• Downey, la « Beverly Hills mexicaine » à l’heure de la chasse aux sans-papiers
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/14/downey-la-beverly-hills-mexicaine-a-l-heure-de-la-chasse-aux-sans-papiers_66


    Image de vidéosurveillance montrant deux agents de la police de l’immigration s’apprêtant à arrêter un #travailleur_sans-papiers (au centre), à Downey (Californie), le 11 juin. 2025. « LE MONDE »

    Ce même 11 juin, un grand-père qui amenait un enfant à l’école a été saisi sur le parking de l’église catholique Our Lady of Perpetual Help. Le diocèse n’a pas voulu commenter. Un autre homme a été pris devant l’église Downey Memorial. Là, la pasteure Tanya Lopez et son mari Al, également pasteur, ont organisé une protestation avec une demi-douzaine de dignitaires religieux. Choqués : non seulement les hommes en treillis se sont permis d’interpeller un homme qui se trouvait sur leur parking mais ils ont pointé leur fusil en direction de Tanya Lopez, qui s’approchait pour les filmer. Et quand Al leur a signifié que l’église s’opposait à ce genre de pratique sur sa propriété, l’un des agents a objecté : « Le pays tout entier est notre propriété. »

    L’histoire se répète

    A l’appel des pasteurs, le voisinage est venu partager son indignation devant l’église. Les questions se transforment en suspicion. Pourquoi ces voitures banalisées, immatriculées au Texas, au Nouveau-Mexique ? Pourquoi les agents refusent-ils de s’identifier ? L’examen au ralenti des vidéos montre que les agents portaient l’inscription « BORTAC » au dos de leur uniforme. Le sigle renvoie à « Border Patrol Tactical Unit », la force d’intervention la plus militarisée du Department of Homeland Security. Mais les habitants ne sont pas convaincus. « Tout cela peut s’acheter sur Amazon », assure Desiree Gaytan, du collectif anti-colonialiste Union del Barrio. Ils craignent une intervention des milices d’extrême droite.

    A leurs yeux, l’histoire se répète. Les Latinos ont en mémoire la repatriation (« rapatriement ») des années 1930, une politique de #rafles à grande échelle qui a vu des centaines de milliers d’#immigrés_mexicains – dont nombre de citoyens américains – forcés de quitter le pays. « On connaît bien le scénario, dit Martha Camacho Rodriguez, mexicaine de la troisième génération. Ce qui est nouveau, c’est qu’on apprend ces arrestations en temps réel. » A Fresno, où elle a grandi, dans la vallée agricole de la Californie, il arrivait à ses parents d’être ramassés sans raison par la « migra », la police de l’#immigration, et conduits à la #frontière, bien qu’ils aient des papiers en règle. Si les patrons étaient généreux, ils envoyaient une camionnette pour rechercher les ouvriers.

    Depuis le début des opérations, Martha patrouille à Downey avec un groupe de tias (« tantes », par extension « amies »). « Je déteste parler en termes de couleur, assure-t-elle. Mais si tu es blanc, en treillis, tu es qui ? » La même perspective fait frissonner la paroissienne Monse Villareal. Elle ne veut « pas prononcer le nom », mais il vient quand même : « Guerre civile. » A sa consternation, ses deux fils de 27 et 30 ans, sont – et restent – partisans de Donald Trump. « Ils sont dans leur bulle. Ils pensent que tout cela va bien se terminer. »

    Le groupe est persuadé que le fast-food qui donne sur la laverie auto Galaxy est infiltré d’espions, des « bounty hunters » (« chasseurs de primes »). « On photographie les gens qui photographient les gens », résume Martha. Les associations de soutien aux migrants se sont rassemblées début juin en un collectif pour l’autodéfense (Community Self Defense Coalition). Union del Barrio a commencé à former des « communautés patriotes », des groupes de citoyens en alerte qui surveillent les faits et gestes de l’#ICE, la #police_de_l’immigration. « On s’organise bloc par bloc, explique Desiree Gaytan. Nous ne sommes pas découragés. Nous sommes en colère. »

    Avec son amie Paula, Martha a manifesté le 7 juin à Paramount, la commune voisine, à 80 % latino, où ont eu lieu les violents incidents du 7 juin lorsque la population a tenté de s’opposer aux interpellations de migrants devant le magasin de bricolage Home Depot. Arrivée à l’âge de 18 ans aux Etats-Unis, Paula Mejia, elle, a bénéficié de l’amnistie accordée par Ronald Reagan à 2,7 millions de clandestins en 1986. Agente immobilière, elle avait toujours été républicaine, jusqu’à l’arrivée de Donald Trump. Elle ne décolère pas contre ses voisins. Ceux que Martha appelle des « Judas », autrement dit, les Cubains, qui forment une importante minorité à Downey et se sont emparés du conseil municipal. « Pour eux c’est facile. Dès qu’ils mettent le pied sur le sol américain, ils bénéficient de la nationalité américaine », critique-t-elle. « C’est pour cela que nous sommes furieux. Cette ville a voté Trump », abonde Mario Trujillo.

    https://archive.ph/vP9Nh

    (où l’on constate qu’après un 1er article foireux, l’envoyée spéciale a atterri)

    #repatriation

    • En Californie, la mobilisation contre les raids visant les ouvriers agricoles sans papiers

      La police américaine de l’immigration accentue la pression contre les « farmworkers », dont 60 % sont en situation irrégulière, à la consternation des employeurs.

      [...]

      Partie de Los Angeles, la révolte gronde en Californie contre l’ICE et ses agents en tenue de combat, lourdement armés, en véhicules banalisés. Leur visage est systématiquement dissimulé, au point que le sénateur démocrate Scott Wiener a déposé un projet de loi interdisant aux forces de l’ordre le port du masque. A Oxnard, le conseil municipal a été envahi le 17 juin, au lendemain de l’interpellation musclée d’un Américain de 33 ans, Juan Ramirez-Diaz, qui filmait l’arrestation de son père, devant un garage de la zone industrielle. « Ma grand-mère est dans une maison de retraite, j’ai peur qu’ils embarquent tous les pensionnaires », explique Tony Sanchez, venu protester à la mairie.

      [...]

      Dès 5 heures, les volontaires patrouillent en voiture, à l’affût des 4 x 4 banalisés qui transportent les policiers affublés « comme dans le jeu vidéo Call of Duty », déclare Leo Martinez, moqueur. Ils les suivent dès la sortie de la base navale du comté de Ventura où la police aux frontières (la Border Patrol) s’est installée. « On les harcèle », décrit Lexi, une mère de famille qui circule tous les matins après avoir déposé son fils à l’école, et qui a réussi à stopper plusieurs arrestations. Tactique : s’approcher, filmer, alerter. Faire du bruit pour attirer l’attention des passants. « Ça n’est pas illégal, souligne Leo Martinez, à condition de ne pas menacer les policiers. Si on leur fait perdre ne serait-ce qu’une heure, c’est une heure qu’ils n’emploient pas à capturer des gens. »

      https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/24/en-californie-la-mobilisation-contre-les-raids-visant-les-ouvriers-agricoles
      https://archive.ph/KOMWb

      malgré des âneries incroyables (le ramassage des fruits et légumes serait un"travail hautement qualifié" ...), de nombreux éléments de description de la situation

      #ICE #police_des_frontières #police_de_l’immigration #lutte #politisation

    • Il me semble que ce n’est pas complétement faux de dire que la cueillette de fruits est un travail qualifié (le hautement bien sur de trop...). J’ai souvent entendu des agriculteurs dire qu’il faut du soin et surtout une bonne expérience avec le fruit en question pour ne pas l’abimer (sans doute aussi parce qu’il faut les récolter vite...). Par contre la paie ne va clairement pas avec le niveau de qualification, mais si c’était le cas en général dans la société on serait sans doute un peu moins dans la merde... :) juste pour chippoter...

    • By Fernando Esteche – Jun 10, 2025

      Various layers of conflict in the protests of Los Angeles.

      The militarization of Los Angeles

      Los Angeles is bleeding. In the streets of a city that for decades stood as a symbol of the American dream, today the cries of resistance of those who built its greatness from the shadows resonate. The massive raids by Immigration and Customs Enforcement Enforcement (ICE), have unleashed a spiral of urban violence that reflects an uncomfortable truth: as in Europe, the metropolis has war within its own borders.

      Since January 20, 2025, when Donald Trump took office promising to carry out the largest mass deportations in American history, Los Angeles has become the epicenter of a confrontation that transcends immigration. In his first month in office, 37,660 people were deported nationwide, but it is in this Californian metropolis where the resistance has taken its most visceral and organized form.

      Los Angeles is a fundamentally Latino city. With a population of nearly 4 million, 48% of its residents are of Hispanic origin, forming the economic and cultural backbone of the city. This is not a demographic coincidence, but the result of centuries of displacement, exploitation, and resistance.

      California, the nation’s most populous state, has a demographic reality that terrifies white supremacists: Latinos now outnumber the white population. Since 2014, Hispanic Californians have begun to surpass white Californians, reaching nearly 15 million people. This demographic transformation is not just statistical; it’s historic.

      The recent raids have unleashed a fury that has been pent up for generations. On June 6, 2025, federal authorities detained at least 50 migrants in coordinated operations that sparked immediate demonstrations. The clashes erupted near a Home Depot in Paramount, a predominantly Latino city south of Los Angeles, where the migrant community gathers in search of daily work.

      The escalating violence has forced Trump to take an unprecedented step: deploying 2,000 National Guard troops to Los Angeles. This measure, taken just five months after taking office, exposes the fragility of the established order when faced with organized and massive resistance.

      The conflict has generated an institutional crisis between the federal and state governments. California Governor Gavin Newsom has staunchly opposed the military deployment, creating a constitutional tension reminiscent of the darkest moments in American history. California, with its sanctuary laws, has become a bastion of institutional resistance, while local sheriffs find themselves caught between federal deportation orders and state protection laws.

      Flags of Dignity: The Symbolism of Resistance
      In demonstrations that have blocked freeways like the 110, protesters have displayed the flags of Mexico, El Salvador, Guatemala, Honduras, and other Central American countries. These national symbols are not mere nostalgia, but profound political statements. Every Mexican flag waving in the streets of Los Angeles is a reminder that this land was forcibly seized in 1848.

      Central American flags tell stories of countries bled dry by civil wars financed and orchestrated from Washington. Each Salvadoran flag bears witness to the 75,000 dead from the 1980s civil war; each Guatemalan flag commemorates the genocide of 200,000 indigenous people; each Honduran flag speaks of the 2009 coup d’état that plunged the country into chaos.

      Conservative white supremacist media outlets talk about an “invasion” to describe Latin American migration, but the historical reality is exactly the opposite. Los Angeles was founded in 1781 as “The Town of Our Lady Queen of the Angels” by Mexican settlers. This city, like all of California, was Mexican territory until the United States annexed it by force after the Mexican-American War.

      The real invader was the Anglo-Saxon conquistador who arrived with a Puritan Bible in one hand and a rifle in the other. Los Angeles was built on the systematic dispossession of Mexican lands, the exploitation of Chinese labor on the railroads, and the plundering of the entire region’s natural resources. The wealth of this metropolis is not a product of American entrepreneurial genius, but of the organized plundering of half a continent.

      During the 20th century, Los Angeles became the heart of the global entertainment industry, but its prosperity always depended on the invisible labor of Latin American migrants. Latino farmers, mostly undocumented, represent 96% of California’s agricultural workforce. Without their hands, American supermarkets would be empty, restaurants would be closed, and gardens would be withered.

      Organized Resistance: Beyond Survival
      What’s happening in Los Angeles goes beyond spontaneous protests. It’s an organized resistance that has learned from decades of repression, coordinated by organizations that have spent decades building power from the most vulnerable bases of society.

      CHIRLA (Coalition for Humane Immigrant Rights) has become the most visible voice of the resistance. Angélica Salas, CHIRLA’s executive director, has reported that the raids took place in at least seven locations, including Home Depot parking lots and a donut shop. The organization estimated at least 45 arrests and denounced the “terror” sown in Latino communities. CHIRLA, with nearly 40 years of experience, represents the institutionalization of immigration resistance in California.

      NDLON (National Day Laborer Organizing Network), based in Los Angeles, coordinates the resistance at the national level. NDLON is a national network of more than 50 member organizations across the country working to unify and strengthen its members to develop leadership, mobilize, and organize day laborers. Founded in 2001 in Northridge, California, NDLON operates as a direct democracy where day laborers in member organizations directly vote on policies at NDLON’s biannual assemblies.

      These organizations are not simply pressure groups, but grassroots power structures that have transformed the most vulnerable workers into an organized political force. They have called for demonstrations outside the immigration jail in downtown Los Angeles, coordinating a resistance that combines legal action with street mobilization.

      Human rights organizations have built protection networks, clandestine shelters, and communication systems that allow communities to resist raids. CHIRLA has led important mobilizations, such as marches for immigration reform and protests against the criminalization of immigrants, with an inclusive approach that seeks to unite different sectors of society.

      Protesters have succeeded in blocking major highways, blocking federal buildings, and creating a state of civil resistance that forces federal power to reveal its true face: that of the military occupation of their own cities. Every National Guard soldier deployed in Los Angeles is a confession that the system has lost legitimacy among millions of its residents.

      The Los Angeles crisis is not an isolated incident, but rather the prelude to a historic transformation. Latinos are no longer a minority pleading for rights, but a demographic majority demanding historic justice. The current resistance does not simply seek to halt deportations, but rather to challenge the very right of the U.S. state to exist in territories that were stolen.

      The flags waved at the demonstrations are not symbols of nostalgia, but of vindication. They speak not of the past, but of the future. A future where the descendants of the dispossessed recover what always belonged to them: not just the land, but the dignity to decide their own destiny.

      Los Angeles is burning, but it’s not burning out. It’s transforming. Like a phoenix rising from its own ashes, the city is giving birth to a new reality where yesterday’s barbarians are tomorrow’s builders, and where the real invasion was the one that arrived under the Star-Spangled Banner.

      The Los Angeles resistance is not just a fight for survival; it’s a war for historical memory and intergenerational justice. It’s a moment when the ghosts of the past take their revenge, and the children of those who were plundered reclaim their inheritance on the streets of the city their grandparents built with blood and sweat.

      The Federalization of Force: When Washington Invades California
      The Los Angeles crisis has exposed a constitutional fracture that defines the current American political moment. The federal government has seized control of the California National Guard, an extraordinary measure that demonstrates the extent to which Trump is willing to subvert federalism to impose his supremacist agenda.

      The National Guard, traditionally under the command of state governors, can be federalized by the president in situations of national emergency. This decision puts Gavin Newsom, the Democratic governor of California, in an impossible position: he must watch as federal troops occupy his state against his express will. Newsom called the measure “deliberately inflammatory” and warned that it “will only escalate tensions.”

      This isn’t the first time the immigration issue has sparked a clash between the federal government and a state. In 2024, Republican Texas Governor Greg Abbott seized control of the border by installing barbed wire and arresting migrants in Eagle Pass, directly challenging Joe Biden ‘s policies.

      Abbott invoked his state’s “constitutional authority to defend itself,” creating a dangerous precedent of state disobedience that Trump is now using in reverse. What in Texas was a conservative rebellion against a Democratic president is in California a Republican federal occupation against a Democratic governor. The difference reveals the nature of Trump ‘s exercise of power.

  • A Los Angeles, les habitants sans papiers terrifiés par les rafles : « Je pensais qu’ils cherchaient les criminels »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/11/a-los-angeles-la-peur-des-rafles-je-pensais-qu-ils-cherchaient-les-criminels

    A Los Angeles, les habitants sans papiers terrifiés par les rafles : « Je pensais qu’ils cherchaient les criminels »
    Par Corine Lesnes (Los Angeles, envoyée spéciale)
    Elle est prostrée, sur un banc de Grand Park, à l’écart de la manifestation. Noemi Ciau est sans nouvelles de son mari depuis déjà plus de vingt-quatre heures. Jesus Cruz a été arrêté, dimanche 8 juin, à la station de lavage auto de Westchester, près de l’aéroport de Los Angeles, où il travaillait depuis dix ans. Elle n’a pas encore prévenu le dernier de leurs quatre enfants. Sur la pancarte que quelqu’un a donnée à la mère de famille, il est écrit que la police de l’immigration (ICE) n’est pas la bienvenue à Los Angeles, ville de près de 4 millions d’habitants, dont une moitié de Latino-Américains, et que « nul être humain n’est illégal ». Elle porte le panneau, à l’envers, mécaniquement, tête baissée. « Je voudrais juste savoir où ils l’ont emmené », murmure-t-elle.
    Jesus Cruz, 51 ans, vivait à Los Angeles depuis trente ans. Il était environ 15 heures, dimanche, quand un véhicule banalisé a déposé les agents de l’immigration à la station de lavage. Sept employés ont été emmenés. Noemi Ciau n’ignorait pas que le gouvernement de Donald Trump avait décidé de s’en prendre aux sans-papiers. Elle n’avait jamais vraiment eu de craintes pour son mari, malgré son absence de papiers en règle. Elle pensait que la police « cherchait les criminels ». Ce même dimanche, Arturo Vasquez, 48 ans, faisait laver sa voiture dans un autre car wash, à Culver City. Il n’y travaillait pas, il n’était qu’un client. Il a été arrêté devant ses enfants. Avant d’être menotté, il a demandé à l’un de ses fils, Brian, 16 ans, de lui promettre de s’occuper de son frère et de leur mère. Deux jours plus tard, la famille ne savait toujours pas où il était détenu.
    Au cinquième jour des raids de la police de l’immigration dans l’agglomération de Los Angeles, le scénario est devenu familier. Des habitants, établis de longue date dans une ville qui se fait une fierté de sa diversité, sont brusquement séparés de leur famille, victimes d’un système qui a toléré leur présence pendant des décennies sans parvenir à une régularisation de leur situation, faute de consensus des responsables politiques.
    Sans prévenir, l’ICE débarque à l’endroit ciblé, parfois dans des véhiculés banalisés, pour éviter que sa présence soit immédiatement relayée sur les réseaux sociaux. Ces derniers jours, elle s’est attaquée aux stations de lavage de voitures, confirme Flor Rodriguez, du Clean Car Wash Worker Center, une association qui lutte contre l’exploitation des quelque 10 000 carwasheros de Los Angeles.
    La police de l’immigration est aussi intervenue dans une bibliothèque à Whittier, dans le sud-est de la ville, et dans des entreprises. La chaîne de magasins de bricolage Home Depot est l’une de ses cibles. Les journaliers ont l’habitude de s’y regrouper pour trouver du travail. Selon The Wall Street Journal, c’est Stephen Miller, architecte de la politique d’expulsion de Donald Trump, qui leur a conseillé de viser cet établissement populaire parmi les ouvriers de la construction.
    La Coalition for Humane Immigrant Rights a recensé des opérations dans une maison de retraite, une boutique de donuts ou la fabrique de vêtements Ambiance. A l’école élémentaire Gratts Learning Academy, dans le quartier de Westlake du centre de Los Angeles, la rumeur a couru d’une rafle imminente, des véhicules de police ayant été aperçus sur un parking voisin. Les parents se sont dispersés, les enfants sont restés désemparés. La population est terrifiée, s’est désolée Karen Bass, la maire démocrate de Los Angeles : « Les gens ne savent pas s’ils doivent aller travailler, aller à l’école. » Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a dénoncé, lui aussi, la cruauté des rafles. « Ils ont arrêté des cuisiniers, des couturières, des laveurs de vaisselle. Ils traumatisent nos communautés, s’est-il indigné. Cela semble être [leur] but. »
    La maire de Los Angeles, Karen Bass, lors d’un rassemblement organisé contre les raids de la police de l’immigration à Grand Park, Los Angeles, le 10 juin 2025.
    La police a annoncé que 45 personnes avaient été arrêtées dans la journée de dimanche. Lundi, cinq raids ont eu lieu. Les ONG de défense des migrants estiment à une centaine le nombre d’interpellations depuis le 6 juin. Un bilan plutôt maigre, compte tenu des moyens déployés. Lundi, le Pentagone a chiffré à 134 millions de dollars (117 millions d’euros) le coût du déploiement des 700 marines dépêchés de la base de Twentynine Palms, dans le désert californien.
    La Californie a été le premier Etat à se déclarer en totalité « sanctuaire » pour les migrants, un terme correspondant à une politique de protection codifiée par la loi sur les valeurs californiennes de 2017. Elle limite la coopération entre forces locales et agences fédérales pour les expulsions, sauf pour crimes graves. Les migrants en situation irrégulière se sont habitués à une réelle impunité concernant leur situation administrative. Ils paient des impôts, leurs enfants sont, pour la plupart, américains.
    Les descentes de police ont créé un choc encore plus important qu’ailleurs, comme en témoigne l’ampleur de la mobilisation pour faire reculer la police. Lundi, la municipalité de Glendale, au nord de Los Angeles, a préféré résilier un contrat qui la liait depuis dix-huit ans avec l’ICE pour héberger des migrants en attente d’expulsion. Les responsables scolaires ont, eux, annoncé qu’ils allaient protéger les écoles à l’approche des cérémonies de fin d’année.
    Grâce aux réseaux sociaux, les images circulent ; choquantes, comme celle d’une future mère bousculée par un policier ; déchirantes, comme celles montrant des mères de famille refusant de toutes leurs forces de monter dans les véhicules policiers. A chaque fois, le contraste est saisissant entre les migrants, désarmés, en tee-shirt, robe, sandales, et les agents de l’ICE en tenue de combat. La mission a changé, a dénoncé Karen Bass. « Au début, il était question de criminels violents, de trafiquants de drogue. Je ne sais pas comment ça peut coller avec ces images que l’on voit maintenant de gens courant sur les parkings de Home Depot. »
    Au début de sa campagne d’expulsion, la Maison Blanche estimait avoir marqué des points dans l’opinion en montrant des « criminels » menottés par-delà leurs tatouages, accusés d’être membres de gangs vénézuéliens. Aujourd’hui, elle risque d’en perdre avec ses rafles organisées devant les établissements scolaires et les magasins de bricolage.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#ICE#expulsion#californie#etatsanctuaire#doit#sante

  • "Il y a une vraie crainte de se faire contrôler" : En #Mauritanie, les vagues d’arrestations de migrants sèment la peur

    Depuis presque deux mois, les #arrestations de personnes en situation irrégulière sont quasi-quotidiennes en Mauritanie. Après un passage en #détention, elles sont ensuite renvoyées aux frontières avec le Sénégal ou le Mali. Un climat qui sème la #peur dans le pays où sont présents quelque 200 000 migrants.

    « Surtout pour les migrants Subsahariens, la situation peut être qualifiée de critique », estime Abdoulaye Diallo, président de l’association Ensemble pour un avenir meilleur, contacté par InfoMigrants. Depuis fin-février, la Mauritanie mène une campagne d’arrestations et d’#expulsions de migrants en situation irrégulière. Selon l’OIM en 2024, ils sont environ 200 000 migrants en Mauritanie. « C’est tous les jours qu’il y a des #refoulements. La police arrête même des gens dans leurs maisons, des hommes lorsqu’ils vont au travail... Les refoulements ne touchent plus que les migrants en transit mais tout le monde », raconte l’associatif.

    De nombreux migrants arrêtés sont envoyés notamment à #Rosso, au #Sénégal, à la frontière mauritanienne. C’est le cas de Diallo, arrêté par la police à Nouakchott, la capitale. « Ils te disent ’tu es un étranger non ?’, tu dis oui, on te prend. Pendant deux jours, on est enfermés dans un centre où si tu n’as pas l’argent pour acheter à manger, tu vas mourir dans la salle », raconte-t-il à RFI.

    Même scène pour Camara, vêtue d’un grand voile mauritanien, qui a été expulsée à Rosso malgré sa grossesse et sa fille de deux ans. « (Un policier) m’a attrapé à la maison, j’étais couchée donc, il (est venu), il (a cogné). Moi, j’ai fait une semaine en prison. Il n’y avait pas à manger », confie la jeune femme à RFI.

    « Les gens se cachent »

    Si les précédentes vagues d’interpellations touchaient principalement les migrants interceptés en partance vers l’Europe, cette fois-ci, tous les profils semblent concernés. Adamou*, un étudiant d’une trentaine d’années craignant de se faire refouler à son tour malgré sa carte d’étudiant, a décidé de faire un aller-retour au Sénégal pour assurer son avenir en Mauritanie. « Comme ça si on me contrôle, je peux dire que j’ai un visa pour 3 mois », explique-t-il à InfoMigrants. Car lorsqu’un ressortissant d’un pays de la Cédéao rentre en Mauritanie, il dispose d’un visa valable 90 jours.

    Selon lui, nombre de ses compatriotes en Mauritanie ont été arrêtés puis refoulés. « Certains avec qui je suis en contact sont à Rosso mais le Sénégal ne veut pas d’eux, d’autres ont été renvoyés vers le Mali. Il y en a un aujourd’hui qui est à Bamako », indique-t-il. Et d’ajouter : « Aujourd’hui, il y a une vraie crainte de se faire contrôler et arrêter. Chaque jour ça arrive ».

    Et cette peur se ressent dans les rues, selon Abdoulaye Diallo. « Avant, il y avait beaucoup de taxis, conducteurs de tuks-tuks, tous ces petits jobs occupés par des migrants… Mais maintenant, on voit vraiment l’absence des migrants dans la ville. Les gens se cachent », raconte-t-il.

    « Ici, les migrants vivent du #travail_informel parfois depuis plusieurs années »

    Une situation qui risque de plonger nombre de personnes en situation irrégulière dans la #précarité car l’augmentation des arrestations et des contrôles « crée un #climat_répressif », analyse une humanitaire, contactée par InfoMigrants, qui a souhaité rester anonyme. « Depuis le mois de mars, les arrestations ne sont plus uniquement liées aux interceptions et débarquements de pirogues en direction de l’Europe », dit-elle.

    Pour éviter d’être arrêtés, les migrants sont de plus en nombreux à demander un titre de séjour. Ainsi, « les services d’enregistrement de migration sont débordés et il y a énormément de queues », explique l’humanitaire. À ça, « il faut ajouter les nouveaux visas électroniques ». Ainsi, entre le nouveau système et l’augmentation de la demande, « on a un ralentissement général de la #régularisation ». « Ils auraient pu laisser un délai avant d’arrêter les gens afin qu’ils puissent faire les demandes », souffle Amadou.

    « Un travail de routine »

    Selon le ministre mauritanien des Affaires étrangères interrogé par RFI, Mohamed Salem Ould Merzoug, « il n’y a pas, à proprement parler, de mesures particulières enclenchées ». « Notre politique vis-à-vis de la migration irrégulière est restée la même : appliquer la règle de droit et être très ferme, par rapport aux réseaux de migrants irréguliers en particulier », a-t-il dit.

    Ces opérations sont « un travail de routine », concernant des migrants n’ayant pas régularisé leur situation, selon le ministre qui n’a pas donné de chiffres sur l’ampleur de ces refoulements. Il assure que sur les 130 000 migrants recensés en 2022, seulement 7 000 ont renouvelé leur titre de séjour.

    Dans ces vagues d’arrestation, certains y voient un lien avec l’#accord conclu entre la Mauritanie et l’#Union_européenne. En mars 2024, la Mauritanie a signé avec Bruxelles un partenariat visant à lutter contre l’immigration illégale. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles, le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.

    Ces dernières années, la Mauritanie est devenue l’un des premiers points de départ des migrants en direction de l’Europe. En 2024, près de 47 000 personnes ont débarqué aux Canaries, un record. Et le nombre de morts n’a jamais été aussi nombreux sur cette route migratoire. Près de 10 000 exilés ont péri dans l’Atlantique en 2024, d’après le dernier rapport de Caminando Fronteras. Et « la majorité des victimes avaient pris la mer depuis la Mauritanie », selon Helena Maleno de l’ONG espagnole.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64098/il-y-a-une-vraie-crainte-de-se-faire-controler--en-mauritanie-les-vagu
    #rafles #migrations #réfugiés #répression

    voir aussi :
    La Mauritania di nuovo nel mirino della Spagna e dell’Unione europea
    https://seenthis.net/messages/1069805

    Réadmission des migrants venant d’Europe : #Soueisssya, ciblée pour un centre de transit ?
    https://seenthis.net/messages/1044463

    L’UE octroie 210 millions d’euros à la #Mauritanie pour lutter contre l’immigration clandestine
    https://seenthis.net/messages/1041503

    • À Rosso, à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, des centaines de migrants « dans une situation de #détresse »

      Plusieurs semaines après le début de la campagne d’expulsions de migrants menée par les autorités mauritaniennes, des centaines de migrants se retrouvent bloqués à Rosso, ville transfrontalière entre la Mauritanie et le Sénégal. Un afflux qui rend la situation humanitaire difficile dans la région.

