeutes de novembre 2005 et celles d’avril 2006 s’inscrivent dans une longue généalogie de soulèvements et que le fait qu’elles soient à présent devenues « souterraines » ne préjuge en rien de leur valeur d’événements.

    Comme l’explique Foucault « ce qui, dans l’histoire, échappe à l’histoire, ce n’est pas l’universel, l’immobile, ce que tout le monde, tout le temps, peut penser, dire ou vouloir. Ce qui échappe à l’histoire, c’est l’instant, la fracture, le déchirement, l’interruption (...). La révolution s’organise selon toute une économie intérieure au temps : des conditions, des promesses, des nécessités ; elle loge dans l’histoire, y fait son lit et finalement s’y couche. Le soulèvement, lui, coupant le temps, dresse les hommes à la verticale de leur terre et de leur humanité" [1].

    Deux de ces coupures verticales, de ces ruptures de la ligne prescrite par l’histoire des vainqueurs ont donc pris place d’après les medias dans les mois passés. La première s’est produite dans les banlieues de plusieurs villes de l’hexagone et à été attribuée - de manière un peu grossière - à des jeunes issus de l’immigration et mécontents d’un présent trop répressif et d’un futur trop sombre. La deuxième qu’on a baptisée mouvement anti-CPE s’est développée au cœur des villes et des universités, a été le fait des étudiants et des syndicats, a fini par réunir les jeunes et les adultes sous un seul drapeau qu’a l’étranger on a souvent trouvé conservateur. Car les pays où la tragédie de la fin du welfare s’est déjà consommée dans les décennies passées (comme l’Angleterre par exemple) ont jugé incompréhensible cette réaction de masse contre des conditions d’entrée dans le marché du travail qui ne semblaient point avilissantes. Mais de fait la contestation de ces conditions ne résume pas l’éventail des raisons qui ont fait descendre des milliers de gens dans les rues contre le gouvernement en place.

    [...]

    Les politiques du silence sont alors les pratiques propres aux états d’exception, celles qui se tiennent dans une relation étroite et risquée avec l’expérimentation aussi bien qu’avec l’expérience, pendant que le pouvoir en place gonfle sa puissance de répression. On peut aussi parler de « politiques de purs gestes », car le geste est toujours geste de ne pas se retrouver dans le langage et que l’être-dans-le-langage n’est pas quelque chose qui puisse être énoncé en propositions [44].

    Les catégories qui nous permettent de penser cet espace liminaire du politique, où quelque chose de décisif se joue au jour le jour en dehors de la comédie représentative gouvernementale et en deça du théâtre bohémien de la gauche extra-parlementaire, n’ont sans doute pas encore été crées. Pour l’heure, un enjeu important reste celui de prêter l’oreille, le corps, les affects, aux silences de la politique qui ne porte toujours pas ce nom.

    #révolte #immanence_de_la_révolution #révolution #histoire #interruption #soulèvement #mouvement_anti-CPE #émeutes_de_2005 #État #politique

    • La catégorie de l’étrangeté était plus qu’une figure de style pour l’Autonomie italienne qui en fit son orgueil [33] et l’articula notamment autour de l’idée pivot du refus du travail, c’est-à-dire le refus d’assumer comme sa propre place dans la dynamique de l’émancipation celle dela classe ouvrière. En 1977 les cercles du jeune prolétariat diffusaientun long communiqué, nous en citons un extrait dont l’actualité risque de surprendre : « Va travailler ! Ils nous le disent toujours, que l’on travaille ou que l’on soit chômeur. En effet nous sommes d’accord avec cet ouvrier américain qui disait dans une interview : » Si un matin je me levais avec l’envie d’aller travailler, j’irais tout de suite voir le psychologue« . C’est pour cela qu’existent les grèves et les absentéismes. Le travail (...) n’est qu’une nécessité. Mais même cette nécessité les patrons nous la rendent énormément pesante. Travailler veut dire commencer jeunes à faire de nouveau la vie de nos pères, huit heures à la chaîne ou au bureau, toujours obligés de rendre des comptes à un chef, avec pour seule perspective pour nous, les jeunes, d’être opprimés et exploités pendant toute notre vie (...). L’accusation de ne pas avoir envie de travailler, lorsqu’elle vient des bourgeois n’est qu’une grande hypocrisie » [34].

      #autonomie #travail #refus_du_travail

  • « Prends-moi un Yop » : l’absurde au cœur des émeutes
    https://theconversation.com/prends-moi-un-yop-labsurde-au-coeur-des-emeutes-208958

    Les révoltes de juin 2023 sont en train de faire l’histoire, une histoire supplémentaire de rupture avec les pouvoirs. Elles frappent par leur intensité, la rapidité de leur propagation, l’ampleur des destructions, et chose nouvelle par rapport à 2005, celle des pillages.

    La circulation des vidéos sur les réseaux sociaux ajoute à la stupéfaction. Ces émeutes sont des révoltes politiques quand bien même elles ne se traduisent pas, dans le présent de la situation, par des slogans ou des revendications. Ce qui domine dans l’émeute, ce n’est pas la parole mais plutôt l’acte.

    Elle confronte la société dans ce qu’elle sait déjà mais qu’elle dénie ou qu’elle se refuse d’affronter sérieusement depuis des décennies autrement que par une gestion technique du « maintien de l’ordre public ». Ces vies écrasées et méprisées se redressent et débordent. Elles font effraction dans ce qui leur est habituellement soustrait : la parole et l’audition politiques.

    « Dingueries »

    Au côté de la gravité de la situation et de ses déterminations politiques, une chose étonne : au milieu des affrontements, entre les tirs de mortiers, de feu d’artifice, des dizaines de vidéos montrent aussi des émeutiers hilares, amusés de leurs propres gestes et narquois.

    Ils donnent le sentiment de jouir du moment présent. Ils développent un sens évident de la mise en absurdité de leurs propres gestes. On y croise des « fous » qui font toute sorte de « dingueries » c’est-à-dire des êtres qui osent des gestes transgressifs que le commun s’interdit d’accomplir par crainte ou par honte. Le temps d’un instant, au cours d’une nuit ou d’une marche blanche, certains en oublient les sentiments tristes qui les ont conduits dans la rue.

    C’est un fait assez commun aux émeutes : elles sont un condensé d’affects et de sensations hétérogènes et souvent contradictoires. L’absurde côtoie la colère. L’humour se confond avec la violence des gestes. La joie se mêle aux larmes de la famille endeuillée de Nahel.

    Les gestes nihilistes de saccage se mélangent aux plaintes dirigées sans équivocité à l’endroit des forces de l’ordre et de l’état. Rationalités politiques et gestes absurdes sont le propre des pratiques émeutières.

    #révolte #pillages #émeutes

    • LE VERTIGE DE L’ÉMEUTE, entretien avec Romain Huët
      https://lundi.am/Le-vertige-de-l-emeute

      Ce #livre est parti d’une idée assez simple. Il est né en 2016 pendant la Loi Travail. Ce qu’on appelait alors le cortège de tête était intense. Les affrontements étaient nombreux. Et je constatais bien autour de moi, qu’au lieu de susciter de la répulsion, ce cortège attirait toujours plus de personnes. Vraisemblablement, des gens ordinaires le rejoignaient « parce qu’il se passait vraiment quelque chose ». Plus encore, je constatais de la joie, une ambiance festive, une quasi-effervescence collective. Cette atmosphère légère et rieuse contraste avec l’idée que je me faisais de la révolte et de l’épreuve de la rue. La colère, les demandes de justice, le refus du « monde tel qu’il est » sont des épreuves tristes et graves. Elles sont le signe d’une impuissance, d’un monde subi, de vies obligées à être contrites. Et je découvrais assez naïvement que la révolte n’est pas que l’expression du refus devant la vie écrasée. Elle est une « puissance de vie » comme disait Albert Camus (L’homme révolté).

