• Le #racisme d’élus locaux expose les #gens_du_voyage à la #pollution

    Les décisions d’#urbanisme sont le terreau de l’#injustice_environnementale dont sont victimes les gens du voyage. Publiée le 26 août dans la revue Nature Cities (https://www.nature.com/articles/s44284-025-00307-w), une analyse #statistique inédite prouve que les #aires_d’accueil des #Voyageurs, qu’on appelle communément « gens du voyage » (les communautés gitanes, manouches, etc.), sont plus exposées à la pollution que nul autre quartier résidentiel. Y compris ceux des autres ménages les plus défavorisés.

    « Les zones autour d’une aire ont trois fois plus de probabilité d’être à proximité d’une #déchetterie — à moins de 300 mètres —, et plus de deux fois plus de probabilité d’être à proximité d’une #station_d’épuration ou d’une #autoroute — à moins de 100 mètres, déclarent dans The Conversation les auteurs de l’étude (https://theconversation.com/pres-des-autoroutes-et-des-dechetteries-les-gens-du-voyage-face-aux). Elles ont aussi 30 % de risque supplémentaire d’être proches d’un #site_pollué et 40 % de probabilité en plus d’être à proximité d’une usine #Seveso — présentant un #risque_industriel. »

    De précédents travaux avaient déjà dévoilé le caractère systémique de la #discrimination_environnementale subie par ces communautés en France, notamment ceux du juriste #William_Acker, auteur de l’ouvrage Où sont les « gens du voyage » ? Inventaire critique des aires d’accueil.

    D’après cette nouvelle étude, la combinaison de deux mécanismes alimenterait ces inégalités : un processus de #réduction_des_coûts, et des stratégies d’#exclusion délibérées de la part des pouvoirs publics. Autrement dit, du racisme environnemental : « L’#antitziganisme est fortement ancré dans la société française, comme en témoignent de nombreux discours médiatiques ou politiques, soulignent les chercheurs. Il est alors possible que certains élus cherchent à placer les aires loin des quartiers résidentiels pour éviter les réactions hostiles. »

    https://reporterre.net/Le-racisme-d-elus-locaux-expose-les-gens-du-voyage-a-la-pollution
    #racisme_environnemental #aménagement_du_territoire

  • « Le #racisme_environnemental est un angle mort des #luttes écologiques », dénonce le juriste #William_Acker

    Une #proposition_de_loi visant à « réformer l’accueil des #gens_du_voyage », examinée le 3 avril à l’Assemblée nationale, est portée par le député Horizons Xavier Albertini. Elle introduit la notion de « #préjudice_écologique », parmi les facteurs aggravants liés à une #occupation_illicite. Le point avec le Brestois William Acker, juriste et délégué général de l’Association nationale des gens du voyage citoyens (ANGVC).

    Réfléchir aux enjeux de la mobilité, dans le cadre d’un durcissement des lois sur les installations illicites. Voilà la mission confiée au député (EPR) Ludovic Mendes par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, en février. Sa proposition de loi « pour la #répression des occupations illégales et l’amélioration de l’#accueil des gens du voyage », a été déposée le 4 février 2025 sur le bureau de l’Assemblée nationale. Certaines de ses dispositions ont ensuite été introduites en commission des lois dans un autre texte, porté cette fois par le député Horizons Xavier Albertini.

    Plus de vingt ans après la loi de « sécurité intérieure » du 18 mars 2003, le bloc gouvernemental et le Rassemblement national militent pour renforcer les sanctions « lorsqu’il y a un délit d’installation illicite sur une propriété privée ou publique au moyen d’un véhicule automobile ». L’article 2 de la proposition de loi Albertini « ajoute le préjudice écologique, ou l’imminence de ce dernier comme constituant un nouveau motif de trouble à l’ordre, l’ordre public écologique, à la liste des motifs légaux d’évacuation forcée en vigueur en cas d’installation illicite ».

    Un article de loi qui, s’il devait être voté, renforcerait « le racisme environnemental, dont sont déjà victimes les Voyageurs », et consacrerait le détournement d’un principe, visant « à poursuivre et punir les grands pollueurs et non à devenir une menace juridique envers une partie de la population », dénonce auprès de Splann ! William Acker.