      « Les policiers nous ont arrêtés alors qu’on se rendait au travail. Je n’ai pas les moyens pour retourner chez moi. Je n’ai pas non plus d’argent pour manger ou acheter des médicaments, je ne sais pas quoi faire ». Dans une vidéo transmise à InfoMigrants, un migrant nigérian raconte sa détresse après avoir été arrêté en Mauritanie puis envoyer à la frontière avec le Sénégal, à Rosso. Son corps est couvert de blessures.

      Depuis le début de l’année, de tels témoignages se multiplient. « Ils nous ont tabassés et amenés en prison sans rien nous dire » et « pris tout ce qu’on possédait : argent, montres, téléphones », racontait Ismaïla à l’AFP après son arrestation par la police mauritanienne. « Ils nous ont (ensuite) menottés et nous ont mis dans des bus surchargés pour nous expulser comme des vauriens », raconte-t-il depuis Rosso, du côté sénégalais de la frontière.
      « Nous n’avons pas assez pour tout le monde »

      Si des centaines de migrants se retrouvent à errer dans la précarité dans cette localité frontalière du Sénégal, c’est parce que depuis plusieurs semaines, la Mauritanie mène une campagne d’expulsions de migrants en situation irrégulière. Ainsi, des centaines d’exilés, notamment sénégalais, maliens, ivoiriens, guinéens ou encore gambiens, sont bloqués de chaque côté de la frontière « dans une situation de détresse ». Leur nombre total est difficile à établir.

      « Nous essayons de les aider mais nous n’avons pas assez pour tout le monde. Ils manquent d’eau, de nourriture, de médicaments, n’ont pas de logements », raconte un humanitaire mauritanien sur place à InfoMigrants.

      Selon lui, des refoulements ont lieu quasiment tous les jours. « Au moins deux bus d’au moins 60, voire 70 personnes, arrivent régulièrement à Rosso », commente-t-il. Un flux ininterrompu de personnes qui fait grossir les bidonvilles de la région. « On a ouvert deux foyers ces deux derniers mois dans deux maisons qu’on a réhabilitées - qui n’ont toutefois par l’eau courante, ni l’électricité - parce que les gens arrivent et restent. Ils errent dans la ville », raconte-t-il. « On essaye de trouver un représentant pour chaque nationalité afin d’organiser les choses mais chaque jour presque, on nous appelle pour nous signaler un nouveau groupe (qui arrive) », ajoute-t-il.
      « On ne peut pas jeter les gens comme du bétail »

      Conséquences de ces expulsions mauritaniennes, des centaines de personnes se retrouvent coincés dans cette ville à la frontière avec le Sénégal. Faute de documents de séjour en règle, elles ne peuvent ni retourner en Mauritanie, ni transiter par le Sénégal - qui refusent de laisser passer des personnes sans documents d’identité valides.

      « La Mauritanie n’a pas respecté les règles. Les autorités ont juste envoyé ces gens à la frontière. Mais on ne peut pas jeter les gens comme du bétail », tance le président du conseil des Guinéens au Sénégal, Diallo Amadou Oury, qui s’inquiète pour sa communauté à Rosso. Et d’ajouter : « La Mauritanie aurait dû aviser ces ressortissants puis les expulser en bonne et due forme, vers leur pays ».

      Actuellement, quelque 300 ressortissants guinéens sont à Rosso, des deux côtés de la frontière « et d’autres arrivent presque tous les jours ».

      « Ces gens sont dans une situation humanitaire grave. Ils sont exposées à tout à Rosso : faim, maladies, problèmes sanitaires, etc. Il y a des femmes et des enfants. Certains vivent à même le sol sur de la terre battue », commente de son côté le président du conseil des Guinéens en Mauritanie, Mamadou Bobo Bah.

      Côté sénégalais, les plus chanceux atterrissent dans les locaux de la Croix-Rouge où ils sont pris en charge. Mais selon le président du comité local de l’organisation à Rosso, Mbaye Diop à l’AFP, l’affluence de migrants est telle que début mars, ils n’avaient déjà plus de place pour tous les accueillir.

      Ces expulsions de migrants sont des opérations de « routine » qui visent les personnes en situation irrégulière, selon les autorités mauritaniennes qui n’ont pas donné de chiffres sur l’ampleur de ces refoulements. Face aux critiques d’ONG ou d’autres pays qui ont dénoncé des expulsions « inhumaines », le ministre mauritanien de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, a déclaré que les expulsions étaient « faites dans le respect des conventions internationales ». Et selon le gouvernement, les migrants sont refoulés vers les postes frontières par lesquels ils sont entrés dans le pays.
      « Ils résidaient en Mauritanie et travaillaient »

      Certains voient dans ces vagues d’arrestations un lien avec l’accord conclu entre la Mauritanie - pays devenue l’un des principaux points de départ pour les migrants souhaitant rejoindre l’Europe en prenant la mer - et l’Union européenne.

      En mars 2024, la Mauritanie a signé avec Bruxelles un partenariat visant à lutter contre l’immigration illégale. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles, le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.

      Mais les migrants l’assurent, ils ne voulaient pas « prendre la pirogue » pour rejoindre l’Europe.

      « Ils résidaient en Mauritanie et travaillaient. Certains ont même encore une famille en Mauritanie qui n’a pas été arrêtée », assure Diallo Amadou Oury. La semaine dernière, plusieurs sources confiaient déjà à InfoMigrants que, contrairement à de précédentes vagues d’interpellations, les migrants interceptés n’étaient plus seulement des personnes en partance vers l’Europe mais que tous les profils semblaient concernés.

      « Il y avait beaucoup de taxis, conducteurs de tuks-tuks, tous ces petits jobs occupés par des migrants », racontait Abdoulaye Diallo, président de l’association Ensemble pour un avenir meilleur. « Mais maintenant, on voit vraiment l’absence des migrants dans la ville ».

      https://www.infomigrants.net/fr/post/64210/a-rosso-a-la-frontiere-entre-le-senegal-et-la-mauritanie-des-centaines

    • #Mauritanie : le nombre de « #retours_volontaires » via l’#OIM a doublé par rapport à l’année dernière

      Depuis le début de l’année, 322 migrants ont bénéficié d’un « retour volontaire » de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Ils n’étaient que 150 en 2024 sur la même période. Une hausse qui s’explique notamment par la politique migratoire de Nouakchott : depuis le début de l’année, la Mauritanie mène de vastes opérations d’expulsions de personnes en situation irrégulière.

      Les « retours volontaires » de l’Organisation internationale des migrations (OIM) se multiplient en Mauritanie. Entre le 1er janvier et le 16 mai, 322 migrants ont été rapatriés dans leur pays, a déclaré l’agence onusienne à InfoMigrants.

      C’est plus du double par rapport à la même période l’année dernière durant laquelle 153 « retours volontaires » avaient été effectués. Et sur l’ensemble de l’année 2024, l’OIM Mauritanie a facilité 995 rapatriements.

      Selon l’organisation, les personnes ayant bénéficié de ce programme proviennent « principalement de pays d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique centrale, de la Corne de l’Afrique, ainsi que, dans une moindre mesure, d’Asie du Sud ».
      « J’attends que l’OIM me recontacte »

      C’est le cas d’Oumar, un Gambien de 29 ans, qui vit à Nouakchott. Il s’est rendu aux locaux de l’OIM le 30 avril dernier pour faire une demande de « retour volontaire ». « Sur place, il y avait des ressortissants de pleins de pays. J’ai simplement déposé une demande avec ma carte d’identité. Ils ont pris mon numéro et maintenant, j’attends que l’OIM me recontacte », explique-t-il à InfoMigrants.

      Installé en Mauritanie depuis près d’un an, le jeune homme explique que c’est « le climat actuel » qui l’a poussé à demander un rapatriement.

      Depuis le début de l’année, la Mauritanie mène de vastes opérations d’expulsions de personnes en situation irrégulière dans le pays. « Au début du mois de mars, c’était le pire. C’était très compliqué. Les gens se faisaient arrêter. Il y avait la police partout, parfois même sur les lieux de travail », raconte encore Oumar.

      « Quand je vois ce qui arrive à d’autres migrants, expulsés vers les frontières, je préfère partir avant que ça ne m’arrive », ajoute-t-il. Une fois arrêtés, les exilés sont emmenés dans des centres de rétention avant d’être expulsés. Les Africains sont envoyés aux frontières avec le Mali et le Sénégal. Les Asiatiques, eux, sont expulsés à travers des vols.

      À Rosso, ville transfrontalière entre le Sénégal et la Mauritanie, des dizaines de migrants arrêtés par les autorités de Nouakchott patientent actuellement dans l’attente d’un retour dans leur pays. « Côté Sénégal, une cinquantaine de Guinéens vivent à la Croix-Rouge et attendent leur ’retour volontaire’, parfois depuis plusieurs semaines », détaille Mamadou Dia, membre de la Croix-Rouge à Rosso.

      Une fois recontacté par l’OIM, Oumar devra passer deux entretiens « pour évaluer la composition familiale, vérifier les documents, recenser les vulnérabilités et discuter des modalités du retour », indique l’OIM. Puis, après un examen médical, il sera raccompagné en Gambie.

      Le dispositif peut mettre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. « Le délai d’un ’retour volontaire’ varie en fonction du pays de retour, la situation administrative de la personne, la composition familiale, la présence de vulnérabilités, ainsi que la disponibilité ou non de documents de voyage », signale l’organisation.
      Empêcher les départs vers les Canaries

      Nouakchott intensifie ses efforts pour combattre l’immigration irrégulière qui a souvent pour projet de rejoindre les Canaries espagnoles, via l’Atlantique. Plus de 30 000 migrants ont été interceptés sur le sol mauritanien entre janvier et avril 2025.

      La Mauritanie, vaste pays désertique situé sur la côte atlantique ouest-africaine, est devenue le principal lieu de départ des canots arrivés dans l’archipel espagnol, selon Helena Maleno de l’ONG Caminando Fronteras. Au cours de l’année 2024, 46 843 exilés ont atteint les Canaries, du jamais vu.

      Ce tournant dans la politique de Nouakchott s’est opéré suite à la signature en mars 2024 d’un accord avec l’Union européenne, inquiète de voir cette route migratoire se réactiver. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles, le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.

      Le ministre mauritanien de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould, a mis en avant la nécessité de lutter contre une migration qui n’est plus « individuelle » mais « une activité transfrontalière organisée » et a dénoncé « une augmentation sans précédent du nombre d’étrangers en situation irrégulière ».

      Depuis le début de l’année, le nombre d’arrivées aux Canaries a, lui, chuté. Entre le 1er janvier et le 15 mai 2025, 10 882 personnes sont arrivées dans l’archipel, soit une diminution de 34,4% par rapport à la même période en 2024 durant laquelle 16 586 migrants avaient atteint les iles espagnoles.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/64696/mauritanie--le-nombre-de-retours-volontaires-via-loim-a-double-par-rap

  • #Tunisie : des centaines de migrants interceptés en mer disparaissent des radars

    Des centaines de migrants ont été abandonnés dans le désert, à la frontière algérienne et libyenne, après avoir été interceptés en mer par les forces tunisiennes, le 17 mars. Ce genre d’expulsion est courante en Tunisie depuis l’été 2023, mais celle-ci impressionne par son ampleur. Certaines sources évoquent un nombre total de 600 exilés lâchés au même moment dans des zones désertiques.

    Que s’est-il passé dans la nuit de dimanche 16 à lundi 17 mars à #Sfax, dans le centre-est de la Tunisie ? Cette nuit-là, 612 migrants subsahariens ont été interceptés en mer par les #gardes-côtes_tunisiens, avait déclaré la Garde nationale. Dix-huit corps ont également été retrouvés.

    Mais depuis cette opération d’ampleur, ces exilés interceptés par les autorités ont disparu des radars. « Ils ne sont pas revenus dans le campement », assure à InfoMigrants Abdul*, un médecin Sierra-Léonais qui vit dans les champs d’oliviers de la périphérie de Sfax. C’est là que des milliers de Subsahariens ont érigé des abris de fortune, après avoir été chassés des centres-villes par les autorités tunisiennes à l’été 2023, en attendant de traverser la Méditerranée.

    Comment Abdul peut-il en être si sûr ? « Un groupe de 600 personnes qui s’évapore dans la nature, ça ne passe pas inaperçu ici », signale celui qui sillonne les camps disséminés dans la région pour soigner les migrants malades ou blessés.

    « Il y avait cinq bus, tous remplis de Noirs »

    Alors, où sont-ils ? Après plusieurs jours de recherches, InfoMigrants est parvenu à entrer en contact avec certains de ces 612 Subsahariens. « On est à #Tébessa [ville algérienne proche de la frontière tunisienne, ndlr] », indique Lamine, un Gambien de 26 ans joint par InfoMigrants via un appel vidéo. « Après nous avoir récupérés en mer dans la nuit de dimanche 16 à lundi 17 mars, les gardes-côtes tunisiens nous ont envoyés dans le #désert », précise-t-il.

    « Il y avait cinq bus, tous remplis de Noirs », renchérit Oumarou, un Sierra-Léonais de 31 ans, présent aux côtés de Lamine. Selon leurs estimations, environ 200 personnes auraient été expulsées dans le désert, près du parc national de #Chambi, à une trentaine de kilomètres de la frontière algérienne. Les exilés, dépouillés de leurs affaires, ont été lâchés au milieu de nulle part, en pleine nuit.

    Après quatre jours de marche, une soixantaine d’entre eux a trouvé refuge dans une maison près de #Tébessa, tenue par un ressortissant Sierra-Léonais qui s’est installé là après son expulsion dans la région par les forces tunisiennes il y a un an. Dans ce groupe de migrants anglophones se trouvent des femmes, dont certaines enceintes, et des enfants. « Regardez ma tête », dit Aminata*, une Sierra-Léonaise enceinte de quatre mois, jointe par vidéo. « Je suis épuisée, j’ai mal partout », ajoute-t-elle en montrant ses pieds abîmés par ces longs jours de marche.

    Plusieurs de ces Subsahariens présentent des blessures causées par le mélange d’eau salée et d’essence dans le bateau. Oumarou nous montre un enfant de 13 ans, l’air épuisé, avec des plaies au poignet. « Ils [les policiers tunisiens, ndlr] lui ont mis des menottes sur sa blessure, ce qui a aggravé les choses », explique Lamine.

    Lorsque les exilés sont envoyés dans le désert, ils sont menottés par les agents de la #Garde_nationale. Généralement, les enfants en sont exemptés. Les témoignages évoquent aussi des #violences commises par les policiers dans les bus. « Ils nous ont frappés avec des bâtons. Certains ont été blessés aux jambes et aux bras », raconte Oumarou.

    « Expulsion à grande échelle »

    L’ONG italienne Mediterranea Saving Human affirme dans un communiqué, publié le 20 mars, que l’ensemble des 612 migrants interceptés dans la nuit du 16 au 17 mars ont été envoyés dans le désert. « De nos réseaux de solidarité présents en Tunisie, nous avons la confirmation d’un refoulement et d’une expulsion à grande échelle qui ont eu lieu depuis le port de Sfax, à l’issue d’opérations de ’sauvetage’ en mer, menées entre dimanche 16 et lundi 17 mars, pour plusieurs personnes qui tentaient de traverser vers l’Italie », écrit l’organisation. Mediterranea Saving Human rapporte que l’opération « a mobilisé 11 bus ».

    InfoMigrants n’a pas été en mesure de vérifier toutes ces informations, notamment sur le nombre de bus mobilisés.

    Où seraient les autres migrants interceptés en mer, s’ils ne sont pas à Tébessa ? D’après le groupe d’exilés anglophones, des personnes ont également été expulsées vers la frontière libyenne, « majoritairement des Soudanais ».

    Quand les migrants sont transmis aux forces libyennes, ils sont ensuite transférés dans des prisons du pays. Pour en sortir, ils doivent débourser des centaines d’euros. « On aura plus d’informations d’ici quelques jours, voire quelques semaines, quand ils seront libérés et qu’ils retrouveront un téléphone », pense Salif*, un Guinéen installé en Tunisie depuis deux ans. Le jeune homme d’une vingtaine d’années est aussi sans nouvelles de plusieurs de ses amis interceptés en mer cette fameuse nuit du 16 au 17 mars.

    Contactées par InfoMigrants, les autorités tunisiennes affirment ne pas « avoir de données » sur cette affaire. Tout comme l’Organisation internationale des migrations (OIM) qui « ne dispose pas d’informations ni de données précises à ce sujet ».

    Accord avec l’Union européenne

    Ce genre d’expulsion n’est pas rare en Tunisie, mais celle-ci impressionne par son ampleur. Depuis l’été 2023, les Subsahariens sont régulièrement raflés par la police tunisienne dans la rue, et interceptés en mer, puis envoyés par petits groupes dans des zones désertiques, aux frontières du pays. Les exilés doivent ensuite revenir par leurs propres moyens. InfoMigrants a reçu de nombreux témoignages de Subsahariens traumatisés par ces expulsions illégales.

    « Plusieurs fois par semaine, on voit passer des bus, où s’entassent des migrants, faire route vers la frontière dans la nuit », confirme un habitant de Tozeur (ville tunisienne située à quelques kilomètres de l’Algérie), qui préfère rester anonyme.

    Ces dernières années, les organisations de défense des droits n’ont eu de cesse de dénoncer les méthodes brutales des autorités tunisiennes à l’encontre des Noirs dans le pays. Elles accusent par ailleurs l’Union européenne (UE) de complicité dans ces violations des droits.

    Sous l’impulsion de l’Italie, l’UE a conclu en juillet 2023 un « partenariat » avec la Tunisie prévoyant une aide budgétaire de 150 millions d’euros et l’octroi de 105 millions d’euros pour aider le pays à lutter contre l’immigration irrégulière. Ces aides ont débouché sur une hausse des interceptions de bateaux clandestins en 2024 et ont contribué à une nette réduction des arrivées en Italie (-80 % sur un an l’année dernière par rapport à 2023 avec 19 246 arrivées depuis la Tunisie).

    https://www.infomigrants.net/fr/post/63660/tunisie--des-centaines-de-migrants-interceptes-en-mer-disparaissent-de
    #migrations #disparitions #disparus #réfugiés #Méditerranée #mer_Méditerranée #rafles

  • L’Etiopia? Per i profughi eritrei è una nuova Libia

    Tre giovani eritrei sono stati uccisi dalla polizia ad Addis Abeba, verso la fine di gennaio, mentre, insieme a numerosi altri detenuti, tentavano di fuggire dalla prigione in cui erano finiti come “clandestini”. Altri due erano morti, sempre in un tentativo di fuga, ma in un quartiere della città, all’inizio del mese. Cinque vite spezzate nel volgere di pochi giorni.

    Uno di quei ragazzi, Hanibal, aveva appena 16 anni, terzo di tre fratelli di una famiglia di agricoltori. Veniva da Damba Mich, un piccolo centro nelle vicinanze del confine etiope all’altezza di Agordat. Studente, aveva lasciato la sua casa ormai da più di dieci mesi per sottrarsi alla chiamata di leva a tempo pressoché indeterminato che lo attendeva entro meno di due anni, prima ancora di finire il corso di studi, che avrebbe dovuto completare nella grande base militare di Sawa. Lo stesso motivo che aveva spinto a fuggire i due amici uccisi con lui e gli altri due giovani morti circa due settimane prima. Voleva raggiungere il fratello maggiore, Mussié Solomun, esule in Olanda ormai da tempo, ma non avendo il denaro per continuare la fuga, è rimasto bloccato ad Addis Abeba. Prima di lui era scappato dall’Eritrea anche il secondo fratello che, residente in una località più a nord di Damba Mich, aveva passato il confine con il Sudan dal Tigray pagando un ticket di 8 mila dollari a una organizzazione di trafficanti ma è stato fermato in Libia ed è ora intrappolato a Tripoli. Si è rivolto all’ufficio dell’Unhcr, che lo ha registrato tra i richiedenti asilo: ora è da mesi in lista d’attesa per un canale umanitario verso l’Europa.

    Hanibal non si è lasciato scoraggiare dalla sorte di questo fratello più grande e alla prima occasione ha raggiunto e superato a piedi la vicina frontiera con l’Etiopia, affidandosi alla fortuna. I familiari hanno saputo della sua fuga solo quando era ormai ad Addis Abeba. Per mesi hanno sperato che ci ripensasse e rientrasse a casa, dove sono rimasti solo i due genitori, entrambi avanti negli anni. Anche per questo forse, già in difficoltà per l’aiuto dato al secondo figlio, non avevano raccolto, magari con il contributo dei parenti della “famiglia allargata”, il denaro per consentirgli di proseguire il viaggio. Lui ha continuato a insistere che non sarebbe mai tornato indietro. Finché è incappato in un posto di controllo della polizia nel quartiere di Lafto, non lontano dalla casa in cui aveva trovato alloggio. Immediato l’arresto e il trasferimento in carcere. Era in attesa del rimpatrio forzato in Eritrea quando, pochi giorni dopo, il 21 gennaio, decine di detenuti hanno tentato la fuga. Hanibal si è unito a loro. Ma la reazione delle forze di sicurezza è stata immediata, sparando ad altezza d’uomo. Tre giovani sono stati uccisi e almeno sette feriti. Tra i primi a cadere senza vita è stato Hanibal. Il suo corpo è ancora nell’obitorio dell’ospedale San Paolo di Addis Abeba. Per poterlo riportare in Eritrea – hanno riferito alcuni parenti – le procedure prevedono una spesa di circa 6 mila dollari. Ma i genitori non sanno come metterli insieme. Nello stesso obitorio sono finiti i corpi degli altri due ragazzi uccisi, di cui uno, Ataklti Isayas, morto per le gravi ferite il 23 gennaio, due giorni dopo la sparatoria, e l’altro, di cui la polizia non ha comunicato l’identità, all’inizio di febbraio.

    Quando è accaduta questa tragedia la grande comunità di profughi eritrei che vive nel quartiere di Lafto stava già piangendo due ragazzi morti alcuni giorni prima. Fuggiti in momenti diversi dalla dittatura di Afewerki, i due si erano conosciuti ad Addis Abeba e, con l’aiuto di altri profughi, avevano trovato insieme un alloggio. Erano in casa quando sono stati sorpresi da un’irruzione della polizia. Le scale e l’uscita dell’edificio in cui si rifugiavano erano bloccate da numerosi agenti. Presi dalla disperazione hanno tentato il tutto per tutto calandosi da una finestra, a diversi metri dal suolo. Non ce l’hanno fatta. Precipitati nel vuoto l’uno dopo l’altro, sono rimasti a terra, gravemente feriti. Portati in ospedale sono morti entrambi in poche ore.

    Le due tragedie sono state raccontate da un esule eritreo che, ormai da anni a Bologna, ha il passaporto italiano: quando c’è stata l’evasione seguita dalla sparatoria era ad Addis Abeba e per certi versi ha vissuta direttamente quei giorni drammatici attraverso la comunità eritrea di Lafto, dalla quale ha appreso anche della morte degli altri due ragazzi, constatando di persona quale sia oggi in Etiopia la condizione dei profughi fuggiti dalla dittatura di Afewerki. Lui stesso non era ad Addis Abeba per caso: era stato costretto a partire dall’Italia per cercare di aiutare il fratello minore, Mussié, di 19 anni, a sua volta in fuga dal regime. Una fuga di per sé emblematica, per come si è sviluppata, della sorte dei rifugiati che in Etiopia trovano una situazione estremamente diversa dall’accoglienza incontrata fino allo scoppio della guerra in Tigray, nel novembre 2020.

    Mussié viene da Dekameré, una quarantina di chilometri a sud di Asmara. Per passare il confine, sul finire del mese di novembre 2024, si è affidato a un trafficante ed è stato incluso in un gruppo di 63 disperati che, in cambio di 6 mila dollari a testa, sono stati accompagnati a piedi fino alla frontiera. Il “passatore” che li guidava aveva assicurato che quel tratto di confine era “sicuro” ma proprio mentre lo stavano attraversando sono stati sorpresi da una pattuglia che ha cominciato a sparare. Nessuno è stato ferito ma la schiera si è rapidamente dispersa. Alcuni sono tornati indietro. Mussié e due compagni si sono addentrati di corsa nel territorio etiopico, allontanandosi il più in fretta possibile dal confine. Dopo un po’ hanno chiesto aiuto a un anziano, che li ha accolti in casa. Sembrava fatta e invece quell’anziano li ha venduti a una banda di trafficanti che hanno preteso da ciascuno 5 mila dollari per il rilascio. La famiglia ci ha messo diverse settimane per procurarsi il denaro ma quando ci è riuscita ha scoperto che Mussié era stato venduto a un’altra banda e per liberarlo sono serviti altri 2.500 dollari. Ora è ad Addis Abeba, ma in trappola: non può tornare in Eritrea perché finirebbe in una delle galere del regime e non riesce a continuare la fuga verso l’Europa perché tutte le vie sono bloccate.

    “La condizione dei profughi eritrei in Etiopia è da incubo, simile a quella della Libia – dice il fratello che lo ha raggiunto dall’Italia – Il sistema di accoglienza che funzionava da anni è stato spazzato via dalla guerra in Tigray. I quattro grandi campi che erano nel nord della regione non esistono più: devastati e sgomberati dalle truppe d’invasione di Afewerki, non sono stati mai riaperti. Nello stesso tempo il governo federale etiopico, sulla scia dell’alleanza con Asmara, ha cancellato le norme che garantivano lo status di rifugiati agli eritrei i quali, privi ormai di qualsiasi forma di tutela, sono esposti ad ogni genere di soprusi. Durante la guerra ci sono state persino numerosi arresti effettuati in Etiopia dalla polizia di Asmara. Ora queste retate condotte dagli eritrei sono finite ma si sono fatte sempre più stringenti e sistematiche le operazioni delle forze di sicurezza etiopi: una vera e propria “caccia” condotta lungo i confini, per le strade, nelle città, nei quartieri dove i rifugiati sono più numerosi. E quasi sempre gli arrestati vengono rimpatriati contro la loro volontà. Ci sono state almeno due deportazioni di massa, con un totale di oltre 700 disperati consegnati alla dittatura da cui erano fuggiti e praticamente ‘spariti’. Di loro non si sa più nulla”.

    In questo clima da coprifuoco i profughi sono costretti a vivere nascosti, chiusi in casa il più possibile per evitare il rischio delle retate o anche di un semplice controllo per strada.

    “Ad Addis Abeba quasi tutti gli eritrei fanno una vita da reclusi – riprende il fratello di Mussié – Per paura della polizia o di eventuali delazioni non possono lavorare. Anzi, non possono neanche andare dal medico o in ospedale. Sempre con la paura di essere catturati e rimpatriati. Per tirare avanti sono legati all’aiuto di familiari e amici che riescono a trovare il modo di inviare periodicamente un po’ di denaro. Sta dilagando l’hawala, il sistema che consente di trasferire contanti di nascosto attraverso persone fidate saltando il circuito bancario, visto che i profughi non possono certo presentarsi a uno sportello normale. Io, ad esempio, ho trovato un amico al quale verso di tanto in tanto una certa somma perché la faccia avere a Mussié. Ma è una situazione terribile. Non so per quanto tempo questi ragazzi riusciranno a resistere. Tanto più che la polizia ha cominciato a fare irruzioni anche direttamente nelle case, come è accaduto nel caso di quei due giovani che, come mi hanno raccontato, sono precipitati da una finestra nel tentativo di sottrarsi alla cattura. Un barlume di soluzione potrebbe essere quello di rivolgersi all’Unhcr, il Commissariato per i rifugiati delle Nazioni Unite, che ha una sede anche ad Addis Abeba. Qualcuno ci ha provato ma, per quanto ne so, persino l’Unhcr può fare molto poco perché il Governo ne limita al massimo l’attività. C’è solo da sperare che la sede centrale di Ginevra solleciti un chiarimento alle autorità federali etiopiche in modo da poter prendere sotto la tutela dell’Onu come richiedenti asilo gli eritrei presenti nel paese e poi organizzare dei canali umanitari, magari non necessariamente verso l’Europa ma, ad esempio, in Kenya o in Uganda”.

    Da queste testimonianze emerge una situazione simile a quella della Libia. Salvo il fatto che dall’Etiopia si può ovviamente fuggire solo per vie di terra.