      J’ai voulu comprendre ce qui suscitaient ces passions joyeuses chez les participants à une émeute. Et ce fait n’est pas réductible à tel ou tel mouvement social. Lors de la dernière réforme des retraites, j’étais assez saisi de voir l’enthousiasme qui gagnait les manifestants lorsque les dispositifs de la préfecture étaient débordés. Beaucoup expérimentaient leurs premières manifestations. Et je crois bien qu’ils en garderont un souvenir brulant. Ils ont participé à un moment ponctuel et très localisé de mise en déroute du pouvoir. Aux impuissances auxquelles nous sommes bien habitués, les manifestations sauvages donnent cette singulière impression d’inverser les registres de la puissance, de fragiliser les ordres policiers comme si le monde se fendait provisoirement.

      La thèse que j’essaye de défendre est assez simple. On a tendance à occulter la qualité affective de l’épreuve que la vie fait d’elle- même au cours de la réalisation d’une émeute. Cette occultation est tout à fait problématique car l’essentiel du sens d’une émeute ne réside pas dans les rationalités qui président au choix de la violence comme moyen politique. Toute la puissance performative de l’émeute et son attrait résident plutôt dans le fait qu’elle éveille des dispositions subjectives particulières tant au cours de l’instant de la violence que dans les sociabilités que les émeutiers nouent les uns avec les autres. Pour s’éviter ce genre d’approximation, il nous faut parler de l’expérience elle-même et de la réalité des émotions qu’elle contient. La scène qu’ouvre l’émeute est sans commun rapport avec nos vies ordinaires enfoncées dans leurs petites contingences, leurs petits riens qui les rendent ternes et sans éclats. L’émeute est le contraire. Elle est exubérance, intensité, et sentiment que le monde est « affecté » par le geste accompli.

      #expérience #intensité #joie

  • Les échos si frappants des révoltes urbaines anglaises de l’été 2011
    https://www.mediapart.fr/journal/international/050723/les-echos-si-frappants-des-revoltes-urbaines-anglaises-de-l-ete-2011

    Ces injustices se greffaient sur un fardeau que ressentaient les séditieux d’août 2011 outre-Manche : l’inégalité sociale absolue qui exclut de tels citoyens traités en sujets. Tel est l’état d’esprit des plus jeunes – se manifeste une fracture générationnelle – issus des communautés immigrées, en particulier pakistanaises : l’impression qu’il est désormais impossible de s’en sortir. N’existe même plus, à leurs yeux, l’exception tirée vers le haut, qui justifierait la règle, c’est-à-dire l’immense majorité galérant ad vitam æternam.
    D’où cette façon de s’en prendre – ce qui contredit les accusations de simple pillage consumériste – aux institutions publiques censées promouvoir l’égalité des chances, comme les écoles ou les bibliothèques, dans un message politique criant, aussi discutable soit-il.
    La réflexion produite sur le tard replace les soulèvements d’août 2011 dans un plus large contexte : l’effondrement de l’accord keynésien d’après-guerre et les conséquences sur l’architecture socio-économique et politique de la Grande-Bretagne à partir de l’ère Thatcher. Avec de surcroît une baisse continuelle des prestations sociales, qui avait déjà précédé les événements au point de faire partie d’un faisceau de causes ayant pu les déclencher.

    Or une nouvelle diminution de ces prestations a donc été décidée par les autorités en guise de réplique punitive. Et ce, dans un renversement permanent de la culpabilité dont font montre les conservateurs britanniques à l’égard de populations précarisées à l’extrême.
    Les recherches universitaires ont étayé deux contradictions niées avec le plus grand cynisme. Primo, le gouvernement et les médias encouragent une culture de la consommation au sein de la population tout en ne lui donnant pas les moyens de l’assouvir. Secundo, l’État répond à la marginalité qu’il crée – du chômage à la toxicomanie en passant par le mal-logement et la sous-éducation – en développant jusqu’à l’étranglement le travail précaire, instable et mal rémunéré, au nom du prétendu « workfare ».
    Accuser de tous les maux des gens maintenus dans tous les maux ; pousser au crime pour ensuite dénoncer des pratiques criminelles ; blâmer des individus prédisposés aux turpitudes selon des critères moraux, voire psychologiques, en niant toute cause d’ordre économique, sociale et politique : telle apparaît l’attitude d’un gouvernement conservateur britannique persuadé que rien ne vaudra jamais une guerre civile tuée dans l’œuf pour conforter son emprise.

    Face à une gauche inexistante ou tétanisée, David Cameron, ses conseillers néolibéraux et leurs supplétifs médiatiques ont réussi à fixer dans l’inconscient collectif, en 2011, un récit et une idéologie hégémoniques recyclant les peurs classiques : classes pauvres, classes dangereuses ; colonisés d’hier, colonisateurs de demain…

    L’heure, au sommet, est au surveiller et punir. Avec cet impératif suggéré au socle national : se prémunir face aux conséquences redoutées – le chaos –, plutôt que de traiter la cause camouflée : une réalité sociale déniant toute justice comme toute égalité.
    Ainsi les classes moyennes inférieures vivent-elles dans la fièvre obsidionale, face à la menace entretenue des troubles à venir. Au point de peut-être céder un jour aux sirènes démagogiques et antidémocratiques, à la condition que celles-ci promettent une force sans doute injuste mais putativement protectrice.

    C’est arrivé en 2016, à l’anglaise, avec le Brexit puis la séquence Boris Johnson. Cela semble se profiler en France, où le pire semble parfois chez lui...
    https://justpaste.it/2bp1q

    #révolte #inégalité_sociale_absolue #populations_précarisées_à_l’extrême

    en complément de https://seenthis.net/messages/1008558

  • #Emeutes_urbaines : « Ce qu’elles révèlent, ce n’est pas tant l’échec de la #politique de la #ville que celui de toutes les #politiques_publiques »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/06/emeutes-urbaines-ce-qu-elles-relevent-ce-n-est-pas-tant-l-echec-de-la-politi

    Depuis le début des années 1980, les vagues émeutières embrasant les quartiers populaires s’accompagnent de controverses interprétatives enflammées dans les médias. Les explications proposées ont varié au fil du temps, mais un argument traverse les décennies qui semble faire consensus chez tous les commentateurs : l’émeute marquerait l’échec de la politique de la ville. La politique ainsi mise en cause a pourtant connu d’importantes évolutions au cours des quarante dernières années, le plus souvent à la suite d’épisodes émeutiers. Si échec de la politique de la ville il y a, ce n’est pas la même politique qui a échoué au début des années 1990, en 2005 ou aujourd’hui.

    Le jugement d’échec semble d’autant plus incontestable en 2023 que l’Etat aurait mobilisé, depuis une quinzaine d’années, des budgets considérables pour les quartiers populaires. Les annonces récurrentes d’un nouveau « plan banlieue » ont pu donner crédit à cette idée d’une politique de la ville richement dotée. Bien que ces annonces soient le plus souvent restées des annonces, elles ont ouvert la voie à la dénonciation des « milliards pour les banlieues », au profit de populations qui ne le mériteraient pas.