    Mise à jour du 5 avril 2025

    Examinée le 3 avril dans le cadre de la « niche parlementaire » du groupe Horizons, la proposition de loi « pour réformer l’accueil des gens du voyage » a été retirée par son auteur, Xavier Albertini, conscient qu’elle ne pourrait pas être votée avant minuit en raison des 115 amendements déposés sur le texte émanant majoritairement des bancs du Nouveau Front populaire. Dans un communiqué, le député a indiqué que son travail se poursuivrait par le biais d’un groupe de travail amorcé par le ministère de l’Intérieur et le dépôt d’une nouvelle proposition de loi transpartisane.

    Splann ! : En 2022, vous avez reçu le Prix du livre d’écologie politique pour votre ouvrage « Où sont les gens du voyage ? » Une cartographie précise qui établit un lien direct entre l’endroit où l’on vit et les différents degrés de racisme pouvant en découler…

    William Acker : Il s’agit d’une référence à la notion de racisme environnemental. Les premiers à l’avoir théorisée sont les militants des droits civiques afro-américains. Dans le contexte d’une Amérique post-ségrégationniste, ils ont démontré qu’il existe une corrélation très forte entre discriminations raciale et environnementale. Et même si, chez nous, on ne parle pas de race, l’inventaire des aires d’accueil que j’ai réalisé, en 2021, confirme que l’on peut voir le racisme du ciel.

    C’est-à-dire ?

    W.A : Que dans notre pays, les zones de stationnement pour gens du voyage sont toujours situées en proche banlieue ou en périphérie. Bordées par des sites industriels ou de traitement des déchets. Le plus souvent, à proximité des centres de rétention administrative ou des mosquées.

    Pour autant, ce constat permet-il de transposer cette notion de racisme environnemental en France ?

    W.A : A priori, non. Mais deux éléments m’ont incité à le faire. D’abord, cette étude de 2019 du Bureau européen de l’environnement démontrant que les quartiers roms d’Europe de l’Est se situent quasi systématiquement en zones fortement polluées. Ensuite, le fait qu’en France, le statut des gens du voyage est juridiquement différent du droit commun s’appliquant à l’immense majorité de nos concitoyens. Or, dès que des lois ciblent une partie de la population, il y a racisme. Si vous ajoutez à cela mon inventaire des aires d’accueil, on peut dire qu’il existe une forme de racisme environnemental, en France.

    Cette double discrimination touche-t-elle d’autres personnes que les Voyageurs ?

    W.A : En élargissant la focale, on constate que le racisme environnemental touche également toutes celles et ceux qui n’ont d’autre choix que de vivre en habitat mobile ou léger. Les travailleurs pauvres, les travailleuses du sexe, les exilé·es. Ces précaires, au sens large, qui sont indirectement visés par la proposition de loi du député Ensemble pour la République, Ludovic Mendes.

    Que dit exactement cette proposition de loi ?

    W.A : Qu’il faut « rééquilibrer la répression visant les installations illicites, tout en améliorant les conditions d’accueil des gens du voyage ». A quelque chose près, une reprise de cette vieille idée qui consiste à voir les Voyageurs comme un groupe marginal nécessitant « une réforme sociale » constante. Or, depuis les années 1950, on sait qu’ajouter de nouveaux dispositifs à ceux déjà existants ne résout en rien cette impossibilité légale de s’établir dans la commune de son choix. J’en veux pour preuve les métropoles brestoises et rennaises où l’on dénombre entre 100 et 200 familles en errance. Toutes contraintes au stationnement illicite, faute de places disponibles dans les aires d’accueil dédiées.

    Face à ce manque structurel de places, de plus en plus de Voyageurs se voient dans l’obligation d’acheter des terrains privés…

    W.A : Oui, mais des terrains en zones de loisirs ou agricoles. Ce qui les empêche, légalement, de s’y installer à l’année. Résultat, ce qui devait être une réponse au manque structurel, dont vous parlez, devient un problème supplémentaire à gérer. Faute d’avoir été correctement renseignée ou accompagnée par les collectivités, la majorité des gens du voyage en situation d’installation illicite, le sont sur leur propre terrain !

    Et, comme si cela ne suffisait pas, Ludovic Mendes a décidé de s’engouffrer dans la brèche pour instaurer un principe d’application de mesures de mise en demeure des propriétaires, en cas de « motif d’intérêt général lié au préjudice écologique ». Une double peine supplémentaire, infligée aux Voyageurs. Où l’on voit qu’au nom de la protection environnementale, on peut rapidement glisser vers une forme de régulation des plus précaires.

    On pourrait aussi voir cette disposition comme un moyen de lutter plus efficacement contre les infractions environnementales ou les entorses aux règles de salubrité publique ?