    “Tentare la fuga da soli – spiega il fratello di Mussié, rientrato in Italia da una decina di giorni – è un azzardo enorme. Le strade sono fortemente presidiate, con frequenti posti di blocco. E tutte le linee di confine blindate: con il Kenya e il Sud Sudan ma soprattutto quella con il Sudan, nel nord, la via più battuta fino a qualche tempo fa dai profughi diretti verso la costa libica. La zona più a rischio è il Tigray, dove ad ogni passo si può essere fermati dalla polizia o intercettati dalle guardie di frontiera oppure anche dalle milizie amhara che hanno invaso la regione. Non solo. Lungo questo itinerario si sono organizzate bande di trafficanti che, specie nelle zone non troppo lontane dalla frontiera, intercettano e sequestrano chiunque capiti a tiro, da solo o in gruppi più o meno grandi, pretendendo poi dalle famiglie riscatti per migliaia di dollari. Nessuno ne parla ma per i profughi eritrei anche questo è un lascito della guerra che si è combattuta in Tigray tra il novembre 2020 e il novembre 2022. Ecco, quella guerra per i rifugiati eritrei non è mai finita. Ed ha trasformato l’Etiopia in una nuova Libia…”.

    https://tempi-moderni.net/2025/02/27/letiopia-per-i-profughi-eritrei-%C3%A8-una-nuova-libia
    #Ethiopie #réfugiés_érythréens #asile #migrations #réfugiés #violence #Addis_Abeba #emprisonnement #Lafto #chasse_aux_migrants #rafles #violences_policières #hawala #Tigray

  • Comment des migrants sont abandonnés en plein désert en #Afrique

    Une enquête de plusieurs mois menée par « Le Monde », le média à but non lucratif « Lighthouse Reports » et sept médias internationaux montre comment des dizaines de milliers de migrants en route vers l’Europe sont arrêtés et abandonnés en plein désert au Maroc, Tunisie et Mauritanie.

    https://www.dailymotion.com/video/x8yrqiy

    #vidéo #migrations #désert #abandon #Mauritanie #Maroc #Tunisie #réfugiés #externalisation #frontières #rafles #racisme_anti-Noirs #Fès #déportations #Rabat #forces_auxiliaires #refoulements #arrestations_arbitraires #enlèvements #centres_de_détention #Ksar #détention_administrative #Espagne #bus #Algérie #marche #torture #Gogui #Mali #accords #financements #expulsions_collectives #Nouakchott #forces_de_l'ordre #Sfax #Italie #équipement #aide_financière #UE #EU #Union_européenne #forces_de_sécurité #gardes-côtes #gardes-côtes_tunisiens #droits_humains #droits_fondamentaux

    ping @_kg_

  • Vichy, Pétain et les juifs : l’historien Robert O. Paxton répond aux polémiques, dans un rare entretien au « Monde »
    https://www.lemonde.fr/societe/video/2021/12/02/vichy-et-les-juifs-l-historien-robert-o-paxton-repond-a-eric-zemmour-dans-un

    VIDÉO Eric #Zemmour [qui se dit gaulliste, ndc] répète depuis 2014 que le régime de Vichy aurait « protégé les #juifs_français et donné les #juifs_étrangers » [#préférence_nationale que c’est l’adn de la France, ndc]. Cible du polémiste, l’historien américain Robert O. Paxton répond, dans une interview vidéo accordée au « Monde » depuis New York. Par Karim El Hadj, Charles-Henry Groult, Elisa Bellanger et Isabel Bonnet, 02 décembre 2021

    Depuis plusieurs années, Eric Zemmour répète dans ses livres et sur les plateaux de télévision son point de vue sur le rôle du #régime_de_Vichy dans le génocide des juifs. Dans son essai Le Suicide français, il dénonçait la « thèse » d’une « malfaisance absolue du régime de Vichy » (page 88) [qui a aussi organisé des camps de vacances, et crée la police nationale]. « Vichy a protégé les juifs français et donné les juifs étrangers », insistait-il sur #Europe_1 le 26 septembre 2021, niant toutefois vouloir « réhabiliter #Pétain »-.

    Qu’en disent les historiens de la seconde guerre mondiale ? Le plus célèbre d’entre eux, l’Américain Robert O. Paxton, a publié en 1973 _La France de Vichy, dont les conclusions ont profondément renouvelé le regard sur la responsabilité de ce régime dans les #persécutions et les #déportations de juifs, français et étrangers. Un travail construit grâce à des #archives françaises et allemandes alors inédites, affiné depuis et complété par d’autres historiens.
    Régulièrement ciblé par Eric Zemmour comme chantre d’une « doxa » anti-Vichy, Robert O. Paxton ne donne plus que de rares interviews. Il a accepté de répondre aux questions du Monde, depuis New York.
    Quelques livres pour en savoir plus :
    La France à l’heure allemande (1940-1944), de Philippe Burrin (Seuil)
    La survie des Juifs en France 1940-1944, de Jacques Semelin et Serge Klarsfeld (CNRS Editions)
    L’Etat contre les juifs, de Laurent Joly (Grasset)

    #Robert_Paxton #lois_d'aryanisation #statut_des_juifs #déchéance_de_nationalité #rafles #étoile_jaune #antisémitisme #histoire

  • Vague de répression contre les migrants en Turquie : « J’envisage de retourner au Sénégal »

    Des vidéos amateurs envoyées à notre rédaction montrent des migrants africains arrêtés par la police turque dans le cadre d’une campagne de répression de l’immigration clandestine. Sur ces images, envoyées par des migrants du Sénégal, du Cameroun, de Guinée et d’Angola, des officiers hurlent sur les migrants et, dans certains cas, les violentent physiquement. Nos Observateurs, dont l’une des victimes visible dans une #vidéo, racontent.

    Les autorités turques ont lancé la répression au début du mois de juillet. Dans une interview publiée le 9 juillet, le ministre de l’intérieur, #Ali_Yerlikaya, a déclaré que la lutte contre l’immigration clandestine était l’une de ses priorités et que la #police d’Istanbul et des 81 provinces de Turquie intensifiait ses efforts pour arrêter et détenir les personnes se trouvant illégalement dans le pays.

    À Istanbul, la police a ainsi entamé le 4 juillet une série d’opérations de #ratissage de soir et de nuit, en se concentrant sur les lieux de sorties et les #espaces_publics. Elle affirme avoir arrêté 3 535 personnes au cours de la première semaine, soupçonnées d’être entrées illégalement en Turquie, d’avoir travaillé sans autorisation ou d’avoir dépassé la durée de validité de leur visa.

    Les vidéos envoyées à la rédaction des Observateurs par des migrants africains vivant en Turquie suggèrent un comportement violent de la part de la police.

    Une vidéo envoyée par des migrants du Sénégal et de Guinée montre la police plaquant au sol un homme africain au milieu d’une foule. Les policiers ne portaient pas d’uniforme, mais des menottes. La victime a demandé son téléphone à plusieurs reprises, ce qui a mis en colère le policier qui le maintenait au sol. Le policier lui a crié dessus et l’a ensuite giflé.

    Dans cette vidéo, envoyée par des migrants africains aux Observateurs de France 24 via WhatsApp et également postée sur Twitter, on voit le propriétaire d’un salon de coiffure sénégalais se faire gifler par un policier turc après avoir été arrêté pour un contrôle d’immigration. L’homme sénégalais a déclaré aux observateurs de France 24 que son permis de séjour était en cours de renouvellement.

    L’incident a eu lieu à Istanbul le mercredi 19 juillet. En utilisant les images disponibles sur Google Maps, notre rédaction a pu déterminer que l’incident s’est produit à l’entrée du centre commercial souterrain. Plusieurs migrants subsahariens vivant à Istanbul ont confirmé l’endroit.

    Le quartier environnant, Aksaray, regorge de magasins de vêtements et d’alimentaire tenus par des Africains.

    "Chaque fois que des policiers me voient, ils me demandent mes papiers"

    La rédaction des Observateurs a réussi à identifier et à contacter l’homme que l’on voit dans la vidéo : il s’agit de Mohamed Preira, un Sénégalais qui s’est installé en Turquie en 2019 et qui possède un salon de coiffure à Aksaray. Il déclare qu’il se rendait à son salon lorsqu’il a été arrêté par la police et avoir assuré aux agents ne pas avoir de permis de séjour sur lui parce qu’il était en cours de renouvellement.

    Ils ont pris mon téléphone et mon argent. Ils m’ont mis dans une voiture et m’ont conduit à un endroit où ils m’ont laissé partir. Eux-mêmes savent qu’ils n’ont pas le droit de m’arrêter. Mais je ne peux même pas porter plainte contre eux.

    J’ai déposé mes documents [pour renouveler mon statut de résident] et on m’a donné un reçu. Je suis en train d’obtenir les documents pour avoir le droit de vivre ici.

    Ce n’est pas la première fois qu’on m’arrête. Chaque fois que des policiers me voient, ils me demandent mes papiers. Mais ces policiers étaient tout simplement racistes. Maintenant, tout mon corps me fait mal.

    J’ai mon propre salon de coiffure à Istanbul. Je paie mon loyer. Mais la situation s’est aggravée, les contrôles sont de plus en plus nombreux. Maintenant, j’envisage de retourner au Sénégal. Vivre dans un autre pays, sans argent, c’est trop dur.

    #Turkey is one of the countries where #refugees are most often subjected to violence, both by society and the authorities.
    This video showing police violence was shared on social media yesterday.
    In #Istanbul, a migrant-refugee from #Africa was beaten and detained by the police.… pic.twitter.com/l4S1UAh2Ld
    — Vedat Yeler (@vedatyeler_) July 14, 2023

    Notre rédaction a reçu de très nombreuses vidéos montrant l’usage de la force par la police. L’une de ces vidéos, également publiée sur Twitter, montre deux policiers en uniforme tenant un migrant africain tandis qu’un troisième policier peut être vu en train de lui pousser la tête vers le sol. Alors qu’ils l’éloignent, le troisième policier se moque apparemment de la victime en lui tapant dans la main.

    Plusieurs migrants africains nous ont déclaré que l’incident avait eu lieu dans le quartier d’Esenyurt à Istanbul. L’imagerie satellite semble confirmer l’endroit, mais nous n’avons pas pu contacter l’homme qui a été arrêté.

    "Nous avons été traités comme des criminels parce que nous n’avons pas les papiers qu’ils refusent de nous donner”

    En novembre 2022, un rapport de Human Rights Watch estimait que les migrants détenus en Turquie sans papiers étaient souvent incarcérés dans des centres de détention surpeuplés, sans accès suffisant à une assistance juridique et à leurs familles.

    "Cédric" (pseudonyme) un Camerounais qui a parlé à notre rédaction de France 24 sous couvert d’anonymat, a été arrêté à Istanbul en décembre 2022 alors qu’il attendait une mise à jour de son statut de résident :

    Nous étions 12 à être détenus dans des chambres prévues pour six personnes. Nous étions censés avoir le droit de parler à nos familles, mais ils ont pris nos téléphones. Les conditions étaient horribles. J’ai vu beaucoup de suicides. Nous avons été traités comme des criminels parce que nous n’avions pas les papiers qu’ils refusaient de nous donner. Ils ne nous permettent pas d’avoir nos propres avocats. Ils ne vous laissent voir que leurs avocats.

    “Cédric” raconte qu’il a été autorisé à quitter le centre au bout de deux mois et qu’on lui a remis un document qui l’autorisait uniquement à vivre à Bartin, une petite ville située à 400 km d’Istanbul. Mais il n’est pas resté : "Il n’y avait pas d’opportunités là-bas et les gens étaient racistes, alors je suis retourné à Istanbul” dit-il.

    "Les migrants de toutes nationalités sont confrontés à de nombreuses violations des droits de l’Homme"

    Contacté, Mahmut Kaçan, un avocat turc spécialisé dans les droits des migrants, affirme que le système d’immigration du pays est devenu plus restrictif au cours des deux dernières années.

    Au cours des deux dernières années, les demandes d’asile n’ont pas été acceptées, que l’on soit un migrant régulier ou irrégulier. Ces dernières années, et pendant les élections [de mai 2023], il y a eu un débat. Le gouvernement actuel et l’opposition affirment qu’ils expulseront tous les réfugiés.

    Les migrants de toutes nationalités sont confrontés à de nombreuses violations des droits de l’Homme. Je reçois des plaintes, mais comme ces migrants ne sont pas correctement enregistrés, ils ne sont pas en mesure de déposer des plaintes et de contacter des ONG.

    https://observers.france24.com/fr/moyen-orient/20230721-turquie-migrants-violence-arrestations

    #migrations #Turquie #répression #asile #réfugiés #racisme_anti-noirs #sans-papiers #rafles

  • Répression du mouvement social : entre homme de main et garde-chiourme. Régis de Castelnau - Vu du Droit

    Emmanuel Macron n’avait aucune expérience politique avant qu’il soit propulsé à l’Élysée en 2017 grâce à une opération concoctée par la haute fonction publique d’État, probablement aujourd’hui une des plus corrompues d’Occident. Il ne possède aucune culture démocratique et considère tout désaccord avec ses orientations et ses décisions comme une injure personnelle. Son narcissisme pathologique fait le reste. Comme le dit Frédéric Lordon, concernant la conduite de son projet de réforme des retraites, il a commis toutes les erreurs possibles, en général sous forme de provocations insupportables. Mettant l’énorme majorité du peuple français dans un état de rage dirigée contre sa personne. La seule solution qu’il envisage pour en sortir, est celle qu’il avait mise en œuvre au moment de la crise des gilets jaunes : une répression policière et judiciaire de masse que l’on n’avait pas vue depuis la guerre d’Algérie. Il a bénéficié pour cela de l’appui des forces de police chargée du maintien de l’ordre qui n’eurent aucune hésitation à utiliser une violence débridée, mais aussi de celui de la magistrature. Qui a non seulement condamné à tour de bras, mais refusé méthodiquement de sanctionner les débordements et les violences policières, alors que c’est une de ses missions essentielles.

    Répression policière et judiciaire du mouvement social, deuxième saison.
    Le couple Darmanin/Dupond Moretti a donc remplacé celui qui avait officié pour les gilets jaunes à savoir Castaner/Belloubet. Auquel avait été adjoint le chevènementiste Didier Lallement de sinistre mémoire, officiant comme préfet de police de Paris. On a su très vite l’absence de scrupules de Darmanin pour conduire les répressions voulues par son patron, mais il est clair que la catastrophe du Stade de France nous a montré qu’un homme de main ne faisait difficilement un véritable Ministre de l’intérieur.

    Éric Dupond Moretti, ancien avocat médiatique batteur d’estrade, a été choisi par Emmanuel Macron pour occuper un des postes les plus importants de la République, celui de Garde des Sceaux. Ce représentant de la société du spectacle, et d’ailleurs probablement choisi sur ce critère, nous avait habitué entre deux grossièretés, à la plus grande docilité vis-à-vis du locataire de l’Élysée. Il vient de nous indiquer clairement l’idée qu’il se faisait de sa mission : celle d’un garde-chiourme. En adressant aux parquets de notre pays, une « dépêche » contenant les consignes les plus fermes pour une répression implacable à l’égard de ses couches populaires qui osent user de leur droit constitutionnel de manifestation contre la politique voulue par son patron. Dans cette « dépêche » adressée aux procureurs généraux et aux procureurs de la République, le garde des Sceaux a demandé « une réponse pénale systématique et rapide » à l’encontre des manifestants violents interpellés en marge des rassemblements contre la réforme des retraites pour « troubles graves à l’ordre public, atteintes aux personnes et aux biens et actes d’intimidation et menaces contre les élus » . Inspiré par le précédent de la crise des Gilets jaunes, qui avaient vu la mise en place d’une répression pénale de masse sans précédent depuis la guerre d’Algérie, accompagné de la protection offerte aux débordements de violence policière, Éric Dupond Moretti escompte probablement briser ainsi le mouvement social qui s’oppose à Emmanuel Macron et à ses projets impopulaires.

    Le problème est que la « gauche », qui était restée un bon moment à distance des Gilets jaunes, soutient cette fois-ci ce mouvement. Et grâce aux réseaux sociaux, où les vidéos de brutalités en tout genre font florès, la violente répression voulue par le couple Darmanin / Dupond Moretti se donne à voir. Cahin-caha, les médias nationaux sont obligés de suivre. La presse internationale, quant à elle, ne va pas par quatre chemins et dénonce la violence d’un État qualifié de brutal et sans complexe. https://frontpopulaire.fr/politique/contents/retraites-lautoritarisme-d-emmanuel-macron-vu-dailleurs_tco_20707919

    On parle de rafles illégales couvertes par les parquets, qui nassent les manifestants pour les mettre sans raison en garde à vue et les empêcher de manifester. Infractions commises par des agents publics qui sont autant de séquestrations arbitraires réprimées par le code pénal. On parle de groupes de policiers à la violence débridée, chargeant et gazant également à tort et à travers en se livrant sous l’œil des caméras à des brutalités sidérantes sur des manifestants pacifiques, quand il ne s’agit pas de simples passants. On parle de l’épisode effarant du groupe de policiers-nervis proférant à des personnes interpellées, des menaces de mort, comme le démontre l’enregistrement récupéré par le média Loopsider https://twitter.com/Mediavenir/status/1639308428853264384 . Les observateurs objectifs savent à quoi s’en tenir. Encouragée par le pouvoir à utiliser une violence débridée, protégée par une justice refusant de la contrôler et de la sanctionner, une partie de la police française s’est transformée en une milice qui par la violence et l’intimidation porte gravement atteinte à la liberté constitutionnelle de manifestation.

    La reconnaissance du bout des lèvres, à la fois par le pouvoir et les médias qui le servent, de l’existence de cette violence nous offre à nouveau le spectacle de la soumission de certains journalistes qui ne sont finalement que des militants du macronisme. Plusieurs sortes d’arguments ont été avancés. Tout d’abord que très « rares (!) » , ces violences policières n’étaient que la réponse aux « effroyables » violences des manifestants, et ensuite que la police n’utilisait à cette occasion que la « violence légitime » dont l’État est dépositaire. C’est tout simplement une manipulation : les  « violences des manifestants » abondamment et systématiquement filmées et photographiées par la presse du pouvoir ont été celles de groupuscules provocateurs parfaitement identifiés et utilisés pour justifier la « riposte » policière. Ensuite, on nous a servi la rengaine de la l_ égitimité juridique  de la violence policière, les forces de l’ordre usant d’un « droit républicain » _ de frapper, d’amputer, d’éborgner et de détenir. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un dévoiement complet du principe de légitimité dans toutes ses définitions.

    Le « monopole de la violence légitime », qu’est-ce que c’est ?
    Comment, dans ces conditions, comprendre l’utilisation par les amis du pouvoir du concept de « violence légitime » dont disposerait la police, pour répondre à l’émotion de l’opinion publique devant les exactions policières qui se déroulent et dont l’évidence a fini par s’imposer ? C’est tout simplement un abus de langage avançant l’idée d’une « autorisation juridique » donnée aux forces de l’ordre de violenter les corps dans l’intérêt de l’État. Il y a d’abord une impropriété des termes puisqu’il s’agit en fait de ce que Max Weber appelait « le monopole de la violence » que seul l’État sur un territoire donné est autorisé à utiliser. Cette violence qui se caractérise par le « pouvoir sur les corps » est déléguée à la police, à l’armée et à ce qui est essentiel, à la Justice. Pour deux raisons : d’abord, c’est celle-ci qui punit les délinquants et qui si nécessaire les prive de leur liberté et enferme leur corps entre quatre murs (et auparavant pouvait le couper en deux). Mais elle doit aussi, et c’est absolument essentiel, exercer son contrôle sur l’utilisation de la violence par les agents armés de l’État.

    Il est important de rappeler que pour que cette violence dont l’État a le monopole soit « légitime » deux conditions indispensables doivent être réunies : d’abord, que son usage en soit défini et réglementé par la Loi. En nature, en intensité, et en proportionnalité, pour que ceux qui vont en disposer sachent les limites de leurs pouvoirs et les risques de sanctions qu’ils encourent. Il faut qu’ensuite, le caractère légal et régulier de cet usage soit contrôlé par le juge. La première condition est réalisée : user de la violence physique dite « légitime » par les forces de l’ordre est strictement encadré et le Code pénal prévoit une répression spécifique pour les agents publics titulaires par délégation de l’État du pouvoir sur les corps. Si l’auteur d’une violence illégale (parce qu’excessive et non proportionnelle) commise à l’égard de ses concitoyens est un agent public, c’est une circonstance aggravante et elle devra être plus sévèrement punie que celle commise par un simple citoyen. Citons à ce titre l’exemple des violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique prévues et réprimées par les articles 222-7 et suivants du code pénal https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006181751 . Une lecture, même rapide, montre bien que les violences volontaires, comme le fait d’éborgner en visant la tête avec un LBD ou un lance-grenade, sont des crimes relevant de la cour d’assises !

    Cette situation juridique et institutionnelle est fondamentale dans la mesure où l’État doit pouvoir conserver la totale maîtrise de l’usage qui est fait de ses pouvoirs par son personnel armé.

    Sans le contrôle de la Justice, toute violence d’État est illégitime
    L’absence de la deuxième condition, celle du contrôle juridictionnel, prive le « monopole de la violence » dont dispose l’État de sa légitimité juridique et démocratique. Car force est de constater que si la loi a bien créé les outils légaux d’encadrement, la défaillance quasi totale de la justice française dans l’accomplissement de cette mission de contrôle a complètement déréglé le dispositif républicain et démocratique. Pour une raison très simple : ceux dont c’est la mission de contrôler l’utilisation par les forces de police de la violence légitime de l’État, ce sont les magistrats du service public de la justice. Ce sont eux qui sont chargés de notre protection face à ces débordements. Or, ils ne l’assurent pas.

    La responsabilité du pouvoir exécutif et surtout d’Emmanuel Macron est évidemment lourdement engagée, puisqu’il a laissé faire, quand il n’a pas directement organisé ce scandale, mais celle de la Justice est première.

    L’utilisation par Emmanuel Macron de l’expression de « forces de sécurité intérieure » pour désigner policiers et gendarmes caractérise un glissement sémantique à la fois troublant et inquiétant. Les « forces de sécurité extérieures et intérieures » , ce sont les forces armées. Gendarmes et policiers sont des forces de l’ordre. Doit malheureusement constater qu’aujourd’hui, les conditions institutionnelles et juridiques indispensables à l’usage du « monopole de l’État sur la violence » ne sont plus réunies. Ce qui veut dire que de ce point de vue,  notre pays a basculé dans une forme d’arbitraire , tout simplement. Un pouvoir minoritaire a décidé de ne plus respecter les libertés démocratiques fondamentales pour traiter un mouvement social profond. Il a pour cela donné carte blanche à une police dont une partie est dévoyée. Et demander à sa justice de la laisser opérer. (J’ai décrit tout ceci dans mon ouvrage « Une justice politique », j’y renvoie encore une fois).
    Lorsque le quotidien anglais  Financial Times  du 25 mars écrit : « la France a le régime qui, dans les pays développés, s’approche le plus d’une dictature autocratique » , il a raison.
    Et c’est grave.

    Régis de Castelnau
    Source ; https://www.vududroit.com/2023/03/repression-du-mouvement-social-entre-homme-de-main-et-garde-chiourme

    #bourgeoisie #émmanuel_macron #violences #démocratie #répression #police #magistrature #darmanin #dupond_moretti #didier_lallement #garde-chiourme #gj #gilets_jaunes #rafles #médias #mouvement_social #gendarmerie #police

  • L’#Algérie sous #Vichy

    De l’été 1940 à l’été 1943, l’#Algérie_française se donne avec enthousiasme à la révolution nationale voulue par #Pétain. Ce dont de nombreux Européens d’Algérie rêvent depuis longtemps s’accomplit : rétablissement de l’#ordre_colonial, mise au pas des populations et abrogation du #décret_Crémieux qui, en 1870, avait fait des Juifs d’Algérie des citoyens français.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/64265_0

    #WWII #seconde_guerre_mondiale #histoire #Juifs #antisémitisme #Maréchal_Pétain #collaborationnisme #impérialisme #France #Georges_Hardy #général_Weygand #Maxime_Weygand #Juifs_d'Algérie #déchéance_de_nationalité #licenciement #citoyenneté #exclusion_scolaire #Juifs_indigènes #catégorisation #Italiens_d'Algérie #indigènes #extrême_droite #Edouard_Drumont #Drumont #émeutes_antijuives #musulmans #Gabriel_Lambert #Messali_Hajj #assimilation #Ferhat_Abbas #égalité_par_le_bas #propagande #pauvreté #discriminations #typhus #Georges_Claude #confiscation_des_biens #aryanisation_économique #service_des_questions_juives #terres #camps #internement #camps_de_travail #camps_d'éloignement #indésirables #torture #Bedeau #chasse_aux_Juifs #service_d'ordre_de_la_légion (#SOL) #étoile_jaune #fascisme #oppression #résistance #José_Aboulker #Opération_Torch #général_Juin #Alphonse_Juin #François_Darlan #général_Giraud #unités_de_travail #Henri_Giraud #rafles #Fernand_Bonnier_de_la_Chappelle #Marcel_Peyrouton #débarquement #Etats-Unis #USA #spoliation #Jean_Monnet #Sidney_Chouraqui #armée_d'Afrique #camp_de_Bedeau #de_Gaulle #déshumanisation

    ping @postcolonial @isskein @karine4 @cede

  • Sur le #retour_au_pays / #expulsions de #réfugiés_syriens... une #métaliste.

    Je profite de billet de @gonzo :
    « Le Danemark devient le premier pays européen à dire aux réfugiés syriens qu’ils doivent rentrer chez eux »
    https://seenthis.net/messages/904689

    ... pour créer une métaliste des mouvements de retour ("volontaires" ou « forcés ») des réfugiés syriens vers la #Syrie.
    Car ce mouvement a commencé tôt, déjà en 2015 selon les archives seenthis...

    #asile #migrations #réfugiés

  • Entretien avec #Mathieu_Rigouste : une #généalogie coloniale de la police française
    (2017 —> pour archivage)

    L’entretien qui suit est la transcription d’une conversation ayant eu lieu le 23 septembre 2016 afin de figurer dans le 8ème numéro de The Funambulist (disponible en ligne et dans certaines librairies) dedié a une critique de la police dans differents contextes politiques et géographiques (États-Unis, Palestine, Égypte, Allemagne, Brésil, France). https://thefunambulist.net/magazine/police

    LÉOPOLD LAMBERT : Mathieu, ton travail consiste à beaucoup d’égards de mettre à jour la #généalogie_coloniale déterminante de la #police_française. J’aimerais donc commencer cette conversation avec le #massacre du #17_octobre_1961 qui a vu la police parisienne tuer entre 40 et 100 algérien-ne-s lors de manifestations ayant rassemblé environ 30 000 personnes en solidarité avec le #FLN. Lorsque nous évoquons la répression sanglante de l’état français au moment de la révolution algérienne, nous pensons souvent aux #violences commises en Algérie mais pas nécessairement en « métropole » ; c’est pourtant là que ce se détermine la police française d’aujourd’hui en relation à la partie de la population provenant d’anciennes colonies de « l’Empire » (nous en parlerons plus tard). Peux-tu nous décrire cette relation, ainsi que de la figure déterminante de #Maurice_Papon, préfet pour le régime Vichiste, puis à #Constantine en Algérie et enfin à l’œuvre à Paris donnant l’ordre d’un tel massacre ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Il y a plusieurs racines de l’#ordre_sécuritaire. L’axe de mes recherches, c’est la #restructuration_sécuritaire qui accompagne la restructuration néolibérale du #capitalisme à l’époque contemporaine. Dans tous mes travaux je retombe sur ce mécanisme dans lequel on voit la société impérialiste française importer dans son système de #contrôle, de #surveillance, de #répression des dispositifs qui viennent des répertoires coloniaux et militaires. Au sein de l’Algérie qui est la colonie de peuplement et d’expérimentations d’une gestion militaire de la population colonisée la plus poussée, sont développés des répertoires d’#encadrement qui vont influencer en permanence, depuis 1830, la restructuration du contrôle de la population « en métropole ». Notamment par l’application de ces dispositifs sur les populations directement désignées comme étant la continuité des indigènes en Algérie, c’est-à-dire principalement les #arabes à #Paris. On a donc des répertoires particuliers, des #régimes_policiers de #violences appliqués aux colonisés « en #métropole » qui font un usage régulier de pratiques de #coercition, d’#humiliation, de #rafles, d’#assassinats, de #tortures longtemps avant la #guerre_d’Algérie et de manière continue. On a déjà une police dans les années 30 qui s’appelle #Brigade_de_surveillance_des_Nord-Africains (#BNA) qui est donc une police opérant sous critères racistes, chargée par l’utilisation de la coercition d’encadrer les français de souche nord-africaine. Ces répertoires vont se transmettre. La continuité de l’état, ça veut dire la continuité des personnels, des administrations, des bureaucraties. Et à travers la restructuration des unités de police, se transmettent des systèmes de #discours, d’#imaginaires, d’#idéologies, et de #pratiques.