    Portée par des entrepreneurs de fracture sociale, cette critique a été d’autant plus ravageuse qu’elle s’est prolongée par une mise en concurrence des souffrances territoriales, opposant les quartiers défavorisés des métropoles et une « France périphérique » aux contours flous mais dont la couleur est claire. Les premiers bénéficieraient d’une discrimination positive, au détriment des villes moyennes, des espaces périurbains et des territoires ruraux, dont les populations sont pourtant durement affectées par les recompositions industrielles et la précarisation de l’emploi, les politiques d’austérité et les fermetures de services publics, ainsi que par l’augmentation du coût de la vie.

    La critique de l’inefficacité se mue alors en une mise en cause de la légitimité même de la politique de la ville, illustrée par cette formule qui fait florès à l’extrême droite : on déshabille la « France périphérique » pour habiller celle qui vit de l’autre côté du périph.

    Moins de 1 % du budget de l’Etat

    Il faut pourtant le répéter inlassablement : les quartiers qui cumulent toutes les difficultés sociales ne bénéficient pas d’un traitement de faveur. Les crédits de la politique de la ville ont toujours été limités, inférieurs à 1 % du budget de l’Etat. Comme l’ont montré de nombreux travaux de recherche et d’évaluation ainsi que plusieurs rapports de la Cour des comptes, les moyens alloués au titre de cette politique ne suffisent pas à compenser l’inégale allocation des budgets des autres politiques publiques (éducation, emploi, santé, sécurité…) qui s’opère systématiquement au détriment des quartiers dits « prioritaires » et de leurs habitants.

    Les seuls milliards dont ces quartiers ont vu la couleur sont ceux de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), qui ne proviennent que marginalement de l’Etat : sa contribution se limite à 10 % du budget de l’agence, loin derrière Action Logement (70 %) et l’Union sociale pour l’habitat (20 %). Ce sont donc les cotisations des employeurs pour le logement de leurs salariés et les contributions du monde HLM (habitation à loyer modéré) qui financent la rénovation urbaine et non les impôts des Français.

    Bien qu’infondée, la critique des « milliards pour la banlieue » n’a pas été sans effet, conduisant les gouvernants à désinvestir la politique de la ville par crainte de susciter le ressentiment d’une fraction importante de l’électorat populaire sensible aux discours du Rassemblement national sur l’abandon de la France périphérique. Cette crainte a été amplifiée par le mouvement des « gilets jaunes », à la suite duquel la politique de la ville et les quartiers qu’elle cible ont disparu de l’agenda politique.

    La « séquence banlieue » ouverte lundi 26 juin par Emmanuel Macron à Marseille visait à répondre aux maires de banlieue et aux acteurs de terrain qui, depuis l’enterrement du rapport Borloo (dont il n’est pas inutile de rappeler aujourd’hui le sous-titre : « pour une réconciliation nationale »), critiquent ce désintérêt de l’exécutif pour les quartiers populaires.

    Défiance généralisée

    Le grand débat organisé dans la cité de la Busserine devait mettre en scène un président à l’écoute, mobilisant des moyens exceptionnels pour l’égalité des chances dans des quartiers nord délaissés par les élus locaux. La séquence se prolongeait le lendemain à Grigny (Essonne), avec le lancement des célébrations des 20 ans de l’ANRU, dont les réalisations ont produit des transformations visibles du cadre de vie de centaines de quartiers, à défaut de leur situation sociale. Elle devait se conclure à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), avec un comité interministériel des villes (CIV) maintes fois repoussé, où allaient enfin être annoncées les mesures du plan Quartiers 2030 concocté par Olivier Klein.

    La séquence était bien préparée mais rien ne s’est passé comme prévu. S’il a permis au président de renouer avec un exercice qu’il affectionne, le grand débat a surtout révélé l’exaspération des habitants, l’épuisement des acteurs associatifs et la défiance généralisée à l’égard du pouvoir politique. L’explosion de colère qui a suivi la mort du jeune Nahel a éclipsé les images de vingt ans de rénovation urbaine, et contraint le gouvernement à rapatrier à Matignon un CIV dont les annonces ont été repoussées à une date indéterminée. Ce report peut être utile s’il amène le gouvernement à réviser sa copie, pour envisager des réformes structurelles plutôt qu’un catalogue de programmes exceptionnels et de mesures expérimentales.

    Car ce que révèlent les #émeutes, ce n’est pas tant l’échec de la #politique_de_la_ville que celui de toutes les politiques publiques qui laissent se déployer la #ségrégation, la #stigmatisation et les #discriminations, voire y contribuent. A cet égard, on ne peut que regretter l’abandon en mai dernier du plan de #mixité_scolaire envisagé par Pap Ndiaye. Mais ce que rappellent d’abord les émeutes, c’est l’état plus que dégradé des relations entre la #police et les #populations_racisées des #quartiers_populaires, et la nécessité d’une transformation profonde des #pratiques_policières. Même si elle est politiquement difficile, l’ouverture de ce chantier s’impose, tant elle conditionne la #réconciliation_nationale.

    by https://twitter.com/renaud_epstein

    • Fabien Jobard, politiste : « Le législateur a consacré l’ascendant de la police sur la jeunesse postcoloniale »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/05/fabien-jobard-politiste-le-legislateur-a-consacre-l-ascendant-de-la-police-s

      Le spécialiste des questions policières revient, dans un entretien au « Monde », sur les spécificités françaises dans les rapports entre les forces de l’ordre et la jeunesse des quartiers populaires issue de l’immigration. Il éclaire le contexte dans lequel prennent place les émeutes ayant suivi la mort de Nahel M. à Nanterre.

      Directeur de recherche au CNRS, Fabien Jobard est politiste, chercheur au Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales. Il est l’auteur, avec le sociologue Olivier Fillieule, de Politiques du désordre. La police des manifestations en France (Seuil, 2020), avec Daniel Schönpflug, de Politische Gewalt im urbanen Raum (« violence politique en milieu urbain », Gruyter, 2019, non traduit), avec Jérémie Gauthier, de Police : questions sensibles (Presses universitaires de France, 2018) et, avec Jacques de Maillard, de Sociologie de la police. Politiques, organisations, réformes (Presses universitaires de France, 2015). Directeur du Groupe européen de recherches sur les normativités (GERN), Fabien Jobard publie en septembre une bande dessinée réalisée avec Florent Calvez : de la création des bobbys anglais aux dystopies policières contemporaines, Global Police. La question policière à travers le monde et l’histoire (Delcourt/Encrage) interroge la nature et le devenir de nos polices.

      Les événements de Nanterre, qu’il s’agisse de la mort de Nahel M. ou des émeutes qui ont suivi, montrent à quel point les relations entre la police et les jeunes des quartiers populaires sont dégradées. S’agit-il d’une spécificité française ?

      Les événements auxquels nous avons assisté ces derniers jours ne sont pas propres à la France : on en observe de comparables aux Etats-Unis, en Belgique, aux Pays-Bas – parfois au Royaume-Uni ou en Suède. Or, Suède mise à part, ces pays ont en commun une histoire contemporaine marquée soit par la prégnance de l’esclavage des populations noires, soit par la présence d’une population issue des territoires coloniaux. Le contraste avec l’Allemagne est frappant : dans ce pays qui a été privé de ses colonies africaines par le traité de Versailles, en 1919, les tensions avec les populations minoritaires existent mais elles sont bien moins fréquentes et bien moins intenses...

      La suite #paywall

    • De quelle manière cette histoire coloniale française pèse-t-elle ?