    W.A : Bien sûr. Et l’on pourrait aussi espérer que cette notion de « préjudice écologique » soit brandie avec la même célérité lorsque ce « motif d’intérêt général » impliquera des groupes industriels, dont les installations provoqueront des pollutions en ville. La réalité, c’est que cette proposition de loi n’a qu’un objectif : stigmatiser encore davantage les Voyageurs, en les faisant passer pour des pollueurs qui n’ont aucune conscience de l’environnement dans lequel ils vivent.

    Ce qui est cocasse, quand on sait que la majorité des aires d’accueil sont construites sur de larges dalles de béton, sans arbre ni gazon. Ce qui est absurde, quand on se souvient que la notion de « préjudice écologique » a fait son entrée dans le droit moderne, suite au procès en cassation de l’Erika, en 2012. Dans son essence même, ce dispositif législatif vise à poursuivre et punir les grands pollueurs. Aussi, il devrait continuer à servir de moyen de régulation du capitalisme écocidaire et non de menace juridique envers une partie de la population.

    Selon vous, comment peut-on expliquer ce détournement d’usage du « préjudice écologique » ?

    W.A : En reconnaissant simplement que le racisme environnemental est un angle mort des luttes écologiques. Je prends un exemple. À l’été 2023, j’étais invité aux universités d’été des Écologistes pour évoquer cet enjeu. Au fur et à mesure que je parlais, je sentais qu’une partie de la salle était comme sonnée. De l’aveu même de certain·es militant·es, la question des gens du voyage et des aires d’accueil n’a jamais été identifiée comme un enjeu de la lutte écologique.

    On retrouve d’ailleurs ce genre de discours avec les habitant·es des quartiers populaires. Comme si les uns et les autres étaient étrangers à ces combats. Comme s’ils n’avaient rien à dire là-dessus, alors même que je démontre dans cette cartographie inédite que les Voyageurs comptent parmi les premières victimes des différentes pollutions de l’air, de l’eau et des sols. Dans un cas comme dans l’autre, on oublie d’écouter les premiers concernés et on calque nos vieux schémas de pensée sur des combats actuels. Cela participe non seulement à une forme de délégitimation de ces personnes, mais établit une sorte de hiérarchie des luttes entre les barrières légales à faire tomber, et les autres.

    Que voulez-vous dire par là ?

    W.A : Prenons l’exemple de la tiny house et de la caravane. Dans le premier cas, le mode de vie bohème est sublimé. Et, comme par magie, les règles d’urbanisme s’assouplissent, les PLU s’aménagent. Dans le deuxième cas, le nomadisme est vu comme une mobilité « à rééquilibrer », « à contrôler », « à sédentariser ».

    C’est exactement ce qu’il est en train de se passer à Saint-Brieuc. Cette ville est à la fois l’une des collectivités bretonnes les plus dures en matière de politique d’accueil des Voyageurs et pionnière dans l’accueil étudiant avec son Ty-Village.

    Je tiens à préciser que je n’ai rien contre ce projet et que je ne nie pas les actes de délinquance liés à certains Voyageurs de cette agglomération. Mais si je prends cet exemple, c’est pour pointer l’hypocrisie de ce double discours qui interdit aux « mauvais nomades » le droit de vivre dans leurs caravanes, en même temps qu’il érige ce mode de vie comme une solution possible aux problèmes écologiques et de mal-logement, notamment grâce aux tiny houses.

    Au-delà de la violence du procédé, ce double discours implique l’instauration d’un double standard : des facilités législatives, d’un côté ; des barrières légales, de l’autre. Face à cette hypocrisie, on se doit de répondre par la convergence des luttes sociales et écologiques. Parce que si l’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage ; l’écologie sans lutte antiraciste revient à peindre la domination en vert.

    https://splann.org/le-racisme-environnemental-est-un-angle-mort-des-luttes-ecologiques
    #écologie

  • « Le #racisme_environnemental est un angle mort des luttes écologiques »
    https://splann.org/le-racisme-environnemental-est-un-angle-mort-des-luttes-ecologiques

    Dans une proposition de loi visant à « rééquilibrer répression et accueil des #gens_du_voyage », le député macroniste Ludovic Mendes fait un usage pour le moins surprenant de la notion de « préjudice écologique ». Le point avec le Brestois William Acker, juriste et délégué général de l’Association nationale des gens du voyage citoyens (ANGVC). L’article « Le racisme environnemental est un angle mort des luttes écologiques » est apparu en premier sur Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne.