    Donc au moment du 17 octobre 1961, il y a déjà tous ces répertoires qui appartiennent à l’arsenal de l’encadrement normal et quotidien des arabes à Paris. J’essaye d’alimenter une piste un peu nouvelle qui apporte un regard supplémentaire aux travaux critiques qui avaient été faits sur la question et qui essaye de montrer comment les doctrines de #contre-insurrection dominaient la pensée militaire de l’époque et comment elles ont été importées et réagencées après leur application industrielle pendant la guerre d’Algérie, notamment à partir de 1956, pour passer du répertoire militaire et colonial dans le répertoire policier de l’écrasement des arabes à Paris. Tu l’as dit, ça passe par des personnels ; on pense à la figure de Maurice Papon en effet, mais aussi à des « étages » moyens et inférieurs de la police, les #CRS, les #gendarmes_mobiles… tout le monde fait son séjour en Algérie pendant la guerre en tant que policier en formation ou pour servir puisqu’on avait utilisé la plupart des effectifs militaires et policiers disponibles à l’époque. Il y a donc déjà une masse de policiers et de gendarmes qui ont été faire la guerre aux colonisés et ils se sont appropriés le modèle de contre-insurrection, le modèle de #terreur_d’Etat. Et puis, il y a aussi tout le contingent, les « #appelés », toute une génération de jeunes mâles qui vont se construire – certains, en opposition, mais une minorité – dans cette guerre d’Algérie, et à travers toute l’économie psychique que ça suppose, les #peurs et la #férocité que ça va engendrer dans toute une génération qui prendra ensuite les manettes de la #Cinquième_République.

    Ce que j’essaye de montrer donc, et que l’on voit bien dans le discours de Maurice Papon à l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN) en 1960, c’est que lui en tant que #IGAME, c’est-à-dire super préfet itinérant en Algérie, se forme à la contre-insurrection – c’était déjà un spécialiste des mécanismes de #purges, il s’était illustré par la #déportation des juifs de Bordeaux pendant l’occupation – et donc, assez logiquement, est nommé super préfet en Algérie pour organiser l’écrasement de la #révolution_algérienne. Il se forme ainsi à la contre-insurrection et expériment une forme de remodelage d’une contre-insurrection militaire et coloniale en contre-insurrection militaro-policière et administrative. Il se fascine completement pour cette doctrine qui exhorte à se saisir de l’ennemi intérieur pour pacifier la population, qui dit que le guérillero, le partisan, est comme un poisson dans l’eau, l’eau étant la population, et donc qu’il faut se saisir de la population. Ce système idéologique et technique va être élevé au rang de doctrine d’état et devenir hégémonique dans la pensée militaire francaise à partir de 1956. Dès lors, la doctrine « de la guerre (contre) révolutionnaire » alimente la restructuration des appareils de défense intérieure, « la #défense_intérieure_du_territoire » à l’époque, c’est-à-dire les grands plans de #militarisation_du_territoire en cas d’invasion soviétique. #Papon fait partie de la plateforme de propulsion d’une analyse qui dit que probablement une invasion soviétique – c’est la grille de lecture générale de toute la pensée militaire de l’époque – serait certainement précédée de manifestations géantes communistes et nord-africaines. Papon a en quelque sorte ouvert les plans de défense intérieure du territoire le 17 octobre. Il n’y avait eu que très peu de renseignements du côté de la Préfecture et ils ont été pris au dépourvu ; lorsqu’ils se sont rendus compte le 16 au soir, ou le 17 au matin qu’il y allait il y avoir des manifestations, ils sont allés chercher dans les répertoires disponibles, en l’occurrence la défense intérieure du territoire qui sont donc des plans de gestion militaire de la métropole en cas d’invasion soviétique. Ca explique pas mal de choses sur la puissance du dispositif mis en œuvre. Sur la radio de la police, on diffusait des messages d’#action_psychologique, on disait que les arabes avaient tué dix policiers à tel endroit, etc. pour exciter la #férocité des policiers. Il y a encore un autre aspect qu’il faut prendre en compte – j’y travaille en ce moment – c’est le soulèvement des masses urbaines de décembre 1960 en Algérie. C’est un peu la réponse à la #bataille_d’Alger, c’est-à-dire la réponse du peuple colonisé à la contre-insurrection. C’est un déferlement des masses (avec des enfants, des vieux, des femmes, etc.) dans les rues des grandes villes algériennes qui déborde la militarisation, déborde la contre-insurrection militaire et policière et emporte le versant politique de la guerre d’Algérie alors que le versant militaire était quasiment perdu. Le FLN et l’#Armée_de_Libération_Nationale étaient quasiment K.O. technique, militairement parlant et c’est donc le plus petit peuple qui remporte l’aspect politique de la guerre d’Algérie. Ça va marquer très très fort les administrations, les états-majors politiques, militaires et policiers et quand Papon se fait « ramener » à Paris c’est parce qu’il est reconnu comme un spécialiste de la gestion des arabes aux colonies et qu’on lui demande de faire la même chose à Paris. Il emporte donc cette mémoire avec lui et au moment où son état-major obtient l’information qu’il va il y avoir des manifestations organisées par le FLN et que des algériens vont marcher, depuis les périphéries vers le centre-ville – c’est-à-dire le même mouvement qu’en décembre 1960 en Algérie – il va utiliser l’arsenal d’écrasement qui est à sa disposition.

    Bien entendu, tout cela va semer des graines dans toute la Cinquième République qui est fondée autour du coup d’état militaire qui porte De Gaulle au pouvoir en 1958 et à travers toute cette grammaire idéologique qui considère les arabes et les communistes comme un #ennemi_intérieur dont il faudrait se saisir pour protéger la France et « le monde libre ». Voilà pour le contexte idéologique.

    LÉOPOLD LAMBERT : Dans le livre qu’est devenu ta thèse, L’ennemi intérieur (La Découverte, 2009), tu décris cette généalogie dans de grands détails. Peux-tu nous parler en particulier de la manière dont la doctrine de contre-insurrection coloniale française, élaborée d’abord par des militaires comme le Maréchal #Bugeaud au moment de la colonisation de l’Algérie, puis par d’autres comme #Roger_Trinquier, ou #Jacques_Massu au moment de la guerre de son indépendance a par la suite influencé d’autres polices et armées à l’échelle internationale – on pense notamment à Ariel Sharon ou David Petraeus ?

    MATHIEU RIGOUSTE : On peut dire que c’est à l’origine même de la construction de l’Etat. L’Etat se forge comme #contre-révolution. C’est un appareil qui permet aux classes dominantes de refermer soit le mouvement révolutionnaire soit le temps et l’espace de la guerre pour asseoir leur domination. Tout état se forme donc sur des appareils de contre-insurrection. Du coup, on trouve une pensée contre-insurrectionnelle chez #Sun_Tzu ou dans toute autre philosophie politique. Mais effectivement avec l’avènement de l’état nation moderne, du capitalisme et de sa version impérialiste, la contre-insurrection va elle-même prendre des formes modernes, industrielles, va se mondialiser, va se techniciser, va se rationaliser, et va évoluer en même temps que les systèmes technologiques. Du coup on a des formes modernes de doctrines de contre-insurrection chez le Maréchal Bugeaud en effet. Lui-même, son parcours et sa pensée reproduisent le mécanisme de restructuration impériale, c’est-à-dire l’importation de dispositifs issus de l’expérimentation coloniale et militaire vers le domaine du contrôle. Il va ainsi pouvoir expérimenter des pratiques contre-insurrectionelles à travers la conquête de l’Algérie avec toute sortes de dispositifs qui vont perdurer, comme les rafles, les déplacements de population, etc. et d’autres qui vont être mis de côté comme les enfumades, mais il y reste bien une logique d’extermination durant toute la conquête de l’Algérie.

    Pendant les dernières décennies de sa vie, Bugeaud ne cesse d’insister sur le fait qu’il a constitué une doctrine de contre-insurrection applicable au mouvement ouvrier en métropole. Il passe également beaucoup de temps à démontrer les similarités qu’il y aurait entre le processus révolutionnaire – ce que lui appelle « les insurrections » – au XIXe siècle en métropole et les révoltes aux colonies. À la fin de sa vie, il écrit même un livre (qui ne sera pas distribué) qui s’appelle La guerre des rues et des maisons dans lequel il propose de transférer son répertoire de contre-insurrection à la guerre en ville en métropole contre le peuple et dans lequel il développe une théorie d’architecture qui va se croiser avec toute l’hausmannisation et qui correspond à l’application de la révolution industrielle à la ville capitaliste. On va donc voir des doctrines militaires et coloniales passer dans le domaine policier en même temps que Hausmann « perce la citrouille » comme il dit ; c’est-à-dire en même temps qu’il trace les grandes avenues qui permettent à la police ou l’armée de charger les mouvements ouvriers. On introduit également tout cet imaginaire de la tuberculose, des miasmes, etc. On assimile les misérables à une maladie se répandant dans Paris et il faudrait donc faire circuler l’air. C’est comme aujourd’hui dans la rénovation urbaine, on ouvre des grands axes pour que la police puisse entrer dans les quartiers populaires le plus facilement possible et aussi pour les enfermer. Et on invoque la circulation de l’air. On a donc ces logiques avec tout un imaginaire prophylactique, hygiéniste, qui se met en place en même temps qu’on importe le répertoire contre-insurrectionnel dans le domaine de la police sur toute la seconde partie du XIXe siècle.

    Avec la restructuration impérialiste, les Etats-nation, les grandes puissances impérialistes du monde occidental vont s’échanger en permanence leurs retours d’expériences. On en a des traces dès 1917 après la révolution russe, où on voit donc les polices et les armées du monde occidental se faire des comptes rendus, s’échanger des synthèses d’expérience. Et c’est comme ça tout au long du XXe siècle. Tu parlais d’Ariel Sharon ; on a des traces du fait que des envoyés spéciaux de l’armée (et peut-être aussi de la police) israélienne qui ont été en contact et qui ont sans doute été également formés au Centre d’Instruction à la Pacification et à la contre-Guérilla (CIPCG) en Algérie. Les spécialistes de la contre-insurrection français et israéliens s’échangent donc, dès la guerre d’Algérie, des modèles d’écrasement de leurs ennemis intérieurs respectifs. On a donc une sorte de circulation permanente des textes révolutionnaires et contre-révolutionnaires. J’avais travaillé là-dessus pour une préface que j’ai écrite pour la réédition du Manuel du guérillero urbain ; on pense que ce manuel a beaucoup plus circulé dans les milieux contre-insurrectionnels que dans les mouvements révolutionnaires – ceux-ci disaient d’ailleurs qu’il n’avaient pas vraiment eu besoin d’un manuel de guérilla urbaine dans les années 1970. On a donc une circulation permanente et parfois paradoxale des textes révolutionnaires et contre-révolutionnaires, et des expériences.

    LÉOPOLD LAMBERT : Et des films comme La bataille d’Alger !

    MATHIEU RIGOUSTE : Exactement ; j’allais y venir. Ce film est d’abord censuré les premières années mais il va circuler en sous-main et il va être validé très rapidement par l’armée française qui dit que les choses se sont passées de manière très proche de ce qu’on voit dans le film. Celui-ci va donc à la fois permettre d’introduire la question contre-insurrectionnelle et le modèle français notamment. Bien que ça n’ait pas forcément forcé l’application exacte de ce modèle dans toutes les armées occidentales, on retrouve ce film dans beaucoup de formations militaires étrangères. On retrouve le film dans des mouvements révolutionnaires également : on sait par exemple que les zapatistes le projettent de temps en temps et s’en servent, d’autant que l’armée mexicaine est une grande collaboratrice de l’armée française. La gendarmerie mexicaine qui a tué des enseignants à Oaxaca il y a trois mois venait d’être formée par la gendarmerie française à ce modèle de gestion des foules, mais aussi au maniement des armes que la France vend avec.

    LÉOPOLD LAMBERT : Dans un autre livre, La domination policière (La Fabrique, 2012), tu dédies un chapitre entier à une branche de la police française qui est sans doute celle contribuant le plus à la continuation de la ségrégation coloniale de la société française, en particulier dans les banlieues, la Brigade AntiCriminalité (BAC). Quelqu’un comme Didier Fassin a fait une étude anthropologique très utile mais, somme toute assez académique puisque venant de l’extérieur, mais toi-même a vécu la plus grosse partie de ta vie en banlieue parisienne, à Gennevilliers et tes écrits peuvent ainsi nous donner un regard plus incarné à la violence raciste (et souvent sexiste et homophobe) qu’une telle branche de la police développe. Peux-tu brièvement nous retracer l’histoire de la BAC et nous parler de son action en banlieue ces dix dernières années (cad, depuis les révoltes de 2005) ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Les Brigades AntiCriminalités représentent assez bien ce que j’essaye de démontrer dans mes travaux sur le capitalisme sécuritaire parce qu’elle a deux origines ; c’est la fusion des polices endo-coloniales et de la restructuration néolibérale de l’État. Ce sont des polices qui vont être formées au début des années 1970 et qui vont aller puiser dans les personnels, dans les grilles idéologiques, dans les boites à outils pratiques des polices endocoloniales. Je dis endocolonial pour parler de ces polices comme la Brigade de surveillance des Nord-Africains, et par la suite les Brigades Agression et Violence qui déploient les repertoires coloniaux sur des populations internes au pays sur des critères socio-racistes. Je parle d’endocolonialisme car ce ne sont pas les mêmes régimes de violence que ce qui est appliqué aux colonies et ce ne sont pas les mêmes régimes de violence appliqués aux classes populaires blanches – les Black Panthers ne se prenaient pas tellement la tête ; ils parlaient juste de colonies intérieures. Et parce que la société impérialiste a besoin de maintenir la surexploitation et la surdomination d’une partie des classes populaires, la partie racisée, elle a aussi besoin d’une police spécifique pour ça. C’est pour ça qu’après 1945, c’est-à-dire après le vrai-faux scandale de la collaboration de la police française à la destruction des juifs d’Europe, la bourgeoisie Gaulienne invente « la France résistante » et tente de faire croire que ce racisme a été renvoyé aux oubliettes. Mais bien-sûr on va reproduire les mêmes types de dispositifs avec souvent les mêmes personnels – on va aller rechercher les gens qui étaient dans les BNA vu qu’ils savent faire et qu’on va leur refiler le même boulot – et on va trouver une nouvelle dénomination, celle des Brigades Agression et Violence. Un appareil de gestion socio-raciste va ainsi être mystifié par cette dénomination, ce qu’on retrouve également dans la dénomination d’AntiCriminalité aujourd’hui dans cette rhétorique de la « guerre à la délinquance » qui permet de cacher les appareils de production du socio-apartheid derrière des mythes légalistes.

    On se retrouve donc avec une police qui fait à peu près la même chose, qui se rationalise, se modernise, et au tout début des années 1970, c’est-à-dire juste après 1968 – parce que dans tous ces ennemis intérieurs, il y a aussi le gauchiste, la figure qui n’avait jamais complètement disparue du révolutionnaire qu’incarnait la figure du fellagha – on considère qu’il faut des polices modernes qui vont aller dans les quartiers populaires installer la nouvelle société rationnelle, optimisée, néolibérale, etc. On va donc aller chercher dans les répertoires d’idées, de pratiques, de personnels, pour forger une nouvelle police. La première expérimentation se fait en Seine-Saint-Denis, c’est pas un hasard et en 1973, on file à un ancien des Brigades Agression et Violence la charge de policer les quartiers populaires de Seine-Saint-Denis et son unité va donc s’appeler la Brigade AntiCriminalité. Il va mettre à profit tout ce qu’on apprend à l’époque dans les grandes écoles de la nouvelle société, c’est-à-dire, ce qui s’appellera bientôt le néomanagement : l’application aux appareils d’état de la restructuration néolibérale dans les entreprises en quelques sortes. D’ailleurs, la doctrine de la guerre contre-révolutionnaire va elle-même être transposée dans les théories néolibérales et on parlera de doctrines de « guerre économique » par exemple. Il s’agit de détruire l’entreprise ennemie, en l’empoisonnant, en quadrillant son marché, en utilisant des agents de renseignement, tout ça nait au cours des années 1970. Cette première BAC va influencer la naissance d’autres unités sur le même mode dans différente villes et on va ainsi appliquer aux quartiers populaires des méthodes de gestion endocoloniales ce qui va mener aux premières grandes révoltes contre les violences policières dans les cités.

    Il apparait également une nouvelle logique comptable qu’on va appeler aujourd’hui « la politique du chiffre » qui consiste à optimiser le rendement, la productivité de la machine policière. Faire du chiffre, ça veut dire faire le plus possible de « bâtons », c’est-à-dire des « mises-à-disposition ». Ils appellent ça « faire une affaire » ; une affaire, c’est ramener quelqu’un et une histoire à traiter pour l’Officier de Police Judiciaire (OPJ) et si cette histoire est suffisamment utilisable pour en faire une affaire auprès du procureur et du coup aller jusqu’en justice et mettre cette personne en prison ou en tout cas essayer, ça fera un « bâton ». Ces bâtons gonflent une carrière et donc par exemple un commissaire qui veut « grimper », devenir préfet ou je ne sais quoi, il a tout intérêt à développer des unités de BAC dans son commissariat parce que celles-ci font beaucoup de mises-à-disposition puisqu’elles fonctionnent sur le principe du flagrant délit – les Brigades Nord-Africaines fonctionnaient déjà sur cette idée. Le principe du flagrant délit, c’est un principe de proaction. On va laisser faire l’acte illégal, on va l’encadrer, voire l’alimenter, voire même le suggérer ou le produire complétement pour pouvoir se saisir du « délinquant » au moment où il passe à l’action. La BAC est donc un appareil qui tourne beaucoup autour de la production de ses propres conditions d’extension. Cette logique de fond, c’est notamment ça qui va faire que les BAC vont se développer dans l’ère sécuritaire, c’est parce qu’elles font beaucoup de chiffre et qu’elles produisent également beaucoup de domination socioraciste, dont l’Etat a besoin pour contenir le socio-apartheid. Ceci se trouve dans le fait que le plus facile pour faire des mises-à-disposition et remplir ainsi cette mission néolibérale consiste à « faire » des ILS et des ILE : des Infractions à la Législation sur les Stupéfiants – des mecs qui fument des joints – et des Infractions à la Législation sur les Étrangers – des sans-papiers. Comment on trouve du shit et des gens qui n’ont pas de papiers ? Eh bien on arrête les noirs et les arabes. On traine donc autour des quartiers populaires pour faire des arrestations au faciès sur les classes populaires de couleur.

    Voilà comment nait en gros la BAC dans les années 1970 ; elle s’est ensuite développée tout au long des années 1980, d’abord par l’intermédiaire des BAC de Surveillance de Nuit (BSN) et au début des années 1990 et l’avènement de Charles Pasqua – le symbole le plus caricaturale des logiques politiques, policières et militaires de la guerre d’Algérie et dont la carrière politique est structurée autour de la chasse à l’ennemi intérieur – au Ministère de l’Intérieur, il va intensifier cette utilisation des répertoires de contre-insurrection et va être à la pointe de la genèse du système sécuritaire français. C’est lui notamment qui va rendre possible que toutes les villes de France puisse développer des BAC. Ce qui est à nouveau très intéressant du point de vue du capitalisme sécuritaire c’est que les BAC sont des unités qui utilisent beaucoup de matériel, et qui en revendiquent beaucoup, qui « gueulent » pour être de plus en plus armées. Ça c’est très intéressant pour les industriels de la sécurité. Pour les flashballs par exemple ; les BAC ont demandé à en être armées très vite, elles veulent les nouveaux modèles et elles participent avec les industriels à créer les nouveaux modèles et, bien-sûr, c’est elles qui utilisent le plus de munitions : le flashball est utilisé tous les soirs pour tirer dans les quartiers populaires de France. C’est la même chose pour les grenades lacrymogènes ; on en voit beaucoup dans le maintien de l’ordre des manifestations de mouvements sociaux dans les centre-villes mais les gaz sont utilisés quotidiennement dans les quartiers populaires.

    Le phénomène continue de se développer dans les dix dernières années. La BAC semble vraiment caractéristique de ce capitalisme sécuritaire, notamment par sa férocité mais aussi par son aspect ultralibéral, ultraproductif, ultraoptimisé, ultraviril, ultramédiatique : la BAC se met en scène, les agents s’inspirent énormément de ce qu’ils voient à la télévision… On a même une extension de ce qu’elle a inventé comme système de domination et d’écrasement des quartiers populaires vers la gestion des autres mouvements sociaux, comme récemment des luttes contre la loi travail. Généralement, la BAC est utilisée comme dispositif de pénétration, de saisie, de capture et elle est de plus en plus combinée à des dispositifs d’encerclement, d’enfermement, d’étranglement dans lesquels on utilise plutôt les CRS, les gardes mobiles. On a vu pendant le mouvement contre la loi travail, les BAC qui étaient employées à faire « du maintien de l’ordre ». À Toulouse, on a vu les effectifs des BAC sont utilisés dans l’expérimentation de nouveaux dispositifs hybrides : capable de faire et du maintien de l’ordre et de la capture, de l’intervention, de passer de l’un à l’autre en permanence, et de passer à des niveaux d’intensité très hauts très rapidement. La BAC rejoint ainsi la logique de restructuration de tous les appareils en ce moment qui consiste à devenir rhéostatique : être capable de s’adapter comme le mode de production toyotiste, c’est-à-dire s’adapter le plus instantanément à la demande, avec le moins de stock et de dépenses possibles et de la manière la plus rationalisée qui soit.

    LÉOPOLD LAMBERT : Tout comme Hacène Belmessous dans le deuxième numéro de The Funambulist, tu décris la manière dont « la rénovation urbaine » enclenchée en 2003 constitue à beaucoup d’égards une manière pour la police de s’approprier l’espace urbain des banlieues. Peux-tu nous en dire plus ? Cela intéressera sans doute beaucoup la moitié (ou le tiers) des lecteurs/-trices de The Funambulist qui sont architectes ou urbanistes !

    MATHIEU RIGOUSTE : Il y a effectivement un sursaut en 2003, mais ça avait commencé bien avant. Un des premiers grands quartiers qui est soumis à une politique de ce qu’ils appellent « la rénovation urbaine », mais ce qui est en fait de la destruction et du réaménagement, c’est le quartier où je suis né ; le Luth à Gennevilliers. Il s’agissait d’une coopération du Plan Pasqua et du Parti Communiste Français (PCF) qui gère la ville depuis les années 1930, tous deux ravis de se débarrasser des familles les plus pauvres et d’essayer une nouvelle forme de gestion des quartiers populaires. C’est un processus constant : la ville capitaliste au gré des crises de suraccumulation du capital, se restructure pour continuer à concentrer des masses de travailleurs pauvres autour de ses centres d’accumulation du capital. Et dans ces quartiers populaires, ces campements, ces bidonvilles, ces territoires misérables, les dominé-e-s, les exploité-e-s, les opprimé-e-s, les damné-e-s, inventent en permanence des formes d’auto-organisation, d’autonomisation, de fuites et de contre-attaques, des cultures d’insoumission et des manières de se rendre ingouvernables. Il faut donc en permanence, pour le pouvoir, à la fois une police qui permette de détruire cette dynamique d’autonomisation récurrente et de survie – parce qu’en fait les gens n’ont pas le choix – et un réaménagement des territoires : il faut à la fois ségréguer et pénétrer ces territoires pour aller y détruire tout ce qui peut émerger de subversif. Et l’urbanisme tient un rôle fondamental dans la restructuration sécuritaire de la ville capitaliste. Cette logique est déjà à l’œuvre dans les bidonvilles durant la guerre d’Algérie ; on a des polices spécialisées à la gestion des bidonvilles, c’est-à-dire au harcèlement, à la brutalisation, à la surveillance, au fichage, parfois à la torture, parfois même aux assassinats et aux disparitions d’habitants du bidonville et qui détruisent les cabanes des habitant.e.s parce que même dans le bidonville, on voit ré-émerger des formes de mises-en-commun, d’auto-organisation, de politisation révolutionnaire, de colère, d’entraide, toute sorte de choses qui menace le pouvoir et qui nécessite donc une intervention. En plus d’intervenir avec de l’idéologie, du divertissement ou de l’aménagement, il faut intervenir avec de la coercition.

    On retrouve ce processus dans toute l’histoire de la ville capitaliste ; c’est une dialectique permanente. Sauf que ce qui nait dans les années 1970, c’est un schéma qu’on va voir apparaître ; à partir du moment où on met des polices féroces, comme la BAC, autour des quartiers populaires, celles-ci produisent de la violence policière et donc produisent de la colère. Les dominé-e-s, face à ça, vont produire des tactiques, des techniques, des stratégies, des pratiques de résistance et de contre-attaque. Ça va donner lieu à des révoltes, parfois très spontanées, parfois plus organisées : une histoire des contre-attaques face à la police nait dans les années 1970 et on se rend compte, au gré de ces révoltes et de leur répression et de leur gestion médiatique que des municipalités en collaboration avec la police et les média sont capables de désigner aux pouvoirs publics et au reste de la population en général un quartier populaire comme ingérable, infâme, irrécupérable. Ceci s’accompagne d’une logique humanitaire ; aller « sauver des gens » alors que les revendications pour des meilleures conditions de vie sont permanentes et que les habitants n’obtiennent jamais rien.

    Toute cette logique va activer au cours des années 1970 la reconnaissance par les pouvoirs publics et par le capital industriel et financier du fait que lorsqu’on est capable de désigner un quartier populaire comme infâme, on va pouvoir activer un circuit de capitaux financiers d’abord, puis industriels, liés à ce qu’on va appeler de manière publicitaire « la rénovation urbaine », c’est-à-dire un protocole de restructuration de ce quartier qui peut aller jusqu’à sa destruction complète. Il va ainsi apparaitre beaucoup de régimes de restructuration : certains consistent à éloigner les populations les plus pauvres ou les moins gouvernables, d’autres vont organiser l’évacuation totale de ces populations, d’autre encore qu’on observe beaucoup depuis le début des années 2000 à travers la mystification de la mixité sociale consistent à parler de réhabilitation mais à en fait déplacer les plus pauvres, sans détruire le quartier. On fait ça à la fois avec de la police et de la prison, mais aussi avec la hausse des loyers provoquée par l’arrivée de nœuds de transports en commun qui permet de faire venir des cadres qui ne se seraient pas déplacés jusque-là ; la petite bourgeoisie à laquelle on veut permettre de venir s’installer à la place des quartiers populaires. Bref, à travers tout ce programme publicitaire qu’est la rénovation urbaine, la transformation des quartiers populaires en quartiers petits-bourgeois va attirer des flux de capitaux gigantesques, notamment liés au fait que depuis le début des années 2000, l’État investit énormément pour appuyer les pouvoirs locaux dans leur politiques de restructurations urbaines. C’est de l’argent qui va retomber immédiatement dans les poches des industriels du bâtiment et aussi dans celles des industriels de la sécurité, encore une fois, parce qu’on voit qu’une fois que la police, les média, la prison et les autorités municipales ont réussi à « déblayer le terrain », le réaménagement des quartiers se fait en partenariat avec tous les industriels du bâtiment mais aussi des technologies de surveillance, de design – les cliques du néo-urbanisme – les publicitaires, les commerces, bref tout un système d’entreprises qui vivent autour de ça. La logique de fond est à la fois le renforcement du socio-apartheid, mais aussi une forme de colonisation interne à travers l’expansion de la ville capitaliste et l’invention de nouvelles formes d’encadrement de la vie sociale.