      [Fabien Jobard ] La guerre d’Algérie et la colonisation sont à mille lieues des préoccupations des policières et policiers de notre pays : ce ne sont pas eux, individuellement, qui portent cette histoire et la font perdurer. Savoir si les policiers sont racistes ou non n’aide d’ailleurs pas vraiment à comprendre ce qui se joue. Ce qui fait que la police est un lieu de perpétuation du rapport colonial sur notre sol est la collision de deux phénomènes historiques.

      Le premier est le fait que les populations issues des territoires nord-africains ont été installées à la va-vite dans des grands ensembles de nos banlieues. Ces villes étaient sous-administrées – pas ou presque pas de police, quelques brigades de gendarmerie, des commissariats isolés. A cette époque, la police faisait avec ce qu’elle avait et, de surcroît, recrutait peu d’effectifs nouveaux. La doctrine et les chefs disponibles étaient donc ceux des années 1950-1960, ceux de la #guerre_en_métropole, lorsque la gestion des populations nord-africaines reposait sur la mise à distance, le contrôle, l’imposition d’une obligation de déférence permanente – bref, la subordination sous férule policière. Dans un tel schéma, le #contrôle_d’identité avec fouille est central : c’est l’instrument majeur d’imposition de l’autorité policière comme préalable non négociable.

      Une telle gestion des populations subalternes aurait pu s’éteindre peu à peu, silencieusement emportée par la croissance et le renouvellement des générations, tant du côté de la police que du côté de la jeunesse. Mais au milieu des années 1970, la France s’est engagée sur une voie économique singulière, celle de la #désindustrialisation – et c’est le second phénomène historique décisif. De 1975 à nos jours, plus de 2 millions d’emplois industriels se sont évaporés : la France est devenue un pays de services et cette mutation a pénalisé en tout premier lieu les jeunes hommes sortis du système scolaire sans qualification – les jeunes femmes s’en sortent mieux. Or, dans quels rangs se recrutent principalement ces jeunes hommes ? Dans ceux des familles les moins favorisées, les moins dotées – les familles immigrées.

      C’est un contraste marquant avec la trajectoire historique allemande : l’Allemagne a protégé son industrie. Lorsque les jeunes sortent du système scolaire sans qualification – le système allemand est bien plus soucieux de la formation aux métiers manuels –, une place les attend à l’usine, sur la chaîne, à l’atelier. Outre-Rhin, l’industrie parvient donc à absorber ces « jeunes à problèmes », comme on dit là-bas, comme autrefois [ces saloperies de, ndc] Renault et Citroën absorbaient nos blousons noirs.

      En France, dès le milieu des années 1970, une #population_oisive essentiellement formée des jeunes issus de l’immigration coloniale s’est constituée au pied des tours. Cette jeunesse est disponible aux tensions avec la police : de #Toumi_Djaidja, fils de harki victime, en 1983, un soir de ramadan, aux Minguettes, d’un tir policier dans le ventre alors qu’il tentait de venir en aide à un de ses amis aux prises avec un chien policier, à Nahel, à Nanterre, en 2023, les relations sont explosives. La dynamique socio-économique française a fourni à la police une clientèle, essentiellement issue des populations coloniales, qui est enfermée, avec elle, dans un face-à-face mortifère et sans issue. [une bien trop grande proximité, ndc]

      Les pratiques de la police sont encadrées par le droit. Quelle a été l’évolution des textes depuis les années 1970 ?

      Sur ce plan, il est frappant de constater que le droit, notre droit républicain, n’a pas corrigé les pratiques mais les a, au contraire, garanties. Je reprends les contrôles d’identité. Ces pratiques se développaient de manière assez sauvage : le droit positif ne les prévoyait pas. En février 1981, le gouvernement de Raymond Barre a fait adopter une loi décriée par la gauche qui a « créé » les contrôles d’identité (art. 78-2 du code de procédure pénale). En réalité, cette loi consacre ces contrôles : elle « couvre », en quelque sorte, des pratiques dont nos recherches ont démontré qu’elles visent essentiellement la jeunesse postcoloniale. Ce geste, que la gauche n’a pas abrogé, est significatif d’une dynamique qui s’est enclenchée dans d’autres domaines de l’action policière : les pratiques et les perceptions policières ont été relayées par les politiques publiques.

      Quelles étaient ces politiques publiques ?

      A partir des années 1990, une décennie marquée par des émeutes urbaines localisées engendrées par des faits policiers mortels (ou la rumeur de tels faits), deux choix ont été très explicitement arrêtés. Le premier, c’est le renforcement de l’arsenal pénal contre les #mineurs auteurs de faits de #délinquance_de_voie_publique : les circulaires de politique pénale, puis la loi elle-même, encouragent la fermeté à l’égard de ces jeunes délinquants qui se recrutent essentiellement parmi les jeunes de cité, ce qui vient rétrospectivement légitimer l’action policière à leur égard. La politique pénale est telle qu’aujourd’hui le législateur offre aux policiers la possibilité de sanctionner eux-mêmes des délits par une amende dite « délictuelle » . Or, ces délits étant ceux habituellement commis par les jeunes de cité, ce pouvoir de sanction exorbitant confié par le législateur à la police consacre son ascendant sur cette fraction de la jeunesse.

      La seconde trajectoire de politique publique est l’abandon de ce que l’on appelait, il n’y a pas si longtemps encore, les politiques d’accompagnement social de la délinquance. Pour des raisons à la fois idéologiques et budgétaires, les gouvernements successifs ont concentré la dépense publique sur les forces de l’ordre (15 milliards d’euros et 8 500 agents supplémentaires sont prévus dans la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur du 24 janvier 2023) et ont privé les communes et les départements de fonds permettant une action sociale portée par les éducateurs spécialisés, les éducateurs de rue, les travailleurs sociaux. Même les emplois précaires – les emplois-jeunes puis les emplois aidés – ont été supprimés, les premiers sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, les seconds sous celui d’Edouard Philippe. J’insiste sur la dimension budgétaire de ces choix : en Allemagne, les communes et l’Etat disposent encore de moyens financiers pour l’action sociale.

      La France pourrait-elle s’inspirer des politiques mises en place en Allemagne ?

      L’Allemagne a perdu ses colonies il y a un siècle, elle n’a pas fait le choix de se défaire de son industrie, elle n’a pas renoncé au social au profit du sécuritaire. Et le caractère décentralisé et régional de la police, qui était une des conditions de la sortie du nazisme en 1945-1949, a fait que « la » police existe à peine en tant qu’institution et, surtout, en tant que groupe d’intérêts. Les syndicats policiers n’y sont pas engagés dans un défi permanent lancé aux politiques et aux magistrats, facteur considérable d’apaisement des passions policières et de discipline dans les rangs. Plus qu’un modèle dont on importerait telle ou telle recette, l’Allemagne offre plutôt un horizon dans lequel s’inscrit la question policière.
      Cette question ne pourra pas être dénouée seule : libérer la police française de sa colonialité ne passe pas par je ne sais quelle réforme isolée – type « revenir-à-la-police-de-proximité » – mais par l’investissement massif dans la formation, l’emploi et l’accompagnement social d’une jeunesse que les gouvernements successifs ont bien lâchement confiée aux soins presque exclusifs de la police.

      heureusement qu’il y a une gauche qui veut libérer la police ah ah ah

    • #Didier_Fassin : en France, « la #police a gagné la #bataille_idéologique » | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/070723/didier-fassin-en-france-la-police-gagne-la-bataille-ideologique

      #post_colonialisme

      DidierDidier Fassin est professeur au Collège de France, directeur d’études à l’#EHESS, et enseigne également à l’Institute for Advanced Study de #Princeton.