    #Libertés_et_droits_humains #Cillliam_acker #préjudice_écologique

  • #William_Acker : « Un ensemble de facteurs fait que l’on retrouve les aires de #gens_du_voyage près de sources de #pollution »

    Les #aires_d’accueil de gens du voyage se trouvent la plupart du temps dans des zones éloignées des centres-villes, près des autoroutes, des usines et des déchèteries. C’est l’histoire d’une #hostilité que l’on appelle l’#antitsiganisme, et d’une manière d’organiser le territoire. Rencontre avec William Acker, juriste issu d’une communauté de voyageurs, en conférence le 11 mars 2025 à Grenoble.

    William Acker, vous êtes issu d’une famille de voyageurs, quels sont les lieux où avez vécu ?

    "J’ai grandi avec des périodes en caravane et d’autres en maison sur un terrain. Quand nous étions en caravane, nous étions en petits groupes familiaux. Nous nous installions sur les aires d’accueil, sur des terrains propriétés de membres de la famille, sur des terrains privés à louer ou sur des installations sans titre quand il n’y avait pas de solution de stationnement. "

    "Il arrivait très souvent que nous ayons une promesse de solution de stationnement et que ce soit fermé ou déjà occupé à notre arrivée. L’été, nous rejoignions de grands rassemblements, religieux ou non, sur des grandes esplanades, des aires de grand passage. Certains voyageurs ne connaissent que les aires d’accueil. J’ai quitté ce mode de vie à mes dix-huit ans pour faire mes études, mes parents sont restés sur le voyage."
    Depuis plusieurs années, vous participez à des recherches sur les politiques publiques d’accueil des voyageurs, et vous vous insurgez contre le fait que les aires d’accueil sont souvent sur des zones très polluées. Comment expliquez-vous cette situation ?

    "Il n’y a pas de volonté de mettre les gens du voyage près des usines polluantes, mais un ensemble de facteurs fait que l’on retrouve les aires de gens du voyage près de sources de pollution. Le facteur de base est l’hostilité de la société envers les gens du voyage, ce que l’on appelle l’antitsiganisme. Quand il y a un projet d’aire d’accueil des gens du voyage, l’hostilité se manifeste par des pétitions de riverains, des élus qui appellent à manifester contre le projet et sont parfois rejoints par des agriculteurs et des acteurs économiques. "

    "La peur d’habiter à proximité de gens du voyage engendre des réflexes des décideurs publics qui vont sélectionner les terrains les plus éloignés possibles des zones d’habitation et des zones économiques. Ces terrains, pour des logiques de coût, sont rapprochés d’espaces déjà éloignés comme les zones industrielles, les stations d’épuration, les décharges, les autoroutes, les cimetières, les mosquées, etc. En France, seules 5 aires d’accueil sur les quelque 1400 que j’ai recensées se trouvent en centre-ville. Ces cinq aires se trouvent en face d’un commissariat car c’était un argument politique pour rassurer la population."
    Comment avez-vous vécu cette réalité ? Et plus largement comment les voyageurs vivent cette situation ?

    "J’ai été assez protégé de tout cela car j’ai principalement vécu sur des terrains privés de voyageurs qui formaient des rues de voyageurs. Mais j’ai tout de même vécu en Seine-et-Marne près d’un centre de traitements de déchets nucléaires aujourd’hui reconnu pour former un cluster de cancers, puis dans un autre lieu coincé entre une zone commerciale et une zone boisée. "

    "En tant que jeune, je n’avais pas de recul critique mais, quand je suis arrivé au lycée, j’avais honte de dire où je vivais car cette zone de la ville était repérée comme une zone de gitans. Dire où je vivais, c’était dire qui j’étais. Dans ma famille, c’était un sujet de plaisanterie : on disait, si tu cherches l’aire d’accueil, cherche la déchèterie. J’en ai fait un sujet politique dans une période de ma vie où j’ai compris que c’était un sujet politique. Avant je savais qu’il y avait des discriminations, mais je n’étais pas conscient que l’on pouvait les combattre. Aussi, j’avais une famille très imprégnée par la Seconde guerre mondiale, avec mon arrière-grand-mère qui était survivante des camps et a induit une certaine méfiance vis-à-vis des autorités et du monde extérieur."
    A Grenoble, où se situent ces aires d’accueil ? Et quelle est la situation ?