    LÉOPOLD LAMBERT : À l’heure où nous parlons, l’état d’urgence promulgué par François Hollande au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 a déjà été renouvelé trois fois. Pour un certain nombre de francais-e-s blanc-he-s de classe moyenne ou riches, cela ne représente qu’une nuisance négligeable mais pour la population racisée française, en particulier ceux et celles que l’on nomme pudiquement « musulman-ne-s d’apparence » ce régime légal donnant une latitude encore plus importante à la police insiste encore d’avantage sur l’existence d’une sous-citoyenneté qui ne dit pas son nom. Travailles-tu actuellement sur la manière dont l’état d’urgence agit comme précédent à la fois légal et dans les pratiques policières ? Peux-tu nous en parler ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Je ne travaille pas précisément sur cet aspect des choses mais bien-sûr, je suis ce qui est en train de se passer, notamment au sein des luttes dans lesquelles on avance et on réfléchit sur cet aspect-là. Et effectivement, tu le résumes bien, il y a toute une partie des strates privilégiées, même des classes populaires qui ne se rend pas compte de ce à quoi sert l’état d’urgence parce qu’il ne le voit pas et les média ont vraiment un rôle fondamental là-dedans. C’est ça aussi le socio-apartheid : les vies sont séparées, elles ne se croisent pas. Effectivement l’état d’urgence a permis une intensification de la ségrégation mais aussi de mécanismes d’oppression contre les quartiers populaires, ce qui peut rester complétement invisible pour le reste de la population. L’angle d’attaque, c’est l’Islam et les violences, ce sont des perquisitions fracassantes : explosion de la porte, on met tout le monde a terre et en joue, parfois on gaze à l’intérieur des appartements, parfois on tabasse. Ca provoque des traumatismes très forts dans les familles ; on a des récits de perquisitions en pleine nuit et les enfants, la maman, la grand-mère, plusieurs mois après, cherchent à être suivis par des psychologues. À l’école, c’est dramatique, les enfants n’y arrivent pas, après que des unités militaro-policières ont débarqué chez eux en mode anti-terrorisme. Les violences, ce sont aussi des assignations à résidence ; on a du mal à le saisir lorsqu’on ne le vit pas, mais il s’agit d’un système d’encadrement très dur car il faut aller pointer régulièrement. La plupart de ces histoires, je tiens à le dire, se dégonflent après ; il y a déjà des victoires dans les tribunaux parce que l’immense majorité de ces assignations à résidence sont fondées sur rien du tout, surtout par le fait que la personne a été désignée par quelqu’un comme étant « très pratiquante », possiblement « radicalisée », c’est de l’ordre de la délation. Ce sont donc des violences très fortes et très profondes dans les familles, principalement musulmanes à travers ces perquisitions, ces assignations à résidence et ces procédures judiciaires qui durent bien-sûr et qui épuisent. Les noms des gens sont lâchés dans la presse, toute une ville peut d’un seul coup vous considérer comme un probable terroriste.

    Donc voilà, l’état d’urgence permet l’intensification du socio-apartheid, de l’islamophobie et des racismes d’état, ce qui se conjugue assez bien à la gestion quotidienne des quartiers populaires dans la France impérialiste.

    https://blogs.mediapart.fr/leopold-lambert/blog/200117/entretien-avec-mathieu-rigouste-une-genealogie-coloniale-de-la-polic
    #colonialisme #colonisation #bac #police #Algérie #France #histoire #entretien #interview

  • Coronavirus en Israël : des milliers de personnes mises en quarantaine sans raison sur la base des données de leur GSM
    https://www.rtbf.be/info/societe/detail_coronavirus-en-israel-des-milliers-de-personnes-mises-en-quarantaine-san

    Des milliers d’Israéliens ont été placés en quarantaine sans raison apparente, sur la base des données de leur GSM, a admis le ministère de la Santé israélien. Près de 12.000 personnes ont reçu un SMS de la part du Shin Bet, le service de renseignement intérieur israélien, les invitant à se mettre en quarantaine, a déclaré mardi un porte-parole du ministère de l’Intérieur devant une commission parlementaire.

    Le gouvernement israélien utilise son agence de sécurité intérieure pour le traçage des citoyens afin de lutter contre l’augmentation du nombre de cas de Covid-19. Appliqué par le Shin Bet au début de la crise sanitaire, ce programme de surveillance controversé a été bloqué temporairement par la Cour suprême de l’État hébreu fin avril, avant d’être relancé fin juin.

    Selon le journal Times of Israel, des dizaines de milliers d’Israéliens ont reçu, au cours de la première semaine de la reprise du programme, un SMS leur conseillant de se placer en quarantaine en raison d’une potentielle infection à la Covid-19.

    Cent cinquante employés d’une ligne d’écoute ont été chargés de répondre aux questions concernant les SMS. Ils ont reçu plus de 26.000 appels entre le lancement de la ligne et dimanche dernier. Dans 83% des cas, les appels concernaient des protestations contre l’imposition de la quarantaine par voie d’un SMS. Environ 12.000 personnes ont été notifiées qu’elles ne devaient plus rester en quarantaine.

    Ce type de surveillance électronique a jusqu’à présent été utilisé pour lutter contre le terrorisme. L’intention était, au cours de la crise sanitaire, d’utiliser les données de localisation des GSM des personnes infectées pour établir avec qui ces dernières avaient récemment été en contact. Les personnes potentiellement contaminées étaient alors alertées par SMS et priées de se placer en quarantaine.

    #erreur_intentionnelle ? #algorithme foireux ? #vie_privée #surveillance #données #bigdata #privacy #données_personnelles #santé #GSM #géolocalisation #covid-19 #coronavirus #quarantaine #shin_bet

    • La police flamande de Hasselt (NVA) retrouve ses anciennes habitudes, fouiller les greniers afin de rechercher les fêtards, en attendant mieux.

      Coronavirus à Hasselt : il planque les clients de son café dans son grenier à l’arrivée de la police
      https://www.rtbf.be/info/insolites/detail_coronavirus-a-hasselt-il-planque-les-clients-de-son-cafe-dans-son-grenie

      Le patron d’un café de Hasselt espérait berner la police lorsque celle-ci s’est présentée aux petites heures à la porte de son établissement. Il venait de couper la musique et de faire passer au grenier 13 fêtards qui espéraient encore danser et chanter quelques heures de plus. Mais les forces de l’ordre ont fini par découvrir la planque.


      Le bourgmestre de Hasselt, Steven Vandepu. - © JORIS VLIEGEN - BELGA

      La police est intervenue vers 02h00 dans la nuit de lundi à mardi après avoir reçu un appel faisant état de nuisances sonores. L’établissement ne respectait en outre pas le couvre-feu imposé à 01h00 du matin en raison du coronavirus.

      Chaque fêtard et le gérant ont reçu un procès-verbal pour ne pas avoir respecté les mesures corona. Le patron a également écopé d’un PV pour avoir autorisé sa clientèle à fumer à l’intérieur du bar. . . . . .

      Pourtant, ce sont les dirigeants belges qui, par leur épouvantable gestion de l’épidémie de #coronavirus ont tué, les vieillards, principalement. Certain.e.s de faim et de soif, témoignages #MSF

      #police #flandres #Belgique #Traditions #violences_policières #surveillance #répression #violence #maintien_de_l'ordre #coronavirus #covid-19 #entrainement #rafles #rafle

    • La Belgique inflige une amende de 600.000 euros à Google pour atteinte à la réputation
      https://datanews.levif.be/ict/actualite/la-belgique-inflige-une-amende-de-600-000-euros-a-google-pour-atteinte-a-la-reputation/article-news-1310641.html?cookie_check=1594786091

      Google Belgium devra s’acquitter d’une amende de 600.000 euros. L’Autorité de protection des données (APD) belge a sanctionné l’entreprise, parce qu’elle a refusé de supprimer des résultats de recherche dommageables.

      L’APD inflige cette amende suite à une plainte déposée par un homme qui voulait voir supprimer quelques résultats du moteur de recherche. Depuis quelques années, les Européens ont le ’droit d’être oubliés’, ce qui leur permet de demander de supprimer certains résultats de recherche. Mais dans un premier temps, Google décide elle-même si une telle demande se justifie.

      L’homme en question n’est pas nommément mentionné, mais il s’agit, selon l’APD, de quelqu’un qui exerce une fonction dans la vie publique. Les résultats qu’il voulait voir enlever, portent sur ses possibles liens avec un parti politique, ce qu’il réfute, et sur une plainte pour brimade à son égard, qui avait été déclarée infondée il y a des années déjà.

      Google n’a pas accepté de supprimer ces deux résultats. La Chambre des litiges de l’APD a donné raison à Google pour la première partie, parce que l’homme joue un rôle dans la vie publique et que ces résultats ont donc un intérêt général.

      Mais pour ce qui est de la plainte pour brimade, l’APD se montre très critique vis-à-vis de Google. Par son refus, l’entreprise s’est montrée négligente, parce qu’elle disposait des preuves que les faits en question étaient ’non pertinents et désuets’. Il s’agit en effet d’une plainte datant de plus de dix ans et portant sur des faits qui n’ont jamais été démontrés.

      Formulaire de demande incorrect
      L’amende de 600.000 euros n’est pas infligée pour ce seul refus. L’APD estime en effet que le formulaire de demande de suppression de résultats n’est pas suffisamment transparent. L’APD invite dès lors Google à adapter ce formulaire à l’Espace Economique Européen.

      Google Belgium botte en touche
      Ce qui est étonnant, c’est que Google Belgium a, dans son argumentation, considéré comme infondée la plainte déposée auprès de l’Autorité de protection des données du fait que le responsable du traitement n’est pas Google Belgium, mais Google LLC, la société mère aux Etats-Unis.

      Ce raisonnement n’a pas été suivi par la Chambre des litiges de l’APD. Pour elle, les deux organisations sont liées de manière indissociable, ce qui fait que c’est la filiale locale belge de Google qui est responsable.

      Il s’agit d’un singulier précédent dans la mesure où les grandes firmes technologiques se réfèrent dans ce genre de situations assez souvent à leur siège central européen ou américain, ce qui fait qu’un jugement prend souvent pas mal de temps et se complexifie. La Chambre des litiges suit cependant Google dans le fait que son siège européen établi en Irlande n’est pas responsable de la suppression des résultats de recherche.

      La plus forte amende à ce jour
      Pour l’Autorité de protection des données belge, il s’agit de la plus forte amende jamais infligée à ce jour. Le précédent record était de 50.000 euros. Pour Google aussi, il est probablement question d’un record dans notre pays. En 2011, l’entreprise avait encore proposé un arrangement d’un montant de 150.000 euros, parce qu’elle avait intercepté https://datanews.knack.be/ict/nieuws/belgische-boete-voor-google/article-normal-280643.html?cookie_check=1594786373 par mégarde avec ses voitures Street View des communications privées.

      Google en appel
      Google annonce qu’elle va en appel de l’amende qui lui est infligée. Celle-ci a été introduite auprès du tribunal des marchés, une composante de la Cour d’Appel de Bruxelles.

      « Depuis 2014, nous avons travaillé dur pour implémenter le droit à l’oubli en Europe et pour trouver un équilibre sensé, basé sur des principes, entre le droit des citoyens à l’accès à l’information et le respect de leur vie privée. Nous estimons que cette affaire ne répond pas aux critères de la Cour européenne de Justice de supprimer des résultats de recherche du contenu journalistique publié. Nous pensons qu’il y va de l’intérêt général que l’article en question puisse encore être recherché. L’Autorité de protection des données n’est pas du même avis. Nous allons donc demander à la Cour de décider », affirme Google dans une réaction à . . . . . .

      Data News.

      #vie_privée #google #internet #données_personnelles #bigdata #données #privacy

  • Ciblés par les #rafles, les #Syriens d’#Istanbul vivent dans la peur des #expulsions

    Depuis la victoire de l’opposition sociale-démocrate à Istanbul, lors des municipales du 23 juin, la police turque multiplie les rafles contre les réfugiés syriens et les migrants clandestins, désignés comme les responsables de la défaite du parti présidentiel. Menacés d’un renvoi forcé vers une autre ville turque, voire vers la Syrie, les Syriens de la métropole vivent désormais dans la peur des expulsions.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/221219/cibles-par-les-rafles-les-syriens-d-istanbul-vivent-dans-la-peur-des-expul
    #renvois #réfugiés_syriens #Turquie #retour_au_pays #réfugiés #migrations #refoulement #refoulements #asile

    –-> ça date de décembre 2019...

  • Unusual roundup of Eritrean refugees

    A serious and very unusual roundup of Eritrean refugees is underway in Khartoum this week. Security forces are targeting refugees and their establishments, in particular, refugees from Eritrea. Hungry security squads are hunting the helpless refugees from wherever they are: streets, workplaces, and even from their homes. Whoever caught by the security is asked to pay 50,000 or more to be released. Very unfortunately, Eritrean refugees are terrorized and in hiding to save their lives, including who have legal documents from the government and who are recognized by UNHCR.

    This unprecedented and well organized move against Eritrean refugees has no one anticipated. And no one has a clue about the motive behind it. It may have any link with the recent visits to Asmara by the Sudanese authorities. If that is the case, these refugees are in real or in an imminent danger that requires an immediate attention from the international community. The security officers are asking their nationality before they put them on trucks. It’s very worrisome situation for refugees who have no protection from the host country or from their own representative in the country. United Nations and other humanitarian organizations, including UNHCR have the obligation to intervene and save innocent lives. The situation is very alarming and heartbreaking that needs an urgent attention from whoever is engaged in humanitarian works.

    I want to stress that this information is a real that is happening now and continues to happen on innocent people who have no crime or misconduct, their only crime being that they are refugees who fled repression and asked protection in other country. As humans, they don’t deserve protection? They do, in fact, international community shouldn’t wait a second to act; it’s a matter of urgency. Have a look on the pictures below; refugees are under attack, horror, and terror from security and gangs.

    https://africamonitors.org/2019/12/14/unusual-roundup-of-eritrean-refugees-underway/amp
    #rafles #réfugiés_érythréens #Soudan #Khartoum #asile #migrations #réfugiés #enlèvements #prisons #emprisonnement

    @isskein

    • The plight of Eritrean refugees in Sudan: an appeal to the UNHCR

      To:

      UNHCR Khartoum Office, the Sudan

      Sudan Commission for Refugees (COR)

      Higher Council for Community Development

      Excellencies,

      It is to be recalled that on 30 October 2019, a symposium was organized in Khartoum attended by representatives of the Sudanese Ministry of Labor as well as one representative from each of the caseloads of refugees in the Sudan from Eritrea, S. Sudan, Ethiopia, the Congo, Yemen and Syria.

      At the said symposium, the Sudanese authorities and the local UNHCR Office have reached the agreement that refugees in the Sudan can be allowed training and work opportunities like Sudanese citizens, except in security and military spheres. Sadly, this accord was not formally conveyed to the concerned refugees in a manner that they can understand nor did the concerned authorities initiate the pledged training opportunities. Instead, refugees are this month being rounded up from their homes, workplaces and from the streets and taken to prison. Their incarcerators claim that the refugees, including those who held residence permits as of 2000 from the Immigration Ministry, have no work permits. To add insult to injury, the Sudanese “law enforcers” are asking the detained refugees to buy their freedom by paying between 50,000 and 100,000 Sudanese pounds.

      We the undersigned Eritrean political and civic forces demand the most immediate action on the following:

      The Sudanese authorities to stop the unjust action taken and being taken against Eritrean and other refugees in the host country;
      To let the refugees taken from workplaces to safely return to their jobs;
      To release without pre-conditions all detained refugees and respect the right of those refugees already holding residence permits to stay in the Sudan as refugees;
      To provide training courses to refugees as pledged, and to pay back the money taken from refugees who were asked to pay up to 100,000 pounds for their release from prison.

      Likewise, we urge the UNHCR to follow up the implementation of the agreement reached with the Sudanese authorities and the COR at the symposium of 30 October 2019 and protect the rights of victimized Eritrean refugees.

      No one can ignore or forget the historic warm welcome and support of the Sudanese people to Eritrean refugees, and we still call with strong hope the Sudanese Government to pursue fraternal relations that can strengthen existing bonds between our peoples. There is no doubt that Eritreans still take the Sudan as their second home.

      Respectfully yours,

      Eritrean National Council for Democratic Change (ENCDC);
      Eritrean People’s Democratic Party (EPDP);
      United Eritreans for Justice (UEJ)
      Unity for Democratic change (UDC)
      Eritrean National Front (ENF)

      https://eritreahub.org/the-plight-of-eritrean-refugees-in-sudan-an-appeal-to-the-unhcr

    • Un ami érythréen, qui suit cela de près, vient de me dire que cela fait 3 semaines que les rafles continuent, que les érythréens (et que les Erythréens, pas les migrants d’autres nationalités présents au Soudan, comme les Ethiopiens ou les Somaliens ou les Syriens, qui, eux, ne sont pas enlevés).

      Il me conseille 2 chaînes youtube, qui donnent des news en tigrinya :

      #Mestyat_Betna (la chaîne à suivre selon lui) :
      https://www.youtube.com/channel/UCoycGm-M8WgaZhBGOJYqg_Q
      –-> voir notamment cette #vidéo :
      https://www.youtube.com/watch?v=PTNfQiBzjCc


      Mestyat Betna habite en Allemagne.

      –----

      Fnan App Infotech (sport surtout et questions politiques) :
      https://www.youtube.com/channel/UC00qOUnbRX1JgBV4RV1eSRw/videos?disable_polymer=1

  • Ventimiglia : sempre più caro e pericoloso il viaggio dei migranti al confine Italia-Francia

    Confine Francia-Italia: migranti fermati, bloccati, respinti

    I respingimenti sono stati monitorati uno ad uno dagli attivisti francesi del collettivo della Val Roja “#Kesha_Niya” (“No problem” in lingua curda) e dagli italiani dell’associazione Iris, auto organizzati e che si danno il cambio in staffette da quattro anni a Ventimiglia per denunciare gli abusi.

    Dalle 9 del mattino alle 20 di sera si piazzano lungo la frontiera alta di #Ponte_San_Luigi, con beni alimentari e vestiti destinati alle persone che hanno tentato di attraversare il confine in treno o a piedi. Migranti che sono stati bloccati, hanno passato la notte in un container di 15 metri quadrati e infine abbandonati al mattino lungo la strada di 10 km, i primi in salita, che porta all’ultima città della Liguria.

    Una pratica, quella dei container, che le ong e associazioni Medecins du Monde, Anafé, Oxfam, WeWorld e Iris hanno denunciato al procuratore della Repubblica di Nizza con un dossier il 16 luglio. Perché le persone sono trattenute fino a 15 ore senza alcuna contestazione di reato, in un Paese – la Francia – dove il Consiglio di Stato ha stabilito come “ragionevole” la durata di quattro ore per il fermo amministrativo e la privazione della libertà senza contestazioni. Dall’inizio dell’anno i casi sono 18 mila, scrive il Fatto Quotidiano che cita dati del Viminale rilasciati dopo la richiesta di accesso civico fatta dall’avvocata Alessandra Ballerini.

    Quando sia nato Sami – faccia da ragazzino sveglio – è poco importante. Più importante è che il suo primo permesso di soggiorno in Europa lo ha avuto a metà anni Duemila. All’età di 10 anni. Lo mostra. È un documento sloveno. A quasi 20 anni di distanza è ancora ostaggio di quei meccanismi.

    A un certo punto è stato riportato in Algeria – o ci è tornato autonomamente – e da lì ha ottenuto un visto per la Turchia e poi la rotta balcanica a piedi. Per provare a tornare nel cuore del Vecchio Continente. Sami prende un foglio e disegna le tappe che ha attraversato lungo la ex Jugoslavia. Lui è un inguaribile ottimista. Ci riproverà la sera stessa convinto di farcela.

    Altri sono in preda all’ansia di non riuscire. Come Sylvester, nigeriano dell’Edo State, vestito a puntino nel tentativo di farsi passare da turista sui treni delle Sncf – le ferrovie francesi. È regolare in Italia. Ha il permesso di soggiorno per motivi umanitari, oggi abolito da Salvini e non più rinnovabile.

    «Devo arrivare in Germania perché mi aspetta un lavoro come operaio. Ma devo essere lì entro ottobre. Ho già provato dal Brennero. Come faccio a passare?», chiede insistentemente.

    Ventimiglia: le nuove rotte della migrazione

    Il flusso a Ventimiglia è cambiato. Rispetto ai tunisini del 2011, ai sudanesi del 2015, ma anche rispetto all’estate del 2018. Nessuno, o quasi, arriva dagli sbarchi salvo sporadici casi, mostrando plasticamente una volta di più come la cosiddetta crisi migratoria in Europa può cambiare attori ma non la trama. Oggi sono tre i canali principali: rotta balcanica; fuoriusciti dai centri di accoglienza in Italia in seguito alle leggi del governo Conte e ai tagli da 35 a 18-21 euro nei bandi di gare delle Prefetture; persone con la protezione umanitaria in scadenza che non lavorano e non possono convertire il permesso di soggiorno. Questa la situazione in uscita.

    In entrata dalla Francia si assiste al corto circuito del confine. Parigi non si fida dell’Italia, pensa che non vengano prese le impronte digitali secondo Dublino e inserite nel sistema #Eurodac. Perciò respinge tutti senza badare ai dettagli, almeno via treno. Incluse persone con i documenti che devono andare nelle ambasciate francesi del loro Paese perché sono le uniche autorizzate a rilasciare i passaporti.

    Irregolari di lungo periodo bloccati in Italia

    In mezzo ci finiscono anche irregolari di lungo periodo Oltralpe che vengono “rastrellati” a Lione o Marsiglia e fatti passare per nuovi arrivi. Nel calderone finisce anche Jamal: nigeriano con una splendida voce da cantante, da nove mesi in Francia con un permesso di soggiorno come richiedente asilo e in attesa di essere sentito dalla commissione. Lo hanno fermato gli agenti a Breil, paesotto di 2 mila anime di confine, nella valle della Roja sulle Alpi Marittime. Hanno detto che i documenti non bastavano e lo hanno espulso.

    Da settimane gli attivisti italiani fanno il diavolo a quattro con gli avvocati francesi per farlo rientrare. Ogni giorno spunta un cavillo diverso: dichiarazioni di ospitalità, pec da inviare contemporaneamente alle prefetture competenti delle due nazioni. Spesso non servono i muri, basta la burocrazia.

    Italia-Francia: passaggi più difficili e costosi per i migranti

    Come è scontato che sia, il “proibizionismo” in frontiera non ha bloccato i passaggi. Li ha solo resi più difficili e costosi, con una sorta di selezione darwiniana su base economica. In stazione a Ventimiglia bastano due ore di osservazione da un tavolino nel bar all’angolo della piazza per comprendere alcune superficiali dinamiche di tratta delle donne e passeurs. Che a pagamento portano chiunque in Francia in automobile. 300 euro a viaggio.

    Ci sono strutture organizzate e altri che sono “scafisti di terra” improvvisati, magari per arrotondare. Come è sempre stato in questa enclave calabrese nel nord Italia, cuore dei traffici illeciti già negli anni Settanta con gli “spalloni” di sigarette.

    Sono i numeri in città a dire che i migranti transitato, anche se pagando. Nel campo Roja gestito dalla Croce Rossa su mandato della Prefettura d’Imperia – l’unico rimasto dopo gli sgomberi di tutti gli accampamenti informali – da gennaio ci sono stabilmente tra le 180 e le 220 persone. Turn over quasi quotidiano in città di 20 che escono e 20 che entrano, di cui un minore.

    Le poche ong che hanno progetti aperti sul territorio frontaliero sono Save The Children, WeWorld e Diaconia Valdese (Oxfam ha lasciato due settimane fa), oltre allo sportello Caritas locale per orientamento legale e lavorativo. 78 minori non accompagnati da Pakistan, Bangladesh e Somalia sono stati trasferiti nel Siproimi, il nuovo sistema Sprar. Il 6 e il 12 luglio, all’una del pomeriggio, sono partiti due pullman con a bordo 15 e 10 migranti rispettivamente in direzione dell’hotspot di Taranto. È stato trasferito per errore anche un richiedente asilo a cui la polizia ha pagato il biglietto di ritorno, secondo fonti locali.

    Questi viaggi sono organizzati da Riviera Trasporti, l’azienda del trasporto pubblico locale di Imperia e Sanremo da anni stabilmente con i conti in rosso e che tampona le perdite anche grazie al servizio taxi per il ministero dell’Interno: 5 mila euro a viaggio in direzione dei centri di identificazione voluti dall’agenda Europa nel 2015 per differenziare i richiedenti asilo dai cosiddetti “migranti economici”.
    A Ventimiglia vietato parlare d’immigrazione oggi

    A fine maggio ha vinto le elezioni comunali Gaetano Scullino per la coalizione di centrodestra, subentrando all’uscente Pd Enrico Ioculano, oggi consigliere di opposizione. Nel 2012, quando già Scullino era sindaco, il Comune era stato sciolto per mafia per l’inchiesta “La Svolta” in cui il primo cittadino era accusato di concorso esterno. Lui era stato assolto in via definitiva e a sorpresa riuscì a riconquistare il Comune.

    La nuova giunta non vuole parlare di immigrazione. A Ventimiglia vige un’ideologia. Quella del decoro e dei grandi lavori pubblici sulla costa. C’è da completare il 20% del porto di “Cala del Forte”, quasi pronto per accogliere i natanti.

    «Sono 178 i posti barca per yacht da 6,5 a oltre 70 metri di lunghezza – scrive la stampa del Ponente ligure – Un piccolo gioiello, firmato Monaco Ports, che trasformerà la baia di Ventimiglia in un’oasi di lusso e ricchezza. E se gli ormeggi sono già andati a ruba, in vendita nelle agenzie immobiliari c’è il complesso residenziale di lusso che si affaccerà sull’approdo turistico. Quarantaquattro appartamenti con vista sul mare che sorgeranno vicino a un centro commerciale con boutique, ristoranti, bar e un hotel». Sui migranti si dice pubblicamente soltanto che nessun info point per le persone in transito è necessario perché «sono pochi e non serve».

    Contemporaneamente abbondano le prese di posizione politiche della nuova amministrazione locale per istituire il Daspo urbano, modificando il regolamento di polizia locale per adeguarsi ai due decreti sicurezza voluti dal ministro Salvini. Un Daspo selettivo, solo per alcune aree della città. Facile immaginare quali. Tolleranza zero – si legge – contro accattonaggio, improperi, bivacchi e attività di commercio abusivo. Escluso – forse – quello stesso commercio abusivo in mano ai passeurs che libera la città dai migranti.

    https://www.osservatoriodiritti.it/2019/07/24/ventimiglia-migranti-oggi-bloccati-respinti-francia-situazione/amp
    #coût #prix #frontières #asile #migrations #Vintimille #réfugiés #fermeture_des_frontières #France #Italie #danger #dangerosité #frontière_sud-alpine #push-back #refoulement #Roya #Vallée_de_la_Roya

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    Quelques commentaires :

    Les « flux » en sortie de l’Italie, qui entrent en France :

    Oggi sono tre i canali principali: rotta balcanica; fuoriusciti dai centri di accoglienza in Italia in seguito alle leggi del governo Conte e ai tagli da 35 a 18-21 euro nei bandi di gare delle Prefetture; persone con la protezione umanitaria in scadenza che non lavorano e non possono convertire il permesso di soggiorno. Questa la situazione in uscita.

    #route_des_Balkans et le #Decrét_Salvini #Decreto_Salvini #decreto_sicurezza

    Pour les personnes qui arrivent à la frontière depuis la France (vers l’Italie) :

    In entrata dalla Francia si assiste al corto circuito del confine. Parigi non si fida dell’Italia, pensa che non vengano prese le impronte digitali secondo Dublino e inserite nel sistema Eurodac. Perciò respinge tutti senza badare ai dettagli, almeno via treno. Incluse persone con i documenti che devono andare nelle ambasciate francesi del loro Paese perché sono le uniche autorizzate a rilasciare i passaporti.
    (...)
    In mezzo ci finiscono anche irregolari di lungo periodo Oltralpe che vengono “rastrellati” a Lione o Marsiglia e fatti passare per nuovi arrivi.

    #empreintes_digitales #Eurodac #renvois #expulsions #push-back #refoulement
    Et des personnes qui sont arrêtées via des #rafles à #Marseille ou #Lyon —> et qu’on fait passer dans les #statistiques comme des nouveaux arrivants...
    #chiffres

    Coût du passage en voiture maintenant via des #passeurs : 300 EUR.

    Et le #business des renvois de Vintimille au #hotspot de #Taranto :

    Il 6 e il 12 luglio, all’una del pomeriggio, sono partiti due pullman con a bordo 15 e 10 migranti rispettivamente in direzione dell’hotspot di Taranto. È stato trasferito per errore anche un richiedente asilo a cui la polizia ha pagato il biglietto di ritorno, secondo fonti locali.