      Il a publié aux éditions du Seuil La Force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, dans lequel il étudiait des brigades anticriminalité (BAC) dont les insignes exhibaient les barres d’une cité prise dans la lunette de visée d’un fusil, des meutes de loups devant des tours d’habitation, une panthère déchirant de ses griffes un quartier plongé dans l’obscurité ou encore une araignée emprisonnant dans sa toile un ensemble d’immeubles. Il y observait des pratiques relevant souvent d’une logique « #postcoloniale ».

      Pour Mediapart, il revient sur les situations avant – et les mobilisations après – la mort de #George_Floyd aux États-Unis en 2020 et celle de #Nahel M. en 2023.

      Mediapart : Dans La Force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, écrit à partir d’une enquête inédite menée pendant 15 mois, entre 2005 et 2007, avec une BAC de la région parisienne, vous dressiez un constat catastrophique de l’action des BAC dans les banlieues, qui relevait davantage d’un processus de chasse dans une « jungle » que d’une opération de maintien de l’ordre ou de lutte contre la délinquance. On a pu vous dire alors que cette unité n’était pas représentative de la police française : ce qui se passe aujourd’hui vous ferait-il dire qu’elle était plutôt préfigurative de tendances racistes de la police française ? 

      Didier Fassin : Je ne généraliserais pas de la sorte pour ce qui est de tous les policiers. Lorsque mon livre est sorti, on a dit en effet que j’avais dû étudier des unités très atypiques, car j’indiquais la sympathie que les agents avec lesquels je patrouillais manifestaient ouvertement à l’égard de Jean-Marie Le Pen. Six ans plus tard, en 2017, on découvrait que les deux tiers des policiers en activité avaient voté pour sa fille au premier tour de l’élection présidentielle, soit plus de trois fois plus que la population générale.

      Mais plutôt que le racisme individuel, ce qui m’intéresse, et m’inquiète, c’est le racisme institutionnel, qu’il soit celui de la police en général, dont on voit qu’elle ne sanctionne pas les pratiques violentes et discriminatoires de ses agents, ou de certains syndicats en particulier, dont on vient de lire qu’ils considéraient les jeunes des quartiers difficiles comme des « nuisibles » qu’il faut mettre « hors d’état de nuire ».

      Dans cette perspective, je pense que les choses se sont encore aggravées depuis que j’ai conduit mon enquête, et c’est largement la responsabilité des gouvernements successifs qui, d’une part, n’ont pas cessé de céder devant les exigences de l’institution et des syndicats, et, d’autre part, n’ont jamais tenté d’engager de réforme.

    • Nayra : « Vous leur avez craché dessus et vous leur demandez de se calmer ? »
      Après la mort de Nahel, tué à bout portant par un policier à Nanterre le 27 juin 2023, une partie des quartiers populaires s’embrase. Dans le fracas, des adolescents disent une réalité ancienne de ségrégation et de racisme. #Mediapart donne la parole aux #rappeuses et aux #rappeurs qui se tiennent du côté de ces #révoltes. Épisode 1 : #Nayra, rappeuse de #Saint-Denis.

    • super interview aussi d’un spécialiste (anthropologue, U. Saint-denis) qui recence les émeutes (dans une liste quasi exhaustive) partout ds le monde depuis 2007.

      #au_poste par l’excellent @davduf

      https://www.auposte.fr/le-soulevement-des-quartiers-ce-quil-dit-et-ce-quon-ne-dit-pas

      pas encore écouté ceux-là par contre :

      https://www.auposte.fr/soulevement-2023-leloge-de-lemeute-avec-jacques-deschamps-philosophe

      https://www.auposte.fr/soulevement-2023-vers-une-secession-des-quartiers-populaires-rencontre-avec-

    • De la répression coloniale aux violences policières. @survie
      https://survie.org/billets-d-afrique/2021/303-dec-2020-janv-2021/article/de-la-repression-coloniale-aux-violences-policieres

      Au moment où la France est traversée par une série de révoltes à la suite du meurtre de Nahel par la police, et pour alimenter les reflexions sur la colonialité de la police française, nous republions cet article de Florian Bobin, étudiant-chercheur en Histoire africaine, paru en janvier 2021 dans Billets d’Afrique. Il a été publié préalablement en anglais dans Africa is A Country puis dans Jacobin , et en français dans la revue Contretemps. Il retrace l’histoire de la structuration de la #police_française, au service des intérêts esclavagistes, colonialistes puis néocolonialistes. Il montre la continuité de cette histoire avec la culture et les pratiques actuelles des forces de l’ordre en France, notamment vis-à-vis des jeunes Africains et Afro-descendants, mais aussi de celles de ses anciennes colonies africaines.

    • Didier Fassin : en France, « la police a gagné la bataille idéologique »

      Pour George Floyd, toute la société s’était mobilisée, il y avait eu des manifestations dans tout le pays. Ça a été un choc majeur. Pour Nahel, seuls les quartiers populaires ont bougé. Le lendemain, on ne parlait plus que de désordres urbains et, le surlendemain, de l’incendie de la maison d’un maire.

      https://justpaste.it/9hjxo

      #police #quartiers_populaires

  • Un jour, des émeutes massives auront lieu en réaction à un désastre écologique/climatique de trop
    https://ricochets.cc/Un-jour-des-emeutes-massives-auront-lieu-en-reaction-a-un-desastre-ecologi

    Il n’y a pas que les banlieues qui brûlent à cause de l’Etat-capitalisme, de la civilisation industrielle et de sa société de masse mortifère. Le climat continue de se réchauffer à vitesse grand V, des incendies et canicules continuent, les glaciers fondent, les courants atmosphériques entrent en zone inconnue, les cancers augmentent, les mines polluent pour des bagnoles électrifiées, etc. Mais « qui aurait pu prévoir » diront encore les tyrans qui gouvernent ? Qui aurait pu prévoir que les mêmes causes (...) #Les_Articles

    / Révoltes, insurrections, débordements..., #Catastrophes_climatiques_et_destructions_écologiques, Autoritarisme, régime policier, (...)

    #Révoltes,_insurrections,_débordements... #Autoritarisme,_régime_policier,_démocrature...
    https://reporterre.net/Megafeux-au-Canada-l-equivalent-de-l-Autriche-a-deja-brule
    https://reporterre.net/Pendant-les-canicules-les-cours-d-eau-menaces-par-le-nucleaire
    https://reporterre.net/La-pollution-de-l-air-accelere-la-fonte-des-glaciers-de-l-Himalaya
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/06/27/la-chine-impose-le-deboisement-pour-ses-besoins-agricoles_6179347_3244.html
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/06/27/en-2022-la-foret-primaire-tropicale-a-perdu-l-equivalent-de-la-superficie-de
    https://mediascitoyens-diois.info/2023/06/larctique-prive-de-banquise-en-ete-cest-leffondrement-de-lun-
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/06/28/incendies-au-canada-nouvel-episode-de-pollution-atmospherique-aux-etats-unis
    https://mediascitoyens-diois.info/2023/06/le-courant-aerien-jet-stream-un-pilier-du-climat-mondial-est-
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/07/01/le-mexique-touche-par-une-vague-de-chaleur-intense-et-meurtriere_6180141_324
    https://reporterre.net/Mines-au-Maroc-la-sinistre-realite-du-cobalt-responsable
    https://reporterre.net/Au-Maroc-une-mine-de-cobalt-empoisonne-les-oasis
    https://reporterre.net/Cultiver-des-tomates-bio-en-hiver-est-desormais-autorise
    https://reporterre.net/L-incidence-des-cancers-a-double-en-30-ans
    https://reporterre.net/Centrale-de-Fukushima-l-eau-radioactive-bientot-rejetee-dans-l-ocean
    https://reporterre.net/Les-agrocarburants-plus-de-CO2-que-les-fossiles
    https://www.liberation.fr/environnement/climat/3-juillet-2023-le-jour-le-plus-chaud-jamais-enregistre-sur-terre-20230704

  • Pillages.