    "Sur le territoire grenoblois, il y a une vingtaine d’aires d’accueil. Je pense à une aire qui se trouve à Grenoble à proximité de la 4 voies et du train dans une zone commerciale, et ce n’est pas la plus polluée que l’on puisse trouver. Il y a aussi par exemple celle de La Tronche qui se trouve à côté d’une usine d’incinération, celle de Varces à côté d’une autoroute et d’une usine de béton. "

    "Nous parlons ici de la localisation, mais cela ne veut pas forcément dire que les personnes qui vivent sur l’aire à côté subissent les installations. Il est possible de vivre à côté d’une déchèterie très bien construite qui ne rend pas le quotidien invivable. Pour chaque zone, il y a des indicateurs pour mesurer les risques sur la santé. "

    "La localisation est malgré tout un indicateur symbolique. Par exemple, pour un voyageur qui vit dans les Vosges, les aires d’accueil sont toujours à côté d’une déchèterie. Cela a un impact très fort, notamment pour les jeunes, sur leur place dans la société. Si le sujet n’est pas politisé chez les voyageurs, c’est qu’ils ont intégré leur place en marge."
    Quelles possibilités peut-on envisager pour que la situation évolue en France ?

    "Cela pourrait être autrement si la question environnementale était un critère pour la sélection et le choix des terrains. Depuis 2022, peu après la sortie de mon livre et l’incendie de l’usine Lubrizol, la délégation interministérielle au logement attribue des subventions pour la création d’aires d’accueil avec un critère de localisation. C’est une solution technique."

    "La solution politique est différente. Le problème est que la loi qui détermine l’implantation des aires d’accueil des gens du voyage produit du mal-logement pour les voyageurs plutôt que des lieux d’accueil. Beaucoup de personnes vivent dans des logements mobiles mais ne voyagent pas, elles se fixent sur les aires d’accueil car les documents d’urbanisme ne prévoient aucun terrain où il est possible de rester plus de trois mois par an en caravane. Or, vivre de manière sédentaire en caravane sur des parkings ne répond pas aux critères de décence du logement. Des enfants, des personnes âgées, en situation de handicap, ou avec activités professionnelles encombrantes comme ferrailleur, vivent les uns sur les autres sur des parkings, sans espaces de jeux pour les enfants. "

    "Le système n’est pas adapté. Les personnes qui sont de passage n’ont plus d’espace pour stationner. Même pour les gens du voyage très riches, il y a très peu de solutions d’habitat."

    "Comme leviers, je vois deux réformes nationales indispensables. D’abord, il s’agirait d’attribuer à la caravane un statut de logement mais il y a la crainte de « cabanisation » de la France et de voir se créer des logements trop précaires. L’autre réforme serait qu’un certain pourcentage de terrains aménageables autorisent la résidence mobile, dont la caravane, or dans neuf documents d’urbanisme sur dix, c’est interdit."

    "Enfin, il y a un problème d’hermétisme pour les publics d’un type de lieu d’accueil d’habitat mobile à l’autre – aires de gens du voyage, campings, aires de camping-cars, etc. En termes d’approche républicaine, cela interroge car il y a une distinction ethnique. Or, il existe la possibilité de laisser une place à l’habitat léger, comme avec des villages de tiny-houses. Les collectivités peuvent être innovantes sur ces questions-là, mais ce ne sont pas des projets très populaires, et s’ajoutent les questions environnementales d’occupation des sols."
    Vous êtes invité à présenter aux Grenoblois le 11 mars ce problème des discriminations vécues par les voyageurs. Est-ce courant que l’on donne la parole en public aux personnes issues des communautés de Voyageurs ?

    "J’ai une reconnaissance par ma profession de juriste qui légitime ma prise de parole. Je reçois beaucoup d’invitations car il y a un intérêt de certaines collectivités, comme la Ville de Grenoble, à s’engager sur la question des discriminations."

    "Entendre des voyageurs, en effet, cela reste rare parce qu’il y a une hostilité, et parce que la société civile de voyageurs est structurée avec peu de moyens, peu de subventions étant prévues. Il y a aussi des difficultés liées au fait qu’il est difficile d’accéder à l’éducation, à un logement stable. En conséquence, parmi les voyageurs, il y a peu de personnes hautement qualifiées dans les mondes juridique, scientifique, politique. Des inégalités perdurent depuis des siècles. Il faut par exemple comprendre que l’effectivité du droit de vote pour les gens du voyage date de 2012. Nous sommes dans un monde mis en marge depuis des siècles. Nous sommes de plus en plus nombreux à parler, mais sortir de cette marge, cela prend du temps."