    Questi viaggi sono organizzati da #Riviera_Trasporti, l’azienda del trasporto pubblico locale di Imperia e Sanremo da anni stabilmente con i conti in rosso e che tampona le perdite anche grazie al servizio taxi per il ministero dell’Interno: 5 mila euro a viaggio in direzione dei centri di identificazione voluti dall’agenda Europa nel 2015 per differenziare i richiedenti asilo dai cosiddetti “migranti economici”.

    –-> l’entreprise de transport reçoit du ministère de l’intérieur 5000 EUR à voyage...

  • #Angola : Les migrants africains en danger de mort

    Les autorités angolaises lancent « la chasse aux ressortissants sub-sahariens en situation irrégulière ». Une #opération dénommée « #expatriado » est en cours en ce moment. Elle vise à « expulser tous les immigrés en situation irrégulière en Angola ». Des ressortissants maliens témoignent des « cas d’#emprisonnement suivis de pires formes de #maltraitance et d’#humiliation ». Pour l’instant, difficile d’avoir des chiffres officiels sur le nombre de Maliens victimes. Mais ceux joints sur place appellent à l’aide des autorités maliennes.

    Selon certains Maliens, ces opérations d’expulsion ont débuté dans les zones minières. Elles se déroulent maintenant dans toutes les villes du pays, et concernent toutes les nationalités y compris les Maliens, qui sont parmi les plus nombreux. « Cela fait des jours que nous ne pouvons plus sortir pour aller au boulot par peur de nous faire arrêter », explique un ressortissant malien sur place. Selon lui, cette opération qui ne devrait concerner que les #sans-papiers, est aussi menée par les forces de l’ordre angolaises contre ceux qui sont en situation régulière. L’objectif, selon notre interlocuteur, est de soutirer de l’argent aux migrants.

    « Une fois entre les mains des autorités angolaises, il faut payer de l’argent ou partir en prison », témoignent certains migrants maliens, avant de confirmer que plusieurs d’entre eux sont actuellement en prison. En Angola certains Maliens ont l’impression d’être « laissés pour compte par les autorités maliennes ». Pour l’Association Malienne des Expulsés, « il est inacceptable qu’un pays membre de l’Union Africaine expulse d’autres africains de la sorte ». L’AME qui juge la situation « grave » en Angola, appelle les autorités maliennes à réagir.

    https://www.expulsesmaliens.info/Angola-Les-migrants-africains-en-danger-de-mort.html
    #migrations #asile #réfugiés #rafles #expulsions #renvois #chasse_aux_migrants #migrants_maliens

    • Briefing: Problems multiply in Congo’s Kasaï

      The Kasaï region in the Democratic Republic of Congo is struggling to recover from two years of intense conflict. The influx last month of more than 300,000 people from Angola, most of them long-standing migrant workers, has made a fragile humanitarian situation worse.

      Here’s our briefing on the risks for the region and the new challenges for the humanitarian response.
      What happened?

      In attempts to clamp down on what it called illegal diamond mining operations, Angola’s government ordered the expulsion of more than 360,000 Congolese nationals, forcing them to flee in October into the Kasaï region of neighbouring DRC.

      "This new shock is compounding an already dire situation in the same area that was the epicentre of the Kasaï crisis over the last couple of years,” explained Dan Schreiber, head of coordination in Congo for the UN’s emergency aid body, OCHA.

      Congolese migrants and officials said the crackdown was violent, telling Reuters that dozens of people were killed, with the worst attacks occurring in Lucapa in Angola’s diamond-rich Lunda Norte province. Angolan security forces denied the allegations.
      Where did they go?

      Most of those expelled crossed into Kamako in Kasaï province, where aid organisations are responding to the tail-end of the Kamuina Nsapu insurgency that first erupted in 2016. Some of the returnees include refugees who fled violence in Kasaï over the last two years, the Norwegian Refugee Council said.

      The NRC said conditions returnees face in Congo are “shocking”, including the risk of waterborne disease due to ineffective water and sanitation; thousands sleeping outdoors because of insufficient shelter; food prices tripling; and extortion of goods on both sides of the border.

      “Hundreds of thousands of people have been robbed of their right to a dignified existence,” said Ulrika Blom, NRC’s country director in DRC. “This is not a crisis that is about to begin, it is a full-blown emergency.”
      What has the reaction been?

      While local communities have generally been welcoming to the returnees, OCHA’s Schreiber said skirmishes erupted in certain villages, mainly over the strain on limited food resources.

      “Experience in the DRC does show that when you have a large influx of people arriving in an area it can generate tensions between host communities and the people who arrive,” he said.

      Schreiber said OCHA has seen most returnees wanting to move away from the border areas and toward other destinations inland, which could help ease the humanitarian strain in Kasaï, but he also warned that more returnees could arrive from Angola.

      “We don’t expect the first wave to be the last wave,” he said. “Expulsions from Angola are a cyclical phenomena that go all the way back to 2002-2003. It’s not a new phenomenon, but in this case we are seeing a major influx, and clearly the absorption capacity is not there.”
      Why is their arrival in Kasaï in particular such a problem?

      Kasaï was a relatively stable region in an unstable country – one currently dealing with multiple conflicts, an Ebola outbreak in North Kivu province, and one of the world’s most neglected displacement crises.

      The situation in Kasaï changed dramatically in 2016 when conflict erupted between the Kamuina Nsapu anti-government movement and Congolese security forces. The inter-communal clashes spread far and wide, soon engulfing the entire region.

      The conflict escalated in 2017, with massacres and mass graves, as well as general insecurity marked by banditry, and poor harvests that led to food insecurity and malnutrition.

      An estimated 5,000 people have since been killed and more than 1.4 million displaced.

      Toward the end of 2017 and into 2018, the crisis eased slightly, as national authorities regained control over large parts of the region. Despite isolated bouts of violence, aid groups say most militias have been formally disbanded and displaced communities are tentatively returning home.

      “But those returns are accompanied by many needs, because people are returning to burned villages, destroyed homes, and a lot of destruction,” said OCHA’s Schreiber.

      Two years of violence and displacement also mean locals have been unable to grow crops for three seasons, which has led to concerns over malnutrition. “We have really seen food insecurity skyrocket. So even in areas where returns have occurred, humanitarian needs have not come to an end,” Schreiber added.
      What are the risks?

      Although the current influx of people from Angola isn’t directly linked to the Kamuina Nsapu rebellion, aid groups are concerned about the implications of piling one problem on top of another in the same geographic area.

      For the most vulnerable groups, specifically women and children, the challenges that affect those displaced by the insurgency also pose risks for the new returnees from Angola.

      In May for instance, UNICEF reported that 400,000 children were “at risk of death” in the Kasaïs, because of food shortages.

      Yves Willemot, a spokesman for UNICEF in Congo, said the rate of severe acute malnutrition among children living in the region has improved slightly since earlier this year but “remains challenging”.

      “The security situation has clearly improved, but the impact on children is not ending in the short term,” he said.

      Among those newly returned from Angola are 80,000 children. They now are also at risk, forced to walk long distances while exposed to inclement weather, hunger, and the threat of violence. Willemot said basic services are lacking for them, including access to drinking water, schooling, and treatment for diseases like malaria and measles.

      Médecins Sans Frontières is among the NGOs initiating primary healthcare services for the recent arrivals, while also continuing interventions to assist the local population.

      In a recent report, MSF documented alarming levels of rape in the Kasaï region, saying it treated 2,600 victims of sexual violence between May 2017 and September 2018; 80 percent of those interviewed said armed men raped them.

      “The sexual violence committed in Kasaï was perpetrated largely by armed groups against non-armed people,” Philippe Kadima, MSF’s humanitarian advisor for the Great Lakes region, told IRIN. “Although the main conflict is over, we still see some violence happening in Kasaï.”

      For the more than 300,000 returnees, he said there are clear humanitarian concerns, but also the risk of insecurity. “The question is, how do you keep people secure?”

      “Displaced people become vulnerable, so it’s not that different to what the existing IDPs in Kasaï are going through… Security concerns, humanitarian needs, and risks of sexual violence are all factors when people become vulnerable,” he said.
      What about the longer-term challenges?

      Humanitarian needs remain critically underfunded in the Kasai region, said OCHA’s Shreiber, emphasising that beyond the immediate concerns are much broader needs in the region and the DRC as a whole.

      He added that the humanitarian response must help minimise the long-term impact of the crisis on those affected.

      “The longer we remain in this critical phase, the more we can expect to see humanitarian needs spiral out of control,” he said. “The current trigger of new humanitarian needs (the returnees from Angola) may be time-bound, but I think the impact will be lasting.”

      Schreiber said the Kasaï region remains vulnerable because it faces particular challenges, including decades of underdevelopment and inaccessibility as a result of poor road infrastructure, and he urged more development actors to get involved.

      “People in the Kasaïs are eager to rebound, to be back on their feet, and move on. There is no expectation that humanitarian assistance should continue forever in the Kasaï region,” he said. “People want to be autonomous, but what they need is support to build up their resilience and be able to move towards a situation where their most basic needs are met and they are able to think about their futures again.”


      http://www.irinnews.org/news-feature/2018/11/08/briefing-congo-kasai-angola-aid-conflict

    • Les violations des droits humains des migrants africains en Angola

      Les violations des droits humains des migrants africains en Angola

      Depuis un certain moment, la communauté africaine vivant sur le territoire angolais est l’objet de toute sorte de violation de ses droits les plus fondamentaux par les autorités de ce pays. La Charte Africaines des Droits de l’Homme et des Peuples protège les droits des migrants dans tous ses aspects contre les violations des droits et l’Angola est justement membre de l’Union Africaine. Ainsi, ces violations se matérialisent par des arrestations musclées et arbitraires, des emprisonnements dans des conditions inhumaines et dégradantes (art.5 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples) de même que les expulsions collectives pourtant interdites par la Charte Africaine dans son article 12.5.

      L’AME est vivement préoccupée par les récentes arrestations, détentions et expulsions des centaines de milliers de migrants africains dont des maliens. Selon des informations recueillies auprès de nos sources sur place, une centaine de maliens sont concernés par cette situation qui évolue et change de jour en jour.

      Nous attirons l’attention de l’Union Africaine et de ses pays membres sur la situation inacceptable que vivent les étrangers sur la terre africaine d’Angola et rappeler que les droits de l’homme sont des droits inaliénables de tous les êtres humains, quels que soient leur nationalité, leur lieu de résidence, leur sexe, leur origine ethnique ou nationale, leur couleur, leur religion…

      L’Angola comme la plupart des pays africains s’est engagé à protéger, respecter et réaliser les droits de l’homme, non seulement de ses nationaux, mais de toute personne sous sa juridiction. Dans ce contexte, tous les étrangers se trouvant sur le sol angolais auraient dû bénéficier de la protection des autorités angolaises quelque soient les raisons qu’elles mettent en avant pour justifier ces expulsions.

      L’Organisation des Nations Unies (ONU) n’est pas resté silencieuse comme la plupart des pays africains, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a mis en garde sur les conséquences des expulsions massives de réfugiés depuis l’Angola, au cours des trois dernières semaines de ce mois d’octobre.

      Par ailleurs, le Secrétaire Général des Nations Unies a rappelé le 19 septembre 2017 que : « tout pays a le droit de contrôler ses frontières. Mais cela doit se faire de telle sorte que les droits des personnes ‘en mouvement’ soient protégés ».

      Au regard de tout ce qui vient d’être évoqué :
      1. L’Association Malienne des Expulsés (AME) pour sa part, exhorte le gouvernement Malien à tout mettre en œuvre pour la sécurisation de nos compatriotes et de leurs biens dans les pays d’accueil ;
      2. Appelle le gouvernement à communiquer davantage sur cette situation en donnant beaucoup plus d’informations aux familles des maliens vivants en Angola ;
      3. Encourage le gouvernement de continuer à œuvrer pour le respect des droits des migrants maliens et aussi pour le développement d’une relation franche entre les Etats africains en vue de la réalisation de l’unité africaine comme le prévoit l’article 117 de la Constitution ;
      4. Invite l’Union Africaine à dénoncer et prendre des mesures contre les violations des droits humains dans les pays membres ;
      5. Invite également les Etats membres de l’Union Africaine à renoncer aux expulsions massives des ressortissants d’autres pays africains et à mettre fin sans délais aux opérations actuelles en cour ;
      6. Exhorte l’U.A et les Etats à une plus grande implication des organisations de la société civile aux différents processus pour la gestion de la migration.

      http://www.expulsesmaliens.info/Les-violations-des-droits-humains-des-migrants-africains-en-Angola

  • #Rafles : Des centaines de migrants irréguliers refoulés de #Nador et #Tanger et débarqués à #Tiznit

    Alerte rouge chez les migrants irréguliers installés au Nord du Maroc. Ils font l’objet d’une vaste #chasse_à_l’homme dans les forêts et quartiers de Nador, Tanger et Tétouan. Entre 1.600 et 1.800 personnes ont été arrêtées et déplacées vers des villes de l’intérieur, selon une source officielle citée par l’AFP. Pour les autorités marocaines, cette opération a pour but de « lutter contre les réseaux de trafic humain » et de « déplacer ces migrants dans des villes où les conditions de vie sont meilleures ». Pour les défenseurs des droits des migrants, il s’agit bien d’une traque sans merci.
    « Les #arrestations ont démarré mardi dernier vers 4h00 du matin. Les opérations ont mobilisé des centaines d’éléments des forces de l’ordre, en plus de cinquante véhicules et des hélicoptères. Plus de 200 personnes ont été appréhendées dans la forêt de Bolingo, nous a indiqué Aziz Kattof, secrétaire général de l’AMDH-section Nador. Et de poursuivre : « Mais il n’y a pas que cette zone à avoir été la cible des forces de l’ordre. Certains quartiers de la ville, et c’est une première, ont également fait les frais de cette vaste opération de ratissage qui s’est soldée par l’arrestation de toutes les personnes étrangères dont la peau est noire (migrants réguliers et irréguliers, réfugiés, femmes, enfants…) ».
    Mais, il n’y a pas que Nador qui a été le théâtre d’une telle chasse à l’homme. Tanger a enregistré plusieurs arrestations de migrants dans les quartiers Mesnana et Prince. « Plusieurs témoignages ont affirmé que les forces de l’ordre se sont violemment introduites à l’intérieur de maisons occupées par des migrants en défonçant leurs portes avant d’en saisir l’argent et les biens des occupants », nous a précisé Aziz Kattof qui estime que les opérations en cours sont une première depuis la chasse à l’homme de 2015. « Les ratissages et les arrestations sont monnaie courante dans la région mais, on n’a jamais vu la mobilisation d’un tel arsenal sécuritaire. Je crois que les autorités veulent faire passer un message, à savoir que Nador ne doit pas servir de point de passage vers l’Europe », a-t-il souligné.
    Tétouan a été, elle aussi, secouée par la traque des migrants. Un communiqué de l’Association Mains solidaires a fait état de l’arrestation de plusieurs d’entre eux jeudi dernier sur les boulevards de la ville et à l’intérieur des maisons. Le communiqué parle de centaines d’arrestations qui ont même concerné des migrants régularisés.
    Hassan Ammari, défenseur des droits de l’Homme et militant d’Alarmphone Watch the Med pense, quant à lui, que les arrestations en cours s’inscrivent dans le contexte des conclusions du Conseil européen tenu en juin dernier et des pressions européennes qui ont fait suite à l’augmentation du nombre de pateras en provenance de Nador qui ont accosté en Espagne. Certains médias européens ont accusé ouvertement le Maroc d’avoir volontairement laissé partir des migrants vers l’Espagne pour obtenir un meilleur accord de pêche avec l’UE. La chaîne Euronews, l’édition espagnole du Huffington Post et le journal El País ont fortement relayé cette thèse selon laquelle le gouvernement marocain aurait, dès février 2017, proféré des menaces en brandissant de manière à peine voilée l’arme des « migrants ». Or, avec l’accord signé le 24 juillet, le Royaume a obtenu pleine satisfaction.
    « Le Maroc est donc obligé de réagir face aux critiques européennes. Les chiffres avancés sur les départs vers l’Europe à partir du Royaume le mettent dans une situation embarrassante », nous a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « C’est pourquoi l’on assiste depuis cinq jours à cette vaste opération de ratissage et d’arrestations à Nador et Tanger. Les migrants appréhendés sont refoulés vers #Marrakech, Tiznit et #Errachidia. Il y a trois semaines, près de 46 d’entre eux ont été déplacés vers #Jérada », nous a-t-il expliqué en précisant que ces opérations constituent une rupture avec les précédentes. « C’est la première fois qu’on assiste à un tel déploiement de force depuis 2011. Le rythme est monté d’un cran mais le pire, cette fois-ci, c’est que l’on s’attaque aussi aux associations et à leurs sièges », nous a-t-il affirmé. Et de conclure : « Cela remet en cause les efforts entrepris et les mesures prises dans le cadre de la nouvelle politique de l’immigration et de l’asile ».


    https://www.libe.ma/Rafles-Des-centaines-de-migrants-irreguliers-refoules-de-Nador-et-Tanger-et-deb
    #Maroc #déplacements_forcés #migrerrance #migrations #asile #réfugiés

    • La chasse à l’homme se poursuit. Plus de 3.000 Subsahariens arrêtés et refoulés des provinces du Nord vers l’intérieur du pays

      Peur, stress, désarroi, méfiance, attente et beaucoup de questionnements sur l’avenir…Tel est le quotidien de nombreux migrants irréguliers au Nord du Maroc. En effet, la campagne d’arrestations et de refoulements vers l’intérieur du pays se poursuit de plus belle et entame aujourd’hui son 18ème jour avec un bilan non officiel de 3.400 à 3.500 migrants appréhendés et éloignés vers Marrakech, Tiznit et Béni Mellal.
      « Les arrestations se poursuivent sans arrêt avec une accélération de la cadence. On cible aujourd’hui de plus en plus les quartiers où résident les migrants qu’on cherche jusque dans leurs maisons sans distinction entre les hommes, les femmes et les enfants. Mêmes les blessés ne sont pas épargnés », nous a indiqué Hassan Ammari, défenseur des droits de l’Homme et militant d’Alarmphone Watch the Med. Et de poursuivre : « Les personnes arrêtées sont renvoyées vers Marrakech et Er-Rachidia mais une grande majorité est éloignée vers Tiznit dans des conditions lamentables. Plusieurs témoignages ont rapporté que souvent ces migrants sont jetés trois à six kilomètres de leur destination finale ».
      De son côté, Mohamed Ben Yacoub, président de l’Association Mains Solidaires, nous a révélé que la ville de Tétouan s’est vidée de ses migrants subsahariens. « Ils se sont volatilisés du jour au lendemain. On ne voit personne même au niveau du bureau de notre association », nous a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « En fait, ils ont eu peur notamment après les arrestations opérées dans les quartiers de la ville. Où sont-ils passés ? Personne ne le sait ».
      Aziz Kattof, secrétaire général de l’AMDH-section Nador a précisé, pour sa part, que les opérations de ratissage continuent de s’effectuer quotidiennement et qu’elles ont atteint d’autres sites. « Après avoir opéré au niveau des forêts du Bolingo et de Carrière, les forces de l’ordre s’attaquent aujourd’hui aux migrants installés à Salwan, Bakkoui et la route côtière en direction d’Al Hoceima. Ces mêmes forces n’hésitent pas non plus à s’attaquer aux cafés où les migrants ont l’habitude de passer quelques heures. Plusieurs témoins nous ont confirmé que ces arrestations se sont soldées par des confiscations de biens et argent ». Et de poursuivre : « Les migrants vivent aujourd’hui un vrai cauchemar. Ils ont peur, vivent dans l’inquiétude et ne cessent de se poser des questions sur leur sort et leur avenir au Maroc. S’agit-il d’opérations circonscrites dans le temps et l’espace ou d’une fermeture définitive des frontières ? Ces migrants préfèrent actuellement rester cachés ou se déplacer discrètement. Ils passent la nuit dans d’anciennes maisons ou des grottes et survivent grâce à la générosité de la population locale. Certains d’entre eux n’arrivent plus à dormir ». En fait, le contexte régional n’annonce rien de rose pour ces migrants. Le Maroc est de plus en plus sollicité par les chefs d’Etat européens pour contribuer à la lutte contre la migration irrégulière. Certaines sources médiatiques nationales ont annoncé la visite prochaine du ministre italien de l’Intérieur et celle du chef de l’Etat français au cours de laquelle il sera question de discuter la problématique migratoire. L’Espagne et l’Allemagne ont également insisté sur la nécessité de trouver, avec le Maroc, une solution à cette soi-disant crise migratoire. Elles ont même conclu un accord pour soutenir le Maroc à faire face aux vagues migratoires en provenance de l’Afrique subsaharienne et à destination de l’Europe.
      Le secrétaire général de l’AMDH-section Nador demeure, cependant, sceptique quant au bien-fondé de ces opérations de ratissage alors que, selon les autorités marocaines, le but est de « lutter contre les réseaux de trafic humain » et de « déplacer ces migrants vers des villes où les conditions de vie sont meilleures ». En réalité, malgré ces arrestations et éloignements en vrac, les tentatives de passage vers l’Europe se poursuivent et le trafic des êtres humains se porte bien, précise-t-il. « C’est aberrant puisque les passeurs et trafiquants continuent à vivre paisiblement et chaque jour qui passe porte son lot de pateras qui partent vers l’autre rive de la Méditerranée. On a demandé au parquet s’il y a des poursuites à l’encontre des trafiquants, malheureusement on n’a pas eu de réponse », a-t-il conclu.


      https://www.libe.ma/La-chasse-a-l-homme-se-poursuit_a100783.html

    • Des centaines de migrants déplacés du Nord par les autorités marocaines

      Les autorités marocaines ont déplacé des centaines de migrants ces derniers jours en les chassant de campements ou logements dans le nord du royaume, a-t-on appris samedi auprès d’une association locale de défense des droits de l’Homme.

      « C’est une opération dans le cadre de la lutte contre l’immigration illégale », a pour sa part déclaré à l’AFP un responsable parlant au nom des autorités locales de Tanger. Selon lui, entre 1.600 et 1.800 personnes ont été « déplacées vers des villes où les conditions de vie sont meilleures ».

      « Les autorités continuent samedi à refouler des migrants de Nador et Tanger dans des bus vers la ville de Tiznit, près d’Agadir » dans le sud du pays, a affirmé à l’AFP Omar Naji, un représentant de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) de Nador.

      « Les opérations ont débuté mardi et les autorités ont arrêté des centaines de migrants dans des camps près de Nador ou dans des maisons en ville », a-t-il dit. Il n’était pas en mesure de dire combien de migrants avaient été refoulés de Tanger.

      Pour l’AMDH, ces « arrestations sont illégales car sans mandats judiciaires » et le Maroc, l’Espagne et l’Union européenne (UE) en sont « responsables ».

      Un rapport récemment publié par le département d’Etat américain notait que, même si ce type d’opérations a été réduit ces dernières années, le Maroc « continue de mener régulièrement des déplacements forcés de migrants en situation irrégulière à l’intérieur de son territoire, notamment depuis Nador ».

      L’Espagne est devenue cette année la première porte d’entrée des migrants dans l’UE, dépassant l’Italie qui leur ferme ses ports. Plus de 23.000 migrants sont arrivés depuis janvier par la mer Méditerranée en Espagne, plus que sur l’ensemble de l’année dernière, selon le dernier bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

      La Commission européenne et l’Espagne veulent développer « un partenariat renforcé » avec le Maroc sur les questions migratoires, avec notamment l’octroi d’aides.

      La plupart des migrants qui transitent par le Maroc sont d’origine sub-saharienne.

      https://www.h24info.ma/maroc/des-centaines-de-migrants-deplaces-du-nord-par-les-autorites-marocaines

    • Maroc. Des milliers de réfugiés et de migrants subsahariens sont visés par une répression illégale continue

      La #répression d’envergure qu’exercent les autorités marocaines contre des milliers de migrants, demandeurs d’asile et réfugiés subsahariens en l’absence de procédure régulière est cruelle et illégale, a déclaré Amnesty International alors que le gouvernement multiplie les raids dans le nord du pays.

      Depuis fin juillet, la police marocaine, ainsi que la Gendarmerie royale et les forces auxiliaires, procèdent à des raids majeurs dans les quartiers de plusieurs villes où vivent les réfugiés et les migrants, d’une intensité particulière dans les provinces du nord du pays de #Tanger, #Nador et #Tétouan, qui bordent la frontière espagnole.

      « Cette répression choquante contre les migrants et les réfugiés au Maroc est à la fois cruelle et illégale. Elle représente un recul inquiétant pour un gouvernement qui, en 2013, a adopté de nouveaux engagements en matière d’asile et de migration afin d’amener le Maroc à respecter les normes internationales », a déclaré Heba Morayef, directrice du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International.

      Quelque 5 000 personnes ont été arrêtées dans le cadre de ces opérations depuis juillet, entassées dans des bus et abandonnées dans des zones isolées proches de la frontière algérienne ou dans le sud du pays, selon l’Association marocaine des droits humains (AMDH). L’association a comptabilisé le nombre de bus quittant les provinces de Tanger, Tétouan et Nador, et estimé le nombre de personnes arrêtées.

      « Les autorités marocaines doivent immédiatement mettre fin à ces arrestations discriminatoires et défendre les engagements positifs pris ces cinq dernières années concernant le respect des droits des migrants. Pour la suite, elles doivent adopter une loi sur l’asile qui établira des procédures et des protections adéquates conformément au droit international. »
      Récentes descentes de police et arrestations

      Vendredi 31 août, les services de sécurité marocains ont arrêté de manière arbitraire environ 150 ressortissants d’Afrique subsaharienne à Tanger, avant de les conduire à bord de bus dans des villes du sud, où ils ont été abandonnés. Le bureau local de l’AMDH a déclaré à Amnesty International que les migrants ont été appréhendés après avoir initié une petite manifestation devant le consulat espagnol pour réclamer la liberté pour les migrants subsahariens au Maroc, comme le montre cette vidéo.

      D’après les informations obtenues par Amnesty International sur la répression en cours, les autorités ont arrêté des migrants, demandeurs d’asile et réfugiés sans vérifier leurs papiers, les ont détenus pendant quelques heures, ont recueilli leurs empreintes, avant de les faire monter de force à bord de bus. Ils ont été menottés ou ont eu les mains attachées à l’aide d’une corde. Ils ont été déplacés de force vers des zones éloignées, près de la frontière algérienne, ou dans des zones isolées du sud, près de #Tiznit, #Errachidia, #Benguerir, #Beni #Mellal et #Marrakech. Un grand nombre d’entre eux ont dû marcher pendant plusieurs kilomètres avant d’atteindre la première agglomération depuis laquelle ils pouvaient tenter de rentrer chez eux.

      Lors de ces récents événements, au moins 14 demandeurs d’asile et quatre réfugiés enregistrés au Maroc ont été transférés de force vers le sud du pays, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Rabat. Exemple des plus choquants, le 7 août, une femme réfugiée a été appréhendée à #Tanger avec son fils d’un an. Contraints de monter dans un bus, ils ont ensuite été déposés à Kenitra, à 200 kilomètres.

      « Il est choquant de voir que de jeunes enfants se retrouvent parmi les personnes soumises à ces traitements brutaux, tout comme des demandeurs d’asile et des réfugiés reconnus par l’ONU et des migrants enregistrés qui détiennent des cartes de séjour, a déclaré Heba Morayef.

      « Si les autorités marocaines ont le droit de réglementer l’entrée, le séjour et la sortie de leur territoire, ce droit doit s’exercer en cohérence avec le droit international relatif aux droits humains et la Convention relative au statut des réfugiés. »

      Les forces de sécurité ont procédé à des rafles particulièrement violentes dans des quartiers informels et des camps de fortune occupés par des migrants autour de Tanger et #Nador, point de passage vers l’enclave espagnole de Ceuta. Dans certains cas recensés par Amnesty International, les services de sécurité ont mis le feu à des camps, brûlé les affaires des migrants et volé leurs téléphones portables.

      Un migrant, qui vit au Maroc depuis quatre ans, a déclaré que la police et la gendarmerie marocaines ont fait violemment irruption chez lui dans le quartier de Mesnana, à Tanger, à 4 heures du matin, le 26 août. Il a expliqué :

      « Les policiers, masqués, sont arrivés au milieu de la nuit, ont fracassé notre porte et commencé à arrêter ma famille, y compris les femmes et les enfants. De nombreux véhicules se trouvaient dehors, et des policiers faisaient irruption chez nos voisins. »
      L’Espagne complice ?