    Yesterday I published an article in @unherd arguing that the situation leading up to the French riots is being driven by high food prices and low consumption. I presented INSEE data showing a 17% drawdown in food consumption, totally unprecedented in recent history. Chart 👇

    https://threadreaderapp.com/thread/1676121242531774465.html

    Emeutes urbaines : les commerces confrontés à une nouvelle crise après dégradations et pillages
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/07/04/emeutes-urbaines-les-commerces-confrontes-a-une-nouvelle-crise-apres-degrada

    une dizaine [de centres commerciaux ont été fortement dégradés et plusieurs dizaines ont fait l’objet de tentatives d’intrusion

    La Française des jeux dénombre 400 points de vente dégradés. La Fédération du commerce et de la distribution, plus de 200 moyennes et grandes surfaces, dont 40 supermarchés Aldi, cette enseigne très présente dans les zones à faible pouvoir d’achat. De Nike à Lacoste en passant par JD Sports, Adidas et Foot Locker, 150 magasins d’articles de sport ont aussi été visés
    De la vingtaine de restaurants McDonald’s pris pour cible, quatre sont totalement détruits.

    Le bilan ministériel fait pour sa part état de 2 508 incendies ou dégradations de bâtiments, dont 273 appartiennent aux forces de l’ordre nationales, à la #gendarmerie ou à la #police municipale.

    #auotréductions #pillages #commerce #consommation #révolte #émeutes

  • 🛑 Milices d’extrême-droite « anti-casseurs » : de quoi parle-t-on ? - Rapports de Force

    Depuis le début des révoltes causées par la mort de Nahel, des militants d’extrême-droite se rêvent en milice « anti-casseurs ». Entre réelle force para-policière et simple coup de communication, décryptage d’une situation plus complexe qu’il n’y paraît.
    Ce dimanche 2 juillet à Lyon, aux alentours de 21h, entre 80 et 100 militants d’extrême-droite se réunissent aux abords de La Traboule, locaux de feu Génération identitaire. Après une brève déambulation, ils atteignent les marches de l’Hôtel de ville, entonnent un « on est chez nous », et lancent le slogan favori des identitaires lyonnais : « avant, avant, Lyon le melhor ». La scène dure quelques minutes. Les jeunes hommes, cagoulés ou capuchés, reçoivent rapidement une pluie de palets lacrymogènes et se dispersent. « La police les a peut-être pris pour des jeunes des quartiers », sourit Raphaël Arnault, porte-parole du collectif antifasciste la Jeune Garde, peu habitué à voir les « fafs » (acronyme de « France au Français » utilisé pour désigner les militants d’extrême-droite) visés par la police. Un comble, puisque cette milice autoproclamée se targue justement de mettre fin aux mouvements de révolte* menés par les habitants des quartiers populaires (...)

    #extrêmedroite #néofascisme #racisme #milice... #révolte #jeunes #banlieue

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://rapportsdeforce.fr/pouvoir-et-contre-pouvoir/milices-dextreme-droite-anti-casseurs-de-quoi-parle-t-on-070518674

  • Révolte des banlieues : ceci est bien un mouvement social
    https://www.frustrationmagazine.fr/revolte-banlieues

    « Partage du temps de travail, partage des richesses ou alors ça va péééteeer – ça va péter !! » : ce slogan de manif, un poil usant, a retenti dans toutes les villes de France durant près de 4 mois pour protester contre la réforme des retraites. Pourtant, moins d’un mois après que le […]

  • Chez les policiers, de la fatigue, peu de débats et la crainte que les émeutes ne soient pas terminées
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/05/chez-les-policiers-de-la-fatigue-peu-de-debats-et-la-crainte-que-les-emeutes

    (...) une crainte parcourt l’institution : l’éventualité d’un nouveau cycle de tensions en cas de révélations tardives de graves blessures ou, pire, de mort, causées par les forces de l’ordre au cours des affrontements. Le risque est identifié depuis longtemps et des affaires émergent.

    Après des révélations du quotidien en ligne La Marseillaise, le parquet de Marseille a confirmé l’ouverture d’une information judiciaire pour « coups mortels avec usage ou menace d’une arme » à la suite de la mort d’un homme âgé de 27 ans dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet, probablement à la suite d’un tir de Flash-Ball ou de lanceur de balles de défense (#LBD). Et, à Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), un homme circulant en voiture a été grièvement atteint, selon ses proches, par une munition antiémeute de type « beanbag », vendredi 30 juin, sans doute après un tir de l’antenne locale du #RAID (Recherche, assistance, intervention, dissuasion), l’une des unités d’élite de la police.

    [...]

    Engagé avec la CRS 45 à Cergy-Pontoise (Val-d’Oise), ce policier expérimenté a découvert, ébahi, les modes d’actions nouveaux, pensés, élaborés, des émeutiers. Des barricades pour bloquer des voies d’accès stratégiques. Des attaques sur les flancs. Des ballons de baudruche remplis de liquide inflammable et lancés dans les fourgons puis enflammés à distance par des tirs de mortiers. « Ils ne craignaient pas du tout le contact, dit-il. Avec la volonté évidente de causer des dégâts humains. » Mobilité, coordination : la souplesse des assaillants a aussi contribué à épuiser les forces de l’ordre.
    https://justpaste.it/d5g08

    #révolte #émeutes #police #maintien_de_l'ordre

  • #Rafik_Chekkat : En train d’assister aux #audiences de #comparutions_immédiates des personnes arrêtées à #Marseille ces derniers jours. Une #justice_expéditive. 15 mins à peine pour revenir sur des faits, un parcours de vie, le contexte général. Les peines requises puis prononcées sont lourdes.

    Gros incident d’audience. La prise de parole virulente de l’avocat de la Métropole (partie civile) entraîne des réactions du public présent dans la salle. La présidente fait immédiatement évacuer tout le public par les forces de l’ordre. L’audience continue donc à huis clos.

    Les premières peines tombent : 4 mois de prison ferme pour une jeune femme de 19 ans rentrée dans le magasin Snipes sans avoir rien pris ; 1 an ferme pour des vols au Monoprix ; 10 mois ferme pour un étudiant malien en Master à Aix pour le vol de deux pantalons chez Hugo Boss.

    La Procureure fait des réquisitions d’ordre très général. Elle demande à chaque fois de la prison ferme « pour l’exemple ». Mais les faits jugés ne sont pas exemplaires mais terriblement communs (un pantalon, une paire de lunettes..). Aucune des personnes poursuivies n’a de casier

    Les audiences se poursuivent. 3 hommes (sans casier) poursuivis pour recel. Ils ont ramassé des pantalons Hugo Boss devant le magasin après qu’il ait été pillé. Les vidéos montrent que les 3 ne sont pas entrés dans le magasin. La Procureure demande de la prison ferme.