    https://www.grenoble.fr/article/1318/567-william-acker-un-ensemble-de-facteurs-fait-que-l-on-retrouve-les-aires-
    #racisme_environnemental #interview #pollution

    ping @visionscarto

  • #Yéniches 1/5 - L’éternel bras de fer

    Près de 150 #caravanes de Yéniches parcourent les routes de #Suisse romande chaque année du mois de mars au mois d’octobre. Si ces semi-nomades aiment rouler, ils peinent par contre à trouver des places où s’installer. Petite virée un soir d’été avec une quinzaine de convois pour occuper de force un terrain communal dans l’Ouest lausannois.

    https://www.rts.ch/audio-podcast/2024/audio/yeniches-1-5-l-eternel-bras-de-fer-28674178.html

    #gens_du_voyage #Roms #aires_d'accueil #nomadisme #semi-nomadisme #Lausanne #Suisse_romande
    #audio #podcast

  • The link between extreme heat and preterm birth
    https://grist.org/health/fertility-climate-change-heat-premature-birth-pregnant

    How did we miss this for so long?” Basu asked. “Women are often the last to get studied. But the most vulnerable people are those who are pregnant.

    [...]

    In the 14 years since Basu’s initial paper, dozens of studies have confirmed that higher temperatures and heat waves are linked to preterm birth as well as stillbirth.

    In 2020, Basu co-authored a review of 57 studies that found a significant association between air pollution and heat exposure with preterm birth and low birth weight. Scientists have found an association between heat exposure and preterm birth rates in every developed nation, and in the few developing nations to conduct studies so far.

    While it’s not yet clear how heat triggers preterm birth, there are several hypotheses — including dehydration, hormonal releases that rupture membranes surrounding the fetus, or poor blood flow between parent and unborn child.

    This research has taken place against a backdrop of a worsening maternal health crisis in the U.S., particularly in marginalized communities. The U.S. has the highest rate of preterm births in the developed world. Kasey Rivas, associate director of strategic partnerships at the March of Dimes and a co-author of a recent report on birth outcomes and disparities, told me that maternal health disparities in the U.S. stem largely from systemic racism and are worsening due to climate change.

    [...]

    Obstetric providers in low-income communities of color describe preterm birth as a crisis. “Preterm birth is a 24/7, 365-days-a-year public health emergency in my community,” said Nneoma Nwachuku Ojiaku, an obstetrician in Sacramento. Madeleine Wisner, who was the only midwife provider serving low-income residents in the Sacramento Valley through the state Medicaid program for seven years until recently, described something similar. “A course of maternity care where nothing abnormal happens doesn’t exist any longer in the populations I was serving,” Wisner said. She’s seen a range of birth complications — including abnormally implanted placentas, umbilical cord abnormalities, and preeclampsia — in patients who were exposed to heat, air pollution, or wildfire smoke during pregnancy.

    [...]

    There seems to be this myth of endless adaptation,” said Chandni Singh, a climate researcher at the Indian Institute for Human Settlements. “In tropical countries that are already very hot, there is this continuous expectation to adapt, which is not feasible. You can’t adapt to 45 C” (113 degrees F). And heat has knock-on impacts. “Heat doesn’t come alone; it comes with water scarcity and wildfires,” she said, emphasizing the need to curtail greenhouse gas emissions.

    [...]

    A March study of 17 federal, 38 state, and 19 city websites with heat-health information found that only seven websites listed pregnant people as vulnerable or at-risk populations.

    We are more likely to see information on how to take care of pets during heat waves than pregnant women,” Ojiaku told me.

    In addition, she said, creating green spaces such as parks in neighborhoods that have been subject to systemic racism and redlining can offer shade, cool spaces to exercise, and a buffer against air pollution.

    Sacramento is called ‘the city of trees,’ but that’s for a select few in the predominantly wealthier sections of Sacramento,” Ojiaku said. “Other areas are a concrete jungle.

    #climat #chaleur #naissance #accouchement #prématurité #racisme_environnemental #femmes #pollution #air

  • California’s struggle for clean water is getting harder - Los Angeles Times
    https://www.latimes.com/environment/story/2023-09-27/californias-struggle-for-clean-water-is-getting-harder

    “The issue is, [the human right to water] is a moral obligation more than a legal obligation,” said Mark Gold, director of water scarcity solutions for the Natural Resources Defense Council. “That’s why you see the results that we’ve had. Unless there’s a legal obligation to clean up the water supply and provide it to your residents, then we end up perpetuating the system that we have, which is environmental racism.”