      Le 23 août, les autorités espagnoles ont expulsé un groupe de 116 migrants originaires de différents pays d’Afrique subsaharienne, les renvoyant depuis l’enclave espagnole de Ceuta vers le Maroc. La veille, ce groupe était parvenu sur le territoire espagnol depuis le Maroc en franchissant les clôtures le long de la frontière avec Ceuta.

      La rapidité de l’opération soulève des questions quant au respect par les autorités espagnoles des garanties de fond et de procédure au cours de ce renvoi « expéditif ».

      Ces 116 personnes ont passé moins de 24 heures en Espagne et 12 avocats seulement leur ont fourni une assistance juridique. Il est donc fort peu probable qu’elles aient reçu une information satisfaisante sur leurs droits et sur la procédure de demande d’asile pour celles qui le souhaitaient. En outre, les avocats n’étaient pas informés que leurs clients devaient être expulsés en moins de 24 heures, les privant de la possibilité de contester efficacement leur renvoi. Les risques potentiels auxquels ils pourraient être exposés au Maroc n’ont pas été évalués.

      Pourtant, les autorités espagnoles ont affirmé que l’opération était légale et justifiée au motif que les migrants avaient perpétré « des violences inacceptables contre les garde-frontières espagnols », blessant sept agents, selon la Guardia Civil. Amnesty International estime que cette assertion ne saurait en aucun cas justifier ce renvoi expéditif, ni aucune violation de l’obligation qui incombe à l’Espagne de fournir à tous une véritable possibilité de solliciter une protection internationale.

      Une fois les migrants expulsés au Maroc, ils ont été enfermés dans la prison locale de Tétouan. Dix-sept d’entre eux ont été inculpés de « séjour et sortie irréguliers », « outrage à des fonctionnaires publics », « rébellion armée » et « détention d’armes ». Ils seront jugés le 10 septembre. Les autorités marocaines procèdent au retour forcé des Camerounais et Guinéens arrêtés en coopération avec leurs autorités consulaires.

      « Sous couvert d’une procédure de renvoi, les autorités espagnoles n’ont pas respecté les garanties fondamentales et ont procédé à l’expulsion collective de 116 personnes vers un pays où elles risquent de subir de graves violations des droits humains, a déclaré Heba Morayef.

      « Les efforts visant à contrôler l’immigration irrégulière du Maroc vers l’Espagne sont fréquemment salués par les autorités espagnoles, qui continuent de coopérer avec le Maroc pour stopper l’arrivée de migrants et de réfugiés sans conditionner cette coopération au respect des droits à la mobilité de ces personnes. L’Espagne et l’UE en général doivent repenser leur coopération avec le Maroc, et accorder la priorité à la protection des droits humains et à la création d’un système d’asile dans le pays, comme l’exige le droit international. »
      Complément d’information

      Les autorités marocaines justifient les récents raids discriminatoires en parlant de mesures visant à lutter contre l’immigration clandestine et les réseaux de passeurs. Lors d’une conférence de presse le 30 août, le porte-parole du gouvernement Mustapha Khalfi a affirmé qu’il ne s’agit pas de renvois forcés, mais d’opérations visant à transférer les migrants vers d’autres villes, opérations menées dans le respect des lois nationales destinées à lutter contre l’immigration illégale. Il a ajouté que la réadmission du groupe de 116 migrants a adressé un message fort aux trafiquants d’êtres humains.

      https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2018/09/morocco-relentless-crackdown-on-thousands-of-sub-saharan-migrants-and-refug

    • Traque des migrants irréguliers : Opération coup de poing

      Les autorités ont lancé une vaste opération d’arrestations de migrants irréguliers au Nord du Maroc. Bilan d’une opération musclée.
      L’opération, toujours en cours, est une première en l’espace de cinq ans. Dans la forêt de Nador, un hélicoptère de la gendarmerie royale, des véhicules des Forces auxiliaires et des véhicules militaires des gardes-frontières ont mené des descentes aux premières lueurs du 7 août dernier. « À 5h du matin, la traque aux migrants irréguliers a été lancée dans les campements », décrit l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), section de Nador. Dans les zones urbaines de Tanger, Nador, Tétouan, Bouârfa, Selouane et Laroui, même des présidents d’arrondissements (caïds) ont été appelés sur le terrain en renfort. Entre 1.500 et 1.800 migrants irréguliers et régularisés ont été arrêtés et déplacés dans des zones désertiques près de Tiznit ou encore Errachidia, ainsi qu’entre Benguerir et Marrakech. Selon les autorités, cette opération a pour but de « lutter contre les réseaux de trafic humain » et de « déplacer ces migrants dans des villes où les conditions de vie sont meilleures ». Les militants de défense des droits humains dénoncent « des violations des droits des migrants » et des « arrestations sans cadre juridique précis ».

      Quel cadre juridique ?
      La « Bamblouma », c’est l’appellation donnée par les migrants aux opérations de ratissage dans les camps. Cette traque était limitée à Nador. Ce mois d’août, elle s’est étendue à la ville de Tanger. Aissatou Barry vit au Maroc depuis neuf ans et dispose d’une carte de séjour valable pour trois ans. Elle est la présidente de l’association Ponts solidaires à Tanger. Cette ressortissante guinéenne vit désormais dans une des forêts de la ville du détroit, elle est sans toit depuis le 9 août. « À 6h du matin, le caïd du quartier Mesnana a débarqué chez moi. Sans présenter aucun document, il m’a arrêté, ainsi que mes enfants et les membres de la famille présents avec moi », raconte cette gérante d’une entreprise d’import-export. Aissatou Barry proteste face aux méthodes musclées des autorités. Le caïd lui répond sèchement. « Il m’a dit avoir reçu l’ordre du wali de Tanger d’expulser tous les Noirs du quartier ». Ses deux enfants, âgés respectivement de 4 et 14 ans, et elle sont conduits à la préfecture de police de Tanger. « Nous sommes restés dans le commissariat dans des conditions déplorables jusqu’à 20h », proteste-t-elle. Le comble dans le drame de cette femme est qu’elle est membre de la Commission régionale de régularisation qui siège à la wilaya de Tanger, et donc une figure reconnue par les autorités. « Depuis une semaine, je passe la nuit dans la forêt avec mes enfants. Nous sommes une centaine de migrants noirs à vivre la même situation ». Les représentants de la société civile s’interrogent sur le cadre juridique précis de ces arrestations et de l’éloignement. Hassan Ammari, membre de l’ONG Alarm Phone, a suivi ces opérations à Tanger et Nador : « les autorités ne présentent pas de documents prouvant la légalité de leur démarche », indique-t-il. Et de préciser : « dans certains cas à Tanger, les migrants arrêtés ont signé un document qui s’apparente à un PV. Les migrants ne sont pas informés de leurs droits ».

      Même son de cloche de Boubacar Diallou, de l’association Asticude à Nador : « 25 mineurs bénéficiaires de notre association ont également été interpellés. Une mesure contraire à la loi 02-03 ». Si la majorité des personnes arrêtées se trouve dans une situation irrégulière, spécialement à Nador, celles-ci tombent donc sous le chapitre VII de la loi 02-03 sur l’entrée et le séjour des étrangers au Maroc. Dans la très grande majorité de ces arrestations, les dispositions pénales ou la reconduite vers la frontière ne sont pas appliquées. Depuis 2015, les autorités optent plutôt pour l’éloignement des villes frontalières. Cette mesure sécuritaire souffre d’un vide juridique. « Cette option n’a pas de sens. Ces personnes renvoyées à Tiznit seront de retour à Nador dans deux ou trois jours », prévoit Omar Naji, président de l’AMDH Nador. Dans ce chemin de l’éloignement, deux jeunes migrants, le premier Malien et le second Ivoirien, ont trouvé la mort le 12 août près du péage de Kénitra. Ils se sont jetés par la fenêtre de l’autocar qui les transportait de Tanger à Tiznit.

      www.leseco.ma/maroc/69155-traque-des-migrants-irreguliers-operation-coup-de-poing.html

    • Migrants irréguliers. À Tanger, la peur au ventre..

      Tanger, ville ouverte sur l’océan et la Méditerranée, ferme ses portes brutalement aux migrants irréguliers subsahariens. Reportage au sein d’une communauté traquée...

      Nous sommes à Branes Lakdim, quartier périphérique au Sud de Tanger. Il est 21h, le quartier est plongé dans le noir. L’éclairage public fait défaut et la voirie se résume à de poussiéreuses ruelles. Dans cette zone sous-équipée de la ville du détroit, des migrants régularisés ou irréguliers subsahariens se sont installés pour y vivre aux côtés des Marocains. À l’entrée du quartier, Marocains et Subsahariens se surveillent de près. Des petits groupes de subsahariennes montent la garde, pour prévenir leurs compagnons de fortune en cas de rafles nocturnes. « Nous vivions en harmonie avec la population locale, jusqu’au 9 août dernier », nous explique Issatou Barry, habitante du quartier depuis trois ans et présidente de l’association Ponts Solidaires. Ce jeudi-là, à 6 h, alors que le jour effaçait les derniers voiles de la nuit, une vaste opération d’arrestations des migrants subsahariens a été déclenchée pour « nettoyer » le quartier. Les zones limitrophes de Mesnana et Boukhalef ont également connu le même sort.

      Une nuit avec les #harragas
      Issatou a été régularisée en 2015. Toutefois, elle a fait partie des contingents qui ont été arrêtés et qui seront réexpédiés chez eux manu militari. « Nous avons été arrêtés, mes deux enfants et moi », se remémore-t-elle. Après une journée à la préfecture de police et après avoir prouvé la régularité de sa situation, elle est relâchée ainsi que ses enfants. « À mon retour chez moi, j’ai trouvé des scellés sur la porte. Il a fallu plusieurs interventions pour que je puisse y accéder de nouveau. Mais tous mes biens avaient disparus. Télévision, électroménager, vêtements...il ne restait plus rien », explique-t-elle en nous montrant les murs nus de son appartement. Selon les témoignages que nous avons recueillis sur place, « les expulsions ont touché de manière indistincte migrants réguliers ou irréguliers », témoignent plusieurs personnes rencontrées sur place et qui sont revenues de Tiznit ou Casablanca où elles avaient été « larguées » quelques jours plutôt par les forces de sécurité. Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) à Rabat, 14 demandeurs d’asile et quatre réfugiés enregistrés au Maroc ont été transférés de force vers le sud du pays ! Aujourd’hui, plusieurs maisons sont encore scellées, sans raisons précises. À l’extérieur du quartier, les jeunes Subsahariens « tiennent » les murs. Ces migrants irréguliers reprennent leur souffle après une journée passée dans la forêt de Boukhalef qui sert désormais de refuge à tous ceux qui sont chassés de la ville. « Les arrestations ont eu lieu toujours aux premières heures du jour. Pour y échapper, nous passons la nuit dans la forêt », avoue Omar. Très rapidement, il est rejoint par d’autres jeunes migrants qui refusent de nous parler. « Les gens ont peur de se faire arrêter. Malheureusement depuis les événements d’août, ils ne font plus confiance aux Marocains », regrette Omar. Le groupe met fin à la discussion, sous ordre d’un de leur leader. Les migrants subsahariens pourchassés ont fini par faire crier leur ras-le-bol le 31 août dernier. Ils ont tenu une marche de protestation de Mesnana vers le consulat d’Espagne à Tanger. Une action interdite par les autorités. « Nous avons assez de cette chasse aux migrants », proteste Issatou, qui avait pris part à cette action. Du côté des Marocains du quartier, les avis divergent sur la présence des Subsahariens. Pour certains, leur présence permet de faire marcher le commerce. D’autres accusent les migrants « de mener des activités illégales comme des bars non autorisés et des lieux de débauche ».

      « Les trafiquants courent toujours »
      Les autorités locales de Tanger ont décidé de faire table rase de toute présence de migrants irréguliers à Tanger, Nador et Tétouan. Une volonté exprimée par le gouvernement lors de son dernier conseil, du 6 septembre. « Dans un esprit de responsabilité de la Stratégie nationale d’immigration, nous avons transporté un nombre de migrants irréguliers vers d’autres villes marocaines, pour assurer leur sécurité et les éloigner des réseaux de traite des êtres humains active dans le Nord. Cette opération s’est déroulée dans le respect total des normes légales », affirme l’Exécutif. Pourtant la loi 02-03 ne prévoit pas des mesures de déplacement pour les personnes en situation irrégulière. « La répression d’envergure qu’exercent les autorités marocaines contre des milliers de migrants, demandeurs d’asile et réfugiés subsahariens en l’absence de procédure régulière est cruelle et illégale », rétorque Amnesty international. Après un mois d’opérations d’arrestations, Assitou Barry est désabusée : « si nous sommes des trafiquants, que les autorités nous arrêtent. Chez moi, ils ont tout pris et ils n’ont trouvé ni zodiac ni gilets de sauvetage. Les vrais trafiquants courent toujours ». Pour leur part, Omar, Ali et les autres s’empressent quitter le Branes et de rejoindre la forêt, refuge précaire pour ces « brûleurs » des frontières.


      http://www.leseco.ma/tous-les-reportages/69701-migrants-irreguliers-a-tanger-la-peur-au-ventre.html

    • Messages de l’#AMDH de Nador, envoyés via la mailing-list Migreurop :

      Message 1 du 20.09.2018 :

      « Un lieu d’enfermement de plus à tanger pour migrant subsahariens.
      Pour le 3 ème jours, les autorités marocaines continuent l’arrestation illégale de plus de 50 migrant dans un lieu aménagé au commissariat de OUAMATE à tanger.
      Des fiches ont étés remplies pour chaque migrant après être écoutés par des représentants de leurs ambassades et par des personnes européens qui peuvent être des représentants de L’OIM. 
      Les autorités MAROCAINES, les ambassades des pays africains et L’OIM préparent ils des campagnes de rapatriements forcés des migrants vers leurs pays.
      Indignation totale.
      Le maroc semble devenir une plate forme de tri, d’arrestation et de refoulement des migrants dans des centres de détention illégaux au service des politiques européennes. »

      Message 2 du même jour :

      « Ça y est c’est vérifié. Les mini bus des migrants de tanger viennent d’arriver à l’aéroport Mohamed 5 à Casablanca. De la il vont être éloignés vers leur pays.
      Après 3 jours d’arrestation, les autorités marocaines, l’OIM et les ambassades commencent l’application de ces opérations illegales au services des politiques migratoires europeennes. »

    • Le Maroc repousse les migrants loin de l’Europe

      Depuis plusieurs semaines, le Maroc déplace des centaines de migrants subsahariens vers le sud et le centre du pays, loin des frontières de l’UE. Abandonnés aux portes du désert, ces candidats à l’exil font tout ce qu’ils peuvent pour retourner vers le nord du pays.


      https://www.franceinter.fr/emissions/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-26-septembre-2018

    • Sortie du rapport « Coûts et blessures »

      Dans le cadre de sa campagne d’alerte #CoûtsEtBlessures, le GADEM publie aujourd’hui le rapport « Coûts et blessures – Rapport sur les opérations des #forces_de_l’ordre menées dans le nord du Maroc entre juillet et septembre 2018 – Éléments factuels et analyse ».

      https://gallery.mailchimp.com/66ce6606f50d8fd7c68729b94/files/a727e61b-bcdc-46e1-b3f5-bb9e3c8e8d01/20180927_GADEM_Cou_ts_et_blessures.pdf
      #rapport

    • Sous la pression de l’Union européenne, le Maroc fait la chasse aux migrants

      Depuis cet été, le royaume est le théâtre d’une vague sans précédent d’arrestations et de déplacements forcés de Subsahariens obligés de se cacher.

      Ils sont arrivés à 5 heures du matin, dans le quartier Boukhalef, à Tanger, tambourinant aux portes et ordonnant aux habitants de sortir de chez eux. « Il y avait plusieurs fourgons avec des policiers et les forces auxiliaires [forces paramilitaires dépendant du ministère de l’intérieur] », se souvient Donatien*, un Camerounais de 35 ans, aujourd’hui à l’abri dans le sud du Maroc.

      En bas de l’immeuble, une cinquantaine d’hommes, de femmes et d’enfants sont déjà entassés dans un car. Emmenés au commissariat central, ils y attendront avec des dizaines d’autres ressortissants subsahariens jusqu’à 19 heures, sans eau ni nourriture. « Puis ils nous ont menottés pour nous mettre dans un bus. Dans le nôtre, on était trente-six, mais il y avait plus de quinze bus pleins », précise le Camerounais.

      Après plusieurs heures de voyage et une tension croissante dans le véhicule, les migrants obtiennent des petits pains, des sardines et de l’eau. « Puis, à 4 heures du matin, ils nous ont lâchés sur la route, à 17 km de Tiznit », à environ 900 km au sud de Tanger.

      Un Marocain passant par là en camionnette embarquera les femmes et les enfants jusqu’à la ville ; les hommes, eux, marcheront jusqu’au rond-point principal de la petite cité berbère, lieu de campement provisoire pour les migrants refoulés. C’était il y a un mois, mais Donatien reste marqué par la violence de ces heures-là et par l’ampleur des arrestations : « Comme si c’était une journée spéciale pour capturer tous les Blacks », dit-il.

      Des arrestations massives

      Donatien est l’un de ces milliers de Subsahariens qui ont été arrêtés et déplacés de force depuis cet été sur le territoire marocain. Selon le Groupement antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (Gadem), au moins 7 720 personnes ont connu ce sort entre juillet et septembre dans la seule région de Tanger.

      Dans son dernier rapport intitulé « Coûts et blessures », et sa note complémentaire « Expulsions gratuites », l’association marocaine détaille le déroulement des dernières semaines avec des dizaines de témoignages à l’appui. Elle pointe des arrestations massives, parfois violentes, touchant de manière indiscriminée les personnes noires, sans prise en compte de leur statut, et sans cadre légal établi. L’ONG a répertorié quelque 89 cas d’expulsions du pays mais aussi des détentions de migrants dans des commissariats de Tanger dans des conditions déplorables. « Les personnes ciblées sont toutes non Marocaines et toutes noires, sans distinction de leur situation administrative (…) », souligne le Gadem qui dénonce une politique discriminatoire du royaume.

      Situé à la pointe nord-ouest de l’Afrique, le Maroc est traditionnellement un pays de passage pour les migrants subsahariens qui rêvent de rejoindre l’Europe, mais ne peuvent le faire légalement. Par la mer, seuls les 14 km du détroit de Gibraltar séparent le royaume des côtes espagnoles dont on aperçoit les lumières au loin.

      Par la terre, il faut franchir les barrières des deux enclaves espagnoles en Afrique, Ceuta au nord du Maroc et Melilla au nord-est du pays, bouts de terre étroitement gardés par des barbelés constellés de lames de rasoirs. Face à cette présence, Rabat a toujours oscillé entre des périodes de tolérance et de répression, mais celle-ci n’avait jamais atteint cette intensité.

      Depuis la quasi-fermeture de la route migratoire allant de la Libye vers l’Italie, une partie des candidats au voyage semble s’être repliée vers le Maroc et l’Espagne. Madrid s’est ainsi considérablement ému de l’augmentation du nombre de personnes arrivant sur ses côtes : quelque 40 000 – des Subsahariens mais aussi de nombreux Marocains – depuis le début de l’année contre 28 000 en 2017 et 14 000 en 2016, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

      Début 2017 déjà, les forces marocaines avaient intensifié leur répression contre les migrants subsahariens. L’objectif était de les éloigner le plus possible des zones frontalières en les déplaçant de force vers d’autres villes du pays : Marrakech, Casablanca, Beni Mellal, Agadir, ou Tiznit.

      Durcissement de la politique de Rabat

      Cette fois, un événement précis semble avoir entraîné le durcissement de la politique de Rabat : le 26 juillet, un assaut massif sur la barrière de Ceuta s’est soldé par des blessures pour quinze membres de la Guardia civil. Quelque 800 migrants (600 sont parvenus à passer) ont alors lancé de la chaux vive sur les policiers espagnols.

      Une « ligne rouge » a-t-elle été franchie pour Madrid ? Que s’est-il dit entre l’Espagne et le Maroc ? Toujours est-il que la réplique a été immédiate : côté espagnol, 116 migrants ont été re-expulsés vers le Maroc – une mesure sans précédent – ; côté marocain, les arrestations et les renvois de Subsahariens vers le Sud se sont multipliés.

      Dans la petite ville de Tiznit, aux portes du désert marocain, on ne devine leur présence qu’aux vêtements séchant sur les rambardes d’une petite bâtisse inoccupée. A côté du petit hôtel Paris, les migrants se sont installés comme ils ont pu. Quelques matelas et des couvertures pour dormir, des cartons pour s’isoler de la rue, des réchauds et des bassines pour les repas.

      Roland*, un Camerounais de 26 ans, est là depuis un mois. Il a été arrêté près de Tanger alors qu’il tentait de prendre la mer avec douze autres personnes. Ils avaient réussi à économiser 1 000 euros, de quoi s’acheter un petit bateau pneumatique, des rames et des gilets de sauvetage. Ce n’était pas sa première tentative. Depuis son arrivée au Maroc, en 2012, il n’a pas cessé d’essayer. « J’ai fait presque tous les passages : Tanger, Ceuta, Nador… Pour trouver une vie meilleure, comme tout le monde », avoue celui qui est parti de chez lui à 19 ans après une année de droit.

      Tiznit voit régulièrement des migrants arriver. Ce jour-là, ils sont quelques dizaines. La semaine précédente, leur nombre atteignait 150 à 200. Les autorités les laissent en paix, les habitants leur font l’aumône. Il n’y a pas de centre officiel pour les accueillir, mais un local – un restaurant vide – qu’ils peuvent occuper. Président d’une association locale, Amoudou, Lahcen Boumahdi met en avant la tradition d’accueil de la région.

      Retour à la case départ

      « Notre ville a une longue histoire d’émigration. Les gens d’ici savent. Ils ont été dans la même situation en Europe », explique-t-il. Loin de la tension qui règne dans le Nord, les migrants restent là le temps de reprendre des forces et de récolter suffisamment d’argent pour financer leur remontée vers les côtes. Beaucoup mendient aux feux rouges. Roland, lui, a arrêté. « Trop déprimant. » Il préfère donner un coup de main à des commerçants du marché deux fois par semaine pour 7 à 8 euros la journée.

      Il faut compter au moins 50 euros pour retourner à Tanger. Depuis la fin de l’été, les migrants ne sont plus autorisés à acheter des billets de bus ou de train aux grandes compagnies. Ils doivent progresser de ville en ville dans des voitures individuelles. Une solution plus coûteuse.

      Certains ont déjà commencé leur remontée. A Agadir, dans un petit appartement d’un quartier périphérique, Donatien*, Sam* et Vincent* vivotent en attendant de pouvoir poursuivre leur voyage. Sur les étagères de la chambre : quelques vêtements, les affaires qui ont pu être attrapées lors de leur arrestation. A eux trois, ils racontent l’absurdité de la logique de fermeture de l’Union européenne (UE), mais aussi les limites de la politique d’intégration du Maroc.

      Sam, Camerounais de 26 ans, qui rêvait d’être footballeur, a passé plus d’un an et demi en Algérie avant de venir au Maroc. Rien qu’en 2014, il a tenté de passer en Espagne cinq fois, en vain. « Comme la technique du voyage ne marchait pas, j’ai décidé d’essayer de m’intégrer », explique-t-il. En 2015, il demande et obtient sa carte de résidence. Il se marie et devient papa. Il tente même de se lancer dans la musique. « Mais avec le temps, je me suis aperçu que ça n’évoluerait pas. Il n’y a pas de travail ici, alors j’ai repris le projet de partir. »

      Le jour où Sam et sa famille ont été arrêtés, ils s’apprêtaient à prendre la mer depuis Tanger. « Je ne sais pas si c’est le moment où l’Europe paie les Marocains pour nous expulser, mais en tout cas, chaque été, c’est pareil, on nous chasse », note-t-il, un peu las de ce retour à la case départ : « On va faire comme d’habitude, des petites économies jusqu’à ce qu’on ait assez pour retenter. »

      Campement de fortune

      Vincent, un costaud aux bras tatoués, est à 37 ans un quasi-professionnel des tentatives de passage. Il a passé trois hivers dans la forêt, celle de Cassiago, près de Ceuta, où des groupes de migrants se cachent en guettant le moment opportun pour tenter de franchir les barrières. Blessé à la jambe lors d’une escalade du grillage, il n’a plus essayé que par la mer. « Aujourd’hui, ce sont les Marocains qui tiennent le business. Ils se sont aperçus qu’il y avait de l’argent à se faire. Ils fournissent le bateau, le moteur, l’essence », raconte-t-il.

      Donatien et ses amis vivent dans un appartement en dur. D’autres n’ont pu que trouver refuge près de la gare d’Agadir dans un campement de fortune. Et il n’est pas facile de s’en approcher. Les autorités marocaines ne souhaitent pas que les médias travaillent sur le sujet. Le 21 septembre, un journaliste de France Inter, venu effectuer un reportage à Tanger, a été expulsé vers la France. Une question d’autant plus sensible pour le royaume qu’il met en avant, depuis dix ans, une ambitieuse politique de séduction à destination de l’ensemble du continent.

      Rentré dans l’Union africaine en 2017, le pays avait lancé, en 2013, une nouvelle politique migratoire, avec deux campagnes de régularisation de sans-papiers, principalement subsahariens, en 2014 et 2016. Quelque 46 000 demandes ont été acceptées. Dans ce contexte, la répression actuelle contre les migrants ne fait pas bon effet. « On attendra que ça se calme pour remonter à Tanger », prévient Vincent.

      Dans la grande ville du Nord, à 800 km de là, rares sont les Noirs qui prennent le risque de se promener dans les rues. Ceux qui ont encore un logement se terrent et évitent les déplacements inutiles. Ceux qui se sont retrouvés sans toit cherchent refuge là où ils peuvent, notamment sur le parvis de la cathédrale où vivotent des migrants abîmés par des années d’errance, loin de leur famille et en perpétuelle insécurité.

      Santiago Agrelo Martinez, archevêque de Tanger, témoigne avec tristesse de ce tournant : « à partir de juillet, il y a eu un changement d’attitude de la part des autorités et des forces de l’ordre. On est allé chercher les migrants non seulement dans les forêts mais aussi en ville, jusque dans les appartements. »

      Opérations de refoulement

      Leur apporter de l’aide est aussi devenu plus problématique. Les distributions de nourriture à l’orée des forêts proches de Ceuta et de Melilla sont devenues trop risquées pour les migrants. Même autour de la cathédrale, ceux-ci ne sont pas tranquilles.

      « La police est venue deux fois. Je leur ai expliqué que ces garçons n’ont rien fait de mal et ont besoin d’aide. J’ai le plus grand respect pour les autorités marocaines et pour la loi, mais ce qui se passe n’est pas acceptable », souligne l’archevêque de Tanger. Le franciscain de 77 ans fustige la politique de l’UE : « C’est l’Europe l’acteur principal de cette histoire. Le rejet n’est pas une politique. Il ne fait que les exposer davantage à la mort. »

      Mehdi Alioua, sociologue et membre fondateur du Gadem, rappelle que cette stratégie est celle de l’UE depuis la fin des années 1990 : « C’est la logique de l’externalisation. Il s’agit de repousser au maximum ceux qui veulent immigrer. C’est pour cela qu’on traite avec le Niger, le Soudan, etc. Mais le Maroc n’a pas à être le gendarme de l’Europe », ajoute-t-il, rappelant qu’au-delà des mauvais traitements infligés aux migrants, « une telle politique est à la fois désastreuse pour l’image du royaume, mais aussi très coûteuse alors que le pays a bien d’autres besoins ».

      Depuis le début des opérations de refoulement, deux jeunes migrants sont morts en tombant du bus qui les ramenait dans le Sud. Le 26 septembre, une jeune Marocaine de 22 ans a été tuée par des tirs de la marine sur un bateau qui tentait de passer en Espagne. Le 2 octobre, treize corps ont été repêchés après un naufrage au large de Nador, au Nord-Est. Et le 9, la marine a de nouveau ouvert le feu sur un bateau de migrants, faisant un blessé.

      S’agissant des refoulements, les autorités marocaines ont nié avoir commis des violations des droits humains, estimant qu’ils ont été effectués « dans le respect de la loi ». Le royaume s’est toutefois montré inflexible sur son opposition à l’installation de centres d’accueil en Afrique du Nord réclamée par l’UE.