    Les faits ne sont pas clairement établis. Les 3 hommes ont sans doute touché les objets, mais rien n’indique qu’ils les aient pris. Les éléments d’enquête sont en réalité très minces. On juge à la chaîne en fonction du climat davantage qu’en fonction des éléments matériels.

    Les 3 hommes ont été reconnus coupables et condamnés à une peine d’un an avec sursis. Un lycéen (majeur) a été reconnu coupable et condamné à un an de prison dont 10 mois avec sursis. Il passera l’été en prison.

    Un homme de 58 ans est jugé pour recel pour avoir ramassé des objets au sol des heures après les pillages. Les avocats des parties civiles (Métropole ou enseignes de luxe comme Hugo Boss) tiennent des propos très durs. Ils invoquent un préjudice moral qui me semble assez suspect

    L’homme de 58 ans a été déclaré coupable de recel et condamné à une peine d’un an de prison ferme. Pour avoir ramassé des objets au sol 3h après les pillages. Du jamais vu

    3 hommes (21, 34 et 39 ans) jugés pour avoir pénétré dans le magasin Monoprix. Pour 2 les faits ont été requalifiés en tentative de vol (ils n’avaient pas de nourriture en leur possession). Ils ont été condamnés à 10 mois ferme. Le 3e homme à 1 an ferme. La Présidente a ordonné le maintien en détention. Pas de témoins ni de vidéos. Seuls les PV d’interpellation font foi.

    le maintien en détention. Sans témoignages ni exploitation des vidéos, seul le PV d’interpellation fait foi. Les 3 hommes ne se connaissent pas. Ils ont été jugés ensemble uniquement pour avoir été interpellés en même temps. Peine assortie de 3 ans d’interdiction du territoire.

    Un homme (29 ans) accusé du vol de 2 t-shirts (marque Rive Neuve). Il conteste être entré dans le magasin et demande l’exploitation des vidéos. Seul le PV d’interpellation des policiers fait foi (pas de témoignages, vidéos ou confrontations). « Pourquoi avez vous fui la police ? »

    Demande la Présidente ? Après son interpellation le Préfet a émis une OQTF alors qu’une demande de régularisation est en cours. Il a été relaxé en l’absence flagrante d’éléments. La Présidente lui précise que ça ne signifie pas qu’il n’a pas commis les faits, mais pas de preuves.

    2 hommes (25 et 28 ans) interpellés ensemble alors qu’ils étaient en scooter. Le conducteur dit avoir été gazé par la police et perdu le contrôle du scooter. On a retrouvé sur eux du fromage en provenance de Monoprix, une paire de lunettes et un peu de résine de cannabis.

    Le conducteur a été reconnu coupable de refus d’obtempérer (qu’il conteste) et de recel d’objets volés (fromage et lunettes). Il est condamné à un an ferme pour le refus, 6 mois ferme pour le recel et 3 d’interdiction du territoire. Le 2e homme est condamné à 8 mois avec sursis.

    Un homme (31 ans) poursuivi pour avoir jeté une pierre en direction d’une zone où il y avait des policiers. Il est reconnu une heure après par un policier et a reconnu tout de suite être l’auteur du jet. Il est placé en GAV puis incarcéré. Il souffre de graves problèmes de santé

    L’homme vient d’être condamné à 18 mois de prison ferme. C’est jusque-là la peine la plus lourde prononcée.

    3 hommes (53, 37 et 34 ans) qui ne se connaissent pas interpellés au même moment par des agents de la BAC. 2 dans le magasin Auchan, le 3e devant le magasin. 2 disent avoir été frappés par les policiers. L’un a la mâchoire et 2 doigts cassés. L’autre blessé à la jambe, boitille

    Un policier de la BAC dit avoir reçu un coup de casque au visage (5 jours ITT) mais son certificat médical n’indique aucune blessure au visage. C’est parole contre parole. Le policier dit avoir perdu une chaîne en or d’une valeur de 500€. Son avocate demande son remboursement.

    Les 3 hommes sont poursuivis pour tentative de vol. 2 sont aussi poursuivis pour rébellion (pour avoir résisté selon les policiers à l’interpellation). L’un des hommes dit être rentré pour prendre des fruits, car il n’en mange plus depuis 2 ans à cause de l’inflation

    Aucun des 3 n’a de casier. Les avocats ont soulevé des exceptions de nullité pour des manquements sérieux lors de la GAV (absence de notification de droits, pas d’intervention du magistrat, etc.). Exceptions non retenues. Là aussi, pas de témoignages, vidéos ou confrontations.

    L’homme rentré pour les fruits est condamné à 6 mois avec sursis (simple). Celui qui a les doigts et la mâchoire cassée (et qui exerce comme chauffeur poids lourds) à 1 an, dont 10 mois avec sursis. Le dernier à 18 mois ferme, 1 000 € à verser au policier de la BAC au titre du Préjudice moral, 500 € en dédommagement de la chaîne en or perdue et 800 € au titre de l’article 475-1 du CPP. Dans ce dossier, c’était la parole des policiers de la BAC Nord contre celle des accusés.

    La Procureure a rendu hommage aux forces de l’ordre et déclaré : « Dans une société hiérarchisée, on ne parle pas aux policiers comme à des égaux, on obtempère ».

    Dernier cas de la journée (pour ce qui est de la salle 4) : Clément, 18 ans, SDF depuis 2 ans. Il souffre de multiples troubles psychiatriques (dont schizophrénie). Interpellé dans le magasin Louis Vuiton et poursuivi pour tentative de vol. Dit avoir voulu voler pour se nourrir

    Il bénéficie d’un suivi médical. La Procureure a requis 1 an ferme. Ajoutant :"Il aura en détention le temps de réfléchir et de se prendre en main médicalement". Il a été reconnu coupable et écope d’une peine de 4 mois (aménagée). Il avait l’air totalement perdu.

    https://twitter.com/r_chekkat/status/1675864605703254016

    #tribunal #Marseille #Nahel #émeutes #révolte #vols #justice #emprisonnement #peines #prison_ferme

  • Emeutes urbaines : à Mont-Saint-Martin, un jeune homme dans le coma, interrogations sur l’intervention du RAID au cours d’une « nuit terrifiante »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/04/emeutes-urbaines-a-mont-saint-martin-un-jeune-homme-dans-le-coma-interrogati

    Pour cette nuit, onze agents du RAID sont « engagé[s] » dans cette commune d’à peine 10 000 habitants pour « assurer la sécurité des personnes et des biens », peut-on lire dans un tweet du préfet du département. La veille, selon la municipalité, la buvette du stade, une dizaine de véhicules et un établissement pour autistes ont brûlé ; il y a eu aussi des affrontements avec les forces de l’ordre dans la cour de l’école Jean-de-la-Fontaine.

    Vers « minuit cinquante une heure », Aimène, Yorick et Mimoun décident d’aller se ravitailler à la boutique d’une pompe à essence de Rodange, au Luxembourg. A peine cinq kilomètres à parcourir. Aimène prend le volant d’une Clio 3 blanche qui appartient à la mère de Yorick. Celui-ci s’assoit derrière le conducteur, Mimoun du côté passager. A peine parti, il faut revenir : l’un d’eux a oublié ses cigarettes. Léger détour. Juste avant de passer sur la chicane et un ralentisseur de la rue de Verdun, Aimène, vitre baissée, rétrograde en seconde. « Je tourne la tête à gauche, j’aperçois des policiers dans le noir, je vois une lampe torche qui nous éclaire et j’entends “poc” », raconte Mimoun. Aimène ne répond plus.