    #eau #eau_potable #toxiques #états-unis #priorités #milliers_de_milliards #leadership #racisme_environnemental

  • #agent_orange
    #chloredecone

    À Paris, une manifestation contre le #racisme_environnemental | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1621344850-paris-manifestation-racisme-environnemental-ecocides-marche-

    Dans la foule, les membres de Vietnam-Dioxine sont repérés à leurs masques orange avec l’inscription : « Justice pour #Tran_To_Nga ». Cette dernière est présente et déambule à côté d’une grande banderole elle aussi orange. Cette ancienne journaliste franco-vietnamienne a été intoxiquée à l’agent orange lors de la guerre du Vietnam. Un surnom pour un herbicide arc-en-ciel très employé par l’armée des États-Unis entre 1961 et 1971 contre les Vietnamiens. L’agent orange est responsable de cas de malformations à la naissance. Figure emblématique de la lutte, Tran To Nga ouvre la marche. En 2014, elle a attaqué 26 firmes agrochimiques liées à l’agent orange en justice, dont #Monsanto. Le 10 mai, le tribunal d’Evry rend sa décision, ses demandes sont jugées irrecevables. « Cinq jours après le procès, c’est notre colère qu’on crie. On est profondément déçus de la décision du tribunal », tonne le coordinateur de Vietnam-Dioxine, Tom.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Tran_To_Nga

  • Les #Roms souffrent du « #racisme_environnemental » de l’UE, conclut le rapport | Nouvelles du monde

    Un rapport conclut que les communautés roms d’#Europe vivent souvent sur des terrains vagues pollués et manquent d’#eau_courante ou d’#assainissement à cause du « racisme environnemental ».

    Le #Bureau_européen_de_l'environnement (#EEB), un réseau paneuropéen d’ONG vertes, a constaté que les communautés roms étaient souvent exclues des #services_de_base, tels que l’#eau_potable courante, l’assainissement et la collecte des #ordures, tout en vivant fréquemment sur ou à proximité de certains des sites les plus sales de Europe, comme les #décharges ou les #terrains_industriels contaminés.

    Jusqu’à 10 millions de Roms vivent en Europe, dont 6 millions dans les États membres de l’UE. Bien que leur exclusion sociale soit documentée depuis longtemps, les chercheurs du BEE disent que le déni des services de base et l’exposition à la pollution ont été négligés.

    L’EEB, en collaboration avec des chercheurs d’Europe centrale et orientale, a trouvé 32 cas de « racisme environnemental » dans cinq pays européens : #Hongrie, #Bulgarie, #Roumanie, #Slovaquie et #Macédoine_du_Nord. Les chercheurs se sont également appuyés sur les travaux existants sur les conditions de vie des Roms en #Bosnie-Herzégovine, en #Serbie, au #Monténégro et au #Kosovo.

    L’absence d’eau, d’assainissement et de collecte des ordures a été un problème dans plus de la moitié des études de cas, comme #Stolipinovo en Bulgarie, la plus grande colonie rom d’Europe et une partie de la ville de #Plovdiv. On estime qu’environ 60000 personnes vivent dans le quartier, mais beaucoup sont coupées des services d’eau courante et d’assainissement du reste de Plovdiv, capitale européenne de la culture en 2019.

    En Hongrie, l’accès à l’approvisionnement public en eau de certaines communautés roms a été fermé pendant les vagues de chaleur estivales – des décisions ont touché 800 personnes à #Gulács en août 2017 et 1 500 habitants de #Huszártelep en 2013. La ville du nord de la Hongrie d’#Ózd a reçu près de 5,5 millions d’euros (£ 4,8 m) de la Suisse pour améliorer l’approvisionnement en eau courante des communautés roms, mais les chercheurs ont déclaré que beaucoup n’avaient pas bénéficié du programme. Les autorités ont affirmé que les ménages roms n’avaient pas payé leurs factures.

    Des recherches antérieures ont conclu que seulement environ 12% des communautés roms avaient des toilettes à chasse d’eau et des systèmes de drainage fonctionnels.