      « On ne peut pas demander au Maroc son aide sur la question migratoire et dans la lutte contre le terrorisme tout en traitant le pays comme un objet », a déclaré, début octobre, le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita.

      En sortant de Tanger, sur la route sinueuse qui mène à l’enclave espagnole de Ceuta, les jeunes migrants que l’on apercevait généralement marchant au bord des routes ont presque tous disparu. Cachés dans les forêts des alentours, ou terrés dans d’autres villes du Maroc, ils finiront bien par remonter vers le Nord pour retenter leur chance.

      *Tous les prénoms de migrants ont été modifiés.

      https://abonnes.lemonde.fr/afrique/article/2018/10/15/sous-la-pression-de-l-union-europeenne-le-maroc-fait-la-chasse-aux-m
      #externalisation

    • Maroc : des migrants entassés dans un parking de police avant leur expulsion

      La rédaction des Observateurs de France 24 a reçu une série de vidéos, tournées entre fin septembre et début octobre, montrant des migrants d’Afrique subsaharienne prisonniers au commissariat central de Tanger au Maroc. Entassés les uns sur les autres entre la cour et le parking du commissariat, ils sont maintenus en détention pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, en attendant d’être expulsés, sans passer par la procédure judiciaire prévue à cet effet. Un migrant camerounais, renvoyé à Yaoundé, témoigne.

      Dans la cour du commissariat central de police de Tanger, il y a foule. Sur une vidéo, beaucoup sont à moitié nus, à l’entrée du parking du commissariat, et crient en chœur :"Liberté ! Liberté !". Sur une autre, on distingue à l’arrière-plan quelques agents en civil ne train de surveiller les détenus, tandis qu’un groupe entoure un migrant étendu par terre, inconscient, la tête en sang. Enfin, les deux dernières vidéos montrent les migrants à l’intérieur du parking cette fois, avec quelques matelas en mousse et couvertures de fortune ; sur l’une, ils protestent à nouveau, toujours avec le même cri (" Liberté !") devant les agents de police, tandis qu’ils sont entassés les uns sur les autres sur la seconde, dans un périmètre soigneusement barricadé.

      http://observers.france24.com/fr/20181019-maroc-migrants-tanger-parking-police-expulsion

    • Migration irrégulière. Le Maroc dit stop !

      Après les assauts répétés contre les frontières à Melilla et Sebta, les autorités marocaines ont décidé de refouler vers le sud tous les migrants. Des associations dénoncent des abus. Le gouvernement défend sa position sécuritaire.

      Le 22 octobre dernier, le ministère de l’Intérieur annonçait sa décision de « refouler vers leurs pays d’origine tous les migrants subsahariens ayant participé à l’assaut du préside occupé de Melilla ». Cette tentative avait eu lieu le 21 octobre. Elle s’est soldée par la mort et de 22 blessés parmi les migrants.  Douze membres des forces de l’ordre ont été également hospitalisés pour des blessures plus ou moins graves. La décision marocaine est prise « conformément aux lois en vigueur », précisait le département Laftit. Que prévoient exactement « ces lois » ? Et quelle protection de ces migrants assurent-elles ?

      Que prévoit la loi 02-03 ?
      La loi relative à l’entrée et au séjour des étrangers, à l’émigration et l’immigration irrégulières donne de larges prérogatives à « l’administration » (Intérieur) pour refouler ou expulser un migrant. L’article 21 précise que « la reconduite à la frontière peut être ordonnée par l’administration ». Les 114 migrants concernés tombent sous l’article 21 ou encore l’article 25 qui dit que « l’expulsion peut être prononcée par l’administration si la présence d’un étranger sur le territoire marocain constitue une menace grave pour l’ordre public ». Pour l’association GADEM, cette dernière notion est « floue…et ouvre la voie à l’arbitraire ». La décision de refoulement doit-elle être motivée par la justice ? À priori oui, si on se réfère à l’article 23 du texte. « L’étranger qui fait l’objet d’une décision de reconduite à la frontière peut dans les quarante-huit heures suivant la notification demander l’annulation de cette décision au président du tribunal administratif ». Une personne qui fait l’objet d’une décision de reconduite à la frontière doit être informée de ses droits et mise en mesure d’avertir un avocat ou son consulat (article 24). Dans les faits, cette procédure ne semble pas être respectée. « Les personnes arrêtées et ainsi éloignées du territoire ne sont pas informées des raisons de leur renvoi et elles ne reçoivent aucune notification de la décision », observe le GADEM dans sa note sur ce sujet intitulée « Expulsions gratuites ».

      Combien de retours depuis août 2018 ?
      Le GADEM recense 89 personnes expulsées en dehors du territoire national entre septembre et début octobre 2018, dont au moins 6 mineurs, « un chiffre jamais atteint depuis les événements de Sebta et Melilla de septembre et octobre 2005 », précise l’association. En tout, 142 personnes dont une dizaine de mineurs ont été arrêtées et maintenues au commissariat central de Tanger en vue de leur éloignement du territoire national. « Ce recensement n’est pas exhaustif mais concerne la période allant de mi-septembre au 9 octobre 2018 », ajoute l’association. À cela s’ajoute le deuxième groupe du 22 octobre. Groupe qui est aujourd’hui détenu dans un centre d’estivage du ministère de la Jeunesse et des sports à Akerman près de Nador. .

      Comment se déroulent ces refoulements ?
      Au commissariat central de Tanger, la journée démarre pour les migrants arrêtés par un « appel » quotidien visant les personnes à refouler durant la journée. Par la suite, des fouilles sont réalisées dans les toilettes, les téléphones confisqués jusqu’à la montée dans l’avion avec les documents d’identité. Les migrants sont transférés de Tanger en avion jusqu’à Casablanca. « Des personnes conduites à l’aéroport Mohammed V tentent de résister pour ne pas être expulsées. Certaines parviennent à stopper la procédure et sont ramenées au commissariat, s », accuse le GADEM. Interrogé par Les Inspirations ÉCO, Driss El Yazami, président du Conseil national des droits de l’Homme dit « ne pas pouvoir donner de garanties sur le respect de la #loi_02-03 lors de ces expulsions ». Il préfère temporiser et dit « attendre les conclusions d’un rapport que le CNDH prépare sur ce sujet ».

      http://www.leseco.ma/maroc/71181-migration-irreguliere-le-maroc-dit-stop.html
      #refoulement #push-back

    • Entre le marteau du refoulement et l’enclume du déplacement

      #Nador est devenue la ville où il ne fait pas bon vivre pour les migrants. En effet, la campagne d’arrestation et de refoulement des migrants irréguliers, lancée depuis l’été, s’y poursuit de plus belle.
      « Le rythme de la campagne a beaucoup diminué dernièrement mais on arrête toujours des migrants. Cette fois, les arrestations s’opèrent au niveau de la ville et de ses plages », nous a indiqué Omar Naji, président de l’AMDH section Nador. Et de poursuivre : « On a noté que les migrants sont désormais enfermés dans le centre d’Arekmane, un centre d’estivage relevant du ministère de la Jeunesse et des Sports devenu, par la force des choses, un centre d’enfermement ».
      Selon notre source, ce centre compte près de 40 migrants irréguliers qui sont dans l’attente d’une expulsion vers leurs pays d’origine. « On a tenté, à plusieurs reprises, d’accéder à ce centre mais les autorités refusent catégoriquement de nous laisser y entrer alors qu’il s’agit d’un centre d’enfermement illégal. Même le Parquet auquel on a adressé un courrier n’a pas jugé utile de visiter le lieu et s’enquérir de la situation des migrants sur place », nous a-t-elle déclaré. Et de préciser : « D’après nos propres informations, ce centre abrite des Guinéens, des Sénégalais, des Maliens et des Ivoiriens en attente de refoulement vers leurs pays d’origine. Cette expulsion est prévue dans les heures ou les jours qui suivent puisque cinq bus sont déjà stationnés devant le centre. Il faut souligner également que près de 200 personnes incarcérées illégalement dans le commissariat de Nador seront refoulées vers l’intérieur du pays ».
      Des expulsions qui se font sans respect des dispositions de la loi 02-03 relative à l’entrée et au séjour des étrangers au Royaume du Maroc, à l’émigration et l’immigration irrégulières et qui stipule dans son article 25 que l’expulsion ne peut être prononcée par l’administration que si la présence d’un étranger sur le territoire marocain constitue une menace grave pour l’ordre public. L’article 26 précise, dans ce sens, que ne peut faire l’objet d’une décision d’expulsion tout étranger qui justifie par tous les moyens qu’il réside au Maroc habituellement depuis qu’il a atteint l’âge de six ans au plus ; l’étranger qui justifie par tous moyens qu’il réside au Maroc habituellement depuis plus de quinze ans ; l’étranger qui réside régulièrement sur le territoire marocain depuis dix ans sauf s’il a été étudiant durant toute cette période ; l’étranger marié depuis au moins un an avec un conjoint marocain ; l’étranger qui est père ou mère d’un enfant résidant au Maroc qui a acquis la nationalité marocaine par le bienfait de la loi en application des dispositions de l’article 9 du Dahir n° 1 -58-250 du 21 Safar 1378 (6 septembre 1958) à condition qu’il exerce effectivement la tutelle légale à l’égard de cet enfant et qu’il subvienne à ses besoins ; l’étranger résidant régulièrement au Maroc sous couvert de l’un des titres de séjour prévus par la loi ou les conventions internationales qui n’a pas été condamné définitivement à une peine au moins égale à un an d’emprisonnement sans sursis ; la femme étrangère enceinte et l’étranger mineur.
      La loi 02-03 a précisé dans son article 34 que l’étranger ne peut être maintenu que s’il y a nécessité absolue, par décision écrite et motivée de l’administration, dans des locaux ne relevant pas de l’administration pénitentiaire, pendant le temps strictement nécessaire à son départ. Il s’agit en règle générale de l’étranger qui n’est pas en mesure de déférer immédiatement à la décision lui refusant l’autorisation d’entrer sur le territoire marocain ; celui qui fait l’objet d’une décision d’expulsion et qui ne peut quitter immédiatement le territoire marocain ou celui qui doit être reconduit à la frontière et qui ne peut pas quitter immédiatement le territoire marocain. L’étranger est immédiatement informé de ses droits par l’intermédiaire d’un interprète. A noter que cet article précise que les sièges des locaux visés et les modalités de leur fonctionnement et de leur organisation sont fixés par voie réglementaire. Une chose qui n’a pas encore été faite jusqu’à nos jours. Une situation des plus complexes pour les migrants puisque les refoulements à chaud entre Mellilia et Nador se poursuivent bel et bien en catimini. Ainsi, 10 migrants subsahariens ont été livrés le mercredi 23 octobre par la Guardia civil espagnole à la Gendarmerie Royale au port de Béni Ansar.
      Lesdits migrants ont été amenés, selon l’AMDH section Nador, par des gendarmes de Béni Chiker où des procès verbaux ont été établis. Ils sont incarcérés depuis 15 jours à la prison de Nador et n’ont pas encore été déférés devant la justice.


      https://www.libe.ma/Entre-le-marteau-du-refoulement-et-l-enclume-du-deplacement_a103242.html

    • Maroc : Dans la région de Nador, les migrants victimes de 340 #bavures en #2018

      Dans son #rapport annuel sur la situation des migrants à Nador en 2018, la section locale de l’Association marocaine des droits humains (#AMDH) répertorie près de 340 bavures policières visant des #campements ou des maisons, en plus d’arrestations répétées qui portent à croire à une forte augmentation du nombre de ressortissants étrangers.

      En 2018, la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Nador a comptabilisé 340 #attaques contre les migrants, « effectuées par des brigades spécialisées des forces auxiliaires, police et agents d’autorité ». 79% de ces #violences ont été enregistrés dans les campements, tandis de 21% ont visé des maisons.

      Selon son rapport présenté ce mercredi à Rabat, l’ONG a comptabilisé une quinzaine de campements dans la région, dont #Gourougou, #Bouyafar, #Lakhmis_Akdim, #Bekoya et #Joutiya, qui hébergent entre 2 000 et 3 000 ressortissants étrangers.

      L’ONG indique que les campements en forêt et les maisons sont souvent visés après le passage d’#avions_de_contrôle, donnant lieu à des #violences_corporelles, des #destructions et des #incendies d’abris, ou encore des « tentatives de #viol » au nombre de deux en 2018. Par ailleurs, l’AMDH à Nador explique que les #arrestations et les #refoulements sont principalement effectués lors de ces bavures, ou encore d’autres survenues dans les moyens de transport, principalement les bus et les cars, des agences de transfert d’argent, ou encore des hôpitaux.

      Elle souligne qu’en violation des dispositions de la loi 02.03 relative à l’entrée et au séjour des étrangers au Maroc, à l’émigration et l’immigration irrégulières, notamment son article 26, ces opérations n’épargnent pas les #femmes et les #enfants, ou même des migrants munis de cartes de séjour et des visas en cours de validité.

      Le recours à des « lieux d’enfermement illégaux »

      Ces actions ont connu « une nette augmentation depuis août 2018 » à travers une « campagne de #répression engagée dans tout le nord marocain », selon l’AMDH qui fait état de près de 9 100 arrestations à Nador et de plus de 15 000 à Tanger. Une atmosphère sécuritaire que déplore l’association, indiquant que pendant ce temps, des familles sont « séparées de leurs enfants » et 260 demandes de régularisation au niveau de la région sont restées sans réponse.

      L’AMDH considère également que « les arrestations de faciès ont fait de Nador une ville interdite pour les migrants subsahariens », rendant leur présence « tolérée » près des camps. L’association fait aussi état de lieux « ouverts de manière permanente depuis 2015 » en lien avec ces arrestations. Elle indique par exemple que le centre de #rétention d’#Arekmane a servi « en 2015 puis depuis septembre 2018 » à « enfermer les migrants arrêtés ou victimes de refoulements dans l’attente de leur expulsion ».

      L’association, qui alerte sur l’utilisation de cet espace depuis des mois, souligne que près de 700 migrants ont été expulsés vers leur pays après avoir été admis là-bas. L’ONG décrit des ressortissants « privés de leur liberté, en dehors de tout cadre juridique, dans des locaux ne relevant ni de l’administration pénitentiaire ni les locaux de garde à vue ». L’AMDH décrit une durée d’arrestation « de quelques jours à quelques semaines », indiquant avoir déposé plusieurs plaintes pour « séquestration illégale des migrants dans ces centres », toutes classées par le procureur général.

      Les enfants ne sont pas épargnés

      En 2018, l’AMDH à Nador a comptabilisé « 20 campagnes d’arrestation à Nador et à Beni Ensar, au cours desquelles près de 650 mineurs ont été arrêtés et refoulés vers l’intérieur du Maroc ». L’ONG souligne que ces enfants « vivent dans la rue sans aucune intervention des autorités marocaines pour respecter les dispositions de la Convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par le Maroc ».

      Dans ce sens, elle dénonce des « tentatives des autorités espagnoles de financer la construction d’un centre de rétention pour recevoir les mineurs refoulés », rappelant que le conseil communal a rejeté ce projet en février dernier.

      L’association considère que cette question est « de plus en plus [utilisée] par les autorités de Melilla qui parlent d’une augmentation importante des arrivées, alors que cette dernière est due principalement à la construction des barbelés autour du port de Melilla qui a diminué les départs » par voie maritime.

      L’association perçoit ce traitement comme une manière d’« augmenter le nombre des arrestations et des refoulements pour porter à croire que le Maroc et l’Espagne sont soumis à une grande pression migratoire, sachant qu’un même migrant peut être arrêté et refoulé plusieurs fois la même année ». Elle cite en exemple l’annonce du ministère marocain de l’Intérieur sur la mise en échec de « 88 761 tentatives » de migration et de « 70 571 » arrestations de migrants en 2018, soit une hausse de 37% par rapport à 2017, « alors qu’il s’agit souvent de mêmes personnes arrêtées plusieurs fois ».

      « Le 14 février, les autorités espagnoles ont déclaré avoir arrêté 31 000 mineurs qui ont tenté de s’infiltrer au port [de Melilla] pour justifier la construction des barbelés autour », soutient encore l’AMDH. Dans ce sens, elle évoque « un acharnement gratuit » à « garder une certaine masse critique des migrants soumise pendant toute l’année à ce "jeu" d’arrestation et de refoulement pour montrer aux bailleurs de fonds [européens, ndlr] le rôle de gendarme joué par le Maroc, mais aussi comme carte à jouer si les financements européens tardent ».

      https://www.yabiladi.com/articles/details/76080/maroc-dans-region-nador-migrants.html
      #détention_administrative

    • Migration : 2018, année la plus meurtrière à Nador, selon l’AMDH

      Un chiffre record. Les cadavres de migrants reçus à l’hôpital Hassani de Nador a été de 244 en 2018. Un an auparavant, ce chiffre ne dépassait pas 14. C’est ce que révèle le rapport que l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a dressé à Nador, la ville qui représente, pour elle, un cas particulier par rapport à l’ensemble du Maroc. “C’est une zone interdite aux migrants. On y dénombre des centres d’enferment de migrants sans aucune légalité pour des périodes allant jusqu’à 4 semaines dans certains cas”, déclare le président de la section de Nador de l’AMDH, Omar Naji, dans une conférence de presse organisée, ce mercredi à Rabat, au siège de l’association.

      Face à la presse, l’AMDH tire la sonnette d’alarme décrivant une situation des “plus indignes de l’être humain” que sont forcés de vivre des hommes, des femmes et des enfants juste parce qu’ils sont migrants. Ils seraient entre 2.000 et 3.000 dans cette ville du nord à vivre dans 15 campements, explique Naji en présentant le rapport. Dans la carrière, la Joutiya, Bouyafar, Lakhmis akdim, Bekoya, Harcha, Guechadiya ou encore Boulingo vivent des migrants de différentes nationalités, Nigéria, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal, Cameroun, Guinée et Mali. Tous cherchent à regagner l’Espagne.
      Attaques massives

      Une quête de plus en plus difficile, car ces campements de fortunes font souvent l’objet d’opérations de démantèlement. “Des brigades spécialisées des forces auxiliaires, police et agents d’autorité mènent des attaques contre les migrants. C’est une pratique désormais courante”, affirme Naji. Pas moins de 340 “attaques” de ce genre ont été relevées par l’AMDH, précisant qu’il s’agit d’un pic en comparaison aux trois dernières années où ce chiffre n’atteignait pas une centaine (92 en 2017, 90 en 2016 et 41 en 2015).

      Et ces opérations ne concernent pas uniquement des campements clandestins mais aussi les maisons où résident les migrants, d’après le rapport de l’association. “Ces attaques interviennent souvent après le passage d’un avion de contrôle de provenance de Mellila et s’accompagnent de violences corporelles, destructions et incendies des abris”, regrette Naji soulignant que deux tentatives de viol ont été enregistrées en 2018 et une troisième l’a été plus récemment, il y a un mois. “Pour les deux premières, une seule a déposé plainte mais l’affaire a été classée sans suite. Pour l’autre, nous avons soumis l’affaire à un colonel des forces auxiliaires. Cela dit, nous ignorons si des mesures ont été prises en interne”, tient à préciser le président de la l’AMDH-Nador.

      Au cours de ces opérations de démantèlement, les autorités procèdent aussi à “la saisie de téléphones portables et d’argent sans dresser de PV”, constate l’association. “Nous ne savons pas la suite réservée à ces saisies. Nous avons, pour cela, adressé des demandes au ministre d’Etat chargé des Droits de l’homme et au CNDH, mais aucun n’a donné de suite sauf pour nous dire que notre demande a été envoyée à l’administration concernée”, regrette Naji.

      Migrants dépouillés, près de 9.100 ont fait l’objet, selon ce rapport, d’arrestation suivie de refoulement vers des régions plus éloignées comme Errachidia, Benguerir, Tiznit ou encore les frontières algériennes. “Ils y sont conduits les mains menottées et dans des conditions difficiles”, assure l’AMDH en joignant des images relatant les faits dans ce rapport. “Ces interpellations et violations n’épargnent pas les enfants, alors que le Maroc s’est engagé à les protéger en ratifiant des conventions internationales”, s’indigne le vice-président de l’AMDH Saïd Benhammani. Souhaitant attirer l’attention sur le drame humain que cela représente, ce dernier rappelle que l’année 2018 a été marquée par une tragédie : “deux enfants du Mali qui allaient être transportés de Tanger vers Tiznit se sont jetés de l’autocar et ont trouvé la mort”.
      Refoulement

      Benhammani souligne que les droits fondamentaux de l’être humain ne sont pas reconnus aux migrants et que le retard qu’accuse l’adoption de la loi sur l’asile au Maroc n’arrange pas la situation. “Tous les migrants arrêtés se retrouvent dans trois lieux d’enfermement illégaux à Nador. Ils se trouvent au commissariat central, au siège de la gendarmerie royale et au centre d’Arekmane”, note le rapport. Et de préciser que les migrants “sont privés de leur liberté hors de tout cadre juridique”. Ils ne reçoivent “aucune décision écrite et motivée (...), conformément aux dispositions de la loi n°02-03 relative à l’entrée et au séjour des étrangers”.

      Pendant leur séjour dans ces centres, les migrants font l’objet de prises en photos et d’empreintes, indique le rapport de l’AMDH qualifiant ces détentions de “séquestration illégale”. “Nous avons saisi le procureur général de Nador pour nous assurer s’il est à l’origine de cet ordre de détention. Il nous a répondu que ces arrestations sont administratives et non judiciaires”, affirme Naji.

      Illégal, le refoulement dit ”à chaud” l’est tout autant, pour l’association qui estime, dans son rapport, qu’il s’agit d’une “pratique courante”. Elle est effectuée par mer au niveau des ports de Beni Ensar et Cap de l’eau et au niveau des postes frontaliers avec Melilla. “Ces refoulements peuvent concerner des mineurs”, fustige l’association qui, à Nador, a énuméré plusieurs cas de ce genre. L’AMDH note ainsi qu’entre juillet et octobre, entre 30 et 55 migrants ont été refoulés à chaud. Et de citer que 4 mineurs non accompagnés en ont fait l’objet le 29 septembre à partir de Melilla.

      “Un trafic juteux”

      Dissuader la migration à tout prix, les politiques n’y sont pas parvenues. L’AMDH précise que les barrières à lames tranchantes ont simplement détourné la trajectoire des migrants. “En construisant des barrières à Ceuta et Melilla, les politiques migratoires européennes et marocaines ont surtout favorisé une migration payante et meurtrière”, affirme l’AMDH. Les voyages “gratuits” par escalade ou cachés dans des véhicules, s’avérant de moins en moins probables, se font le plus souvent désormais via la mer.

      Le rapport indique qu’en trois ans, la moyenne des passages réussis appelés “boza” est passée de 4.000 vers Melilla et Ceuta à des dizaines de milliers vers l’Espagne. Et ces candidats à l’immigration clandestine comptent aussi de jeunes marocains ayant choisi de partir suite ”à la répression de contestations populaires du Hirak” dans le Rif, précise l’AMDH.

      Partir par voie maritime a, par ailleurs, suscité ce que l’association appelle “un trafic juteux”. “Les migrants subsahariens paient entre 2.000 et 5.000 euros à des réseaux structurés de trafiquants”, assure le rapport. Et d’ajouter que cet état des lieux n’est pas sans conséquences, affirmant que des cas de “violations graves envers les migrants” ont été relevés. “Il est question d’exploitation sexuelle des femmes, de refus de rembourser l’argent, de menaces”, explique Naji.

      En 2018, 12 réseaux de trafic de ce genre ont été démantelés à Nador. Des agents des forces auxiliaires, dont le plus gradé était un commandant, étaient impliqués, d’après ce rapport. “Mais aucun grand trafiquant n’a été arrêté y compris ceux dénoncés par l’AMDH”, fustige Naji précisant avoir saisi le ministère de l’Intérieur sauf que ce dernier n’a donné aucune suite, d’après lui.

      https://www.huffpostmaghreb.com/entry/migration-2018-annee-la-plus-meurtriere-a-nador-selon-lamdh_mg_5c92

  • Égypte : des #rafles d’homosexuels sèment la terreur

    Parce que quelques drapeaux arc-en-ciel ont été déployés lors d’un concert, 65 personnes ont été arrêtées, accusées d’"incitation à la débauche".


    http://www.lepoint.fr/monde/egypte-des-rafles-d-homosexuels-sement-la-terreur-13-10-2017-2164134_24.php#
    #homophobie #Egypte #homosexualité #LGBT

  • Il maxi blitz contro i migranti in #stazione_Centrale

    Il cancello d’ingresso della stazione Centrale chiuso, chiusi anche gli ingressi della metropolitana in piazza Duca D’Aosta. Le persone fatte filtrare dai due ingressi laterali.
    La celere è arrivata poco prima delle 15.30, è entrata nel piazzale e ha bloccato un gruppo di un centinaio di migranti, circondandoli. Li ha controllati e una sessantina di loro, numeri ancora non ufficiali, sono stati caricati sui bus della polizia e portati in Questura.
    È stata una grossa operazione di polizia e di “pulizia”. Gli agenti hanno portato via i migranti senza documenti o su cui fare accertamenti, l’Amsa ha ripulito parti della stazione e ha buttato via coperte e borsoni lasciati a terra.

    Un maxi blitz di queste dimensioni non si era ancora visto. Controlli nelle ultime settimane nella zona della stazione ci sono stati, mai di queste dimensioni.“È l’applicazione del #decreto_Minniti”, hanno commentato educatori e attivisti antirazzisti arrivati sul posto. “È il primo di una serie di controlli di questo tipo”, ci ha detto una delle responsabili di polizia che ha coordinato l’operazione. I migranti caricati sugli autobus urlavano “libertà”.


    http://www.radiopopolare.it/2017/05/il-maxi-blitz-contro-i-migranti-in-stazione-centrale

    #rafles #migrations #asile #réfugiés #Milan #Italie #opération_policière #sans-papiers
    cc @albertocampiphoto

  • Dans la « Jungle » de Calais : « vous savez quand on part ? »

    « Vous savez quand on part ? » Dans son épicerie de fortune, sur la « Jungle » de Calais, Tohar l’Afghan a déjà préparé sa valise. Pas question en revanche de renoncer au rêve britannique pour Alphaty, un Soudanais, qui ira s’il le faut « dans une autre Jungle ».

    http://www.lalibre.be/actu/international/dans-la-jungle-de-calais-vous-savez-quand-on-part-58011b70cd70cd5761ca7653
    #Calais #jungle #campement #évacuation #démantèlement #destruction #asile #migrations #réfugiés #France

  • L’ émission La voix des sans-papiers du 4 août dernier sur #FPP, revient sur la pression permanente de l’état policier que les #migrants ont subit ces dernières semaines, où #Paris est désert, idéal pour organiser la chasse aux migrants.#Répressions et #harcèlements en tout genre ont eu lieu, des #rafles quotidiennes entre les bureaux de France Terre d’Asile à Jaurès, (unique bureau parisien de pré-enregistrement pour demander l’asile) et l’avenue de Flandres dans le 19ème arrondissement, où des campements tentaient de se maintenir malgré les manœuvres de dispersion de la police : charger, matraquer, gazer les distributions quotidiennes de centaines d’Obligation de Quitter le Territoire Français (#OQTF) et la disparition de migrants envoyés en #CRA ou ailleurs.
    http://sonsenluttes.net/?PRESSIONS-POLICIERES-SUR-LES-MIGRANTS

    #IMMIGRATION #SANS_PAPIERS #EXPULSION #RADIO
    http://sonsenluttes.net/IMG/mp3/4.08.16_harcelement_policier_migrants_de_stalingrad_jaures_ali_joel_ma

  • Traque des migrants sans papiers : Nouakchott entasse des subsahariens dans des #camps

    A Nouakchott, la #traque de ressortissants subsahariens en situation irrégulière s’intensifie dans les différents quartiers. Les forces mixtes de sécurité (police, gendarmerie et groupement de la sécurité routière) multiplient les patrouilles dans la périphérie de la capitale mauritanienne malgré les rigueurs du Ramadan à la recherche de migrants qui ne disposent pas de cartes de séjour. Selon des infos recueillies à #Nouakchott, ils sont cueillis chez eux et sur leur lieu de travail avant qu’ils ne soient embarqués, manu militari, dans les cars de la police.

    http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/traque-des-migrants-sans-papiers-nouakchott-entasse-des-subsahariens-dan
    #Mauritanie #asile #migrations #réfugiés #rafles