    « Moi, je ne comprends pas. J’entends la voiture en surrégime, je dis “Aimène, qu’est-ce que tu fais, avance” », poursuit Yorick. « Il y a du sang partout, je prends le volant pour éviter le terre-plein devant nous, je tourne à droite sur la rue de Marseille. Aimène est inconscient. Putain, il a pris une balle », lance Mimoun. Selon le récit des deux passagers, la voiture aurait continué sa course sur 500 mètres, le pied de la victime étant resté sur l’accélérateur. « On arrive à se stationner un peu plus loin à l’entrée de la bretelle NR2, détaille Mimoun. Je lui mets un tissu dans le cou, je pensais que le sang sortait par là ; mais ça n’a servi à rien, je ne savais pas qu’il coulait de la tête. » Yorick : « J’appelle les pompiers tout en disant à Aimène de ne pas s’endormir ; ils ne répondent pas, alors je contacte quelqu’un. » A ce moment-là, aucun policier ne les aurait suivis pour leur porter un éventuel secours.

    « Il y a une volonté de faire la lumière »

    A 1 h 10, le téléphone de Nordine, 28 ans, vibre. « Il me dit “Aimène a pris une balle. Viens”, se souvient-il. On arrive avec deux amis et je suis choqué : je lui retire sa casquette et un sachet entré dans sa tête, je vois un trou. » Il filmera le projectile dans la casquette ensanglantée. Direction les urgences de l’hôpital de Mont-Saint-Martin ; là-bas, on ne peut pas le traiter. « On évoque la possibilité de l’héliporter à Nancy, mais à cause des orages [prévus par Météo-France], on nous dit qu’il ne pouvait pas décoller », raconte Maya.

    Aimène est donc transporté en ambulance à l’hôpital d’Arlon, pour subir une opération à 3 h 50. Depuis, le jeune homme a été plongé dans le coma, son état de santé reste extrêmement fragile. La famille a le droit de lui rendre visite chaque jour de 16 heures à 17 h 30.

    [...]

    Dans le quartier, des habitants, qui disent ne pas avoir participé aux émeutes, ont assuré au Monde qu’ils ont été « pris pour cible » par des membres de cette unité d’élite lors de cette nuit « terrifiante ». Certains ont été touchés. On constate aussi des impacts sur des voitures. Toujours dans la même zone, à l’angle des rues de Marseille et Verdun où, selon ces témoignages, des membres du #RAID auraient été dissimulés ou allongés, selon eux, dans les buissons. « Des jeunes m’ont dit que ça tirait à tout va, explique Serge de Carli, le maire de Mont-Saint-Martin (divers gauche). J’ai posé des questions, une enquête est en cours. »

    A 1 h 10, soit quelques minutes après la blessure d’Aimène, un habitant a filmé une scène dans laquelle on voit trois voitures roulant à faible allure, dans des circonstances indéterminées, puis le RAID tirer en leur direction. « C’est comme si on était à la fête foraine, assure au Monde Théo Palmieri, 21 ans, l’un des chauffeurs. Je déposais un ami, il n’y a pas eu d’insulte ou de geste de notre part. »

    https://justpaste.it/a0hc4
    https://seenthis.net/messages/1008575

    #révolte #émeutes #maintien_de_l'ordre #armes_de_la_police #beanbags

    • Projectile en sachet — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Projectile_en_sachet

      Un projectile en sachets ou un sac à pois (traduction de l’anglais : bean bag rounds, littéralement : « munitions à sac de haricots ») est une munition pour arme à feu, dont les cartouches contiennent des sachets. Ces sachets peuvent contenir du plomb, du sable ou des billes d’acier. Une fois tiré, le sachet se déplie et frappe la cible par le côté plat. Ces munitions peuvent contenir de la teinture pour repérer la cible par la suite, ou bien des agents chimiques pour l’affecter directement. Les cartouches peuvent être tirées depuis un fusil ou un lance grenade1.

      Elles sont utilisées dans plusieurs pays pour contrôler les foules. Elles ont par exemple été utilisées lors des Manifestations de Ferguson en 2014 aux États-Unis2 et aussi dans les Manifestations de 2019 à Hong Kong contre la loi d’extradition3, sur les Hongkongais, et aussi dans les Manifestations de 2019 au Chili.

    • Jeune homme dans le coma lors d’émeutes à Mont-Saint-Martin : ouverture d’une information judiciaire
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/07/jeune-homme-dans-le-coma-lors-d-emeutes-a-mont-saint-martin-ouverture-d-une-

      Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille de la victime – le même qui suit l’affaire de Nahel M. – explique au Monde qu’il « trouve que la procureure de la République du Val-de-Briey a fait preuve de beaucoup de réserves en affirmant qu’à ce stade, on ne peut pas accuser mon client de quoi que ce soit ». Il ajoute : « Elle n’a pas cherché non plus à criminaliser la victime comme le font trop souvent ses confrères. Les investigations vont pouvoir se poursuivre et démontrer qu’un agent du RAID a fort probablement tiré sur mon client. »

      maintenant qu’après plus de 3000 arrestations la presse est disponible (cf. le meurtre d’Alhoussein Camara à Angoulème qui fini par faire l’objet d’un article dans Le Monde) le parquet fait varier ses scénars, prend des précautions

      #Aimène_Bahouh

    • Émeutes : un jeune homme toujours dans le coma après un tir policier, son avocat [Yassine Bouzrou] dénonce l’« hostilité » des juges
      https://www.leparisien.fr/faits-divers/emeutes-un-jeune-homme-toujours-dans-le-coma-apres-un-tir-policier-son-av

      Il dénonce l’ « hostilité » des magistrats. Une requête en dépaysement a été déposée auprès du procureur général de Nancy par Me Yassine Bouzrou, avocat de la famille d’Aimène B., un jeune homme de 25 ans toujours dans le coma après avoir été touché le 30 juin par un tir d’un policier du Raid, à Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), pendant les émeutes.

      L’avocat dénonce le « refus » des juges d’instruction Nancy de lui donner accès au dossier de l’affaire, après l’ouverture début juillet d’une information judiciaire pour « tentative d’homicide volontaire ». Une opposition « inacceptable » et qui « interroge quant à leurs motivations », a-t-il estimé mardi dans une lettre transmise au procureur général de Nancy, demandant le renvoi de l’affaire à un autre tribunal.

      « Des éléments doivent être dissimulés »

      Me Bouzrou dit avoir reçu une fin de non-recevoir lundi, après avoir sollicité une copie de la procédure auprès du tribunal judiciaire. Il indique avoir essuyé un nouveau refus lorsqu’il a tenté de joindre le greffier, le secrétariat lui ayant répondu que le dossier n’était « actuellement pas en forme pour être consulté ».

      « Le fait d’avoir besoin de mettre en forme le dossier avant d’en donner connaissance à la partie civile permet de craindre que des éléments doivent être dissimulés avant sa consultation », juge Me Bouzrou dans le communiqué.

      « Un souci de protection du policier »

      « Le refus des magistrats instructeurs d’instruire ce dossier et de communiquer aux parties civiles les éléments du dossier démontre une hostilité qui ne peut s’expliquer que par un souci de protection du fonctionnaire de police qui a commis une infraction extrêmement grave », ajoute-t-il, précisant que ce dernier n’a - « à (sa) connaissance » - « toujours pas été mis en examen ».

      Dénonçant aussi des « liens habituels » entre les policiers du Raid, basés à Nancy, et les magistrats et le parquet de cette même ville, Me Bouzrou demande un renvoi de la procédure vers un autre tribunal.

      #indépendance_des_juges #justice