    Pata-Rât, à la périphérie de Cluj-Napoca, dans le nord-ouest de la Roumanie, est connue pour son architecture gothique et ses palais baroques.

    https://www.villagefse2016.fr/les-roms-souffrent-du-racisme-environnemental-de-lue-conclut-le-rappo

    #exclusion #eau_potable #accès_à_l'eau

    ping @albertocampiphoto

  • Pour que Lubrizol brûle jusqu’au Grand-Paris - Stany Cambot - Visionscarto
    https://visionscarto.net/pour-que-lubrizol-brule

    Jeudi 26 septembre 2019. À Rouen, l’usine Lubrizol, qui fabrique des additifs pour les huiles pour moteurs, part en fumée. Plus de 9 000 tonnes de produits chimiques vont brûler dans cet incendie. Les fumées se répandent sur la ville, provoquant malaises et vomissements chez les résidents, et atteignent les campagnes environnantes, obligeant l’État à interdire la commercialisation des denrées agricoles produites dans 216 communes. « Au-delà de l’événement, nous dit Stany Cambot dans cet article coup-de-poing, le nuage noir de Lubrizol est aussi un axe de compréhension de notre territoire, une lame qui nous coupe et sépare le “nous” producteur et consommateur, de l’autre, inquiet et vertueux. »

    #catastrophe #industrie #gens_du_voyage #racisme_environnemental #seine #urban_matter

  • Genève : nuisances sonores et réfugiés

    Puisque vous semblez vous intéresser aux nuisances de l’aéroport, je vais vous raconter une histoire, celle de cette petite parcelle que j’ai entourée en bleu ci-dessus. Cette carte est une capture d’écran du site de cartographie SITG. Elle répertorie le territoire en fonction des degrés de sensibilité au #bruit fixés par l’ordonnance fédérale sur la protection contre le bruit. On y voit la piste de l’aéroport de Cointrin, en blanc. Le rouge représente le quatrième degré de sensibilité au bruit, le plus extrême, qui s’appelle « DS IV zones acceptant les entreprises fortement gênantes ». Personne n’est autorisé à habiter dans cet espace. Alors, maintenant, que trouve-t-on dans la parcelle orange ? Une zone miraculeusement protégé du bruit par un vortex spatio-temporelle ? Hélas non, c’est une zone où habitent des demandeurs d’asile, jusqu’à peu dans un foyer cantonal, et prochainement dans un centre fédéral de renvoi. Je ne suis pas géographe, mais je crois que c’est ce qu’on pourrait appeler un cas d’école de #discrimination_spatiale. Nous sommes à Genève, ville qui a donné son nom aux conventions sur les droits des réfugiés et qui abrite le siège du Haut-Commissariat aux réfugiés.


    https://www.facebook.com/aldo.brina/posts/2626069817483614?notif_id=1574754882507527&notif_t=notify_me

    #asile #migrations #réfugiés #Grand-Saconnex #Genève #Suisse #aéroport #nuisances_sonores #cartographie #visualisation #aménagement_du_territoire #habitabilité #foyer #Aldo_Brina #injustice_spatiale

  • Air Pollution Crisis in Willowbrook, Ill., Exposes Toxic Racial Divide
    https://theintercept.com/2019/02/24/epa-response-air-pollution-crisis-toxic-racial-divide

    why DuPont first located the factory in St. John. “They looked at this community and did like they normally do,” said Taylor. “If we find a place where it’s just going to be Negroes, we can set up business there, we can set up shop there, because nobody cares about them.”

    #racisme_environnemental #États-Unis #cancer via @isskein

  • Flint water crisis - The Boston Globe
    http://www.bostonglobe.com/news/bigpicture/2016/01/20/flint-water-crisis/QH0btuC5ocjyMlQhjr0sgO/story.html


    #État_d'urgence sanitaire autour de l’#eau polluée de Flint.

    Soldiers from the Michigan Army National Guard Flint hand out bottled water at a fire station, Jan. 17 in Flint, Mich. U.S. President Barack Obama declared a federal emergency in Michigan, which will free up federal aid to help the city of Flint with lead contaminated drinking water. Michigan Gov. Rick Snyder requested emergency and disaster declarations after activating the National Guard to help the American Red Cross distribute water to residents. (Bill Pugliano/Getty Images)

    #photos

  • “Toxic Communities” and the Fight for Environmental Justice | WNPR News
    http://wnpr.org/post/toxic-communities-and-fight-environmental-justice

    Dorceta Taylor’s most recent book, Toxic Communities, takes a magnifying glass to the modern environmental justice movement. In it, she provides an in-depth analysis of some of the biggest environmental issues facing low-income and minority communities across the U.S.

    http://cpa.ds.npr.org/wnpr/audio/2015/01/Where_We_Live_01-08-15.mp3
    #racisme_environnemental #justice_sociale #etats-unis